12

— Là, dit C’Baoth en désignant un point à travers le hublot, tandis que leur appareil s’approchait de Yaga Minor. Le vois-tu ?

— Oui, c’est impressionnant, acquiesça Lorana.

L’objet massif flottait en orbite basse de la planète : six cuirassés lourds flambant neufs disposés en hexagone autour d’une zone centrale de réserves, le tout relié par des pilônes équipés d’ascenseurs.

— C’est plus qu’impressionnant, dit son maître d’un ton sérieux. Tu as devant toi l’avenir de la galaxie.

La jeune femme considéra fugitivement le vieux Jedi. Ces trois dernières semaines, depuis le jour où elle avait officiellement été élevée au grade de Chevalier Jedi, l’attitude de C’Baoth à son égard avait changé du tout au tout. Il lui adressait la parole plus fréquemment et plus longtemps, lui demandant même son opinion à propos de politique ou d’autres sujets et s’ouvrant à elle comme s’il se fût confié à un égal.

Bien entendu, c’était gratifiant, voire flatteur, mais, d’un autre côté, cela la mettait quelque peu mal à l’aise. De la même façon qu’il avait tant attendu de sa Padawan, il lui semblait qu’à présent, il considérait qu’elle disposait de la sagesse, de l’expérience et du pouvoir d’un Jedi confirmé.

Ce voyage vers Yaga Minor n’était qu’un exemple parmi d’autres. Il l’avait invitée à s’envoler avec lui dans un ciel sans nuages pour observer les dernières étapes de la préparation. Il lui semblait qu’il aurait été plus pertinent de convier Maître Yoda ou un autre membre du Conseil pour accompagner C’Baoth lors de ce voyage historique.

Il l’avait malgré tout choisie.

— L’équipage et les familles sont déjà à bord, occupés à ranger leur matériel, expliqua C’Baoth. Tout comme la plupart des Jedi qui vont embarquer à nos côtés. Deux ou trois ne sont pas encore arrivés. Tu les rencontreras tous avant notre départ, bien sûr.

— Bien sûr, répondit automatiquement Lorana.

Soudain envahie par une tension extrême, elle fut frappée par un détail :

— Quand vous évoquez notre départ, Maître C’Baoth, qui exactement… enfin, je veux dire…

— Ne bafouille pas, Jedi Jinzler, lui reprocha C’Baoth avec douceur. Les mots d’un Jedi, tout comme ses pensées, doivent systématiquement être clairs et assurés. Si tu as une question, pose-la.

— Oui, Maître C’Baoth. Quand vous parlez de notre départ, sous-entendez-vous que je fais partie du Vol vers l’infini ?

— Évidemment. Pourquoi crois-tu que je t’aie proposé au rang de Chevalier Jedi si tôt ?

Lorana sentit un étau familier se resserrer sur sa poitrine.

— Je pensais que c’était parce que vous m’estimiez prête.

— Tu l’étais sans aucun doute, même s’il te reste encore beaucoup à apprendre. Je disposerai de tout le temps nécessaire pour cela à bord du vaisseau.

— Je ne peux pas partir ! protesta la jeune femme.

Elle cherchait désespérément une bonne raison à lui exposer. Elle ne voulait quitter ni la République, ni la galaxie. Il y avait déjà tant à faire ici.

— Je n’ai suivi aucune préparation, poursuivit-elle. Je n’ai demandé aucune autorisation au Conseil Jedi…

— Le Conseil m’a accordé les pleins pouvoirs, coupa C’Baoth, et de quelle préparation un Jedi pourrait-il avoir besoin ?

Lorana serra les dents. Comment pouvait-il avoir pris une telle décision sans même lui demander son avis ?

— Maître C’Baoth, j’apprécie votre offre, mais je ne suis pas certaine…

— Ce n’est pas une offre, Jedi Jinzler. Tu es un Jedi, à présent. Tu dois te rendre là où le Conseil choisit de t’envoyer.

— N’importe où au sein de la République, c’est vrai, mais c’est différent, dans ce cas.

— Ce n’est différent que dans ton esprit, car tu es encore jeune. Tu grandiras vite.

Et le vieux Jedi de désigner l’assemblage de vaisseaux qui approchaient doucement avant de conclure :

— Tu seras bien plus enthousiaste à propos du formidable destin qui nous attend quand tu auras découvert le travail accompli et rencontré les autres Jedi.

 

— Ici, peut-être ? hasarda Tarkosa en désignant un casier de couplages négatifs. Chas ?

— Une seconde, une seconde… grogna Uliar.

Il observait le matériel déjà rangé en maudissant intérieurement les innombrables assistants techniques du Bureau du Chancelier Suprême qui avaient été envoyés depuis Coruscant pour aider au chargement. La majorité d’entre eux s’étaient révélés totalement inutiles ; quand ils n’égaraient pas des pièces fragiles, ils en rangeaient d’autres aux mauvais endroits et, la plupart du temps, ils entassaient deux fois la même pièce, tandis que celle qui faisait défaut se trouvait reléguée dans la zone de stockage centrale, en dessous d’eux.

