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L’imposante entrée sud de la citadelle, qui mesurait exactement quarante-quatre mètres de haut et trente de large, avait été baptisée la Porte de la Destinée. Chacun des battants de bronze ne faisait pas moins de quatre mètres d’épaisseur et pesait plusieurs centaines de tonnes. Lorsqu’on les avait apportés sur Hydra Cordatus, leur méthode de fabrication était déjà oubliée depuis bien longtemps et aujourd’hui, tout le monde se demandait comment des portes aussi massives pouvaient s’ouvrir avec tant de facilité.

Elles étaient couvertes de gravures représentant des scènes de guerre qui ne manquaient pas d’impressionner, bien que le passage du temps en ait érodé les détails et que des traînées vertes d’oxydation s’y soient incrustées. Flanquées des formes menaçantes des bastions Mori et Vincare, elles étaient encastrées dans le mur d’enceinte de la citadelle, haut de soixante mètres, et encadrées d’imposantes statues.

La lumière diffuse du petit matin faisait miroiter la surface des portes tandis qu’elles s’ouvraient lentement, les batailles immortalisées qu’elles arboraient semblant alors prendre vie peu à peu sous la caresse du jour. Lorsqu’elles furent tout à fait ouvertes, des formes massives commencèrent à s’y engouffrer…

Tels des monstres légendaires, les Titans de la Legio Ignatum partaient en guerre, leurs formes blindées recouvertes de peinture rouge vif et jaune, chacune de leurs lourdes enjambées faisant trembler la terre. D’imposantes bannières honorifiques pendaient entre leurs jambes ; d’autres étaient accrochées à leurs armes gigantesques, listant leurs innombrables victimes en une litanie remontant aux jours anciens de la Grande Croisade.

Le princeps Fierach commandait l’Imperator Bellum, un Titan de classe Warlord qui ouvrait la marche du cortège constitué de pas moins de onze monstres divins. Fierach était escorté par deux autres Warlords : l’Honoris Causa et le Clavis Regni, dont les princeps étaient tout aussi impatients que lui d’en découdre. Lorsqu’il eut traversé le Ravelin Primus, Fierach intima une halte à l’Imperator Bellum puis adressa un salut aux soldats de la citadelle en levant ses énormes armes, accompagné par les cris de joie et d’encouragement de tout l’équipage.

Dans le sillage des Warlords, cinq Titans Reaver, plus petits que leurs cousins, vinrent se mettre en formation, eux-mêmes accompagnés de quatre Titans de reconnaissance Warhound, répartis en deux groupes de deux positionnés sur chaque flanc. Les Titans demeurèrent à l’ombre du Ravelin Primus pour laisser passer les compagnies blindées des Dragons de Jouran qui se rangeaient en bon ordre de part et d’autre de leurs pieds.

Depuis sa position élevée dans la tête de l’Imperator Bellum, Fierach observait la progression des chars et des transports de troupes avec des sentiments partagés. Leur soutien était une bonne chose, mais en cas de présence de Titans ennemis, il ne pourrait pas compter sur eux. Personne n’était mieux placé que lui pour savoir combien il était facile de démoraliser un adversaire avec la puissance d’un Titan quasi indestructible. À l’instar de tous les princeps disposant d’un tant soit peu d’expérience, Fierach avait tendance à dénigrer ceux qui n’avaient pas la chance de combattre à bord d’un Titan. Comment avec une telle puissance à sa disposition ne pas développer un sentiment d’arrogance et dédaigner les armes insignifiantes employées par les autres corps d’armée ?

Fierach était assis à son poste de commandement, connecté à l’unité d’impulsions mentales de l’Imperator Bellum via un réseau de mécadendrites. Le seul moyen de piloter un tel monstre de métal était en effet de ne faire qu’un avec l’Esprit de la Machine pour sentir le moindre mouvement de chaque membre et l’énergie y être acheminée depuis le réacteur à plasma.

Disposer d’une telle puissance constituait une sensation enivrante dont l’on ne pouvait plus se passer, et lorsqu’il n’était pas connecté à la machine divine, Fierach se sentait faible, restreint par les limites de son enveloppe mortelle.

