***

À Washington DC, l’engagement officieux devenait de plus en plus officiel. Langston Overholt était assis dans une antichambre du Bureau ovale, attendant que le Président réapparaisse. Truitt avait informé Hanley du succès de sa mission et celui-ci, après avoir prévenu Cabrillo par fax, avait téléphoné à Overholt pour lui donner tous les détails.

Overholt s’était donc rendu à la Maison-Blanche pour faire son rapport au Président.

— Pour quelqu’un qui était censé rester en dehors du coup, déclara le Président en entrant dans la pièce, je me retrouve emmêlé là-dedans comme un chat dans une pelote de laine.

À Washington, le jour n’était pas encore levé. Le Président s’apprêtait à se coucher lorsqu’il avait été appelé. Il était vêtu d’un survêtement gris et d’un tee-shirt bleu et il buvait un jus d’orange.

Il regarda Overholt avec un grand sourire.

— Vous saviez que je me couchais tard pour regarder Saturday Night Live.

— Quel homme politique ne le fait pas ? demanda Overholt.

— Sans doute aucun, dit le Président. La rumeur rapporte que c’est ce qui a coûté à Gerald Ford sa réélection.

— Comment cela s’est-il passé, monsieur ?

— Pour le Qatar, comme sur des roulettes, répondit-il avec entrain. M. et Mme al Thani sont de vieux amis. Pour le Brunei, le sultan s’est fait un peu prier ; il a exigé quelques concessions que j’ai accordées et ensuite il a donné son accord.

— Je suis désolé que nous ayons eu besoin de vous impliquer, monsieur, déclara Overholt. Mais nos prestataires manquaient à la fois de temps et d’hommes.

— Avez-vous obtenu le dernier vote ? demanda le Président. Le Laos est-il dans notre camp ?

Overholt jeta un coup d’œil à sa montre avant de répondre.

— Pas encore, monsieur, dit-il, mais cela sera fait d’ici quinze minutes.

— Je vais demander à l’ambassadeur des Nations unies de convoquer une assemblée extraordinaire dans la matinée, dit le Président. Si vos gars peuvent soutenir le siège pendant environ six heures, c’est gagné.

— Je les en avertis immédiatement, monsieur, dit Overholt en se levant.

— Parfait, dit le Président. Maintenant je vais essayer de fermer l’œil quelques heures.

Un agent des services secrets reconduisit Overholt à l’ascenseur et dans le passage souterrain. En vingt minutes, il avait regagné sa voiture et se dirigeait vers Langley.

L’avion-cargo 747 s’arrêta en bout de piste à Vientiane, puis roula jusqu’à une aire de stationnement et éteignit ses moteurs. Lorsque tout fut éteint, le pilote enclencha le processus d’ouverture de l’immense compartiment cargo. Lorsque le nez fut en l’air, des rampes furent fixées à une fente à l’avant de la carlingue.

Puis, une par une, les voitures furent débarquées sur le tarmac.

La première était une Plymouth Superbird vert tilleul avec un moteur Hemi. La deuxième, une Ford Mustang Boss 302 de 1971, jaune, avec des entrées d’air sur le capot, les ailerons sur le pare-brise arrière et la pendule sur le tableau de bord. La troisième était une décapotable Pontiac GTO 1967, rouge avec un intérieur noir, les pneus à ligne rouge et la climatisation. La dernière était une Corvette 1967 vert Greenwood, avec vitesse débridée en usine et différentiel arrière à verrouillage.

L’homme qui sortait les voitures du 747 avec un luxe de précautions était de taille moyenne et avait des cheveux châtains épais. Dès que la dernière voiture, la Corvette, fut sur la piste, il sortit une lettre de la boîte à gants, puis descendit et alluma une Camel.

— Vous devez être le général, dit-il à un homme qui approchait à la tête d’une douzaine de soldats.

— Oui.

— Je suis Keith Lowden, dit l’homme. Je dois vous donner ceci.

Le général parcourut la lettre, la plia et la rangea dans la poche arrière de son pantalon.

— Ce sont toutes des modèles d’origine ?

— Oui, répondit Lowden. Les numéros de série concordent.

Lowden fit signe au général de s’approcher de la Superbird et commença à lui parler de la voiture, détaillant les équipements et les options les plus rares. Lorsque Lowden eut terminé avec la deuxième voiture, la Boss 302, le général l’interrompit.

— Vous voulez…, commença-t-il lorsque le téléphone de Lowden sonna.

— Excusez-moi, dit Lowden en prenant la communication.

Il écouta un instant puis se tourna vers le général.

— Ils veulent savoir si l’affaire est conclue, dit-il en posant la main sur le micro du téléphone.

Le général fit un hochement de tête affirmatif.

— Il est d’accord, dit Lowden.

Puis il raccrocha et se tourna de nouveau vers le général.

— Vous alliez me poser une question ?

— Je me demandais si vous aviez le temps de passer la nuit ici dans mon pays, dit le général, pour que nous puissions discuter des voitures.

— Je ne sais pas, répondit Lowden en souriant. Est-ce qu’on trouve de la bière dans ce pays ?

— Une des meilleures, répondit le général en lui rendant son sourire.

— Tant mieux, répondit Lowden. Parce qu’on ne peut pas parler voitures avec le gosier sec.

Po et son équipe avaient beau quadriller Lhassa, ils n’avaient encore trouvé aucun citoyen américain ou européen. Les six membres de son équipe étaient tous tibétains et Po ne les appréciait guère ; d’abord, comme la plupart des gens, il détestait les traîtres et, de quelque point de vue qu’on se place, les Tibétains qui travaillaient pour la police étaient des vendus. De plus, ces hommes semblaient paresseux ; ils posaient leurs questions sans aucune méthode et ne semblaient pas motivés pour trouver ceux que recherchait Po. Troisièmement, bien que membres d’une police d’élite, ils ne semblaient pas avoir beaucoup d’entraînement en ce qui concernait les procédures policières.

Po, forcé de s’en accommoder, redoublait d’efforts de son côté et espérait qu’il aurait de la chance.

Bouddha d'or
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