CHAPITRE 4
Vadin ouvrit les yeux au tintement de la cloche matinale. Un instant, il ne sut pas où il était. Tout était trop silencieux. Aucun des cris étouffés habituels de la caserne des écuyers, de moins en moins contenus à mesure que les plus vigoureux faisaient lever les traînards à grandes bourrades. Pas même le nid douillet de ses frères à Geitan, avec le bras de Kevin jeté sur son corps, Cuthan blotti contre lui comme un chiot géant, et un ou deux chiens leur ramenant les couvertures que le bébé, Silan, avait le chic pour tirer à lui. Vadin se sentit très seul, glacé là où sa couverture avait glissé, et entouré de murs étrangers. Des murs qui brillaient comme des nuages devant Lumilune. Il les scruta.
Une silhouette s’y projeta. Les souvenirs affluèrent. Mirain le contemplait, couché dans son nouveau domaine. Il fronça les sourcils. Son suzerain était en kilt et courte cape, son épée du Sud ceinte à la taille, sans autre bijou que son torque, qu’il ne quittait pas même pour dormir. Malgré qu’il eût bu et se fût mis au lit fort tard, il semblait aussi frais que s’il avait dormi du coucher au lever du soleil.
— Allons, dit-il, debout. Voudrais-tu dormir jusqu’à midi ?
Vadin se redressa brusquement, se frottant les yeux pour en chasser le sommeil. Mirain lui tendit un kilt, aux couleurs de la livrée écarlate du roi. Vadin le lui arracha des mains.
— Tu ne dois pas faire cela !
Mirain attendit qu’il l’eût drapé et ceinturé, mais quand Vadin releva les yeux, il vit un peigne dans la main du prince et une lueur dans ses yeux. Il bondit vers lui ; Mirain l’esquiva avec une aisance féline, puis le réduisit au silence en lui mettant le peigne dans la main, ajoutant :
— Dépêche-toi ou je ne te garderai rien pour déjeuner.
Un écuyer ne mangeait pas avec son maître, et partageait encore moins son assiette et sa tasse.
— Les domestiques ont une ou deux petites choses à apprendre, remarqua Mirain lui passant cette dernière.
— Monseigneur, tu ne dois pas…
Les yeux brillants flamboyèrent.
— Me donnerais-tu des ordres, Vadin de Geitan ?
Vadin se raidit.
— Je suis un écuyer. Toi, tu es Prince Héritier de Ianon, dit-il.
— Exact.
Mirain pencha la tête.
— Le formalisme est plus facile, n’est-ce pas ? Un serviteur n’a nul besoin de sentiment pour l’homme qu’il sert. Seulement pour son titre.
— Je suis loyal envers mon seigneur. Il n’a pas à craindre la trahison.
— Et aucun espoir de te lier à lui par l’amitié ?
Vain déglutit, la gorge serrée.
— L’amitié se mérite, dit-il. Monseigneur.
Le prince se leva lentement. Son corps bien adapté évoluait avec la grâce et l’économie d’un danseur d’Ishandri. Un peu crispé maintenant, comme son visage, comme sa voix.
— J’aimerais explorer le château de mon grand-père. Le prince héritier peut-il prendre cette liberté ?
— Le prince héritier peut faire ce qui lui plaît.
Mirain haussa les sourcils. Puis, sans plus de préambule, il s’avança vers la porte. Vadin dut attraper à la diable sa cape, son épée et sa dague, et les accrocher en courant.
À cette heure, seuls les écuyers et les domestiques étaient debout. Les grands aimaient dormir après une longue soirée de bamboche, et le roi ne quittait jamais ses appartements avant la dernière cloche du matin, quand il montait sur les remparts. Sauf que ce matin, il n’avait plus besoin de faire le guet ; Vadin se demanda s’il le ferait quand même, par la seule force de l’habitude.
