3
Pour l’heure, Mario n’avait pas envie de revenir. Il vivait la suite des jours frénétiques de la Libération.
Musolini était mort et les détails qu’on avait de son assassinat lui apportaient une sorte de gloire funèbre. On eût dit qu’à l’idée de ce vieil homme dont la dépouille avait été si abominablement traitée, une sorte de complexe de culpabilité étreignait l’Italie tout entière et qu’on se souvenait à nouveau de celui que tous acclamaient lorsqu’il haranguait des foules excitées du haut d’un balcon. L’Italie avait quelque peu mauvaise conscience, mais la misère où elle se débattait, l’obsession de la nourriture quotidienne l’empêchait de dériver et de se perdre dans les remords ou plus simplement, les interrogations. C’était l’âge d’or pour les trafiquants de tout poil, qu’ils vendissent des matières grasses, de l’essence, des textiles ou des filles.
Rien ne retenait plus Mario. Il pouvait regagner Diolivoli quand il le voudrait. Il aimait Concetta et le temps lui durait de la retrouver, mais il ne parvenait pas à se déprendre de l’atmosphère passionnée qui régnait à Naples, une ville où l’on faisait tout ce que l’on voulait. Il logeait sur le port, dans un bistro-hôtel assez minable qui avait pour enseigne Au Poisson Ailé. Il vivait là en compagnie de son copain Helmut Schlierbach qui, lui non plus, n’avait pas envie de rentrer dans son pays. Tous deux avaient tant et tant joué avec la vie et la mort, qu’ils savouraient – sans se poser de question – le simple plaisir d’exister. Helmut était un homme grand et maigre dont le visage eût été beau s’il n’avait pas été atrocement abîmé par une balafre qui, partant de la pommette gauche, lui coupait littéralement la figure en deux, presque de l’œil au menton. La cicatrice n’avait pas reçu les soins d’un esthéticien et quand l’Allemand se mettait vraiment en colère, elle devenait violette. Mario et Helmut prenaient de fameuses cuites et, une fois soûls, se bagarraient volontiers. On les savait méchants dans la bataille et on prenait soin de ne pas les provoquer. Depuis leur arrivée à Naples, Schlierbach avait déjà tué trois hommes sans que personne n’ait osé le dénoncer à la police. À la différence de son ami, Mario ne courait pas les filles, il les fuyait même de peur qu’elle lui rappellent Concetta. Helmut n’était pas dupe et l’observait, mais il ne disait rien, guettant le moment où l’autre se laisserait aller aux confidences. En attendant, ils s’offraient du bon temps, où les beuveries alternaient avec les rixes, le marché noir avec les dons aux malheureux venus les solliciter. À plusieurs reprises, les deux hommes avaient été contactés par la Mafia. Helmut avait toujours refusé de s’intégrer à la puissante organisation tout en sachant que son refus pouvait lui attirer pas mal de désagréments, mais il avait abandonné l’armée pour ne pas obéir, alors… Mario avait hésité, puis à l’insu de son copain, il s’était rendu chez un épicier en gros de la rue F. Crispi. Sitôt qu’il se fut nommé, le signor Trevi l’avait prié d’entrer dans son bureau et lui avait tenu à peu près ce langage :
— Nous savons parfaitement qui tu es et ce que tu as fait jusqu’à ce jour. Les Amis ont l’œil sur toi. Toutefois, ce qui les gêne dans ton comportement tient à ce qu’ils ne comprennent pas pour quelles raisons tu ne rentres pas chez toi ? Tu es à la tête d’un domaine qui ne rapporte plus beaucoup, sans doute, mais qui t’assure une des premières places à Diolivoli. Nous pourrions t’aider dans les moments difficiles si tu acceptais d’être des nôtres. Vois-tu, notre ami de là-bas, Luciano Partinico, ne nous donne pas pleine satisfaction. Il pense trop à lui et pas assez aux autres. Il ne semble pas qu’aucun de ses fils soit en état de lui succéder. Le cas échéant, nous te demanderions de prendre sa place. Je pense que les Amis de Catane ne soulèveraient aucune objection. Pourquoi ne retournes-tu pas chez toi, Mario ? Tu n’aimes plus ta Concetta ?
— Oh ! si…
— Alors ?
— Je ne sais pas… Peut-être à cause de la liberté ?
— Le Maître d’un domaine est toujours libre.
— Et puis, il y a mon ami…
— L’Allemand ? Sur lui aussi, nous sommes bien renseignés. C’est un tueur, rien d’autre. Si c’est lui qui t’empêche de regagner Diolivoli, nous pouvons facilement rompre ce lien.
— Non ! Non ! Il n’est pas question de ça ! Je vais réfléchir.
Trevi s’était levé et passant un bras sur l’épaule de Mario l’avait conduit jusqu’à la porte :
— C’est ça… Réfléchis et si tu décides de rejoindre la maison, viens me le dire, je te remettrai un billet d’avion.