Il s’enfonça dans son siège, puis ouvrit son esprit au flot d’informations que percevait le sensorium de l’Imperator Bellum. Il ferma les yeux, pris d’un vertige soudain alors que l’image du champ de bataille se matérialisait dans son esprit, parsemée de points lumineux qui clignotaient. Les icônes représentant ses forces et celles des Dragons de Jouran continuaient de s’amasser dans l’espace situé entre le rempart externe et le mur d’enceinte de la citadelle. Des tunnels dissimulés s’enfonçaient dans le sol pour ressortir dans la plaine, de l’autre côté du rempart, permettant ainsi aux blindés de la Garde de se déployer rapidement et de soutenir les Titans. Cinq cents véhicules, constitués d’un mélange de chars et de VAB, étaient alignés dans le Ravelin Primus, prêts à se lancer à l’assaut.

Pourtant, Fierach ne sentait pas cette attaque et il n’avait pas manqué de le faire savoir au castellan Vauban, mais en tant que princeps de la Legio Ignatum, il était lié par un serment d’allégeance fait aux commandants de la citadelle il y avait des millénaires de cela. Et il n’avait pas l’intention de passer à la postérité en tant que briseur de serment.

Cela lui en coûtait de devoir s’en tenir aux paroles d’un simple soldat, mais si Hawke ne mentait pas, ils avaient l’opportunité de porter le combat chez l’ennemi avant qu’il n’ait le temps de déployer ses propres Titans. Fierach n’était pas excité par la perspective du combat. Bien que leur devoir de défendre la citadelle fut sacro-saint, la place d’un Titan tel que le sien n’était pas ici. Les bannières honorifiques et les listes de ses victimes attachées à ses armes n’étaient que les plus récentes : la plupart de celles qu’il avait précédemment arborées étaient à présent accrochées dans la chapelle de la Victoire sur Mars, le monde d’origine de sa légion.

Fierach se déconnecta des données tactiques et grogna de satisfaction en entendant le rapport du moderati Yousen.

— Le lieutenant-colonel Leonid indique que la force Anvil est en position et prête à avancer sur votre ordre.

Impressionné par l’efficacité de Leonid, Fierach leva un doigt pour signifier qu’il avait enregistré l’information. Il avait toujours apprécié le second de Vauban, davantage même que le castellan, car il avait l’âme d’un vrai guerrier.

— Parfait, moderati. Ouvrez un canal pour tous les Titans.

Les doigts de Yousen se mirent à danser sur le tableau de bord devant lui, puis il fit signe à son supérieur.

— À tous les princeps. Ici Fierach. Vous savez tous ce que vous avez à faire, alors suivez les ordres. Bonne chasse ! Puisse l’Empereur guider votre bras !

Il referma le canal sans attendre de réponse, puis parcourut des yeux la plaine rougeâtre qui s’étendait devant son Titan. Au loin, des volutes de fumée indiquaient le camp ennemi.

Fierach murmura un chant de salut à l’attention de l’Imperator Bellum, avant d’articuler : « Ingénieur Ulandro, donnez-moi de la vitesse, nous partons au combat. »

Alors que le Defensor Fidei avançait avec vélocité en avant des autres Titans de la Legio Ignatum, le princeps Carlsen pouvait percevoir la sensation de vitesse dans tout son corps. Bien que faisant la moitié de la taille d’un Reaver, son Warhound était rapide et agile, parfait pour les opérations de reconnaissance. En un mot, il constituait les yeux et les oreilles de la Legio. Si son blindage et son armement ne lui permettaient pas de se mesurer aux autres Titans, il n’en était pas moins capable de pulvériser l’infanterie et les chars.

Son binôme, le Jure Divinu, courait à ses côtés, prêt à opérer quelque manœuvre évasive pour déjouer les tirs que l’ennemi pourrait leur destiner. Pour l’heure, ils n’étaient pas menacés, mais mieux valait rester sur ses gardes, sachant qu’une seule volée bien sentie pouvait abattre leurs boucliers.

Carlsen se tourna vers le moderati Arkian.

— Vous voyez quelque chose ?

