4.
— Seigneur, j’ai du lichen sur les dents.
Sergueï grimaça.
— Quelle délicate image, merci infiniment de me la faire partager.
— Tout le plaisir est pour moi… Beuuurk, ajouta-t-elle en tordant la bouche de dégoût. J’ai besoin de ma brosse à dents. Ou d’un morceau de papier de verre.
— Tu attendras que nous ayons passé la douane, O.K. ?
— Si je respire sous le nez d’un douanier, il ne me laissera jamais entrer dans le pays.
— Wren, je connais ton haleine matinale. Elle est supportable. Pas terrible, mais supportable.
— Là, c’est pire. Il s’agit d’une haleine matinale après une nuit passée dans l’avion.
Ils s’avançaient dans l’aéroport de Malpensa, après avoir récupéré leurs bagages sur le tapis roulant. C’était samedi, il était 7 heures, heure locale, mais son horloge intérieure marquait 1 heure du matin, et comme elle n’était parvenue à dormir que pendant la première heure de vol, toutes les cellules de son corps hurlaient leur besoin d’une douche, d’une sieste, et d’une barre de chocolat géante. Dans cet ordre précis.
— Mais, où sont passés les gens ?
Brutal contraste avec l’aéroport de Newark : seule une douzaine de personnes semblaient se diriger comme eux vers la zone douanière, et elle n’aperçut qu’un seul agent de sécurité, une femme, appuyée au mur un peu plus loin près de l’entrée du bâtiment, avec l’air de s’ennuyer à mourir. Les roues de sa valise se bloquèrent. Jurant à mi-voix, elle s’arrêta pour les redresser. Une furieuse envie d’ôter sa veste la saisit, mais c’eût été s’encombrer un peu plus et elle n’en avait pas le courage. Son T-shirt, d’ailleurs, outre qu’il était une insulte à la mode, devait être dans un état innommable. Elle jeta un coup d’œil à son associé. Celui-ci était aussi impeccable et propre sur lui qu’au moment où ils avaient embarqué sur ce maudit aéroplane, la veille au soir. Il devrait y avoir une loi contre ça. Ce devait être une aptitude de Talent particulière et encore inconnue, qu’il lui aurait dissimulée toutes ces années.
Sergueï haussa les épaules et s’arrêta pour l’attendre.
— Ce n’est pas un aéroport très fréquenté, je suppose. Principalement des hommes d’affaires. Les touristes doivent débarquer à Rome.
— Pourquoi n’avons-nous pas fait la même chose ?
Non qu’elle y attachât une quelconque importance — tous les vols étaient un cauchemar, quelle que fût leur destination.
— Ce n’est pas moi qui ai pris les arrangements, Geneviève.
Sa voix était subitement devenue sèche. Elle préféra se taire. Lui non plus n’avait pas beaucoup dormi, et un Sergueï privé de sommeil était aussi commode qu’un vieil ours. Passant de nouveau la langue sur ses dents, elle fit la grimace. C’était dégoûtant, à peine humain. Elle savait que son flacon de bain de bouche était dans sa trousse. Si seulement elle pouvait le convaincre de faire une pause, qu’elle puisse faire un saut aux toilettes…
Sauf qu’elle ne voyait nulle part de toilettes. Ravalant un soupir, elle empoigna son sac fourre-tout, assura sa prise sur la valise à roulettes, et suivit son compagnon. Au moment où ils arrivèrent à la douane, elle était en nage.
— Signore ? Signorina ? Vieni con me, per favore.
Ils avaient atteint l’extrémité du couloir, et la femme en uniforme, d’un âge imprécis et l’air de s’ennuyer au-delà de tout, leur indiquait du doigt un groupe de personnes qui attendaient patiemment en formant plusieurs files.
Sergueï tira gentiment sur la manche de Wren et la dirigea vers l’une d’elles. Elle cligna des yeux et lui sourit, son ressentiment oublié.
— Ils parlent italien !
— Bienvenue en Italie.
Il lui prit son passeport des mains, vérifia les coupons de voyage, puis les joignit aux siens. C’est à peine si elle s’en rendit compte.
