20.
— Non !
C'est avec le cri de Haven dans les oreilles que Wren reprit conscience. Avant même d’ouvrir les yeux, elle sut que Sergueï avait des ennuis. Son cœur était enserré dans un étau d’acier qui l’empêchait de respirer, de penser même, et tout le reste était oblitéré par une panique totale et par une sensation de perte irrémédiable.
D’instinct, elle tenta de reprendre en main son Courant. Mais ne trouva rien dans quoi s’enraciner : il n’y avait pas de socle de pierre sous ses pieds, et toute possibilité de contrôle interne avait été balayée par l’attaque de… de cette chose qu’animait une fureur jalouse, affamée et paranoïaque envers son associé. Les lignes d’un Courant immonde lui léchaient le corps, se collaient à lui telles des sangsues, aspiraient sa substance, là, sous ses yeux.
— Non ! hurla-t-elle dans un écho rageur au désarroi de Haven.
Elle rassembla alors toute la haine, toute la peur, toute l’angoisse que le parchemin avait soulevées en elle, et les entrelaça à son Courant, chargeant celui-ci de l’amour, du désir et de la passion indicibles qu’elle éprouvait pour Sergueï. Sergueï Didier, fils de Luisa, fils de Kassian. Opérateur. Associé. Amant. Ami. De tout ce qu’il était, depuis sa façon de bouger en dormant jusqu’à ses pattes d’oie lorsqu’il souriait, à l’intensité de son regard, à la musicalité surprenante de son rire. De l’amour qu’il avait pour elle, auquel elle répondait pleinement, sans crainte ni réserve. De sa volonté de tout faire pour elle, absolument tout, même mourir.
Et le Courant s’étira, se distendit et le trouva, trouva son essence, s’y plongea, le connectant à Wren, à son existence même, pour le ramener lentement, petit à petit, à la réalité.
— Je t’adjure de rester !
T’avise pas de me laisser !
Reviens ! Tout de suite !
Elle ne se rendait même pas compte qu’elle l’interpellait dans son habituel style haïku. Les mots lui venaient spontanément tandis qu’elle renforçait son filin-Courant et le tirait à elle de toutes ses forces.
Mais le parchemin refusait de se laisser voler sa proie. Les lignes vertes et jaunes du Courant la cinglèrent en retour, crépitant au moment de l’impact sur sa peau. Elle hurla de douleur, la gorge à vif, déchirée. Mais elle tint bon.
Qu’est-ce que je peux faire ?
Rien, songea-t-elle, avant d’évacuer aussitôt ce mot honni. Pas de défaitisme. Pas de doute. Juste la conscience de la vie de Sergueï entre ses mains. De son amour. Car il l’aimait, elle en était certaine. Il l’aimait, et elle l’aimait. C'était ça le lien. Il existait, il était bien réel. Elle ne pouvait pas se permettre d’en douter. Pas maintenant.
Son filin-Courant se tendait avec plus d’énergie qu’elle n’en possédait, une énergie qui grandissait, semblait-il, malgré son épuisement.
— Reste, au nom du ciel !
Toute sa volonté se concentra dans cette injonction. La volonté, c’était le pouvoir. Et le pouvoir, la force. Sergueï releva la tête, la regarda. Wren vit que sa conscience revenait, et avec elle la profondeur, la couleur et la solidité.
Puis quelque chose la frappa violemment de côté, lui coupant le souffle et brisant ce lien dont elle avait tant besoin. L'image de Sergueï disparut de sa vue l’espace d’une fraction d’éternité.
L'agresseur — une créature sombre munie de défenses jaunâtres, les oreilles pelées et tombantes sous une masse de cheveux noirs hirsutes — se rua sur elle. Wren eut à peine le temps de tirer sur le filin-Courant avant que ses mains physiques n’empoignent ce Fatae sorti de nulle part.
— Meurs, garce ! Ça pas regarder toi.
Le Minos la plaqua contre le mur. Wren poussa un grognement, et prit le risque de prélever une vrille de Courant de Sergueï pour se battre contre ce nouvel assaillant.
— Quel. Est. Ton. Putain. De. Problème ?