La forteresse de Ianon était très vaste et complexe, labyrinthe de cours et de couloirs, de salles et de chambres, de jardins et de communs, de tours et de cachots, de casernes et de cuisines, sans compter le gynécée gardé par des eunuques. Seul ce dernier échappa à l’inspection de Mirain, et cela, soupçonna Vadin, seulement pour le moment. Mirain s’approcha du garde, créature moins hermaphrodite que la plupart des monstres d’Odiya, et qui aurait presque pu être un homme, n’était son visage trop lisse ; mais le prince ne tenta ni de parler ni de passer. Il se contenta de regarder l’eunuque, qui recula lentement jusqu’au moment où il ne le put plus, car il était dos à la porte. Le visage du prince était totalement dénué d’expression.
Toujours sans un mot, Mirain pivota sur les talons. Au loin, en haut de la tour des prêtres, une unique voix chantait l’hymne au soleil levant.
À travers l’Enfilade des cours, Mirain descendit vers les postes de garde et les écuries du château. Là enfin, sa tension commença à diminuer. Son visage s’éclaira en parcourant les longues files de boxes, parmi les palefreniers dont la tâche ne leur laissait pas le loisir d’admirer le prince, devant les juments et les poulains à l’entraînement, les chevaux de chasse, de course et de trait, et, à l’écart, les grands destriers de bataille chacun dans un box blindé. Ici et là, il s’arrêtait. Il avait l’œil exercé, Vadin en convint à part lui. Il ignora la grande et hautaine jument mouchetée pour la petite grise du box voisin, la moins impressionnante des juments du roi mais aussi la plus vive. Il ne recula pas quand l’étalon du Prince Moranden le menaça de ses cornes aiguisées, et ce fut le grand cheval gris rayé qui recula, désorienté. Il persuada le bai à cornes blanches d’accepter une friandise de sa main.
Quand il se détourna vers Vadin, il souriait.
— Montre-moi le tien, dit-il.
Vadin ne savait pas à quel point Mirain l’avait désarmé, et avec quelle aisance, jusqu’au moment où il se retrouva dans l’allée secondaire, parmi les montures des écuyers. Rami, sa jument grise, paressait, déhanchée, au milieu de la rangée, la croupe juste un peu moins décharnée que la sienne ; mais la houppe de sa queue était soyeuse et fournie, les jambes longues et fines, les longues oreilles dressées, les yeux argentés très doux. Vadin fondit sous ce regard limpide.
— Elle est magnifique, déclara Mirain.
Vadin se figea, furieux.
— Ses oreilles sont trop longues, on lui voit les côtes, et elle lance des ruades.
— Mais son allure est souple comme la soie et son cœur est d’or.
Mirain était près d’elle et elle tolérait qu’il la touche. Qu’il touche même sa tête. Même ses oreilles frémissantes. Elle souffla doucement sur l’épaule de l’étranger, et Vadin sut que son cœur allait exploser de jalousie.
— Elle est à moi ! dit-il criant presque. Je l’ai élevée depuis sa naissance. Personne d’autre ne l’a jamais montée. L’année dernière, elle a gagné la Grande Course à Imehen, d’Anhei à Morajan entre l’aube et midi, et après, elle a plongé droit dans la mêlée, où les garçons rivalisent pour devenir des hommes. Elle n’a jamais faibli. Pas une seule fois. Même contre des étalons cornus.
La main de Mirain avait trouvé une cicatrice, la plus terrible, qui balafrait le cou de la nuque à l’épaule.
— Et qu’a-t-elle obtenu en échange de cela ? demanda Mirain.
— Elle a ouvert la gorge de la bête.
Vadin frissonna au souvenir du sang et des cris de l’étalon mourant, et de la douce Rami plus affolée par le combat que par la souffrance. Elle l’avait porté jusqu’à la victoire, et il s’en était à peine aperçu. Il était trop désespéré tant il avait peur pour elle.
— Les seneldi de Ianon sont célèbres même dans les Cent Royaumes, dit Mirain. Pour leur beauté, leur force, et leur grande valeur.
— J’ai vu des races du Sud.
