CHAPITRE 26

 

 

Suzi était restée silencieuse pendant que tout le monde parlait. D’abord Charlotte racontant qu’un Apôtre céleste lui avait donné la fleur extraterrestre. Qu’est-ce que c’était qu’un putain d’Apôtre céleste, de toute façon ? Puis Greg avec son pote le général russe et l’implication de la Dolgoprudnenskaya. Au moins elle connaissait les connards de la Dolgoprudnenskaya, c’étaient des vrais durs. Ensuite Julia avait commencé à délirer avec son vaisseau interstellaire et sa supertechnologie, la pression qu’elle subissait de la part des kombinates, des microbes, et Royan qui se comportait en monomaniaque, comme d’habitude. Royan devait toujours démonter les choses, les ouvrir, les comprendre et les remonter pour que ça fonctionne mieux. Si Julia ne savait pas ça, ils n’étaient pas aussi proches qu’elle le pensait.

Un sacré paquet de merde.

Charlotte et Fabian étaient assis côte à côte, bien droits, comme des gamins à l’école qui se concentrent sur une leçon compliquée, pendus aux lèvres de leur professeur. Le visage magnifique de Charlotte était tordu de concentration. Suzi regardait le profil de la fille. Pas mal du tout. Ce qui lui évoquait Andria, qu’elle n’avait pas encore appelée.

Les discussions se poursuivaient autour d’elle. C’était quelque chose qu’elle détestait, et elle ne pouvait pas le leur faire savoir. Le silence impliquait la sagesse, ce genre de conneries. Qu’ils croient qu’elle était perdue dans ses pensées, complètement concentrée. C’était le truc de Greg, pas le sien. Elle pouvait planifier à l’avance, préparer un accord dans les moindres détails. Elle était bonne pour ce genre de choses. Mais elle ne pouvait pas assembler les pièces comme le faisait Greg. Il écoutait les gens raconter ce qu’ils croyaient être arrivé, il y réfléchissait puis il expliquait ce qui s’était vraiment passé. Et tout cela était sensé, comme s’il rassemblait les pièces d’un énorme puzzle dans sa tête, une carte de ce qui avait été. Lui et son intuition de sorcier.

Elle lui sourit.

Il lui lança un regard qui en disait long, puis se remit en marche :

— Vous voyez, Charlotte, sans le savoir, vous avez travaillé pour la Dolgoprudnenskaya depuis que vous avez quitté l’orphelinat. Selon le général Kamoskin, Baronski était lié à l’organisation à un haut niveau. C’est pour elle qu’ils vous envoyaient toujours, vous et les autres filles, à la recherche de ragots financiers. Il se faisait de l’argent, c’est sûr, mais les données les plus intéressantes allaient à ce Pavel Kirilov. Lui occupe une position qui lui permet de les utiliser beaucoup mieux que Baronski.

La fille avait l’air abattue. La main de Fabian tenait la sienne sous la table, son pouce la caressait doucement.

— Et tu penses que c’est la Dolgoprudnenskaya qui a demandé à Jason Whitehurst de sortir Charlotte de Monaco ? demanda Victor.

— Ouais.

— Père faisait des affaires avec eux, dit Fabian de manière inattendue. C’étaient des trucs secrets, ça nous rapportait beaucoup.

— Tu en es sûr ? demanda Julia.

Le garçon fit la grimace.

— Absolument. Père me l’a expliqué. (Il sourit à Charlotte et dégagea une mèche de cheveux de ses yeux.) Je te l’ai dit, Père me racontait tout.

— Oui, tu me l’as dit, répondit Charlotte. Alors, comment ça fonctionne ?

