CHAPITRE V











L’excitation que provoquait la tournée d’inspection commença à l’intérieur de la ferme dès l’aube, c’est-à-dire dès que les principaux tubes fluorescents furent allumés. Un tumulte extraordinaire se déchaîna en même temps qu’une galopade effrénée. Les voitures des sables, chacune conduite par un garçon de ferme, vinrent s’aligner.

Makian allait d’un groupe à l’autre, sans s’attarder nulle part. Hennes, de sa voix nette, catégorique, formait les équipes, établissait les itinéraires à travers les vastes terrains du domaine agricole. En passant devant David, il leva les yeux et s’arrêta.

— Williams ? dit-il. Avez-vous toujours l’intention de participer à l’inspection ?

— Je ne voudrais pas la rater !

— Très bien. Puisque vous n’avez pas de véhicule, je vais vous confier une voiture du stock général. Lorsqu’elle sera en votre possession, c’est à vous qu’il incombera d’en prendre soin et de la maintenir en état de marche. Toute réparation ou avarie que nous pourrions considérer comme résultant d’une faute de conduite sera déduite de votre paie, compris ?

— C’est assez clair.

— Je vais vous joindre à l’équipe de Griswold. Je sais que vous ne sympathisez guère tous les deux, mais Griswold est notre homme le plus capable dans les champs et vous êtes un Terrien sans expérience. Savez-vous conduire une voiture des sables ?

— Je crois qu’avec un peu de pratique je peux faire marcher n’importe quel véhicule.

— Vraiment ? Nous allons vous donner l’occasion de prouver vos compétences.

Il allait s’éloigner lorsqu’il aperçut Le Grand qui venait d’entrer dans la salle de réunion.

— Où allez-vous ? aboya-t-il.

Le Grand portait des vêtements neufs et ses bottes, qu’il avait cirées, brillaient comme des tiroirs. Ses cheveux étaient brossés et il avait le visage rose et rasé. Il répondit, d’une voix affectée :

— En inspection, Monsieur Hennes. Je ne suis pas en prison et, bien que vous m’ayez promu garçon de restaurant, je suis encore ouvrier agricole spécialisé. Cela signifie que je puis partir en inspection. Cela signifie aussi que j’ai le droit de conduire mon ancienne voiture et de faire partie de mon ancienne équipe.

Hennes haussa les épaules et s’éloigna. Le Grand se tourna vers David.

— Vous êtes-vous déjà servi du respirateur spécial, Williams ?

— En réalité, jamais. Bien entendu, j’en ai entendu parler.

— En entendre parler, ce n’est pas s’en servir. J’en ai pris un de plus que j’ai vérifié pour vous. Je vais vous montrer comment on le place. Regardez comment je dispose mes mains. Très bien. Maintenant, passez-le pardessus votre tête et assurez-vous que les courroies ne sont pas tordues dans votre nuque. Maintenant, pouvez-vous voir à travers ?

Le visage de David, enchâssé dans un masque de plastic, était transformé en une sorte de groin simiesque ; des tuyaux, de charme côté de son menton, reliaient l’appareil aux cylindres d’oxygène.

— Est-ce que vous respirez bien ? demanda Le Grand.

David se débattait, luttant pour aspirer de l’air. Il rejeta l’appareil nasal.

— Il y a donc quelque chose qui ne marche pas ? dit-il.

— Il n’y a rien qui cloche. L’alimentation se fait sous une pression de gaz normale d’un cinquième qui fait équilibre à la pression atmosphérique de Mars. Vous ne pouvez donc pas employer l’appareil ici, où vous avez à lutter contre la pression atmosphérique normale de la Terre. Dans le désert, au dehors, cet appareil sera parfait. Rappelez-vous seulement qu’il faut aspirer par le nez et expirer par la bouche. Si vous soufflez par le nez, vous embrumerez votre visière et vous en souffrirez.

— Je m’en arrangerai, dit David. Vous feriez bien d’aller à votre voiture. On dirait qu’elles s’apprêtent à partir.