Vadin ne leur accorda même pas l’honneur d’un grognement dédaigneux.
— Un maquignon de Poros rôdait toujours à Geitan. Tous les ans, il venait. Tous les ans, il donnait des émeraudes pour les bêtes qu’on éliminait. Des hongres, et, de temps en temps, un étalon que le châtreur n’avait pas encore coupé. Une année, il tenta de voler une jument. Après ça, on s’est assurés qu’il ne reviendrait jamais.
— Ma mère disait qu’un seigneur de Ianon pouvait pardonner le meurtre de son fils premier-né si on savait le persuader, mais jamais le vol d’un senel.
— Les fils premiers-nés sont beaucoup moins rares que les bons seneldi.
— C’est vrai, dit Mirain.
Vadin ne put déterminer s’il parlait sérieusement. Mirain prit courtoisement congé de Rami, quitta le box et regarda autour de lui. L’allée menait, dans le jour levant, à la cour des écuries, à un ou deux paddocks et aux terrains d’entraînement. Quelques poulains étaient dehors, mais Mirain ne s’attarda pas à les regarder.
Il avait entendu ce que les écuyers appelaient l’hymne du matin : hennissements des étalons, piaffements des sabots sur le bois et la pierre, et, dominant de temps en temps ce tumulte, le cri strident et rageur d’un senel.
Mirain avança sans hésitation : dans un coin du mur, une haute grille, et, à l’intérieur, une petite hutte de pierre, avec des barreaux aux fenêtres. Trois verrous fermaient la porte, sans cesse ébranlée par de furieux coups de boutoir.
— Le Fou, dit Vadin, avant que Mirain ne l’interroge. Cette écurie était réservée à l’étalon du roi, quand il rentrait de campagne pour couvrir les juments royales. Mais le vieux chef du troupeau est mort au printemps, et ne sera pas remplacé avant la naissance des poulains de l’année. En attendant, le Fou a une prison pour lui tout seul. Il appartient au roi, descendant des meilleurs géniteurs, et mon seigneur fondait sur lui de grands espoirs : il est aussi rapide qu’une jument, avec la force d’un étalon, et ses cornes font déjà une aune de long. Mais il a aussi prouvé qu’il était vicieux. Il a tué un palefrenier avant qu’on l’enferme. S’il n’est pas dressé d’ici l’été, il sera donné à la déesse.
— Sacrifié.
La voix de Mirain était rauque de révulsion. Les prêtres du soleil n’honoraient pas leur dieu avec du sang. Il se pencha sur la grille. À l’intérieur de sa prison, le Fou hurlait sa rage.
Avant que Vadin ait pu faire un geste, Mirain avait sauté par-dessus la grille et courait vers la hutte.
Vadin s’élança à sa poursuite. Et se heurta à un mur invisible, qui tint bon malgré ses coups rageurs, et qui le laissa impuissant à tout sauf à regarder.
Mirain avait ôté les trois verrous. Quand la porte s’ouvrit dans un bruit de tonnerre, il sauta de côté. Le Fou fit irruption, écumant et agitant sa splendide crinière. Il était plus que beau. Il était à couper le souffle : c’était un empereur des seneldi, aux jambes longues et fines, au large poitrail, avec le cou arqué et le petit museau des bêtes de Ianon. Ses cornes étaient droites et acérées comme des épées jumelles ; ses sabots étaient d’obsidienne polie, sa robe d’un noir ardent. Son grand défaut était celui de Mirain. Il n’était pas grand pour sa race. Mais il l’était assez, et merveilleux à contempler. Merveilleux et mortel.
Il s’arrêta à un court empan de la grille et pivota en s’ébrouant. Il roula des yeux, rouges comme le sang, comme la folie. Il les fixa sur celui qui était debout près de la porte ouverte. Ses oreilles s’aplatirent. Il baissa la tête, les cornes en bataille. Il chargea.
