7
Aux Enfers
Après un certain temps, quelqu’un frappa doucement à la porte de la chambre de Perséphone.
— Est-ce que je peux entrer ?
C’était Aphrodite.
— Va-t’en ! cria Perséphone.
— S’il te plaît, cria Aphrodite à travers la porte. Il faut que nous parlions.
— Je ne veux pas te parler. Ni maintenant, ni jamais !
— Ce n’est pas ce que tu penses, protesta Aphrodite. Nous étions inquiètes à ton sujet. Et ta mère nous a pratiquement forcées à lui dire. Nous ne voulions pas te causer des ennuis.
— C’est ça ! dit Perséphone sarcastiquement. Eh bien, merci pour rien.
Il y eut une pause, puis elle entendit des murmures. Athéna et Artémis devaient être à sa porte elles aussi. Enfin, Aphrodite reprit la parole.
— Tu n’es plus toi-même en ce moment, dit-elle. Nous allons te parler demain à l’école une fois que tu te seras calmée, d’accord ?
Perséphone ne répondit pas. Quelques instants plus tard, elle entendit partir ses amies. Aphrodite avait tout faux, pensa-t-elle. Cette personne en colère était la vraie Perséphone. La Perséphone que ses amies croyaient connaître, celle qui suivait le courant pour ne pas faire de vagues, était la fausse, la Persé-FAUX-ne. Désormais, cette Perséphone-là allait disparaître pour toujours !
Déméter fit de l’ignambroisie pour le dîner, ce soir-là. Bien que celle de l’école fût bonne, celle que faisait sa mère était exquise. Perséphone savait que c’était une tentative de sa mère pour arranger les choses entre elles, mais elle mangea en silence et garda les yeux baissés avec entêtement pour éviter de regarder sa mère. Le seul son qu’on entendit durant le repas fut celui des cuillères qui cliquetaient sur les bols de céramique.
Plus tard, alors qu’elles faisaient la vaisselle avant d’aller se coucher, Déméter déposa son torchon à vaisselle et soupira.
— Je suis désolée. Je sais que je n’aurais pas dû te réprimander devant tes amies cet après-midi.
Perséphone grommela, mais ne répondit pas.
— Tu es mon unique fille, continua sa mère. Je ne sais pas ce que je ferais si je devais te perdre.
— Je ne suis pas une chose que tu peux égarer, marmonna Perséphone en brisant enfin le silence. Je ne suis pas une bague en turquoise ou un bracelet en émeraude.
— Ne fais pas la maligne, dit sa mère en fronçant les sourcils. Tu sais ce que je veux dire. Il est tard, poursuivit-elle d’une voix plus calme. Nous en reparlerons demain. Bonne nuit, ajouta-t-elle en faisant un pas vers Perséphone.
Et au moment où sa mère se pencha pour l’embrasser, Perséphone détourna la tête pour l’éviter.
— À demain matin, dit Déméter doucement.
Puis elle se dirigea vers sa chambre.
Perséphone savait qu’elle lui avait fait de la peine, mais elle repoussa le sentiment de culpabilité. Si elle pardonnait à sa mère à ce moment, elle retomberait simplement dans son ancien modèle et laisserait les autres lui dire comment elle devait se comporter, et c’était quelque chose qu’elle était déterminée à ne plus faire.
De retour dans sa chambre, elle fit les cent pas sur le sol en mosaïque à côté de son lit, réfléchissant à ce qui s’était passé et à ce qu’elle ferait ensuite. Elle ne pouvait simplement pas continuer à être la jeune déesse que ses amies et sa mère croyaient qu’elle était. Puis, soudainement, comme l’un des éclairs de Zeus, une idée lui traversa l’esprit. Elle allait s’enfuir !
Et elle savait exactement où elle irait.
Une fois qu’elle fut certaine que Déméter était endormie, Perséphone mit quelques chitons et autres affaires dont elle aurait besoin dans un sac tissé et sortit de la maison sans bruit. Hésitant sur le seuil, elle regarda derrière elle pendant un long moment. Il n’était pas trop tard pour retourner dans sa chambre ; elle pouvait toujours changer d’idée. Sentant sa résolution faiblir, elle redressa l’échine. Puis elle serra très fort son sac et s’en alla rapidement.
