CHAPITRE XXI

PARMI LES OMBRES

Barbee secoua la tête.

« Ce n’est pas possible. Je n’en crois rien.

– Tu le croiras dès que tu auras pris la mesure de ta puissance, dit-elle, avec douceur. Nos dons ataviques sont toujours lents à s’éveiller. Plus ils sont lents, en général, plus forts ils sont. Ils ont tendance à rester dans l’ombre, insoupçonnés même, dissimulés sous l’apport humain dominant. Jusqu’à l’éveil. L’éveil naturel ou l’éveil provoqué par un expert comme Archer Glenn, par exemple. Ton père n’en a pas moins commis une faute en révélant ce qu’elle était, trop brutalement, à Rowena, et son côté humain s’est révolté.

– Mais non ! je ne peux pas être votre Messie noir… C’est de la folie. De toute manière, je n’y crois pas ! je ne crois même pas que tu es là ! Tu n’es qu’un fantôme monté d’une bouteille de whisky !… Va-t’en, plus vite que ça ! avant que je me mette à crier.

– Vas-y, Barbee, crie !… Mon ectoplasme n’est pas aussi puissant que le tien, et Mlle Hellar ne peut me voir… »

Barbee ne cria pas. Il regarda la louve. Si elle n’était que le résultat d’une hallucination, si elle avait été engendrée par le delirium tremens, ce n’en était pas moins une illusion remarquablement vivace et gracieuse et pleine de malice.

« Tu m’as couru derrière depuis chez Preston Troie ? dit-il soudain. Je sais que tu étais là, sous une autre forme sans doute. J’ai vu ta fourrure blanche, et cette épingle de jade, sur la chaise, dans son antre.

– Et alors quoi ? Je n’étais là que pour mieux t’attendre, mon Barbee.

– J’ai vu ton portrait dans sa chambre à coucher. Et je l’avais aperçu quand il pénétrait chez toi avec sa propre clef. April…, qu’est-il pour toi ?

– Ainsi, finit-elle par dire, c’est pour cela que tu fuyais, cette nuit, Barbee ?

– Oui, peut-être.

– Rien de plus… Affreux jaloux ! imbécile ! Je t’avais bien dit que nous étions des êtres particuliers, toi et moi, Barbee, et que nous sommes venus au monde afin d’accomplir notre tâche spéciale. Ce serait affreux, vraiment, si tu ne m’aimais pas.

– Qui est Preston Troie ?

– Ce n’est que mon père… Tout ce que je t’ai raconté sur mon enfance et la brutalité du mari de ma mère est vrai. Ainsi, cet ignorant – je te l’ai dit – n’était pas mon père, et il le savait… Tu vois, ma mère avait été la secrétaire de Preston, avant d’épouser le laitier. Et elle le voyait encore quand elle le pouvait. Le laitier s’en doutait bien. C’est pourquoi il a été si prêt à croire que j’étais une sorcière et si cruel à me châtier. Il n’avait jamais aimé mes cheveux roux… Mais Preston s’est toujours montré généreux. Bien sûr, il n’a pas épousé maman. Ses secrétaires étaient trop nombreuses. Mais il nous envoyait des cadeaux et de l’argent, en Californie. Maman me disait que ça venait d’une mythique tante Agatha, avant que j’eusse été mise au courant. Et depuis la mort de maman, il a fait toutes sortes de choses pour moi. Il a même payé pour ma psychanalyse à Glennhaven… Ainsi, tu étais jaloux, Barbee ?…

– Oui, je suppose. De toute façon je ne puis m’empêcher d’être content… »

Arrêt, lumière, arrivée de Mlle Hellar qui se met à parler sur un ton de reproche :

« Voyez, monsieur Barbee ce n’est pas raisonnable. Vous allez vous enrhumer si vous restez comme ça sur votre lit. Il ne faut pas vous faire comme ça la conversation toute la nuit. Rien de plus mauvais. Laissez-moi vous border… Si vous n’êtes pas dans votre lit quand je reviendrai avec ma seringue pour vous piquer… »

« Tu n’y seras plus, dit la louve blanche, parce qu’il est temps de partir.

