CHAPITRE VII

 

 

— Alerte… alerte.

Les diffuseurs, noyés dans les parois, répétaient le signal. Dans la salle, quatorze silhouettes se redressèrent. Certaines avec peine, d’autres plus vite. La 122 était devenu squelettique et tout le monde prenait l’alerte.

C’était la troisième de la journée.

— Secouez-vous, bon Dieu !

Le chef d’Escadre Padge restait avec ses pilotes alors qu’il bénéficiait d’un petit bureau avec un fauteuil-couchette. C’était un petit type, mince comme un couteau de cuisine, les yeux à moitié dissimulé derrière des sourcils épais comme une chevelure.

Il avait eu du mal à s’imposer, Padge ! Venant derrière un personnage aussi exceptionnel que Rahl, il se heurtait à trop forte partie. Il avait eu l’intelligence de ne rien tenter, rien changer. Mais, au combat, c’était le patron et il l’avait tout de suite fait sentir. 

Il le pouvait, d’ailleurs. Trente-neuf victoires et une technique irréprochable. Il savait placer ses éléments pour coincer le groupe ennemi. C’est avec lui qu’ils avaient détruit le plus grand nombre de Raiders. Dommage seulement que ces victoires-là ne se comptent pas… Encore que Gurvan n’en ait toujours descendu aucun. En N°2 fidèle, il laissait tirer son leader, protégeant ses arrières.

Les dernières semaines il avait continué à s’entraîner avec Sank qui avait fini par lui avouer son impuissance.

«— Ça se passe dans ta tête, mon gars. Tu es l’un des pilotes les plus précis que je connaisse. Mais ça ne te suffit jamais. Il faut toujours que tu ailles peaufiner une trajectoire, un virage. En vitesse d’exécution tu n’as rien à envier à personne. La preuve, tu restes derrière ton N° l, maintenant, tu le reconnais toi-même. Vraiment, je ne comprends pas ce que tu te reproches ! Sincèrement, je ne peux plus rien t’apporter. Tu as davantage besoin de te reposer, tu as une mine affreuse. Pour moi c’est fini. Je ne veux pas avoir ta disparition sur la conscience parce que tu seras trop crevé. Je raccroche. »

C’était quatre jours auparavant et ça tombait à point, les attaques s’étaient multipliées. Dès trois heures du matin ils étaient dans la salle de repos, attendant une mission, ou en salle d’alerte, comme aujourd’hui, en combinaison de combat, dormant, effondrés dans les fauteuils. 

Gurvan laissa sa main pendre à sa droite, sans même regarder. Elle trouva le casque et il donna un coup de reins pour se lever.

Il entrevit Dji qui cavalait déjà vers la porte donnant accès aux sas d’entrée dans le hall de décollage. Quand il la franchit, il s’aperçut qu’il était le dernier et accéléra, grimpant à la volée les marches de l’escalier mobile descendant du plafond et permettant à chaque pilote de se glisser dans son poste.

A peine les deux pieds à l’intérieur il vit passer sur le côté la dernière marche de l’escalier qui remontait vers son logement ! Un auxiliaire était là, casqué, à califourchon sur le dos de la Saucisse, basculant en arrière le siège pour qu’il puisse se glisser et s’attacher. Ces types étaient d’un dévouement peu commun avec les pilotes. La veille, l’un d’eux avait trop tardé. Il était encore dans la salle quand les portes s’étaient ouvertes… Pauvre diable.

L’auxiliaire avait enclenché les séquences de veille du propulseur. Ce n’était pas à lui de le faire mais il gagnait ainsi huit secondes à Gurvan qui lui jeta un regard reconnaissant. Quand la Saucisse fut prête, il avait rattrapé son retard. Djakar fermait la visière de son poste. 

Gurvan entendit la voix de Padge, à la radio, demandant l’ouverture des portes. Pendant qu’elles commençaient à glisser, il lança pour l’Escadre :

— Briscard Autorité à tous, des Raiders ont pu franchir le second rideau. On va tenter de les intercepter le plus loin possible. Ne vous occupez pas des Géos qui voudront entamer le combat. C’est une manœuvre pour nous amener à laisser passer les Raiders. On fonce par patrouille de décollage.

