Épilogue

Washington, DC

 

 

 

Michaels et Toni allèrent se promener dans le parc avec Petit Alex et Gourou. La journée était fraîche pour la saison, dans les vingt degrés. Tandis que Gourou accompagnait le petit garçon au manège, Toni se tourna vers Alex et demanda : « Alors comme ça, John prend sa retraite pour de bon, ce coup-ci ? »

Michaels opina. « Oui. Il s’est vu offrir un poste dans le privé. Un vieil ami dirige la boîte et je pense qu’il va accepter. Il gagnera plus et se retrouvera confronté à une autre catégorie d’individus. Pas forcément meilleurs, mais sans doute moins dangereux. Du moins physiquement. Je crois qu’il pourrait également trouver un poste à Julio dans la sécurité…

– Une chance pour eux. »

Il sourit à sa femme. « Et pour nous aussi.

– Tu comptes vraiment raccrocher ?

– C’est déjà fait. J’en ai parlé aujourd’hui à la directrice. Tu peux m’aider à rédiger ma lettre de démission.

– Tu es sûr ?

– Absolument. Je reste juste le temps de mettre mon successeur au courant, quelques semaines tout au plus. On peut vendre l’appartement, réaliser quelques titres, nous acheter une jolie maison dans le Colorado et prendre un peu de vacances avant que j’aie à me soucier de trouver un boulot. »

Elle le regarda. « Et CyberNation ? » Il marqua un temps, puis haussa les épaules. « Ouais, c’est le problème. On a coupé une partie de ses têtes, mais CyberNation existe toujours et je ne pense pas qu’on en sera débarrassé de sitôt. Le problème, c’est que je ne sais plus trop quoi en penser. » Toni fronça les sourcils. « C’est un changement. » Il acquiesça. « Cette lobbyiste dont je t’ai parlé, Corinna Skye… elle avait d’assez bons arguments, la fois où elle est venue me voir au bureau. Je ne peux pas dire que je partage entièrement son opinion, mais peut-être que je ne suis plus en si complet désaccord qu’au début… »

Il prit la main de Toni. « J’imagine que, comme je vois les choses, cette CyberNation se réalisera tôt ou tard, et si elle se réalise, ce sera un mal ou un bien… ou quelque chose entre les deux… Comme la plupart des choses dans la vie, ce n’est pas aussi simple que je le voudrais. » Il haussa les épaules. « Quoi qu’il en soit, ce n’est plus de mon ressort. Et c’est très bien ainsi. »

Elle lui glissa un bras autour de la taille. « Tu n’as pas peur qu’on se transforme en vieux couple ennuyeux ? »

Il rit. « Ce n’est pas vraiment ma crainte, non. On a déjà eu suffisamment d’émotions pour remplir dix existences.

– Regarde, Gourou monte sur le manège avec le petit.

– Parfait, il ne nous manquerait plus que ça, Gourou qui se casse le col du fémur ! »

Mais la vieille dame s’était installée au beau milieu, solide comme un roc. Petit Alex, quant à lui, était ravi et riait tandis que tournait le manège.

C’était ça la vie, telle que l’imaginait Toni. Se retrouver avec sa famille, en bonne santé et en sécurité. Pas nécessairement jusqu’à la fin des temps, personne ne pouvait promettre une telle chose, mais c’était déjà un commencement.

Et pour l’heure, elle s’en contentait.