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L’Oregon mouilla au large de Hô Chi Minh-Ville. L’équipe qui devait entrer au Tibet fut transportée à terre par chaloupes. Un camion de l’aviation vietnamienne les conduirait ensuite à l’aéroport où les attendait le C-130. L’effectif de la Corporation serait d’une bonne douzaine.
Six hommes, Seng, Murphy, Reyes, King, Meadows et Kasim, seraient chargés des opérations offensives. Ils se mettraient en relation avec les membres du Dungkar et les orienteraient vers les cibles à neutraliser en premier. Crabtree et Gannon, qui se trouvaient déjà au Bhoutan pour accueillir la première équipe, étaient responsables du ravitaillement et de la logistique. Adams et Gunderson piloteraient et Lincoln s’occuperait de faire voler les drones Predator. Huxley devait mettre en place une infirmerie pour traiter les éventuels blessés.
Le treizième de la douzaine était Cabrillo, qui arriverait après ses deux réunions.
Aux yeux d’un néophyte, cette mission pouvait sembler suicidaire : douze hommes contre près de deux mille. Un rapport de forces de plus de cent cinquante contre un ; un bain de sang en perspective. Mais un observateur entraîné prierait plutôt pour les troupes chinoises. D’abord, il fallait prendre en compte le Dungkar, l’opposition clandestine aux Chinois qui devait compter quelques milliers de membres à Lhassa. Lorsqu’ils se déchaîneraient, les Dungkar brûleraient d’une fièvre qu’on ne voit qu’à ceux qui combattent un envahisseur. Ensuite, il y avait l’effet de surprise. Les Chinois ne s’attendaient pas à un coup d’État exécuté d’une main experte et concentré sur vingt-quatre heures. Troisièmement, une règle d’or : il est presque certain qu’une offensive bien préparée aura toujours le dessus sur une défense prise au dépourvu.
C’était en cela qu’excellait la Corporation.
Déjà, la plus grande partie des troupes chinoises au Tibet se dirigeait vers le nord en un déploiement confus qui avait laissé peu de temps pour l’organisation et encore moins pour l’entraînement. Les troupes qui restaient à Lhassa n’étaient pas des troupes d’élite, mais plutôt les restes : ceux qui occupaient des postes administratifs, des mécaniciens et des peintres, des ouvriers et des techniciens. Les officiers n’étaient pas entraînés au combat, ne connaissaient pas les forces et les faiblesses individuelles de leurs hommes et manquaient d’une vue d’ensemble de la situation.
L’armée chinoise au Tibet ressemblait à un gigantesque puzzle sans motif.
Kasim descendit du camion et s’approcha du radio du C-130.
— Quelles sont les nouvelles ? lui demanda-t-il.
— Nous avons un autre avion, hors de vue des Chinois, qui capte leurs signaux et nous les retransmet, répondit le radio. Pour l’instant, la plupart de leurs communications concernent l’acheminement de carburant par camions sur la route vers le nord. Les blindés auront bientôt épuisé leurs réserves de carburant.
— Est-ce que vous avez des nouvelles de l’arrière ? demanda Kasim.
Le radio, un Sino-Américain ancien agent des services secrets et à présent rattaché pour la CIA à la compagnie aérienne qui fournissait le C-130, consulta ses notes.
— À dix-neuf heures trente, heure du méridien de Greenwich, l’arrière du convoi est passé par Naggu.
— Ils n’ont pas traîné, remarqua Kasim. À ce train-là, ils seront à Amdo avant vingt-trois heures et en deux heures de plus, ils atteindront la frontière de la province de Qinghai.
L’opérateur regarda une photo satellite classée Secret défense et la compara avec une carte détaillée du service de cartographie de l’armée.
— La passe de Basatongwula Shan va les ralentir un peu ; elle est hérissée de sommets abrupts et de virages dangereux. L’altitude frôle les six mille cent mètres.