Puisque Hadès était son seul vrai ami, elle avait décidé de lui demander si elle pouvait aller chez lui. Se transformant en colombe, elle prit son sac dans son bec et descendit en vol plané jusqu’au fleuve Styx. À quelques centaines de mètres de l’endroit où l’on avait trouvé les sandales de monsieur Cyclope, elle aperçut des fantômes : les âmes des humains morts, qui montaient à bord du bateau de Charon pour se rendre aux Enfers.
Se transformant en vieille femme, l’un des déguisements favoris de sa mère, Perséphone rejoignit la foule au bord du fleuve. Son corps était solide, comparé aux fantômes cotonneux, mais elle espérait que personne ne le remarquerait. Elle attendit son tour, puis s’approcha de Charon.
— J’aimerais un passage aux Enfers, s’il vous plaît, dit-elle.
Levant un menton grisonnant, il la regarda de pied en cap. Perséphone resserra son châle de laine brun autour d’elle. Pendant un instant, elle eut peur que le vieux passeur courbé ne la démasque sous son déguisement, mais il se contenta de dire que le passage allait lui coûter une obole.
Perséphone le regarda, stupéfaite. Elle n’avait pas d’argent d’humain ! En lui jetant un regard impatient, Charon se déplaça derrière elle pour récolter la pièce du suivant, puis il tira l’âme à bord de son bateau.
Comme Perséphone se retrouva poussée hors de la queue, un fantôme avec un corps hâve et une longue barbe se pencha en avant et lui tapa sur l’épaule.
— Vous n’êtes pas d’ici, n’est-ce pas ? murmura-t-il. Une obole est le sixième d’une drachme.
— Merci, dit-elle. Mais je n’ai pas de pièces… rien du tout.
— Ça va, dit le fantôme. J’en ai une de trop. Peut-être que vous aider me portera chance.
Il laissa tomber une pièce d’argent dans la paume de sa main.
— Vous êtes très gentil, dit Perséphone en souriant.
S’il n’en tenait qu’à elle, ce gentil fantôme pourrait rester dans les champs Élysées. Elle avait entendu dire que c’était le quartier le plus désirable des Enfers et que ceux qui étaient suffisamment chanceux pour y aller festoyaient, s’amusaient et chantaient jusqu’à la fin des temps. Elle tendit la pièce à Charon, qui l’aida à monter sur le bateau, grognant et fronçant les sourcils, surpris par le poids inhabituel de cette cliente.
Une fois que tous les fantômes furent montés à bord, Charon enfonça son long bâton de passeur dans le fleuve et repoussa la barque de la rive. Comme le bateau glissait sur l’eau, une peur sourde et froide s’installa dans les entrailles de Perséphone. Serrant son sac sur sa poitrine, elle pensa qu’elle ne savait vraiment pas grand-chose à propos des Enfers. Dans quel pétrin s’était-elle fourrée ? « Sois courageuse », se dit-elle. Et si sa mère avait raison au sujet des dangers de ce monde ? Certainement, les Enfers étaient l’endroit le plus sinistre de tous !
Après un certain temps, le fleuve devint un marais. Charon dirigea son bateau de l’autre côté jusqu’à ce que l’embarcation frappe la rive.
— Nous y sommes. Tout le monde descend ! cria-t-il.
Il y eut quelques ronchonnements parmi les fantômes, qui se bousculaient pendant que tous quittaient le bateau. En tremblant un peu, Perséphone passa par-dessous le côté.
Elle suivit les fantômes qui se mettaient en file pour passer devant un chien énorme à trois têtes qui bavaient et avec une queue en forme de serpent.
« Cerbère ! » se rendit-elle compte avec excitation.
Parce qu’elle savait que c’était le chien d’Hadès, elle ne semblait plus effrayée du tout.
Cerbère avait posé ses trois têtes sur ses pattes, ne daignant même pas en relever une seule alors que les fantômes entraient aux Enfers.
