CHAPITRE X

Après une nuit agitée, le sommeil troublé par des yeux insupportablement tristes et par une chevelure sombre striée de mèches blondes, Jacen s’éveilla pour trouver sa sœur debout au pied de son lit. Elle lui jeta une combinaison propre.

— Debout, paresseux ! Nous devons partir de bonne heure.

À moitié endormi, Jacen cligna des yeux.

— Où ça ? demanda-t-il en étouffant un bâillement.

Anakin apparut sur le seuil de la chambre, un sac de voyage en bandoulière.

— Je suis prêt, annonça-t-il.

— Tu n’as pas oublié notre mission diplomatique pour Anobis ? lança Jaina à l’adresse de son jumeau. Maman a trouvé que c’était une bonne idée. Elle a envoyé à papa toutes les données relatives à la planète d’Anja et à la guerre civile…

Cette fois, Jacen était tout à fait réveillé. Il se leva d’un bond.

— Où est papa ?

— Au hangar pour les vérifications d’usage sur le Faucon…

— Nous partons dans moins d’une heure, dit Anakin. Si tu arrives à te préparer assez vite… Zekk, Lowie et Tenel Ka nous attendent là-bas.

Plein d’énergie, Jacen s’habilla en quatrième vitesse.

Ils allaient donc faire quelque chose pour aider Anja. Peut-être réussiraient-ils à dissiper la tristesse qui hantait la jeune femme. C’était une vraie mission de sauvetage, comme celle des légendes Jedi que Tionne racontait à l’Académie.

— Ne vous inquiétez pas : j’arrive tout de suite, dit Jacen avec un grand sourire.

Quand il entra dans le hangar, Anakin s’affairait devant la console de navigation pendant que Jaina vérifiait les moteurs subluminiques.

Yan était en train d’expliquer leur mission à Zekk, Lowie et Tenel Ka. Apercevant son fils, il lui fit signe de les rejoindre.

— Je pense que nous ferions mieux de tous embarquer à bord du Faucon Millenium, conclut-il. Inutile de nous disperser.

— Et le Dragon de Pierre ? demanda Jacen.

— Nous pouvons le laisser ici sous bonne garde, répondit son père.

— Il a ses propres systèmes de sécurité, approuva Tenel Ka.

— Des systèmes très efficaces, renchérit DTM. J’ai eu une conversation intéressante avec eux pas plus tard qu’hier.

— Dans ce cas, la question est réglée.

Yan frappa dans ses mains et entreprit de distribuer leurs tâches aux jeunes Jedi.

Jacen se réjouit d’apprendre qu’ils voyageraient à bord du même vaisseau. Ils travaillaient bien en équipe. Ensemble, ils viendraient à bout des problèmes qui se présenteraient à eux sur Anobis.

Il venait de commencer son inspection de la coque du Faucon quand une silhouette qui ne lui était pas inconnue entra dans le hangar. Elle se dirigea vers eux d’un pas assuré, ses cheveux noirs mêlés de blond flottant derrière elle comme la queue d’une comète.

— Qu’est-ce qui t’amène ici, Anja ? lança Jacen sur un ton qui se voulait dégagé.

La jeune femme s’immobilisa devant lui.

— Après ce qui s’est passé, je voulais m’assurer que votre vaisseau n’avait subi aucun dommage.

— Ça tombe bien, dit Jacen en rougissant. Nous allions partir pour Anobis, comme tu nous l’as suggéré.

Anja ne manifesta pas la moindre surprise.

— Moi aussi, j’y retourne.

— Vraiment ? Papa, est-ce qu’il nous reste de la place à bord ? demanda Jacen.

— Ça dépend pour qui, répondit son père en se tournant vers son fils.

Il sursauta en découvrant la jeune femme.

— Anja va aussi sur Anobis, s’empressa de dire Jacen en voyant le regard méfiant qu’échangeaient Yan et la fille de Gallandro. On pourrait l’emmener avec nous. Elle nous montrera le meilleur endroit pour atterrir et nous présentera aux gens que nous devons rencontrer.

Son père regarda Anja.

— Accepterais-tu la proposition de Jacen ?

La jeune femme eut un bref hochement de tête.

— Pas pour vous faire plaisir, mais pour aider mon peuple, précisa-t-elle.

Troublé, Yan la dévisagea comme s’il hésitait à la croire.

— Très bien. Dans ce cas, bienvenue à bord du Faucon ! Tu nous en diras plus sur ta planète pendant le voyage.

Fasciné, Jacen écoutait Anja raconter le conflit qui dévastait Anobis depuis le règne de Palpatine.

— Les gens des vallées nous ont déclaré la guerre parce que nous commercions avec l’Empire. Mais ils refusaient de nous vendre de la nourriture. Que pouvions-nous faire d’autre ?

« Seul le produit de nos mines nous permettait de gagner notre vie. Si nous avions refusé de le leur céder, les Impériaux seraient venus nous le prendre de force, et nous serions morts de faim.

Lisant du scepticisme sur les visages de sa sœur et de son père, Jacen se sentit obligé de prendre la défense d’Anja.

— Les gens des vallées auraient dû vous aider, dit-il. Après tout, commercer avec l’Empire n’était pas un crime. Beaucoup de planètes membres de la Nouvelle République l’ont fait autrefois.

Anja soupira.

— Les fermiers nous ont déclaré la guerre et ils ont saboté nos mines. Ils continuent à le faire… Les tunnels s’effondrent, tuant les nôtres et compliquant notre travail.

— J’aimerais bien entendre l’autre son de cloche, marmonna Yan. Ou les autres…

En repensant à l’histoire que son père leur avait racontée la veille au sujet de la mort de Gallandro, Jacen songea qu’il aurait aussi aimé connaître la version de la partie adverse.

— Nous sommes en mission d’investigation, reprit Yan. Et nous allons comparer autant de points de vue que possible avant de décider d’une éventuelle intervention de la Nouvelle République.

Anja lui jeta un regard hautain.

— J’espère que vous saurez reconnaître la vérité quand vous la verrez.