L'AMI DE LA MAISON

DRAME INÉDIT EN TROIS ACTES.

Quoi que tu fasses, quoi que tu dises,
ne crains que d'être injuste.

A BAZILIDE.

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PERSONNAGES:
 
M. DE VALCHAUMÉ.
M. DE SAINT-PRÉ.
MADAME DE SAINT-PRÉ (Bazilide), sa femme.
MADAME DE MAINVILLE.
M. DE MONTMÉCOURT.
ADÈLE, fille de M. et Madame de Saint-Pré.
JULIE, femme de chambre.
CHAMPAGNE, valet de M. de Saint-Pré.
UN PORTIER.

——

AVERTISSEMENT.

La trois actes du drame L'AMI DE LA MAISON se passent au même lieu, dans la même journée et dans les mêmes pièces. Le rideau, ou mieux les rideaux, pourraient, à la rigueur, ne pas être baissés. En effet, l'auteur a eu la singulière idée de partager le théâtre en trois compartiments: un salon, un cabinet de toilette et un cabinet de travail, dans lesquels se jouent successivement, et parfois en même temps, les scènes diverses de la pièce. La toile est également, dans son imagination et dans son plan, divisée en trois morceaux ou plutôt en trois toiles qui se baissent ou se lèvent, à tour de rôle, sur les événements qui surviennent pendant un même acte, dans les trois pièces de l'habitation.

——

ACTE PREMIER.—Dans le cabinet de travail.

SCÈNE PREMIÈRE.

DE SAINT-PRÉ, seul.

Il est en proie à une vive agitation; il écrit une lettre; il se promène ensuite dans son cabinet, parlant tout haut, s'interrompant à tous moments pour pousser de violents et douloureux soupirs; il souffre de l'outrage qu'il subit, et de la part de qui? De sa femme.... Il se plaint amèrement; il pleure...

SCÈNE II.

LE MÊME, MADAME DE MAINVILLE.

Madame de Mainville est une femme mondaine, mais qui a bon cœur et dont la conduite, quoique peut-être un peu légère, du moins en apparence, est au moins restée honnête.

Elle trouve de Saint-Pré tout défait, accablé, le visage sombre et altéré. Elle s'en étonne.

De Saint-Pré[190].—«Ce n'est rien; j'ai reçu votre lettre, madame. Voici les cinquante louis que vous m'avez fait demander.

Madame de Mainville.—«Merci; cette somme est tout ce qu'il me faut pour les frais d'un voyage qui sera court. Je vais vous donner un reçu.

De Saint-Pré refuse; il a toute confiance.

De Saint-Pré.—«Quand partez-vous?

Madame de Mainville.—«Jeudi soir. Mais vous, monsieur, vous m'inquiétez; depuis environ un mois, vous n'êtes plus le même; votre santé est moins bonne; vous changez à vue d'œil. Qu'avez-vous? Ne devriez-vous pas être le plus heureux des hommes?»

De Saint-Pré répond par un monologue—on ne saurait appeler autrement sa tirade, qui, au manuscrit, n'a pas moins de quatorze pages in-4º à vingt lignes par page—dans lequel il expose le tableau de sa situation. Il a fait ce qu'il a pu pour le bonheur des siens et pour que la concorde régnât dans son ménage; il a voulu procurer à sa famille de douces et intelligentes distractions: dîners, bals, concerts, fêtes..... Sa femme chantait, sans voix, mais avec talent; il lui a offert toutes les occasions bonnes pour la faire briller; il s'étend longuement sur les joies, sur les bonheurs qu'il ménageait à tout le monde autour de lui et dont il jouissait si amplement lui-même; il détaille minutieusement tous les plaisirs qu'on trouvait chez lui, tous les jeux divers auxquels on se livrait, en un mot tous les efforts qu'il avait faits pour chasser de son logis l'uniformité de la vie et l'ennui. Il parle dans un style très-pittoresquement imagé des promenades qu'il faisait faire à sa nombreuse famille dans les environs de Paris, aux bois de Boulogne, de Vincennes, etc..... promenades interrompues ou suivies par des repas sur l'herbe et sous les arbres. Puis vient une non moins longue tirade philosophique sur le bonheur dont il a joui et sur les déceptions qui lui ont succédé; il compare sa position présente au temps si doux qu'il a d'abord passé dans son ménage, jusqu'alors heureux, et il se désole sur l'ingratitude des siens, qui aujourd'hui, après avoir profité, usé et même abusé de ses bienfaits, le trahissent et l'abandonnent: «O roman de ma bonhomie! s'écrie-t-il, quand ils n'ont plus eu besoin de moi, ils m'ont dédaigné, les ingrats!..... De mes deux beaux-frères, l'un est un fat, qui hésite à me reconnaître; ma sœur m'insulte et m'outrage, elle me calomnie; et ma fem... (Il se cache le visage dans ses mains.) Ah! que dois-je donc attendre de mes enfants?...»

Madame de Mainville, cherchant à le consoler.—«Comment pouvez-vous vous affecter d'une ingratitude qu'on rencontre si souvent? Oubliez-les, comme ils ont oublié vos bienfaits; cherchez d'autres amis chez les étrangers.