— Ah voilà ! Ceci se range ici, dit-il enfin.

Il venait de découvrir un casier proche d’une étagère remplie de pièces détachées de pompes refroidissantes.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? intervint soudain une voix profonde derrière lui.

Uliar se retourna et aperçut un homme chauve, entre deux âges, vêtu d’une longue tunique, qui se tenait sur le pas de la porte.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

— Maître Jedi Justyn Ma’Ning, répondit l’autre.

Le front plissé, il découvrait le chaos qui régnait dans la pièce.

— Ces équipements sont censés avoir été arrimés il y a deux jours.

— Ils l’ont été, dit Uliar. De façon très médiocre. Nous essayons d’arranger cela.

— Ah… fit Ma’Ning.

Il ne put réprimer un léger sourire ironique. Sans doute avait-il également eu affaire aux assistants techniques de Coruscant.

— Dépêchons. Maître C’Baoth arrive aujourd’hui, ce genre de spectacle ne lui plaira pas.

Après un salut, le Jedi disparut dans la coursive.

— Comme si plaire aux Jedi était notre problème, murmura Uliar dans sa barbe.

Il se retourna vers les casiers au moment où le voyant lumineux de contrôle d’un relais se mettait à clignoter.

— Ça marche ? demanda une voix.

La tête d’un jeune homme surgit d’un panneau ouvert situé à même le sol.

— Attends.

Uliar se rapprocha de l’endroit concerné et consulta sa liste.

— Ça semble parfait, confirma-t-il. Merci.

Si les assistants techniques de Coruscant ne servaient à rien, les quelques authentiques techniciens qui étaient venus avec eux se révélaient tout à fait compétents.

Après s’être extrait du panneau, l’autre rassembla ses outils.

— Pas de problème, répondit-il. Vous avez toujours des soucis avec le relais situé près du réacteur arrière ?

— À moins que ton bricolage ne l’ait réparé dans le même temps, dit Tarkosa.

— Probablement pas, répliqua le jeune homme en replaçant le panneau. Ces trucs sont branchés en parallèle mais je doute que le circuit s’étende si loin. J’essaierai d’y jeter un œil quand je reviendrai du C-l.

— Pourquoi pas tout de suite ? proposa Uliar. Le C-l est situé de l’autre côté de l’hexagone. Ça t’évitera un aller-retour inutile.

— Le C-l commande tout l’ensemble, rappela le technicien. Les Mon Cal paraissent peut-être avenants, mais quand le capitaine Pakmillu veut que quelque chose soit réparé, il veut dire tout de suite.

— Que peut-il nous faire ? railla Tarkosa. Nous renvoyer à la vie civile ?

— En ce qui vous concerne tous les deux, je n’en sais rien. J’aimerais toutefois ne pas me faire renvoyer une fois que vous serez partis dans l’espace. Ce ne sera pas long, ne vous inquiétez pas.

— On te fait confiance pour ça, dit Uliar. Tu es certain de ne pas vouloir nous accompagner ? Tu es bien meilleur que la plupart des techniciens du bord.

Le jeune homme tiqua légèrement :

— J’en doute, mais merci tout de même. Je ne suis pas encore prêt à quitter la civilisation.

— Tu ferais mieux d’espérer que ce ne soit pas la civilisation qui te laisse tomber, remarqua Tarkosa. Vu la façon dont les choses évoluent sur Coruscant, je ne parierais pas là-dessus.

— Peut-être bien, reconnut le technicien en se saisissant de sa boîte à outils. À plus tard.

— Entendu. Merci encore.

L’autre sourit et quitta la pièce.

— Brave type ! commenta Tarkosa. Tu as retenu son nom ?

— Dean quelque chose, je crois. Peu importe, de toute façon. Ce n’est pas comme si nous allions le revoir le lendemain du départ… Bon, alors donc, cet ensemble de condensateurs de choc se range près des couplages négatifs…

 

— Le système dans son ensemble peut être géré d’ici, expliqua le capitaine Pakmillu en désignant de sa main palmée le Central Opérations, ce qui veut dire qu’en cas de dommage important sur l’un des vaisseaux, des contre-mesures peuvent être entreprises immédiatement sans devoir envoyer quelqu’un sur place.

— Impressionnant, apprécia Obi-Wan.

Situé derrière la coursive qui jouxtait le complexe pont/salle de surveillance, le Central Opérations s’étendait sur près de trente mètres et remplissait ainsi presque tout l’espace entre les deux couloirs latéraux du cuirassé. Cela ressemblait toutefois pour le moment plus à une ruche, au sein de laquelle des douzaines d’humains et d’autres créatures s’affairaient de tous côtés, occupés par des ajustements de dernière minute.

