CHAPITRE IX
Quand la nuit fut venue, nous nous remîmes en route. Nous ne savions pas exactement où nous étions, et nous ne nous rendions pas compte que cela pouvait avoir de l'importance.
Il était environ dix heures du soir lorsque nous sommes arrivés dans un village : quelques maisons, avec une de ces boutiques où l'on vend de tout. Regelin s'arrêta prudemment à distance et je quittai la voiture pour aller frapper à la porte d'un cottage où l'on voyait de la lumière. Un homme parut sur le seuil. Je restai dans l'ombre, pour qu'il ne vît pas mon visage. Je lui demandai où je pourrais trouver un médecin.
— J'ai eu un petit accident, lui dis-je. Je me suis perdu dans les bois. Je suis tombé et je me suis blessé au bras.
II avança d'un pas ou deux, essayant de mieux me voir.
— D'où venez-vous ? fit-il.
Je supposai que les nouvelles devaient être rares dans un tel endroit, avec un courrier irrégulier, et uniquement les informations martiennes radiodiffusées.
— Je suis en route, dis-je, à la recherche de travail. J'ai passé à Duluth, mais je n'y ai rien trouvé... Et j'ai continué...
— Dans ce cas, vous avez fait un sacré bout de chemin.
Je pouvais presque lire sa pensée : « Ce gaillard va certainement se mettre à voler, s'il ne l'a déjà fait. » Je me hâtai d'ajouter :
— J'ai un oncle dans le Dakota du Nord. Il s'occupera de moi quand je serai arrivé chez lui. Voulez-vous me dire où il y a un médecin, je vous prie...
— Deux maisons plus bas... Il s'appelle Hansen. Bill Hansen.
Je m'éloignai, me demandant jusqu'à quel point j'avais pu me trahir. Mon accent est celui de l'Est — bien qu'il se soit atténué pendant les longues années que j'ai passées dans l'espace. Je remontai dans la voiture, et nous nous arrêtâmes non loin de la maison du médecin, dans un bouquet d'arbres. Il n'y avait pas de lumière aux fenêtres. Je pris Alice dans mes bras et me dirigeai vers la porte. Je frappai avec l'espoir qu'il y avait quelqu'un. Alice gémissait. Ses yeux étaient brillants de fièvre et inexpressifs. Elle ne me reconnaissait plus.
Une fenêtre s'ouvrit au premier.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda dans l'ombre une voix d'homme âgé, mais ferme et bien timbrée.
— Une jeune malade... Un cas urgent.
— Bon. Je descends.
La maison s'éclaira.
Le village avait l'électricité, ce qui était inhabituel. Ils avaient dû construire un générateur fonctionnant au bois de chauffage. Je fus ébloui par la lumière quand la porte s'ouvrit. J'entrai rapidement dans le hall.
Hansen me regardait. C'était un homme à l'allure aristocratique, grand, avec un visage maigre, des cheveux blancs, et des yeux bleus ornés de lunettes d'une forme démodée. Il avait passé un pantalon par-dessus son pyjama.
— Cette enfant est malade, dis-je. Elle a la fièvre depuis environ douze heures, et maintenant elle délire.
— Hum... Je vais voir ça...
Il prit doucement Alice dans ses bras et l'emporta dans le living-room.
— Éteignez la lumière de l'entrée, me dit-il. Nous n'avons droit qu'à une ampoule à la fois.
Il coucha Alice sur un divan et ouvrit sa trousse. J'étais resté sur le seuil de la porte. Je le regardais opérer. Je pensais à Kitty qui était dans la voiture, tenant la main de Regelin, car Regelin était pendant cette minute le seul être dans l'univers de qui elle pût attendre un réconfort.
Le médecin, lorsqu'il eut terminé son examen, se tourna vers moi.
— Comment cela lui est-il arrivé ?
— Est-ce que cela a de l'importance ? dis-je.
— Certainement. Il faut que je sache par où cette enfant est passée pour en arriver là.
Je glissai ma main dans ma poche où reposait le revolver de Regelin.
— Bon, dis-je. Eh bien, c'est simple. Pendant plusieurs semaines, elle n'a mangé que ce que nous avions sous la main, et qui ne lui convenait pas toujours. Depuis quarante-huit heures, elle n'a rien mangé du tout, car nous n'avions rien à lui donner. Elle a dormi dans de mauvaises conditions. En outre, à plusieurs reprises, elle a vu des choses qui l'ont terriblement effrayée. Enfin, elle a passé celte journée-ci dans un endroit humide et froid. Est-ce que cela vous suffit ?
Il me regarda un long moment. Je ne devais pas avoir l'air moi-même en très bonne santé. J'étais maigre, j'avais les yeux enfoncés, j'étais sale, je n'étais pas rasé.
— Vous êtes monsieur Arnfeld ? dit-il. Je comprends.
