Le Pays Sûr, Royaume nain du Second Père, Beroïn,
en l’hiver du 6 234
e cycle solaire

 

 

Pour cette deuxième vague d’assaut, l’armée de Nôd’onn voulut attaquer sur les flancs. Au fur et à mesure que les tours de siège approchaient, les Nains criblaient de projectiles les peaux humaines humides et le bois qu’elles recouvraient, quand ils n’arrachaient pas l’une ou l’autre poutre, sans toutefois parvenir à renverser toutes les tours, ni à les faire s’effondrer.

Finalement, trois d’entre elles parvinrent aux créneaux. Les rampes d’assaut se baissèrent, et les tours vomirent leurs flots d’Orcs braillards. Mais c’était compter sans la féroce défense naine, orchestrée par Balendilín avec une telle habileté que pas un seul adversaire n’en réchappa.

— Versez du pétrole sur le bois, et tirez sur les tours, ordonna-t-il après avoir exterminé la première vague d’assaut et tandis que la suivante approchait.

Son plan fut couronné de succès. Peu de temps après, les tours étaient la proie de flammes aux couleurs vives. Le bois résineux brûlait comme de l’amadou. Les cordages cédèrent et les engins de siège s’effondrèrent avec fracas au pied du rempart. Les survivants de la première vague d’assaillants battirent en retraite dans un concert de couinements apeurés.

Mais cette fois, il y avait aussi des pertes du côté des Nains. Quatorze défenseurs avaient été tués par les flèches d’un Albe tireur d’élite, resté embusqué sur la dernière tour malgré les flammes. Sa cape avait pris feu mais il continuait à décocher ses traits. Il ne mit fin à son œuvre macabre que lorsque la corde de son arc brûla.

Malgré ces pertes, le moral des Nains était encore bon. Rien n’indiquait qu’Ogremort tomberait.

— Vous avez bien combattu, dit Balendilín, félicitant ses guerriers. Nous n’oublierons jamais nos frères tombés aujourd’hui.

Leurs noms seront gravés en lettres d’or sur les murs de la Salle du Conseil. (Il contempla la foule de défenseurs barbus qui levaient les yeux vers lui, en sueur, mais heureux et encore loin d’être épuisés.) Vraccas nous a…

— Les Orcs ! s’écria un Nain qui se trouvait dans la tour d’observation et qui s’était brièvement retourné en direction de l’enceinte. Les Orcs sont dans nos murs !

Des centaines de ces créatures se jetaient en hurlant sur tout ce qui leur résistait. Elles occupèrent bientôt la totalité de la première terrasse. Elles agitèrent ensuite leurs boucliers, leurs haches, leurs épées et leurs lances pour railler les Nains.

Les tunnels ! Ils sont passés par les tunnels !

— Il faut les anéantir avant qu’ils ouvrent la Porte Haute ! Allez, Enfants du Forgeron ! dit Balendilín pour faire sortir ses guerriers de leur stupeur. Aucun Orc ne survivra à cette journée !

Un sursaut parcourut l’armée naine, qui prit immédiatement d’assaut la terrasse et se jeta sur ses ennemis de toujours. Son roi manchot participait aux combats, véritable exemple de bravoure.

C’est alors qu’un Ogre surgit de la salle d’accès aux tunnels, les lèvres posées sur l’embouchure d’un gigantesque buccin. Un son assourdissant retentit, salué par des cris de joie débordante de l’autre côté de la forteresse. Le deuxième assaut commençait.