CHAPITRE XII
Cette nuit-là on nous donna un lit. Enfin…, quelque chose qui ressemblait à un lit : de la paille, une couverture et quelques cafards. Je ne pus me résoudre à y coucher et dormis par terre, imité en cela par Sibylle et Fetch. Seul Hickory, habitué à ce type de paillasse, s'y allongea avec délice et s'endormit comme un enfant.
Alors que je tentais moi aussi de trouver le sommeil, une main se posa sur mon épaule. C'était Fetch. Il mit un doigt sur ses lèvres en désignant les corps allongés de nos deux compagnons et me fit signe de le suivre dans la pièce voisine. Nous avions été installés dans le sous-sol de la maison de Douglas. L'humidité y était assez gênante mais l'endroit présentait l'avantage de ne pas receler ce que notre nouvel ami appelait des « caméras ». Là, nous pourrions tranquillement attendre la nuit suivante.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je, lorsque je fus seul avec le rouquin.
— Je voulais te poser une question. Je crois que je sais à peu près comment tout ça va finir, si nous gagnons : pauvres et sédentaires contre pillards, non ?
— C'est probable…, admis-je.
— Alors je voudrais savoir de quel côté tu seras…
Je fis la grimace ; je m'attendais un peu à ce genre de question.
— Je ne sais pas encore, dis-je. Je verrai sur le moment, suivant le cours des événements.
C'était un mensonge éhonté mais pouvais-je dire à Fetch que j'avais l'intention de combattre ses collègues ? Il me donna une claque amicale sur l'épaule.
— Je suis content de t'avoir connu, dit-il. J'espère qu'on ne, se retrouvera pas face à face, pendant le combat…
Puis, sans me laisser le loisir de mentir à nouveau, il me souhaita bonne nuit et retourna se coucher. J'eus beau tenter de faire le vide dans mon esprit, je dormis très mal.
Durant la journée, nous finîmes de mettre notre plan au point. Douglas semblait sur les charbons ardents : jamais encore il ne s'était senti aussi près de réaliser le rêve de sa vie. Je tentai de l'inciter à être prudent mais rien ne put lui enlever sa confiance : dès que nous serions entrés dans les souterrains, la lutte commencerait dans la ville et la porte serait ouverte. Pas un instant il ne doutait de la réussite. J'aurais aimé partager cette certitude.
Dès la nuit tombée, il nous guida hors du quartier pauvre. A plusieurs reprises, sans qu'il se soit rien produit, il nous enjoignit de raser un mur ou bien de nous courber en deux pour passer devant une maison. Plusieurs de ses hommes firent semblant de se battre pour une fille, à l'entrée d'une ruelle, tandis que nous traversions vivement celle-ci. Tout cela était sans doute destiné à éviter le regard des caméras, que j'aurais personnellement été bien en peine de dénicher. Sans guide nous aurions été repérés en quelques minutes et la moitié de la garnison nous aurait attendus à la sortie du quartier.
Celui-ci constituait véritablement un monde à part dans la ville. Sa frontière était nette, sans bavures. Pas de juste milieu entre la pauvreté et la richesse. Quand on quittait la dernière maison aux murs branlants, on arrivait près du premier palais : pierres solides, toitures étincelantes, portes ouvragées et rideaux aux fenêtres, dont pas une ne donnait sur la fange ; savoir qu'elle était là suffisait à rassurer et il était inutile de s'en imposer la vue.
Douglas nous entraîna au travers des rues qui menaient à l'est de la ville, restant le plus possible à proximité des coins d'ombre où nous nous blottissions lorsque nous croisions une patrouille. En quelques minutes nous arrivâmes devant une haute bâtisse à la façade ornée de sculptures et de motifs dorés. Sans hésiter, Douglas donna deux coups secs avec le marteau.
— Qui est là ? demanda une voix masculine au bout de quelques instants.
— Douglas ! Ouvrez, vite !