Mario lutta encore près de deux semaines contre son désir de retrouver Concetta et son regret d’abandonner Helmut et l’existence libre qu’il incarnait. Il sombrait peu à peu dans une mélancolie qui le faisait rester dans sa chambre une grande partie de la journée. Un soir qu’avec l’Allemand, ils étaient allés faire une longue promenade, ils passèrent devant le porche de San Giovanni a Mare au moment où les femmes sortaient de l’office crépusculaire. Soudain Mario s’arrêta comme s’il avait été frappé d’un coup en pleine poitrine. Devant lui, marchait une Sicilienne portant le costume traditionnel et dont la frêle silhouette lui rappelait cruellement celle de Concetta. Il ne put se tenir de confier à son ami :
— Un jour, tu m’as demandé à quoi ressemblait ma femme… Eh bien ! elle pourrait être celle qui s’en va là-bas.
Helmut ne répondit pas, mais au matin, il s’en fut trouver Mario chez lui et s’assit sur son lit.
— C’est fini pour toi, vieux.
— Qu’est-ce qui est fini ?
— Cette existence idiote. Tu rentres à Diolivoli.
— Qu’en sais-tu ?
— C’est obligé. Tu n’es pas bâti pour mener la vie que je mène et qui ne durera plus très longtemps.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne tarderai pas à être abattu… Obligatoire, camarade. On ne peut pas échapper tout le temps. Je suis un mercenaire qui n’a aucun lien, aucune attache en ce monde et pour qui la seule disgrâce serait de vieillir… Tu me vois à l’hospice ?
— Pars avec moi ?
— Non. J’irai te saluer chez toi quand tu auras repris goût à la terre et aux moutons, mais je ne resterai pas. Il faut vivre son destin, Mario. Se révolter contre lui ne sert à rien, on finit toujours par passer où l’on doit passer, où il est écrit que l’on doit passer.
Nebrodi protesta, mais il savait que l’Allemand avait raison et il s’en fut rendre visite au signor Trevi qui lui remit, comme promis, un billet d’avion pour Palerme et Catane. En recevant ce billet, Mario acceptait pratiquement d’entrer dans la Mafia où il espérait retrouver un peu le parfum de l’aventure.
* *
*
Concetta était allée voir don Cosimo qui, les manches de sa soutane retroussées, travaillait à la manière d’un maçon pour tenter de guérir les blessures de plus en plus nombreuses que le temps infligeait à son église. La jeune femme voulait lui parler de son angoisse à propos du silence de Mario qui ne finissait pas et lui demander son avis quant à la proposition des Partinico d’acheter la Mincia, pour éviter que cette terrible famille ne lui suscite mille misères à elle et à sa sœur. Elle dit encore que Giuseppa et elles luttaient seules parce qu’elles ne pouvaient compter sur le pauvre Domenico qui avait peur de tout.
Ayant de répondre, don Cosimo s’en fut se laver les mains, les essuya, rabattit les manches de sa soutane et revenant vers sa visiteuse, il lui expliqua :
— Concetta, tu es la brebis de mon troupeau que j’aime le plus parce que tu es claire et limpide… Si j’avais été un homme semblable aux autres, j’aurais souhaité avoir une fille de ton genre… Je t’ai baptisée, je t’ai donné ta première communion et je t’ai mariée. Je suis convaincu que tu ne t’es jamais écartée du chemin de Dieu et j’en suis heureux. Pour ce que tu m’as demandé, voilà ce que je puis te répondre : en ce qui concerne ton mari, tu ne peux que prier. Son sort est entre les mains du Seigneur, alors prie-Le de tout ton cœur et attends. Pour ce qui est de la Mincia, ton époux te l’a confiée en partant. Tu dois la lui remettre parce que c’est le rôle d’une femme de veiller sur le bien commun quand son compagnon est absent. Il faut que Mario, lorsqu’il reviendra, trouve tout comme il l’a laissé. Il verra que tu as été fidèle à ton devoir et il ne t’en aimera que davantage. Les Partinico sont de mauvaises gens. Tu n’as pas le droit de leur céder. Je te conseillerais bien d’aller te confier au maréchal, mais il est aux ordres de don Luciano et le brave Friddi n’a aucun pouvoir. Alors, soyez courageuses, Giuseppa et toi, et maintenez-vous fermes dans votre droit. Dieu vous protégera.
Réconfortée par l’affection que lui témoignait don Cosimo et décidée à suivre ses recommandations, Concetta allait d’un bon pas sur la route d’où part le chemin menant à la Mincia. Elle longeait un petit bois d’oliviers, lorsqu’elle s’entendit appeler. Elle se retourna et vit don Luciano qui, un bâton à la main, émergeait d’entre les arbres. Il s’approcha lentement de la jeune femme.
