— Au cours de la conversation, Himmler me dit que le danger juif en Allemagne s’aggravait du fait du mélange du sang des Juifs polonais avec celui des Juifs d’Europe occidentale, et me fit part de son intention de stériliser les Juifs d’une façon massive ; il me demanda si cela ne pouvait pas être fait par les rayons X. Cette communication de Himmler m’impressionna beaucoup ; d’après ce que je connaissais de lui, il m’était impossible de penser que cette idée destructrice pouvait émaner de son esprit, je pensai à Heydrich ou à Bormann, et je sentis l’obligation de faire mon possible pour prévenir cette action. C’est pourquoi je prétendis être d’accord pour m’informer de la possibilité de stérilisation massive par les rayons X.
Victor Brack oubliait ses lettres à Himmler où il proposait toujours plus qu’il ne lui avait été réclamé.
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Le tribunal de Nuremberg acquitta plusieurs médecins allemands qui avaient entrepris la réalisation d’une troisième « méthode de stérilisation ».
L’affaire « caladium » commence en 1941 par la publication dans le journal allemand de Médecine Expérimentale, d’un article signé du docteur Madaus, propriétaire d’une firme pharmaceutique qui mettait au point des médicaments nouveaux à partir de plantes. Madaus expliquait comment le caladium seguinum extrait de la sève d’une plante d’Amérique du Sud, la schweigrohr, provoquait la stérilisation des animaux. Une plante d’ailleurs qui était connue de « tous les sorciers » de la forêt vierge, habitués à dissimuler cette potion magique dans la nourriture de leurs ennemis pour les priver de leur virilité et de leur descendance.
De nombreux médecins lurent avec intérêt cette étude. L’un d’eux ne put s’empêcher de la signaler à Himmler.
— Jelxii me suis rendu compte de l’immense importance de ce médicament dans la lutte présente de notre peuple. Nous aurions une arme nouvelle et puissante à notre disposition, il serait possible de produire une drogue capable, après un temps relativement court, de provoquer une stérilisation secrète sur des êtres humains. La seule pensée que les trois millions de Bolcheviques actuellement prisonniers en Allemagne pourraient être stérilisés et ainsi continuer à travailler sans se reproduire, ouvre les plus grandes perspectives…
Pokorny demanda alors à Himmler, s’il approuvait ses idées, de prendre les dispositions suivantes :
1° Le docteur Madaus ne doit plus publier de tels articles.
2° On doit produire en grand la plante (on peut la cultiver facilement en serres).
3° On doit commencer des recherches immédiates sur des hommes (criminels) de façon à déterminer la dose et la longueur du traitement.
4° Rechercher si on peut produire synthétiquement une « substance chimique égale ».
Himmler relut la lettre, la frappa de ses initiales et inscrivit dans la marge : Dachau.
Quelques mois plus tard, l’adjoint du Gauleiter du Bas-Danube, adressait à son Reichsführer une lettre identique. Il proposait d’expérimenter sur des déportés du camp de Lackenbach et concluait :
— Il serait certainement intéressant d’étudier la science des cultes anciens et des castes de prêtres en ce qui concerne la puissance génitale humaine et la fécondité. Les populations des premiers âges du monde, proches de la nature, avaient et ont encore une connaissance très grande de ce sujet ; sans que ces connaissances soient connues de la Science.
Il est à parier qu’à la suite de cette lettre les « penseurs » de l’Ahnenerbe se penchèrent sur les « magies » de nos ancêtres.
Que se passa-t-il ensuite ? La plante fut cultivée dans des serres à Dachau, des centaines d’expériences sur les animaux furent pratiquées : les effets du caladium équivalaient à une castration. Le tribunal de Nuremberg libéra Pokorny :
« Aussi horribles et viles que soient les propositions contenues dans la lettre, il n’y a aucune preuve qu’on ait jamais pris des mesures expérimentales pratiques. L’accusé doit être acquitté non pas en vertu de la défense proposéelxiii mais malgré elle. »