CHAPITRE VI
Même jour, soirée
Melchior Chalumeau parvint à distinguer le cadran de sa montre à la lueur verdâtre d'un réverbère. Dix heures un quart.
Sur le boulevard Saint-Jacques se découpaient les silhouettes de quelques couche-tard, la plupart des vitrines étaient barricadées de contrevents, à l'exception de celle d'une corsetière où luisaient des taches blanches ou noires semées de fleurettes brodées. Melchior n'en ressentit nul émoi. Il s'intéressa davantage à une portion de la chaussée en réfection où des ouvriers avaient laissé leurs seaux encrassés de goudron. Un matou invisible se lamentait. Des semelles crissèrent, une femme surgit de l'ombre.
— Alors bébé, ça te dirait ?
— Fous-moi la paix, ribaude !
La fille sursauta à cette invective proférée d'une voix qui n'avait rien d'enfantin.
— Non mais, vise-moi ce gringalet ! J’t'aurais fait un rabais, vu ta taille !
Melchior accéléra l'allure. La fille hurla :
— Amène ton père que j'te refasse !
Des passants se mirent à rire et se retournèrent pour le regarder.
Les gens. Parfois, quand il pensait à eux, il se sentait perdu, il y avait trop de gens normaux et ça le rendait malheureux.
« Pourquoi ont-ils une répulsion envers ce qui est différent ? Est-ce un crime d'être différent ? Je suis fatigué de tout ça, je voudrais être à l'abri, oublier que je suis prisonnier de ce corps. »
Il avançait comme en un rêve. Des murs, des murs, des murs, une rue étroite. Un fiacre somnolait, aussi inanimé que les murs qui l'écrasaient de leur hauteur. Tout ce qu'il entendait était l'écho de ses propres pas.
Il eut conscience de pousser une porte en fer. Étrange, il ne savait pas comment il avait atteint ce lieu.
Le Lion de Belfort ressemblait à un sphinx assoupi. Deux hommes sautèrent d'un fiacre et se dirigèrent vers les Catacombes.
— Voilà qui va vous plaire, Joseph, des squelettes par milliers. Cela devrait vous inspirer pour écrire votre prochain feuilleton.
Un bourgeois ventripotent qui flânait rue Dareau en cette nuit glaciale faillit cracher sa cigarette quand son brave Médor se rua vers un rassemblement de fiacres. Un sifflement impérieux ramena le bouledogue à son maître, qui l'entraîna au plus vite rue Hailé.
Les voitures stationnaient quelques minutes à peine, le temps d'éjecter leurs occupants, dames à falbalas et messieurs à huit-reflets. Agglutinés en un essaim bourdonnant, ils paraissaient déterminés à s'enraciner dans le trottoir, se bousculaient, protestaient et s'interpellaient à voix basse, effarouchés de constituer une entrave à l'ordre établi. Les plus timorés s'attendaient à ce que la maréchaussée se manifeste. Les plus audacieux profitaient de l'obscurité pour frôler les rondeurs inconnues.
L'entrée du numéro 92 s'ouvrit largement, et trois escogriffes à tignasse hirsute émirent des chuintements intimant le silence. Leurs mains dressées, munies de lanternes, enjoignirent les mélomanes à s'aligner en file indienne.
Victor tendit son carton d'invitation. Pourvus d'une bougie, Joseph et lui longèrent le magasin du service des carrières, franchirent une porte encastrée au milieu d'un mur et, ballottés parmi les amateurs d'émotions fortes, entamèrent une descente ponctuée de rires nerveux et de cris étouffés. L'escalier en colimaçon s'enfonçait à quatre-vingts pieds sous le niveau du sol. Un petit homme pas plus haut qu'un enfant de dix ans, vêtu d'un pourpoint vert pomme et d'un pantalon à carreaux, guidait les nouveaux venus en fredonnant :
Zig et zig et zag, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon...