— C’est la Dolgoprudnenskaya qui s’assurait qu’on ait toutes les licences d’import-export avec les nations de la Fédération d’Europe de l’Est. Ces licences sont vraiment difficiles à obtenir, à moins de connaître les bonnes personnes. Les États d’Europe de l’Est sont toujours alourdis par une bureaucratie très puissante. En échange, nous utilisions les bateaux de la Dolgoprudnenskaya pour nos cargaisons à partir de ou vers Odessa. C’est très simple, en fait, l’essentiel de notre commerce avec la Russie se résume à des échanges de bois contre des appareils ménagers et de la cybernétique industrielle. Disons qu’une entreprise russe nous demande une pièce particulière de matériel étranger, on vérifie l’état du marché et on demande un chargement de bois correspondant au prix du matériel. Puis, le Directorat d’exportation de bois du gouvernement russe autorise le transfert du chargement depuis ses propres réserves. Ils ont des millions de tonnes d’arbres à feuilles caduques morts qui datent d’avant le réchauffement, c’est une importante ressource pour eux. Le bois est transporté depuis Odessa pour un coût dix pour cent plus élevé que le tarif normal et, en retour, l’entreprise obtient son matériel. Personne ne pose de questions sur ces transactions parce que la Dolgoprudnenskaya contrôle le Directorat d’exportation de bois. Depuis le directeur jusqu’aux femmes de ménage, tout le personnel fait partie de l’organisation et les seuls marchands qui sont agréés sont ceux qui ont son autorisation. Comme mon père.

— Or le bois occupe beaucoup de place, intervint Julia. Il faut de nombreux cargos pour le transporter.

— Exact. Sauf que Père ne se contentait pas de fournir des pièces à la Russie, il envoyait des usines entières.

Charlotte le recoiffa de la main. Ils se sourirent.

— OK, reprit Greg. Cela confirme ce que nous soupçonnions. Jason Whitehurst travaillait avec la Dolgoprudnenskaya, au moins au début. Quand il s’est rendu compte de la valeur de Charlotte, il a décidé de se passer de l’organisation. Ce qui explique la présence de Nia Korovilla à bord, pour surveiller le partenaire le plus précieux de la Dolgoprudnenskaya concernant le bois. Plus ceux qui surveillaient l’appartement de Baronski après que le Colonel Maitland n’eut pas rallié Odessa.

— Comment savaient-ils que je transportais la fleur pour Julia ? demanda Charlotte.

— Ils ne pouvaient pas savoir que c’était la fleur, répondit Greg qui serra les lèvres en regardant le plafond. Voyons. Depuis combien de temps n’avez-vous pas pris de vacances vraiment seule ?

— Je n’en suis pas sûre, deux ans au moins, peut-être plus.

— OK. Où étiez-vous quand vous avez demandé une invitation au bal de Newfields à Baronski ?

— J’étais encore à New London. S’il n’avait pas pu m’obtenir une invitation, je n’aurais pas écourté mes vacances.

— Et vous lui avez dit que vous vouliez voir Julia Evans ?

— Oui.

— Baronski a dû avoir des soupçons. Vous raccourcissez des vacances extraordinaires, prépayées, parce que vous souhaitez rencontrer la femme qui possède la plus grande entreprise du monde. C’était forcément pour une raison importante. Or vous ne lui en avez pas parlé, ce qui ne vous ressemble pas et qui va totalement à l’encontre de votre arrangement avec lui. Si j’étais quelqu’un vivant des miettes de données que vous et les autres filles lui fournissaient, j’aimerais connaître vos intentions exactes.

 » Je dirais que ça s’est passé comme ça : après que Baronski vous a obtenu une invitation pour le Newfields, il a appelé la Dolgoprudnenskaya et a expliqué qu’il se passait quelque chose de bizarre. Soit vous saviez quelque chose sur Julia, soit vous transportiez quelque chose pour elle. L’organisation vous aura immédiatement fait suivre, probablement avant que vous ne quittiez New London. Vos bagages ont dû être fouillés, et je devine que c’est à ce moment qu’on a prélevé un échantillon. Il s’agissait inévitablement de quelque chose que vous rapportiez de New London. Un psi empathique se sera immédiatement concentré sur la fleur. Elle dégage des vibrations très étranges. Et n’importe quelle équipe de tech-mercs se sert d’un psi pour les missions d’observation. Suzi peut vous le confirmer.

