Notes sur les lieux et faits qui apparaissent dans ce roman
La Villa Grimaldi. Dans la commune de Peñalolén, au sud-est de Santiago, il existait une vaste propriété rurale – une ferme –, qui avait appartenu à l’avocat et humaniste chilien Juan Egaña. Lieu de rencontres pour les intellectuels, elle accueillit notamment des personnalités comme Andrés Bello, Manuel de Salas ou Benjamín Vicuña MacKenna. Après le coup d’État du 11 septembre 1973, la dictature donna l’ordre aux responsables de la DINA – la Direction nationale du renseignement, organe de la répression qui dépendait directement d’Augusto Pinochet – de trouver un lieu adapté pour y concentrer les opérations de la guerre sale menée contre le soi-disant “ennemi intérieur”. C’est dans ce but que des pressions furent exercées sur le propriétaire de la ferme, Emilio Vasallo, pour qu’il cède sa propriété, et à partir de 1974 l’endroit fut rebaptisé “caserne Terranova” dans le jargon criminel de la dictature.
La Villa Grimaldi fut le principal foyer de détentions illégales, de tortures, d’assassinats et de disparitions de personnes. On estime à plus de cinq mille le nombre de gens qui sont passés par ce lieu d’horreur, et quelque trois cents d’entre eux restent à ce jour disparus.
En 1976, avec la transformation de la DINA en CNI – Centre national du renseignement –, les activités répressives s’intensifièrent et, sous les ordres du général Manuel Contreras, qui ne répondait de ses actes que devant Augusto Pinochet, la Villa Grimaldi devint le centre officiel de toutes ces activités criminelles.
En 1988, à la fin de la dictature, la propriété de la Villa Grimaldi fut transférée à Hugo Salas Wenzel, directeur du CNI, avec ordre de faire disparaître tout vestige, toute preuve de ce qui s’y était déroulé pendant les années les plus sombres de l’histoire du Chili.
À l’heure actuelle, la Villa Grimaldi est un Monument à la mémoire des victimes. Dans ses jardins, on voit encore les traces de ce qui fut la patrie de l’horreur et de la souffrance.
L’Oficina. Entité ou organisation non officielle, dont l’existence et les activités sont très difficiles à prouver ou à reconstituer de manière légale, créée entre la fin de la dictature, en 1989, et le début de la “nouvelle démocratie” en 1990. Elle visait à mettre un terme aux actions armées des organisations d’extrême gauche qui avaient émergé de la lutte contre la dictature et à assurer ainsi la paix sociale qui permettrait de mener à bien la transition démocratique. Ses membres étaient d’anciens agents de la répression dictatoriale et des mercenaires qui avaient renié leur passé révolutionnaire. Selon l’histoire officielle du Chili, l’Oficina n’a jamais existé, et il est difficile de mettre un terme à ce qui n’existe pas.
Les lettres reçues par Miguel Krassnoff : elles sont toutes authentiques, et on peut les consulter sur les sites Internet que cet individu, comme d’autres condamnés pour crimes contre l’humanité, tient en toute impunité.
L’ELN, Armée de libération nationale. Ses membres sont les Elenos.
Il s’agit d’une organisation politico-militaire créée en 1966 en Bolivie pour coordonner la guérilla menée par le commandant Ernesto Che Guevara et les guérilleros Roberto “Coco” Peredo et Guido “Inti” Peredo.
Au Chili, ses militants, issus pour la plupart du Parti socialiste, apportèrent leur soutien en moyens matériels et en hommes à cette lutte pour l’émancipation de l’Amérique latine dont, entre 1966 et 1968, les forêts boliviennes constituèrent l’épicentre.
Parmi les combattants chiliens de l’ELN tombés en Bolivie, on peut citer les noms des commandants Elmo Catalán, Tirso Montiel et Agustín Carrillo.
L’académie Rodion Malinovski des troupes blindées soviétiques : ainsi baptisée en hommage au maréchal Rodion Iakovlevitch Malinovski, héros de l’Union soviétique et l’un des stratèges responsables de la défaite nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cette académie militaire forma de nombreux combattants sud-américains.
Le GAP. Groupe de militants des Jeunesses socialistes et du Parti socialiste chargés de la sécurité du président Salvador Allende. Ils se battirent à ses côtés au palais de La Moneda, le 11 septembre 1973. Bon nombre d’entre eux figurent sur la liste des Chiliens disparus.