Il y eut un temps de silence puis les verrous furent tirés et la porte s'ouvrit. Deux secondes plus tard, nous étions tous à l'intérieur. L'homme qui nous avait ouvert était petit et très gros. Ses yeux, deux pupilles dilatées sur un fond jaunâtre, étaient profondément enfoncés dans des orbites envahies par la graisse ; ses mains étaient couvertes de bagues, lourdes et voyantes ; deux petite diamants avaient été incrustés dans la peau de son crâne chauve. Une croûte brune s'étendait sur sa joue gauche, allant de l'oreille au coin de la bouche, et descendait ensuite jusque sur son épaule découverte par la toge de soie brodée qu'il portait, avec l'espoir de paraître majestueux.
— Vous êtes complètement fou, souffla-t-il, comme s'il avait craint des oreilles indiscrètes. Venir ici aussi nombreux et sans me faire prévenir !
Quand il parlait, une colonne de salive joignait ses lèvres humides ; les bourrelets se déplaçaient en cadence sous la peau distendue de ses bajoues et de son double menton.
— Cas d'extrême urgence, Valeyre ! Il faut que vous ouvriez la porte du souterrain à mes amis !
Le gros homme eut un sursaut.
— C'est absolument hors de question. S'ils sont pris, Krina me fera mourir à petit feu…
— Bien sûr, acquiesça Douglas. Vous connaissez bien la technique. Comment vous êtes-vous débarrassé du dernier corps ?
Valeyre devint écarlate. Douglas n'avait fait que me suggérer le moyen par lequel il faisait pression sur lui mais, si je l'avais bien compris, cet individu bouffi possédait une âme aussi repoussante que son corps.
— Vous me menacez ? demanda-t-il d'une voix grinçante.
— Oui ! dit tranquillement Douglas. Si vous me refusez ce petit service, je trouverai des témoins qui jureront sur leur vie vous avoir vu faire ce que je sais que vous avez fait.
— Ils seront écartelés !
— Certainement ! Mais pas avant d'avoir pu parler…
A l'évidence, Valeyre avait peur. Des gouttes de sueur commençaient à perler sur son front et à dégouliner le long de ses joues. Il frottait nerveusement ses mains l'une contre l'autre.
— Je… je crois que vous bluffez ! dit-il. En faisant cela vous prendriez trop de risques. Et même si vous le faisiez, je préfère ça à une exécution en place publique. Partez, maintenant ! Partez avant qu'on ne s'aperçoive que vous êtes ici !
— Je suppose qu'il est inutile de chercher à vous faire changer d'avis ? demanda Douglas, portant une main à la poche arrière de son pantalon.
— Absolument inutile ! affirma le gros homme.
— Dommage…
Un quart de seconde après avoir jailli du manche, la lame se planta dans la poitrine de Valeyre, au niveau du cœur. Ses yeux s'écarquillèrent un instant puis il s'effondra sans un cri. Douglas le soutint dans sa chute, essuya son couteau sur la toge et le rangea.
— Vite ! dit-il, nous faisant signe de le suivre. Ne perdons pas de temps !
Il nous conduisit au travers de la maison, jusqu'à une petite pièce carrée, entièrement vide à l'exception d'une trappe qui s'ouvrait sur un escalier de pierre.
— Quand vous serez en bas, fiez-vous au plan que je vous ai dessiné, murmura-t-il. Si notre regretté Valeyre ne m'a pas trompé, il n'y a pas de caméra dans les souterrains, mais ne croyez pas que ce soit une erreur de Gelnar. Il s'y trouve sans doute autre chose pour les garder…
Il esquissa un sourire.
— Bonne chance, termina-t-il. Vous allez en avoir besoin.
— Vous aussi, dis-je, merci et à bientôt… j'espère…
Puis je commençai à descendre l'escalier. Des tubes de lumière artificielle étaient fixés aux murs, nous dispensant de trimbaler des torches. Ces souterrains-là étaient bien destinés uniquement aux hommes de Krina.
