XII
Le chant négresse
La douleur est revenue, d’un coup, et, avec elle, les sons qui l’entourent et la faculté de parler. Il a gémi. Il s’est tordu dans le lit où elle avait réussi à le hisser. Il l’entend qui pleure, qui le supplie de tenir. Elle va d’un point à un autre de la pièce, cherche des médicaments qu’elle ne trouve pas, revient, effrayée de ce qu’elle voit, se tord les mains, parle un peu et repart. Il voudrait lui dire de ne pas se tourmenter. Il voudrait dire « Rose », prononcer son nom à nouveau. Il enrage de mourir parce qu’elle est là, désormais, et qu’il voudrait pouvoir passer de longues heures à ses côtés. Il ne pourra pas. Il sent qu’il meurt. Mais il est heureux de l’avoir retrouvée. Il est heureux. La plate-forme n’est plus en lui. Elle n’aura été qu’une parenthèse de six ans. Il est revenu à Rose et le reste est balayé. La tempête lui a offert cela. Si souvent il a eu peur que sa vie ne soit qu’une succession de jours, vidée de sens. Si souvent, il s’est senti inutile et lent. Aujourd’hui il y a ce nom, Rose, qui chasse l’ennui des jours infinis. Il y a Rose. Il voudrait lui dire que cela rachète tout et qu’il ne faut pas pleurer. Il voudrait lui dire que, grâce à elle, sa vie est gagnée. Et puis, d’un coup, c’est elle qui s’assoit à son chevet. Elle a changé. Elle est devenue calme subitement, et résolue. Peut-être quelque chose vient-il de lui faire comprendre qu’il allait mourir et qu’il n’y avait rien qui puisse être fait. Elle le regarde droit dans les yeux et elle parle, sans plus jamais s’arrêter.
Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse obstinée à rester négresse, je sais maintenant où tout finira. Je n’irai pas dans les bayous, à la recherche du corps de Marley qui n’y est plus, qui s’est fait dévorer par les alligators et le temps, je n’irai pas parce que ce n’est pas ce qu’il aurait voulu. Je ne retrousserai pas ma jupe pour enfoncer mes vieilles quilles dans les marais en poussant d’une branche les nénuphars qui m’entourent, parce que ces jambes qui charmaient autrefois les alligators sont devenues laides. Elles seront odieuses aux serpents d’eau et ils me mordront. Je n’irai pas parce que je ne retrouverai pas Marley. La fidélité n’est pas là. Je sais ce que je dois faire. Mon vieux crâne entêté a mis du temps à le comprendre mais je le sais maintenant. Je me lève dans le hall surpeuplé de l’aéroport, je pousse la double porte vitrée et je fais quelques pas dehors. Il pleut d’une pluie lourde qui vous lave de vos fautes. Je vais revenir. Moi, Josephine Linc. Steelson, je vais tenir coûte que coûte, jusqu’à pouvoir prendre un bus, refaire toute la route en sens inverse et descendre devant chez moi. Et lorsque je serai arrivée, je me passerai la main sur le visage pour essuyer la sueur du voyage, et je pousserai la porte de ma maison. Tout sera sens dessus dessous, je sais. Je n’y ferai pas attention. J’enjamberai les chaises. Je ne perdrai pas de temps à chasser les oiseaux réfugiés dans la cuisine. J’irai droit au premier étage. J’ouvrirai la porte-fenêtre qui donne sur la terrasse – à moins qu’elle n’ait volé en éclats – et je m’assoirai sur le rocking-chair. J’espère qu’il restera le rocking-chair, c’est tout ce dont j’ai besoin. Je m’assoirai. J’envelopperai du regard la rue et ma vie, une longue vie de négresse têtue, et je mourrai. C’est ce que voudrait Marley. Je mourrai avec lui sur les lèvres, sur ma terrasse, seule, libre et nègre en pensant au jeune homme beau qu’il a été. Marley n’aurait rien à faire d’une vieille folle qui marche pieds nus dans les marécages. Il me veut chez moi, je le sais, dans la vie que nous avions tant rêvé d’avoir. Ce sera la fin. La pluie me tombe sur les cheveux. Je suis heureuse. J’ai décidé de ma vie. Il va falloir être patiente maintenant. Je le serai. Je laisse la pluie me lécher pour qu’elle garde le souvenir de mon odeur de vieille négresse usée et je retourne dans le hall. Je ne suis plus utile à rien pour tous ceux qui m’entourent, ces hommes et femmes qui vivent dans l’angoisse, mais je peux chanter. Oh oui, Josephine Linc. Steelson peut figer l’air de sa simple voix qui charrie tant de douleurs et de vieux combats. Alors je le fais, je chante et tout s’arrête.