La troupe s'engagea dans une galerie tortueuse aux plafonds bas consolidés de ciment. Elle déboucha dans une vaste salle tapissée d'ossements. Ceux qui n'avaient encore jamais contemplé la rotonde des Tibias laissèrent fuser des exclamations.
— Quelle horreur ! s'écria un critique musical. On a l'impression de piétiner dans un cimetière !
— Tout juste, approuva un éditeur de partitions. C'est ici que sont recueillies les dépouilles provenant des nécropoles parisiennes depuis 1785. On n'en découvre qu'une partie. À l'est, vous toucherez au Jardin des Plantes, à l'ouest, vous irez vous cogner à l'ancienne barrière de Vaugirard.
— J'en déduis qu'il y a beaucoup plus de défunts que de vivants, bougonna Victor.
— Des millions de Parisiens s'empilent sur une superficie de onze mille mètres carrés et une épaisseur d'un mètre cinquante.
— C'est très artistique, constata une vieille dame assidue des concerts Colonne et Lamoureux. Voyez ces carcasses symétriquement disposées. Les ouvriers ont dessiné des croix avec les os les plus longs.
— Ces crânes me flanquent le tournis, grommela Joseph, on jurerait qu'ils nous observent de leurs orbites creuses.
Victor frissonna, affolé à l'idée qu'un jour ne resteraient de lui que des vestiges de cet acabit.
La mort à minuit joue un air de danse
Zig et zig et zag sur son violon,
piaillait le petit homme qui marchait en éclaireur. — Que nous chantez-vous là ? chevrota la vieille dame.
— Ce sont des vers de M. Henri Cazalis sur lesquels Camille Saint-Saëns a composé un poème symphonique, La Danse macabre. Vous allez bientôt vous en régaler.
Il reprit de plus belle :
Zig et zig et zag, chacun se trémousse,
On entend claquer les os des danseurs...
ARRÊTE ! C'EST ICI L'EMPIRE DE LA MORT
était-il écrit au seuil de la crypte de la Passion, reconvertie en salon de réception. Sur des piliers de pierre de taille avaient été fixées des appliques où fumaient des chandelles. Des chaises de paille en rangées parallèles précédaient une estrade réservée aux musiciens.
Joseph s'éloigna et se planta devant une inscription :
Ossements du cimetière des Innocents
déposés en avril 1786 et juillet 1802.
Il se contraignit à griffonner ces mots dans son calepin, cela alimenterait l'un de ses futurs romans. Le petit personnage qui jouait les cicérones s'approcha de nous.
— Que gribouillez-vous ?
— Je m'instruis. Je suis auteur de feuilletons. Avez-vous lu La Vengeance du lémure ?
— J'ai suffisamment de tintouin à régler. Mais j'en sais, des histoires !.Si je m'attelais à la tâche, je noircirais des cahiers, j'ai une sensibilité d'écorché vif. Logique, quand on est hors norme. On me traite de gnome, j'ai beau être plus rabougri que Lautrec, je suis bien proportionné, moi ! Vous aussi vous souffrez d'un vice de conformation, remarquez, avec un costume rembourré votre bosse passe presque inaperçue. Ça vous élargit le cœur d'être un paria de la société. Topez là, on est du même bord !
— J'ai fait mien le mot d'ordre de Victor Hugo : « Je ne crains rien sinon que ma bosse ne rentre » ! rétorqua sèchement Joseph.
Le petit homme était déjà loin.
— Quel culot ! Une épaule plus haute que l'autre n'est qu'une anicroche comparée à une pénurie de centimètres !