— Qu’est-ce donc que cela ? demanda Anakin, intrigué par un écran situé deux rangs plus loin. On dirait un système de contrôle de modules.

— Tu as l’œil, mon jeune ami, reconnut Pakmillu. Nous nous servirons en effet de cet appareil pour surveiller le flot de swoops et de speeders.

— Vous plaisantez ? dit Obi-Wan. Vous vous déplacerez sur des swoops, ces engins volants ultra-rapides ?

— Le Vol vers l’infini est gigantesque, Maître Kenobi. Même si chaque cuirassé est relié à la zone centrale par un tunnel muni de navettes, de nombreux endroits restent inaccessibles autrement qu’en véhicule motorisé. En embarquant plusieurs personnes, les speeders nous sont indispensables pour déplacer nos équipes rapidement en cas d’urgence.

— D’accord, mais les swoops ? persista le Jedi.

N’aurait-il pas été plus sûr et plus efficace de mettre en place un système d’ascenseurs ou de navettes plus étendu ?

— Certainement. Malheureusement, cela serait également revenu bien plus cher. Les cuirassés ne disposent pas de cette option et le Sénat n’a pas souhaité payer les coûts de mise aux normes.

— Ce système de contrôle est très efficace, quoi qu’il en soit, assura Anakin. Certains pilotes de modules l’utilisaient sur Tatooine quand ils essayaient de nouveaux parcours.

— On trouve rarement cinquante mille personnes susceptibles de se faire renverser sur un parcours de module, lui rappela son maître.

— Les circuits sont envahis d’animaux, rétorqua l’adolescent un peu effrontément. Vous savez, comme par exemple les dewbacks ou les banthas.

— Anakin… dit simplement Kenobi d’un ton sévère.

— Nous avons déjà testé tout cela, Maître Kenobi, s’empressa de préciser Pakmillu, et, comme l’a dit le Padawan Skywalker, tout fonctionne parfaitement.

— Je vous fais confiance.

Obi-Wan jeta un regard noir à Anakin. Le garçon avait un peu trop tendance à se montrer irrespectueux ces derniers temps, particulièrement en public, comme s’il pensait que son maître hésiterait pour cette raison à le rappeler à l’ordre. Bien sûr, son âge voulait cela, mais ce n’en était pas moins inacceptable.

Le garçon savait cependant très bien où se trouvaient les limites et ne répondit qu’en baissant le regard, l’air repentant.

L’incident donc clos, Obi-Wan se promit tout de même de discuter de cela plus tard seul à seul avec son Padawan. En attendant, il se tourna vers Pakmillu :

— J’ai cru comprendre que vous aviez prévu de faire quelques détours dans l’espace de la République avant de vous diriger vers les Régions Inconnues.

— C’est exact. Une sorte de répétition générale. Nous devons nous assurer que tout fonctionne parfaitement avant de nous retrouver hors de portée de toute assistance.

Le capitaine s’approcha d’une console de navigation, qu’il alluma et d’où un hologramme de la galaxie surgit alors.

— Nous rejoindrons tout d’abord Lonnaw, dans le secteur Droma, puis nous traverserons le secteur Glythe pour atteindre Argai, secteur Haldeen. Nous traverserons ensuite les secteurs Kokash et Mondress, avec une possible dernière escale dans le secteur Albanin si cela se révèle nécessaire.

— Cela vous occasionne de nombreux arrêts, remarqua Obi-Wan.

— La plupart ne seront que des survols. Nous ne nous arrêterons qu’en cas de problème.

— Et ensuite ? demanda Anakin.

— Si tout se passe comme prévu, nous pénétrerons dans l’Espace Inconnu d’ici à trois semaines. En un point situé à quelque deux cent trente années-lumière du bord de l’Espace Sauvage, et nous procéderons à une halte pour les derniers réglages de navigation.

Le capitaine éteignit l’hologramme, ses appendices buccaux tressautant sous l’effet du mouvement, avant de conclure :

— Nous entamerons alors notre voyage pour de bon. À travers les Régions Inconnues, puis vers la prochaine galaxie.

Anakin en siffla d’admiration :

— Combien de temps cela vous prendra-t-il pour revenir ?

— Plusieurs années. La zone centrale de stockage est toutefois assez vaste pour contenir suffisamment de réserves pour cette durée, sans oublier que nous comptons la réapprovisionner en eau et en denrées alimentaires tout au long du voyage. En outre, le nombre de passagers diminuera de façon notable si nous découvrons des mondes hospitaliers à coloniser.

— Vous abandonneriez des colons au-delà des Régions Inconnues ? s’étonna le garçon.

— Ils disposeraient alors de suffisamment de ressources pour s’installer. Nous leur laisserions aussi l’un des cuirassés pour les transports et la protection. Comme tu peux le constater sur les plans du Vol vers l’infini, il est relativement aisé de détacher l’un des vaisseaux du complexe.