De Saint-Pré.—«Je n'ai pas la faiblesse de juger le mal universel d'après le coup qui me frappe. Mais tout le monde m'a trompé, j'ai été certainement plus malheureux que beaucoup d'autres! L'un m'a emporté une grosse somme; l'autre a trahi mes secrets; celui-ci m'a renié, celui-là m'a insulté; enfin, je me suis attaché par les liens de la plus sincère affection à un homme dont on m'avait vanté les mérites et qui semblait me payer de retour. Cet homme, je l'ai reçu chez moi, je lui ai donné à mon foyer la même place que je lui donnais dans mon cœur; il loge dans ma maison, ma bourse lui est ouverte, mes secrets sont devenus les siens; en un mot j'avais cru trouver en lui un ami... Hélas! cet homme n'est qu'un vil misérable et un hypocrite[191].» (De Saint-Pré sort.)

SCÈNE III.

MADAME DE SAINT-PRÉ, MADAME DE MAINVILLE.

Madame de Saint-Pré.—«Vous allez partir?

Madame de Mainville.—«Pour peu de temps.

Madame de Saint-Pré.—«Nous ramènerez-vous votre mari?

Madame de Mainville.—«J'espère qu'il se porte mieux que le vôtre. M. de Saint-Pré m'a affligée tout à l'heure par l'excès de son chagrin et de son découragement.

Madame de Saint-Pré.—«Il a une maladie à laquelle je ne comprends rien. J'ai fait ce que j'ai pu pour porter remède à son mal, mais vainement... Je souffre de son état plus que je ne saurais le dire.

Madame de Mainville.—«Je crois devoir vous avertir que je l'ai trouvé très-animé, très-irrité même; je redoute de le voir se porter à de regrettables extrémités... Il m'a semblé que dans sa colère il faisait allusion à quelqu'un...

Madame de Saint-Pré.—«Et ce quelqu'un est?

Madame de Mainville.—«M. de Valchaumé.

Madame de Saint-Pré.—«Voilà vraiment le comble des extravagances auxquelles le porte sa maladie! ah! avec quelle patience j'endure ses soupçons et ses injustes préventions! M. de Valchaumé est son ami, son ami le meilleur; c'est un honnête homme et un homme de devoir.

Madame de Mainville.—«J'en suis persuadée. Mais enfin ne devez-vous pas un sacrifice à votre mari, si étrange que paraisse être sa conduite? Le véritable remède à son mal n'est-il pas plus facile à trouver que vous ne le pensez, et ne l'avez-vous pas tout à fait sous la main? Éloignez pendant quelque temps M. de Valchaumé de chez-vous; M. de Saint-Pré reviendra peut-être alors à des sentiments plus faciles et plus doux. Je m'offre à donner moi-même à Valchaumé, si vous y consentez, le conseil de partir sur-le-champ.

Madame de Saint-Pré.—«Souffrir ce que vous me proposez, ce serait m'accuser moi-même publiquement! Ce serait avouer hautement ma culpabilité! je serais plus que compromise; on ne manquerait pas de dire qu'enfin le mari a ouvert les yeux et que dans sa juste colère il a chassé... mon amant!...» (Elles se quittent.)

SCÈNE IV.

Restée seule, Mme de Saint-Pré, qui en effet est la maîtresse de Valchaumé, se reproche sa conduite dans un monologue où elle s'injurie elle-même avec beaucoup de vivacité. Elle s'accuse, elle parle de ses remords, de son chagrin, de son amour pour Valchaumé, amour qui l'embrase, la dévore, la domine, et qui est plus fort que toutes ses bonnes résolutions.

SCÈNE V.

Entre Adèle, fille de Mme de Saint-Pré; elle a treize ans. Toute gaie, vive, aimable, elle vient doucement à sa mère: «Qu'as-tu, chère mère? lui dit-elle, tu as pleuré? papa s'est-il donc encore faché?...» (Madame de Saint-Pré sort.)

SCÈNE VI.

ADÈLE, M. DE VALCHAUMÉ.

Adèle, courant à lui.—«Ah! que je suis aise de vous voir, mon ami! j'ai trouvé maman ici tout en pleurs; elle est bien triste! vos consolations lui feront du bien.» (Elle sort.)

SCÈNE VII.

VALCHAUMÉ, MADAME DE SAINT-PRÉ.

C'est une scène vive et scabreuse, et notée dans le manuscrit en vue d'effets de scène assez singuliers. Les deux amants parlent d'abord du sentiment qui les unit. Mme de Saint-Pré entre même dans des détails pleins d'expansion sur ce mutuel amour: «Que ne puis-je, s'écrie-t-elle, faire éclater le mien à tous les yeux! Quand me sera-t-il permis de n'en rien cacher? Que je t'aime!...» La déclaration est même des plus excessives et se termine par un torrent de larmes.

De son côté, Valchaumé n'est pas moins ardent, il est même encore plus démonstratif: tombant aux pieds de Mme de Saint-Pré, il met sa tête dans ses mains appuyées sur les genoux de sa maîtresse. Elle lui dit alors vaguement quelques mots sur les soupçons de son mari.

Valchaumé.—«Parle! sait-il quelque chose?»