Sibylle me rejoignit et resta à ma hauteur. Les pas de Fetch et Hickory résonnaient derrière nous. Là– haut, Douglas ferma la trappe. Cette fois nous entrions vraiment dans le vif du sujet…
L'escalier débouchait au milieu d'un couloir. D'après le plan de Douglas, qui rejoignait mon sens de l'orientation, il nous fallait prendre à droite pour atteindre le donjon. Tout semblait calme…
Le sol n'était pas dallé et, sur la terre battue, nous marchions dans un silence relatif. Nous avançâmes ainsi pendant plusieurs minutes, attentifs au moindre bruit, sans rien remarquer de suspect. Je commençais à me demander si ce tunnel avait une fin quand j'aperçus la fourche. Le couloir se séparait en deux branches, chacune faisant un angle de quarante-cinq degrés avec la direction initiale. Le plan indiquait comme la bonne celle de gauche, partant vers le sud-ouest, l'autre se terminant rapidement en cul-de-sac.
Nous venions de nous y engager lorsque je me figeai.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Hickory.
— Taisez-vous ! dis-je. Écoutez !
Devant nous, sans doute à plusieurs centaines de mètres de là, s'élevaient des voix, beaucoup de voix – avec cette force et cet allant que donne la certitude de ne pas être entendu –, mêlées au pas lourd et régulier d'une troupe de soldats. Ils étaient nombreux.
— Ils viennent par ici, souffla Sibylle. Qu'est-ce qu'on fait ?
— On rebrousse chemin et on prend l'autre couloir, dis-je, joignant le geste à la parole. On reviendra ici quand ils seront passés. Avec un peu de chance, ils vont sortir de la ville…
Nous fîmes une cinquantaine de mètres dans le couloir de droite, jusqu'à ce qu'il reparte plein est et nous permette de nous dissimuler. M'accroupissant près du mur, je gardai un œil sur l'embranchement pour surveiller le passage de la patrouille. Lorsque je les vis, je me réjouis d'avoir choisi la prudence. Je comptai très exactement vingt-cinq hommes armés. Même avec la meilleure volonté du monde, nous n'aurions pas pu en venir à bout.
— C'est bon, dis-je, lorsque je les jugeai suffisamment éloignés. On peut y retourner !
A cet instant, un bras s'enroula autour de mon cou et une main invisible me plaqua un linge humide sur le nez. Une odeur douceâtre s'en échappait. Je bloquai aussitôt ma respiration mais je n'avais pu éviter d'inhaler un peu de ce qui devait être une drogue : mes membres se transformèrent en coton et ma vision s'assombrit. Non ! pensai-je. Si je me laisse aller, je suis mort ! Luttant contre la force d'inertie qui me saisissait je me forçai à bouger, secouai violemment la tête pour tenter d'éloigner le linge et balançai mon coude en arrière. Celui qui me tenait poussa un cri, un grognement plutôt, lorsque je le touchai. Je doublai mon coup, frappant sans doute au même endroit ; la pression qui me retenait se relâcha assez pour me permettre de pivoter et de lancer mon poing, d'instinct. Bien m'en prit : si j'avais attendu une seule seconde, peut-être n'aurais-je pas frappé : il n'y avait personne en face de moi ; pas trace de mes compagnons, ni de mon adversaire. Pourtant mon poing toucha quelque chose de dur, qui ressemblait à de la chair, et déclencha un nouveau grognement, aux accents douloureux et menaçants.
J'avais déjà vécu beaucoup de situations invraisemblables mais je ne m'étais encore jamais battu contre quelqu'un d'invisible. Ma surprise m'empêcha de réagir aussi rapidement qu'il l'aurait fallu : si j'abattis bien mes deux poings serrés sur la tête qui me frappa à l'estomac, je n'en reçus pas moins le coup. Souffle coupé, je partis en arrière, trébuchai et tombai sur les fesses. Désormais le grognement était permanent et cela avait quelque chose de rassurant : ainsi je pouvais raisonnablement estimer l'endroit où se trouvait mon adversaire.