— Non, je sais, mais… C’est si bien organisé !
Très bien. Donc, oui elle avait compris qu’elle se rendait dans un pays étranger. Et qu’on y parlait une autre langue. Elle avait grandi à deux pas de Manhattan, et entendre des idiomes différents faisait partie de son quotidien. Mais là, tout un pays…
Une pensée lui vint soudain à l’esprit. Elle tendit à demi la main, avec cette sensibilité interne qui faisait d’elle un Talent, afin de tester l’installation électrique de l’endroit. Doucement, avec précaution, juste au cas où.
— Heuh.
Sergueï se tourna vivement vers elle, et elle comprit qu’elle s’était exprimée à voix haute.
— Quoi ?
— Rien. Je me disais… En fait, je pensais que le courant serait différent, mais ce n’est pas le cas.
Elle haussa les épaules, tout à coup embarrassée.
— Enfin, si. En fait, les voltages sont différents, le flux aussi, comme un ruisseau contre une rivière contre un… Peu importe. Je croyais que…
— Qu’il aurait un accent ?
Elle le foudroya du regard. Comme de bien entendu, il la regardait avec ce petit sourire amusé qui l’agaçait tant.
— Ouais, c’est ça ! Je croyais qu’il aurait un accent.
Il éclata alors carrément de rire, et l’idée de lui envoyer la pointe de sa chaussure sur le tibia traversa brièvement l’esprit de Wren.
— Te donner ce que tu mérites serait te faire trop d’honneur, grommela-t-elle.
— Je suis navré. Vraiment navré. Honnêtement.
Ce qui ne l’empêchait pas de continuer à glousser.
Mais elle ne parvenait pas à être fâchée. Un Sergueï souriant était toujours mieux qu’un Sergueï grognon, surtout quand des types en uniforme affichant un ennui sidéral leur faisaient signe d’avancer.
Signore ?
— Je crois qu’on nous appelle, dit-elle en envoyant à son associé un coup de coude dans les côtes, avant de pointer le menton en direction du comptoir douanier.
— Tu as raison.
Il attrapa ses sacs et s’avança, Wren sur ses talons.
— Buon giorno.
— Buon giorno. I passaporti ?
Sergueï tendit les passeports et les formulaires d’entrée. Le douanier y jeta un regard superficiel.
— Vieni in Italia per affari commerciali o come turista ?
Affari.
L’attention de Wren se mit à errer. Ayant touché le courant qui circulait ici, elle en avait une conscience aiguë. S’y tremper devait être presque aussi agréable qu’une douche.
Puis la vue du gardien armé qui se tenait juste derrière le portillon de sécurité, clairement prêt et entraîné à faire face à toute éventualité, aiguillonna d’un coup ses nerfs rendus atones par la fatigue.
« Hm, vaut mieux pas. A un endroit moins… stressant, peut-être. »
La tension qu’elle percevait dans cet aéroport était différente de celle qui régnait là-bas, chez elle, mais c’était toujours un aéroport, et semer la pagaille dans un aéroport était toujours une très mauvaise idée. D’autant plus qu’elle ne connaissait personne de la Cosa en ville, à supposer que l’organisation y fût représentée. Oh ! C’était là un détail qu’elle n’avait pas prévu. Non qu’il fût d’une grande importance ici, mais lorsqu’ils seraient parvenus là où ils devaient aller, il lui faudrait en avoir le cœur net, et voir si elle pouvait rencontrer quelqu’un, peut-être obtenir un plan de la région. Il serait grossier de se trouver en ville sans même passer dire bonjour, n’est-ce pas ?
Sergueï la poussa du coude, lui signifiant qu’ils en avaient terminé, avant de la diriger vers les portes et l’intérieur du terminal. Il y régnait le bruit et l’activité qu’attendait Wren, quand bien même l’endroit était relativement désert, lui aussi.
— Du café ! s’écria-t-elle en s’avançant, avant de s’arrêter net. Un distributeur de billets d’abord, le café ensuite. Mais… Quelqu’un ne devait-il pas venir nous accueillir ?