— Cela me semble tout de même dangereux.

— Nous sommes bien préparés, rappela Pakmillu. La présence de dix-huit Jedi à bord garantit notre sécurité.

— Oui, tant que l’un d’entre eux peut intervenir à temps, murmura Obi-Wan.

— Pense également à la gloire que nous apportera cette aventure, continua le capitaine en s’adressant à l’adolescent. Quel dommage que tu n’embarques pas avec nous.

Quelque peu secoué par cette perspective, Anakin répondit :

— J’ai encore de nombreuses tâches à accomplir ici.

Il se tourna discrètement vers Kenobi et parvint à refouler ses émotions pour ne laisser paraître qu’une expression digne d’un Jedi.

— Je ne peux de toute façon pas quitter mon maître avant que ma formation ne soit achevée, ajouta-t-il.

— Tu ne manquerais pas de professeurs, avec les six Maîtres Jedi à bord, remarqua Pakmillu.

— Ce n’est pas ainsi que cela se passe, intervint Obi-Wan.

Cela le surprenait toujours que des gens qui n’avaient pas la moindre notion des méthodologies internes Jedi se débrouillent néanmoins pour systématiquement donner des conseils à ce propos.

— Vous disiez que Maître C’Baoth n’allait plus tarder ? s’enquit-il.

— Eh bien, il est déjà arrivé ! s’écria la voix puissante de C’Baoth depuis l’autre bout de la salle.

Il les rejoignit le plus naturellement du monde, sans se préoccuper des techniciens qui, débordés de travail, ne le virent qu’à peine. Deux ou trois collisions furent sur le point de se produire, mais évitées comme par miracle. Visiblement mal à l’aise, Lorana le suivait d’un pas plus prudent.

— Quelle surprise, Maître Kenobi ! dit le vieux Jedi. Je vous croyais déjà en route pour Sulorine.

— J’ai été relevé de cette mission. Je dois vous parler de certaines choses, Maître C’Baoth.

— Eh bien, je vous écoute.

Obi-Wan se redressa. Coincé entre C’Baoth et Anakin, cette discussion ne s’annonçait pas de tout repos.

— Anakin et moi-même désirons nous joindre à l’expédition.

— Sérieusement ? ne put s’empêcher de s’écrier son Padawan.

— Sérieusement, confirma Obi-Wan. Au moins jusqu’au bord de la galaxie.

C’Baoth se pinça les lèvres :

— Ainsi Maître Yoda a fini par reconnaître que j’avais une chance de retrouver Vergere ?

— Qui est Vergere ? demanda Lorana.

— Un Jedi porté disparu, expliqua C’Baoth sans quitter Obi-Wan du regard. Maître Kenobi a tenté par le passé de retrouver sa trace, mais il a échoué.

— Il n’y a rien qui concerne une mission de sauvetage dans le programme de l’expédition, intervint Pakmillu, sur ses gardes.

— C’est une affaire de Jedi, capitaine, qui ne vous concerne pas, dit C’Baoth. Ne vous faites cependant pas de souci, cela n’interférera en rien sur le Vol vers l’infini.

Puis, se tournant vers Obi-Wan :

— J’ose espérer que vous ne vous êtes pas porté volontaire pour apaiser quelque sentiment de culpabilité ?

— Je n’ai pas demandé à vous accompagner, rectifia Kenobi. Je ne fais qu’obéir aux ordres du Conseil.

— Comme nous tous, énonça non sans ironie le vieux maître. Et toi, jeune Skywalker ? Tu parais déçu par ce changement de programme.

Obi-Wan retint son souffle. Plusieurs raisons l’avaient conduit à ne pas parler de tout cela à son Padawan trop tôt, parmi lesquelles le fait qu’il tenait C’Baoth en haute estime. S’il lui avait révélé que Windu les chargeait de surveiller le vieux Jedi, le garçon aurait demandé des explications et aurait été consterné d’apprendre quels soupçons pesaient sur C’Baoth à propos de l’incident sur Barlok.

Heureusement, il fut rapidement patent que la décision de ne rien dire à Anakin avait été la bonne.

— Je ne suis pas déçu du tout, Maître C’Baoth, dit l’adolescent d’une voix claire où transparaissait l’honnêteté. Je suis simplement surpris que Maître Obi-Wan ne m’en ait pas parlé.

— Désires-tu cependant m’accompagner jusqu’aux Régions Inconnues ?

Anakin réfléchit quelques secondes.

— Je ne veux pas quitter la République pour toujours, mais j’ai été impressionné par la façon dont vous avez réglé le souci sur Barlok. Je pense que j’apprendrais beaucoup à vous observer au quotidien.

— Eh bien voilà au moins une chose que vous aurez apprise à votre Padawan, Maître Kenobi : s’exprimer avec diplomatie.