Elle n’avait vraiment, mais vraiment pas besoin de cela maintenant.
— Toi rester en dehors, humaine.
Gênés par leurs défenses, les Minos n’étaient pas des modèles d’élocution. Si Wren comprenait plus ou moins ce qu’il disait, elle n’en saisissait absolument pas le sens.
— Mais de quoi diable parles-tu ?
Elle risqua un œil vers Sergueï, et son sang se figea dans ses veines. Elle devait faire quelque chose. Tout de suite !
— Je cherche arrêter toi. Toi pas arrêter. Toi continuer t’occuper affaires Fatae. Alors maintenant, arrêter toi pour de bon.
C'est alors que, d’un seul coup, tout se mit en place dans son esprit. Sa curieuse impression en rentrant chez elle. Le sentiment d’être suivie. Les étranges vibrations perçues chez les leaders Fatae lors du pow-wow dans son appartement, quand ils s’étaient chamaillés entre eux plutôt que d’attaquer Mme Howe…
La politique. Dieu qu’elle détestait la politique ! Surtout lorsqu’elle se mettait en travers de son chemin au moment où elle tentait de retirer du feu les fesses de son partenaire.
— Je n’ai pas de temps pour ça ! aboya-t-elle en tentant de se débarrasser du Fatae pour retourner s’occuper de Sergueï.
Mais le Minos lui attrapa le bras d’une patte épaisse, enfonçant dans sa chair les pointes dures de ses griffes, jusqu’au sang.
Bondissant à son secours, Haven tenta de faire lâcher prise à la bête. Mal lui en prit. Il se retrouva à son tour projeté avec force contre le mur, mais à la différence de Wren s’affaissa aussitôt, assommé.
— Toi, mourir. Tous mourir.
Un sourire s’épanouit alors sur la face du Minos, dévoilant des canines jaunes plus effrayantes que les doubles rangées de dents d’un requin. Puis il referma sa patte sur le cou de la jeune femme, le pouce sur la trachée.
— Sergueï !
Le pouce commença à appuyer, et Wren ne vit plus que des étincelles de Courant tandis que tout son environnement virait au gris.
— Je suis désolée, mon amour. Tellement désolée…
— Relax, jeune fille. Je suis là.
Pendant un moment d’hébétude, Wren pensa que c’était le Minos qui lui parlait, et résista. Puis son cerveau reconnut la voix familière, et son corps s’effondra comme si tous ses tendons avait été sectionné.
Simultanément, un sifflement traversa l’air, suivant l’arc tracé par un croissant de métal brillant.
Lequel croissant de métal s’abattit avec violence dans le dos du Minos. L'une des œuvres de Lee, reconnut-elle dans son brouillard. Il avait réalisé une série de lames dans le cadre d’une installation, quoi, deux ans auparavant ? C'était une… mezzaluna. Oui, peut-être bien.
Lâchant un hurlement de rage, la bête pivota pour attraper la lame, et ce faisant, tel un chien jaloux de son os, délaissa Wren, qui s’étala sur le sol, contusionnée de la tête aux pieds.
— Occupe-toi de Sergueï ! lança Lee. On se charge de ce salaud !
Sans s’attarder à poser des questions, se traînant sur les mains et les genoux, Wren se faufila entre les morceaux d’une table brisée, puis, sans un regard pour Haven, suivit le filin-Courant toujours lié à elle, jusqu’à l’endroit où Sergueï disparaissait presque sous un enchevêtrement de Courant maléfique.
Sa silhouette était floue sur les bords, comme si une gomme invisible était en train de l’effacer, ou comme si on la voyait à travers une brume de chaleur. Mais il était toujours là. Et c’était toujours Sergueï.
Elle essaya de tirer le filin vers elle, mais il glissa entre ses mains mentales, trop affaiblies pour bien le saisir.
— Non ! geignit-elle, les larmes aux yeux. Nooon !
— Ancre-toi en moi.
La voix était elle aussi familière, et elle sentit son propriétaire se coller contre elle à la manière d’un chien affectueux. Elle se retourna. C'était O.P., qui la fixait avec intensité de ses pupilles rouges. Que… Qu’avait-il dit ?