— Vous avez raison. Une chose encore : faites attention au changement de force de gravitation. C’est difficile à supporter quand on n’y est pas habitué. Et puis…

— Oui ?

— Tenez les yeux ouverts. Vous savez ce que je dire.

— Merci. Je n’oublierai pas.

Les voitures se disposaient en carrés de neuf. Il y en avait plus d’une centaine en tout et chacune était conduite par un garçon de ferme qui vérifiait les commandes et les pneus. Chaque véhicule portait, faite à la main, une inscription qui se voulait humoristique. La voiture que l’on poussa dehors pour David était couverte d’inscriptions provenant d’une demi-douzaine de propriétaires antérieure.

David y monta et ferma la portière. La carrosserie spéciale était absolument hermétique. On ne voyait même pas un joint. Immédiatement au-dessus de la tête du conducteur se trouvait la cheminée dont l’air filtré et refiltré permettait d’établir l’équilibre entre la pression intérieure et celle de l’extérieur. La vitre n’était pas tout à fait transparente ; sa surface légèrement trouble prouvait que la voiture avait sans doute rencontré et affronté des douzaines de tempêtes de sable.

Les commandes parurent à David à peu près semblables à celles qu’il connaissait. Elles étaient pour la plupart conformes au standard des voitures de la Terre. Le fonctionnement des quelques boutons auxquels il n’était pas habitué, il le comprit dès qu’il les eut manipulés. Griswold passa devant lui avec des gestes furieux à son adresse.

David ouvrit sa portière. Griswold cria :

— Rabattez vos battants de l’avant. Nous n’allons pas dans la tempête, espèce d’idiot !

David chercha le bouton correspondant et le trouva sur la tige du volant. Les pare-brises qui paraissaient soudés au métal se dégagèrent et s’enfoncèrent dans des cavités. La visibilité devint meilleure.

« Il a raison, pensa David. L’atmosphère de Mars ne fera guère lever assez le vent pour nous déranger et c’est l’été martien. Il ne fera pas très froid. »

Une voix s’éleva :

— Hé ! Williams ?

Il leva les yeux. Le Grand lui faisait un petit salut de la main. Il faisait aussi partie du groupe de neuf voitures dirigé par Griswold. David répondit par un signe amical.

Une partie du dôme se souleva. Neuf voitures passèrent par l’ouverture en roulant paresseusement. La paroi se referma derrière elles. Quelques minutes s’écoulèrent, puis le sas de passage se rouvrit, vide, et neuf autres voitures s’y introduisirent.

La voix de Griswold se fit soudain entendre, près de l’oreille de David. Celui-ci se retourna. Derrière sa tête, dans le haut de la voiture, il vit un petit haut-parleur. L’ouverture grillagée qui se trouvait au sommet de la tige du volant était un émetteur.

— Escouade huit ! Parés ?

Les voix se firent entendre l’une après l’autre.

« Numéro un, paré ». «Numéro deux, paré ». « Numéro trois, paré ». Il y eut un arrêt après le numéro six. Quelques secondes à peine. David répondit alors : « Numéro sept, paré ». Après : « Numéro huit, paré ». La voix aiguë de Le Grand se fit entendre en dernier : « Numéro neuf, paré ».

La portion du dôme se souleva derechef et les voitures qui précédaient David se mirent en mouvement. David actionna lentement le rhéostat, afin d’envoyer au moteur le courant électrique par court-circuit des résistances. Sa voiture bondit et faillit s’écraser contre l’arrière de celle qui le précédait. Il lâcha le rhéostat d’une secousse et sentit la voiture trembler sous lui. Il la fit entrer doucement par l’ouverture. Le battant du dôme, en se refermant derrière eux, les entoura comme un petit tunnel.

Il entendit le sifflement de l’air qui, pompé du tunnel, était renvoyé sous le dôme lui-même. Les battements de son cœur s’accélérèrent mais ses mains restèrent fermes sur le volant.