Mais elle ne répond que par ses sanglots. La scène devient de plus en plus brûlante et aussi plus qu'invraisemblable. Mme de Saint-Pré pleure; Valchaumé, tout en cherchant à la consoler, semble inquiet et ne cache pas ses appréhensions. Mais Mme de Saint-Pré, dont l'amour est plus violent, s'exalte, s'emporte, et propose à son amant de l'enlever et de la conduire en Hollande. Valchaumé, par prudence et peut-être aussi par crainte, ne veut point s'engager sans réfléchir, et il ne répond rien à l'ouverture imprévue de sa maîtresse. (Madame de Saint-Pré sort.)

SCÈNE VIII.

Resté seul, Valchaumé se fait à son tour de sanglants reproches; il parle de sa conduite infâme et de ses remords. Le rideau tombe sur son monologue.

——

ACTE II.

SCÈNE PREMIÈRE.—Dans le cabinet de De Saint-Pré.

M. de Saint-Pré est seul; il écrit en poussant des soupirs; il prononce des phrases sans suite, entrecoupées de sanglots; le chiffre de quatre cent mille livres revient souvent dans son discours. Il parle de quitter à jamais sa femme; il prend des sacs dans son secrétaire; sur l'un il attache l'étiquette suivante: Pour ma femme. «Elle trouvera, dit-il, dans ces dispositions d'une mort qu'elle me donne, le dernier témoignage de mes sentiments.» Il prend ensuite dans un tiroir une paire de pistolets. A ce moment on annonce M. de Montmécourt.

SCÈNE II.

M. DE SAINT-PRÉ, M. DE MONTMÉCOURT.

Nouvelles doléances de M. de Saint-Pré; il aime de Montmécourt, il a confiance en lui, il veut lui ouvrir son cœur. Il lui raconte ses tourments: «Ma femme, dit-il, est une malheureuse; Valchaumé est un misérable. Je suis leur juge; je ne veux pas des tribunaux, ressource des lâches!» Il lui demande ensuite un service; il le prie de recevoir toute sa fortune et de la conserver dans son secrétaire. Il exige de lui, sur ces choses, le plus complet silence.

M. de Montmécourt demande à réfléchir; il n'était pas préparé à de semblables confidences; il était loin de soupçonner de tels malheurs! Il cherche à rendre à M. de Saint-Pré un peu de calme et de confiance; il fait l'éloge de Mme de Saint-Pré.

De Saint-Pré, insistant.—«Promettez-moi d'accepter le dépôt dont je vous ai parlé.

De Montmécourt.—«Laissez-moi réfléchir jusqu'à demain, et venez dîner avec nous.»

Mais de Saint-Pré ne veut rien entendre; il insiste tellement, que de Montmécourt finit par accepter.

SCÈNE III.—Dans le salon.

En quittant de Saint-Pré, de Montmécourt demande à voir Mme de Saint-Pré. Cette scène est à peu près, ainsi qu'on va le voir, la répétition de la scène II du premier acte, où Mme de Mainville conseille à Mme de Saint-Pré d'éloigner Valchaumé.

De Montmécourt.—«Je ne saurais vous dire, madame, en termes assez pressants et assez vifs, dans quel triste état j'ai trouvé votre mari. Il est dévoré par le soupçon et la jalousie.....

Madame de Saint-Pré.—«Je pense, monsieur, que vous croyez à mon honnêteté.

De Montmécourt.—«Elle est hors de doute!

Madame de Saint-Pré.—«Alors, je puis vous dire tout ce que je souffre depuis trois mois. Notre intérieur est un véritable enfer; l'union de notre ménage est perpétuellement troublée; mon mari est devenu sombre et maniaque; sa jalousie inexpliquée est inguérissable, et pourtant, Dieu le sait! j'ai fait tout ce que j'ai pu pour porter remède à son mal...

De Montmécourt.—«Vous avez omis, cependant, d'employer le principal et le plus efficace.

Madame de Saint-Pré.—«Et lequel, je vous prie?

De Montmécourt.—«J'hésite à parler...

Madame de Saint-Pré.—«Ne craignez pas de me blesser; je désire que vous parliez; je vous en conjure, ce remède quel est-il?

De Montmécourt.—«Puisque vous m'y forcez, je vais parler, madame... M. de Valchaumé est encore dans cette maison! (A ces mots, madame de Saint-Pré se trouble, rougit et pâlit tour à tour, circonstance qui n'échappe pas à M. de Montmécourt.) Permettez-moi d'insister sur ce point. Je crois indispensable au repos de votre ménage, et surtout à celui de votre mari, que vous décidiez M. de Valchaumé à partir sur-le-champ.»

Madame de Saint-Pré.—Elle se livre à une longue apologie de M. de Valchaumé: «C'est mon ami, c'est le meilleur, le plus dévoué et le plus utile des amis de mon mari...

M. de Montmécourt.—«Il n'en est pas moins vrai qu'il est, chez vous, une cause de trouble que vous ne sauriez nier; sa présence a causé la maladie et la jalousie de votre mari.

Madame de Saint-Pré.—«Eh bien, s'il en est ainsi, je réduirai à néant les craintes de mon mari en m'éloignant moi-même; je me retirerai dans un couvent.