— Pas encore, mais ça ne saurait tarder…

Carlsen hocha la tête puis reporta son attention sur le sol devant lui. Il repéra un éperon rocheux situé sur le flanc de la vallée à cinq cents mètres de là et qui pourrait lui servir de couvert en cas de besoin. Toutefois, la ligne ennemie se trouvait à plus d’un kilomètre et il savait que leur vitesse les protégerait, à moins d’un tir chanceux.

Derrière lui progressait une partie des blindés du 383e des Dragons de Jouran, et à la différence des princeps qui commandaient les Titans plus imposants, Carlsen ressentait un profond respect pour l’infanterie et les chars. Leur soutien était vital pour les Titans de moindre envergure, car même l’infanterie et les véhicules ennemis pouvaient les mettre en danger.

— Nous ont-ils au moins repérés ? se demanda-t-il à voix haute.

— Il semblerait qu’on va leur faire passer un sale quart d’heure, répondit simplement le moderati Arkian en arborant un sourire carnassier.

— Ce serait une bonne chose, en effet, mais les perturber serait déjà pas si mal, répliqua Carlsen qui observait les langues de flammes produites par l’artillerie cachée derrière les imposantes fortifications du camp adverse.

Puis il lança de plus belle le Defensor Fidei en avant en prenant soin de demeurer près du flanc de la vallée.

Le lieutenant-colonel Leonid se faufila à travers l’écoutille de sa Chimère de commandement, exposant ses traits rugueux au vent cinglant. Ses lunettes et son bandana le protégeaient tant bien que mal de la poussière qui cherchait à pénétrer dans ses yeux et sa bouche. Sa plaque pectorale de bronze resplendissait sous les caresses du soleil rougissant de l’après-midi. À la tête de sa colonne de blindés, il disposait d’une vue imprenable sur le champ de bataille et sentait son cœur se gonfler de fierté pour son régiment.

Tout comme Fierach, il avait émis des réserves quant à cette attaque, mais la vue de tant de chars se jetant en avant et la sensation du sol tremblant sous les pas pesants des Titans de la Legio Ignatum avaient chassé ses doutes pour les remplacer par une intense sensation de puissance. Droit devant, il pouvait apercevoir les lignes ennemies, protégées par des fortifications dressées en un temps record. Il ne savait pas qui organisait les opérations, mais une chose était sûre : ces hommes devaient travailler jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Leonid observa les Warhounds affectés à sa force d’assaut : ils couraient en avant de ses troupes avec une vélocité étonnante pour de si grosses machines. Sur ses flancs se trouvaient les Reavers, plus lents, progressant selon un angle qui les soustrairait au gros des tirs ennemis. Les Titans étaient censés se jeter sur les lignes adverses, leur flanc droit protégé par les canons de Tor Christo, tandis que leur flanc gauche serait couvert par les hommes et les blindés de Jouran.

Le fer de lance blindé aurait pour rôle de charger les lignes de renégats selon un angle est/ouest, puis de partir à l’assaut des tranchées avec pas moins de quatre mille soldats avides de prendre leur revanche. Leonid avait en effet choisi de dévoiler la liste de ceux qui avaient péri lors de l’attaque initiale contre Tor Christo pour décupler l’ardeur de ses soldats.

Une fois que les Titans auraient effectué leur percée, ils devraient effectuer la jonction avec les combats dans les tranchées, afin de permettre aux soldats de pousser l’offensive jusque dans le camp ennemi et d’y semer le plus de désordre possible avant de se replier en bon ordre vers la citadelle, afin d’éviter l’inévitable contre-attaque.

Sur le papier, cette stratégie paraissait infaillible, mais Leonid avait suffisamment d’expérience pour savoir que rares étaient les plans à survivre au contact de l’ennemi. Il s’était donc préparé à faire preuve d’initiative si la situation venait à mal tourner. Toutefois, en regardant le nombre de blindés et de Titans qui l’entouraient, il se sentait envahi d’une confiance inébranlable.

Des explosions d’artillerie retentirent depuis la citadelle alors que ses gros canons ouvraient le feu pour soutenir l’attaque. Le but était clairement de clouer l’ennemi sur place en l’empêchant de relever la tête, afin de laisser le temps à la charge de toucher au but.