Perséphone fut tentée de tendre la main pour le flatter, mais elle ne le fit pas. Elle avait peur qu’il ne flaire son déguisement. Mais il l’ignora lui aussi. Elle savait que son travail consistait à empêcher les âmes de s’enfuir, alors il ne se souciait sans doute pas de savoir qui entrait, du moment que personne ne sortait.
Suivant les fantômes, Perséphone descendit au Pays des morts. Une brume humide et sombre les avala alors qu’ils avançaient le long d’un sentier marécageux. Ses sandales faisaient des bruits de succion en s’enfonçant dans l’eau stagnante, qui sentait les herbes pourrissantes.
— Beurk, marmonna le fantôme qui était juste devant elle. Cet endroit ne pourrait pas être plus glauque !
C’était un endroit glauque, sans aucun doute, mais cela ne dérangeait pas Perséphone. Pour l’instant, cela convenait à son humeur.
Après un certain temps, la brume se dissipa, et le groupe arriva dans des champs d’asphodèles. Les longues tiges, surmontées de fleurs blanches, s’en allaient dans toutes les directions. Cette partie des Enfers était plutôt agréable, constata Perséphone. Qui se souciait que les asphodèles fussent les seules fleurs qui poussaient en ces lieux ? Elle se pencha et huma le doux parfum des fleurs. Ah ! Comme elle aimait les asphodèles !
Et les morts aussi les aimaient. Un peu plus loin devant, certains étaient même en train d’en manger. Accroupis près des cendres d’un feu, ils en grillaient les racines avant de les avaler goulûment. Dans les champs, d’autres fantômes en récoltaient les fleurs. Ils bougeaient de manière mécanique, ne semblant ni heureux, ni malheureux. Simplement calmes. Et Perséphone se sentait calme elle aussi. Comme si en cet endroit elle pouvait être elle-même.
Elle regarda tout autour en cherchant Hadès des yeux, mais elle ne le vit pas. Ce ne serait pas facile de le trouver dans un endroit si vaste. Eh bien, elle devrait continuer à chercher. À mesure que les fantômes qui se trouvaient sur le bateau se dirigeaient vers un endroit où trois routes se rejoignaient, Perséphone se sépara discrètement du groupe.
— Hé, où t’en vas-tu, fantôme ? cria un homme barbu avec des ailes fixées aux épaules. Nous sommes sur le point de commencer le jugement. Tu dois savoir où tu seras placée.
Il étudia une liste sur un rouleau, puis lui jeta un regard.
— Aimes-tu le feu ?
— En fait, admit Perséphone, je ne suis pas du tout un fantôme. Je suis une déesse déguisée. Je…
Le barbu leva un sourcil.
— Si tu es une déesse, moi je suis un cyclope. Maintenant, remets-toi en rang.
— Vous ne comprenez pas. Je suis ici seulement parce que je cherche Hadès, continua Perséphone. Vous voyez, je me suis enfuie de la maison, et…
— N’est-il pas ? l’interrompit l’homme, en prenant une note rapide sur sa liste. Tss-tss-tss. Cela n’augmentera pas tes chances de te retrouver dans les champs Élysées !
— Hé, Thanatos ! dit un autre homme barbu qui s’approchait d’eux en tenant un rouleau.
Les deux hommes se ressemblaient tellement que Perséphone imagina qu’ils devaient être jumeaux.
— Il y a de l’agitation en bas, dans le Tartare, poursuivit le deuxième homme. Hadès s’est porté volontaire pour aller voir de quoi il s’agissait. Entre-temps, que dirais-tu d’escorter un groupe de fantômes jusqu’au Palace ?
Thanatos fronça les sourcils.
— Pourquoi moi ? Je suis occupé, Hypnos.
Et il tapota son rouleau comme pour en donner la preuve.
— Tu n’es pas le seul à avoir trop de travail, dit Hypnos en agitant son rouleau au visage de Thanatos.
— Ah ouais ?
— Ouais !
Les deux hommes se toisaient l’un l’autre.
Perséphone n’en entendit pas plus. Comme les jumeaux continuaient de se chamailler, elle s’éclipsa.
