Cinq
Le castellan Leonid se servit un verre d’amasec qu’il vida d’un trait. Il le reposa ensuite sur sa table de chevet, puis s’assit sur le rebord de son lit. Son corps tout entier était douloureux, mais c’étaient surtout les nombreuses cicatrices bandées qui recouvraient ses bras et ses jambes qui le faisaient souffrir. Il se massa instinctivement les tempes pour essayer d’oublier la douleur et l’horreur accumulées.
Mais une telle prouesse était au-dessus de ses forces, aussi se résigna-t-il à se servir un dernier verre d’amasec tout en regardant à travers le hublot blindé de sa chambre. Une faible lumière émanait encore des feux de plasma qui s’étaient répandus dans les douves lorsque les deux Titans s’y étaient effondrés. Il leva son verre dans leur direction :
« Je bois en votre nom, princeps Daekian. Puisse l’Empereur prendre soin de votre âme. »
Il avala la boisson d’un trait et considéra l’éventualité de s’en offrir encore un petit verre. Finalement, il résista, sachant pertinemment qu’il aurait fort à faire d’ici l’aube. Quelqu’un frappa à la porte, ce qui le tira de ses pensées.
— Entrez.
Le frère-capitaine Eshara dut pencher la tête pour pénétrer dans la chambre. Il s’empara de la chaise rangée sous le bureau de Leonid et vint s’asseoir face à lui.
Les deux hommes restèrent silencieux un instant, puis Eshara se décida enfin à parler.
— Vos hommes se sont battus vaillamment aujourd’hui. Jouran peut en être fier.
Constatant l’état de tristesse dans lequel Leonid était plongé, il ajouta :
— Je suis désolé de la mort du major Anders.
Leonid acquiesça, se remémorant cette scène affreuse où un Iron Warrior avait littéralement massacré son vieil ami alors qu’il menait la défense du Ravelin Primus.
— Frère Corwin nous manque cruellement lui aussi…
Le visage d’Eshara afficha à son tour la tristesse.
— Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé, mais je crois qu’il a sacrifié sa vie pour nous sauver tous.
Le moins qu’on puisse dire était que les rapports des combats qui avaient eu lieu sur le bastion Mori s’avéraient confus. Les soldats avaient fait état d’un géant en armure massacrant tout le monde tout autour de lui à l’aide de sa seule voix, et d’un tourbillon qui aspirait le sang de ses victimes. Heureusement, Leonid était parvenu à faire taire ces rumeurs avant qu’elles ne se répandent dans toute la garnison.
— Demain, ce sera le dernier jour, n’est-ce pas ? demanda-t-il.
Devant le mutisme d’Eshara, il pensa que ce dernier préférait ne pas aborder la question, mais le Space Marine avait simplement pris le temps de considérer la chose.
— Si nous ne nous replions pas derrière les remparts internes de la citadelle, oui, ce sera le dernier jour. Il nous reste moins de quatre mille soldats, quasiment aucun canon et il y a trois brèches dans les murs. Ces derniers sont trop longs pour pouvoir être défendus efficacement de partout. Nous pouvons faire en sorte que l’assaut soit sanglant pour nos ennemis, mais au final, nous ne tiendrons pas…
Eshara observa une courte pause avant de reprendre.
— Il faudra donc que nous abandonnions nos positions pour nous replier à l’abri des remparts internes. Ces derniers sont intacts et même si nous ne pouvons les garnir convenablement, nous disposons toujours de la protection du champ énergétique. Le sacrifice du princeps Daekian nous a fourni le temps de nous regrouper, et le plus tôt sera le mieux.
— Je vais en donner l’ordre immédiatement, acquiesça Leonid avant de se servir un dernier verre d’amasec. À côté de la bouteille se trouvait sa boîte de pilules de décontamination. Machinalement, il en prit une et la mâchonna, grimaçant à cause de son goût amer.
— J’ai pu constater que vos hommes prennent également ce genre de médicaments, nota Eshara. Puis-je vous demander à quoi elles servent ?
— Quoi ? Les pilules de décontamination ? Oh ! Bien sûr, vous n’en avez pas besoin, n’est-ce pas ? Enfin, je suppose qu’aucun d’entre nous n’en a plus vraiment besoin, à présent !
L’air surpris, Eshara demanda :
— Besoin pour quoi ?
— Eh bien, c’est à cause de l’air, expliqua Leonid en secouant les bras. Il est empoisonné. Les magos biologis de l’Adeptus Mechanicus nous fournissent ces pilules pour nous éviter de tomber malades à cause des toxines présentes dans l’atmosphère.
Eshara s’approcha et s’empara de la boîte de médicaments. Il versa quelques pilules dans sa main et se pencha pour les sentir, tandis que Leonid l’observait d’un air médusé.
— Castellan Leonid, avez-vous déjà entendu parler d’un organe unique aux Space Marines portant le nom de neuroglottis ?
Leonid secoua la tête.
— Il est situé à la base de la gorge et nous permet d’analyser la composition chimique de tout ce que nous ingérons ou respirons. En cas de nécessité, cet organe est également capable de modifier notre système respiratoire et de dévier notre trachée vers un poumon génétiquement amélioré capable de gérer les toxines présentes dans n’importe quelle atmosphère.
Eshara reposa la boîte à sa place et poursuivit :
— Je crains que vous n’ayez été trompé, mon ami, car je puis vous certifier que l’air de cette planète est tout à fait inoffensif. Pas vraiment agréable à respirer, certes, mais certainement pas empoisonné !
À chacun des pas qui le menaient vers le Temple de la Machine, Leonid pouvait sentir sa rage croître. Dans sa main gauche, il tenait encore la boîte de pilules de décontamination, tandis que dans la droite il brandissait son pistolet laser. À ses côtés avançaient le capitaine Eshara ainsi que la totalité de sa garde d’honneur équipée d’armures carapaces. Il était bien décidé à régler ses comptes avec l’archimagos Amaethon.
À présent, il comprenait mieux pourquoi Hawke n’était pas tombé malade dans les montagnes ainsi que la raison des maux de tête et autres nausées dont se plaignaient les soldats. Il comprenait mieux pourquoi la chambre des officiers était ornée de tant de plaques régimentaires : avec de telles pilules, il était forcé que les garnisons se succèdent…
Eshara avait fini par mâcher l’une de ces pilules et l’avait recrachée illico en déclarant d’une voix assurée :
— Poison ! Pour être plus précis, son principe actif est lent et ses effets sont subtils. Ces pilules contiennent de nombreux composants chimiques qui sont cancérigènes. Selon moi, après quelques années, ceux qui en prennent peuvent souffrir d’un ou plusieurs cancers hautement virulents.
Horrifié, Leonid avait observé la boîte avec dégoût avant de réaliser depuis combien de temps il en avait lui-même pris.
— Virulents à quel point ? avait-il demandé dans un soupir.
Eshara avait froncé les sourcils.
— Incapacitants après six ou sept années, mortels peu de temps après…
Leonid en était resté sans voix. L’ampleur de la trahison se révélait tout simplement incroyable. Il était effrayant que l’Adeptus Mechanicus ait pu agir de la sorte contre ceux qu’il était censé protéger. Se remémorant les innombrables drapeaux régimentaires qui flottaient dans la chambre des officiers, Leonid avait essayé de calculer combien d’hommes l’Adeptus Mechanicus avait ainsi condamné à mort, mais il avait abandonné en réalisant avec horreur que le chiffre atteignait des millions.