Sous le bandana qui lui recouvrait la moitié du visage, Leonid affichait un large sourire.

Forrix observait d’un œil désintéressé les forces impériales qui s’approchaient de leurs lignes, sachant pertinemment que les circonvallations étaient aussi sûres que possible. Les Titans ennemis progressaient de concert, approchant selon un angle qui les protégerait du gros des tirs. La transparence de leurs plans était confondante.

Les pièces d’artillerie de Tor Christo ouvrirent le bal, envoyant leurs projectiles sifflants sur leurs lignes. Mais Forrix construisait des fortifications depuis des milliers d’années et il était devenu un maître dans ce domaine. Les hauts remparts renforcés de terre qu’ils avaient érigés allaient absorber l’essentiel des dégâts. Ce serait tout juste si les quelques esclaves qui opteraient pour la fuite seraient pulvérisés aussitôt le nez dehors par la violence des explosions.

Les canons de la citadelle tiraient eux aussi, mais Forrix avait délibérément positionné le premier parallèle au-delà de leur portée, de sorte que les impériaux ne faisaient que gaspiller leurs munitions. Si l’épaisse fumée grise qui envahissait le plateau dissimulait partiellement les chars impériaux, cela n’empêcherait pas les Iron Warriors de les prendre pour cible : il en fallait plus pour déjouer la technologie de leurs viseurs.

Les Titans de la Legio Mortis se tenaient en arrière de la ligne principale, parés à se jeter sur l’ennemi quand le maître de forge leur en donnerait l’ordre. Le Dies Irae semblait inerte, tel le calme avant la tempête. Sa silhouette vacilla alors que ses générateurs de boucliers étaient activés, entourant le monstre de multiples couches de champs protecteurs.

L’air commençait à se charger de l’odeur âcre des gaz d’échappements produits par les centaines de chars qui fonçaient dans leur direction. Les artilleurs terminaient de repositionner au mieux leurs pièces afin de couvrir le maximum de terrain face à la citadelle, puisque c’était de là que venait l’attaque. Tor Christo ne faisait pour l’heure plus partie de leurs préoccupations.

Forrix aperçut Honsou et Kroeger donner leurs dernières instructions à leurs hommes et aux soldats sous leurs ordres. Il pouvait quasiment sentir leur soif de combat et les enviait. Mais ce conflit n’allait être rien d’autre qu’un bain de sang supplémentaire dans une vie faite de massacres continuels et sans signification.

Il jeta un œil sur le pavillon du maître de forge et fut une fois de plus surpris par la sensation de changement imminent qui en émanait. Il avait toujours ressenti cette puissance à peine contenue en présence de son seigneur, mais ce qu’il percevait était différent : le maître des Iron Warriors était sur le seuil de quelque chose d’énorme, mais quoi ?

Les dieux du Chaos étaient pour le moins imprévisibles : ils pouvaient élever leurs serviteurs au rang très envié de démon tout comme les condamner à une éternité de sauvagerie aveugle et décérébrée. Ils étaient les seuls à en décider et personne ne pouvait prédire quel serait leur choix.

Était-ce pour cela que la campagne d’Hydra Cordatus était placée sous le signe de la rapidité ? Le rang de prince démon était-il la récompense qui attendait le maître de forge en cas de victoire en ces lieux ?

Auquel cas, il fallait espérer que ceux qui allaient l’aider à accomplir cette tâche bénéficieraient des retombées d’une telle récompense : pouvoir accéder à des choses nouvelles et transcendantes, atteindre un point où le temps écoulé depuis la défaite sur Terra ne durerait guère plus qu’un battement de paupières…

Ressentant une sensation inhabituelle dans son estomac, Forrix fut surpris de constater qu’il s’agissait des feux de l’ambition, un sentiment qu’il avait cru tari pour toujours et qui venait de pointer aux confins de son esprit.

Il focalisa à nouveau son attention sur le maître de forge, et un sourire glacial se dessina sur ses lèvres.