– Partir où ?

– Nous occuper de ton ami Sam Quain. Il est en train d’échapper aux hommes du shérif. L’inondation les a arrêtés. Et il a pris un chemin qu’ils ne connaissent pas. Il porte cette boîte. Il possède la seule arme qui puisse nous nuire, Barbee, et il faut que nous l’arrêtions avant qu’il apprenne à s’en servir. J’ai trouvé un enchaînement de probabilité que nous pouvons utiliser le moment venu.

– Je ne veux pas nuire à Sam, dit Barbee, les poings serrés. Même s’il est vrai que je suis ensorcelé.

– Ensorcelé, mais tu ne l’es plus, Barbee… (Doucement, la bête blanche lui frottait son épaule de soie contre le genou). Est-ce que tu ne te rends pas compte ? Tu es des nôtres. Tu es des nôtres, à présent, et plus qu’à moitié. Entièrement des nôtres, et pour toujours. Tes derniers liens avec l’humanité ont été tranchés cette nuit, sur le mont Sardis.

– Et ça veut dire quoi, ça ?

– Ainsi tu ne sens pas encore tes dons merveilleux, Barbee ? Je te montrerai ce que je veux dire dès que nous arriverons au mont Sardis… Allons, viens !

– Ecoute, je ne crois toujours pas que je puisse être l’Enfant de la Nuit. Et je ne veux pas faire de mal à Sam !

– Ecoute, tu me croiras quand je t’aurai montré.

– Non. Il n’est pas possible que je sois un tel monstre.

– Tu seras notre chef, Will, lui dit-elle doucement, notre nouveau chef dans la longue guerre pour reconquérir notre empire perdu. Jusqu’à ce qu’un plus puissant que toi te succède. Toi et moi sommes ce qu’il y a de plus fort depuis des générations, mais un enfant qui aura nos gènes à tous les deux !… Allons, en avant ! »

Il voulut résister, mais ses doigts glissèrent du cadre de fer de son lit. Son désir de se changer en ptérosaure de la publicité pétrolière l’envahit à nouveau. Rapidement, cela se transforma en une ardeur inextinguible. Il sentit son corps couler, grandir. La métamorphose, à présent, était aisée, sans peine ni maladresse ou gêne ; et une force sauvage lui venait à mesure.

À son côté, la louve blanche se métamorphosait également. Elle se dressait sur ses membres postérieurs, et grandissait. Les courbes gracieuses de son corps blanc se remplissaient. La fourrure tombait. Elle secouait la chevelure rouge poli sur ses épaules nues. Barbee saisit la femme mince entre ses ailes de cuir et, de son museau géant de saurien, il baisa les fraîches lèvres tendres. Rieuse, elle fit sonner une grande claque sur l’écaille dure de sa tête.

« Nous avons d’abord un autre rendez-vous », dit-elle, et elle s’échappa de ses ailes repliées pour sauter sur sa croupe blindée…

Barbee jeta un œil sur la fenêtre renforcée, et elle se dissipa dans son cadre. Il glissa à travers, avec la jeune personne qui baissait la tête, à califourchon sur son dos. Un instant le gigantesque animal de la préhistoire resta perché, les deux talons posés sur l’appui de la fenêtre. Il se retourna, avec un léger tremblement de dégoût, mais le lit blanc d’hôpital, à sa surprise, était vide. Cette énigme accessoire ne l’arrêta pas longtemps, toutefois. Il était bon de se sentir libre de nouveau et de sentir la fille sur son dos.

« Mais monsieur Barbee ! disait Mlle Hellar, hors d’haleine, dans la chambre, où donc êtes-vous ?… »

Il déploya ses ailes et fonça du haut de la fenêtre.

La nuit était nuageuse encore, et le vent du sud, vif, chargé d’une bruine glaciale. Mais il battait l’air humide à grandes brasses longues, dans la direction de l’ouest.

