CHAPITRE III

Allongée sur un lit immense, une jeune femme aux longs cheveux blonds s’étirait langoureusement. Elle était nue et son corps doré luisait sous la lumière d’un écran vidéo géant. Elle regardait le programme avec une petite moue boudeuse. Cela ne parvenait pas à altérer son visage d’une extraordinaire beauté : yeux d’un bleu profond, nez parfait, la bouche peut-être un peu grande mais d’une sensualité exacerbée…

Elle ramena sa main gauche sur ses seins qu’elle avait gros, pleins, l’aréole large et le bout long et dur. Elle poussa un léger soupir en écartant les jambes pour permettre à sa main droite de fouiller sa toison d’or pâle qui ne tarda pas à s’emperler. Le souffle de la fille s’accéléra, devint plus rauque. Elle se tordit et accentua sa caresse. Son ventre palpitait et se cambrait comme pour s’offrir à un partenaire invisible.

À cet instant un homme se matérialisa dans la chambre, comme s’il avait franchi un mur invisible, une jambe d’abord, l’autre ensuite. La totalité du corps était maintenant visible.

La fille ne parut pas surprise de cette stupéfiante intrusion. Elle dit à l’inconnu d’une voix alanguie et perverse :

— Bonjour… bienvenue chez nous.

L’homme regardait autour de lui, derrière lui. Il semblait étonné de ce qui lui arrivait. Enfin, il regarda la femme blonde avec envie et admiration.

— Je n’en pouvais plus de vous voir ainsi ! Vous êtes la créature la plus désirable que j’ai jamais vue.

— Je m’appelle Lorna. Et toi ?

— Vanky.

Vanky était un de ces êtres passe-partout, ni beau, ni laid, comme il en pullule dans l’univers. On cherchait en vain le je ne sais quoi qui aurait pu le singulariser. Non, rien de particulier. Un homme, tout simplement.

Sans ajouter un mot, il se jeta sur Lorna et commença à la couvrir de baisers fougueux. La fille gloussa.

— Ne sois pas impatient, je te ferai tout ce dont tu as rêvé. Je suis là pour ça.

— Le prospectus disait…

— Mais oui… mais oui.

Lorna se coula souplement contre l’homme et lui ôta habilement son pull, puis elle s’attaqua au collant et aux bottes. Elle le repoussa ensuite, se mit sur lui et acheva de le dénuder.

Sans attendre, il la renversa sur le dos et lui mordilla les seins, s’imprégnant de leur chaleur, de leur odeur. Lorna glissa ses mains sous lui et le guida en elle. Il la pénétra d’un seul coup, profondément, sauvagement. Et une autre fois encore.

Il n’en revenait pas de ses prouesses, lui qui faisait péniblement l’amour à sa compagne une ou deux fois par mois.

Lorsqu’il retomba en sueur, totalement épuisé sur le corps moite de la fille, sa lucidité lui revint. La beauté de cette femme valait-elle ce qu’il avait engagé ?

Il contempla son visage ravagé par l’amour et la trouva moins belle, soudain. La sueur coulait de ses aisselles, dégageant une odeur forte qui l’incommoda. Il pensa à tous ses prédécesseurs qui avaient joui de ce corps mercenaire et fut frappé de dégoût.

Il se redressa. Lorna l’agrippa par le bras.

— Tu as eu ce que tu voulais, tout ce que tu voulais. À présent, il va te falloir payer, tu le sais.

Vanky roulait des yeux blancs. Lorna poursuivit :

— Tu connais nos accords, tu ne peux payer que d’une seule façon : avec ta vie.

L’homme se mit à bégayer.

— Ce n’est pas possible… j’étais fou… j’ai changé d’avis…

Il avait peur, maintenant, devant la mort.

— Non, je refuse… je refuse… Je ne veux pas mourir !

Il ramassa hâtivement ses affaires, s’habilla et sauta par la fenêtre.

Lorna l’avait regardé faire sans bouger. Quand il eut disparu elle éclata de rire.

— Pauvre fou ! Il croit se sauver alors qu’il est déjà mort. C’est le deuxième, comme lui, que je vois aujourd’hui…

Elle haussa les épaules, et passa sous la douche. Nettoyée, rutilante, elle revint se coucher pour regarder l’émission d’Anza Piko.

Le générique apparut : Anza Piko, ce soir, présentait en direct, Ronko, le seul homme au monde qui pouvait prévoir la mort… des autres !

Lorna se dit qu’en ce qui concernait Vanky il n’y avait pas besoin d’avoir recours à cet homme : sa mort était certaine.

Il ne pourrait pas l’éviter !