Les quatre premières Saucisses décollèrent pratiquement ensemble, déjà la seconde patrouille, commandée par Djakar, avec Gurvan en N°2, s’alignait et mettait la puissance.

Il n’eut aucune difficulté à contrôler la poussée, ses mains se déplaçant sans temps de retard sur les commandes. Il était désormais totalement à l’aise en vol. Ça au moins était vrai. Les leçons de Sank avaient porté.

Les quatre silhouettes de la première patrouille étaient illuminées, au centre de l’image, par les lueurs du propulseur. Ils étaient en surpuissance. Pour un combat dans l’entourage proche du 6021, les réserves d’énergie étaient confortables. Inutile d’y veiller particulièrement. C’était un souci de moins. 

Gurv alluma le système de visée et le cercle vert apparut, devant ses yeux, au milieu de l’écran.

— Passez en fré-comb, ordonna Padge.

Tout de suite le vacarme. Comme à l’ordinaire tout le monde parlait ensemble. Mais c’était une façon d’évaluer la situation.

Apparemment les Saucisses étaient, une nouvelle fois, surclassées en nombre. Ce qui restait du premier et du second rideau s’accrochait aux basques des formations de Raiders, essayant d’éviter les attaques des Géos venant protéger les leurs.

— Contrordre, annonça la voix de Padge. Les autres vont s’occuper des Raiders, on va les soulager en engageant les Géos. Restez par paires et choisissez des objectifs précis. Pas de plongée au hasard dans la mêlée. Attention… Làààààààà…

Djakar avait basculé sur la droite, comme il aimait à le faire pour revenir avec une vitesse accrue sur les bords des formations ennemies. Gurvan suivit sans difficulté, surveillant son écran témoin de sécurité arrière.

Les Saucisses avaient été munies d’un système tout simple. Un objectif grand angle était braqué en permanence sur leur arrière, dans l’axe, permettant de déceler un Géo en train de se mettre en position de tir. De cette manière, les N°2 pouvaient mieux garantir leur sécurité personnelle, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ils étaient régulièrement les premiers abattus. Et pour cause. Le système avait été monté depuis dix jours et, déjà, la cadence des pertes en combat s’était stabilisée. Pour l’instant tout était clair derrière lui et Gurvan se concentra sur la bagarre, devant. Padge était au contact. Deux lueurs blanches apparurent dans le vide. Amis, ennemis ? 

Le thermique de Djakar laissa partir sa traînées claire en direction de deux Géos qui paraissaient soudés l’un à l’autre tant leur vol en formation était parfait. Ils dérapèrent ensemble, évitant l’attaque.

Moins maniables que les Saucisses ou pas, ils évoluaient à une vitesse folle…

Un coup d’œil dans l’écran arrière… Un Géo était en train de s’aligner !

— Briscard Rouge 2, du monde derrière moi, lança Gurv, je dégage par la gauche. Il avait tout balancé dans la même fraction de seconde et eut à peine le temps de voir simultanément Djakar qui virait du côté opposé et la rafale de thermique passant au ras de sa queue… Il disparut de l’écran. Fini pour aujourd’hui, la paire, Gurvan se retrouvait seul encore une fois. Il ne chercha pas un autre isolé, s’appliquant à ne pas se laisser embarquer hors de la mêlée. 

« Tu as une sacrée bonne main, mais tu « sens » tellement ton appareil que tu corriges AVANT que les manifestations ne se produisent. Tu fais en permanence du sur-contrôle. »

La phrase de Sank lui revint alors qu’il s’efforçait de remettre la Saucisse dans l’axe du virage. Il secoua la tête, songeant fugitivement que son copain avait probablement raison.

Un Géo surgit de la droite, derrière une paire occupée à attaquer quelque chose qu’il ne voyait pas. De la main gauche il fit rapidement déraper son appareil pour amener l’engin ennemi au centre du système de visée… et reprit l’axe au moment où son pouce pressait le bouton de mise à feu.

