30 – À DANS TROIS JOURS…

Modestes, décentes, anonymes, les obsèques du détective Tom Bob avaient eu lieu. Quelques heures après le départ des détectives qui avaient été remplacés par les fossoyeurs, on avait mis Fantômas en bière, puis les porteurs étaient venus et le cadavre, à la nuit tombante, avait été hissé dans le corbillard, conduit au cimetière, descendu dans un caveau…

Juve et lady Beltham ne s’étaient pas quittés, se surveillant, semblait-il, l’un l’autre, et sans doute si lady Beltham était inquiète, Juve aussi était perplexe, terriblement.

Il ne pouvait pas douter de l’ensevelissement de Fantômas.

Il avait vu, de ses yeux vu, les opérations successives que comportait la cérémonie funèbre.

Et cependant Juve doutait de la mort du bandit.

Le policier avait remarqué que la douleur de lady Beltham s’était soudain calmée, et Juve redoutait encore de cela quelque nouveau mystère.

Puis Fantômas n’avait-il pas dit :

— Juve, à dans trois jours…

Certes les dernières paroles d’un mourant ne sauraient généralement être prises pour certaines, mais lorsque ce mourant, c’était Fantômas, on pouvait s’attendre à tout.

***

Juve avait traversé des alternatives diverses, croyant à la mort, n’y croyant pas… Il y croyait lorsqu’il sortait du cimetière et, même un instant, Juve, qui marchait à côté de Shepard, avait eu l’idée de tout lui dire, en voyant notamment lady Beltham brusquement s’écarter d’eux, lady Beltham que, jusqu’alors, il avait présentée et fait passer auprès des témoins des obsèques pour une simple infirmière.

Et Juve, pour ne pas perdre de vue la trace de lady Beltham, s’était élancé sur ses pas.

Lady Beltham avait compris. Elle avait pâli, mais elle avait défié aussi Juve, du regard, et avait murmuré d’une voix nette, grave et convaincue :

— Juve, vous avez attendu jusqu’ici, vous avez eu confiance, vous avez eu raison… Fantômas n’a qu’une parole, il vous a dit : À dans trois jours !…

Ces mots avaient paralysé Juve, et lady Beltham s’était éloignée, avait disparu.

***

Juve n’était pas revenu dans la maison qu’il avait louée à Waterloo pour y recevoir la dépouille de Fantômas.

Il avait gagné l’appartement qu’il occupait au centre de Londres dans le quartier français…

Et Juve, pendant deux jours et deux nuits, n’avait pas quitté sa chambre, réfléchissant sans cesse, lisant et relisant la dépêche mystérieuse qu’il avait reçue de Fandor.

Le journaliste était vivant sans doute, mais il ne donnait pas son adresse.

Simplement on savait qu’il se trouvait au Transvaal, à Pretoria…

Et puis que signifiait cette déclaration : Je suis aux mains de Fantômas… puisqu’on réalité Juve avait tenu Fantômas sous sa surveillance, depuis plusieurs semaines.

Juve réfléchissait encore.

Pourquoi Fantômas, en entendant l’appel de Fandor avait-il manifesté sa joie, sa satisfaction ?… Et, qu’allait-il se passer à l’expiration du délai fixé par le bandit ?

Juve alors avait repassé dans sa mémoire toute la série des propos mystérieux de lady Beltham et Fantômas.

La grande dame avait parlé d’un événement qui allait en se réalisant, modifier peut-être la vie de son amant et l’orienter vers une existence honnête.

Fantômas d’autre part avait déclaré que si la vie de Fandor était en péril cela tenait non pas à la volonté de son ravisseur mais à un concours de circonstances indépendantes de la volonté de ce dernier ?

Que signifiaient tous ces sous-entendus ?

Tandis que Juve y réfléchissait, deux jours et deux nuits s’étaient écoulés.

Juve, le matin du troisième jour, se leva et encore qu’il n’eût pas dormi se sentit frais, dispos, allègre.

— J’ai, déclara-t-il cependant qu’il ouvrait sa fenêtre, par laquelle entrait un soleil étincelant, j’ai la conviction que ce n’est pas pour rien que Fantômas m’a dit : À dans trois jours. Or voici que le terme est échu, que va-t-il se passer ?

À ce moment, un coup de sonnette retentit.

FIN

Le pendu de Londres
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