Sous eux, soudain, le cri du chien effrayé d’une ferme, et Barbee se rapprocha du sol pour le forcer au silence sous l’effet de la terreur, ce roquet, en poussant son propre cri de vapeur qui s’échappe. Une force allègre lui soulevait les ailes. C’était ça, la vie. Toutes les incertitudes et les conflits et les chagrins, on les laissait derrière soi. Enfin, il était libre.

Plus à l’ouest encore, des lumières de voitures, des lanternes agitées sur le flanc des montagnes, des lampes de poche à l’éclat furtif. La chasse à l’homme, il le vit par l’œil du saurien, n’avançait que lentement. Depuis qu’il avait quitté Sam Quain, un flot se déversait du canyon le plus élevé. La Crique à l’Ours et Laurel Canyon étaient infranchissables, avec leurs eaux blanches et leurs pierres roulées par le courant. Les hommes du shérif attendaient au gué.

« Jamais ils ne l’attraperont, murmurait April Bell, il va falloir que nous nous servions de cet enchaînement pour l’aider à glisser du roc. Il faut absolument qu’il fasse une chute mortelle.

– Non, je ne veux pas, répondait Barbee, entêté.

– Je crois bien que tu le voudras quand tu auras vu ce qui a eu lieu sur le mont Sardis. »

Une crainte bizarre agitait ses ailes, comme il gagnait à contrecœur la montagne, en suivant le fil gris de la route. Il franchit le défilé, descendit en direction du virage dangereux, un peu plus loin, l’œil étrange aux aguets.

Trois voitures étaient arrêtées sur la chaussée au débouché du virage en épingle à cheveux, ainsi qu’une ambulance noire. Un petit groupe d’automobilistes, au bord de la route, ouvraient la bouche devant les restes de la fourgonnette de la Fondation. Des hommes en blanc, à côté, levaient, avec des gestes de professionnel, quelque chose, en vue de l’étendre sur une civière, à deux pas de là.

Barbee distingua leur fardeau et trembla dans les airs.

« C’est ton cadavre, dit la fille blanche, affectueusement. Tes forces avaient crû ; tu n’en avais plus besoin. J’ai suivi l’enchaînement de probabilité, alors que tu roulais sur cette route, dans la descente, afin de t’aider à te libérer. »

Les hommes, là, en bas, étendaient une couverture sur l’objet étendu sur la civière.

« Libre, souffla Barbee, tu veux dire mort ?

– Non, susurra April Bell, à présent tu ne mourras jamais plus. Du moins si nous liquidons Sam Quain, avant qu’il apprenne à se servir de l’arme. Tu es le premier d’entre nous, aux temps modernes, le premier assez fort pour survivre, mais, même ainsi, ton atavisme humain contribue à te laisser malheureux et faible. Il était temps de te séparer de ce corps. »

Les ailes raidies, il chancelait, stupéfait.

« Je regrette, mon chéri… Je suppose que c’est dur de perdre ton corps, même si tu n’en as plus besoin désormais. Mais tu devrais être heureux, content et satisfait, vraiment.

– Heureux et content d’être mort ?

– Non… libre !… Tu verras, bientôt tu te sentiras tout autrement. Tous tes immenses pouvoirs ataviques vont s’éveiller, à présent que les barrières humaines ont disparu. Tu es le détenteur du patrimoine, le gardien des secrets précieux de nos clans et de nos cellules, conservés et transmis à travers les âges sombres où l’Homme croyait nous avoir vaincus… Mais non, mon chéri, il ne faut pas craindre. (Ses doigts caressaient les écailles de son cou.) Je sais bien que tu te sens seul et perdu. Comme moi quand j’ai appris, pour la première fois, ce que j’étais. Mais tu ne resteras pas seul bien longtemps… Tu comprends, Archer Glenn affirme que je suis assez forte pour survivre, moi aussi. Bien sûr, il va falloir que j’attende jusqu’après la naissance de notre héritier. Un fils de sang assez pur pour donner naissance à la nouvelle race… Mais, après, je pourrai me séparer moi aussi afin de te rejoindre à tout jamais.

– Hum ! fit le ptérosaure, un joli couple de revenants, quoi !