Son vêtement, s’écartant de lui, se gonfla et l’air s’en échappa. Il sentit aux mains et au menton un picotement, eut une impression de boursouflement, de distension. Il avala à plusieurs reprises sa salive pour diminuer la douleur qui se précisait dans ses oreilles. Cinq minutes après, il haletait, dans son effort pour absorber la quantité d’oxygène qui lui était nécessaire.

Les autres faisaient glisser sur leurs têtes leur respirateur. Il en fit autant et, cette fois, l’oxygène monta sans difficulté jusqu’à ses narines. Il respira à fond et rejeta l’air par la bouche. Il avait encore des picotements aux bras et aux pieds, mais la sensation commençait à disparaître.

Le tunnel s’ouvrait maintenant devant eux et le sable rougeâtre de Mars étincela dans la faible lumière du soleil. Un cri sortit de huit gosiers à la fois, lorsque le battant se releva : « Au sable ! » et les premières voitures de la colonne s’ébranlèrent.

C’était le cri traditionnel des garçons de ferme.

David laissa le rhéostat engagé et passa lentement la ligne qui marquait la limite entre le ballast du dôme et le sol martien.

C’est alors qu’il sentit le choc. Le changement soudain de force de gravitation était comme une chute violente d’un millier de pieds. Cent vingt livres de son poids disparurent lorsqu’il passa la ligne. Il s’accrocha au volant. La sensation de chute, de chute indéfinie, persistait. La voiture des sables vira follement.

David entendit la voix de Griswold, toujours aussi rauque, malgré le son caverneux incongru que lui prêtait l’air raréfié, cet air qui transmettait si mal les ondes sonores. « Numéro sept ! Rentrez dans le rang ! »

David se crispa à son volant, lutta contre ses propres sensations, se tendit pour arriver à voir distinctement. Il tira sur l’oxygène de l’appareil nasal et, lentement, le plus douloureux disparut.

Il vit Le Grand qui regardait avec anxiété dans sa direction. Il leva une main pour lui faire signe et le rassurer, puis il concentra son attention sur la route.

Le désert martien était presque plat. Plat et nu. Il n’y avait pas la moindre broussaille. Cette région était morte et déserte depuis Dieu sait combien de millions d’années. L’idée vint soudain à David que peut-être il se trompait. Peut-être le sable du désert avait-il été revêtu d’organismes miscroscopiques jusqu’à l’arrivée des hommes de la Terre. Ceux-ci les avaient sans doute brûlés pour avoir de la place pour leurs fermes.

Les voitures qui le précédaient traînaient un faible sillage de poussière qui montait lentement, à croire que c’était le déroulement au ralenti d’un film de cinéma. La poussière se déposait avec la même lenteur.

David poussa la vitesse, l’augmenta encore. Il comprit que quelque chose ne marchait pas. Les véhicules qui le précédaient adhéraient au sol, alors que sa voiture à lui bondissait comme un lièvre ! A toutes les inégalités de la surface du sol, même les plus légères, sa voiture dérapait. Paresseusement, elle partait à la dérive en l’air, à plusieurs pouces de hauteur, et les roues tournaient dans le vide. Elle retombait aussi lentement, puis faisait une embardée en avant avec une secousse lorsque les roues retrouvaient une prise.

Il perdait ainsi du terrain et quand il essayait d’accélérer pour le regagner, les bonds s’amplifiaient. Tout cela provenait du peu de force de la gravitation, bien entendu, mais les autres s’arrangeaient pour la compenser. David se demanda comment ils s’y prenaient.

L’atmosphère se refroidissait. Même en cet été martien, la température parut à David être à peine au-dessus du degré de congélation. Il pouvait regarder le soleil en face. C’était un soleil rapetissé, dans un ciel pourpre où David put distinguer trois ou quatre étoiles. L’air était trop ténu pour les effacer ou pour diffuser la lumière de manière à former un ciel bleu comme celui de la Terre.

La voix de Griswold se fit de nouveau entendre.