— Pourquoi faire une chose pareille ?
— Je n’en sais rien. Que défend réellement cette citadelle ? Est-ce si précieux au point que même ses défenseurs n’aient le droit d’en parler ?
Leonid avait secoué la tête.
— Non, enfin, peut-être… Je n’en suis pas sûr. Pour autant que je sache, cette place constitue une sorte de voie de transit pour les artefacts xenos découverts dans le secteur. Je me suis même laissé dire que le site aurait été construit sur une ruine datant de l’Âge Sombre de la Technologie.
— Encore une fois, je crains que vous n’ayez été trompé. Je ne crois pas que l’Adeptus Mechanicus s’abaisserait à de telles exactions uniquement pour protéger des artefacts xenos. Cette citadelle doit receler un secret qui vaille le sacrifice de chacun de ses défenseurs.
Leonid avait juré qu’il percerait ce secret à jour, même s’il devait tordre de ses mains le cou de Naicin ou menacer Amaethon de vider son chargeur sur la machine qui le maintenait en vie. Il était certainement trop tard pour les hommes du 383e, mais il allait s’assurer que l’Adeptus Mechanicus paierait pour ses crimes.
Plusieurs corridors partaient du couloir principal qu’ils avaient emprunté, mais Leonid se dirigea d’un pas assuré en direction du Temple de la Machine.
« Quelqu’un vient vers nous », murmura Eshara tout en dégainant son pistolet bolter.
Les gardes d’honneur de Leonid levèrent leurs fusils laser et entreprirent de l’entourer afin de le protéger.
Le couloir s’élargit soudain pour aboutir dans une pièce voûtée dans laquelle plusieurs piliers de métal se rejoignaient pour s’entrelacer jusqu’à former une espèce de dôme arachnéen. Des lumiglobes flottaient ça et là sous l’effet de champs suspenseurs. Les murs étaient marqués du symbole de la roue, et sur le sol reposaient toutes sortes de machines et autres curiosités. Des serviteurs allaient et venaient mécaniquement, hermétiques à l’arrivée du castellan et du Space Marine.
À l’autre extrémité de la pièce, une imposante porte dentée demi-circulaire était à moitié ouverte. Devant elle se tenait un petit groupe de gens parmi lesquels Leonid reconnut immédiatement le magos Naicin ainsi que deux serviteurs de combat Prætoriens. Les serviteurs étaient des esclaves chirurgicalement modifiés par l’Adeptus Mechanicus et destinés à accomplir diverses tâches manuelles. Spécialisés dans la défense, les Prætoriens étaient généralement pourvus d’un torse monté sur une paire de chenilles mécaniques et ils étaient équipés d’une combinaison d’armes mortelles implantées dans leurs bras.
Leonid ne connaissait pas le dernier personnage du groupe, mais il n’en fut pas moins surpris par son étrange corpulence, que même ses larges robes ne parvenaient pas à dissimuler. Sa peau était de la couleur de l’acier noir et son visage paraissait plus mort que vif.
Lorsque Naicin les aperçut, il s’engouffra à travers la porte, entraînant à sa suite l’imposant personnage en robe de bure.
Leonid grogna de frustration et se précipita vers la porte qui déjà se refermait sur leur passage. Il ignora les Prætoriens qui eux étaient restés en arrière, obnubilé par son désir de mettre la main sur Naicin et de lui faire passer un sale quart d’heure.
Ce furent les gardes d’honneur qui réalisèrent les premiers le danger, lorsque le Prætorien de tête leva son arme dans la direction de leur supérieur. Le plus rapide d’entre eux eut tout juste le temps de bondir sur Leonid et de le précipiter à terre juste avant que ne retentisse à travers la pièce le bolter lourd du serviteur de combat.
Les bolts passèrent au-dessus de la tête du castellan et fauchèrent les gardes d’honneur, moins chanceux, qui se trouvaient sur la trajectoire. Trois d’entre eux s’effondrèrent au sol avec de larges trous dans la poitrine. Leonid et son sauveteur roulèrent à couvert derrière une énorme foreuse qui encaissa à leur place les tirs d’autocanon que leur destinait le second Prætorien.
Ce dernier reçut en réponse une volée de tirs de fusils laser, qui creusèrent de nombreux impacts dans sa carcasse métallique. Cela ne l’empêcha pas de continuer d’avancer, et ce fut tout juste s’il ralentit pour ajuster son tir suivant destiné à abattre d’autres gardes d’honneur avec une précision mortelle.
L’homme qui avait sauvé la vie à Leonid abandonna soudain le couvert de la foreuse et prit le temps d’ajuster son tir sur la tête du Prætorien. Ce dernier ne lui laissa malheureusement pas le temps d’appuyer sur la gâchette et l’abattit sans autre forme de procès.
Leonid s’éloigna en rampant tandis que l’autocanon et le bolter lourd continuaient de transformer la pièce en enfer. De toutes parts fusaient des éclats de métal, de verre et de bois.
Les serviteurs lobotomisés qui se trouvaient dans les parages n’étaient pas programmés pour réagir à ce type de stimuli. Aussi restèrent-ils à leur poste sans broncher et moururent-ils silencieusement tandis que les Prætoriens poursuivaient le carnage, leurs muscles servo-assistés absorbant sans problème le recul de leurs gros calibres.
À mesure que les panneaux de contrôle fluorescents étaient pulvérisés, des sirènes d’alarme se déclenchaient.
Leonid se rapprocha d’Eshara qui avait dégainé son épée énergétique crépitante.
Les serviteurs non lobotomisés tentaient frénétiquement de se déconnecter des machines auxquelles ils étaient reliés pour se mettre à l’abri des Prætoriens qui désormais avançaient vers le centre de la pièce. L’un d’entre eux se jeta à genoux pour demander grâce, mais un Prætorien l’abattit froidement d’un bolt dans la tête. Les autres périrent en trois rafales contrôlées.
Leonid choisit ce moment pour surgir de derrière son couvert et tirer deux fois sur le plus proche de ses adversaires. Ce dernier vacilla un instant, puis leva son bolter lourd pour riposter. Mais la troisième tentative de Leonid fut la bonne. Il atteignit le Prætorien en pleine gorge, ce qui eut pour effet de le décapiter.
Il bascula en arrière sans cesser de tirer, et l’un des bolts toucha Leonid à l’épaule. Ce dernier hurla de douleur tandis que l’impact l’envoyait valdinguer au sol.
Le second Prætorien tourna ses autocanons vers le castellan dans le but de l’achever. Mais avant qu’il n’ait le temps d’ajuster son tir, Eshara bondit à découvert et fendit l’arme d’un grand coup d’épée. Profitant de son élan, il envoya son coude dans la figure du serviteur de combat, lui brisant net les os. Puis d’un revers bien ajusté, il détacha le torse du Prætorien de son unité de traction. Comme pour annoncer sa reddition, les servomoteurs de ses armes cessèrent de crisser.