On disait que le Tartare était le pire endroit des Enfers. C’était là que se retrouvaient les plus vilains, notamment ceux qui avaient offensé les dieux et les déesses. Mais si Hadès s’y trouvait, c’est là qu’elle devait aller. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine lorsqu’elle dépassa sur la pointe des pieds le rang des personnes qui attendaient d’être jugées. Elle était certaine qu’à tout moment Thanatos ou un autre employé des Enfers viendrait à sa poursuite. Lorsque personne ne vint, elle soupira de soulagement. Voyant une enseigne indiquant le Tartare, vers la gauche, elle prit cette direction, en marchant assez vite.
Au détour du chemin, elle s’arrêta net. Elle était presque tombée dans un fleuve de feu ! À ses pieds, de la lave rouge fumait et sifflait en glissant sur des rochers accidentés. De grands nuages houleux de fumée grise étaient suspendus au-dessus du fleuve, et l’air sentait les œufs pourris. Se pinçant le nez, Perséphone eut un mouvement de recul et s’éloigna des vagues de puanteur et de chaleur intenses qui s’élevaient de l’eau. Elle suivit le fleuve le long de la rive qui descendait abruptement. Comme le Tartare était l’endroit le plus profond des Enfers, elle savait au moins qu’elle se dirigeait dans la bonne direction.
Elle arriva enfin à un énorme lac de boue qui bouillonnait. Des fantômes flottaient dans les eaux en ébullition, se tortillant et criant. Soudain, elle ne sut plus si elle devait mettre les mains sur ses oreilles ou continuer à se pincer le nez !
En frissonnant, elle se demanda ce que ces pauvres créatures avaient bien pu faire pour mériter une telle punition. Certainement quelque chose de bien plus grave que s’être enfuie de la maison.
Apercevant son reflet dans une mare le long de la rive, Perséphone se rappela qu’elle portait encore son déguisement de vieille femme. Après l’avoir retiré, elle hâta le pas à la pensée de voir Hadès. Même les problèmes avec sa mère et ses amies ne pourraient gâcher les merveilleux souvenirs du temps passé avec lui la veille. À un moment donné, elle arriva sur le bord d’une fosse béante. Elle se pencha pour regarder en bas, mais c’était si profond qu’elle ne pouvait en voir le fond. C’était certainement l’entrée pour le Tartare !
Comme ses yeux s’habituaient à la semi-obscurité, elle vit qu’il y avait des marches sculptées dans les parois abruptes de la fosse. Faisant passer son sac sur son dos, elle commença à descendre. Plus elle descendait, plus l’air devenait humide, et une lueur trouble était suspendue au-dessus de la fosse. Elle croisa de nombreux fantômes sur son chemin, chacun plus misérable que le précédent. Ils se tordaient les mains et étaient ballotés de tous côtés, se plaignant à qui voulait bien les écouter que leur présence ici était une erreur.
— On m’a tendu un piège, cria l’un d’eux lorsqu’elle l’aperçut. Et de toute manière, même si j’ai pris l’argent et la nourriture, j’en avais davantage besoin que ces orphelins !
— C’était un accident, prétendit un autre. Le couteau m’a pour ainsi dire glissé des mains. Je ne sais pas comment il s’est retrouvé planté dans son dos !
Perséphone aurait peut-être eu pitié d’eux si elle n’avait pas douté de leur bonne foi.
— Quelqu’un peut-il me dire où je pourrais trouver Hadès ? lança-t-elle en ignorant leurs maigres excuses.
— Tu es l’une de ses amies ? demanda avidement le fantôme qui avait prétendu avoir été piégé.
— Oui.
— Glisse-lui un bon mot pour moi, et je vais te dire exactement où le trouver, dit-il.
— Ne l’écoute pas, l’avertit un autre fantôme. Il n’en sait rien. Moi, je vais t’aider à trouver Hadès, par contre. Et pour me remercier…
— Ce sont tous les deux des menteurs, dit un troisième fantôme. Ils n’ont aucune idée de l’endroit où est passé Hadès. Mais lui et moi sommes copains, et…
Comme il lui parut évident que ces fantômes ne lui seraient d’aucun secours, Perséphone continua son chemin. Après un certain temps, elle croisa un fantôme qui faisait rouler une grosse pierre sur la paroi vers le haut de la fosse. Mais bien avant qu’il puisse atteindre le haut, la pierre roulait vers le bas. Il devait alors courir derrière pour l’arrêter, puis il recommençait son ascension. Perséphone l’observa pendant un certain temps, en secouant la tête. Jamais il ne réussirait à faire monter ce rocher jusqu’en haut, et c’était ça l’intention, se rendit-elle compte. En tant que punition, c’était une punition intéressante, mais pas terriblement créative. Elle pensa qu’elle pourrait très bien en imaginer une meilleure si elle avait su pourquoi il était là.
