Chapitre 29

L’équipe du Quenfis répara la brèche en un temps record. Le vaisseau appelé par Luke attendait dans la baie d’amarrage, et il se retrouva dans l’espace une heure à peine après la destruction du second superdestroyer et la retraite du premier.

Repérer un siège d’éjection inerte parmi les débris de la bataille, c’était sans espoir pour les gens de Karrde. Pour un Jedi, c’était relativement facile.

Mara était inconsciente quand ils la retrouvèrent, à cause du manque d’air et de l’effet de choc. Aves la porta à bord du Wild Karrde et mit lentement le cap vers le superdestroyer qui était enfin arrivé. Luke repartit enfin vers le Katana et le cargo qui devaient les ramener jusqu’à Coruscant tout en se demandant pourquoi il avait pensé qu’il était tellement important de sauver Mara en priorité.

Il ignorait la réponse. Il pouvait avancer toutes sortes de bonnes raisons : de la simple gratitude pour l’aide qu’elle lui avait apportée dans la bataille jusqu’au simple fait qu’il était du devoir d’un Jedi de sauver la vie des autres. Mais rien de tout cela n’était vraiment rationnel. Il n’avait qu’une certitude : il s’était dit qu’il devait le faire.

Peut-être était-il guidé par la Force. Ou encore par son idéalisme et sa naïveté.

Le communicateur tinta et il entendit la voix de Yan.

— Luke ?

— Oui ?…

— Reviens au Katana, et très vite.

Il leva la tête vers la forme obscure du vaisseau. Yan avait eu un ton lugubre.

— Que se passe-t-il ?…

— On a des problèmes. Je sais ce que l’Empire prépare. Et ça n’a rien de réjouissant.

— J’arrive.

— Ainsi, fit le Grand Amiral Thrawn en levant les yeux du rapport du Judicator, à cause de votre insistance à vouloir me retarder, nous avons perdu le Péremptoire. J’espère que vous êtes satisfait.

C’baoth soutint son regard.

— Ne me reprochez pas l’incompétence de vos prétendus conquérants, répliqua-t-il sur un ton aussi glacé que celui de Thrawn. À moins que ce ne soit l’habileté de la Rébellion qui explique sa victoire. Si le Chimaera était intervenu, vous seriez peut-être mort à l’heure qu’il est.

Le visage du Grand Amiral s’assombrit encore. Pellaeon se rapprocha de lui, se plaçant sous la sphère de protection de l’ysalamir, et il se prépara à l’explosion.

Mais Thrawn était capable de se maîtriser.

— Pourquoi êtes-vous donc là ? demanda-t-il.

C’baoth sourit avant de se détourner délibérément.

— Vous m’avez fait bien des promesses depuis que vous êtes arrivé sur Wayland, Grand Amiral Thrawn. (Il observa l’un des hologrammes.) Je suis venu m’assurer que vous comptiez tenir ces promesses.

— Et comment ?

— En m’assurant que je suis trop important pour vous pour… disons… que vous ne m’oubliiez pas. Je vous informe donc que je vais regagner Wayland et prendre le commandement du projet Mont Tantiss.

Pellaeon sentit sa gorge se serrer.

— Le projet Mont Tantiss ? fit Thrawn d’un ton égal.

— Oui. (C’baoth accorda un sourire à Pellaeon.) Oh, je sais, commandant. Vous avez vainement tenté de me cacher la vérité…

— Nous ne souhaitions que vous épargner une inquiétude inutile, l’assura Thrawn. Ces souvenirs déplaisants, par exemple, que le projet pourrait vous ramener en mémoire.

C’baoth l’étudia.

— Oui, si telles étaient vos raisons, je vous en remercie, fit-il, sarcastique. Mais ces temps sont dépassés. Depuis que j’ai quitté Wayland, Grand Amiral Thrawn, j’ai acquis de nouveaux pouvoirs, ainsi qu’une puissance plus grande. Je n’ai plus besoin d’avoir recours à votre prévenance.

Il se dressa brusquement de toute sa hauteur. Et lorsqu’il reprit la parole, sa voix résonna en échos de tonnerre dans toute la salle.

— Je suis C’baoth, Maître Jedi ! La Force qui sous-tend la galaxie est ma servante.

Lentement, Thrawn, à son tour, se dressa.

— Et vous, vous êtes mon serviteur, dit-il.

C’baoth secoua la tête.

— Plus maintenant, Grand Amiral Thrawn. Le cercle vient de se refermer. Les Jedi vont régner à nouveau.

— Prenez garde, C’baoth. Prétendez tout ce que vous voudrez, mais n’oubliez jamais que vous n’êtes nullement indispensable à l’Empire.

C’baoth haussa ses sourcils broussailleux et son sourire fit courir un frisson de glace dans la poitrine de Pellaeon. Car il avait eu le même sur Wayland.

Ce même sourire qui lui avait appris que C’baoth était un Jedi fou.

— Au contraire, dit lentement C’baoth. Désormais, je suis tout ce qui n’est pas indispensable à l’Empire. (Il leva les yeux vers les étoiles.) Venez, dit-il. Discutons de ce nouvel accord avec votre Empire.

Luke examinait les cadavres des Impériaux qui avaient trouvé la mort dans la brusque décompression de l’antichambre du Katana. Et il comprenait seulement à présent cette étrange impression qui lui était venue.

— Il n’y a pas la moindre chance d’erreur, s’entendit-il dire.

Yan haussa les épaules.

— Leia a fait une vérification génétique. Mais oui : je pense que c’est exact.

Luke acquiesça, toujours penché sur les cadavres. Ou, plutôt, sur cet unique visage qui se répétait.

Des clones.

— C’est bien ça. Quelque part, l’Empire s’est procuré des cylindres de clonage Spaarti. Et les a utilisés.

— Ce qui signifie qu’il ne leur faudra que quelques années pour se procurer des équipages pour leurs nouveaux cuirassés lourds et les former, fit Yan d’un ton sinistre. Quelques mois seulement, peut-être. Ou encore moins…

Luke inspira profondément.

— Yan, tout ça ne me plaît pas du tout.

— À moi non plus. Bienvenue au club.

À suivre…