Victor avait jeté son pardessus sur une chaise. Il chercha des visages de connaissance. Plusieurs journalistes devisaient. Fernand Bourgeat, secrétaire général du Conservatoire, côtoyait Albert Lavignac, l'un des maîtres de l'établissement. Le poète Jean Lorrain dressait ses index ornés de bagues en distillant au peintre Henri Brispot des informations relatives à la craniologie. Antonin Clusel, le rédacteur en chef du Passe-partout, badinait avec une gracieuse dame, tout en bouclettes, les dents éclatantes, le nez en trompette, les pommettes piquetée de taches de son, si pâmée de ravissement que le pauvre Antonin l'endurait avec peine. Victor était persuadé d'avoir rencontré cette femme Où ? Quand ? Il fit un effort de mémoire, mais son nom lui échappait. Quelqu'un lui tapota l'omoplate, une voix murmura :
— Merci d'être venu.
Victor se retourna.
— Eudoxie ! Quel endroit romantique !
— Victor, j'ai besoin de votre aide, c'est sérieux. Victor sourit avec condescendance.
— Le procédé est éventé, Eudoxie, vous auriez pu trouver mieux pour m'attirer dans vos rets ! Je vous en prie, je croyais que la question était close une fois pour toutes. Je suis marié.
— Ne vous tourmentez pas, je sais me tenir.
— Qu'est-ce qui vous inquiète ?
— Je suis provisoirement hébergée square Montholon chez M. Rozel, le soupirant en titre de mon amie, Olga Vologda...
— L'ex-étoile de Saint-Pétersbourg est la maîtresse de M. Rozel, le photographe de la Madeleine ?
— Oui. Mais n'allez pas vous méprendre, je loge chez eux en tout bien tout honneur. Vous avez l'air d'en douter.
Victor recula vers une muraille de tibias entassés comme bois à brûler.
— Rien ne m'étonne plus. Je suis contrarié, j'ignorais tomber sur le rédacteur du Passe-partout en ce lieu de rêve.
Il venait de repérer Joseph qui, raide et gourmé, tentait d'échapper aux chatteries de la gracieuse dame, délaissée par Clusel.
— Qui est-ce ? demanda-t-il à Eudoxie.
— Votre commis, voyons !
— Ce n'est plus mon commis, c'est un associé. Non, la femme, qui est-ce ? Il me semble l'avoir vue Auparavant.
— La blonde névrosée ? Elle est trop vulgaire pour vous, elle bousculerait votre bienséance ! Regardez « Ses manières étudiées, ses yeux de génisse ! Elle se dit danseuse, mais...
— Danseuse ? Décidément...
— Une de ces épileptiques orientales à la flan qui gigote sous des voiles transparents en ondulant de la croupe. Je l'ai fréquentée de loin, autrefois, quand je débutais au Moulin-Rouge. Vous vous souvenez ? C'était le bon temps ! C'est une parvenue, elle finira par les décrocher, sa particule et son hôtel, si les petits cochons ne la mangent pas avant. Trêve de plaisanteries, Victor. Ma logeuse Olga Vologda a été très affectée par le décès de Tony Arcouet, vous le remettez ? Il m'escortait à la librairie le jour où je vous ai remis l'invitation à l'Opéra pour Kenji.
— Il est mort ?
—Un accident, il s'est noyé. C'était la dernière toquade d'Olga, ils étaient amants. Cette disparition subite l'a choquée, elle chipotait, elle dormait mal, elle avait des migraines et elle s'est effondrée en scène. M. Mori ne vous a rien dit ? J'ai cru que son malaise était dû à la neurasthénie. Le médecin de service lui a administré un calmant. On l'a ramenée chez elle. Je l'ai veillée. Vers les quatre heures du matin, elle a été prise de vomissements. Elle se tordait de douleur, elle jurait qu'elle allait mourir. J'ai paniqué. Par chance, le Dr Margery exerce à l'étage au-dessus. Il l'a examinée et a diagnostiqué une intoxication alimentaire, cependant j'ai des incertitudes. Si c'était une tentative d'empoisonnement ?
— Possédez-vous la preuve matérielle de ce que
vous avancez ?