— Ainsi, fis-je, même ce village a été alerté ?
— Comme tous les autres. Depuis des journées les mêmes avis sont répétés. Ce matin encore, ils ont été transmis avec une information supplémentaire, à savoir que vous aviez commis un meurtre à Minneapolis, et qu'on pensait que vous aviez fui vers le nord.
Je haussai les épaules.
— Très bien. Mais, pour le moment, c'est l'enfant qui me préoccupe. Qu'en pensez-vous ?
— Mauvaise grippe, compliquée probablement de bronchite. Les gens qui traitent les enfants de cette façon-là devraient être abattus.
Il parlait d'un ton calme, sans colère, mais son visage était sévère.
— Nous n'avions pas le choix, dis-je. Et ceux qui nous pourchassent ne se seraient occupés d'elle que pour creuser sa tombe.
— Eh bien, dit-il, je crois que je peux la tirer d'affaire. Je n'ai pas de pénicilline, mais j'ai une assez bonne provision d'abiotine, et cela suffit pour venir à bout de cas encore plus graves que le sien. Mais il lui faudra pendant quelque temps un repos absolu, des soins, une bonne nourriture.
— Nous sommes sans le sou, dis-je. Et je ne crois pas que nous puissions rester ici longtemps.
— Évidemment, dit-il en reprenant Alice dans ses bras. Mais pourquoi n'amèneriez-vous pas vos amis ici pendant que je commence à la soigner ?
— Après quoi vous téléphoneriez au shérif... Et nous serions obligés de nous bagarrer avec ses hommes... Nous avons déjà fait assez de dégâts comme ça.
Il eut enfin un sourire.
— Ne soyez pas plus stupide que vous n'en avez l'air, Arnfeld... Et j'aimerais connaître votre histoire...
J'allai donc chercher les autres tandis qu'il portait Alice au premier étage. Quand nous entrâmes, il redescendait l'escalier. Il s'immobilisa, comme frappé de stupeur.
A coup sûr, nous formions un groupe étrange : moi-même, mais j'étais le moins remarquable; Kitty, avec son corps aux courbes harmonieuses, sa chevelure d'or, son beau visage aminci par la fatigue; Regelin, qui nous dominait tous, avec ses yeux couleur d'ambre et son uniforme noir qui avait gardé toute sa netteté, et Radeef, le monstre, qui grognait sous la menace du revolver et dont la crête surmontant son visage inhumain brillait dans la lumière. Dans ce foyer paisiblement bourgeois, nous faisions figure d'envahisseurs venus d'un monde irréel.
Hansen poussa un profond soupir, puis nous dit :
— Très bien... Voulez-vous aller vous asseoir et m'attendre un instant. Vous, madame, soyez assez aimable pour venir m'aider à soigner l'enfant.
Kitty monta l'escalier avec tant de hâte qu'elle faillit trébucher. Un temps assez long s'écoula. Quand Hansen reparut, il était souriant.
— Tout va très bien, dit-il. J'ai donné les premières injections. L'enfant repose calmement. Elle se remettra vite. Mais je pense que vous avez faim. Voulez-vous me suivre dans la cuisine...
Tandis qu'il préparait le repas, Regelin et moi nous lui racontâmes notre histoire. J'imagine aisément qu'il ne l'aurait pas crue si Radeef n'avait pas été là, accroupie dans un coin.
Il se contenta d'abord de nous poser quelques questions, pour nous faire préciser certains détails. Finalement, il serra les lèvres et secoua la tête.
— C'est une chose effarante et terrible, dit-il, absolument incroyable.
Docteur, s'écria tout à coup Radeef, n'en croyez pas un mot... Car...
— Assez hurlai-je. Et dépêchez-vous de changer de forme. Il faut que le docteur voie cela...'
Elle fit une grimace qui ressemblait à un sourire.
— Comment le pourrais-je ? Ce que vous me demandez est évidemment impossible. Docteur, voici en bref la vérité. Je suis originaire de Sirius, c'est exact. Je fais partie d'un groupe d'explorateurs qui ne sont arrivés que depuis quelques mois. Nous avons pris contact avec le gouvernement martien, le seul qui compte dans le système solaire, et...
— Elle ment ! s'écria Kitty d'une voix aiguë. Et elle nous rendra tous fous...
— Pas du tout ! reprit Radeef. Mais il faut que le docteur Hansen sache que la situation politique est assez particulière... Nous avons invité Mars à se joindre à l'union interstellaire qui compte déjà une douzaine d'étoiles, et l'Archonte est, pour sa part, désireux d'accepter. Toutefois, un groupe assez puissant s'oppose vigoureusement à cette mesure parce qu'elle impliquerait une diminution de souveraineté. Le parti de l'Archonte a négocié secrètement, pour mettre ses adversaires devant le fait accompli. L'opposition en a eu vent et veut à tout prix empêcher la chose de se faire. Elle essaie de kidnapper et d'assassiner les membres de notre équipage... Mais mon propre enlèvement est son unique réussite.