— J’espère bien lui avoir enseigné plus que cela, répondit calmement Obi-Wan. Toutefois, il a raison en ce qui concerne ce qu’il pourrait apprendre à vos côtés. Je suis certain que la Padawan Jinzler est du même avis.

— Tout à fait, assura C’Baoth. Néanmoins, il s’agit du Jedi Jinzler, à présent. Elle a été élevée au rang de Chevalier il y a trois semaines.

— Vraiment ? dit Obi-Wan en dissimulant sa surprise.

D’après ce qu’il avait observé sur Barlok, il ne s’attendait pas à ce qu’un tel événement se produise avant des années.

— Je te prie d’accepter mes excuses, Jedi Jinzler, ainsi que mes félicitations. Dois-je comprendre que tu accompagnes Maître C’Baoth à bord du Vol vers l’infini ?

— Bien entendu, dit ce dernier sans laisser son ancienne Padawan répondre. C’est l’une des rares, même parmi les Jedi, en qui j’ai une entière confiance.

— Il existe des Jedi à qui vous n’accordez pas votre confiance ? objecta Anakin, stupéfait.

— J’ai dit que je lui accordais une entière confiance. Cela ne va que jusqu’à un certain point pour la plupart des autres, mais cela reste de la confiance.

— Oh, je vois… soupira le garçon, décontenancé.

— Bien entendu, toi et ton maître faites partie de ce large groupe, conclut le Jedi, un sourire aux lèvres. Très bien, Maître Kenobi. Avec votre Padawan, vous m’accompagnerez jusqu’au bord de la galaxie, tant que vous rentrez vers la République par vos propres moyens.

— Merci, répondit Obi-Wan. Le Skysprite Delta-12 qui nous ramènera se trouve en surface, prêt à être chargé à bord.

— Bien. Vous demeurerez sur le Cuirassé-1. Capitaine, trouvez-leur des quartiers.

— Oui, Maître C’Baoth, marmonna Pakmillu, je vais demander au quartier-maître de…

— Vous allez leur trouver des quartiers, répéta le Jedi en insistant bien sur le pronom. Ce sont des Jedi et ils doivent être traités avec les honneurs qui leur sont dus.

— Oui, Maître C’Baoth, dit le capitaine.

Il se tourna vers un écran et entra quelques données sur le clavier correspondant.

— En ce qui concerne le Jedi Jinzler ? ajouta-t-il.

— Je lui ai déjà réservé un appartement près du mien. Pont 3, Suite A-4.

— Très bien. Maître Kenobi, vous occuperez avec le jeune Skywalker la Suite A-8, située sur le Pont 5. Je pense qu’elle vous conviendra.

— Tout à fait, intervint encore une fois le vieux Jedi sans laisser Obi-Wan répondre. Chargez donc maintenant quelqu’un de les y accompagner.

Un bruit fracassant se produisit soudain derrière eux. Obi-Wan se retourna et s’aperçut que la grille protectrice d’une conduite s’était fendue, menaçant de s’effondrer tout à fait sur les consoles en contrebas. Il fit appel à la Force…

… et fut devancé par C’Baoth, qui parvint à retenir la chute du morceau métallique alors que celui-ci s’était maintenant entièrement détaché du mur.

— Jedi Jinzler, va les aider.

— Oui, Maître, obtempéra la jeune femme en se pressant.

— Capitaine Pakmillu, vous étiez sur le point de désigner une escorte pour nos passagers ? poursuivit le Jedi.

Comme si de rien n’était, il maintenait la grille dans les airs.

— Ce ne sera pas nécessaire, tempéra Obi-Wan. J’ai étudié les plans des cuirassés lors du trajet. Nous trouverons notre chemin.

C’Baoth fronça les sourcils et, l’espace d’une seconde, Kenobi crut qu’il allait encore insister. Il se radoucit toutefois aussitôt :

— Entendu. Le capitaine Pakmillu donne un dîner du Premier Soir au carré des officiers supérieurs à sept heures, où mes collègues Maîtres Jedi seront présents. Vous êtes bien sûr conviés.

— C’est un honneur, dit Kenobi.

— Pensez également à faire une halte au centre médical du Cuirassé-1, ajouta Pakmillu. Le représentant du Chancelier Suprême a ordonné que tout le personnel subisse un examen complet comprenant notamment une analyse de sang ainsi qu’un prélèvement de tissus, qui seront envoyés à Coruscant. Il existe apparemment quelques craintes à propos de virus fulgurants et d’épidémies potentielles.

— Nous y passerons, promit le Jedi. À ce soir, donc.

Il donna un léger coup de coude à son Padawan et tous deux se retirèrent.

— Maître C’Baoth semble bien savoir ce qu’il veut, ne trouves-tu pas ? commenta-t-il un peu plus loin.

— Il n’y a rien de mal à cela, répondit fermement Ana-kin. Si Maître Yoda ou Maître Windu s’exprimaient de cette façon une fois de temps en temps devant le Chancelier ou au Sénat, les choses avanceraient peut-être plus vite.