— Hélas non, uniquement le témoignage d'Olga. Elle aurait goûté un morceau de cochon en pain d'épice juste au lever de rideau, c'était le présent d'un adulateur, un mot l'accompagnait : « Croque-moi... », ou quelque chose de ce genre.
— Vous vous faites des idées. C'est probablement une mauvaise farce, je ne peux vous être d'aucun secours. Si vous avez des doutes, prévenez la police.
— En d'autres termes, ce n'est pas votre affaire.
— Oubliez cela, Eudoxie, répondit Victor en considérant son programme.
1. Marche funèbre, de Chopin.
2. Danse macabre, de Saint-Saëns. Ave Maria, poème de M. Alla, lu par l'auteur.
3. Choral et marche funèbre des Perses, sous la conduite de M. Xavier Leroux.
4. Aux Catacombes, poème de M. Marlit.
5. Marche funèbre de la Symphonie héroïque, de Beethoven11.
« Ça promet. J'aurais été plus malin de m'abstenir », se dit-il.
Il ramassa un minuscule bouquet tombé d'une ceinture féminine, regrettant que, quelques mois plus tôt, la mode ait décrété qu'on n'accrocherait plus cette parure au milieu du buste mais à gauche de la taille. Il tripota un moment les tiges, puis en chatouilla le cou de Joseph et fit galoper ses doigts dans l'air afin de l'aviser discrètement de son départ.
Minuit et demi. Les exécutants commençaient à s'installer devant leurs pupitres. Ils étaient quarante-cinq, réunis pour le simple plaisir de jouer dans un décor insolite, sur un rond-point drapé de noir. La mine avantageuse, le compositeur Xavier Leroux espérait se distinguer aux timbales. L'orchestre était dirigé par M. Furet, ex-premier prix de violoncelle à l'école de la rue Bergère.
Pendant que les cuivres et les bois s'accordaient sous ja houlette du chef, les spectateurs se regroupèrent selon leurs affinités. Certains, solitaires et timides, se placèrent debout côte à côte. Les plus rapides bénéficièrent d'une table, manière pratique de commenter l'événement.
Joseph se retrouva assis auprès de la jeune femme frisottée qui se colla à lui. Une fiasque contenant un prétendu élixir parégorique à l'odeur de brandy jaillit miraculeusement de son sac, suivie de gobelets.
— Voici la providence des transis, ça devrait nous échauffer à défaut de nous réchauffer. A la tienne, mon chou. Alors tu écris des mélodrames ? Fais pas cette tête, Clusel a craché le morceau. Tu me prêteras tes œuvres, j'adore les histoires tristes qui finissent bien. J'ai été rudement inspirée de m'emmitoufler de fourrures, on gèle ici !
— Vous n'aviez qu'à vous terrer chez vous, piaula Melchior Chalumeau, dont les bonds furent aussitôt scandés par la mélodie de Saint-Saëns et les paroles de Cazalis.
Les squelettes blancs vont à travers l'ombre,
Courant et sautant sous leurs grands linceuls !
— Hello, Melchior, Hermès diligent ! tonna une voix de baryton. C'est pour moi ?
Joseph se retourna, salua le petit homme d'un hochement de tête complice. Il le vit remettre un paquet enveloppé de papier de soie bleu pâle à un barbu athlétique porteur d'une boîte à violon, puis se fondre parmi les invités. Le barbu arracha le papier de soie et éclata de rire.
La frisottée secoua l'épaule de Joseph.
— Ben quoi, l'plumitif, tu n'bois pas ? Allez, cul sec, un remontant ça requinque !
Exaspéré, Joseph rétracta les lèvres et leva les yeux au ciel. Il croisa la face rubiconde du gaillard et lui tendit son gobelet.
— Merci, c'est gentil, dit ce dernier en faisant claquer sa langue, c'est tout à fait ce qu'il me faut. Décidément, c'est mon jour, je suis béni des dieux ! On m'envoie un porte-bonheur.
