Chapitre II
Une lumière douce. Je m’étire..., et j’ai une impression étrange. Il me faut un bon moment pour me souvenir. Puis, ça me revient d’un seul coup et je me redresse, furieux.
Je suis étendu sur un large divan recouvert de coussins et installé au centre d’une grande pièce dans laquelle il règne une température agréable.
Autour de moi, une profusion de meubles, des buffets, qui me frappent, car ils sont incrustés d’or massif et même de pierres précieuses. Des armoires...
Sur le sol, un épais tapis. Des fauteuils, normaux, ceux-ci. Un immense visiophone et la bibliothèque de bandes d’enregistrement qui va avec. Il y a là des milliers d’enregistrements. Deux fenêtres aussi. Je m’y précipite... A plus de cinquante mètres en dessous de moi, la savane. J’essaye l’espagnolette. Je peux ouvrir et je me penche dehors.
On m’a enfermé dans une sorte de tour immense qui se dresse au milieu de la plaine. Je me retourne. Face aux fenêtres, une porte à double battant. Immédiatement, je traverse la pièce pour aller l’essayer... Fermée !
Naturellement... C’est une lourde porte d’un bois qui ressemble à notre chêne terrien. Elle est inébranlable et, bien sûr, je suis sans arme. On m’a enlevé et mon pistolet et mon fulgurant.
Mon compensateur de gravité également.
Je regarde dans mes poches. Elles, on ne les a pas fouillées et, dans la première, je découvre un gros couteau à cran d’arrêt. Ce ne sera pas grand-chose si je suis amené à me battre avec un robot, mais c’est tout de même mieux que rien.
Des allumettes, des cigares, mon mouchoir... C’est tout ! On ne bourre généralement pas les poches d’une combinaison spatiale.
Et mes compagnons?... Felton, les trois femmes et mon « double » ? Pourquoi les robots nous ont-ils séparés ? Bizarre, mais je n’éprouve
aucune crainte. Ce qui m’arrive en ce moment
me paraît une simple péripétie.
Je ne sais pas pourquoi !
Une tour au milieu de la plaine ! Je ne comprends pas et je vais ouvrir la seconde fenêtre. En m’asseyant sur son entablement, j’examine la muraille. Elle est droite, mais pleine d’aspérités.
Elle ressemble à une paroi rocheuse semblable à celles que gravissent les alpinistes. En me penchant encore un peu, j’aperçois, à environ trois mètres au-dessus de ma tête et à six mètres à peu près sur ma droite, une autre fenêtre.
Du regard, je mesure mes chances. Les prises et les aspérités sur lesquelles je pourrai poser les pieds. A cinquante mètres de hauteur, ce sera tout de même assez vertigineux.
De toute façon, il n’est pas question que j’attende patiemment que les robots prennent une décision à mon sujet et arrivent en nombre pour l’appliquer. S’ils ne m’ont pas tué tout de suite, c’est qu’ils espèrent encore obtenir quelque chose de moi.
Pas nécessairement. Il se peut aussi que je les gêne, mais que leur conditionnement leur interdise de me tuer. Non... Si c’était vrai, ils n’auraient pas coupé les têtes de Staran, de Talmon et de Klinia dans la forteresse de cette dernière.
Donc, je dois tenter l’impossible pour m’échapper le plus vite possible.
Encore un coup d’œil à la paroi. J’estime avoir soixante pour cent de chances. Peut-être... Et si j’enlève mes bottes pour que mes pieds accrochent mieux les saillies...
Disons entre soixante et quatre-vingts pour cent de chances. Une excellente moyenne, bien que j’aie soudain tendance à la surestimer pour me remonter le moral.
J’enlève immédiatement mes bottes et je les attache à ma ceinture de façon qu’elles ne puissent pas gêner mes mouvements. Je n’ai aucune idée de l’heure, mais, avant que la nuit soit tombée et que les tatras hantent le ciel, j’aurai atteint la fenêtre que je guette.
Ou j’aurai basculé dans le vide, ce qui réglera définitivement la question.