Je tirai mon épée et frappai, par deux fois, au jugé. Mon premier coup de taille ne trancha que l'air mais le second trouva sa cible, y pénétra profondément. Du sang se matérialisa à l'endroit de l'impact et se mit à couler vers le sol, un mètre cinquante plus bas. Cette fois le grognement s'était changé en hurlement de douleur. J'abattis à nouveau mon épée et continuai de frapper jusqu'à ce que j'entende la chute du corps, devant moi. Quelques instants plus tard, celui-ci redevenait visible.
C'était un singe. Mon épée lui avait presque tranché la tête mais je reconnus bien cette silhouette massive, ces traits grossiers, recouverts d'un pelage sale et touffu. Il était de la même race que ceux que j'avais combattus la première fois, dans l'autre souterrain. Mais plutôt que lui faire adopter le physique de quelqu'un que je connaissais, Krina l'avait rendu invisible. Ce n'était pas mauvais signe : si le piège n'était pas personnalisé, cela signifiait peut-être qu'on ne s'attendait pas à me voir…
Je renvoyai néanmoins ces spéculations à plus tard. Sibylle, Fetch et Hickory avaient dû succomber à la drogue sans pouvoir se battre. Je souhaitai qu'il ne s'agisse que d'un anesthésique, pas d'un poison.
Je me mis à courir droit devant moi, balayant toute la largeur du couloir avec mon épée. Si un deuxième singe invisible se présentait, je ne risquais pas de le rater. Mais rien ne se trouva en travers de mon chemin et je courus ainsi sans m'arrêter pendant ce qui me sembla être une éternité. Je commençais à désespérer lorsque j'arrivai à l'entrée d'une pièce, d'où me parvenaient des grognements.
M'approchant doucement, je passai la tête par l'embrasure de la porte. Deux singes étaient là, bien visibles, près des corps inanimés de mes trois compagnons. Non loin d'eux, une tablette où reposaient des linges et une bouteille contenant un liquide incolore venait appuyer ma théorie. Au centre de la pièce s'ouvrait une large fosse, dans laquelle l'un des singes se préparait à lancer Hickory. J'ignorais ce qu'il pouvait y avoir au fond et ne tenais pas à le savoir.
Poussant un grand cri, je me ruai sur les singes. Comme je l'avais espéré, celui qui tenait le jeune sédentaire le lâcha, mais hélas il ne le posa pas à terre. Hickory disparut dans la fosse. L'instant d'après j'abattais son bourreau, coupant presque en deux le torse velu, mais cela ne changeait rien à l'affaire. Le deuxième singe fit avec ses bras des moulinets visant ma tête, que j'évitai d'une flexion des genoux, avant de frapper d'estoc. La lame s'enfonça au niveau du nombril. Le singe s'écroula, se recroquevilla sur lui-même et ne bougea plus.
Je m'approchai du bord de la fosse. Elle n'était guère profonde, quatre ou cinq mètres tout au plus, et Hickory avait sans doute survécu à sa chute, mais là n'était pas son principal problème. Celui-ci était matérialisé en la personne d'un imposant lézard, de trois mètres de long, approchant dangereusement de lui. Je n'avais jamais rencontré ce type de bestiole mais l'air gourmand avec lequel elle contemplait mon compagnon m'assura, si besoin était, qu'elle ne mangeait pas que des cactus.
— Et merde…, fis-je entre mes dents.
Maudissant une fois de plus la faiblesse qui m'avait fait emmener Hickory – bien que cette fois il ne soit pas plus responsable qu'un autre –, je pris mon élan et sautai, avec la ferme intention d'atterrir à califourchon sur le lézard, en lui plantant si possible mon épée dans le corps. Je n'eus d'ailleurs aucun mal à réussir, mais m'aperçus alors que c'était une position nettement moins confortable que je l'avais imaginé. Le lézard poussa un cri sifflant en recevant mes trente centimètres d'acier à deux doigts de la colonne vertébrale, mais n'en parut pas autrement affecté : il se dressa sur ses pattes arrière et, multipliant les soubresauts, chercha à me désarçonner. Finalement je commençais à apprécier les chevaux. Mon épée, à laquelle je m'accrochais furieusement, sortit de la blessure avec un bruit de succion assez infect et je me retrouvai catapulté au sol. Je me reçus correctement mais, avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui m'arrivait, je réceptionnai la queue du lézard en pleine poitrine et fus de nouveau propulsé en l'air. J'allai m'effondrer contre la paroi de la fosse ; une douleur énorme s'empara de moi, au niveau des reins, et je crois bien que je hurlai.