Le princeps Fierach s’efforçait de discerner les lignes ennemies à travers la fumée soulevée par les tirs de barrage conjugués de la citadelle et de Tor Christo. Les nuages de poussière rougeâtre qui flottaient dans l’air n’arrangeaient rien à la situation et il fut obligé de rentrer en contact avec les officiers artilleurs : « À tous les canons, cessez-le-feu ! Je répète, cessez-le-feu ! »

À part la salve d’obus tirée juste avant que l’ordre ne soit donné et qui explosa le long des lignes de renégats, Fierach constata qu’il avait été obéi à la lettre. Il fit pivoter l’imposante tête de son Warlord vers la gauche pour évaluer les dégâts infligés aux tranchées, mais ses efforts furent vains en raison de la fumée persistante.

Frustré, il connecta son esprit au sensorium du Titan, constatant que son groupe se déplaçait légèrement trop vite et dépassait les chars dans sa hâte d’en découdre. Il considéra un moment la possibilité d’ordonner à l’ingénieur Ulandro de réduire leur vitesse, mais il abandonna l’idée : cela marquait leur supériorité sur la Garde, et attiser la rivalité entre les différents corps d’armée ne pouvait pas faire de mal.

L’espace d’un instant, la fumée s’estompa en face de lui et il eut le souffle coupé parce qu’il vit : quelque chose d’énorme et d’obscène avançait à l’abri de leurs regards. Ce ne pouvait pas être…

Mais si c’était bien le cas…

Il ouvrit un canal à l’attention des princeps Cullain et Daekian, les commandants des deux autres Warlords situés de chaque côté du sien.

— Cullain, Daekian, vous avez vu ?

— Vu quoi, princeps ? demanda Cullain.

— Impossible de discerner quoi que ce soit avec cette fumée, renchérit Daekian.

— Je ne suis pas certain, mais j’ai bien cru voir…

Les mots moururent dans sa bouche alors qu’une rafale de vent chassait la fumée et révélait la forme cauchemardesque qui dépassait des lignes de renégats tel un démon surgi du warp. Sa structure rouge et bronze était surmontée de canons aux proportions ahurissantes. Le monstrueux Titan se mit en branle et son mystérieux regard vert croisa celui de l’Imperator Bellum, un regard qui ne promettait que la mort et la destruction. Le cœur de Fierach se mit à battre follement et son hésitation se répandit dans tout le Titan dont les pas devinrent hésitants : l’esprit de la machine tentait de reproduire les réactions du princeps.

— Par le Sang de la Machine ! jura Cullain dans le canal.

— C’est la Legio Mortis ! grinça Daekian qui avait reconnu l’emblème du crâne gravé un peu partout sur le Titan adverse.

À la vue de la liste de ses innombrables victimes marquée sur la bannière qui flottait entre ses pattes, sans parler des symboles blasphématoires, Fierach se sentit envahi d’une haine indicible : certaines de ces inscriptions devaient faire état des princeps et des Titans de la Legio Ignatum.

La tête de la bête semblait sortie droit de ses pires cauchemars : une fusion diabolique entre la machine et le démon, l’image même de la mort.

La Legio Mortis, l’Ancien Ennemi !

Et pas seulement cela. S’il ne se trompait pas, l’abomination qui se trouvait là n’était autre que le Dies Irae, le blasphème infernal qui avait battu en brèche les murs du palais de l’Empereur. Ici, sur Hydra Cordatus ? Que pouvait demander de mieux un guerrier de la Legio Ignatum ? Les lèvres de Fierach étaient déformées dans un rictus de haine profonde. Il pouvait sentir l’excitation croître en lui à l’idée de combattre un tel ennemi issu de l’aube des temps. Celui qui parviendrait finalement à abattre la plus ancienne némésis de la Legio se couvrirait d’une immense gloire. Il n’en fallait pas plus pour Fierach.

Clavis Regni, Honoris Causa et le groupe de combat Sword : avec moi ! Ignatum !

— Princeps ? s’enquit Cullain. Êtes-vous sûr ? Une telle manœuvre laissera le flanc des Jourans dangereusement exposé.

— Au diable les Jourans ! répliqua Fierach. Je veux ce Titan ! À présent silence et suivez-moi !

Fierach enjoignit l’ingénieur Ulandro de lui fournir plus de vitesse et activa l’imposant poing tronçonneur de l’Imperator Bellum avant de se jeter au combat.