Leonid se releva difficilement et adressa un remerciement à Eshara d’un hochement de tête. La porte à travers laquelle Naicin et son mystérieux complice s’étaient évanouis était désormais fermée.
« Damnation ! », jura-t-il. « Au nom de Jouran, comment allons-nous ouvrir cette porte, maintenant ? »
Eshara se contenta d’indiquer du regard quelque chose qui se trouvait derrière Leonid. Ce dernier fronça les sourcils et se retourna pour voir ce que le Space Marine lui désignait. Il grogna.
La porte du Temple de la Machine avait beau être épaisse de trente centimètres d’acier, elle n’en céda pas moins docilement face aux dix-huit tonnes qui constituaient l’énorme foreuse derrière laquelle Leonid s’était abrité. Cette dernière pivota dangereusement sur elle-même et broya un panneau de contrôle lorsque Eshara en perdit le contrôle l’espace d’un instant.
Le moteur de la foreuse n’avait pas encore cessé de ronronner que le castellan, Eshara et les quatre gardes d’honneur rescapés sautaient de l’autre côté du trou béant.
En atterrissant, Leonid poussa un juron de douleur, puis essaya de se faire une idée de la scène qui se présentait à eux.
Le magos Naicin se tenait la tête penchée devant une petite structure rhomboïde recouverte de fluides organiques. Dans l’une de ses mains, il tenait quelque chose qui ressemblait à un morceau de viande crue et qu’il jeta négligemment avant de faire un pas de côté. Alors Leonid découvrit avec horreur Amaethon qui reposait sur le sol. Après des siècles de service, les restes organiques de l’archimagos s’étaient finalement éteints.
L’imposant personnage en robe de bure qui accompagnait Naicin se tenait juste devant le rhomboïde, les bras légèrement écartés. Quelque chose ondulait sous ses vêtements, comme s’il s’était agi d’un nid de serpents. Soudain, la robe céda, laissant apparaître une musculature d’acier noir constituée d’un abominable amalgame de composants biomécaniques. Cette créature n’était ni homme ni machine, mais une horrible symbiose des deux.
— Naicin, cria Leonid. Qu’avez-vous fait ?
Le magos releva la tête tout en retirant son masque, et le castellan frémit d’horreur en découvrant son véritable visage : une masse grouillante de tentacules vermiformes. Au centre, un groupe d’yeux laiteux et distendus surmontait une bouche en forme de sphincter cerclée de dents qui rappelaient des aiguilles.
— Un mutant ! lança Eshara tout en brandissant son pistolet.
Les quatre gardes d’honneur, quant à eux, restèrent paralysés par la vision cauchemardesque qui s’imposait à eux. Et cette faiblesse eut raison d’eux.
La créature située devant le rhomboïde leva les bras. Sa chair se transforma immédiatement en deux énormes armes qui ouvrirent le feu sur eux et les éliminèrent dans un vacarme assourdissant. Une fois de plus, Leonid n’eut d’autre choix que de plonger à couvert derrière la foreuse tandis qu’Eshara chargeait droit devant.
Le magos Naicin siffla et se jeta en avant avec une vitesse inhumaine pour l’intercepter. Des excroissances dentelées étaient apparues à l’extrémité de chacun de ses doigts, toutes tendues vers Eshara. Ce dernier fut atteint au niveau de l’épaulière par le jet de liquide corrosif qui en jaillit soudain et qui vint à bout de la céramite en quelques secondes seulement. Le Space Marine fit un roulé-boulé pour esquiver les bouches avides, mais Naicin était déjà sur lui, prêt à jouer à nouveau de ses doigts qui pendaient désormais de ses mains tels des fouets menaçants.
Leonid prit le temps d’ajuster son pistolet bolter en prenant appui sur la carcasse de la foreuse. Il avait l’intention de s’occuper de la monstruosité qui avait eu raison de ses hommes.
Les bras de la créature changèrent à nouveau pour prendre la forme de longs câbles d’acier ondulant comme des serpents. Soudain, sa cage thoracique s’ouvrit en craquant telle une antique porte oubliée depuis des lustres. Une dizaine de tentacules de métal vert en jaillirent et commencèrent à se propager dans l’air à la recherche d’une proie.
Leonid n’attendit pas un instant de plus et appuya sur la gâchette. Son tir toucha la créature en pleine tête, mais il y eut un halo vert et celle-ci s’en tira indemne. Il fit feu encore et encore, sans plus de succès. Cette chose était invulnérable, et ses tentacules métalliques continuaient à s’allonger et à fureter tout autour des machines qui jonchaient la pièce. Certains se connectaient aux instruments, qui n’étaient autres que les systèmes de régulation de toute la citadelle !
Des sirènes d’alarme se mirent à retentir, accompagnées d’un concert de lumières clignotantes.
Leonid savait que sans Eshara, il ne parviendrait pas à se débarrasser de ce monstre, aussi se lança-t-il à l’aide du Space Marine aux prises avec Naicin. Eshara fit décrire un arc de cercle à son épée, mais son adversaire esquiva en faisant preuve d’une célérité époustouflante. Le pistolet bolter du capitaine n’était plus qu’une masse de métal fondu sur le sol, et son armure était trouée en divers endroits là où les jets d’acide corrosif de Naicin l’avaient atteint.
Leonid leva son arme.
— Poussez-vous, frère-capitaine, ordonna-t-il.
Eshara esquiva un coup dirigé droit sur son cœur puis recula rapidement. Leonid tira un bolt dans la tête du mutant.
Naicin accusa le coup. Le bruit qui en résultat fut un croisement entre un gargouillis et une succion.
— Crétins ! Vous ne pouvez pas gagner. Vous me tuerez peut-être, cela n’empêchera pas mes maîtres de briser vos os d’ici la fin de la journée !
— Pourquoi, Naicin ? demanda Leonid.
— Je pourrais vous poser la même question. Vous ne connaissez même pas la nature de ce que vous essayez de protéger.
— Nous nous battons pour défendre un monde de l’Empereur, mutant ! rugit Eshara.
Naicin éclata de rire, produisant un horrible flot de sons inarticulés.
— Et vous croyez que votre Empereur se soucie de ce monde ? Mais regardez donc autour de vous : ce n’est guère mieux qu’un désert ! Un désert créé par les mains de l’homme, car cette planète fut jadis fertile et accueillante… jusqu’à ce que l’Adeptus Mechanicus ne la réquisitionne. Une bordée de bombes virales a suffi à tuer toute créature vivante et à la rendre inhabitable pour de longs siècles. — Vous mentez. Pourquoi l’Adeptus Mechanicus aurait-il fait une chose pareille ?
— Pour s’assurer que personne ne convoiterait cette planète. Ainsi, les géno-laboratoires qu’ils y construisirent seraient à l’abri, oubliés. Voyez-vous, nous nous trouvons dans l’un des lieux les plus précieux de l’Adeptus Mechanicus, et vous ne le savez même pas ! Le patrimoine génétique des Space Marines, leur futur en somme… eh bien cette planète est l’un des deux endroits de la galaxie où les glandes progénoïdes sont créées et stockées.
Voyant le visage horrifié et consterné d’Eshara, Naicin éclata de rire.