J'avais lâché mon épée dans ma première chute et je me retrouvais désarmé en face du lézard qui s'approchait doucement, comme pour mieux savourer son triomphe. Ses babines étaient retroussées sur une dentition impressionnante, suite de pics acérés ne mesurant pas moins de trois centimètres.
Tentant d'ignorer la douleur, je me relevai péniblement.
— Alors, mon gros ? grimaçai-je. On peut plus plaisanter ?
A quelques mètres de moi, le lézard s'était immobilisé et m'observait. Le dos à la paroi, j'amorçai lentement un mouvement tournant. S'il décidait de me foncer dessus, j'étais cuit : il était plus rapide que moi et, à mains nues, je ne pourrais guère faire plus que le chatouiller. Centimètre par centimètre, sans quitter le monstre des yeux, je commençai à me rapprocher de mon épée.
Fis-je un mouvement trop brusque ? Avais-je vraiment l'air appétissant ? Toujours est-il que le lézard poussa soudain un cri furieux et fit vers moi un bond qui ne l'était pas moins. Curieusement, ce fut sa première erreur : réunissant mes forces, je plongeai sur le côté. Emporté par son élan, le lézard alla s'aplatir contre la paroi ce qui, j'étais bien placé pour le savoir, faisait un mal de chien. Il dut s'assommer un peu, car j'eus le temps de me relever et de courir ramasser mon épée avant qu'il ne repasse à l'attaque. Hickory, lui, était toujours inconscient ; heureux garçon !
Cette fois, l'animal s'approcha avec plus de circonspection. Sa queue battait une mesure imaginaire et créait un véritable nuage de poussière dans la fosse. Tenant l'épée à deux mains, je me préparais à subir l'assaut, qui maintenant n'allait plus tarder, lorsqu'une flèche s'enfonça dans le cou du lézard.
Rendu furieux par la douleur, il se dressa à nouveau sur ses pattes arrière, me présentant son ventre, tandis qu'un second projectile lui perçait la peau.
Sans chercher à comprendre, je fonçai, l'épée en avant. La peau du ventre était plus fine que celle du dos : la lame s'enfonça jusqu'à la garde à l'endroit que je supposai être l'emplacement du cœur. Difficile à déterminer, sur ce genre de saloperie. Je n'attendis pas de connaître les effets de mon coup pour courir à l'autre bout de la fosse, sans arracher l'épée. Deux autres flèches vinrent frapper le lézard, à la tête.
Debout au bord du trou, Sibylle souriait.
— T'aurais pu me réveiller au lieu de commencer à t'amuser tout seul…, dit-elle, encochant une nouvelle flèche.
Mais elle n'eut pas à la lancer. Le lézard tomba sur le flanc et les sursauts qui l'agitaient ne faisaient qu'annoncer clairement sa mort.
— Merci ! dis-je. Et Fetch, ça va ?
— Dodo ! Bouge pas, je t'envoie sa corde !
Le pillard avait tenu à emmener le grappin qu'il trimbalait depuis le début. Je n'avais pas pensé qu'il puisse être aussi utile. Je nouai solidement l'extrémité de la corde autour d'Hickory, puis remontai : ma douleur était presque envolée. Une fois en haut, j'aidai Sibylle à hisser le jeune sédentaire. Nous l'allongeâmes auprès de Fetch.
— Tu veux je te dise ? fit Sibylle. C'est quand même les motards les meilleurs !