CHAPITRE IX : LES RÉSISTANTS INESTHÉTIQUES

— Ne restons pas là, dit Ganja à voix basse. Nous avons une voiture ; utilisons-là.

— Pour aller où ? me lamentai-je.

— Je connais quelqu’un qui pourrait nous planquer…, commença Kikuko.

Il n’était pas question de nous cacher, mais je n’eus pas le loisir de l’expliquer à l’adolescente. Un petit homme jaune au regard inquisiteur s’était arrêté à une dizaine de mètres et nous dévisageait. Je lui adressai un sourire forcé, puis fis mine de me désintéresser de lui – ce qui, espérais-je, était une attitude normale sur ce monde. Dans la Californie du XXIIIe siècle, en tout cas, elle l’aurait été.

Je comprenais à présent pourquoi l’on m’avait choisi, moi, Viper, parmi deux mille milliards d’être humains. Quant à savoir par quels noms remplacer ce « on », j’en étais encore loin, mais j’avais soudain le sentiment de progresser, ce qui me regonfla quelque peu le moral.

— Viens, soufflai-je à Kikuko.

J’avais soudain pris le parti de la tutoyer, ce qui ne se faisait pas, théoriquement, sans l’accord de la personne concernée. En se mêlant, les langues américaine et japonaise avaient développé un système de pronoms personnels – inexistants en japonais – avec une différenciation très nette entre la deuxième personne du singulier et celle du pluriel – dont l’américain ne tenait pas plus compte que l’anglais. Dans le proto-pidgin de la Californie du XXIIIe siècle, le tutoiement était devenu une arme entre les mains des maîtres des zaibatsus. À première vue, il n’avait rien perdu de sa force, si j’en jugeais par la réaction de Kikuko.

Je l’avais choquée. Mais il s’agissait d’un cas d’urgence, et cette fille me paraissait nettement plus évoluée qu’elle n’aurait dû l’être. Je me demandais comment elle en était arrivée là, si jeune.

Nous subîmes deux contrôles sur le chemin de la voiture. Si l’alerte était donnée, comme le craignait l’adolescente, nos chances de nous en tirer étaient strictement égales à zéro. Impossible en effet de faire un pas sans tomber sur des uniformes. La courtoisie qu’ils affichaient ne les empêchait pas de se montrer d’une fermeté à toute épreuve – ou presque : le prétendu Twonky qui nous accompagnait avait très vite appris à reconnaître les amis des bêtes, à qui il suffisait de faire quelques câlins craquants comme tout pour accélérer les choses, dans des proportions souvent remarquables.

— Nous cacher est inutile, dis-je en démarrant. Dans… (Je rétablis la visualisation du décompte.) Dans vingt-cinq heures, nous n’aurons plus de moyen de quitter la planète.

Kikuko blêmit.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Que je dispose d’un seuil transmat et qu’à un moment très précis, un vaisseau emportant son petit frère passera à un peu moins de cent mille kilomètres de Spirit of America. Si nous ratons le coche, nous sommes coincés ici.

La jeune fille réfléchît un instant. Nous arrivions à un grand échangeur. Je m’enquis de la direction à prendre. Elle me répondit de suivre les panneaux Hashigo. J’étais sur le point de lui demander où elle m’emmenait, quand elle interrogea d’une voix posée :

— Et l’énergie, où allez-vous la trouver ?

Je n’avais pas envisagé cet aspect de la question. Grâce au collapsar, je disposais au départ d’Isadora d’une quantité d’énergie suffisante pour un bond de cent mille kilomètres. Le seuil gardé par Ute était-il suffisamment alimenté pour nous permettre d’effectuer le voyage en sens inverse ?

— Nous verrons ça plus tard, tranchai-je. S’il y a un seuil, il doit y avoir les générateurs correspondants.

— Pour une transition de cent mille kilomètres ? Ça doit exiger dans les trois cent quatre-vingts milliards de gigawatts, ça, non ?

Je haussai un sourcil admiratif. Le chiffre exact était de trois cent soixante-neuf milliards et des poussières. Avait-elle effectué le calcul de tête ?

— C’est un détail, éludai-je. Écoute, je ne sais pas chez qui nous allons, ni ce que tu comptes faire, mais nous ne devons ni l’un, ni l’autre oublier que d’ici un jour T.C.U., notre situation sera définitivement désespérée. Le seuil transmat se trouve à Toyota.

— Quinze mille kilomètres, marmonna Ganja. Un véhicule aérien est indispensable.

