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Nika s’est déjà levée une fois pour recharger le feu lorsqu’ils sont réveillés par des hurlements assez proches.

— Il le tue ! Il le tue ! crie Papigan.

Waboos bondit dans ses bottes et enfile sa parka. Mooz essaie de se lever, mais les femmes l’obligent à rentrer sous sa fourrure. Elles retiennent aussi les deux chiens qui veulent suivre leur maître.

Son fusil armé et sa hache passée dans sa ceinture, Waboos sort très vite. Quand il arrive dehors, les hurlements ont cessé. Il ne perçoit plus qu’un gémissement assez proche. Il se dirige vers l’est.

Le croissant de lune est déjà haut dans le ciel. Le vent violent et le froid très dur font scintiller des milliers d’étoiles.

L’homme n’a nul besoin d’aller bien loin. À l’endroit où ils ont abattu, la neige est tassée. Elle est marquée par de nombreuses traces de course et de lutte. Du sang a giclé. Des poils sont collés partout. Une traînée de sang s’engage entre les épinettes et disparaît dans un fourré. Il la regarde quelques instants mais renonce à la suivre. Il se sent habité d’une grande haine. Tout bas, il jure entre ses dents :

— Je te tuerai… Je te tuerai…

Lentement, comme écrasé par la fatigue, il regagne le wigwam où il reprend sa place sans prononcer un mot. Les autres qui le regardent ne posent aucune question.

Le feu ronfle derrière les tôles. Il fait chaud. Déjà, les deux chiens se sont rendormis.