— Oui, murmura Obi-Wan. Peut-être…

 

Lourde et suffisamment flexible pour se révéler difficile à porter, la grille ne posait toutefois pas de problème à un Jedi. Lorana la maintint en position, tandis que les techniciens se hâtaient d’en réparer les fixations.

— Merci, lui dit le chef d’équipe une fois le travail effectué. Ces trucs sont de fichues saletés. Enfin, je veux dire que ce genre d’incident est vraiment dangereux.

— Je vous en prie. Ravie de vous avoir aidés.

— Moi aussi, s’amusa-t-il. Dites-moi, j’ai cru comprendre que votre nom était Jinzler ?

— Oui, c’est vrai. Pourquoi cette question ?

— Nous avons un dénommé Jinzler dans notre équipe, expliqua le technicien en sortant son comlink pour y composer un numéro. Un certain Dean. Un de vos parents ?

— Je n’en sais rien, avoua Lorana. Je n’étais âgée que de dix mois quand je suis entrée au Temple Jedi. Je ne sais rien de ma famille.

— Comment ça ? Ils ne se soucient pas de vous ?

— Les familles sont interdites de visite.

— Oh… dit l’autre, surpris.

Une sonnerie se fit entendre :

— Jinzler ? Ici Brooks. Où es-tu ?… Très bien. Gare-toi et viens me rejoindre au foyer… Eh bien, parce que je dois te voir, c’est tout.

Il raccrocha et fixa son appareil à sa ceinture.

— Par ici, Jedi Jinzler, l’invita-t-il en désignant l’une des portes tribord du Central Opérations.

— Je vous ai dit que je ne le connaissais pas, protesta-t-elle.

— Certes, cependant lui vous connaît peut-être. Cela vaut la peine de le vérifier, non ?

— Oui, j’imagine.

Ils traversèrent une coursive avant de s’engager dans un ascenseur, qui les mena trois étages plus bas à une large salle remplie de tables et pourvue d’un comptoir qui s’étendait sur toute sa longueur. Bon nombre d’humains et d’autres créatures se tenaient là, par groupes de deux ou trois, conversant à voix basse devant des verres emplis de liquides multicolores, tandis que trois droïdes de service s’activaient derrière le bar.

— Le voilà, annonça Brooks. Je vais vous le présenter.

Répondant à quelques saluts au passage, il se dirigea vers une table où se tenait un homme aux cheveux foncés, dos au mur, une tasse fumante dans les mains. Lorana, quant à elle, sentit une certaine anxiété la gagner… et vit enfin le profil du technicien quand ils n’en furent plus qu’à quelques mètres.

Il s’agissait de l’homme qu’elle avait aperçu tant de fois sur Coruscant.

Elle se figea, le corps tendu, ce que ne releva pas Brooks, qui continua à marcher.

— Hé, Jinzler ! appela-t-il. J’ai quelqu’un à te présenter.

Le jeune homme se cala dans sa chaise.

— Inutile, répondit-il d’une voix ferme où perçait un mélange de tension et d’amertume. Jedi Lorana Jinzler, je suppose ?

Lorana dut prendre sur elle pour retrouver sa voix :

— Oui, reconnut-elle calmement. Dean Jinzler ?

— Vous vous connaissez déjà ? s’étonna Brooks.

— À peine. Ce n’est que ma sœur.

— Ta… Je croyais pourtant que…

— Merci, coupa Lorana en lui indiquant discrètement la direction de la porte.

— Ah oui… très bien…

Sans cesser de les regarder, le chef d’équipe les laissa, perplexe, puis quitta le foyer.

— J’imagine que tu vas vouloir t’asseoir ? lâcha Jinzler d’un ton acerbe.

Lorana considéra un instant ce regard toujours aussi amer que lors de leurs précédentes rencontres. Elle nota toutefois que ses yeux étaient de la même nuance de gris que les siens.

— En effet, dit-elle en s’installant face à lui.

— Je suppose que je dois te féliciter. Tu es un véritable Jedi, à présent.

— Merci.

Il y avait bien un air de famille, songea-t-elle, étonnée de ne pas l’avoir remarqué plus tôt.

— Tu te tiens informé de ces choses-là ? reprit-elle.

— Mes parents m’en parlent parfois. Enfin, nos parents…

— Bien sûr… Malheureusement, je ne sais rien d’eux, ni de toi, d’ailleurs.

— Non, évidemment. En ce qui me concerne, je sais tout de toi. Tout. Depuis ton apprentissage jusqu’à ta formation sous les ordres de Jorus C’Baoth, en passant par ton premier sabre laser et donc ton élévation au grade de Chevalier Jedi.

— Je suis impressionnée, avoua Lorana en tentant un léger sourire.