— Ce qui fait vingt mille pieds, dit Kasim. C’est haut. La frontière est à environ quatre cents kilomètres de Lhassa et les rapports établissent que ces chars sont des vieux blindés de type 59. Ils doivent donc avoir une autonomie de quatre cent trente kilomètres ou cent cinquante de plus si on leur a ajouté des réservoirs extérieurs.
L’opérateur hocha la tête.
— J’ai surveillé leur progression. Le type 59 sur route peut atteindre environ cinquante kilomètres à l’heure. Mais normalement, il avance plutôt à trente à l’heure.
— Qu’est-ce que vous voulez dire ? demanda Kasim.
— Juste que les gars avancent le plus vite possible, sans se soucier du coût en carburant. Ils devront s’arrêter à Amdo pour remplir les réservoirs afin de gravir la passe. Ensuite, ils se laisseront descendre jusqu’à Kekexili qui sera leur prochaine étape.
— Donc, quand ils arriveront là-bas, le matin de Pâques, dit Kasim, ils seront à plus de six cents kilomètres de Lhassa avec un col de six mille mètres entre eux et nous.
— C’est bien ça.
— Merci de votre aide, dit Kasim.
Une file de soldats de l’armée de l’air vietnamienne finissait de porter les caisses à bord du C-130. Hanley se tenait en retrait pour parler au général vietnamien chargé de l’opération. Kasim vit Hanley lui donner une enveloppe et les deux hommes éclater de rire. Ils se serrèrent la main, puis Hanley s’approcha du C-130.
— Monsieur Hanley, lui annonça Kasim, j’ai un plan.
Le Gulfstream G550 qui transportait Cabrillo et le Bouddha d’or atterrit à Amritsar, en Inde, et le reste du voyage jusqu’à Little Lhassa, près de Dharamsala, dans le nord de la région de l’Himachal Pradesh, se fit en hélicoptère.
L’assistant du dalaï-lama l’introduisit rapidement auprès de son maître.
— Votre Sainteté, le salua Cabrillo en inclinant légèrement la tête.
Le dalaï-lama garda le silence un instant pour considérer Cabrillo, puis il sourit.
— Vous êtes un homme bon, dit-il enfin. Langston me l’avait affirmé, mais je devais le constater par moi-même.
— Merci, Votre Sainteté, répondit Cabrillo. Voici les papiers que nous avons trouvés à l’intérieur du Bouddha d’or, annonça-t-il en tendant la liasse à son assistant. Il faudrait les faire transcrire avant ma réunion avec les Russes.
— Copiez-les et traduisez-les en anglais, ordonna le dalaï-lama à son assistant. M. Cabrillo doit repartir très vite.
Puis il fit un geste vers une longue banquette, où était déjà installé Overholt. Cabrillo s’assit à une extrémité et le dalaï-lama prit place entre les deux hommes.
— Alors, expliquez-moi ce plan, dit-il.
— Je suis persuadé que les Russes seront prêts à soutenir votre effort pour reconquérir votre pays. Ils fourniront la force, qui dissuadera les Chinois de lancer une offensive lorsque nous aurons pris le contrôle de Lhassa, en échange des droits d’exploitation de ce que contient ce document d’après vous : les vastes réserves de pétrole de l’Himalaya.
— Leur situation géographique est connue de nous seuls, dit le dalaï-lama, dans ces documents. Ainsi votre Président les a incités à faire des manœuvres près de la frontière en leur offrant une aide économique, mais pour se battre, il leur faudra davantage.
— Exactement, confirma Cabrillo.
— Et vous ? demanda le dalaï-lama. Votre compagnie ? Pour quoi avez-vous été engagés ?
— Pour voler le Bouddha d’or et pour ouvrir la voie à votre retour. Lorsque vous serez revenu au Tibet, nos obligations contractuelles seront remplies.
— Ainsi vous me laisseriez – comment dites-vous -en plan ?
— C’est difficile à dire, répondit Cabrillo. Et c’est ce qui me gêne, ainsi que mes associés.
— Pourquoi ? demanda le dalaï-lama. N’êtes-vous pas des mercenaires ? Une fois que votre contrat se termine, vous ne disparaissez pas dans la nuit ?