— Oui capitaine, lorsque le maître de forge et le Fléau auront mis la main sur votre patrimoine génétique, ils s’en serviront pour créer des légions de Space Marines qui se battront pour la plus grande gloire du chaos !
— Mais cela ne se produira pas, répliqua Eshara avant d’arracher le pistolet des mains de Leonid et d’ouvrir le feu sur Naicin.
Cette fois, sa tête explosa, aspergeant la pièce d’un liquide jaune malodorant et de débris de tentacules. Son corps ne s’était pas encore effondré au sol qu’Eshara lui tirait quatre autres bolts dessus. Puis, sans dire un mot, il rendit le pistolet à Leonid.
Plusieurs sirènes d’alarme résonnaient dans les parages. L’attention des deux hommes se reporta sur la créature qui se tenait toujours au centre de la pièce. Elle flottait désormais au-dessus du sol, les bras tendus en croix et d’innombrables tentacules jaillissant de son corps. Un halo vert nauséeux semblait sortir des profondeurs de sa cage thoracique.
Des étincelles surgirent soudain de toutes les machines qui se trouvaient dans la pièce, reliées par des éclairs d’énergie crépitante, tandis que le techno-virus se répandait dans l’ensemble du réseau de la citadelle.
Une décharge électrique vint heurter le sol juste devant Eshara et Leonid, qui furent contraints de reculer. Des explosions retentissaient ça et là alors que le Temple de la Machine était en proie à une tempête d’énergie de plus en plus violente. Eshara protégea Leonid de son corps tout en se repliant vers le trou béant qu’ils avaient foré dans la porte. Un éclair le frappa dans le dos, lui arrachant un cri de douleur.
Lorsqu’ils parvinrent à s’extraire de la pièce, celle-ci était complètement obstruée par une véritable toile d’éclairs menaçants. À bout de souffle, les deux hommes rampèrent pour se mettre à l’abri, puis Eshara se releva et offrit sa main à Leonid, qui agrippa son épaule blessée et se remit sur pied. Avant qu’ils n’aient le temps de dire quoi que ce soit, le communicateur d’Eshara se mit à crépiter. À l’expression qui envahit son visage, Leonid devina que les nouvelles n’étaient pas bonnes.
— Alors ? demanda-t-il en s’attendant au pire.
— C’est reparti. Le bouclier s’est affaissé et l’ennemi se lance à l’assaut une fois de plus.
Leonid acquiesça et reporta son regard sur l’intérieur du Temple de la Machine qui désormais n’était plus qu’un enfer d’énergie verte.
— Alors notre place est sur les murs, dit-il sombrement.
Accompagnés d’une vague de chars Vindicator et de quarante-deux Dreadnoughts fous de rage, les deux derniers Titans de la Legio Mortis avançaient sur la citadelle. Pour soutenir ce corps blindé, pas moins de six mille soldats en livrée rouge se déployaient également et progressaient vers les douves, dont le fond était désormais doux et lisse, vitrifié par le plasma à présent refroidi qui s’était déversé des Titans.
Du haut de la citadelle résonnaient de nombreuses alarmes. Déjà, la marée des assaillants était accueillie par des salves de tirs et d’obus.
Du haut d’un bastion monté sur l’épaule du Pater Mortis, quelques trente mètres au-dessus du sol, Honsou observait les opérations. Il pouvait voir les Vindicators qui avaient pris position derrière des abris fortifiés le long du troisième parallèle et qui engloutissaient les remparts affaiblis sous une pluie d’obus, faisant s’effondrer de grandes quantités de béton.
Il fut obligé de s’agripper à la balustrade lorsque son Titan enfonça une de ses pattes griffues dans la tranchée.
Les soixante-deux Iron Warriors de sa compagnie encore en état de combattre attendaient de part et d’autre de la tête du Pater Mortis, dans des bastions blindés, prêts à se déverser sur les remparts internes de la citadelle. Les impériaux avaient en effet abandonné les défenses externes et le bouclier qui protégeait la partie interne n’était plus qu’un souvenir. C’était le moment de porter le coup de grâce : ils n’auraient pas une autre chance comme celle-ci.
Tandis que le Titan se rapprochait des murs, qui n’étaient plus désormais qu’un vulgaire tas de gravats, les tirs à son encontre s’intensifiaient. Honsou leva son épée en direction des restes fondus du Dies Irae en guise de salut.
Puis il reporta son attention sur sa droite, où progressait l’autre Titan de la Legio, dont les bastions étaient remplis des guerriers de la compagnie de Forrix. C’était le dernier assaut, ils n’avaient pas le droit d’échouer.
Tout en continuant d’avancer, les deux Titans démons délivraient un déluge de feu sur les remparts internes, en arrachant des pans entiers. La zone située entre ce qu’il restait des remparts externes et leurs homologues internes avait été abandonnée par l’ennemi, les Warhounds qui avaient si brillamment contenu l’assaut précédent s’étaient sagement retirés à l’abri. Des soldats situés sur les remparts faisaient feu à volonté sur les Titans ennemis, mais leurs boucliers les protégeaient du pire. Des arcs de lumière verte crépitaient tout autour des batteries montées sur les murs, ce qui semblait les empêcher d’ouvrir le feu, détail dont Honsou n’avait pas à se plaindre même s’il n’en comprenait pas la raison.
Dans le même temps, les Vindicators s’acharnaient sur les remparts et la porte interne, soutenus dans leur tâche par les Dreadnoughts. Trois d’entre eux, animés d’une rage sanguinaire, se jetèrent en avant pour s’en prendre aux portes à l’aide de leurs marteaux de combat et furent réduits en pièces par les obus des Vindicators.
À chacun des pas du Pater Mortis, leur cible se rapprochait. Désormais, Honsou était en mesure de voir les visages des défenseurs alignés sur les murs. En dépit des tirs de laser qui fusaient dans sa direction, il riait à pleine gorge, se sentant invincible. Il se prépara à se jeter en avant lorsque les deux bras du Titan s’abattirent sur les remparts dans un fracas monumental et que ses crochets d’abordage s’enfonçaient profondément dans le béton.
Quelques secondes après, les ponts d’assaut des bastions situés sur les épaules du Titan s’abaissèrent lourdement. Honsou brandit son épée et s’élança en direction des murs en criant :
« À nous la citadelle ! Pas de pitié ! »
Il bondit sur les remparts, tranchant en un unique coup un trio de gardes impériaux tout en faisant feu à l’aide de son pistolet bolter sur la masse des ennemis. Des centaines de soldats les attendaient de pied ferme, mais il ne ressentait pas la moindre peur. Il se contentait de faire ce qu’il faisait le mieux : tuer.
Les Iron Warriors se déversèrent des épaules des Titans, massacrant les défenseurs sans état d’âme. Les combats furent si sanglants que bientôt, les remparts devinrent glissants tant ils étaient inondés de sang et d’entrailles. Mais à chaque fois que les Iron Warriors étaient sur le point de briser la ligne des défenseurs, les Imperial Fists se lançaient dans une contre-attaque désespérée et parvenaient à les repousser.
Honsou tua un énième soldat et risqua un coup d’œil en direction de la compagnie de Forrix. Eux aussi étaient confrontés à l’incroyable ténacité des défenseurs de la citadelle.