— Voiture un, quatre et sept, à gauche. Voitures deux, cinq et huit, au centre. Voitures trois, six et neuf, à droite. Les voitures deux et trois prendront la direction de leur sous-section.

La voiture de Griswold, numéro un, commençait à tourner vers la gauche et David, la suivant des yeux, remarqua la ligne sombre qui, dans cette direction, se voyait à l’horizon. Le numéro quatre suivit le numéro un et David tourna son volant à fond à gauche pour obtenir l’angle de virage.

Ce qui s’ensuivit le prit complètement au dépourvu. Sa voiture glissa si rapidement qu’il eut à peine le temps de s’en apercevoir. Il tira désespérément sur le volant pour le braquer dans la direction du dérapage. Il coupa toute puissance et sentit les roues patiner tandis que la voiture tournoyait. Sous ses yeux, le désert tournait en un cercle qui ne lui laissait qu’une seule et vague impression de couleur rouge.

Il entendit soudain, dans le haut-parleur, le cri aigu de Le Grand :

— Appuyez sur le frein de secours ! Il est à droite du levier de résistance.

David tâtonna en vain pour trouver le frein de secours, mais ses pieds douloureux ne rencontrèrent rien. La ligne sombre qui barrait l’horizon apparut devant lui ; elle était plus nette maintenant, et plus large. Elle disparut brusquement, mais cette vision rapide suffit pour que la nature de cette ligne se précisât à lui dans son effroyable réalité. C’était une des fissures de Mars, longue et droite.

Ces fissures avaient la même origine que celles qui, bien plus nombreuses, déchiquetaient la Lune. C’étaient des crevasses qui s’étaient creusées dans la surface planétaire au cours de millions d’années, tandis que Mars se desséchait. Elles avaient plus d’une centaine de pieds de large et personne n’en avait jamais pu trouver le fond.

— Le frein de secours est une pédale rouge ! cria Le Grand. Frappez du pied partout.

David obéit et il sentit soudain, sous ses pieds quelque chose qui cédait légèrement. Il y eut un grincement qu’il ressentit jusque dans ses entrailles. La poussière monta en nuage, le suffoquant et obscurcissant tout. Il se pencha sur le volant et attendit. La voiture ralentissait. Finalement, elle s’arrêta.

Il se renversa en arrière et respira un moment avec calme. Il ôta son respirateur, en essuya les surfaces intérieures, tandis que l’air froid lui piquait le nez et les yeux, puis le replaça. La poussière teintait ses vêtements d’un gris rougeâtre et lui recouvrait le menton d’une croûte. Il en sentait la sécheresse sur ses lèvres. L’intérieur de la voiture en était tout sali.

Les deux autres voitures de sa sous-section s’étaient rapprochées. Griswold descendit de l’une d’elles. Le respirateur enlaidissait monstrueusement son visage couvert de poils. David comprit soudain pourquoi les barbes et les poils étaient si communs chez les garçons de ferme. C’était un moyen de protection contre ce terrible vent de Mars.

Griswold montrait, dans un rictus de colère, ses dents jaunes et cassées.

— Williams ! Les réparations de cette voiture seront déduites de vos gages. Hennes vous avait averti.

David ouvrit la portière et descendit. Vue de l’extérieur, la voiture paraissait encore plus abîmée, si c’était possible. Les pneus étaient arrachés et laissaient voir les énormes dents saillantes de ce qui était évidemment le frein de secours.

— Mes gages ne seront pas diminués d’un centime, Griswold, répondit David. Il y avait à ce véhicule quelque chose qui ne marchait pas.

— Ça, c’est sûr ! Le conducteur, tout simplement ! C’est vous qui n’êtes pas capable de piloter une voiture !

Un autre véhicule arriva en grinçant et Griswold se retourna. Sa barbe parut se hérisser.

— Fichez le camp d’ici, vous ! Occupez-vous de votre boulot !

Le Grand sauta de sa voiture.

— Pas avant que j’aie jeté un coup d’œil à la bagnole de Williams, répliqua Le Grand.