Cabrillo retourna quelques instants la question dans son esprit avant de répondre.
— C’est un peu plus complexe, Votre Sainteté. Si nous ne faisions cela que pour l’argent, nous aurions déjà tous pris notre retraite, mais en réalité nous sommes très impliqués dans nos missions. Par le passé, la plupart d’entre nous avons travaillé pour l’une ou l’autre agence du gouvernement et nous étions forcés soit par le Congrès, soit par l’opinion publique, à faire des choses que nous savions mauvaises. Nous ne voulons plus faire cela. Nous nous sommes constitués dans un but lucratif, certes, mais bien que nous appréciions l’argent, nous avons conscience des possibilités qui nous sont données de réparer certaines mauvaises actions.
— Vous parlez de karma, intervint le dalaï-lama. C’est quelque chose dont j’ai particulièrement conscience.
Cabrillo hocha la tête.
— Nous avons décidé que vous laisser combattre seul les Chinois serait mal. Nous avons entrevu la solution en découvrant les papiers à l’intérieur de la statue.
— Et je suppose que votre compagnie profitera d’un tel arrangement ? demanda le dalaï-lama.
— Est-ce mal ? demanda Cabrillo.
— Pas nécessairement, mais dites-m’en plus.
Dix minutes plus tard, Cabrillo avait terminé.
— Je suis impressionné, concéda le dalaï-lama. Maintenant, je vous expose ma solution.
Il parla encore pendant cinq minutes.
— Magnifique ! s’exclama Cabrillo.
— Je vous remercie, dit le dalaï-lama, mais influencer le vote nécessite des fonds. En avez-vous les moyens ?
— Nous avons gagné un peu d’argent sur une affaire supplémentaire, répondit Cabrillo en pensant aux cent millions de dollars en bons au porteur. Le coût ne sera donc pas un problème.
Overholt, qui était demeuré silencieux jusque-là, s’enthousiasma.
— Si vous réussissez à mettre ça en place, s’exclama-t-il, le Président vous embrassera sur les deux joues !
— Monsieur Cabrillo, dit le dalaï-lama, voilà qui nous donne l’opportunité de réduire les effusions de sang, tout en conférant à notre action une légitimité indiscutable. Si vous réussissez, je souscris à la proposition que vous m’avez faite.
— Merci, Votre Sainteté.
— Je vous souhaite bonne chance, monsieur Cabrillo. Que Bouddha bénisse votre mission.
Après un court entretien avec Overholt, Cabrillo, muni des pages traduites et des cartes, remonta dans l’hélicoptère pour regagner Amritsar. Le président Poutine lui avait promis que la réunion en valait la peine. Cabrillo comptait bien lui faire tenir parole.
À minuit passé, le C-130 atterrit à Thimbu au Bhoutan et fut encerclé par une douzaine de soldats des forces spéciales philippines. Derrière, les huit hélicoptères Bell 212 étaient en rang, espacés de trois mètres les uns des autres.
Un vaste hangar au toit arrondi et dont la porte était ouverte jetait un peu de lumière sur la piste d’atterrissage. Cari Gannon sortit du hangar et tendit la main à Eddie Seng.
— Il paraît que c’est vous le chef jusqu’à ce que le président arrive, dit-il. Je vais vous faire visiter.
Les autres suivirent Seng et Gannon à l’intérieur.
— Je me suis procuré quelques radios et j’ai établi une liaison avec L’Oregon, dit-il en indiquant une table en bois sur laquelle étaient posés un ordinateur et une pile de papiers. Les données les plus récentes sont sur le dessus.
À côté de la table se trouvaient plusieurs plaques en liège où étaient épinglés divers documents dont des cartes du Tibet et des images météo provenant de satellites. On avait installé un tableau sur un chevalet pour que Seng puisse faire des schémas et noter les points importants, et posé sur une table une grande carte de la ville de Lhassa, plastifiée et scotchée sur du contre-plaqué.
