Maupassant

j'y ai pensé encore, et je vois qu'il va falloir tout de même en venir là. »

Malgré le développement de la grande industrie sous Napo-Il expliqua pourquoi, en phrases interrompues, coupées de conti-léon III, la France reste, jusqu'à la fin du xix nuelles incidentes. Mais ce qu'il ne disait pas, ce qui sortait de e siècle, un pays

essentiellement agricole. Les rendements augmentent lente-l'émotion refoulée dans sa gorge, c'était la tristesse infinie, la ment mais régulièrement. Dans un pays où domine la petite rancune sourde, le déchirement de tout son corps, à se séparer de propriété et où les paysans sans terre, en surnombre, sont ces biens si chaudement convoités avant la mort de son père, partis à la ville travailler dans les usines, la paysannerie fran-cultivés plus tard avec un acharnement de rut, augmentés ensuite çaise, jusqu'alors plutôt agitée, est une population calme et lopins à lopins, au prix de la plus sordide avarice. Telle parcelle satisfaite, et constitue le plus fidèle soutien du régime républi-représentait des mois de pain et de fromage, des hivers sans feu, cain. La Normandie de Maupassant, c'est-à-dire le pays de des étés de travaux brûlants, sans autre soutien que quelques Caux, est une région particulièrement privilégiée : sol limo-gorgées d'eau. Il avait aimé la terre en femme qui tue et pour qui neux, fertile, où poussent bien les céréales, climat humide on assassine. Ni épouse, ni enfants, ni personne, rien d'humain : favorable aux pâturages, donc à l'élevage. À quelques excep-la terre! Et voilà qu'il avait vieilli, qu'il devait céder cette maî-tions près, comme les deux familles besogneuses évoquées tresse à ses fils, comme son père la lui avait cédée à lui-même, dans Aux champs, les paysans que mettent en scène les Contes enragé de son impuissance.

sont assez aisés. Pour les distinguer du tout-venant, on les

«Voyez-vous, monsieur Baillehache, il faut se faire une raison, appelle «Maître». Ce ne sont pas encore des bourgeois mais ils les jambes ne vont plus, les bras ne sont guère meilleurs, et, en prennent le chemin. Au-dessus d'eux figurent les notables : dame! la terre en souffre... Ça aurait encore pu marcher, si pharmaciens, médecins, notaires. Enfin la société rurale l'on s'était entendu avec les enfants...»

culmine avec les petits hobereaux, qui possèdent en général un Zola, La Terre, 1887.

château où ils mènent une vie heureuse et aisée. Ce monde de la campagne, sur lequel Maupassant exerce sa verve, mi-AU XXe SIÈCLE

sévère, mi-amusé, est présent dans la majorité des Contes. Il en forme, en quelque sorte, le tissu vivant.

Péguy

Zola