Sergueï jeta un regard autour de lui.
— Si.
Plongeant la main dans son sac, il en ressortit le dossier bordeaux.
— Une certaine Marina Fabrizio. Elle est censée être notre contact ici.
— Bien, tu la cherches, et pendant ce temps je me trouve un distributeur et nous prends du café. Comment, le tien ?
— Un double espresso, s’il te plaît. Avec deux sachets de sucre.
— Un double ? s’étonna-t-elle, l’air dubitatif.
Sergueï était un buveur de thé. Quand il prenait du café, c’était à contrecœur et sans réel plaisir.
— Une longue route nous attend, lui rappela-t-il. Je tiens à rester éveillé.
Très bien. Un double, avec un rab de sucre.
Sergueï regarda Wren s’éloigner dans le terminal, se glissant comme un fantôme entre les voyageurs. Statistiquement parlant, son associée était un être ordinaire, avec un O majuscule. Bien faite mais pas d’une manière qui attire les regards importuns, les cheveux châtains, les yeux marron, et un teint… un teint de crème glacée à la vanille. Avec la saveur, s’il vous plaît. Mais à moins d’y avoir goûté, tout à fait ordinaire lui aussi. Si l’on ajoutait à cela sa capacité à distordre le courant, de sorte à créer un champ de force où elle passait, alors, véritablement inaperçue…
Quelques années auparavant, elle lui avait affirmé que lorsqu’elle se branchait sur le courant, elle pouvait se teindre en bleu, se couvrir de clochettes et valser nue au beau milieu de Grand Central Station à l’heure de pointe sans que personne ne la remarque. Il l’avait alors crue. Aujourd’hui il considérait cela comme un fait. Même si elle ne s’était encore jamais livrée à cette petite fantaisie… A sa connaissance, du moins.
Sergueï la suspectait également, malgré les trois mots d’italien qu’elle connaissait, de ne rencontrer aucun problème pour trouver un distributeur de billets, se faire servir deux espresso, et pourquoi pas, pendant qu’elle y était, trouver leur hypothétique contact. Inaperçue ne voulait pas dire sans ressources. Loin de là. Il avait convaincu André de le laisser l’accompagner sous prétexte qu’il était le plus doué des deux pour les langues. La vérité…
D’un geste agacé, il fourragea dans ses cheveux. La vérité, c’était que leur… relation, à défaut d’un terme plus approprié, était beaucoup trop fragile pour qu’il se permette de la perdre de vue trop longtemps. Ou réciproquement.
Ce n’était pas qu’il craignait qu’elle se fasse draguer et harceler par le classique fringant séducteur italien, mais il était toujours réticent à l’idée de la laisser se promener seule. Tant qu’ils n’auraient pas dépassé cette situation à la « Je t’aime moi non plus » dans laquelle ils s’étaient fourrés. Ces derniers mois avaient été infernaux. D’abord sa blessure par balle, et sa convalescence… les choses s’étaient alors bien passées. Il avait pris son temps, découvert la douceur de sa bouche, la joie simple de pouvoir la tenir entre ses bras pendant qu’elle se reposait. Mais dès qu’elle s’était rétablie, tout avait tourné au vinaigre.
Par sa faute. Il le savait. Il avait passé trop d’années à stagner sur le plan émotionnel. Volontairement. A tâcher de ne pas réitérer la seule et impossible erreur qui l’avait éloigné du Silence. Pourtant, elle était parvenue à se glisser dans sa peau et dans son cœur. D’une manière qu’il était hasardeux de qualifier d’« amitié », ou même d’« association ».
Le temps de la dénégation est passé, vieux. Terminé, fini, over.
Il espérait que ce voyage, loin des schémas préétablis dans lesquels leur association était tombée, leur permettrait de cesser de trop penser les choses, pour simplement les vivre. On verrait bien ce que ça donnerait, mais louvoyer comme il le faisait allait finir par le tuer. Et il doutait que les choses se passent beaucoup mieux de son côté à elle.