Elle dit tout, car elle se souvient de ces instants où c’est lui qui a parlé et elle sent que c’est son tour. Elle parle, au début, sans le regarder parce que croiser ses yeux la fait trébucher dans son récit, alors elle baisse la tête et parle. Elle raconte qu’après son départ, il y a six ans, elle s’est sentie vide, comme si la vie l’avait quittée. Tout le reste à venir, lui semblait-il, n’allait être qu’ennui. Elle dit qu’elle est restée longtemps ainsi, arrêtée, et qu’elle serait bien incapable de dire si cela a duré des semaines ou des mois. Et puis Mike est arrivé et elle a été contente que quelqu’un la regarde. Elle sait que le plus dur est encore à raconter. Elle reprend son souffle. Il est là, immobile, allongé. Il écoute. Cela, elle le sent. Malgré la douleur. Et c’est encore une raison de l’aimer. Elle dit tout alors et étrangement, plus elle parle, plus elle prend du courage jusqu’à relever les yeux et ne plus avoir honte du tout. Elle parle de cette nuit – une des dernières où elle ait couché avec Mike. Ils avaient déjà commencé à se détester, elle savait déjà qu’il faudrait partir mais elle n’en avait pas la force. Une nuit, encore, ils ont couché ensemble. Elle lui parle de cela et il écoute calmement. Elle dit que cela avait été dur et sans plaisir, son odeur sur elle qui la dégoûtait, son poids qui lui faisait mal au ventre, le contact de sa sueur qui la révulsait. Elle était sèche. Il la regardait de plus en plus violemment au fur et à mesure qu’ils faisaient l’amour, furieux, sûrement, qu’elle ne se torde pas de plaisir, de plus en plus pressant car sa jouissance à lui montait, jusqu’à ce qu’il l’agrippe avec violence et tant pis si elle n’était qu’un bout de viande inerte, tant mieux même, car peut-être était-ce justement de cela qu’il jouissait. Elle raconte qu’il avait grogné, s’était cabré et elle avait senti qu’il jouissait en elle. Alors, elle l’avait repoussé pour qu’il sorte de son corps, le plus vite possible. Elle l’avait repoussé à l’instant où il était faible et aurait aimé rester encore un peu, d’un petit geste sec, elle l’avait repoussé et c’était comme une gifle.
Moi, Josephine Linc. Steelson, vieille négresse à la voix voilée par toute une vie de combats, je chante. C’est ma façon à moi de caresser le visage de tous ceux que j’ai devant les yeux. C’est ma façon à moi de sécher les rues de La Nouvelle-Orléans et de redresser les arbres couchés des marécages. C’est ma façon à moi de souffler plus fort que le vent.
Elle raconte qu’il avait eu alors un geste dont elle se souviendra toujours, un geste de vengeance silencieuse, un geste sale qui l’avilissait encore, qui l’avait coupée en deux comme un coup de poing au ventre, et depuis, elle n’avait jamais tout à fait retrouvé son souffle. Il s’était levé du lit en lui tournant le dos, furieux de sa froideur, honteux de sa jouissance à lui, et pour retourner le geste qu’elle avait eu, il avait sorti trois billets de sa poche et les avait jetés sur le lit. Elle se souvient encore – et elle le lui dit – du doux contact des billets tombant sur son ventre. Trois billets de dix dollars. Il était parti sans un mot, la laissant à cette souillure, face à la laideur de cette solitude, trois billets qui l’avaient écrasée pendant des années de leur poids nauséeux et rien n’effaçait cela, la cruauté de ce geste.