M. de Montmécourt.—«Ce serait aggraver les choses et exciter davantage encore les soupçons et la colère de M. de Saint-Pré. Croyez-moi, renoncez à ce moyen et suivez le conseil que je vous ai donné.» (Il sort.)

SCÈNE IV.

Mme de Saint-Pré se livre alors à une série interminable de reproches et de récriminations qu'elle s'adresse à elle-même; en proie à ses remords, aux blâmes secrets de sa conscience, elle répand des torrents de larmes. Elle cherche à se réconcilier avec elle-même, et alors, plus calme, elle fait appeler M. de Valchaumé.

SCÈNE V.

MADAME DE SAINT-PRÉ, DE VALCHAUMÉ.

Scène assez longue entre les deux amants et où la difficulté de leur position respective leur apparaît de plus en plus menaçante; scène entremêlée de reproches, de plaintes, d'aigreur et de mécontentements. Mme de Saint-Pré parle à Valchaumé de l'état de son mari; Valchaumé, qui commence peut-être aussi à se lasser de sa maîtresse en présence de l'impossibilité, qu'il pressent prochaine, de continuer ses relations, parle de son départ: «Je m'éloignerai pour six mois,» dit-il. Le remords le poursuit; lui aussi, il comprend son crime! Il entame, à ce sujet, une longue leçon de morale à l'adresse de Mme de Saint-Pré; il lui parle de ses devoirs, des droits de son mari, de son honneur qu'ils ont tous deux outragé, de son bonheur qu'ils ont compromis. Il finit par lui conseiller de se rapprocher de son mari et de chercher à lui rendre le repos qu'il a perdu.

A cette proposition inattendue, Mme de Saint-Pré oublie ses résolutions; les sentiments de conciliation font place, en elle, à l'indignation la plus vive:

Madame de Saint-Pré, avec feu.—«Vous êtes un malhonnête homme! vous pouvez vous retirer.

M. de Valchaumé.—«Quittez ce ton-là, madame! Savez-vous à quelles créatures il est familier?»

Puis ils se radoucissent tous deux. Valchaumé recommence à lui parler de ses devoirs oubliés, de son honneur sacrifié, etc... «Renonçons au crime, lui dit-il enfin, je te rends à ton mari!...»

Mais Mme de Saint-Pré a peur. Elle redoute la vengeance et la colère de son époux.

M. de Valchaumé.—«Pourquoi crains-tu? Il n'a point de preuves. Il est facile de s'en assurer d'ailleurs, je veux le voir moi-même pour savoir la vérité.» (Ils se quittent.)

——

ACTE III.

SCÈNE PREMIÈRE.—Dans le salon.
DE VALCHAUMÉ, seul.

Monologue où il se reproche encore sa conduite; il parle de ses remords, du mal qu'il a fait à de Saint-Pré. (Entre le portier, qui lui remet une lettre.) Cette lettre est de M. de Montmécourt. Il lui dit dans quel état il a trouvé de Saint-Pré: «Il est jaloux de vous; votre amitié pour lui vous dira, mieux que je ne saurais le faire, comment vous devez agir; mais j'ai cru devoir vous prévenir qu'il a des projets inconcevables!»

Valchaumé s'assied comme atterré; il s'absorbe dans une rêverie interrompue par des mouvements convulsifs; sa main droite dans la poitrine, il s'en déchire le sein. (Il faut, dit le manuscrit, que le sang paraisse couler.)

SCÈNE II.

Entre Julie, femme de chambre. A la vue de M. de Valchaumé abattu, à moitié sans connaissance et couvert de sang, elle appelle au secours.

SCÈNE III.

Mme de Saint-Pré accourt aux cris de sa femme de chambre. Elle attire M. de Valchaumé dans son cabinet de toilette.

SCÈNE IV.—Dans le cabinet de toilette.

MADAME DE SAINT-PRÉ, M. DE VALCHAUMÉ.

La scène est assez vivement menée.

Madame de Saint Pré.—«D'où vient ce sang?

M. de Valchaumé.—«Ce n'est rien; ne parlons pas de cela. Il faut absolument que je voie ton mari; il faut que je le rencontre sur-le-champ.

Madame de Saint-Pré.—«Oui tu le verras; mais il va te proposer un duel; tu le refuseras; je le veux, tu me le promets?

De Valchaumé.—«Je te le jure!

Madame de Saint-Pré.—«Ah! fais bien appel à ton sang-froid; sois calme avec lui; pas d'emportement, quoi qu'il te puisse dire!

De Valchaumé.—«Sois persuadée que jamais il ne me forcera à me battre avec lui.»

(Les deux amants se font ici de touchants adieux et de Valchaumé passe dans le salon.)

SCÈNE V.—Dans le salon.

DE VALCHAUMÉ, seul.

Nouveau monologue; de Valchaumé se livre encore à une invocation à sa conscience; il parle de ses remords, il en est accablé; il entend les reproches secrets qui le poursuivent; il termine enfin sa tirade, à la fois philosophique et humanitaire, par une dernière invocation au vertueux Jean-Jacques: «Pousse-moi, dit-il, de tout l'élan de ta force, vers cette vertu qui fit ton bonheur, et qui fera éternellement ta gloire[192]

SCÈNE VI.—Dans le cabinet de M. de Saint-Pré.