Il lui fallut bien du temps pour atteindre le fond de la fosse, mais lorsqu’elle y arriva enfin, elle aperçut Hadès immédiatement. Elle lui fit un signe de la main.
Lorsqu’il la vit, il se dirigea vers elle ; il avait l’air inquiet.
— Que fais-tu ici ? lui demanda-t-il lorsqu’il la rejoignit.
Le visage de Perséphone s’affaissa. Elle avait cru qu’il aurait été content de la voir.
— Je me suis enfuie de la maison, lui dit-elle.
— Pourquoi ?
Elle le dévisagea. Il devait bien savoir qu’il faisait partie de la réponse, que c’était parce que personne ne voulait qu’elle le fréquente. Mais elle ne se sen-tait pas vraiment la force de le lui dire.
— Parce que tout le monde me dit toujours ce que je devrais faire, répondit-elle plutôt. Je ne pouvais simplement plus endurer ça !
— Tout le monde ? dit Hadès en levant un sourcil.
— Eh bien, ma mère et mes amies.
Elle lui raconta ce qui était arrivé lorsqu’elle était rentrée à la maison après le cimetière.
Hadès écoutait tranquillement. Mais une fois qu’elle eut terminé, il lui prit doucement le bras et passa devant elle, essayant de la diriger hors de la fosse.
— Tu ne peux pas rester ici. Ce n’est pas un endroit pour quelqu’un comme toi.
Perséphone se dégagea d’un mouvement brusque et se retourna face à lui.
— Et pourquoi pas ?
— Parce que c’est glauque ! expliqua-t-il, semblant frustré et un peu en colère qu’elle ne semblât pas comprendre.
— Toi, tu es brillante et enjouée.
Elle se renfrogna et croisa les bras.
— Pas toujours. Parfois, je fais juste semblant d’être comme ça.
Hadès mit les mains sur ses hanches.
— Écoute, si ta mère s’aperçoit que tu es partie, elle va être furieuse. D’autant plus si elle découvre que tu es venue ici pour me voir. Laisse-moi te ramener à la maison.
— Pourquoi prends-tu pour elle ? s’exclama Perséphone. Tu sais qu’elle ne t’aime pas. Ni mes amies non plus !
— Je suis habitué, dit Hadès durement.
Elle crut toutefois remarquer qu’il avait tout de même de la peine.
— Écoute, continua-t-il. Ce n’est pas que je n’ai pas envie que tu sois ici. En fait, j’aimerais beaucoup que nous soyons amis. Mais si elles te trouvent ici, ta mère et les autres déesses vont me blâmer. Et elles vont m’aimer encore moins. Si c’est possible.
Perséphone savait qu’Hadès avait raison, mais c’était ennuyeux qu’il ne veuille pas l’appuyer dans son plan. Le visage de Perséphone était aussi sombre qu’un nuage d’orage lorsqu’il appela son char et ses quatre étalons noirs. Elle regardait d’un air vide devant elle lorsqu’il l’escorta hors des Enfers dans son char, traversa le fleuve Styx et grimpa le mont Olympe.
— Tu peux me déposer ici, dit-elle froidement lorsqu’ils arrivèrent près de chez elle. Je vais faire le reste du chemin à pied.
Hadès tira sur les rênes, et ses étalons s’arrêtèrent. En tenant fermement son sac en tissu, Perséphone sauta du char.
Hadès l’attrapa par le bras et attendit, jusqu’à ce qu’elle le regarde.
— On se voit demain à l’école.
Elle lui jeta un regard glacial et se dégagea.
— Pas si c’est moi qui te vois la première !
Puis, ignorant son regard courroucé, elle fila vers sa maison.