– Ne t’afflige pas comme ça sur ton sort, Will Barbee. » Elle éclata de rire, repoussa en arrière ses cheveux brillants, et piqua des deux mains dans sa peau écailleuse. « Oui, Barbee, tu es un vampire, désormais, autant y prendre goût. Celui qui a besoin de sympathie ce n’est pas toi, c’est ton vieil ami Quain.

– Non… Je ne peux pas y croire…

– J’en avais la chair de poule dans le temps, quand Archer commençait à me montrer les vieux arts, murmurait allègrement April Bell. Cette idée d’aller me cacher dans le noir, peut-être même dans sa propre tombe, et d’attendre la nuit pour partir en chasse, cela me semblait si macabre ! Mais maintenant, j’ai comme l’impression que ça va être une vraie partie de plaisir… C’est ainsi que notre peuple vivait, jadis, continua la sorcière blanche, avant que l’Homme eût appris à nous combattre. C’est la façon naturelle, étant donné que notre ectoplasme a de si merveilleux pouvoirs. Il peut survivre presque indéfiniment, à moins d’être détruit par le jour, l’argent, ou ces horribles pierres que l’Homme avait l’habitude d’enterrer avec nous… Mais il est temps de retrouver Quain. Je sens que l’enchaînement se forme. »

Lourdement il partit vers le nord-est, survola à basse altitude les hommes du shérif, qui attendaient toujours devant les eaux blanches de la crique à l’Ours.

« Ne te soucie pas d’eux, dit April Bell, ils n’ont pas de balles d’argent. D’ailleurs, ils ne nous voient pas. Depuis l’affreuse époque de l’Inquisition, les hommes ne savent plus comment lutter contre nous. Ils ont oublié. Ils ne comprennent même plus ce que les chiens leur disent. Non ! Sam Quain est le seul danger qui reste. »

Il survola le gué, remonta le torrent écumeux qui descendait de Laurel Canyon. April Bell pointa son bras mince, et il distingua Sam Quain. Vacillant sous le poids de la boîte de bois peinte en vert qu’il avait chargée sur ses épaules, Quain avait atteint le haut de cette piste étroite, insoupçonnée, qui se tordait vertigineusement au-dessus des eaux blanches.

« Attends, attends, susurra April Bell, attends que nous puissions saisir la chance, qu’il glisse et tombe, voilà l’enchaînement que je sens. »

Sans se presser, Barbee tournoya au-dessus des crêtes déchiquetées. Même maintenant il ne pouvait s’empêcher d’admirer Sam Quain, ennemi courageux, ennemi redoutable. Luttant contre la fatigue, dans des difficultés insurmontables, il accomplissait un magnifique effort. Contre tout autre adversaire, il aurait pu triompher.

Puis, pour finir, gravissant les marches à demi effacées que les Indiens devaient avoir découpées dans la pierre, il poussa la caisse devant lui et se hissa sur la crête. Il resta à souffler, une minute, regardant sans émoi les hommes du shérif derrière le gué. Alors, d’un suprême effort, il remit la boîte pesante sur son dos. « Maintenant », cria April Bell. Sans un bruit, d’un coup d’aile, Barbee plongea. Soudain, Sam Quain parut sentir le danger. Il tenta de se rejeter en arrière, de s’écarter du précipice, et oscilla et perdit l’équilibre. Il leva le visage. Sans doute voyait-il les ectoplasmes, car ses lèvres s’entrouvrirent et Barbee crut l’entendre prononcer son nom :

« Ainsi c’est toi, Will Barbee… »

Les talons du ptérosaure agrippèrent la caisse cerclée de métal. L’arôme insinuant de cette mortelle chose ancienne emplit les narines de Barbee de sa douceur terrible. Le simple toucher de la caisse le paralysait d’un étrange frisson. Ses ailes s’étaient raidies, mais il n’en tirait pas moins.

Arrachée aux doigts cramponnés de Sam Quain, la boîte tomba du haut de la falaise. Barbee tomba avec la boîte. Sans vie. Tant qu’il n’eut pas lâché. Puis, pour enrayer sa chute, il déploya ses ailes endolories, les yeux grands ouverts sur la caisse qui plongeait. Bien plus bas, elle rencontrait un rocher, elle éclatait en des milliers d’éclats de bois et la feuille d’argent qui doublait l’intérieur s’éparpilla en fragments tordus. Un objet en forme de disque, parmi les morceaux d’ossements brunis tombant en poussière, luisait d’un éclat violet plus terrible que la lumière du jour.

