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Cette nuit, le froid a encore augmenté. Le vent ne cesse de prendre de la gueule. Le bois brûle tellement vite qu’il faut très souvent recharger le feu.

Quand Waboos s’endort, terrassé par la fatigue, il plonge d’un coup dans un vide sans fond. Et, pourtant, son sommeil n’est jamais tout à fait rond. Sur le matin, alors que son feu est encore bien vivant pour un bon moment, il doit se lever. Skouté vient de bondir. Il grogne. Son poil se hérisse sur sa nuque et sur son échine. Waboos empoigne son fusil.

— Où il est ?

Skouté s’avance de quelques pas sur la gauche, mais on sent qu’il a peur de s’éloigner du feu. Gêné par la lueur du foyer, l’homme voit pourtant nettement une forme sombre qui se déplace entre les arbres. Il épaule et tire ses deux cartouches. Mais il sent tout de suite qu’il n’a pas atteint son but. Le carcajou a disparu. Et la nuit est trop noire pour qu’il soit possible de le poursuivre. L’homme enrage. Il est trop tard pour qu’il se recouche. Il recharge son feu une fois de plus et fait chauffer l’eau pour son thé. Il lui reste de la perdrix cuite qu’il mange tiède. Skouté croque les os.

Quand il a fini son repas et son thé, Waboos demeure assis à scruter la nuit jusqu’à ce qu’une première lueur se devine vers l’est. Il prend sa hache et son fusil, et va relever ses lignes.

Le froid est tel qu’il doit cogner un long moment avant de pouvoir tirer les fils. Il n’a pris que deux dorés qu’il va cuire avant de partir.