M. DE SAINT-PRÉ, seul.

Il est très-agité, il écrit; il se lève, il va et vient dans la chambre. Il fait demander si M. de Valchaumé est rentré; on lui répond qu'il est au salon. Alors, il pose lui-même les scellés sur tous ses meubles à serrure; tout à coup la cire allumée dont il se sert dans son opération tombe sur un amas de papiers qui couvre le plancher, et elle y met le feu. De Saint-Pré regarde la flamme avec un accent indéfinissable: «Oh! s'écrie-t-il, si la maison ne renfermait que ces deux misérables et moi, je la laisserais brûler!» (Il sort deux pistolets de son tiroir et il quitte la scène.)

SCÈNE VII.—Dans le salon.

En entrant au salon, M. de Saint-Pré rencontre de Valchaumé.

De Valchaumé.—«Je désirais vous voir et vous faire mes adieux; je vais partir.

De Saint-Pré.—«Partir? dis-tu. Et c'est là la réparation que tu m'offres! C'est d'une autre manière que nous devons prendre congé l'un de l'autre?...

De Valchaumé.—«Vous voulez vous battre? je ne me battrai jamais contre vous.

De Saint-Pré.—«Tu ne te battras pas?

De Valchaumé.—«Non.»

Saint-Pré présente alors un pistolet à de Valchaumé; celui-ci le refuse d'abord, puis, le saisissant d'une main convulsive, il le tend lui-même à son adversaire en s'écriant: «Tue-moi! je serai heureux de recevoir la mort de ta main!...

—Défends-toi! répond de Saint-Pré; bien que tu ne sois plus mon égal, puisque tu n'as pas d'honneur, je consens cependant à me battre avec toi!...»

A ce moment, de Valchaumé chancelle; il tombe épuisé sur un fauteuil: «Achevez-moi!» s'écrie-t-il. La mise en scène est indescriptible. De Valchaumé, en proie à une rage en quelque sorte frénétique, court comme un furieux dans la chambre; il pleure, il sanglote, il a des convulsions, il se traîne par terre; ses cris attirent dans le salon Mme de Saint-Pré.

SCÈNE VIII.

LES MÊMES, MADAME DE SAINT-PRÉ.

A l'entrée de Mme de Saint-Pré, de Valchaumé l'attire à lui et il se jette avec elle aux pieds de M. de Saint-Pré:

De Valchaumé.—«C'est moi qui l'ai séduite! je suis seul coupable. Pardonne-lui; elle est digne de ton pardon, elle est toujours digne de toi! Quant à moi, je vous quitte à jamais et je vais m'ensevelir dans mes remords.

De Saint-Pré.—«Vis, et sois meilleur!»

FIN.

IV

NOTICE GÉNÉALOGIQUE SUR BEAUMARCHAIS ET SA FAMILLE.

Voici sur la famille même de Beaumarchais et sur son origine d'intéressants détails que je résume d'après une longue et substantielle nomenclature du précieux Dictionnaire critique de Jal, et que je complète à l'aide du non moins précieux travail de M. de Loménie et aussi au moyen de renseignements personnels provenant de sources authentiques et même officielles.

Le membre le plus anciennement connu de la famille Caron est le grand-père même de Beaumarchais, Daniel Caron, «maître orlogeur» à Lizy-sur-Ourcq, diocèse de Meaux (Seine-et-Marne); sa grand-mère se nommait Marie Fortin. Tous deux étaient protestants calvinistes[193]. Ils eurent quatorze enfants, dont la plupart moururent en bas âge, et dont trois seulement nous sont connus en 1708, date de la mort du père: André-Charles, Pierre et Marie Caron.

Mme veuve Caron vint alors à Paris, où elle s'établit avec ses trois enfants. Les deux fils suivent la carrière paternelle et se font horlogers, chacun de son côté. La sœur épouse, le 30 septembre 1720, un marchand chandelier du nom d'André Gary.

André-Charles Caron se marie à son tour, le 15 juillet 1722, à la paroisse Saint-André-des-Arcs, avec Marie-Louise Pichon. Deux ans auparavant il avait abjuré le calvinisme, et au mois de mars de la même année 1722 il avait été reçu maître horloger.

Mme Caron donna dix enfants à son mari en moins de douze années; en voici la liste complète:

1º Une fille, Vincente-Marie, née le 26 avril 1723.

2º Une deuxième fille, Marie-Josèphe, née le 13 février 1725, et mariée, en 1748, à Louis Guilbert, «maître maçon», qui mourut d'une attaque de folie furieuse en Espagne, où il avait été nommé l'un des architectes du roi.

3º Un fils, Jean-Marie, né le 17 novembre 1726.

4º Un deuxième fils, Augustin-Pierre, né le 9 janvier 1728.

5º Un troisième fils[194], François, né en 1730 et mort en 1739.

6º Une troisième fille, Marie-Louise, née en 1731. C'est elle qui fut fiancée à Clavijo. Les mémoires contre Goëzmann et le drame de Gœthe ont immortalisé son aventure et son nom[195].