Ils tenaient bon, certes, mais tout juste, et Honsou savait qu’ils n’étaient plus qu’à un doigt de céder. Il para une attaque destinée à son cou et démembra son assaillant en représailles. C’est alors que les remparts furent plongés dans une angoissante obscurité, plus noire que la plus noire des nuits. Pendant un court instant, les combats ralentirent tandis que les têtes se levaient pour voir quelle nouvelle monstruosité allait se déverser sur la citadelle.
Dans un éclat de tonnerre qui fendilla encore un peu plus les remparts, le maître de forge fit son apparition parmi les combattants, porté par une gigantesque paire d’ailes noires. Il se révéla dans toute sa monstrueuse splendeur, les âmes emprisonnées dans son armure chantant un concert de plaintes déchirantes. Les soldats les plus proches se mirent immédiatement à convulser et à vomir du sang. Puis le maître de forge commença la boucherie à l’aide de sa main griffue et de sa puissante hache. Les ténèbres qui l’avaient précédé s’intensifiaient de minute en minute, et des éclairs de lumière noire détruisaient tout ce qu’ils touchaient.
Des cris de terreur retentirent tout le long des remparts. Pris de panique, de nombreux soldats détalèrent devant cette apparition diabolique.
Honsou secoua la tête pour dissiper sa stupeur et murmura :
« Cette fois nous les tenons ! »
Il s’élança derrière la masse grouillante des soldats en déroute pour les hacher menu. La ligne de front impériale s’effondrait, et même les Imperial Fists ne pourraient rattraper le coup.
Honsou put apercevoir Forrix en train de massacrer des soldats en fuite par dizaines. Un craquement terrifiant venant d’en dessous l’informa que les portes avaient enfin cédé.
Le maître de forge, quant à lui, avait repris les airs pour aller répandre son aura de corruption sur une autre section des remparts.
Honsou ouvrit le battant de métal de l’une des tours géantes qui flanquaient les portes et s’y engouffra tout en faisant feu à volonté. Les soldats qui se trouvaient à l’intérieur poussèrent des cris d’avertissement à son approche mais ils ne représentaient pas une menace sérieuse. Il ne les en élimina pas moins pour autant.
Ceci fait, il se jeta dans les escaliers qui menaient à l’étage inférieur tout en criant :
« Iron Warriors, avec moi ! La citadelle est entre nos mains ! »
Forrix dévala d’un trait les dernières marches de l’escalier de la tour tout en tirant devant lui. À chaque palier, une zone de défense avait été aménagée, ce qui n’avait pas stoppé ses Terminators dans leur assaut furieux.
Tout en poursuivant le massacre, Forrix n’avait de cesse de s’émerveiller de l’arrivée providentielle du maître de forge. Leur chef semblait se trouver sur le point d’accéder au statut de prince démon, comme le laissaient supposer les changements qui l’affectaient. Forrix avait perçu chez lui l’état d’urgence, et il était certain que le maître de forge luttait pour maintenir la cohésion de son enveloppe physique. À la moindre erreur, il se transformerait sur le champ en ce que l’on avait coutume d’appeler pudiquement un rejeton du Chaos, condamné à une vie éternelle à l’état de monstruosité décérébrée.
L’escalier aboutissait finalement dans une cour défensive qui, malheureusement pour les impériaux qui s’y trouvaient, avait été conçue pour stopper des attaques venues de l’extérieur et non de l’intérieur. Forrix arrosa de bolts la zone tout autour de lui, abattant un garde à chaque pression de la gâchette.
Ses Terminators se déployèrent rapidement à ses côtés, leurs casques cornus arborant des visages de bêtes de proie ricanantes. Une image qui leur seillait plutôt bien, pensa Forrix. Plusieurs portes permettaient de quitter la cour, mais elles étaient trop étroites pour permettre à un Terminator de passer. Forrix ne se laissa pas décontenancer pour si peu et s’employa à élargir l’une d’entre elles à grands coups de gantelet énergétique. Ses Terminators le suivirent par le trou béant dans le périmètre interne de la citadelle.
Il laissa échapper un sourire en apercevant la silhouette du maître de forge survoler le champ de bataille. Ses ailes semblaient se faire plus réelles tandis que sa forme entière ne cessait de muter.
À l’opposé, il observa les guerriers d’Honsou s’efforçant de suivre leur chef, lui-même sur les talons d’un groupe de soldats qui battait en retraite dans la tour opposée.
De l’autre côté de l’esplanade jonchée de débris qui leur faisait face se trouvaient des bâtiments en ruine aux fenêtres explosées, comme autant de visages auxquels on aurait arraché les orbites.
À travers les restes calcinés des portes de la citadelle s’engouffraient renégats, Vindicators, Defilers et Dreadnoughts, et ce le plus vite possible pour essayer de ne pas trop souffrir des tirs qui venaient des ruines.
Parmi les flammes, des volées sporadiques de lasers perçaient la nuit, mais elles s’avéraient désorganisées et plutôt inefficaces.
Juste au-dessus, les deux Titans de la Legio Mortis s’en donnaient à cœur joie contre les remparts à grands coups de pinces énergétiques, avides de prendre part au massacre.
Soudain, les explosions caractéristiques d’un méga bolter Vulcan lacérèrent le sol au pied des portes de la citadelle, détruisant dans le même temps trois Vindicators et un Dreadnought. Apercevant le Warhound qu’il s’était juré d’abattre plus tôt, Forrix chargea à travers l’esplanade. La bête émergeait de la fumée, s’arrêtant uniquement pour mieux prendre pour cible les Iron Warriors qui lui fonçaient dessus. Toutefois, à découvert, son armement était loin d’être aussi efficace qu’il l’avait été pour défendre la brèche.
« Éparpillez-vous ! », cria Forrix à ses hommes tout en continuant de se rapprocher du Titan. « Tu m’as déjà échappé, mais cette fois je te tiens ! »
« Ajustez vos tirs ! », rugit Leonid.
Ses hommes accueillaient les Iron Warriors qui s’approchaient par des salves ininterrompues de leurs fusils laser. Et pourtant, aucun de leurs assaillants ne tombait. Leonid savait qu’à présent, chaque tir devait compter. Le Defensor Fidei reculait en même temps que ses soldats qui se repliaient, tirant de toutes ses armes sur la masse des ennemis qui les poursuivaient.
Malheureusement, à travers les trous que le vent perçait de temps à autre dans l’écran de fumée s’élevant des bâtiments en ruine, Leonid avait pu constater que les Titans ennemis auraient tôt fait de venir à bout des remparts et de se joindre aux hostilités. Des chars et des machines grotesques dotées de nombreuses pattes ne cessaient de bombarder chaque mètre carré encore intact, imprimant la peur sur chacun des visages couverts de sang de ses soldats.
Le frère-capitaine Eshara avait regroupé tous les survivants de sa compagnie, trente Space Marines, et combattait à ses côtés.
Soudain, une escouade de soldats en livrée rouge tenta une charge de flanc sous couvert de la fumée. Leurs tirs fauchèrent cinq soldats avant que le impériaux n’aient le temps de réagir. Leonid mit un genou à terre, épaula son arme et fit feu à volonté, arrosant la rue de rayons laser. Trois ennemis mordirent la poussière. Eshara corsa l’addition en en abattant quatre de plus par des tirs de bolter bien ajustés. Les survivants ne connurent pas un sort meilleur et furent broyés par la patte d’adamantium du Jure Divinu.