Terriblement difficile, ma progression. Je suis en nage. S’il ne s’agissait que de grimper, ce serait relativement facile, mais il y a six mètres à combler horizontalement.
Deux fois, déjà, je me suis trouvé sans la moindre prise à portée de la main et j’ai dû me
servir de mon cran d’arrêt pour m’en créer une artificiellement, en le plantant entre deux pierres.
Soudain, sous mes doigts, j’en sens une presque descellée. A l’aide de mon couteau, j’entame ce qui reste de mortier. C’est une assez grosse pierre, rectangulaire, soixante centimètres de long, quinze de large. Lentement, je la fais glisser. Je l’arrache, un peu comme s’il s’agissait d’une dent.
Enfin, elle bascule. Ça va me permettre de m'élever de près de cinquante centimètres d’un seul coup et de disposer d’un point d’appui vraiment solide.
La sueur ruisselle sur tout mon corps et mes muscles commencent à être douloureux. Je serre les dents. Une bonne prise... Je me hisse. Mon pied droit atteint une aspérité, puis le gauche, l’excavation que je viens de me créer. Encore un effort... Cette fois, j’ai les deux pieds dans l’excavation et je me repose un peu, plaqué contre la muraille et n’osant pas baisser les yeux. La fenêtre que je vise est tout près, maintenant, à portée de la main, mais les miennes sont moites.
J’aspire une grosse bouffée d’air, j’emplis mes poumons et, soudain, j’aperçois une espèce de gargouille. Si je pouvais y glisser le pied droit, ma main atteindrait une prise sensationnelle.
C’est faisable, mais, durant une ou deux secondes, je serai en déséquilibre. Un mince sourire joue sur mes lèvres.
J’ai déjà pris des risques beaucoup plus grands. Je chasse l’air de mes poumons et je me lance. Mon pied droit s’enfonce dans l’espèce de gargouille et ma main droite vise l’aspérité qui peut me sauver. Un instant, j’ai l’impression qu’elle va la rater, mais elle se referme dessus et je me hisse. Bon Dieu ! Dans l’élan, ma main gauche atteint le rebord de la fenêtre vers laquelle tendaient tous ces efforts.
Ouf!... J’assure ma prise et je souffle encore une seconde, avant de repérer une nouvelle saillie qui me permet, cette fois, d’atteindre l’entablement.
J’ai réussi. Je m’assieds et j’essuie mon front avec un petit rire nerveux, un rire de victoire. Puis, je regarde à travers la vitre... Une chambre semblable à celle où je suis revenu à moi.
Un instant, je crains que ce ne soit une autre cellule et j’appréhende d’y trouver un autre de mes compagnons.
Non... Un soupir de soulagement, puis, avec le manche de mon couteau, je cogne de toutes mes forces contre la vitre. Elle est incassable. Logique, puisque les nuits ici sont hantées par les tatras.
A l’aide de la lame de mon couteau, j’entame le cadre de bois à la hauteur de son système d’ouverture. Une chance... Malgré sa solidité et son épaisseur, la lame de mon couteau est aussi tranchante que celle d’un rasoir et mon travail, après un début laborieux, commence à avancer rapidement.
Chacun de mes mouvements enlève un large copeau et, petit à petit, je creuse en arc de cercle une ouverture qui entoure la poignée de la fenêtre. Brusquement, elle cède. Les deux battants s’ouvrent en même temps et, comme je m’appuie sur eux, je bascule dans la pièce.
Immédiatement, je suis pris d’une terrible peur rétrospective. Je suis tout de même resté en suspension au-dessus du vide durant plus d’une heure. Mes mains se mettent à trembler et j’ai peine à reprendre mon souffle tout en riant nerveusement.
Ça dure jusqu’à ce que je remarque que la porte de la chambre dans laquelle je me trouve est entrebâillée. Ça signifie que je suis vraiment sauvé et ça me rend immédiatement tout mon calme et toute ma lucidité.
Je me relève et j’enfile mes bottes. Puis, j’avance prudemment vers la porte. J’en pousse doucement le battant. Elle donne sur le palier d’un large escalier tournant.
Autour de moi, tout est silencieux. Je descends...