Je chante parce qu’il m’a été donné de savoir faire pleurer les arbres avec ma voix. Je chante des chansons qu’ils ont oubliées ou n’ont jamais connues – parce qu’ils sont trop jeunes, mais ma voix, du moins, ma voix, ils la reconnaissent. C’est celle de Josephine Linc. Steelson, la dernière négresse debout, qui pleure sur ses frères et sœurs, sur la douleur de cette humanité de négrillon qui ne trouve jamais la paix. C’est celle de nos terres du Sud que nous avons quittées et qui nous manquent, parce qu’elles nous ont torturés de leur parfum et parce que nous voulons y mourir pour être aux côtés de cette longue lignée de nègres déchirés qui sont nos aïeux. Il n’y a que cela qui ait du sens, cette voix, qui leur rappelle à tous, jusqu’à en pleurer, que la fidélité ne s’oublie pas, la fidélité à sa terre, à sa douleur, au vieux chant lui-même qui se transmet de bouche en bouche malgré la fatigue de l’humanité.
Elle reprend son souffle. Il la regarde avec de grands yeux désolés. Elle sait qu’il ne la juge pas. Elle sait qu’il pleure sur ce qu’elle a traversé. Elle voit qu’il croit à cet instant que c’est fini, qu’elle a tout dit, mais le plus dur est à raconter, alors elle poursuit car elle veut qu’il sache tout. Elle dit que, plus tard, elle a su qu’elle était enceinte et la souillure s’est rappelée à elle. Ce ne pouvait être que de Mike, elle le savait, elle s’est tordu les bras souvent, le soir, à la fenêtre de chez elle, à cause de cette certitude-là, que ce ne pouvait être que son enfant à lui. Mais le pire, c’est qu’elle a toujours pensé que c’était de cette nuit-là – la nuit où elle était pute, la nuit où Mike l’avait salie de trois billets, que c’était cette nuit-là qu’elle était tombée enceinte. Elle dit qu’elle en est sûre, encore aujourd’hui, et lorsqu’elle le dit, sa voix se casse. C’est ce jour-là où il a fait l’amour seul dans son corps à elle, c’est ce jour de dégoût qu’il l’a engrossée. Et l’enfant est né de cela, d’une mère sèche que l’on avait payée par dérision. L’enfant bâtard est né de cette gifle-là. Elle le dit avec sa voix sourde, elle dit qu’elle ne peut pas l’oublier. Quand elle le voit, les trois billets ressurgissent et la lenteur satisfaite avec laquelle il se rhabillait, quand elle le voit, elle se retrouve sur ce lit, ouverte et sale.
Les femmes pleureront, mais elles se relèveront. Je le dis, moi, Josephine Linc. Steelson, car je l’ai vu mille fois. Les hommes mourront mais il en viendra d’autres que nous élèverons dans le souvenir des premiers. Je chante avec ma voix venue de loin et les familles tournent la tête vers moi. Les enfants cessent de crier. La faim ne leur tiraille plus le ventre. Ils me regardent. Ils veulent que ma voix continue à emplir le hall car c’est la seule chose qui les réchauffe, alors je continue, je suis increvable, et jamais personne ne me fera renoncer.