Joseph lut ce qui était inscrit sur un bristol :
Cher Maître,
Si vous me croquez, votre archet fera merveille.
Il repoussa précipitamment sa chaise.
— Un cochon en pain d'épice ! s'exclamat-il, prêt à tout pour fuir sa voisine. Vos amis sont attentionnés. Le prénom Joachim dessiné en guimauve, c'est le vôtre ?
Ce disant, Joseph s'éloigna imperceptiblement de la frisottée et atteignit le vestiaire.
— Je vous abandonne, dit le barbu, ça va commencer. Il fourra le cochon dans sa poche et se joignit à l' orchestre.
Au même instant, le pianiste, satisfait de la hauteur de son tabouret, les mains au-dessus du clavier, plaqua les premières mesures de la Marche funèbre. L'effet de cet hymne mortuaire sous les voûtes sonores fut si puissant qu'une femme réclama des sels et que le critique en lâcha sa canne et ses gants.
Deux heures et demie plus tard, lorsque le chef abaissa sa baguette et que le silence reprit possession des lieux, les auditeurs hésitèrent avant de manifester leur enthousiasme. Le xylophone, responsable du cliquetis des vertèbres au cours de la Danse macabre, récolta de vifs applaudissements.
Les invités s'égaillaient, les musiciens roulaient leurs partitions. Le violoniste barbu bouclait son instrument, le pianiste, un flûtiste et un hautboïste lui souhaitèrent une agréable fin de nuit.
Joachim Blandin affronta le royaume des trépassés. Son estomac gargouillait. Il coinça sa boîte à violon entre ses genoux, extirpa de sa veste le paquet délivré par le petit homme et engloutit le cochon en pain d' épice.
Il s'était laissé distancer. Autour de lui, l'espace glacial, peuplé de rictus, semblait l'épier. Parfois, le reflet de sa bougie sur les parois donnait vie aux restes des trois millions de morts qui reposaient là.
Il était trop vieux pour avoir peur. Il s'enfonça dans une zone d'ombre, à moins d'un mètre du mur d'ossements et soudain, il fut perdu. Il tourna, oppressé, sans parvenir à rattraper ses collègues. Il pesta contre ses jambes lourdes, il avait pourtant très peu bu. Ses tempes battaient à tout rompre. Il fit volte-face et distingua une volée de marches. La flamme de sa bougie devint minuscule comme si la lumière était bannie de cet endroit. Mon Dieu, quel froid ! Sa boîte à violon lui échappa, un goût de fer lui vint aux lèvres. Il se rua dans l'escalier.
Enfin, il gagna l'air libre, longea la rue Saint-Jacques dans un état second et traversa la place Denfert-Rochereau. Des pavés étaient descellés, de sorte qu'à maintes reprises l'un d'eux basculait sous son pied en produisant un bruit sec. Joachim Blandin redoubla de prudence et enfila la rue Froidevaux. On eût dit un danseur de corde sur le point de tomber.
Il fit plusieurs mètres, dérapa et percuta un réverbère. Une crampe le plia en deux. Il reconnut les signes précurseurs d'une nausée. Couvert de sueur, il cambra les reins, mais son corps pesant l'entraînait en avant, ses membres étaient parcourus de fourmillements. Au loin résonnait une chanson braillée à tue-tête :
Mais psitt ! Tout à coup on quitte la ronde,
On se pousse, on fuit, le coq a chanté !
Il voulut appeler, impossible.
En un ultime effort, il banda ses muscles. Son cœur s'affaiblissait. Il réussit à se convaincre qu'il succombait à un de ces rêves d'ivrogne qui vous expulsent du premier sommeil
« Je suis en train de me réveiller », se dit-il en tentant d'esquisser quelques pas. Il tangua et s'écroula dans le caniveau. Sa tête heurta violemment la bordure du trottoir.