La porte de la chambre où j’étais enfermé... Elle est bouclée par un énorme verrou. Je n’y touche pas. A quoi bon ? Je continue à descendre...
Troisième palier, troisième chambre. Celle-là doit donner sur l’autre côté de la tour et sa porte est ouverte. J’y entre et je vais tout de suite à la fenêtre.
De nouveau, la plaine infinie, la plaine sauvage dans laquelle j’aperçois un troupeau d’antilopes, puis un éléphant gigantesque et solitaire.
Sans compensateur de gravité, je n’aurai guère de chances de pouvoir quitter cette tour, à moins de trouver des armes. Brusquement, j’ai comme un vertige et je dois me raccrocher à un meuble pour ne pas tomber.
Ma tête paraît se vider et je me mets à penser à Felton.
Je le revois dans la jungle de Karasan. C’est vieux, ça, vieux d’environ sept ans. Je le revois entraîné par deux grands oiseaux à forme humaine.
Je sais qu’il est perdu si je ne le délivre pas immédiatement. Si je permets aux hommes-oiseaux de s’envoler avec lui, je ne le retrouverai jamais, car personne ne sait, sur Karasan, où ils ont leurs repaires. Dans un réflexe, j'épaule mon fusil, je vise et je tire.
— Vous auriez pu le toucher ! s'écrie Lydia.
— Mais il n'y avait rien d’autre à faire, répond Felton.
Je poursuis :
— Il s’agissait de viser juste, à près de deux cents mètres.
Un des hommes oiseaux s’écroule et l’autre se retourne avant d’empoigner Felton pour s’en faire une sorte de bouclier. Dans son micro, Felton me hurle : « Ne le laisse pas m’emmener, Tarquin. Je préfère la mort. »
— Exact, remarque Felton. Je me souviens d’avoir crié cela.
Heureusement, l'homme-oiseau est un peu plus grand que lui. J’ai donc une chance et je lâche mon second coup. Un instant de terrible émotion, puis je vois Felton se dégager en poussant un grand cri de joie qui m’emplit les oreilles...
— Je comprends que vous soyez devenus inséparables, murmure Elsa.
— Nous allons pourtant nous quitter aujourd’hui.
— Pour quelques mois. Il viendra vous rejoindre dès qu’il m’aura ramenée.
— Ce sera tout de même une séparation.
— Mais, enfin..., de quelques mois seulement.
— Montez à bord, maintenant.
Un instant, je reste hébété, car j’ai l’impression d’avoir vécu cette conversation absurde. J’y étais vraiment, d’une part, sept ans en arrière, et, en même temps, quelque part sur un spatiodrome. Je secoue la tête. Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi ce souvenir m’est-il brusquement revenu avec tant d’acuité, et sous forme d’un dialogue avec Felton et les trois femmes ?...
Je dois devenir fou. En tout cas, c’est passé. Je retourne dans l’escalier avec un sentiment de vide dans la tête et je continue mon inspection. Encore un palier et une porte ouverte.
La pièce dans laquelle j’entre contient deux sarcophages dans lesquels l’épais liquide argenté qui recouvre les corps endormis d’un homme et d’une femme bouillonne.
Je m’approche de ces sarcophages, et, immédiatement, un robot se dresse devant moi. Bandant toute ma volonté, j’oppose toute ma force mentale à la sienne. Et j’ai l’heureuse surprise de sentir immédiatement que je suis le plus fort.
C’est un robot de la série des Val, et il porte le numéro 46.
— Où sommes-nous ?
— Dans la tour de Sciavi.
— On dirait une forteresse.
— C’en est une.
— Avec des installations militaires dans le sous-sol ?
— Comme dans toutes les forteresses.
Je n’en espérais pas autant !
— Dans les niveaux inférieurs, y a-t-il d’autres robots ?
— Pas pour le moment.
— Alors, conduis-moi.
Ce que je ne veux pas, c’est qu’ils se retrouvent à trois ou quatre en face de moi et qu’ils parviennent, en unissant leurs efforts, à me dominer mentalement.
Toujours pas d’ascenseur et je dois descendre d’innombrables marches derrière mon guide qui, lui, se contente de léviter avant d’arriver dans ce que j’appelle l’arsenal.