— Allons, vite ! Fais ce que je te dis ! la pressa-t-il.
Jamais, jusqu’ici, elle n’avait tenté de s’ancrer en une autre personne que Sergueï. C'était un acte trop personnel, trop intime. O.P. n’était pas…
— C'est pour ça que j’ai été créé, Valère. Fais-le !
Vaincue par l’autorité de sa voix, elle agrippa sa fourrure, enfouit les doigts et la tête dans l’épaisseur musquée de son collier de poils blancs, et se plongea tout entière en lui, au fond de son être, s’enfonçant dans cette chair ferme si différente de la chair humaine, et cependant d’une troublante similitude. A la fois familière — O.P. était un vieil ami — et totalement étrangère. Et au milieu de tout cela, Wren sentit l’endroit où elle devait être. Elle s’y glissa avec l’étonnement et la gratitude de celle qui découvre des prises sur une falaise nue.
Avec un cliquètement étrange qui noua tout l’intérieur de son corps, elle s’enracina, se centra parfaitement, et fut soudain en mesure de faire ce qu’elle avait à faire.
— Je t’adjure de rester !
T’avise pas de me laisser !
Reviens ! Tout de suite !
Le Courant fusa à travers elle, avec une puissance telle que si elle ne s’était pas aussi solidement ancrée, elle eût été emportée comme un fétu et projetée dans un océan d’électricité pure. Elle eut l’impression de chevaucher une tornade à la puissance dix, d’être prise dans l’œil d’un cyclone… Ou plutôt d’être l’œil de ce cyclone ! Le Courant claqua, étincela et bouillonna autour d’elle, plongeant dans sa peau et en ressortant, pénétrant loin dans sa chair, puis jaillissant dans l’air, pour s’accoupler au lien existant, le densifier, le renforcer, pour courir le long du filin jusqu’à la forme de Sergueï à présent transparente.
— Reviens, maintenant, murmura-t-elle, avant d’envoyer tout ce qui était en elle à travers le lien, ne retenant rien de cette prodigieuse cacophonie de puissance sauvage.
Puis tout se passa en un éclair. Le Courant rebroussa chemin, reflua le long du filin, O.P. poussa un cri et disparut du champ de conscience de Wren. L'entité poussa un rugissement proche d’un crissement métallique, puis battit en retraite de l’autre côté de la pièce, où elle flotta près du plafond, menaçante, à l’endroit où était tombé le parchemin. C'était à présent une ignoble boucle de Courant de la forme d’un serpent, dont la simple vue lui était douloureuse. Mais pour le moment elle semblait tranquille. Pour mieux préparer son prochain mouvement ? Serait-elle capable de pensée construite ? Ou ne fait-elle que réagir ?
— Petit Roitelet ?
Faible, brisée, la voix était néanmoins douce à ses oreilles. Soudain, plus rien d’autre ne compta.
— Serg ?
Elle rampa jusqu’à l’endroit où son associé gisait sur le sol. Il était pâle, la peau de son visage complètement décolorée, des fils gris étaient apparus dans ses cheveux, mais, mais il était là, solide au toucher, vivant. Vivant. En piteux état, certes. Il était impossible à un Profane de recevoir autant de Courant sans en payer le prix, mais il était vivant.
— Merci mon Dieu, dit-elle en l’entourant de ses bras, savourant le contact de sa peau contre la sienne.
C'est alors qu’elle fut frappée par le silence qui régnait dans la cave. Clignant des yeux pour refouler ses larmes d’épuisement, elle tourna la tête pour voir où en était l’autre combat.
— Il faut partir, associé, souffla-t-elle dans les cheveux de Sergueï, avant de se séparer de lui à contrecœur.
Si elle avait dû chercher qui, parmi tous ses amis et connaissances, pouvait l’aider à lutter contre un Fatae enragé, Lee n’eût pas figuré en tête de liste, malgré toute sa bonne volonté. C'était un excellent ami doublé d’un farceur inspiré, mais il n’était pas un bagarreur de rue malgré sa connaissance des arts martiaux. Du moins le croyait-elle.