Obligé de concentrer mon attention sur les panneaux qui défilaient, en caractères romains et japonais, je sentis plus que je ne vis le sourire qui éclaira le visage de Kikuko. Il me sembla qu’une soudaine lumière s’imposait à moi. Bref phénomène d’empathie.

Qui était cette gamine ? Le véritable agent de la Ligue ? Une taupe des Clowns Gris ? De quelqu’un d’autre ? S’agissait-il d’un agent double ? Triple ? Quadruple ?

Difficile à estimer, alors que je ne connaissais qu’une partie des forces en présence.

— Il y a une solution, murmura-t-elle. Le Boyau jusqu’à Ford-T – et ensuite, la Piste des Fangios. Tant que nous y serons, personne n’osera nous arrêter. La tradition est trop fortement implantée.

— Quelle tradition ? s’enquit Ganja.

Suivant toujours les panneaux Hashigo, je quittai l’autoroute pour une voie rapide dont les lampadaires allumés dessinaient un long ruban le long de la côte. Kikuko eut du mal à reconnaître l’endroit ; elle n’était jamais arrivée de nuit par ce chemin. Brutalement, nous fûmes si occupés à discuter de la route à suivre que l’adolescente oublia finalement de répondre à la question de Ganja. Ce détail acheva de me rendre paranoïaque. Cette fille me faisait peur, je n’y pouvais rien. J’avais réussi à prendre le pas sur elle en choisissant de la tutoyer sans son consentement, alors qu’elle en restait au vouvoiement, mais je savais cette victoire illusoire. Kikuko me mènerait par le bout du nez dès qu’elle en aurait envie, et je ne m’en rendrais même pas compte.

Nous tournâmes pendant près d’une heure dans un quartier sordide, où de noirs entrepôts s’alignaient le long de rues rectilignes, sans arbres, sans voitures, sans rien. Toutes se ressemblaient et, bien entendu, elles ne portaient pas de noms – à la mode japonaise. Lorsque deux cultures se fondent, ce n’est pas forcément le meilleur de chacune d’elles qui survit, les Clowns Gris en constituaient une épreuve éclatante.

Enfin, nous découvrîmes une ruelle qui sinuait entre deux murs de verdure. Cent mètres plus loin, elle débouchait sur un ancien temple shintoïste californien, visiblement occupé par des squatters. Les néons sinueux de la façade n’avaient pas dû étinceler depuis des lustres ; la plupart d’entre eux étaient d’ailleurs brisés. L’antenne du récepteur-réseau, qui permettait en temps ordinaire la mise en phase des fidèles, gisait au pied d’un mur ; seul son trépied couvert de rouille couronnait encore le toit d’ardoise bleutée. Une demi-douzaine de voitures déglinguées et deux motocyclettes en fort mauvais était jonchaient une pelouse pelée, constellée de papiers gras, d’épluchures, d’emballages, de sacs plastique, bref, du contenu de centaines de poubelles.

Une douzaine d’individus sortirent du temple à notre approche. Trois d’entre eux avaient enfilé à l’envers le traditionnel complet-veston soan, exhibant une hideuse doublure à carreaux. Trois autres, abondamment tatoués, se contentaient de pagnes multicolores auxquels pendaient bijoux de pacotille et ustensiles de cuisine. La seule femme du groupe se drapait dans une grande feuille de plastique rouge ; elle avait réuni ses cheveux noirs en un chignon compliqué, dans lequel étaient piquées des pattes de poulet en décomposition. Ceux qui restaient avaient passé des combinaisons isothermes peintes de motifs abstraits. Tout ce joli monde était chaussé de sandales ou d’espadrilles et brandissait des bombes à peinture.

— La Résistance inesthétique, laissa tomber Kikuko. Leur devise est : « Pourrir de l'intérieur la zaibatsu cosmique. »

— Tu les connais ?

— J’ai traîné un moment avec eux. Mon père était furieux. (Elle émit un petit rire.) Faudra que je vous raconte tout ça.

— Quand ?

— Plus tard, répliqua-t-elle en sortant de la voiture.

Apparemment, l’une des caractéristiques de la Résistance inesthétique était l’utilisation savante de la laideur, du kitsch, du mauvais goût élevé au rang de discipline. Senzjio, la tête pensante du groupe, passa quelques instants à me l’expliquer. La réalité que le gouvernement cherchait à imposer était lisse, plate, monotone. L’éloge de la propreté qu’on subissait dès les petites classes résumait cette démarche. Comme la Californie du XXIIIe siècle, Spirit of America offrait à ses habitants une société aseptisée, capable de se perpétuer ad nauseam si l’on ne faisait rien pour l’arrêter.