Remise dans l’axe la Saucisse lança sa rafale dans le vide… Sidéré par ce qui s’était passé, il continua droit durant trois secondes.

Il venait de comprendre ! Voilà pourquoi il mettait tout à côté. Obsédé par la position de son appareil il ne supportait pas d’être décentré, de voler dans une position anormale. Ses réflexes agissaient malgré lui… et il loupait tout !

Pas le temps de poursuivre, il encaissa une rafale sur l’arrière. Tout de suite la chaleur fut infernale, dans le poste, malgré sa combinaison.

Tout se passa très vite, dans sa tête. La rage de se faire abattre au moment où il avait enfin saisi… Le refus de mourir, là ; maintenant… Il devait y avoir une solution… Les voyants de sécurité étaient tous au rouge et l’avertisseur sonore hurlait.

Derrière, le Géo devait être entrain de l’aligner tranquillement pour donner le coup de grâce…

Le propulseur était éteint… Il inclina sèchement la commande de positionnement et les tuyères latérales crachèrent. La Saucisse vira avec une terrible brutalité.

L’écran arrière était noir, bien entendu, et il ne savait pas si l’autre était encore là. Il entama un second virage, immédiatement interrompu pour une trajectoire ascendante.

— Briscard Rouge 2, quelqu’un peut me dire si je suis toujours poursuivi ? Propulseur éteint.

Il s’étonna du calme de sa voix. A l’intérieur tout bouillonnait en lui.

— Gurv… où es-tu ?

La voix de Dji ! Elle avait raison. Sans donner sa position, personne ne pouvait lui répondre. Mais il ne fallait pas qu’elle vienne dans ce coin. Trop encombré !

— Merci, ça va, maintenant.

— Où es-tu ?

Elle avait haussé le ton. Pas le moment qu’elle se fasse du souci pour lui, bon Dieu. Il reprit, sèchement :

— Concentre-toi. Ça va. Elle dut comprendre le message et ne répondit pas. Restait à se sortir de ce piège. Le Géo devait avoir filé ailleurs sinon il aurait tiré de nouveau.

Son cerveau tournait très vite, maintenant. Il s’efforçait de ne pas regarder les voyants de température. De toute façon il ne pouvait rien faire… Si, la charge manuelle. Les sondeurs automatiques de température avaient du lâcher les extincteurs mais il restait encore la charge manuelle. Il fallait déterminer l’endroit le plus chaud…

Tout le bloc central du propulseur était hors circuit. Impossible de savoir ce qui s’y passait. Si les réserves d’énergie encaissaient une élévation brutale tout sauterait. Un miracle que ce ne soit pas encore fait !

Les trappes de verrouillage des patins… Il existait un système pour faire sauter les freins des trappes, avec des fixations explosives, pour le cas ou les patins ne voudraient pas descendre. Les trappes ouvertes, la température baisserait considérablement dans les logements. Et ils étaient immédiatement contre le troisième étage du propulseur, au centre… 

Il pressa les trois contacts, sur l’extrême gauche du tableau et sentit les légères secousses. Ça avait marché. En tout cas, les trappes avaient surement disparu.

Curieusement, il nota l’apparition des voyants verts indiquant que les patins étaient descendus !

Pas d’importance.

Il continuait à changer d’axe d’évolution pour échapper autant que possible à un tir.

Soudain ce fut fini. Il se rendit compte qu’il était sorti de la zone de combat. La chaleur était toujours aussi infernale mais apparemment elle ne montait plus…

Impossible de savoir ce qu’il restait d’énergie pour alimenter les tuyères latérales d’évolution. Sa vitesse était toujours la même qu’au moment de l’attaque, bien sur. Il tenta d’animer le calculateur de route… Rien. La centrale de navigation était HS depuis le début, forcément, puisqu’elle se trouvait à la hauteur du deuxième niveau du propulseur.