Eh bien il était clair qu’elle avait sérieusement sous-estimé l’artiste. Car pendant qu’elle s’échinait à ramener Sergueï dans l’univers des êtres physiques, il s’était chargé du Minos, réussissant à imposer ce qui ressemblait fort à un statu quo, son Courant et la puissance phénoménale du Minos se neutralisant l’un l’autre. A dire vrai, ils ressemblaient à l’une de ses sculptures : le guerrier moderne et l'homme-taureau figés dans le combat. Sauf que les objets de métal ne saignaient pas, tandis que Lee était couvert d’hémoglobine au visage et au côté. D’une clé des deux bras autour de sa gorge massive, il tentait d’étrangler la bête, tandis que les pattes calleuses de celle-ci empoignaient ses épaules et cherchaient, semblait-il, à le déchirer en deux.
Wren s’approcha de Lee par la droite, attentive à demeurer hors de portée du Minos. L'œil droit tuméfié de Lee était encroûté de sang séché, et sa bouche était ouverte d’une manière qui donnait à penser que sa mâchoire était brisée.
— Bon sang, Peuplier…
Ses os. Le métal. Je crois avoir presque pris sa mesure.
Que puis-je faire ? demanda-t-elle sur la même ligne de Courant.
Rien. Simplement… Attention !
Mais elle s’était déjà retournée, comme lui avertie par le brutal afflux de colère qui emplissait l’espace. Pensant que l’entité était occupée à récupérer, elle avait fait la seule chose qu’elle n’aurait jamais dû faire : l’ignorer. Et cela avait suffi pour ranimer toute la haine placée en elle par son créateur, tout le venin accumulé durant les années d’enfermement dans la Maison du Secret.
« Idiote, crétine, imbécile ! » Mais elle n’eut pas le temps de se morigéner davantage, car l’entité repartait à l’attaque. Après l’expérience du premier assaut, Wren ne voulait pas se laisser piéger par ce Courant qu’elle projetait vers elle sous forme de tentacules translucides et visqueuses.
Les émotions. Non, l’espoir. L'espoir était la réponse à cette chose immonde qui essayait de l’avoir en jouant sur ses angoisses, sur ses peurs. Elle l’avait arrachée à Sergueï en se concentrant sur ce qu’elle connaissait sans l'ombre d'un doute. L'entité était le produit d'un orgueil, d’un ego détruits. Oui, cela, elle le savait à présent. Elle connaissait son désir effréné de détruire en retour, de réduire en lambeaux tout ce qui était libre. Tout ce qui n’était pas autant consumé par l’amertume qu’elle l’était elle-même. Et rien ni personne en ce monde ne pouvait être amer à ce point.
Mais comment faire de l’espoir une arme ?
Une vrille de Courant d’un orange sale s’enroula autour de sa cheville et tira. Wren tomba sèchement sur le dos, le souffle coupé. La vrille l’entraîna plus loin. Wren sentit l’irritation et la perte de confiance lui hérisser la peau. Si elle la laissait continuer, l’amertume trouverait cette fois le moyen de s’immiscer en elle. Et elle était trop affaiblie, trop éprouvée pour reprendre le combat. « Le contrôle. Garde le contrôle, Valère ! »
Alors qu’elle gesticulait à la recherche d’une prise, ses doigts se refermèrent sur quelque chose de froid, dur et immobile. Un objet de marbre ? Un pied de table ? Quoi qu’il en fût, c’était assez grand et assez lourd pour faire l’affaire. Peut-être. Wren força ses épaules à se détendre comme si elle abandonnait la lutte, puis se projeta brutalement en arrière afin de libérer sa jambe. « Je t’aime, Serg. Je t’aime, je t’aime, je t’aime… »
Sentant l’entité tourner maintenant autour de sa tête, elle se concentra sur le mantra, et se remplit non pas de peur, mais d’amour.
— Tu ne feras jamais une athlète, hein ! On dirait un poulet décharné !
— Hé ! lança-t-elle à l'entité d'un ton railleur, espérant la troubler d’une manière ou d’une autre. C'est autre chose que des cours de gym qu’il te faudra donner ! J’ai des souvenirs bien pires que ceux-là !