Sentant un début de raidissement dans les épaules, il se força à les détendre, plia et déplia les doigts en direction du sol, tentant de se souvenir des exercices de base d’« enracinement », que Wren lui avait appris dans les premiers jours de leur collaboration professionnelle. L’enracinement était essentiel pour un Talent, qui tirait l’essence magique de l’électricité pour la renvoyer à travers son corps. Pour lui, c’était une façon de déstresser, d’expulser l’anxiété par les pores de sa peau de la manière dont Wren lui avait dit qu’elle manipulait le Courant.
Dieu merci, songea-t-il une fois encore, elle avait été capable de le faire dans l’avion. A l’aéroport, sa seule inquiétude avait été qu’ils fussent retardés à cause d’une panne spectaculaire ou d’un black-out total dû à un manque de contrôle de sa part. Dans un avion, en revanche…
Mais il avait soigneusement gardé ses craintes pour lui, et elle avait assuré à merveille. Même s’il la suspectait de ne pas être étrangère aux clignotements intempestifs du film projeté à bord durant les deux premiers tiers de sa projection.
De toute façon il l’avait déjà vu.
— Où êtes-vous, mademoiselle Fabrizio ? demanda-t-il à mi-voix, tout en survolant le terminal du regard. Je n’aime pas ce genre de contretemps si tôt dans une mission.
Un bon Opérateur préparait ses agents à toute éventualité. Les renseignements qu’André lui avait fournis étaient beaucoup plus sommaires qu’il ne l’avait laissé entendre à Wren, et en deçà des standards du vieil homme, pour autant qu’il s’en souvînt. Il était donc temps pour lui de cesser d’être Sergueï l’homme d’affaires, ou même Sergueï l’associé d’une Récupératrice, et de devenir l’Opérateur. De conserver le contrôle. Et de maintenir sa confiance en l’agent en activité.
Lorsqu’il jeta un regard à sa montre, la seule information qu’elle lui donna fut qu’il avait oublié de changer l’heure avant l’embarquement. Ôtant le mince objet d’or de son poignet, il avança les aiguilles tout en cherchant des yeux quelqu’un qui pourrait être leur comité d’accueil. Ou, mieux encore, arborant une pancarte portant l’inscription : « Agents du Silence ».
Il ne pensait pas toutefois qu’ils auraient cette chance-là.
Lorsque Wren revint, chargée de deux tasses en carton et d’une poignée de sachets de sucre, mais seule, il comprit que la chance, en effet, n’était pas de leur côté.
— On nous a posé un lapin ?
— On dirait bien.
Se saisissant de la plus petite des tasses, il en ôta le couvercle, puis y versa quatre sachets de sucre sans même goûter son café. Plus prudente, Wren trempa avec précaution les lèvres dans le sien, avant de subtiliser deux sachets intacts des mains de son partenaire.
— De quoi vous faire pousser des poils sur tout le corps, commenta-t-elle en mélangeant le sucre au breuvage, avant de le goûter de nouveau. Mmmh, beaucoup mieux. Alors ?
— Alors quoi ?
Etait-il plus affecté par le décalage horaire qu’il ne l’avait cru ? Le fait est qu’il avait perdu le fil de ce qu’elle lui disait. Un second café, peut-être…
Elle le considéra d’un air impatient.
— Alors de combien notre contact supposé est-elle en retard ?
Ah oui. Voilà. Sergueï consulta de nouveau sa montre, geste inutile dans la mesure où cinq minutes à peine s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’il l’avait fait.
— Deux heures depuis l’atterrissage, moins le temps que nous ont pris les formalités douanières. Et celui pendant lequel je t’ai attendue…
— Je me suis arrêtée aux toilettes, O.K. ? répliqua-t-elle, avant d’exhiber ses quenottes. Plus de lichen. De toute façon, je parie que cette nana ne se pointera pas. Pas toi ?