Eclat terrible qui lui rappela la description d’un accident atomique qui avait entraîné la mort d’un savant à Los Alamos. L’uranium radioactif était-il plus dangereux encore que l’argent ? Il se le demanda. Si cela était, les sorciers de service feraient le nécessaire pour que des hommes dangereux, comme ce Sam Quain, n’en disposassent jamais.

Le disque rebondit sur la roche, et tomba plus bas encore en compagnie du squelette de lycanthrope, des armes d’argent, et du reste, avant de se noyer dans le chaos d’écume, de boue, de rochers et d’eaux sauvages de l’inondation.

Les ailes reprenaient vie. Il s’éloigna de l’émanation nauséabonde qui montait de ce disque de pierre rompu, en train de disparaître. Encore faible et secoué, il atterrit maladroitement sur la pierre, au-dessus du torrent qui grondait. April Bell mit pied à terre.

« Tu as été magnifique, Barbee, dit-elle. (Sa voix, une caresse de velours). La Pierre était notre seule menace. Le seul danger pour nous. Tu es le seul dans le clan assez fort pour avoir pu toucher cette boîte. L’émanation de la Pierre aurait paralysé n’importe quel autre avant même qu’il eût pu s’en approcher suffisamment. (Il frissonna de plaisir à sentir ses doigts électriques gratter son flanc écailleux, agité par son souffle). Maintenant, terminons-en avec Sam Quain. Tuons-le…

– Quel mal peut-il nous faire ? Cette boîte était la seule arme de Sam, et la seule preuve qu’il pût invoquer. Maintenant, il n’est plus qu’un fugitif, poursuivi pour trois assassinats. Sans cette caisse, son histoire est pure insanité, le genre d’histoire de sorciers que le docteur Glenn soigne si bien… Suppose seulement qu’il arrive à se débarrasser des hommes du shérif ? Suppose qu’il soit assez bête pour essayer de raconter son histoire à quelqu’un ? Ou, chose plus probable, qu’il l’écrive ? Suppose qu’un éditeur imprudent ose l’imprimer, cette histoire, déguisée en roman ? Est-ce que les sorciers s’en soucieront ?

– Je ne crois pas. Les sorciers qui rendent compte des livres, sans aucun doute, écarteraient celui-là comme un vulgaire essai d’imagination hasardeuse, comme un spécimen de littérature d’évasion. Et si l’ouvrage tombait entre les mains d’un distingué psychiatre comme le docteur Glenn ? Je vois son sourire. C’est un cas intéressant, dirait-il. Une bonne image de la réalité, ajouterait un de ces sorciers distingués, l’image telle que la voit une personnalité schizoïde en voie de désintégration. L’autobiographie d’une dépression nerveuse. Avec, en conclusion, que la légende du vampire sert depuis des milliers d’années comme expression populaire de sentiments inconscients d’agression et de culpabilité.

– Qui oserait le croire ? »

Le ptérosaure haussa les ailes :

« Oublions Sam Quain, pour l’amour de Nora.

– Ainsi, c’est de nouveau Nora ? »

Indignée par malice, April Bell s’échappa des ailes écailleuses qui la caressaient. Son corps blanc diminua, ses oreilles se firent pointues et sa tête s’allongea. Sa chevelure rousse se transforma en fourrure soyeuse. Seuls les yeux malicieux, les yeux verts restaient les mêmes, avec leur expression de défi malicieux.

« Attends-moi, April, attends-moi. »

Elle fuyait déjà, sur la montée aux arbres sombres, où les ailes de Barbee l’empêchaient de la suivre. Mais, à présent, les métamorphoses ne lui coûtaient plus rien. Il laissa le corps du saurien se transformer en gigantesque loup gris. Il sentit l’odeur captivante de la louve blanche, et la suivit parmi les ombres.

FIN