— Ça ne semble pas te faire plaisir de me voir ?
— Après la visite que m’ont rendue vos fils en votre nom…
Le vieux se mit à rire :
— Ils sont encore jeunes et un peu frustes. Ils n’ont plus les manières du bon vieux temps.
— Vous devriez les leur apprendre, don Luciano.
— Tu as raison… Ne restons pas en plein soleil. J’ai à te parler. Viens à l’ombre des oliviers. Je ne suis plus d’un âge à inspirer de la crainte aux filles vertueuses.
Elle hésita, mais il était difficile et sûrement dangereux d’attaquer le chef des Partinico ouvertement. Elle le suivit ils s’assirent à l’orée du petit bois, sous la frondaison qui tamisait les rigueurs du soleil.
— Écoute ce que je vais te dire, Concetta et tâche d’en faire ton profit. Tu n’es pas sotte et tu as plus de bon sens que Giuseppa trop soumise à ses nerfs. Je souhaiterais que nous nous entendions, toi et moi. Il me déplairait d’avoir recours à des moyens désagréables, mais dis-toi que ces moyens, je les emploierai s’il le faut, si tu m’y obliges. Concetta, je veux la Mincia. Pour moi, l’acquisition de ce domaine est devenue ma raison de vivre et je ne tolérerai pas que quiconque s’oppose à mon désir. Tu comprends ?
— Don Luciano, en épousant Mario Nebrodi, je lui ai apporté le domaine en dot. Je n’ai pas le droit de disposer de ce qui lui appartient en son absence.
— Mario ne reviendra pas.
— Qu’en savez-vous ?
— Mettons que j’aie des informations particulières.
— Ce n’est pas vrai ! Il reviendra !
— Serais-tu moins intelligente que je ne l’ai cru ?
— Parce que vous voudriez que j’accepte avec joie l’annonce de la mort de mon mari ? Quel homme êtes-vous donc, signor Partinico ?
Le vieux s’irritait de cette résistance qu’il avait pensé devoir s’effondrer devant lui.
— Ça ne te regarde pas ! Que cela te plaise ou non, j’aurai la Mincia.
— Jamais !
— Et c’est toi qui viendras me l’offrir, seulement tu devras alors accepter mon prix.
— La Mincia est à moi, vous entendez ? à moi ! et je ne la vendrai à personne ! Personne ne peut m’y obliger !
— Ton berger est vieux… S’il mourait ou te quittait, tu ne trouverais personne pour le remplacer, parce que j’interdirais d’entrer à ton service.
— J’irai garder le troupeau !
— Même la nuit ? Et la nuit, il peut s’en passer des choses. Ce ne serait pas prudent pour une jolie fille comme toi de rester seule la nuit dans la montagne.
— Taisez-vous ! vous devriez avoir honte !
— Et puis, les moutons s’égarent facilement la nuit si on les effraie, sans compter que des gens sans scrupules pourraient en voler pas mal… Et puis, il y a l’eau… Que ferais-tu si la source où boit ton troupeau se tarissait ?
— Vous dites des choses abominables…
— Enfin, il y a le feu.
Elle cria plus qu’elle ne prononça :
— Le feu !
C’était là, la terreur millénaire dans ce pays sec.
— Tu serais bien avancée si la ferme et ses dépendances brûlaient.
— Mais pourquoi brûleraient-elles ?
— Quelqu’un de mal intentionné…
— Vous, par exemple ?
Il la fixa dans les yeux.
— Moi, par exemple.
Elle comprenait que don Luciano mettrait ses menaces à exécution. Elle gémit :
— Mais qu’est-ce que nous vous avons fait ?
— Vous possédez ce que je veux. Je te donne huit jours pour te décider. J’espère que tu comprendras ton intérêt.
Il se leva avec la vivacité d’un jeune homme et repartit en direction de Diolivoli. En regardant cette silhouette trapue s’éloigner dans le soleil, Concetta ne doutait plus que la partie était perdue pour elle et pour la Mincia.
* *
*
À peine Mario avait-il mis le pied sur l’aérodrome de Fontanarassa et commençait-il à humer avec plaisir l’air du pays, qu’il vit deux jeunes hommes s’approcher de lui. Ils avaient des visages anguleux et leurs yeux ressemblaient à ceux des poissons morts.
L’un se planta devant le voyageur :
— Signor Nebrodi ?
— Oui.
— On vous attend.
— Qui ?
— On nous a chargés de vous amener vers la personne qui vous attend.
— Mais…
— Nous sommes pressés, signor Nebrodi.
Mario n’était pas un garçon disposé à obéir sur simple injonction. Cependant, il réfléchit à ce que lui avait dit Trevi et décida qu’il valait mieux se montrer docile. Entre les deux émissaires envoyés par il ne savait qui, il gagna la sortie, grimpa dans une voiture qu’un troisième individu conduisait et qui, tout de suite, fonça en direction de Catane.