Les Résistants ne firent aucune difficulté pour nous aider. Le passage que Kikuko avait effectué dans leurs rangs clairsemés leur avait visiblement laissé un excellent souvenir. Nous nous entassâmes tous les quinze dans un autocar antédiluvien qui mit le cap sur un quartier côtier nommé Yirishi, où se trouvait le terminus du Boyau. Celui-ci n’était qu’à une soixantaine de kilomètres, mais il n’existait aucune route directe qui fût à l’abri d’un quelconque contrôle, ce qui nous forçait à effectuer un grand détour par Osaka-IX, et plus précisément par un secteur en cours de démolition où hommes et machines travaillaient de jour comme de nuit dans le vacarme et la poussière. Une surface de plus de cinquante mille kilomètres carrés devait être débarrassée des constructions vétustes qui s’y dressaient ; ensuite, on bâtirait des usines d’armement, m’apprit Kikuko avant de se recroqueviller sur son siège, cherchant le sommeil.

— Et nous ne risquons pas d’être contrôlés ? lui demandai-je.

Elle ouvrit un œil en amande, rougi par la fatigue et la sinsé.

— Il y a toujours un risque.

— Il est simplement moins élevé ici ?

Elle hocha la tête, son œil se referma. Elle dormait déjà.

Je fus le seul – avec le chauffeur – à ne pas profiter du voyage pour l’imiter. Le moment était venu de faire le point, de tenter de remettre un peu d’ordre dans la juxtaposition incohérente d’éléments baroques qu’était devenue cette histoire.

Mais quand je me penchais sur les dernières semaines, quand j’essayais de me rappeler Achernar VI, le Cœur de Nulle Part ou Stellara, je n’obtenais qu’une succession d’instantanés un peu flous, très colorés, imprégnés d’un sentiment de malaise. Tout s’était passé trop vite. Plus tard, peut-être, la mémoire me reviendrait. C’était sans importance.

Quand tout ceci avait-il commencé ? On pouvait bien entendu remonter aux premiers âges de l’expansion humaine, lorsque deux groupes ethno-linguistiques très différents avaient colonisé deux planètes tournant autour de la même étoile, mais le véritable début se situait à mon sens à l’époque ou des A’dams avaient commercialisé la sinsé. Combien d’années auparavant ? Je l’avais oublié.

À cause de cette plante, les relations s’étaient envenimées entre Spirit of America et Nieuw-Amsterdam. Certes, il était évident que les Clowns Gris lorgnaient depuis longtemps sur la petite planète verte, mais la sinsé leur avait fourni un motif. Tout cela, je le savais déjà. Le rapport Gunslinger n’avait été que la clef de voûte d’un arsenal d’argumentations spécieuses. Les Clowns Gris voulaient trouver une raison d’attaquer leur pacifique voisine. À toute force. Et comme aucune ne se présentait, ils en avaient façonné une, modelant peu à peu leur système législatif pour en arriver à légitimer l’inévitable invasion.

Tant Luce Longjohn Lagrange-Chandrasekhar que Mordecai le Swonxx pensaient que les Clowns Gris cherchaient à s’emparer de Nieuw-Amsterdam pour faire cesser le trafic de la sinsé. Que celui-ci ne fût nullement dirigé vers la sphère d’influence soane n’entrait pas en ligne de compte. Au fond, Spirit of America voulait punir les A’dams parce qu’ils donnaient le mauvais exemple – et l’existence d’une Résistance, même inesthétique, ne faisait qu’apporter de l’eau au moulin de cette hypothèse.

Le problème était que la sinsé possédait une conscience. Une âme. En tout cas, une forme de pensée organisée, qui faisait réagir les instruments mais qu’aucun télépathe n’avait été capable de pénétrer. L’intelligence supposée de la sinsé était incommensurablement étrangère. Ce qui, pour les Clowns Gris, ne représentait qu’une guerre-éclair suivie d’une vaste opération de défrichage, s’avérait en fait un génocide correspondant à la définition qu’en donnait la Charte des Radians Lactéens.

Génocide partiel ; il était en effet difficile d’imaginer que Spirit of America réussirait à anéantir tous les pieds de sinsé de la planète.

J’avais accepté cette explication sans même y réfléchir. La Stelle et le Swonxx pelucheux savaient de quoi ils parlaient ; je les avais crus.