Maintenant, je peux me considérer comme sauvé et, comme je n’ai plus besoin de Val 46, je lui ordonne de se désamorcer.
Il m’obéit et, tout de suite, je me sens plus rassuré. Autour de moi, les armes s’entassent.
Des armes de Thana, mais il me suffit de les voir pour en comprendre le fonctionnement.
D’abord, un compensateur de gravité. Je choisis le modèle le plus puissant et j’en passe le harnais autour de mes épaules avant de boucler la ceinture sur mon ventre.
C’est ce qui me sera le plus utile pour traverser la plaine. Après le compensateur de gravité, je choisis un laser, qui s’enfile comme un gant et dont le canon émetteur se fixe à l’index et la réserve d’énergie au poignet, comme une grosse montre.
Une arme à peu près instantanée. Pour tirer, il suffit de replier l’index en abaissant un crochet avec le pouce. Du moment qu’on ne coordonne pas exactement ces deux mouvements, on ne peut pas lancer le mortel faisceau et on n’éprouve aucune peine à se servir de sa main.
Tiens... Un serre-tête. Qu’est-ce qu’il peut bien faire au milieu de toutes ces armes ?... Je sais que c’est un amplificateur, un amplificateur psychique. Ah ! oui... Avant l’époque des maîtres, on avait mis au point une technique de combat qui opposait les forces mentales.
Ça pourrait sans doute m’être utile contre les robots, si, par exemple, je devais en dominer plusieurs en même temps, comme j’ai dominé Val 46.
Ici aussi, je choisis le modèle le plus puissant et je m’en coiffe. Qu’est-ce que je ressens ?... Rien. J’ai seulement l’impression d’être plus grand, immense même, par rapport à ma taille initiale.
Plus grand!... C’est stupide. Je m’approche de Val 46 et je le réactive. Puis, je pense à Lydia. Où peut-elle être en ce moment ? Mentalement, je m’adresse au robot :
— Sommes-nous le matin ou l’après-midi ?
— Le matin, dans la neuvième heure.
— Parfait. Par rapport à Trasor, où se trouve la forteresse de Sciavi ?
— Au nord.
— Loin ?
— Tout dépend du moyen de locomotion que tu emploieras.
— Mon compensateur de gravité.
— Environ deux heures.
Ce qui me permettra de rejoindre Trasor au milieu du jour.
— Quand m’a-t-on amené ici ?
— Hier dans la soirée.
— Seul ?
— Oui.
— Qui m’a amené ?
— Deux Vor qui sont repartis... Vor 16 et Vor 63.
Pourquoi seul ? A première vue, je ne vois qu’une seule explication pour qu’on nous ait séparés. Je suis le seul à parler le thanien et à pouvoir imposer ma volonté à certains robots.
Aux robots isolés, en tout cas. Pour me dominer, ils doivent se mettre à plusieurs et, maintenant que je possède un amplificateur psychique, ça devrait être encore plus difficile pour eux.
N’empêche qu’il va falloir que je détruise systématiquement toutes ces machines, du moins tant que je n’aurai pas trouvé le moyen de modifier leur conditionnement.
Ce moyen, je le connais, mais je ne parviens pas encore à l’arracher à ma mémoire.
Dépité, j’ordonne à Val 46 de me précéder, puis je lance mon compensateur de gravité pour le suivre. Très vite, nous nous retrouvons au rez-de-chaussée.
Avant de partir, il faut que je coupe le circuit d’alimentation de Val 46. J’aurais même dû le faire immédiatement de façon qu’il ne puisse avertir ses semblables.
Ils doivent tous nécessairement être reliés les uns avec les autres par un système d’émetteur-récepteur.
J’aurais dû y penser, mais, en même temps, j’avais besoin d’arracher au robot les renseignements qu’il m’a fournis.
Pour la seconde fois, je l’oblige à se désamorcer, puis j’ouvre la porte de la tour, juste à temps pour apercevoir dans le ciel deux robots de combat... Les Vor, qui foncent dans la direction de la tour.