Dans la foulée, le Titan arrosa les bâtiments d’en face tombés aux mains de l’ennemi d’une rafale de son turbo laser. Les renégats en sortirent en toute hâte tandis que leur structure déjà endommagée cédait sous les flammes.
Leonid aperçut à travers la fumée un guerrier en armure Terminator charger droit sur le Jure Divinu, son affreux visage déformé par la haine. Mais il n’eut pas le temps d’en voir davantage : Eshara l’avait saisi par le bras et le traînait en arrière en direction du nord de la citadelle. Des Space Marines couraient tout autour d’eux, tandis que les soldats impériaux avaient déjà franchi la porte Valedictor pour descendre dans les cavernes.
Construite à même le flanc de la montagne et bordée de deux blockhaus, cette porte avait été bâtie dans le but de barrer la route aux cavernes souterraines, mais depuis la trahison de Naicin, elle restait désespérément ouverte.
Une série d’explosions dans les parages jetèrent Leonid au sol sans ménagement. Eshara l’aida à se relever tandis que les trente Imperial Fists formaient un demi-cercle autour de la porte Valedictor.
Leur capitaine se pencha pour placer son casque cabossé à la hauteur du visage de Leonid et dit :
— Castellan, vous devez partir détruire les glandes progénoïdes.
— Comment ? demanda ce dernier le souffle coupé. Le Temple de la Machine est hors de contrôle !
Eshara raffermit sa prise sur le bras de Leonid.
— Faites votre devoir ! Trouvez des lance-flammes, des lance-plasma, ce que vous voudrez, mais ne laissez pas les glandes tomber entre les mains de l’ennemi. Il est préférable qu’elles soient toutes détruites plutôt que de laisser les Iron Warriors mettre la main dessus. Vous avez compris ?
— Il va nous falloir du temps pour les détruire, mon ami. Pourrez-vous les retenir assez longtemps ? répondit Leonid, pleinement conscient du prix qu’il allait falloir payer pour gagner ce temps précieux.
Les deux guerriers s’observèrent un instant puis se serrèrent la main à la manière des soldats, en se tenant par les poignets.
— Nous tiendrons le temps qu’il faudra, dit simplement Eshara en abandonnant son bolter à sec et en se saisissant de ses épées énergétiques.
— Bonne chance, frère-capitaine Eshara.
— À vous aussi, castellan Leonid.
Sans ajouter un mot, Leonid se retourna et sprinta en direction de la porte Valedictor.
Forrix contempla la bête vaciller lorsque l’obus d’un Vindicator explosa contre l’une de ses pattes. Le Warhound fit une embardée et ses armes heurtèrent violemment un des bâtiments en ruine. Maintenant qu’il se trouvait acculé dans les bâtiments et privé de ses boucliers, ils le tenaient !
Cependant, il y avait un autre de ces Titans dans les parages, bien que la fumée ambiante l’empêchât de le localiser.
« À nous deux ! », lança-t-il en se jetant en avant. De nouveaux impacts rebondirent sur la carapace blindée du Warhound, qui ne pouvait désormais plus reculer.
Forrix et ses Terminators se rapprochèrent rapidement, leurs gantelets énergétiques parés à délivrer le coup de grâce. Il escalada l’énorme pied de métal puis commença à marteler sans relâche l’articulation de la jambe.
Réalisant le danger, la machine souleva la patte et l’envoya contre le bâtiment en ruine le plus proche qui s’effondra sous le choc.
Forrix s’accrocha tant bien que mal, continuant à frapper avec son gantelet à chaque fois qu’il le pouvait tandis que le Warhound essayait de se débarrasser de lui. Ce dernier envoya une nouvelle fois sa jambe heurter une pile de décombres et cette fois, Forrix fut éjecté promptement. Mais le Titan retomba de tout son poids sur sa patte endommagée.
L’articulation céda sous le choc, provoquant une gerbe d’étincelles, et le Titan tomba à la renverse dans un bâtiment en flammes qu’il acheva de démolir. Le compartiment de pilotage éclata sous le choc.
Déjà debout, Forrix escaladait les décombres pour achever la bête. Des ombres bougeaient vaguement à l’intérieur et il leur vida le chargeur de son bolter combiné dessus. Tandis qu’il exterminait l’équipage du Jure Divinu, Forrix ne cessait de rire à gorge déployée. Il activa ensuite son fuseur et s’apprêta à délivrer le coup de grâce lorsque le mur qui se trouvait juste derrière la bête agonisante s’effondra en soulevant une montagne de fumée.
Lorsqu’il put enfin voir quelque chose, toute l’excitation qui l’avait envahi à l’idée de venir à bout d’un tel monstre s’évapora en un instant : il se trouvait nez à nez avec le second Warhound.
« Non ! », lâcha-t-il.
Les armes de la bête sifflèrent indiquant qu’elle accumulait l’énergie nécessaire pour faire feu.
Forrix leva vainement son arme et appuya sur la gâchette au moment même où les turbo-lasers et le méga-bolter Vulcan ouvraient le feu.
Il eut une brève sensation de douleur mêlée de frustration tandis que l’armement surpuissant du Defensor Fidei le réduisait à l’état d’atomes.
Honsou écumait à présent la citadelle, totalement transcendé par le massacre perpétré tout autour de lui. Les guerriers de sa compagnie et de celle de Forrix le suivaient à travers les rues jonchées de décombres et acclamaient son nom.
Attiré par une fusillade qui avait rugi quelque part sur sa gauche, il avait modifié sa trajectoire pour s’en rapprocher. Ayant dépassé le coin de la rue juste à temps pour voir un Warhound s’effondrer de toute sa hauteur, il avait aperçu Forrix charger en direction de la tête de la bête. Mais avant qu’il n’ait le temps de l’achever à l’aide de son fuseur, le mur de derrière s’était effondré et un autre Titan de reconnaissance avait émergé de la fumée pour venir en aide à son compagnon. Impuissant, Honsou l’avait contemplé abaisser ses armes et pulvériser le capitaine de la première compagnie sans autre forme de procès.
À la vue de la mort de Forrix, Honsou n’avait ressenti qu’une intense sensation de triomphe. Kroeger s’étant évanoui dans le warp et Forrix n’étant plus, il était clair que les dieux du Chaos étaient dans son camp !
La victoire du Warhound fut de courte durée : surgissant de nulle part, le Pater Mortis émergea derrière Honsou en broyant sous ses pas plusieurs bâtiments puis braqua ses armes sur le Titan de reconnaissance, qui disparut sous une ribambelle d’explosions, ses rares boucliers et son léger blindage n’étant pas de taille à résister à la puissance de feu d’un Titan Warlord.
Il recula sous les impacts, et pendant un court instant d’incrédulité, Honsou fut persuadé qu’il s’en était tiré, mais une terrible explosion vaporisa sa tête avant qu’il ne s’effondre à son tour.
Honsou avait ricané de satisfaction et repris sa progression. De toutes parts, l’ennemi était démoralisé et battait en retraite.