— Ne le sois pas, répondit-il froidement. Je suis au courant de tout cela uniquement parce qu’un ami de nos parents travaille au Temple. Ils m’ont répété mille fois chacun de tes exploits. Ils t’aimaient, tu sais… Non, bien entendu, tu ne le sais pas. Tu n’as jamais cherché à le savoir.

Il laissa tomber son regard et avala une gorgée de sa boisson. Tout en encaissant cette colère et cette amertume, qui semblaient émaner de son frère comme la fumée de sa tasse, Lorana se demanda ce qu’elle avait bien pu commettre pour les mériter.

— Nous autres Padawan n’étions pas autorisés à connaître nos familles, révéla-t-elle. Même à présent, en tant que Jedi, c’est très mal vu.

— Oui, bien sûr.

— Il existe de bonnes raisons à ça, insista-t-elle. Nombreux sont les mondes au sein de la République où les connexions et les rangs familiaux constituent une part importante de la culture. Pour rester impartial lors d’un conflit, un Jedi ne doit pas se sentir plus proche de l’une ou l’autre des parties, en fonction d’une éventuelle ressemblance avec sa famille.

— Cela n’empêche pas la famille en question de venir te trouver, de toute façon. Même après s’être fait renvoyer par ton cher Jedi, tes parents ont toujours su garder un œil sur toi…

— Attends une minute ! l’interrompit Lorana. Que veux-tu dire par là ? Qui les a renvoyés ?

— Vous autres Jedi souffrez de problèmes d’audition, peut-être ? Je viens de te le dire : l’un de tes puissants Jedi. Maman et papa travaillaient à la maintenance électronique dans les zones publiques du Temple. Ils faisaient du bon travail. Ils ont néanmoins été remerciés juste après ton arrivée. Ton Jedi ne voulait pas de leur présence dans le même bâtiment que toi, j’imagine.

La jeune femme sentit son cœur se serrer. Elle n’était pas au courant, même si elle avait déjà entendu parler d’incidents similaires. Il paraissait cependant clair que son frère n’avait rien à gagner à connaître les raisons de cet isolement strict prôné par le Temple.

— Ont-ils pu retrouver un emploi ?

— Non. Nous sommes morts de faim peu après… railla-t-il. Évidemment qu’ils ont trouvé du travail ! Des petits boulots sous-payés où ils se tuaient à la tâche. Ils ont ensuite déménagé. Personne n’avait pris la peine de leur dire qu’ils ne pourraient rester au Temple après ton arrivée, mais ce n’est pas le problème.

— Quel est le problème, alors ?

Il se tut pendant une longue minute et fixa sa sœur, agité comme un océan pris dans une tempête hivernale.

— Vous autres Jedi pensez incarner la perfection, dit-il enfin. Vous pensez connaître ce qui est bon pour chacun. Eh bien, vous vous trompez sur toute la ligne !

— Que s’est-il passé, Dean ? demanda Lorana avec douceur.

— Oh… Maintenant, c’est Dean ? Tu veux sans doute te transformer d’un coup de baguette magique en une sœur attentionnée ? Tu penses pouvoir m’aider d’un simple signe de la main ou d’un coup de sabre laser ?

— Si au moins je connaissais ton problème, persista-t-elle. S’il te plaît, dis-le-moi !

— Je pensais que les Jedi savaient tout.

— Bien sûr que non ! soupira-t-elle.

— En tout cas, ce n’était pas l’avis de nos parents. Tu servais de modèle au reste de la famille. Lorana aurait fait ceci, Lorana aurait fait cela, Lorana aurait dit ceci, Lorana n’aurait jamais dit cela… On croyait vivre à l’ombre d’une déesse. C’était d’autant plus absurde qu’ils n’avaient pas la moindre idée de la façon dont tu aurais agi dans ces situations, puisqu’ils t’avaient abandonnée alors que tu ne marchais pas encore.

Son regard s’assombrit davantage :

— Bien sûr, tu étais ailleurs, c’est bien pour ça que cela fonctionnait. Tu n’avais pas la possibilité de te tromper ou de perdre ton calme en renversant une assiette par terre. Ils ont ainsi pu t’idéaliser sans courir le moindre risque d’être contredits.

Il porta la tasse à ses lèvres, la reposa sans même avoir bu.

— Je sais pourtant que ce n’est pas le cas, reprit-il. Je t’ai observée. Tu n’es pas parfaite, loin s’en faut.

Lorana songea aux années d’entraînement épuisant qu’elle avait endurées ainsi qu’aux critiques permanentes de C’Baoth.

— En effet, murmura-t-elle, je ne le suis pas.

— Tu n’es pas non plus très observatrice. Peux-tu me montrer ton arme magique ?

— Mon sabre laser ? s’étonna-t-elle avant de s’exécuter.

— C’est celui-là, grommela Dean sans faire le moindre geste pour le toucher. Ceci est bien une améthyste ?