Ainsi que je viens de le penser, Val 46 avait bien donné l’alerte tout en me répondant. Mais, de toute façon, maintenant, ça a tout de même moins d’importance.
D’abord, je suis armé, ensuite, je possède un amplificateur psychique qui augmente considérablement ma puissance mentale, à peu près de un à cent.
Je laisse la porte de la tour ouverte et je me réfugie dans l’escalier conduisant aux niveaux inférieurs.
Les deux robots de combat passent devant moi et s’engagent immédiatement dans l’escalier conduisant aux étages supérieurs. Leurs antennes de détection ne sont pas branchées puisqu’elles ne leur ont pas signalé ma présence aussi près d’eux. Une chance !
Mais je me demande si je pourrai les dominer tous les deux en même temps. Il me semble que, grâce à mon amplificateur psychique, ça devrait être possible, car, après tout, je n’ai eu aucune difficulté avec Val 46.
Absolument silencieux grâce à mon compensateur de gravité, je me lance derrière les machines de combat. Contre elles, mon rayon laser serait inopérant. Il faut absolument que je m’en rende maître mentalement, ou je suis perdu.
Je les rejoins devant la double porte de la chambre où l’on m’avait enfermé. Ils ont branché chacun un de leurs bras articulés. J’ai d’abord l’impression que c’est contre la porte, puis je m’aperçois que c’est à travers.
Bandant toute ma volonté, je pèse sur la leur et je ne sens aucune résistance. Je me rends compte tout de suite. Immédiatement, je les sens en mon pouvoir.
Un peu ahuri par cette rapide victoire, je demande :
— Qu’êtes-vous venus faire ici ?
— Tuer l’habitant de cette chambre.
— Qui est-ce, selon vous ?
— Je l’ignore.
Ils répondent l’un après l’autre et ils n’essayent même pas de réagir contre mon influence mentale. Seulement, l’effort que je fais est tout de même trop intense et je préfère m’avancer pour les désamorcer tous les deux.
Contre toute logique, ils se laissent faire sans m’opposer la moindre résistance.
J’aurais peut-être dû les interroger davantage, mais la tension nerveuse que cela exigeait me fatiguait trop. Je pousse un soupir et j’ouvre l’alvéole dans lequel se trouve la bande de conditionnement du premier robot Vor 11.
Dès que je l’ai sortie de sa cachette, je la jette à terre et je la détruis avec mon laser. Ainsi, je n’aurai plus affaire qu’à une seule machine et je me sens plus à l’aise.
Je prends donc le risque de le rebrancher.
— Où sont les autres Terriens qui ont été pris en même temps que moi ?
— Partis.
— Comment cela ?
— Tu leur as donné un grand vaisseau spatial.
— Moi ?
Je ressens comme un flottement. Quelque chose ne tourne pas rond dans toutes ces
histoires.
— Tu prétends que c’est moi qui leur ai donné un vaisseau spatial ?
— Oui.
— Quand ?
— Il y a environ une heure.
— C’est impossible, puisque j’étais ici.
Le robot n’ajoute rien. Mais je me souviens du rêve que j’ai fait, tout éveillé, et durant lequel je dialoguais avec Elsa, Lydia, Marfa et Felton.
— Et le grand réveil, où en est-il ?
— Il suit son cours.
— Et pourquoi ai-je décidé de renvoyer mes compagnons ?
— Je l’ignore.
— Ils ont obéi ?
— On t’obéit toujours, car tu es le maître.
— Et c’est sans doute moi qui t’ai ordonné de venir ici pour assassiner l’habitant de cette chambre ?
— Oui.
— Et je t’ai donné l’ordre de le tuer sans ouvrir la porte ?
— Avec du gaz.
Moi... Moi... Mon « double »... Mais ce n’est pas mon double. Depuis le début, j’ai été berné. Je n’ai jamais eu de double. C’était Harrar...
Contrairement à ce qu’il ma dit, le transfert avait réussi, mais il ne fallait pas qu’on le sache. Pas avant qu’il ait liquidé tous les autres maîtres. Et c'est ce qu’il a fait pendant qu’on le prenait pour un être sans raison.