7º Un quatrième fils, Pierre-Augustin Caron, qui devait illustrer le nom de Beaumarchais. Né le 24 janvier 1732[196], il eut pour parrain «Pierre-Augustin Picard, fils mineur de Pierre Picard, marchand chandelier, rue Aubry-le-Boucher, paroisse de Saint-Josse», et pour marraine sa cousine «Françoise Gary, fille mineure d'André Gary, marchand chandelier, demeurant rue des Boucheries, paroisse Saint-Sulpice».

8º Une quatrième fille, Madeleine-Françoise, née le 30 mars 1734. Elle épousa en 1766 un horloger nommé Jean-Antoine Lépine. Elle lui donna deux enfants, un garçon qui se fit militaire, et une fille qui épousa également un horloger, du nom de Raguet.

9º Une cinquième fille, Marie-Julie, née le 24 décembre 1735. C'est la plus distinguée de la famille. Elle était à la fois poëte et musicienne, elle jouait de la harpe et du violoncelle, parlait l'espagnol et l'italien, et écrivait de fort jolies lettres dont la plupart nous sont parvenues. Elle mourut, au mois de mai 1798, un an avant Beaumarchais.

10º Une sixième fille, Jeanne-Marguerite, qui épousa en 1767 Octave-Janot de Miron, intendant de la maison royale de Saint-Cyr. Elle était aussi poëte et surtout très-bonne musicienne, jouant de la harpe et chantant très-joliment; elle excellait en outre dans la comédie. Elle n'eut qu'une fille, qui fut mariée et établie à Orléans.

Le 17 août 1758 la mère de Beaumarchais meurt, et huit ans après, le janvier 1766, son père se marie, en seconde noces, à l'âge de soixante-neuf ans, à «Jeanne Guichon, veuve de Pierre Henry, bourgeois de Paris», qui en avait elle-même soixante. Mais, en 1768, il perd cette seconde femme, et nous le voyons cette fois, contre le gré de ses enfants, se remarier pour la troisième fois, le 18 avril 1775, à l'âge de soixante dix-sept ans, et quelques mois seulement avant sa mort, avec Suzanne-Léopolde Jeantot. «C'était, dit M. de Loménie, une vieille fille astucieuse[197] qui le soignait et qui s'en fit épouser dans l'espoir de rançonner Beaumarchais. Profitant de la faiblesse du vieillard, elle s'était fait assigner, par son contrat de mariage, un douaire et une part d'enfant.» Beaumarchais, devant la menace qu'elle lui fit d'un procès, racheta ses droits, réels ou imaginaires, moyennant une somme de 6,000 francs.

Quant au père Caron, il était mort le 23 octobre 1775 et avait été enterré à l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie.

De son côté, Beaumarchais, à l'exemple de son père, contracta trois mariages. Le premier est même entouré de circonstances assez romanesques. En 1765, à vingt-trois ans, Beaumarchais était contrôleur de la maison du roi. Il avait pour collègue un sieur Pierre Franquet, alors âgé de quarante-neuf ans, et dont la femme en avait tout au plus trente-trois ou trente-quatre. Le futur écrivain était très-amicalement reçu dans l'intimité du ménage, et il en profita pour faire la cour à la belle «contrôleuse». Celle-ci ne resta pas insensible aux assiduités, à l'esprit et aux galanteries du jeune homme. On n'oserait cependant pas certifier qu'elle oublia pour lui, du vivant de son mari, le plus sacré de ses devoirs, mais il est certain qu'elle inspira une assez vive passion à son adorateur. En effet le futur Beaumarchais la suivit de quartier en quartier, lors de deux ou trois déménagements qu'elle opéra dans les derniers temps de la vie de son mari, lequel mourut dans le logement commun, rue de Bracque, en janvier 1756. Caron déclara alors à sa famille qu'il épouserait la veuve Franquet. Il n'avait que vingt-trois ans, la dame en avait trente-quatre[198], et en présence de cette grande différence d'âge, et aussi du scandale occasionné depuis longtemps déjà par les amours de Beaumarchais, le père et la mère Caron firent tous les efforts imaginables pour tâcher de rendre le mariage impossible. Mais le fils tint bon et obtint enfin le consentement nécessaire; toutefois ses parents refusèrent d'assister aux formalités et cérémonies du mariage. Le 27 novembre 1756 Beaumarchais fut enfin uni à celle qu'il aimait, à l'église Saint-Nicolas-des-Champs[199].

De sa première femme, Beaumarchais n'eut pas d'enfants; il la perdit d'ailleurs moins d'un an après l'avoir épousée, le 30 septembre 1757.

Le 11 avril 1768, il se remarie avec une seconde veuve, dame Geneviève Watebled, dont le mari, mort en 1767, Antoine Levesque, était de son vivant garde magasin général des menus plaisirs du roi. La deuxième femme de Beaumarchais avait trente-huit ans, alors qu'il n'en avait que trente-six; mais en revanche elle lui apportait une grande fortune. L'acte de mariage donne cette fois au futur ses deux noms réunis, avec addition de ses titres et qualités: «Caron de Beaumarchais, écuyer, conseiller, secrétaire du roi et lieutenant général de la Varenne du Louvre.»