Mais plus tard, sur Sevagram, « Albert », l’oracle aux trois yeux, avait parlé de stérilisation totale quand je lui avais raconté toute l’histoire. S’agissait-il d’une authentique prédiction ? Ou de l’évolution la plus probable de la situation que je lui avais exposée ? L’ancienne pythonisse préférée de l’Empire d’Ipavar lisait-elle réellement l’avenir ?

Je laissai cela de côté pour le moment ; je n’avais aucun indice qui aurait étayé mes réflexions, et ce n’était pas la peine de me casser la tête pour rien.

En revanche, je savais désormais pourquoi je me retrouvais ici, dans ce bus déglingué cahotant à travers un chantier de démolition à la taille de la conurb. Le Gaalaanol m’avait d’ailleurs mis sur la voie en me révélant que ma carte génétique aurait tout à fait pu passer pour celle d’un Clown Gris – ce qui m’avait permis de franchir les contrôles sans le moindre problème.

J’étais un Clown Gris.

Le capital génétique dont je dispose m’a, bien entendu, été légué par des ancêtres originaires de la Terre entière. J’en ignore d’ailleurs la répartition exacte. Je sais que je possède un gène très rare, qu’on ne trouve en temps ordinaire que dans quelques communautés australiennes, pas mal de caractéristiques européano-nordaméricaines et beaucoup d’autres typiquement japonaises. Les vérifications express auxquelles procédaient les vigiles, flics et miliciens de Spirit ne portaient pas sur la recherche de gènes « étrangers », mais sur la présence d’un certain nombre de fragments d’ADN communs à toute la population soane. Dans le premier cas, ce fameux gène australien m’aurait fait aussitôt repérer.

À moins qu’il ne fit précisément partie de ceux sur lesquels portaient le test.

Je me retins d’allumer un cigarillo. Inutile de déranger les dormeurs. Si j’avais bien compris le pidgin mâchonné utilisé par les Résistants inesthétiques, nous ne tarderions pas à connaître des heures très dures, Kikuko, Ganja et moi.

Ces histoires de gènes commençaient à me donner mal à la tête. Si Ganja ne s’était pas déconnectée pour recharger ses batteries et chasser quelques bugs, j’aurais pu lui demander de l’aide. Un peu énervé – j’avais très envie de fumer – je passai au point suivant.

Ma carte génétique n’était pas la seule raison qui avait motivé mon choix pour accomplir cette mission. En cherchant un peu, la Ligue aurait pu trouver des milliers d’individus pouvant passer pour des Clowns Gris, dont certains bien plus expérimentés que moi en matière d’infiltration et de survie dans un milieu social hostile.

Mais aucun d’eux n’avait connu l’industrieuse Californie d’après le Grand Effondrement.

Bien sûr, il était toujours possible de se documenter, de se gaver de mémos d’histoire et de sociologie, voire de se connecter un module comportant toutes les données nécessaires… À quoi bon ? Spirit of America avait toujours traité les étrangers avec défiance. Dès le XXXVIIe siècle, la liberté de déplacement des passagers et équipages des vaisseaux qui faisaient escale avait été limitée à la zone franche de l’unique spatioport. Et au bout du compte, on en savait presque rien de la société soane, sinon ce que les Clowns Gris laissaient volontairement filtrer : des informations tronquées, truquées, manipulées, détournées, voire complètement erronées.

Les choses commençaient à se préciser dans mon esprit. Le module le plus performant n’arrivera jamais à la cheville de l’expérience réelle ; une partie des données enregistrées échappera toujours à la perception d’un homme de l’époque actuelle. Quant aux livres d’histoire ou de sociologie, ils ne procurent qu’une connaissance synthétique, qu’il est difficile de comparer avec une observation sur le terrain. Seul un spécialiste aurait pu le faire, mais il était vraisemblable qu’aucun d’eux ne possédait également les caractéristiques génétiques nécessaires. En dehors de Spirit, une carte comme la mienne ne doit guère se trouver que dans les petites communautés archaïsantes de la Ceinture de Clauzel, ou parmi les innombrables microsociétés artificialistes où l’on ne reproduit que par clonage, et il n’y a guère d’historiens ou de sociologues chez ces gens-là, qui tentent, tous à leur manière, d’arrêter le temps et de faire la nique à la notion d’évolution – comme les Clowns Gris sur Spirit of America, d’ailleurs.

J’avais décidément une carte génétique de réactionnaire.

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