Zol
Péguy est resté toujours très attaché à sa terre natale, la Beauce.
Bien qu'aucun de ses ouvrages n'ait pour thème majeur le Zola trouvait que les romans champêtres de George Sand monde rural, il a exalté Jeanne d'Arc, la bergère lorraine sonnaient faux, et il a été tenté, comme il le dit lui-même, de héroïne de la guerre de Cent Ans et de la chrétienté tout faire pour le paysan avec La Terre ce qu'il avait fait pour entière. Un de ses poèmes les plus célèbres est consacré à la l'ouvrier avec Germinal. Il s'est donc appliqué à donner à sa Beauce et à ses blés, tels qu'on les découvre en faisant le peinture beaucoup de nuances et à éviter, comme Maupassant, pèlerinage de Chartres. Enfin il distinguait dans son propre toute simplification hâtive.
corps l'empreinte de son hérédité de paysan : Un vieux paysan, le père Fouan, est venu trouver M. Baillehache, Toute l'inclinaison (générale) du corps en avant dénonce, trahit ce le notaire :
que suis, car je le deviens, puisque je le deviens : un paysan (non)
« Ainsi, père Fouan, vous vous êtes décidé à partager vos biens égaré. L'inclinaison commençante générale vers la terre nourri-de votre vivant entre vos deux fils et votre fille ? »
cière, vers la terre mère, vers la terre tombeau [...]. Je serai un Le vieux ne répondit point, les autres demeurèrent immobiles, un vieux tassé, un vieux chenu. On dira : c'est le père Péguy qui s'en grand silence se fit. D'ailleurs le notaire, habitué à ces lenteurs, ne va [...}. Je serai un vieux rabougri, ma peau sera ridée, ma peau se hâtait pas, lui non plus [...]. Il avait ouvert un canif, il se sera une écorce, je serai un vieux fourbu [...]. Trop de vieux rognait les ongles [...].
derrière moi se sont courbés, se sont baissés toute la vie pour
«Oui, ça se peut bien, monsieur Baillehache... Je vous en avais accoler la vigne. Avec cet osier rouge tendre brun que l'on vend au parlé à la moisson, vous m'aviez dit d'y penser davantage ; et marché, cueilli, coupé des bords de la Loire [...].
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Peuple laborieux, j'en ai trop derrière moi. Je crois que c'est pour ça que j'ai ce vice de travailler. Puissè-je écrire comme ils acco-laient la vigne [...]. Trop de vieux (et de vieilles) ont vécu sur la vigne, sur la délicate vigne, penchés comme sur une enfant, penchés toute la vie.
Péguy, Victor-Marie comte Hugo, 1910.
Après la guerre de 1914-1918
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Après la Grande Guerre, l'extension de la grande industrie tend à dépeupler les campagnes : des villages se vident et meurent, des terres tombent en friche. Une certaine nostalgie donne alors aux Romans paysans un caractère lyrique. Giono, chantre de la Haute-Provence particulièrement atteinte par cette mort lente, raconte dans Regain (1930) la renaissance d'un village proche de Manosque. L'héroïne principale est la Mamèche, veuve d'un puisatier qui s'est tué en remettant un puits en marche. Pour elle la terre, où sont les morts, n'est plus un outil de production mais un objet d'amour et Giono, tout comme son personnage, se sent relié à elle par une sorte de panthéisme mystique :[La Mamèche parle.] je pense à l'enfant, à mon petit, mon Rolando, celui qui est aussi sous la racine de l'herbe. C'est pas de la justice [...]. Eux, ils les ont encore en chair qui marche et c'est parti pour chercher la bonne place. Moi, tout ce qui me tenait le cœur, c'est devenu l'herbe et l'eau de cette terre et je resterai ici tant que je ne serai pas devenue cette terre, moi aussi.
Giono, Regain, 1930.
À peu près à la même époque, d'autres auteurs, Pourrat, Ramuz, A. de Chateaubriant, Pagnol, et, plus près de nous, H. Bosco ont puisé dans leurs terroirs respectifs, - Auvergne, canton de Vaud, Brière, Provence -, une grande partie de leur inspiration. Cette tendance s'est prolongée jusqu'à notre époque sans éviter toujours les facilités d'un folklore super-ficiel. On peut dire que le mouvement écologiste se situe aussi dans la même mouvance, mais il n'a pas encore donné lieu à une œuvre littéraire.
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