Suzi hocha la tête à l’intention de Charlotte.

— C’est clair ! Quand on suit un courrier, tout ce qu’il transporte est suspect jusqu’à ce qu’on ait pu prouver le contraire. Les vêtements, les cheveux, les bagages. On ramasse même les emballages de bonbons dans les poubelles, les hamburgers à moitié mangés, n’importe quoi. Recourir à un empathe, c’est de la routine, et c’est le moins qu’on puisse dire. Moi, je préfère un précog si je peux en trouver un. Ils sont souvent plus fiables.

Elle soutint le regard de Greg, provocante.

— L’homme de l’aéroport ! s’exclama Charlotte, effrayée.

— Quel homme ? demanda doucement Suzi.

— Je l’ai vu deux, peut-être trois fois. Il attendait au Cap quand j’ai atterri, il était aussi à l’aéroport de Monaco et je crois que je l’ai aperçu au bal, mais je n’en suis pas certaine. Il était habillé en serveur.

— Intéressant, dit Greg.

— Les coïncidences n’existent pas, appuya Victor.

— Sans blague ? (Greg se tourna vers Charlotte.) Quand Baronski vous a-t-il demandé de rejoindre Jason Whitehurst ?

— Il ma appelée juste après que mon vol avait atterri au Cap. J’étais encore au spatioport.

— Un jour après vous avoir obtenu une invitation pour le bal. Cela laissait largement le temps à l’agent de la Dolgoprudnenskaya de trouver la fleur. Ensuite, après qu’elle a été analysée et qu’on a découvert qu’elle était extraterrestre, l’organisation aura voulu savoir où vous l’aviez obtenue à New London, et de qui. Elle vous a permis d’aller au bal pour confirmer que c’était bien à Julia que vous deviez la remettre. Et Jason Whitehurst était supposé vous ramener directement pour interrogatoire. (Il eut une moue aussi admirative qu’amusée.) Ils ont dû s’affoler quand vous avez disparu. J’imagine qu’ils ont envoyé leurs agents fouiller New London pendant au moins quatre jours.

— Si la Dolgoprudnenskaya n’a pas contacté l’extraterrestre, pourquoi Mutizen m’a-t-il fait une offre ? s’enquit Julia.

— Ce n’était pas une véritable offre, répondit Greg. D’après ce que nous savons, Event Horizon est la seule entreprise approchée par Mutizen. Toutes les autres ont reçu une proposition de Clifford Jepson, y compris Mikoyan qui a loyalement informé le ministère russe de la Défense. Regarde le timing. Il y a trois ou quatre jours, la Dolgoprudnenskaya entend parler de la structuration atomique, soit par des contacts chez Mikoyan, soit par le ministère. Une technologie tellement originale qu’elle effraie toutes les entreprises et les gouvernements qui en ont connaissance. À peu près au même moment, l’organisation découvre qu’il y a peut-être un extraterrestre dans le système solaire. Comme toi, Julia, et elle en arrive aux mêmes conclusions. Les deux doivent être liés. Depuis, la Dolgoprudnenskaya fait la même chose que tous les autres, elle cherche la source de la structuration atomique, le propriétaire des données du générateur. Elle a l’avantage d’avoir été la première informée, aussi bien de la structuration atomique que de l’extraterrestre de Royan. Elle estime qu’il suffit d’interroger Charlotte pour être le premier à rencontrer le visiteur. Sauf que Jason Whitehurst joue son joker et isole Charlotte. L’organisation commence à paniquer car il y a une date limite : demain, Clifford Jepson finalise le partenariat. Si l’organisation veut participer, il lui faut d’abord dénicher l’extraterrestre. Elle essaie de faire en sorte que Clifford Jepson et toi fassiez le boulot à sa place.