La vrille se tendit en claquant, comme si elle s’était irritée de ce que sa proie n’eût pas sombré dans la haine qu’était censée inspirer un présumé professeur sadique. Wren tira sur l’objet lourd, et la table se déplaça légèrement. La panique… La panique commençait à s’emparer d’elle.
Et lorsqu’un Talent panique, de mauvaises choses se produisent.
— Saleté de fils de p…
Le cri de Lee se perdit heureusement, tandis que le Courant était soudain pompé de toutes parts. Du bâtiment lui-même, des câbles enterrés sous la chaussée, de tout ce que le noyau intime de Wren était en mesure de percevoir. Lee fut arraché au monstre et renversé, Wren projetée à terre. Dans le mouvement, la table sur laquelle elle tirait vola par-dessus sa tête et atteignit la masse écœurante de l’entité tentaculaire.
Emmagasinant autant de Courant volé qu’elle l’osa, Wren se redressa sur les genoux, et, clignant des yeux, retrouva juste à temps une vision nette pour assister à la disparition du Minos.
Sans s’arrêter pour réfléchir, Wren se saisit d’un faisceau de filaments de Courant qu’elle ramena à elle, parmi lesquels elle sélectionna les plus propres, les plus purs qu’elle put trouver, des filaments jamais touchés par des esprits Talentuesques, et les modela de sorte à leur donner une forme bien précise.
— Cajole ta geôle :
Dirige ton pouvoir vers l’extérieur,
Ne laisse aucun courant passer.
Ce n’est que lorsque la cage se mit en place autour de l’entité qu’elle se rendit compte qu’elle avait joué avec les mots pour formuler son incantation.
— Tu avais raison, Neezer. Toutes ces semaines à faire des mots croisés m'ont quand même appris quelque chose !
L'entité poussa un hurlement si terrible qu'un « pop ! » se produisit dans les oreilles de Wren, qui se mirent à saigner, mais elle ne put s’extraire de sa cage. Wren avait dirigé le Courant non pas vers l’intérieur, mais vers l’extérieur, créant ainsi une zone profane, un espace obscur de son cru autour de l’entité, dans lequel il devenait impossible de trouver à se nourrir.
C'était le mieux qu’elle pût faire. Pour le moment.
— Sergueï ?
Da.
La voix était blanche, incertaine, mais Wren sentit l’étau qui comprimait son cœur se desserrer.
— Nous sommes tous entiers ?
— Je… je crois, oui.
Elle se traîna vers Lee, qui ouvrit son œil valide et la regarda.
— Ce qui nous fait deux. Trois, avec moi... Comment va la grosse houppette ?
Wren saisit le poignet d'O.P., tâta son pouls, souleva une paupière pour examiner la pupille, et hocha la tête.
— Toujours là. Un beau mal de crâne en perspective, toutefois.
— Eh bien, c’était… intéressant.
Lee grimaça, mais ne bougea pas un doigt.
— Crétins de Minos. Les méchants sont ficelés ? Que vas-tu faire de cette pourriture, maintenant ?
Wren se baissa, lentement, prudemment, puis, s’appuyant sur un coude, observa la cage qui palpitait d’énergie emprisonnée. Elle préféra ne répondre qu’à la deuxième question :
— Le Silence voulait la récupérer ? C'est son problème désormais. Notre accord ne stipulait que la localisation du manuscrit. Et pour être localisé, il l’est, sapristi !
Elle se déplaça avec précaution sur le sol dur, le corps en proie à une douleur sourde et diffuse qui lui fit craindre d’avoir subi des lésions internes.
— Prochaine étape, l’hôpital Saint-Vincent. Je vois d’ici la tête du personnel des urgences ! Mais avant cela, il faut que je passe un coup de fil à André pour l’avertir que son colis est là.
Elle marqua une pause, avant d’ajouter :
— Si tant est que les lignes téléphoniques ne soient pas coupées après notre petite fiesta. Peuplier, tu as de la monnaie sur toi ?
Aucune réponse.
Elle se retourna pour regarder son ami, et toutes ses idées de repos, de détente et de satisfaction du travail bien fait s’évanouirent.
— Lee, non !