En passant piazza del Duomo, Mario salua la fontaine de l’éléphant qui l’enchantait lorsque, par hasard, ses parents emmenaient à Catane l’enfant qu’il était alors. L’auto s’engagea dans la via Etnea et tourna presque immédiatement à gauche dans la via di Sangiuliano pour s’arrêter piazza Dante, devant une belle maison portant une plaque de cuivre où Mario eut le temps de lire : « Ettore Olbia, conseiller fiscal ». Un ascenseur emporta le visiteur et ses deux gardes du corps jusqu’au dernier étage. L’un d’eux sonna à une porte de bois merveilleusement patinée et ornée d’appliques magnifiques. On ouvrit doucement sans que personne ne se montrât. Le trio entra. Un homme frappa à une autre porte. Un voyant rouge s’alluma dans les mains d’un Mercure de bronze qui semblait défendre, du haut d’un trépied, l’accès à quelque sanctuaire. On poussa Mario en avant et il se retrouva dans un bureau d’une élégance raffinée qu’on devinait habité par quelqu’un d’une haute culture si l’on devait en juger par les tableaux et les vases, les masques et les statuettes grecs éclairés de façon savante, qui trônaient sur les meubles. De derrière l’énorme bureau, un homme se leva. Strictement vêtu de noir, il était très grand, très fort. Mario estima qu’il mesurait pour le moins un mètre quatre-vingt-dix et qu’il pesait dans les cent vingt kilos.
— Signor Nebrodi ?
— Oui.
— Asseyez-vous.
Mario obéit, intimidé par ce luxe et par la puissance physique émanant de son interlocuteur.
— Trevi m’a téléphoné de Naples. Trevi s’y connaît parfaitement pour juger nos semblables. Il sait distinguer ceux qui valent quelque chose des autres, de la masse. Il paraît que vous accepteriez de venir dans notre honorable société.
— Autrement, je n’aurais pas accepté le billet d’avion.
— C’est bien. Vous connaissez nos lois ?
— À peu près. L’omerta…(i)
— C’est la première. Il y en a d’autres, beaucoup d’autres. Nous vous laisserons le temps de les apprendre. Vous habitez Diolivoli, je crois ?
— En effet.
— Là-bas, vous avez un chef de famille… Luciano Partinico. Je vous fais tout de suite confiance en vous disant que nous ne sommes pas très contents de lui. Trop de plaintes. Il ne songe qu’à agrandir son domaine. Ses fils aussi nous inspirent quelque méfiance. En bref, nous pensons qu’un jour, nous serons obligés de le remplacer. Si vous nous donnez satisfaction, la place vous reviendra. Je sais que Diolivoli est un décor étroit pour un homme d’action. Vous ne serez pas contraint d’y rester et quelqu’un qui possède un domaine peut être plus facilement utilisé sans éveiller les soupçons de la zaffa(ii). Votre fortune sera ce que vous la ferez. Nous vous mettrons à l’épreuve. On vous surveillera sans que vous vous en aperceviez. Nous ne dirons naturellement rien à Partinico, pas plus que vous ne lui toucherez mot de ce que je vous ai révélé. Vous me reverrez quand le moment sera venu. Désirez-vous rester quelques heures ou quelques jours à Catane ?
— Non.
— Avez-vous besoin d’argent ?
— Non.
— Dans ces conditions, on va vous conduire jusqu’à Lentini et de là, vous gagnerez Diolivoli par vos propres moyens. Il est inutile qu’on vous voie en compagnie de mes hommes.
* *
*
Dans l’autobus déglingué qui l’emmenait vers Diolivoli, Mario, pressé parmi les voyageurs où nul ne l’avait reconnu, se demandait s’il avait eu raison d’entrer dans la Mafia. Sans doute, l’existence lui serait-elle facilitée, mais il aurait des « services » à rendre, des services sur la nature desquels il préférait, pour le moment, ne pas trop réfléchir. Une chose était certaine : il ne devait pas parler de cette histoire à Concetta qui en serait horrifiée. Trop pieuse pour admettre la Mafia et ses crimes, elle risquerait de se détacher d’un époux plus proche du diable que du Bon, Dieu. Mais Mario avait connu l’argent facilement gagné en compagnie d’Helmut et, maintenant il pouvait bien s’avouer que ce qui l’avait empêché de revenir auprès d’une femme qu’il aimait, c’était la perspective de recommencer à s’échiner sur une terre ingrate pour des bénéfices dérisoires. Avec l’argent que lui rapporterait le Service de la Mafia, il pourrait emmener Concetta à Catane, voire à Palerme et lui faire goûter la bonne vie.
Il descendit avant Diolivoli pour arriver chez lui dans la nuit.