La taïga, c’est l’immensité. C’est la terre des bêtes à fourrure. Elle va d’un océan à l’autre. Elle court sur les plaines sans bornes et se coule dans les vallées des montagnes dont les cimes touchent le ciel.

La forêt commence au sud, dans la vallée où coule la rivière des Outawais. Elle enjambe le mont Tremblant et file vers le nord jusqu’aux rives de la mer où vivent les phoques. Nul ne peut se vanter de la connaître vraiment. Elle est trop vaste. Son étendue ne livre pas ses secrets.

La forêt devient taïga là où finissent les arbres qui portent des feuilles. Ceux que rouille l’automne et que l’hiver dénude. Elle finit où plus aucun arbre ne peut pousser.

Les dernières de ses épinettes ont mis des années et des années pour atteindre la taille d’un loup. Leur bois est si dur que la lame du couteau-croche s’émousse à vouloir le mordre.

La taïga appartient à ceux qui l’aiment.

La mort dans la taïga est douce à ceux dont les os s’enfoncent lentement dans son sol spongieux. Ils nourriront les mousses et les lichens. Leur âme montera dans le cœur des épinettes où ils vivront la vraie vie. Celle du silence. Celle dont rien ne vient troubler la nuit.

Et les étoiles du ciel d’hiver s’accrochent aux branches où luisent les larmes pétrifiées des âmes mortes.