Elle a tout dit et reste, sur le bord du lit, comme épuisée. Elle n’ose plus le regarder. Elle sait que le dégoût a peut-être changé son visage et elle ne veut pas voir cela. Mais elle entend sa voix, une voix calme, assurée, qui lui répond, malgré la faiblesse du corps, qui lui répond, malgré la mort qui gagne dans les membres, elle entend sa voix chaude qui lui dit qu’elle s’est trompée. Juste cela. « Tu t’es trompée. » Elle tourne la tête, les yeux suppliant pour qu’il explique. Il la voit. Il l’embrasse des yeux et ajoute : « C’est mon fils. » Juste cela. Elle a un hoquet de bonheur. Elle fait oui de la tête et se met à pleurer. C’est si simple et il a tellement raison, c’est son fils à lui, le reste, tout le reste est balayé.
Dans l’instant infini de la mort, entre le moment où il ferme les yeux et relâche la main qui s’accrochait jusqu’alors aux draps et celui où ses yeux se vident et où la vie le quitte, dans l’instant infini où l’homme meurt, il pense à ce qu’il fut. Pour le monde qui l’entoure, il est mort. Elle s’est levée, déjà, sans pouvoir contenir des hoquets de tristesse, elle s’est levée et est allée voir l’enfant dans la chambre à côté pour le serrer fort dans ses bras et lui reste seul, dans le silence des choses qui s’achèvent. Il sourit en son âme, il va mourir, il est triste de quitter Rose et sa vie, mais les peurs se sont éloignées, toutes les peurs qui le harcelaient et faisaient de sa vie une succession d’angoisses ont disparu. Il ne pense plus à la plate-forme. Il ne pense plus à sa vie comme à une existence inutile et lourde, il y a Rose. Il a eu le temps de revenir à elle. Il est plein de cette seule idée. « Fidèle », dit-il entre ses dents, fidèle car il lui a été donné de l’être, et c’est avec ce mot qu’il veut partir, c’est ce mot qu’il veut laisser dans la chambre de sa mort pour qu’elle s’en imprègne lorsqu’elle reviendra, fidèle aux déchirements des flots et au ciel qui craque, car sans le chaos du monde, il ne serait pas revenu. « Fidèle », il meurt avec ce mot, les yeux ouverts, soulagé de ne pas finir comme un chien recroquevillé sur une mauvaise blessure un jour de pluie au milieu des camarades embarrassés qui ne savent que dire tandis que la plate-forme tangue et continue de pomper du pétrole, ou avachi sur un trottoir de Houston, plein d’alcool et de déception, un soir d’hiver où personne ne le remarque, il meurt avec ce mot, fidèle, et plus rien n’a été vain. Ô dernier jour d’une vie, dernières secondes où le corps est encore animé d’un éclat, même faible, même vacillant, ô derniers instants qu’il bénit en prononçant son nom à elle, Rose, avant de retourner au néant.
Elle regarde son fils, le bâtard de vie qui ne lui était rien et il a un nom dorénavant, pour elle, il a un nom, c’est l’enfant de la tempête, l’enfant offert par Keanu Burns au moment de mourir, le reste est balayé, elle sait qu’elle ne le regardera plus avec dégoût, il a un nom maintenant et elle l’appellera fils en pensant à cet homme, elle le verra grandir en pensant à cet homme, il a une histoire car il est né, enfin, il est né six ans après être sorti d’elle, de son corps endolori, il est né parce que quelqu’un qu’elle aimait le lui a donné, alors elle le reçoit, seule, dans cette chambre d’enfant, tandis que le corps de son amour se raidit de mort dans la chambre d’à côté, elle le reçoit, les pales d’un hélicoptère grondent au-dessus de la maison, pour l’heure elle n’y fait pas attention, elle regarde son fils qui vient de naître, et je chante, moi, Josephine Linc. Steelson, je chante la douleur des terres perdues et des maisons détruites et les femmes pleurent en entendant ma voix, mais je fais plus, car je n’ai jamais aimé les pleurs, je chante la force de se relever et le désir de combat, et ma voix se fait plus rocailleuse et on entend, dans la hargne avec