Honsou pénétra dans une vaste place à l’extrémité de laquelle se tenait une poignée d’Imperial Fists déployés en demi-cercle devant l’entrée d’une caverne qui s’enfonçait dans le flanc de la montagne. Leur attitude était fière et défiante.
Alors qu’il s’approchait d’eux à la tête de sa compagnie, le maître de forge apparut dans le ciel rouge et amorça sa descente. Lorsqu’il atterrit, le sol se mit à fumer sous ses pieds, comme si le contact avec la nature maléfique du maître des Iron Warriors lui répugnait. Son corps n’était plus que changement, et on eut dit que des milliers de formes cherchaient à prendre le dessus pour être celle qu’il adopterait. Son armure prenait un aspect de plus en plus brillant, semblant devenir davantage organique et rappelant la carapace d’un insecte.
Les grandes ailes noires accrochées sur son dos frémirent, puis le maître de forge fit un signe en direction d’Honsou, un signe qui marquait le respect que se portaient deux guerriers.
— Il est temps d’en finir, dit-il d’une voix râpeuse.
— Oui, se contenta de répondre Honsou avant de se diriger vers les Imperial Fists, secondé par ses hommes qui se déployèrent tout autour de lui, armes au poing.
Dans la lumière des flammes qui embrasaient la citadelle, les deux factions ennemies allaient enfin pouvoir régler leurs comptes.
Un des Space Marines loyalistes sortit du cercle et retira son casque, et Honsou put sentir dans ses paroles vibrer un sentiment de haine féroce :
— Je suis le frère-capitaine Eshara des Imperial Fists, fils de Rogal Dorn, soldat de l’Empereur et fléau des déviants. Viens te battre et mourir, traître !
Le maître de forge fit face à Eshara, et Honsou partit d’un rire sadique en constatant l’effet que sa présence avait sur le fier Space Marine, dont le visage s’était tordu sous l’effet de la douleur.
Le maître de forge en profita pour lever son énorme hache et l’abattre dans le dessein de trancher Eshara en deux. Mais ce dernier leva au dernier moment ses deux épées qu’il croisa au-dessus de sa tête, bloquant le coup bien que l’impact le forçât à tomber à genoux. Il grogna puis se fendit, envoyant l’une de ses lames dans le flanc du maître de forge. Un flot de sang noir se mit à couler de sa blessure, mais il ne se laissa pas déconcentrer et riposta d’un coup de poing en pleine poitrine qui brisa l’armure d’Eshara.
Alors que leur chef tombait, les Imperial Fists chargèrent comme un seul homme, le nom de leur primarque sur leurs lèvres.
Les Iron Warriors les accueillirent par une salve de bolts avant que ne s’engage un violent corps à corps. Mais le combat était déséquilibré, et en dépit de la vaillance des impériaux, l’issue ne faisait aucun doute.
Honsou retira son épée du corps d’un Imperial Fist et regarda avec étonnement Eshara se relever avec difficulté en crachant son propre sang. Le maître de forge rugit et envoya sa hache contre son épaulière, la tranchant net jusqu’au pelvis. Eshara s’effondra, mais le maître de forge l’attrapa avant qu’il n’atteigne le sol.
— Apprends ceci, fils de Dorn, siffla-t-il, je vais m’emparer de vos gènes et m’employer à débarrasser l’univers de tous ceux de ta race !
Puis il souleva au-dessus de sa tête le corps à l’article de la mort d’Eshara et on entendit un affreux bruit d’os broyés et de succion. Un flot de sang se déversa sur lui et il laissa échapper un étrange son orgasmique avant de rejeter la dépouille exsangue du frère-capitaine.
Honsou lui-même resta bouche bée en contemplant la cage thoracique du Space Marine totalement vidée de ses organes, aspirés et dévorés par le maître de forge. Mais il ne se laissa pas distraire par l’incident et s’enfonça à la suite de son maître dans la caverne, vers leur but ultime.
Leonid martela la vitre de l’une des cuves d’incubation à l’aide de la crosse de son fusil laser, puis recula pour laisser se déverser le liquide amniotique et sa précieuse cargaison. Il était obligé de procéder ainsi car cela faisait longtemps que la cellule énergétique de son arme était vide. Il se dirigea vers la cuve suivante tout en mesurant avec appréhension l’étendue de la caverne. Son extrémité se perdait dans l’ombre, et partout où il posait les yeux il y avait des cuves d’incubation. Des milliers de cuves alignées dans l’obscurité, leur surface vitrée glacée au toucher.
À présent, Leonid comprenait pleinement le danger que pouvait représenter un tel lieu. Si ce que leur avait raconté Naicin n’était ne fût-ce que partiellement vrai, il y avait ici assez de matériel génétique pour créer des milliers de Marines inféodés au Chaos, et la seule idée de telles créations sortant d’ici était abominable.
Des serviteurs équipés de projecteurs greffés sur leurs épaules constituaient des îlots de lumière dans l’océan de pénombre qui l’entourait. Ils se déplaçaient silencieusement pour remplir la tâche d’entretien qui leur incombait.
Une centaine de soldats progressait aux côtés de Leonid, détruisant par la force ou le feu tout ce qu’ils pouvaient. Mais vu la taille des lieux, il n’y avait guère d’espoir : ils n’arriveraient jamais à tout détruire avant que les Iron Warriors ne leur tombent dessus.
Ce qui était sûr néanmoins, c’était qu’ils allaient essayer, car c’était tout ce qu’il leur restait !
Honsou et ses Iron Warriors suivaient le maître de forge à travers les couloirs qui menaient sous la montagne. Leur chef laissait à présent apparaître son impatience, à tel point qu’il faisait penser à un chien de Khorne rendu enragé par l’odeur du sang.
L’attention d’Honsou fut attirée par des bruits de destruction venant de devant, et il sut qu’ils s’approchaient du trésor que cette citadelle avait si jalousement protégé. Le corridor s’élargit soudain pour laisser la place à une série de portes dorées sur lesquelles dansaient encore quelques étincelles d’énergie verte. Au-delà des portes s’étendait une profonde caverne.
Les bruits de destruction et de glace brisée se muèrent bientôt en cris d’alerte lorsque les impériaux aperçurent les premiers Iron Warriors arriver. Quelques courageux tentèrent de s’interposer devant le maître de forge pour se retrouver à ramper de douleur à ses pieds.
Les renégats s’enfoncèrent dans la caverne pour éliminer les derniers défenseurs de la citadelle dans une fusillade assourdissante en raison de l’écho.
Le maître de forge s’arrêta devant l’une des cuves d’incubation défoncée et en retira un lambeau de chair rose aux formes vaguement humanoïdes. Il s’en reput avidement avant de se diriger vers la cuve d’à côté et de recommencer. Il marqua une pause et se tourna vers Honsou pour siffler d’une voix suintante :
« Finissez-les tous ! »
Leonid se dirigea vers l’entrée de la caverne, la main crispée sur la poignée de son épée énergétique et le visage marqué par la résolution. Tout ce qu’ils pourraient tenter ne ferait plus aucune différence à présent, et le poids de son échec lui pesait lourdement sur l’estomac. Si telle devait être leur fin, alors ils allaient y faire face tête haute, et non pas en se cachant. Ses hommes n’avaient plus de munitions, les combats allaient être brefs et violents.