 » On a ordonné à Mutizen de te faire une offre de développement et de production conjoints. C’est un bluff, mais ça permet de t’informer de la structuration atomique après que tu as reçu la fleur. Ainsi, tu es obligée de monter une grosse opération pour retrouver Royan, une opération rapidement organisée, c’est-à-dire une opération bâclée qui sera facile à surveiller. L’offre de Mutizen sert aussi à aiguillonner Jepson, peut-être pour le forcer à rendre visite à l’extraterrestre, inquiet de ce que Mutizen offre les mêmes données. On l’a certainement aussi informé pour Charlotte et peut-être pour Royan. Voilà pourquoi Leol Reiger entre en scène. La Dolgoprudnenskaya ne peut pas perdre, elle dispose de ses propres agents qui fouillent New London, d’Event Horizon et de Clifford Jepson, trois pistes à suivre. Vassili avait raison, ce Kirilov est un salaud très malin.

— J’ai été utilisée ? s’exclama Julia.

Suzi aurait aimé que le ton glacial ne la dérange pas. Mais Julia avait l’art et la manière de s’adresser directement à l’esprit. Et l’entendre aussi furieuse était intimidant. Tout ce pouvoir, caché sous les convictions et les conventions de Julia, tout ce que cette femme pouvait faire si elle se lâchait…

— Oui, toi, dit Creg avec légèreté. Et moi, et Suzi, Victor, Clifford. La Dolgoprudnenskaya a programmé nos logiciels et nous dansons comme des cyborgs. Le seul qui lui ait échappé est Jason Whitehurst.

Le visage de Julia était parfaitement impassible, elle regardait la fenêtre, pensive.

— Le synopsis que suggère Greg correspond au profil rassemblé sur Mutizen, dit l’une des images de Julia. Nous avons été incapables de trouver la moindre référence à la technologie de structuration atomique antérieure à deux jours. Pas davantage de financement de recherches en physique, et l’entreprise n’emploie aucun scientifique capable de faire ce genre de travail. Ton idée de départ semble être la plus logique : ils ont obtenu les données de quelqu’un d’autre.

— Hmm… (Julia se tourna vers Greg.) Est-il toujours vivant ?

— Tu sais que je ne peux pas répondre, mais… (Le visage de Greg se ramollit.) Je ne ressens aucune mauvaise vibration concernant la poursuite de la recherche. Peut-être que ça en vaudra la peine. Je continue. (Il regarda Suzi d’un air vague.) Et toi ?

— Prochain arrêt : New London, répondit-elle tranquillement.

Et après, Leol Reiger.

— Je n’ai pas dit que je voulais arrêter, dit Julia avec un air vexé.

— Bien, dit Greg. New London est vaste, et les agents de la Dolgoprudnenskaya ne sauraient même pas par où commencer.

— Et toi, si ? demanda Julia.

— Non. Mais Charlotte, oui. Qu’en pensez-vous, Charlotte ? Viendrez-vous avec nous pour identifier le prêtre ?

Charlotte opina prudemment.

— Oui. Si vous pensez que je peux aider.

— Merci, Charlotte.

Julia lui accorda un sourire chaleureux. La tension de la fille sembla disparaître.

— Tu es sûr que la source est à New London ? demanda Victor.

Selon Suzi, il était le seul autour de la table à ne pas être totalement convaincu par Royan et l’extraterrestre. Ce qui était étrange ; il avait déjà vu Greg travailler.

— C’est la seule piste qu’on ait, dit Greg. À moins que l’équipe de SETI n’ait trouvé quelque chose sur Jupiter.

— Désolé, nous n’avons rien trouvé, répliqua Rick. J’ai pris des nouvelles ce matin : aucun signal électromagnétique détectable. Quelque chose apparaîtra peut-être en recherche visuelle, mais il est trop tôt pour le savoir.

Victor grogna. Il était tendu.

— Je veux mes hommes avec moi, annonça Suzi pour Julia. On s’en est sortis hier, mais dans un sale état. Si on avait eu assez de puissance de feu, ç’aurait été une autre histoire. Et si la Dolgoprudnenskaya a des gens à New London, on peut être sûrs qu’ils sont armés.

