le pantalon qu'il jeta derrière lui. Elle put enfin écarter les jambes d'un mouvement souple.
Avec une souplesse égale, Blade s'allongea au- dessus d'elle, soutenu par les bras. Les lèvres de Neena formèrent des mots, une supplication. Il resta encore un moment en équilibre, jusqu'à ce qu'elle le saisisse par les cheveux et la barbe. Elle lui tira la tête si violemment que pendant un instant la vive douleur faillit chasser le désir.
Doucement, Blade se laissa retomber, lentement mais fermement il pénétra Neena. Elle ouvrit des yeux immenses, battit des paupières et les ferma. Un cri lui échappa, un râle, puis ses lèvres cherchèrent avidement celles de Blade.
Ensuite elle garda le silence mais son corps parlait pour elle. Sa bouche dévora celle de Blade, ses bras le serrèrent, ses ongles lui labourèrent le dos, ses jambes se nouèrent autour de sa taille. Elle l'empoignait, le pressait, le serrait de toutes les façons imaginables, l'attirait par tout ce qu'elle pouvait toucher, atteindre ou absorber. Elle semblait craindre de le lâcher un instant, de peur qu'il ne s'écarte et que leur étreinte soit incomplète.
Blade ne risquait pas de s'écarter. Il aurait serré Neena tout aussi étroitement s'il n'avait eu peur de ce que sa propre force pourrait lui faire. Il avait rarement senti une femme se jeter dans l'acte d'amour comme le faisait la princesse. Il s'était rarement senti lui-même autant emporté par la passion. Toute sa pensée, tout son être se concentraient sur la femme qu'il tenait et qui le tenait.
Elle commença à se tordre de côté et d'autre tandis qu'il se soulevait et replongeait en elle. Il sentait le sang se mêler à la sueur dans son dos griffé. Elle haleta, râla, sanglota et puis laissa échapper une longue plainte monotone, infinie, incessante. Sa voix s'enfla, la passion de Blade aussi. Il gémissait aussi, essayait désespérément de se retenir, de durer jusqu'au bout.
La plainte de Neena se transforma en un cri aigu qui résonna dans la clairière et envoya oiseaux, petits animaux et insectes s'enfuir à tire-d'aile et au galop dans toutes les directions. Elle arqua son dos et souleva vers Blade son bassin tandis qu'il pesait sur elle, elle le griffa, le mordit, sanglota encore, secoua follement la tête et ses cheveux retombèrent sur eux deux comme un voile.
Avant la fin de l'orgasme de Neena, Blade atteignit le sien. Il ne cria pas, parce que tout son souffle lui échappa dans un immense soupir tandis qu'il se laissait aller, projetant son jet brûlant en elle. Il l'enlaça plus étroitement, oubliant sa force. Elle ne protesta pas, elle paraissait ne plus rien remarquer. Dans cet instant, il aurait pu lui rompre les os qu'elle ne l'aurait pas senti.
Ces minutes de folie passèrent, puis ils retombèrent enlacés, inertes dans l'herbe aplatie, ruisselant de sueur sous le soleil. Enfin leur respiration s'apaisa et ils purent de nouveau entendre et voir le monde autour d'eux. Il leur fallut encore plusieurs minutes pour arriver à bouger et à parler. Alors ils se relevèrent enfin, s'épongèrent et se regardèrent.
Blade remarqua qu'à moins de trois mètres, c'était l'endroit où avait été torturée et tuée Kubona. De l'autre côté, à six mètres, gisaient les squelettes des soldats de Desgo. Neena suivit son regard et rit.
- Non, Blade. Je ne crois pas que nous ayons à craindre que leur esprit réprouve ce que nous avons fait. Kubona... Ma foi, elle n'était plus une vierge rougissante. Si elle nous a observés, elle partira heureuse et en paix en voyant notre bonheur.
- Et l'esprit des soldats?
- S'ils étaient encore là pour regarder... eh bien, ils nous auront vus vivants et heureux. Ils s'en iront, eux, dans les tourments, sachant qu'ils sont morts en vain, que nous sommes revenus ici ensemble, pour nous aimer là même où ils sont morts. Je doute que nous ayons pu trouver meilleur moyen d'aggraver leur tourment.
Blade rit de la férocité de Neena mais reprit vite son sérieux.
- Nous ferions mieux de nous rhabiller et de retourner au camp.
- Tu préfères te cacher dans l'ombre plutôt que de rester couché au soleil?
- Je préfère passer le reste de la journée là où personne ne peut nous voir. Il se peut qu'il ne reste que les esprits des soldats de Trawn dans cette forêt. J'aimerais mieux ne pas apprendre le contraire quand une lance s'enfoncera dans ton ventre.
Neena soupira et acquiesça. Ils se levèrent, s'habillèrent puis, la main dans la main, ils repartirent sous les grands arbres.