Il partageait son avis, mais ne voulait pas tirer de conclusions hâtives. Faire faux bond à l’émissaire du Silence lors de leur toute première mission serait plutôt malvenu. Avec la pétulante agressivité qui la caractérisait, Wren était capable de faire fi de tout ce qui ne représentait pas une menace pour elle, mais l’aspect business était de sa responsabilité à lui, et cela incluait la gestion politique et diplomatique des choses. Maintenir sa confiance en l’agent en activité, soit. Mais demeurer prudent.
— Elle a pu être retardée…
— De deux heures ? Et elle n’aurait pas pu se faire remplacer ? Ou peut-être, je ne sais pas moi, nous prévenir par téléphone ?
Il se crispa, avant de décrocher le portable clipsé à sa ceinture. Non, il n’était pas éteint. Bien. Porter un téléphone cellulaire à proximité de Wren était toujours risqué, mais rester joignable était plus important. Et elle n’avait jamais manqué de l’avertir avant un afflux important de Courant, de sorte qu’il puisse l’éteindre à temps. Enfin, presque jamais.
— Sergueï, y a-t-il quoi que ce soit qu’elle puisse avoir à nous dire dont le Silence n’aurait pu nous informer directement ou par téléphone ? Ou, pourquoi pas, qui aurait pu être laissé à notre hôtel ?
Il secoua la tête.
— C’est peu probable. Je veux dire, il est peu probable qu’ils… Ou plutôt qu’elle… Et puis zut.
Il laissa tomber, l’air désespéré, avant d’avaler cul sec le reste de son café. Le liquide était lourd et amer, et le sucre ajouté ne facilitait guère son ingestion. Mais il le sentait pratiquement fouetter ses neurones et les faire tourner à plein régime.
— Alors qu’ils aillent se faire voir, eux et leur contact ! pesta Wren en écrasant sa tasse dans son poing, avant de chercher des yeux une poubelle. Partons.
Il lui répugnait de se défausser ainsi, même si cette Mlle Fabrizio ne s’était pas manifestée, mais elle avait raison. Ce contact était sans doute plus une mesure de politesse qu’autre chose. Et ils avaient attendu. Le plus important à présent était de gagner le monastère où le manuscrit avait disparu, et d’entamer leurs recherches. Toute information que le Silence aurait besoin de leur communiquer pourrait l’être via le bureau de Milan, qui s’était également chargé de leur fichue réservation d’hôtel. Cela dit, avant de se rendre à cet hôtel, il serait sans doute mieux avisé de dénicher un cybercafé et de consulter leur boîte e-mail. Il lui ôta la boule de carton des mains, la jeta avec sa propre tasse dans une poubelle proche, puis baissa les yeux sur leurs bagages.
— Par ici, dit-il enfin en la guidant vers l’ascenseur.
Ils descendirent deux étages, puis empruntèrent un passage couvert qui les mena au bureau de location de véhicules.
— Attends-moi ici, lui commanda-t-il en déposant leurs effets dans un coin. Si mes souvenirs sont bons en ce qui concerne la bureaucratie italienne, ça va prendre des siècles.
Ses craintes, toutefois, se révélèrent infondées, et c’est dans un délai plus que raisonnable qu’il rejoignit Wren. Reprenant leurs bagages, ils trouvèrent sans trop de problèmes la voiture qui leur avait été allouée.
A peine eut-il déverrouillé les portières qu’il se figea.
— Bon sang. J’avais oublié ça.
— Oublié quoi ?
Wren déposa son sac fourre-tout sur le siège arrière de la berline bleu nuit et se tourna vers lui.
— Une B.M.W. Cool !
— Ne t’emballe pas, répondit-il. Elles sont aussi courantes ici que les Chevrolet chez nous. Et je n’ai pas conduit outre-Atlantique depuis si longtemps que j’ai oublié de demander un véhicule à boîte automatique.
Les sourcils froncés, elle tripota la courte tresse qu’elle s’était confectionnée durant le voyage.
— Je ne sais pas me servir d’un levier de vitesses, avoua-t-elle.
— Moi si. Mais ça fait des lustres que je n’ai pas eu à le faire…
« Maman ! », fut le seul commentaire de son associée tandis qu’elle se glissait sur le siège passager et bouclait sa ceinture de sécurité.