— New London est une ville-dortoir et un lieu de villégiature pour touristes, rétorqua Julia. Je refuse que vous emmeniez une armée privée là-haut.

— Prenez l’équipe d’intervention avec vous, dit doucement Victor. Vous savez qu’ils sont bons, non ? Nous ne pouvons pas permettre la présence de tech-mercs armés à New London, même s’ils te sont loyaux et disciplinés. C’est ma meilleure offre, Suzi.

Elle sourit.

— Vendu. Ça m’a l’air suffisamment fluide.

L’équipe d’intervention était valable. Suzi avait parlé à ses membres, la bonne vieille routine pro, et elle avait été surprise de ce quelle avait découvert.

— J’espère que vous me laisserez accompagner Greg et l’équipe de sécurité à New London, intervint Rick Parnell.

Suzi n’avait pas tellement fait attention à lui, un étalon dans un méchant costume. Il avait vraiment eu envie de s’asseoir près de Julia. Un universitaire qui cherchait des extraterrestres dans les étoiles, sa conversation devait être stratosphérique.

— Je veux qu’on supervise correctement la recherche sur Jupiter, dit Julia.

— Et ce sera fait, insista Rick. Mais je ne suis pas astronome, je ne pourrai rien faire. Vous dites toujours que ce sont les experts qui doivent faire le boulot. Je serais mieux employé à contacter l’extraterrestre. Il a une étrange psychologie. Je ne dis pas que je pourrais comprendre ses schémas comportementaux ou ses motivations mais, bon, le département SETI a fait des recherches dans…

— Très bien, l’interrompit Julia. Si Greg ne s’y oppose pas.

— Je ne m’y oppose pas.

Rick laissa échapper un soupir de soulagement.

— Victor, tu cherches la prochaine persona de Royan, dit Julia. Il devrait être à la North Sea Farm.

— On a déjà vérifié les mémoires centrales de la ferme, intervint l’une des Julia synthétisées. Ils sont propres.

— Raison de plus pour que Victor y aille en personne, répliqua Julia. Il trouvera ce que vous avez raté. (Elle fit le tour de la table du regard.) Bon, si tout est OK, on y va. Greg, ta navette sera là dans une heure.

— Tu viens avec nous à New London ? demanda Suzi.

— Non, pas tout de suite. Je dois d’abord débrouiller cette histoire de structuration atomique avec les kombinates et Clifford. Mais dès que vous aurez localisé le prêtre, je vous rejoindrai.

— Bien.

Suzi se leva. Elle ne ressentait plus la moindre douleur au genou. Les bandages biosoignants de la clinique étaient les meilleurs qu’elle ait jamais utilisés.

— Et la Dolgoprudnenskaya ? demanda Fabian.

— Fabian…, commença Charlotte.

— Non, dit le garçon, buté. Je ne me tairai pas. La Dolgoprudnenskaya a provoqué tout ça, elle nous a contraints à nous battre les uns contre les autres. C’est pour ça que mon père est mort. (Il se tourna pour faire face à Julia Evans, le regard accusateur.) Pourquoi ne faites-vous rien contre eux ?

— Je vais faire quelque chose, mais cette situation requiert toute mon attention pour le moment. Dans une semaine, quand tout sera terminé, l’organisation sera toujours là. Et tu auras un grand rôle à jouer dans sa disparition. Nous pouvons transmettre tout ce que tu sais sur eux au ministère russe de la Justice. (Elle lui sourit humblement.) Ça te va ?

Il baissa les épaules, l’air belliqueux.

— Oui. Ça me va.

— Merci, Fabian, je sais que c’est dur pour toi en ce moment.

— Est-ce que je peux aller à New London avec Charlotte ?

— Je ne crois pas. Tu es bien plus en sécurité ici et Charlotte sera de retour dans deux jours.

L’expression maussade de Fabian s’assombrit, mais il ne dit rien. Charlotte l’enlaça pour le rassurer.

Suzi avait envie de féliciter le garçon, quelqu’un qui n’était pas totalement intimidé par Julia. Dieu sait qu’il y en avait peu.