— Oui, reconnut-elle en considérant le bouton d’activation qu’il désignait. C’est un cadeau de personnes issues des niveaux intermédiaires de Coruscant qu’avec Maître C’Baoth nous avons aidées.

Jinzler secoua la tête :

— Non. C’est un cadeau de tes parents. Ils connaissaient ces gens et leur ont demandé de te remettre cette pierre. Tu n’as même pas deviné cela ?

— Bien sûr que non, comment l’aurais-je pu ? répondit-elle, de plus en plus désorientée par ce que lui révélait cet homme.

— Tu es une Jedi, rétorqua-t-il. Tu es censée tout savoir. Je parie que ton Maître C’Baoth est au courant de cette histoire.

Lorana prit une profonde inspiration :

— Que veux-tu de moi, exactement ?

— Hé ! C’est toi qui es venue me trouver, n’inverse pas les rôles ! Que veux-tu, toi ?

Elle le dévisagea un instant. Que désirait-elle vraiment ?

— Tu dois accepter les choses telles qu’elles sont. Le passé est révolu. Ni l’un ni l’autre n’y pouvons rien.

— Tu veux que je ne change pas le passé ? Je dois pouvoir y parvenir.

— Accepte-le, poursuivit-elle en ignorant le sarcasme. Quels que soient tes sentiments envers tes… envers nos parents, ton utilité ne dépend pas de leurs opinions ou de leurs jugements.

— Impossible. Tu m’as déjà demandé de ne pas toucher au passé. Autre chose ?

Elle le regarda droit dans les yeux :

— Je veux que tu oublies cette haine, énonça-t-elle calmement. Que tu arrêtes de te haïr toi-même… et de me haïr.

— Je ne hais rien ni personne, dit-il d’une voix ferme.

Cependant, les muscles de son cou révélaient une certaine tension.

— La haine est une émotion, continua-t-il. Les Jedi ne ressentent pas d’émotions, il me semble ?

— Tu n’es pas un Jedi.

— Voilà le réel problème, avoua-t-il enfin avec amertume. Voilà ce que voulaient faire de moi nos parents : un Jedi. Je n’en suis pas un, évidemment. Je peux toutefois jouer la comédie, écoute : Il n’y a pas d’émotions. Il n’y a que la paix. Les Jedi se mettent au service des autres sans leur imposer leurs règles, et ce pour le bien de la galaxie. Les Jedi respectent toute forme de vie… Tu vois ?

Lorana en eut soudain assez :

— Je suis désolée, Dean, dit-elle en se levant. Je suis navrée pour ta douleur, que je ne peux soulager, ainsi que pour ce dont tu penses avoir été privé, que je ne peux te rendre. Tant pis pour toi si tu gaspilles ta vie ainsi, c’est ton choix !

— Bravo ! ironisa-t-il. S’il y a un domaine où les Jedi sont imbattables, c’est bien quand on en vient aux discours. Particulièrement aux discours d’adieu. C’est bien de cela qu’il s’agit, n’est-ce pas ?

Lorana reprit brutalement conscience de l’endroit où elle se trouvait. Le Vol vers l’infini…

— Je n’ai pas encore pris de décision…

— Ah, parce qu’il t’arrive de prendre des décisions ? Je pensais que le Conseil Jedi s’en chargeait à ta place.

— J’espère sincèrement que tu trouveras ta voie, dit-elle en remisant son sabre dans sa ceinture. J’espère que tu guériras.

— Eh bien, tu vas pouvoir réfléchir à la question durant les prochaines années. Reviens vite. J’ai encore beaucoup de choses à dire à ma sœur.

Dean pivota sur sa chaise, de façon à lui tourner le dos. Elle fixa sa nuque, un goût de défaite amer dans la bouche.

— Je te verrai plus tard… mon frère.

Il ne répondit pas. Ravalant ses larmes, la jeune femme quitta les lieux.

Elle erra un long moment dans le dédale des coursives, évitant sans y prendre garde droïdes et techniciens, tout en essayant d’encaisser la douleur qui la ravageait. Elle fut presque surprise de déboucher subitement dans le Central Opérations du cuirassé.

C’Baoth et Pakmillu s’y trouvaient encore, en pleine discussion devant l’une des consoles.

— Ah… Jedi Jinzler, dit C’Baoth. J’espère que tes quartiers te conviennent ?

— Je ne les ai pas encore vus, avoua Lorana.

— Vous serez du voyage, n’est-ce pas ? s’enquit Pakmillu de sa voix rocailleuse. J’ai cru comprendre qu’il subsistait encore un doute à ce sujet.

— Il n’y a pas le moindre doute. Elle vient avec nous.

— Jedi Jinzler ? insista le capitaine.

Lorana songea une seconde à son frère, à ce visage qui, désormais, ne quitterait plus son esprit.

— Maître C’Baoth a raison. Je serai honorée de voyager à vos côtés sur le Vol vers l’infini.

Le plus tôt sera le mieux, pensa-t-elle tristement.