Le 14 décembre suivant, «au bout de huit mois et huit jours de mariage», la femme de Beaumarchais lui donnait un fils, qui fut baptisé Augustin et qui mourut le 17 octobre 1772, deux ans après sa mère, laquelle succomba, en quelques jours, aux suites d'une seconde couche, le 20 novembre 1770.

Il se remaria une troisième fois quelques années plus tard, en 1778, avec Marie-Thérèse Willer-Mawlas, jeune personne d'origine suisse et dont le père François Willer-Mawlas, mort en 1757, avait été attaché à la grande maîtrise des cérémonies, sous Louis XV. C'était une femme douce et belle «très-remarquable par l'intelligence, l'esprit et le caractère». Elle s'était éprise de Beaumarchais sans le connaître, attirée à lui par le bruit qui se faisait alors autour de son nom, de ses écrits, de ses aventures et de sa personne. Leur union fut donc un mariage d'inclination, et ce fut le plus heureux de ceux que contracta Beaumarchais. Elle lui survécut, n'étant morte qu'en l'année 1816.

Quant à Beaumarchais, il mourut subitement, dans la nuit du 17 au 18 mai 1799, d'une attaque d'apoplexie. Il avait seulement soixante-sept ans et trois mois.

La soudaineté de sa mort a donné lieu à diverses suppositions que sa famille a voulu démentir. On a parlé d'un suicide par le poison, ou par l'opium. Jusqu'en ces derniers temps ce bruit calomnieux a été fort accrédité. Le gendre de Beaumarchais s'en est justement ému, et le 7 octobre 1849 il écrivait à ce sujet à M. de Loménie une lettre dont voici le plus curieux passage:

«Monsieur,

«Je viens d'apprendre avec un étonnement pénible les bruits que l'on a fait courir sur les derniers moments de Beaumarchais, mon beau-père. L'assertion mensongère de son suicide, qui a été reproduite dans des écrits sérieux, m'oblige à repousser, avec toute l'indignation qu'elle mérite, une fable dont la famille et les amis de Beaumarchais se seraient émus s'ils l'avaient connue plus tôt.

«Beaumarchais, après avoir passé en famille la soirée la plus animée, où jamais son esprit n'avait été plus libre et plus brillant, a été frappé d'apoplexie. Son valet de chambre en entrant chez lui le matin, l'a trouvé dans la même position où il l'avait laissé en le couchant, la figure calme et ayant l'air de reposer. Je fus averti par les cris de désespoir du valet de chambre. Je courus chez mon beau-père, où je constatai cette mort subite et tranquille...[200]»

Les funérailles de Beaumarchais eurent lieu avec une grande simplicité et en dehors de toute manifestation publique. C'est dans l'intérieur même de son jardin, au fond d'une sombre allée où il avait lui-même désigné le lieu de sa sépulture, que fut déposé son cercueil. «Son gendre, ses parents, ses amis et quelques gens de lettres qui l'aimaient, dit Gudin, cité par M. de Loménie, lui rendirent les derniers devoirs, et Collin d'Harleville proféra un discours que j'avais composé dans l'épanchement de ma douleur, mais que je n'étais pas en état de prononcer...» «Sous ce bosquet funéraire, ajoute M. de Loménie, après une vie si orageuse Beaumarchais espérait sans doute pouvoir dire: Tandem quiesco! et le cercueil qui le protégeait a dû être transporté dans un des grands cimetières qui deviendront aussi des rues et des places publiques.»

Enfin, dans l'édition des Œuvres complètes de Beaumarchais publiée en 1809 par Gudin, ce fidèle et inséparable ami de sa vie tout entière parle ainsi de cette mort si foudroyante: «La nature lui épargna les chagrins d'une lente destruction et les angoisses d'une longue agonie; il fut frappé d'apoplexie pendant son sommeil, et il sortit de la vie comme il y était entré, sans s'en apercevoir[201]

De son troisième mariage, Beaumarchais avait eu une fille, Amélie-Eugénie, qu'il maria, le 11 juillet 1796, à M. Delarue, dont son célèbre beau-père parle ainsi lui-même dans une lettre postérieure de près d'un an à cette union: «Ma fille, écrit-il, le 6 juin 1797, à M. T..., est la femme d'un bon jeune homme qui s'obstinait à la vouloir quand on croyait que je n'avais plus rien. Elle, sa mère et moi, nous avons cru devoir récompenser ce généreux attachement; cinq jours après mon arrivée, je lui ai fait ce joli présent. Ils auront du pain, mais c'est tout, à moins que l'Amérique ne s'acquitte envers moi, après vingt ans d'ingratitude[202]

M. Louis-André-Toussaint Delarue était né le 1er novembre 1768, à Paris. En 1789, il devint aide de camp de Lafayette; sous l'Empire il fut administrateur des contributions indirectes. Nous le trouvons, en 1814, adjoint au maire de VIIIe arrondissement, et en cette qualité il reçoit la croix de la Légion d'honneur le 27 juillet de la même année. Le gouvernement de juillet le crée colonel de la huitième légion de la garde nationale et le nomme officier de la Légion d'honneur le 19 octobre 1831. En 1840 le grade de maréchal-de-camp de la garde nationale lui est offert, et en 1841, le 29 avril, il reçoit le sautoir de commandeur de la Légion d'honneur. C'est seulement en 1848 qu'il abandonne son grade pour prendre sa retraite définitive, ayant alors quatre-vingts ans. Il ne mourut que quinze ans après, le 1er juin 1864, âgé de quatre-vingt-quinze ans.