Le petit homme pesait, sur Mars, moins de cinquante livres. D’un saut en longueur, il se trouva à côté de David. Il se pencha un instant, puis se redressa.

— Où sont les barres de pesanteur, Griswold ? fit-il.

— Qu’est-ce que c’est que ces barres, Le Grand ? intervint David.

Le petit homme répondit, volubile :

— Quand on emmène ces bagnoles dans le champ d’une force de gravitation peu élevée, on place des barres d’un pied d’épaisseur sur chacun des essieux. Après, lorsque la force de gravitation augmente, on les enlève. Je suis désolé, camarade, mais…

David l’interrompit. Il avait les lèvres serrées. Il comprenait maintenant pourquoi sa voiture flottait à chaque bond alors que les autres étaient collées au sol. Il se tourna vers Griswold :

— Saviez-vous que ces barres manquaient, Griswold ?

Celui-ci poussa un juron.

— Chaque homme est responsable de sa voiture, ricana-t-il. Si vous n’avez pas remarqué l’absence des barres, c’est à cause de votre négligence.

Toutes les voitures se trouvaient maintenant sur le lieu de la scène. Un cercle se formait autour des trois hommes. Le Grand s’emporta.

— Tête de pierre ! lança-t-il à Griswold. Williams est un nouveau venu. On ne peut tout de même pas lui demander de…

— Du calme, Le Grand, gronda David. Ceci est mon affaire…

Il dévisagea Griswold :

— Griswold. Saviez-vous avant l’accident que les barres n’étaient pas à leur place ?

— Je ne suis pas votre nourrice, riposta l’autre, sarcastique. Ici, les hommes doivent veiller sur eux-mêmes.

— Très bien. Dans ce cas, je vais veiller sur moi-même, et tout de suite.

David regarda autour de lui. Ils étaient presque au bord de la crevasse. S’il n’avait pas réussi à freiner, si sa voiture avait roulé dix pieds de plus, il serait maintenant un homme mort.

— Je vais prendre votre voiture, dit David d’un ton ferme. Vous pourrez ramener la mienne sous le dôme de la ferme ou rester ici si vous voulez, je m’en balance !…

La main de Griswold se porta vivement à sa hanche, mais un cri violent jaillit soudain du cercle des spectateurs attentifs.

— Franc jeu ! Franc jeu !

Le code des déserts martiens était dur, mais il n’admettait pas l’utilisation d’avantages considérés comme déloyaux. Lorsque cette règle n’était pas appliquée, on l’imposait. C’est grâce à ces lois tacites que les hommes étaient à l’abri d’éventuels coups de couteau dans le dos ou de coups de revolvers à explosion.

Griswold regarda les visages qui l’entouraient.

— Nous allons régler cette affaire quand nous serons revenus au dôme, dit-il. Retournez à votre travail, les gars !

— Je vous rencontrerai dans le dôme si vous voulez, dit David. En attendant, écartez-vous !…

Il avança sans se presser. Griswold recula en grommelant :

— Stupide blanc-bec ! Nous ne pouvons pas nous battre aux poings avec ces respirateurs sur la tête ! Est-ce que vous êtes fou ou quoi ?

— Enlevez votre masque, dit David, et j’ôte le mien. Je vous lance un défi en combat loyal.

Les autres approuvèrent en vociférant : « Franc jeu ! » Et Le Grand hurla :

— Allez-y, ou reculez, Griswold !

Il bondit et arracha le revolver que Griswold portait à sa ceinture. David porta la main à son appareil nasal.

— Prêt ?

Le Grand cria :

— Je compte jusqu’à trois !…

Les hommes poussaient des cris confus. Ils attendaient, excités par la perspective d’un combat. Griswold jetait autour de lui des regards furieux. Le Grand compta :

— Un… Deux..

A « Trois », David, calme, enleva son respirateur et le rejeta de côté avec les cylindres qui y étaient attachés. Il resta debout, à découvert, retenant son souffle pour résister à l’atmosphère irrespirable de Mars.