ÉPILOGUE
Ce qu’ils sont devenus…
Varius Bassianus, dit Héliogabale
Sa mémoire fut officiellement condamnée.
Le Sénat romain ordonna que soient martelées, dans tout l’Empire, les inscriptions honorifiques portant son nom, afin que celui-ci soit effacé à tout jamais du souvenir des hommes. Les pièces de monnaie frappées à son effigie furent retirées de la circulation, ses portraits officiels détruits, ses statues jetées dans le Tibre, comme l’avait été son cadavre.
Tous les fonctionnaires du palais nommés par Héliogabale furent dépossédés de leurs responsabilités et remplacés ; tous les prostitués mâles de la cour furent condamnés à la déportation. Les bains mixtes, autorisés sous Héliogabale, furent interdits, les réserves de blé, dilapidées par l’empereur prodigue, entièrement reconstituées.
Alexanius Bassianus
Le jour même de la mort de son cousin, le jeune homme, alors âgé de quatorze ans, fut proclamé Auguste par les prétoriens dans le camp du Viminal, sous le nom de Sévère Alexandre. Durant les treize années de son règne, Mammaea continua de le tenir sous sa tutelle rigide, faisant perdurer ce matriarcat qui avait été tellement odieux à Héliogabale. Tout au long de sa courte vie (il disparaîtra à l’âge de vingt-sept ans), Alexandre resta en état de minorité et ne fut jamais vraiment adulte, encore moins peut-être que son fantasque prédécesseur.
Trop timide et hésitant pour s’imposer, le sage Alexandre fut sauvagement poignardé dans sa tente, le 18 mars 235, durant une campagne en Germanie, tombant à son tour sous le glaive des soldats passés désormais aux ordres d’un nouvel usurpateur, Maximin le Thrace.
Une profonde période du déclin commença alors pour l’Empire romain. Sous la pression menaçante des peuples barbares, sur le Rhin et le Danube, et des Perses en Orient, l’armée devint le véritable maître du jeu politique. Les guerres ravagèrent l’intérieur même du monde romain, entraînant une crise militaire, politique, économique et sociale sans précédent. Invasions, trahisons, sécessions, meurtres, épidémies, s’additionnèrent pour longtemps en une comptabilité sinistre. En moins de cinquante ans, vingt-trois empereurs et quatorze usurpateurs s’affrontèrent pour la conquête d’un pouvoir éminemment périlleux et toujours bref.
Maesa
Maesa s’éteignit en 223, soit un an seulement après l’assassinat d’Héliogabale. L’histoire ne nous dit pas dans quelles circonstances l’énergique et impitoyable grand-mère, qui aimait tant le pouvoir au point de lui sacrifier la vie de son petit-fils, trouva la mort.
Mammaea
Après être arrivée à ses fins en éliminant sa sœur et son neveu, Mammaea occupa d’abord la régence avec sagesse, grâce à l’assistance de conseillers avisés.
Mais en 228, elle confisqua définitivement le pouvoir à son fils et l’exerça avec tant d’autoritarisme et de démesure qu’elle s’attira la haine de nombreux ennemis.
Mammaea périt en même temps qu’Alexandre, à Mayence, poignardée elle aussi par les légionnaires.
Valerius Comazon
L’ami fidèle et dévoué à la cause de Maesa se vit de nouveau promu préfet de la ville sous le règne d’Alexandre. Il passa, semble-t-il, sans encombre au travers de tous les drames de la dynastie sévérienne finissante… Un beau parcours pour un ancien mime.
Élagabal
La pierre noire, bannie de Rome, reprit discrètement le chemin du temple solaire d’Émèse, sur l’ordre d’Alexandre et de Mammaea.
Ses deux « épouses », le Palladium et Tanit la Lune, furent immédiatement restituées à leur sanctuaire respectif : la première, au grand soulagement des Romains, réintégra le temple de Vesta, et la seconde fut rendue à Carthage.
Débarrassé de ce dieu oriental qui lui avait ravi momentanément sa gloire, Jupiter put recouvrer sa prééminence, et avec lui les autres divinités traditionnelles de Rome.