Sur le côté, les dix-huit pilotes mercenaires tournaient en rond dans la zone où se trouvaient une grande cafetière, un petit réfrigérateur et des cartons de nourriture. Murphy se fraya un passage jusqu’à la cafetière, se servit une tasse et salua un vieux copain.
— Gurt ! Salut, vieille branche !
Gurt, un homme blond d’une cinquantaine d’années avec les cheveux en brosse et une incisive en or, lui sourit.
— Murphy ! s’exclama-t-il dans un éclair doré. Je me doutais que tu pouvais être mêlé à cette histoire ; ça sentait la Corporation à plein nez.
Les hommes poursuivirent leur visite tandis que Seng consultait les informations rassemblées par Gan-non. Au bout de cinq minutes, il fit asseoir tout le monde sur les chaises pliantes en bois alignées devant les tableaux. Les pilotes avancèrent et s’assirent derrière les membres de la Corporation. Seng parcourut le groupe du regard avant de prendre la parole avec aisance.
— Pour ceux d’entre vous qui ne me connaissent pas, commença-t-il, je m’appelle Eddie Seng. Veuillez m’appeler Seng et non Eddie pour éviter toute confusion. C’est moi qui prendrai le commandement de cette opération jusqu’à l’arrivée de notre président Juan Cabrillo.
Tous hochèrent la tête.
— Le déroulement des vols sera le suivant. Six hélicoptères seront chargés d’opérations offensives, un sera utilisé par le président et le dernier aura une fonction médicale. Pour être équitables, nous tirerons au sort la mission de chacun. Chaque hélicoptère transportera un membre de notre équipe et les pilotes devront emmener cette personne où elle l’ordonnera. Messieurs, nous pourrons être la cible de tirs ennemis dans les prochaines vingt-quatre à quarante-huit heures. Si vous n’avez pas signé pour ça, prévenez-moi dès maintenant, afin que l’on puisse vous remplacer. Sinon, je veux que vous compreniez qu’en tant que pilote, vous devrez obéir au membre de l’équipe qui vous accompagnera. Si vous hésitez ou refusez d’exécuter un ordre, vous serez remplacé et vous renoncerez à la seconde moitié de votre paiement. Des questions ?
Gurt leva la main.
— Et la première moitié, on la reçoit quand ?
— Ah… un vrai pilote, fit Seng. La réponse est : dès que cette réunion sera terminée. Ça convient à tout le monde ?
Ils approuvèrent d’un signe de tête.
— Si vous avez des effets personnels ou des lettres à envoyer à des proches ou encore si vous souhaitez transférer des fonds à quelqu’un au cas où il vous arriverait quelque chose, déclara Seng, informez-en Gannon et Crabtree.
Ces derniers se firent connaître en levant la main.
— Bon, y a-t-il d’autres questions de ce type avant que j’en vienne à l’opération ?
Le hangar resta silencieux.
— Très bien, fit Seng. Alors, voici le plan.
Le Gulfstream G550 se dirigeait sur Moscou à quarante et un mille pieds d’altitude lorsque Cabrillo appela L’Oregon depuis une ligne satellite.
— Répète-moi ça, dit-il en griffonnant quelques notes sur un bloc. OK, c’est bon, j’ai tout.
Son correspondant resta silencieux tandis que Cabrillo étudiait sa liste.
— Et Halpert a établi la société principale à Andorre.
— Exact, confirma Hanley.
— On a du bol, dit Cabrillo. Et je me dis que le dalaï-lama a eu un coup de chance lui aussi. L’année dernière, je ne sais pas si nous aurions pu exécuter son plan.
— C’est-à-dire ? fit Hanley.