Mirain était en plein sur sa route. L’instant suivant, le prince n’était plus là, le senel évitant le mur avec la rapidité d’un chat. Mirain éclata d’un rire aigu et sauvage. Le Fou fit volte-face. Le prince s’avança lentement, sans donner aucun signe de peur. Il souriait, provoquant l’étalon à le toucher. Les cornes le manquèrent d’un cheveu. Les sabots aigus ne rencontrèrent que le vide.
Le Fou s’immobilisa. Ses narines palpitèrent, écarlates comme ses yeux. Il rejeta la tête en arrière et tapa du pied comme pour dire : Comment oses-tu n’avoir pas peur de moi ?
— Effectivement, comment osé-je ? répliqua Mirain. Tu n’es pas plus fou que moi et beaucoup moins royal. Car tu es fils du vent matinal, mais moi, je suis fils du Soleil.
Un éclair noir frappa juste où il se trouvait. Il n’y était plus. Il était à l’écart, main sur la hanche, calme, inébranlable.
— Me menaces-tu ? Aurais-tu cette audace ? Allons, viens, sois raisonnable. On t’a peut-être volé à ton vieux royaume, mais c’était pour t’en donner un plus grand. Veux-tu être le roi de mes étalons ?
Piaffement, ébrouement, feinte.
Mirain ne bougea pas, sauf qu’il releva la tête.
— Moi, que je vienne à toi, avec cent juments derrière moi ? Un empereur paye-t-il le tribut à un roi son vassal ?
Il s’avança, largement à portée des cornes et des sabots. Le Fou n’avait qu’à se cabrer et frapper pour l’abattre.
— Je ne devrais pas me mettre en peine pour toi. Dans les écuries, il y a des seneldi qui donneraient leur âme pour me porter sur leur dos. Mais tu es un roi, et les rois, même en exil, suscitent le respect.
Le Fou le considéra, l’air quelque peu déconcerté. Mirain toucha le museau velouté. L’étalon frémit, mais ne mordit pas et ne recula pas. Sa main monta jusqu’aux racines des cornes, se posa légèrement sur la touffe de poils les séparant.
— Eh bien, seigneur, serons-nous rois ensemble ?
Lentement, la tête orgueilleuse s’inclina, renifla la main d’or, souffla dessus.
Mirain s’approcha un peu plus. Soudain, il fut sur son dos. Le Fou resta figé, puis il se cabra en hennissant. Le prince rit. Il riait encore quand le senel partit au galop, sauta la haute grille et fila vers les écuries. Hommes et bêtes s’enfuyaient devant lui.
— Le Fou ! mugit une voix grave. Le Fou s’est échappé !
— Lequel ? grommela Vadin.
D’un ton acide, mais avec une nuance – récalcitrante – d’admiration.
Ils rencontrèrent le roi qui sortait du château, tandis que derrière eux grouillait une foule tumultueuse. Le Fou s’arrêta et continua à piaffer sur place ; Mirain s’inclina devant son grand-père.
— J’ai trouvé un ami, monseigneur.
Vadin était aussi proche que chacun l’osait : juste hors de portée des sabots de l’étalon. Il aurait presque préféré être encore plus près plutôt que de braver le regard accusateur du roi. Mais ce regard était fixé sur Mirain et sur le senel qui, sans entraînement, portait son cavalier avec grâce et aisance ; et qui n’avait rien perdu de sa fierté sauvage.
La froideur s’estompa. Les lèvres minces frémirent imperceptiblement.
— Un ami en effet, mon petit-fils, et un grand seigneur seneldi. Mais je crains que tu n’aies à le soigner toi-même. Aucun homme ne voudra s’en approcher.
— Plus maintenant, dit Mirain, si personne ne s’aventure à le monter. Car, après tout, c’est un roi.
— C’est bien vrai, dit le roi, avec une nuance ironique.
— Maintenant, nous allons dans la Vallée. Viendras-tu avec nous, sire ?
Le sourire du roi s’épanouit, étonnant comme le soleil à midi et plus miraculeux.
— Certainement. Hian, selle mon destrier. Je vais chevaucher avec le prince.