Il fallait faire une estimation… Le positionnement gyroscopique ralentissait, mais était encore stable. Il fallait profiter de ses dernières minutes de fonctionnement pour situer le Porteur. Voyons, ils avaient suivi un cap aller dans le H 27, ça voulait dire que le cap inverse, pour rentrer, était le U73… si le 6021 n’avait pas trop bougé, alors qu’il était l’objet d’une attaque ! 

Tant pis, pas le choix, et si le porteur s’était déplacé, il était impossible de deviner sur quel axe, alors ?

Gurvan commença à modifier sa trajectoire, uniquement aux latéraux, procédant par petites pressions imperceptibles pour éviter de trop consommer. C’était le moment ou jamais de piloter en finesse !

De toute façon il faudrait qu’il modifie tout au long du retour la position de la Saucisse. Sans accélération, même un ordinateur n’aurait pas pu placer l’engin sur l’axe exact en une seule altération de position.

Jamais il ne s’était autant concentré. Il. savait que la moindre erreur d’estimation serait définitive.

Au bout d’une demi-heure, il commença à appeler par radio, sur la fré-comb et sur le général Sans indication, il ne savait pas ce qui fonctionnait encore. La fré-comb devait toujours émettre puisque Dji l’avait entendu, tout à l’heure.

L’écran frontal se mit à clignoter. L’image disparaissait durant une fraction de seconde puis revenait. Gurvan le scrutait, cherchant la silhouette du 6021. Menacé par des Raiders proches, il ne devait pas être éclairé comme à l’ordinaire, lors des retours de missions. 

Gurv émettait inlassablement son appel de détresse et sa route. Il ne pouvait faire plus. Brutalement l’écran s’éteignit. Les circuits avaient lâché… L’éclairage rougeâtre de secours s’alluma et Gurvan eut un coup au cœur. Une brusque nausée. C’était fini ?

Il leva sa main gantée, sur le point de débloquer la visière pour essuyer son visage en sueur…

Se retint au dernier moment. La température devait être terrible dans le poste. Le dessus de ses gants avait changé de couleur. C’était la partie la plus fragile de la combine, forcément, pour garder de la souplesse à ses mains.

Lentement il se remit du choc, luttant contre l’impression d’écrasement des parois, là, juste devant son visage. Jamais il n’avait remarqué combien le poste de pilotage des Saucisses était petit. En penchant la tête en avant il aurait pu toucher l’écran, éteint, du sommet de son casque. En vol, avec la vue sur l’extérieur, rien de cela n’apparaissait. Le regard se perdait vers les étoiles, au fond.

Le temps passa sans qu’il puisse l’apprécier. Il avait recommencé ses appels, plus pour s’occuper que par conviction. Il refusait de s’avouer vaincu, d’accepter l’évidence, à savoir qu’il allait se perdre dans l’espace… 

Un léger choc le fit sursauter… Un second… On aurait dit que quelque chose venait frapper la coque…

Ça semblait venir du dessus, derrière… cette fois il y eut plusieurs heurts presque simultanés… Il comprit d’un seul coup. Un Tracteur était en train de tenter de l’agripper !

Sa main se rua vers le système de libération des logements pour les pinces du Tracteur. Il y eut une série de craquements et les quatre voyants correspondant s’allumèrent faiblement sur le tableau de secours. Comment diable pouvaient-ils fonctionner ? Il ne s’y attarda pas, trop heureux de sentir la Saucisse trembler.

Les pinces étaient en place !

Finalement la réception de la fré-comb ne devait plus fonctionner, mais l’émission, oui, puisqu’on était venu à son secours.

— Je ne sais pas qui tu es, mon vieux, mais apprête-toi à passer un moment pénible à bord, il émit. Je te ferai le bisou !

Il se demanda aussitôt ce qui avait pu lui faire dire une connerie pareille ? La décompression, surement. Il renversa la tête en arrière contre le sommet du dossier, pour se décontracter et gouter ce moment.

Dans l’atmosphère rouge du poste il ne put que deviner l’approche et l’appontage. Il attendit, en paix maintenant, qu’on le délivre. Il y eut des bruits stridents… On devait scier la coque, ce qui signifiait que le couvercle du poste était soudé par la chaleur…

Et puis la lumière apparut et il distingua un visage.