laquelle je détache les syllabes quand je chante, le nègre exploité, la mère endeuillée, on entend que je suis habituée à cela, et ma force couvre tous les bruits du grand hall, ma force couvre les bruits des hélicoptères qui tournent au-dessus de notre ville à la recherche de survivants, elle ne prête pas attention au bruit des pales, mais elle sursaute d’un coup, lorsqu’elle entend le haut-parleur qui demande s’il y a quelqu’un, qui demande si quelqu’un est encore là, alors elle sait que tout va prendre fin, elle sait qu’elle va apparaître à la fenêtre et qu’on la tirera de là, elle et son fils, et je chante moi, de ma voix de colère sur les rues inondées, je chante sur les visages épuisés pour qu’ils soient au moins caressés une fois, elle sait qu’elle va s’éloigner et que, dans l’hélicoptère, on lui mettra une couverture sur les épaules et une autre sur celles de son fils, on lui donnera de quoi manger et boire et on la pressera de questions, elle sait qu’ils lui expliqueront qu’ils ne peuvent pas prendre le corps du mort parce que le plus urgent est de se consacrer aux survivants, alors je chante, moi, sur les morts qui disparaissent dans les rues inondées, le corps mou et les bras flottant dans l’eau saie, elle sait qu’ils la regarderont avec une sorte de pitié et peut-être un d’entre eux lui dira qu’elle a traversé l’enfer comme pour lui faire comprendre qu’il compatit, elle lèvera les yeux alors, mais elle ne pourra pas dire ce qu’elle voudra dire, car ce serait trop long, parce que le bruit des pales obligerait à hurler, elle ne pourra pas dire qu’elle quitte l’ouragan à regret, parce qu’il lui a donné un homme, au cœur de la pluie, un homme avec de larges épaules et un souffle posé, elle ne dira rien, mais je chante moi, et ne vous apitoyez pas, je chante et je suis debout, je suis née ainsi, debout, ma mère le sait bien qui m’a regardée avec stupeur car petite déjà elle a vu qu’il y avait tant de colère en moi qu’il était à parier que j’en déborderais toute ma vie, je chante pour dire que la vieille colère séchée sur nos peaux par le soleil de la soumission brûle encore, nous n’oublions pas les années de crachats et de peur, les années de regards baissés et de frustration, mais ils ne peuvent pas comprendre, non, ils ne pourront pas comprendre, tous, ils parleront désormais de cet ouragan comme d’un cataclysme, et pour elle, ce sera aussi la naissance de son fils et sa vie retrouvée, elle le sait, elle est pleine du visage de Keanu Burns, la ville en dessous paraît laide, comme une flaque d’eau souillée, elle quitte ce qu’elle a aimé, les heures de la nuit où il était face à elle, accroupi contre le mur d’en face, et je chante pour dire que j’ai faim, oh oui, un appétit de siècles malgré mon âge de vieille mule éreintée, j’ai faim, moi, la négresse, et je suis fidèle à cela – c’est la faim qui me tient droite, je veux rentrer et je rentrerai, je veux être libre, la Louisiane m’attend, quelque chose manque à la terre de là-bas si nous n’y sommes pas, elle pense à cela, dans l’hélicoptère, elle n’écoute plus les mots de l’homme en face d’elle qui essaie de la rassurer et d’être prévenant, elle ferme les yeux et entend un vieux chant qui lui fait du bien, c’est le mien, celui des bayous qui charmait les grenouilles, c’est le mien et tu peux t’y adosser car je suis solide et je porterai mes sœurs, elle ferme les yeux, elle a un fils, maintenant, un fils, avec fierté, je porterai mes sœurs, moi, Josephine Linc. Steelson, toute négresse que je sois, malgré mes cent ans passés car le ciel s’est ouvert et nous avons fait face à notre propre nudité, je porterai les enfants effrayés, ma voix les rassurera et lorsque je mourrai, libre, sur ma terrasse, toujours négresse, à l’instant que j’aurai choisi, lorsque je mourrai, souvenez-vous de moi et gardez le regard droit.