Accompagné d’une cinquantaine de soldats, il se dirigeait vers un bruit écœurant de succion, déterminé à vendre sa peau aussi chèrement que possible puisque c’était devenu inévitable. Lorsqu’il tomba sur la source du bruit, il recula d’horreur.
Le maître de forge écarta les bras pour laisser la puissance des glandes progénoïdes qu’il venait d’ingérer se répandre en lui, même s’il savait pertinemment que ce geste était surtout symbolique. Il avait réussi et la puissance des dieux sombres s’infiltrait dans leur élu, le dépouillant de sa chair mortelle pour la remplacer par une substance immortelle.
Son armure se détacha de son corps, constituant un carcan trop étroit pour une telle créature du Chaos. Un vortex d’énergie se mit à tourbillonner autour de lui tandis que des explosions retentissaient de toutes parts tant la puissance débauchée était grande.
Il demeurait conscient de la présence de ses guerriers et des impériaux, mais il lui fallait toute sa concentration pour diriger les énergies incommensurables qui remodelaient son être. Il rugit d’une extase mêlée de douleur : son corps était désormais gonflé au-delà du possible et une corne avait jailli de son front dans une éruption de sang et de tissus. Elle frétillait comme si elle était vivante, ondulant autour de sa tête.
Si cela était encore possible, sa peau noircit et acquit une dégoûtante texture écaillée. Lorsque sa colonne vertébrale se mit à craquer et à s’allonger, il hurla de douleur, puis les ombres qui évoluaient dans son dos finirent par se solidifier pour former une paire d’ailes noires encore plus larges et puissantes que les précédentes.
Le nouveau prince démon fut soudain soulevé du sol et resta suspendu devant ceux qui avaient assisté, tant subjugués qu’horrifiés, à sa naissance. Puis les derniers tourbillons d’énergie créatrice l’abandonnèrent dans une ultime explosion psychique.
Sachant pertinemment qu’il courait à sa mort, Leonid se précipita sur le démon qui flottait encore, l’épée brandie et prête à frapper. La créature tourna son attention sur lui et il fut immédiatement jeté à terre par son aura de malveillance. La bête était entièrement noire, et dans son regard cauchemardesque brillaient les feux d’une myriade de galaxies lointaines et embrasées. La seule vue d’une telle monstruosité révoltait Leonid, mais il ne pouvait rien faire d’autre que de se rouler à terre de douleur.
Il sentit son estomac se contracter une nouvelle fois, bien qu’il ne lui restât plus rien à vomir. Il tenta de se remettre sur pieds, sans succès tant la douleur était intense. On aurait dit qu’on lui fourrageait les entrailles avec un couteau chauffé à blanc. Ses hommes en étaient réduits au même état lamentable, leurs fonctions vitales se rebellant face à une telle aberration.
Leonid pleura lorsqu’il entendit l’assourdissant rire du prince démon, dont les seules notes discordantes constituaient autant de flèches lui piquant les chairs. Il sentit l’inconscience l’envahir et tenta de la combattre, sans succès.
La citadelle brûlait encore lorsque les premiers rayons de soleil percèrent la barrière des montagnes. Une colonne de transports à chenilles se frayait un chemin à travers les décombres qui jonchaient les abords de la porte de la Destinée. Chacune de ces machines avait été spécialement conçue pour remplir cette tâche précise, entièrement isolée et dotée d’un système de refroidissement destiné à préserver les précieuses glandes progénoïdes lors de leur voyage à travers l’immatérium, pour être remises intactes entre les mains du Fléau au cœur même de l’Œil de la Terreur.
Les Iron Warriors tombés au combat étaient déjà entre les mains des chirurmécaniciens de la légion, quelque part dans un vaisseau en orbite. Leurs organes seraient récupérés afin d’être implantés dans une nouvelle génération d’Iron Warriors. Forrix était une exception, puisqu’il ne restait pas assez de parties intactes de lui pour en tirer quoi que ce soit.
Lors des travaux de démantèlement des installations de siège, des esclaves avaient retrouvé un corps en décomposition dans le campement de Kroeger. Il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’un Iron Warrior, mais si c’était Kroeger, qui donc avait mené l’assaut du bastion oriental ? C’était un mystère qu’Honsou doutait d’éclaircir un jour, bien qu’en cela il se trompât lourdement.
Honsou observait les transports effectuer leur lent trajet à travers la plaine dévastée qui bordait la citadelle. La satisfaction de la victoire était tempérée par le fait qu’à présent, il n’y avait plus de bataille à gagner en ces lieux.
Lorsque le maître de forge avait accédé au rang de prince démon, il s’était prosterné à ses pieds et avait entonné des prières de dévotion.
— Relève-toi, Honsou, lui avait commandé la créature.
Il avait obéi promptement.
— Tu m’as grandement satisfait ces derniers siècles, mon fils. Ta haine est pure et tu portes en toi les graines pour accomplir de grandes choses.
— Je ne vis que pour vous servir, ô mon maître.
— Je sais cela. Mais je connais aussi ta soif de commander et de suivre la même voie que moi. À présent, je vois clairement quel chemin doit prendre le futur.
D’un bond, le maître de forge était venu atterrir juste devant Honsou, dominant son serviteur de toute sa puissante stature.
— Il te revient de me succéder, Honsou. Toi seul possèdes la vraie vision du Chaos et crois en la destruction finale de l’Imperium. Forrix avait perdu la foi en cet ultime but. Quant à Kroeger… Il s’en était également détourné depuis longtemps. Je ne te nomme pas capitaine, Honsou, je te nomme maître de forge.
Avant qu’il n’ait pu répondre, le maître de forge avait replié ses ailes crépusculaires contre son corps, qui n’était plus désormais qu’impénétrables ténèbres.
— La puissance du warp m’appelle, Honsou, et je ne puis m’y soustraire. Là où je vais, tu ne peux pas me suivre… pour l’instant.
La silhouette du démon avait alors vacillé jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement du monde matériel pour se rendre dans un lieu situé au-delà de la compréhension de son successeur.
Honsou n’en revenait toujours pas. Lui, le demi-sang, était devenu le nouveau maître de forge. Il détourna son attention des ruines de la citadelle et se dirigea en direction du spatioport, dépassant une colonne de prisonniers en uniforme bleu ciel destinés à une vie d’esclavage. Il aperçut au passage un soldat qui portait une plaque pectorale de bronze et des galons de lieutenant-colonel. Son visage arborait une expression de triste résignation qui lui arracha un rire sadique.
Honsou abandonna les prisonniers à leur sort et s’approcha des circonvallations érigées de main de maître par Forrix autour du spatioport. Des navettes de transport rapatriaient vers les cargos en orbite les pièces d’artillerie et autres chars qui avaient survécu aux combats.
Les plates-formes d’atterrissage croulaient sous la masse des hommes et des machines qui s’apprêtaient à quitter Hydra Cordatus.
Honsou se dirigea vers l’une d’elles où l’attendait une garde d’honneur d’Iron Warriors devant l’entrée caverneuse d’un vaisseau.
« Votre navire est prêt, maître de forge, dit l’un d’entre eux en courbant l’échine. »
Satisfait, Honsou sourit et monta à bord sans jeter un regard en arrière.