Mme Eugénie Delarue, sa femme, était morte depuis le mois de juin 1832. Elle avait donné deux fils à son mari:


1º Delarue (Charles-Édouard), né le 7 vendémiaire an VIII (9 octobre 1799), à Paris, «à quatre heures du soir, boulevard Antoine, nº 1, huitième municipalité, fils de André-Toussaint Delarue, rentier, et d'Amélie-Eugénie Caron-Beaumarchais, sa femme, mariés à l'état civil de la deuxième municipalité le 29 messidor an IV.»

Le jeune Delarue embrassa la carrière militaire. Il fut page de Napoléon Ier du 2 mai au 20 juin 1815, sous-lieutenant d'état-major le 20 janvier 1821, capitaine du 6e de lanciers le 27 août 1830, officier d'ordonnance de Louis-Philippe le 26 mars 1841, colonel du 2e lanciers le 23 février 1847, et enfin général de brigade le 28 décembre 1862. En 1864 il entra dans le cadre de réserve. Il avait obtenu la croix de commandeur de la Légion d'honneur le 8 août 1858; il était encore décoré, depuis 1839, de la croix d'officier de l'ordre de la Tour et de l'Épée de Portugal, et depuis 1844 de la croix d'officier de Léopold de Belgique[203].

2º Delarue (Alfred-Henri), né à Paris, le 3 germinal an XI (24 mars 1803), «porte Saint-Antoine, nº 1, division de Montreuil». Ce deuxième petit-fils de Beaumarchais a fait son chemin dans l'administration des finances. Le 5 février 1838 il fut nommé receveur particulier-percepteur, à Paris. Le 18 juin 1849 il occupait la même fonction au IIe arrondissement, et le 29 décembre 1859 il était nommé au même emploi dans le VIIIe arrondissement. Enfin le 10 juillet 1865 il recevait la croix de la Légion d'honneur[204].

Ajoutons que, justement fiers du nom illustre de leur aïeul, les deux petits-fils de Beaumarchais ont obtenu, par décret impérial du 25 août 1853, confirmé par jugement du tribunal de la Seine du 4 novembre 1864, «l'autorisation de joindre à leur nom patronymique Delarue celui de Beaumarchais et de s'appeler à l'avenir Delarue-Beaumarchais[205]».

Complétons nos renseignements en disant qu'une arrière-petite-fille de Beaumarchais a épousé M. Roulleaux-Dugage (Charles-Henri), «né à Alençon le 7 floréal an X (26 avril 1802), fils de Jacques-François-Nicolas Roulleaux, conseiller de la préfecture de l'Orne, et de dame Adélaïde-Victoire Bertrand». Député de l'Hérault en 1852, en 1867, en 1863 et en 1869, M. Roulleaux-Dugage avait été d'abord, de 1835 à 1848, préfet des départements de l'Ardèche, de l'Aude, de la Nièvre, de l'Hérault et de la Loire-Inférieure. Président du conseil général de l'Orne, il réside habituellement au Château de Lyvonnière, près Domfront. L'Empereur l'a créé grand officier de la Légion d'honneur le 14 août 1866[206].

GEORGES D'HEYLLI.

ERRATA

Page XXVII, dans la Notice, ligne 15, au lieu de croit, lisez croît.

Page XXIX, dans la Notice, ligne 7, à la note, au lieu de suspecte, lisez suspectes.

Page LIII, dans la Notice, ligne dernière, au lieu de Desessarts, lisez Desessarts.

Page LXVII, dans la Notice, ligne 7, au lieu de 19 août 1787, lisez 19 août 1785.

Page 227, aux Appendices, ligne 28, au lieu de rapprochez de la scène IIe, lisez... de la scène IIIe.

Page 242, aux Appendices, ligne 4, dans un certain nombre d'exemplaires de ce volume, au lieu de à l'aide du précieux travail, lisez à l'aide du non moins précieux travail.

TABLE

Pages.
Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de Séville 3
LE BARBIER DE SÉVILLE, ou la Précaution inutile, comédie en quatre actes 31
Acte premier, Acte II, Acte III, Acte IV.
Variantes du Barbier de Séville 171
Appendices.
I. Deux lettres de M. Édouard Fournier relatives à un récent
achat de manuscrits de Beaumarchais
205
II. Nomenclature des pièces comprises dans cet achat 212
III. L'AMI DE LA MAISON, drame inédit en trois actes
1. Un drame inédit de Beaumarchais 220
2. L'Ami de la Maison et le Supplice d'une femme 223
3. Analyse détaillée, et scène par scène, des trois actes de l'Ami
de la maison
229
IV. Notice généalogique sur Beaumarchais et sur sa famille 242
Errata 250