Moranden les observait d’une tour du château : le garçon sur l’étalon noir, sans bride ni selle, et le vieux roi sur le destrier roux, suivis d’une foule de seigneurs, de domestiques et de badauds. Il serra l’appui de la fenêtre à s’en faire blanchir les phalanges.
— Bâtard de prêtresse, grinça-t-il en serrant les dents.
— C’est bien cruel.
Il pivota vers Ymin.
— Cruel ? Cruel ? Toi, tu as tout ce que tu as recherché. Toutes tes prophéties réalisées, de nouvelles ballades à chanter, et un joli garçon pour le plaisir de tes yeux. Mais moi – j’ai un royaume qu’on m’a arraché des mains.
— Tu ne l’as jamais eu, remarqua-t-elle sereinement, s’asseyant en tailleur sur le lit du prince.
— Je l’avais quand ce drôle a ensorcelé mon père.
— Ton père ne t’avait jamais déclaré son héritier.
— Et qui d’autre aurait-ce pu être ?
Elle ouvrit les mains en un geste d’ignorance.
— Qui sait ? Mais Mirain est venu. Il est le fils du dieu, Moranden. De cela, je suis certaine.
— Alors tu viens pour te moquer de moi.
— Non, pour te faire entendre raison. Ce garçon a pu apprivoiser le Fou. Que ne pourrait-il pas faire pour toi ?
— Aucun tour de mendiant ne m’entortillera dans ses sortilèges.
— Moranden, dit-elle, d’un ton soudain pressant et passionné, c’est lui. Le roi annoncé. Accepte-le. Cède devant lui.
Debout devant elle, il la saisit rudement par les épaules et la secoua.
— Je ne cède devant personne. Ni devant toi, ni, encore moins, devant un jeune bâtard.
— C’est le fils de ta sœur.
— Ma sœur ! cracha-t-il. Sanelin, Sanelin, toujours Sanelin. Regarde Moranden, comme ta sœur est fière, comme elle est majestueuse, et comme elle est sainte, si sainte ! Allons, mon garçon, sois fort ; quand ta sœur reviendra, voudrais-tu qu’elle ait honte de toi ? Ah, Sanelin, la chère enfant, où est-elle allée ? Si loin, si longtemps, et jamais un mot d’elle.
Il cracha, comme pour se purifier la bouche.
— Qui a jamais fait attention à moi ? Je n’étais que Moranden, un accident, né d’une captive. C’est elle qui était aimée. C’était elle l’héritière. Elle – femme, métisse et prêtresse qu’elle était : – elle aurait eu Ianon. Et moi, rien. Ni trône ni royaume. Rien du tout.
— Sauf les honneurs, les titres, et toutes les richesses que tu voudrais.
— Rien, répéta-t-il avec une douceur haineuse.
Ymin garda le silence. Il rit, d’un rire étranglé et hideux.
— Puis elle mourut. J’appris la nouvelle ; je m’éloignai en secret et exécutai la danse de joie la plus endiablée que je connaissais ; je rêvai de mon royaume. Et maintenant, il est venu, l’enfant chétif, réclamer tout ce qu’elle avait. Tout. Avec l’assurance totale, absolue et inébranlable qu’il a le droit…
Moranden s’interrompit, rejeta la tête en arrière.
— Dois-je m’incliner devant cet intrus ? Dois-je supporter ce que j’ai enduré depuis que je suis adulte ? Par tous les dieux et les puissances inférieurs, non !
— Tu es un imbécile.
La voix d’Ymin était douce, nuancée de dédain.
— Ta mère, en revanche, dont tu répètes toutes les paroles comme un perroquet, elle est folle. À Han-Ianon, nous autres femmes nous coupons nos lisières quand nos seins commencent à pousser. Aucun doute que ce soit différent dans les Marches.
Elle se leva.
— Je vais servir mon prince. Si tu l’attaques, n’attends de moi aucune pitié. Il est mon seigneur comme tu ne l’as jamais été et ne le seras jamais.