— Voilà comment je vois les choses, dit Cabrillo. Sur les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons l’appui de trois des cinq membres permanents : les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. La Chine ne votera évidemment pas pour notre résolution, et la France, qui essaie en ce moment de vendre un maximum de trucs aux Chinois, fera sans doute de même pour ne pas mettre en danger les affaires qu’elle a en cours. En ce qui concerne les dix pays restants, ce ne sera pas facile ; il faut que nous en ayons six sur les dix pour obtenir les neuf votes requis pour une résolution. Si on les passe en revue : l’Afghanistan, on ne l’aura pas ; même après l’intervention américaine, il y a encore trop de révolutionnaires antibouddhistes pour que les dirigeants prennent le risque de voter la résolution. La Suède est et sera toujours pacifiste, au moins au début, comme le Canada. Cuba reçoit trop d’aides de la Chine pour se permettre un écart, sans parler du fait qu’ils votent toujours le contraire des États-Unis.
— Jusque-là, je te suis, dit Hanley.
— Ce qui nous laisse le Brunei, le Laos, le Qatar, Kiribati et Tuvalu.
— Exact.
— C’est une chance d’avoir deux minuscules États du Pacifique Sud dans le Conseil de sécurité en même temps.
— C’est comme il y a quelques années, quand le Cameroun et la Guinée avaient été membres en même temps, rappela Hanley. Ça arrive.
— Chaque pays dispose d’une voix à l’ONU, dit Cabrillo, mais c’est la première fois que je me rends compte de ce que cela implique.
— Pareil pour moi.
Cabrillo réfléchit quelques instants.
— Je connais l’émir du Qatar, annonça-t-il. Si nous lui rendons un service, il ordonnera à son représentant de voter dans le sens qu’il veut. Qu’est-ce qu’on a pour lui ?
Hanley se creusa les méninges.
— Rien pour l’instant, mais cela pourrait changer. La dernière fois qu’il nous a suivis, il a gagné à peu près quatre-vingts millions. Si nous lui rappelons cette fleur tout en faisant miroiter autre chose, on aura sa voix.
— Tu as raison, répondit Cabrillo. C’est moi qui négocierai avec lui.
— Parfait, continua Hanley. Le Laos ne devrait pas poser de problème ; ils sont bouddhistes et le général veut sa voiture.
— Offre-lui-en plusieurs, dit Cabrillo.
— Et le financement, il vient d’où ?
— Nous allons essayer d’y consacrer la moitié des cent millions.
— L’argent, ça va, ça vient, répliqua Hanley. Le Brunei devrait nous suivre. Le pays compte quinze pour cent de bouddhistes et le sultan ne peut pas risquer de se les aliéner.
— En plus, nous avons sauvé la vie de son frère il y a deux ans, ajouta Cabrillo.
— L’Andorre, dit Hanley, que faut-il en penser ?
— C’est une bonne chose que Halpert ait établi la nouvelle société là-bas, répondit Cabrillo. Quel est leur PIB ?
Hanley consulta un atlas et trouva l’information.
— Autour de 1,2 milliard.
— Lorsqu’on en viendra à parler pétrole, nous remettrons vingt pour cent sur la table, dit Cabrillo. Il suffit d’expliquer cela à leur ambassadeur et il verra qu’il serait stupide de ne pas nous donner son vote. L’argent fera pencher la balance en faveur de la bonne décision.
— Je suis d’accord, approuva Hanley.
— Il ne nous reste plus que les petites îles, conclut Cabrillo. Kiribati et Tuvalu.
— Le PIB de Kiribati est de soixante millions, dit Hanley, et celui de Tuvalu est encore inférieur. C’est quelque chose comme huit millions, partagés entre dix mille habitants. À deux par chambre, tu pourrais mettre tout le pays dans un seul grand hôtel de Las Vegas.
Cabrillo resta un instant silencieux.
— Appelle Lowden au Colorado pour qu’il commence à acheter des voitures pour le général. Ensuite, envoie Halpert en Andorre pour qu’il explique l’impact qu’aura notre société sur leur économie. Je m’occupe de l’émir du Qatar et du sultan du Brunei.
— Et les petites îles ?
— Truitt est libre, non ? demanda Cabrillo.
— Oui.
— Alors flanque-le dans un jet avec une pile de bons au porteur.
— Tu veux qu’il aille acheter les votes ? demanda Hanley.
— Exactement.