— Ça va ?

Le gars avait l’air inquiet.

— Tu ne peux pas savoir ce que je suis content de te voir, mon brave, du fond de mon gouffre dix siècles de Gurvan te contemplent.

Le type eut l’air sidéré, se demandant visiblement ce qui se passait. Puis il sourit devant la mine réjouie du pilote qui commençait à s’extirper.

Sur le pont il se retourna pour jeter un œil à la Saucisse et eut de la peine à assimiler ce tas de ferrailles fondues au S04 qu’il avait décollé plus tôt. Tout l’arrière ne faisait plus qu’un bloc qui pendait sur le côté. Le ventre de l’appareil était aplati et les synthétôles étaient fripées !

Comment cet engin avait pu le ramener ? Il y avait foule autour de l’épave. Tous les auxiliaires inoccupés étaient là, aussi effarés que lui. Des gars secouaient la tête, ayant de la peine à croire que la Saucisse avait volé comme ça. 

Il jeta un œil autour de lui, à la recherche de la combinaison rouge du pilote du Tracteur qui l’avait ramené. Personne. Le gars avait du le prendre au sérieux…

Sank lui amènerait le type en question, de gré ou de force. Il enleva son casque, se cogna le crâne et jura, comme d’habitude. Les auxiliaires se dispersèrent après lui avoir donné chacun une tape dans le dos. Les premières lui parurent exprimer leur étonnement puis il comprit. Ils jaugeaient sa chance et venaient en prendre une part en le touchant ! Il faillit se mettre en boule puis sourit. Après tout…

En franchissant les portes des sas il remarqua les trainées brunâtres, sur le sommet de son casque. Il avait commencé à fondre !

Personne n’était encore rentré, dans la salle d’alerte. Il se déshabilla lentement, récupérant sa tunique, puis laissa sa combine sur le sol. Elle était fichue. Il s’allongea à demi dans un fauteuil-couchette pour attendre les autres. Et s’endormit.

Quand il s’éveilla, les gars étaient là, le regardant en silence. C’était ces regards qui l’avaient sorti du sommeil.

— Eh, les voyeurs, c’est pas beau, ça.

— Bon Dieu, Gurv, fit Djakar, on a vu ta Saucisse là…

Il fit un geste vague du bras.

— … T’es vraiment rentré avec ça ?

— Non. En réalité je l’ai tirée derrière moi. Crevant !

Ils hésitèrent, tous, à rire. Il y eut quelques gloussements puis Dji apparut. Elle avait les lèvres serrées, lui jeta un regard en colère et passa dans la salle à côté.

Djakar secoua longuement la tête.

— Tu sais que tu es vraiment un gars à part ? N’importe qui aurait sauté, ou aurait été fini par un autre Géo, ou encore se serait paumé sur le retour ou ailleurs… Mais toi tu ramènes ton engin… Tu sais que les auxiliaires l’ont balancé ? Ils ne pouvaient rien en tirer. Rien, tu entends, pas la moindre tôle !

— Je te signale que ma combine est foutue aussi. Désolé pour le matériel mais il m’en faut une autre.

— Comment tu te sens ?

— Maintenant ça va, j’ai dormi en vous attendant. Il y eut de vrais rires, cette fois.

— Passe au magasin de matériel et rejoins-nous au mess. On fête quatre victoires sans perte. Dont deux de Dji. Fortiche, hein ?

Gurvan sentit une bouffée de joie. Plus que deux et elle serait tout à fait tranquille… si elle passait le tour d’opérations.

Au magasin il eut une surprise. De nouveaux modèles de combines et de casques entraient en dotation dans les unités, au fur et à mesure des demandes. Plus résistantes à la chaleur, expliquait l’auxiliaire, plus légères et souples aussi. Et un casque différent, argenté, plus petit et moins lourd.

Beaucoup d’allure, aussi !

Gurvan l’essaya… et ne se blessa pas la tête.

Vraiment son jour de veine.

Quand il arriva au mess, les premiers bouchons des bouteilles de Crémant des moines rosé sautaient…