Hansen les regardait tour à tour.
— Et pourquoi, demanda-t-il, des humains aideraient-ils ces opposants ?
Radeef haussa les épaules.
— C'est difficile à dire, fit-elle, surtout si l'on songe aux avantages que la Terre retirerait d'un tel traité. Car si Mars entrait dans notre union, cette planète n'aurait plus à craindre les humains, et n'aurait donc plus aucune raison de les réduire à l'impuissance. Je crois que ces gens, par cupidité, se sont vendus avec la promesse d'une grosse récompense.
— Hansen, dis-je, je me suis battu pour la Terre depuis l'âge de seize ans...
— C'est lui qui le dit, fit Radeef. Et même si c'était vrai, cela ne prouverait rien.
Celte conversation prenait l'allure d'un cauchemar. Mais que faire pour convaincre ce vieil homme ? Nous ne pouvions pas le prendre lui aussi en surveillance, l'emmener avec nous sous la menace d'un pistolet pour qu'il soignât Alice, ni le laisser seul désormais.
Le rire sarcastique de Regelin éclata dans la pièce.
— Aklan lubat ! s'exclama-t-il. Vous êtes ingénieuse, Radeef, et je vous admire. Mais... Vous disiez qu'il vous est impossible de changer de forme comme nous l'affirmons.
— Je le maintiens, dit Radeef. Et le docteur Hansen, qui a étudié la médecine, qui connaît l'anatomie...
Regelin se mit en mouvement avec rapidité. De son pied, il poussa le monstre et le maintint cloué au mur. En même temps, il lui avait saisi un bras et le tirait à lui, tandis que de son autre main il avait pris sur le fourneau une poêle brûlante. Il approcha cette poêle du bras nu de Radeef.
Celle-ci poussa un cri et eut un réflexe inconscient. Son bras, brusquement, s'allongea, s'amincit, changea de forme pour échapper à l'étreinte de Regelin.
Celui-ci se remît à rire, lâcha sa proie et reposa la poêle à sa place.
— Vous voyez, dit-il.
Radeef grogna. Son bras reprit sa forme primitive.
— Docteur, s’écria-t-elle, il est exact que nous pouvons, dans une certaine mesure...
Mais Hansen lui coupa la parole.
— Ça suffit ! dit-il. Vous nous avez fait une démonstration convaincante... J'ai compris...
Après le repas, nous retournâmes dans le living-room, laissant tomber avec joie nos corps fatigués dans de bons fauteuils. Hansen allait et venait à travers la pièce, les mains derrière le dos, réfléchissant sur ce que nous pouvions faire.
— On ne peut pas se fier à la police ordinaire, dit-il. Il est presque certain qu'elle signalerait cette affaire au quartier général martien. Après quoi ces Tahowwas s'empresseraient de faire disparaître, en même temps que vous, tous ceux qui auraient vu Radeef. Et même à supposer que les policiers gardent le secret, comment trouveraient-ils quelqu'un qui soit assez haut placé pour agir utilement ? Il y a de fortes chances pour que le chef de la police martienne soit une de ces créatures. Alors ? Je ne vois d'autre solution que l'organisation d'un complot par des officiers authentiquement martiens. Encore faudra-t-il que tout cela reste secret jusqu'à ce qu'une action puisse être tentée. Et cela demandera du temps...
— Je ne vois, dit Regelin, que mon ami Yueth dzu Talazan pour mener à bien une telle opération. Sur lui repose notre principal espoir. Je suis absolument sûr qu'il est un pur Martien. Il n'occupe d'ailleurs pas un rang assez élevé pour qu'un de ces monstres ait songé à prendre sa place. C'est un officier compétent. Il ne manque ni d'intelligence ni de courage. Et si nous pouvions le joindre...
— Eh bien, dit Hansen, il faudrait essayer de lui faire passer un message. Et qu'il vienne ici, soit seul, soit, s'il le juge nécessaire, avec quelques-uns de ses amis en qui il aurait pleine confiance. Tout cela secrètement, bien entendu. Vous pourrez alors lui montrer Radeef. Après quoi, il lui sera sans doute possible de vous abriter quelque part, pendant qu'il préparera son plan d'action...
— Si vous espérez, jappa Radeef, que je me laisserai prendre encore à vos manigances, vous vous trompez grandement...
— Oh ! fit calmement Hansen, il doit y avoir d'autres moyens de vous faire changer de forme. Votre métabolisme, de toute évidence, est assez voisin du nôtre, mis à part le fait caractéristique que vous contrôlez vos cellules. Je suis à peu près sûr que la scopolamine ou quelque autre produit du même genre doit agir sur vous. Ou bien une bonne piqûre d'insuline aurait pour effet de vous plonger dans des convulsions qui vous feraient vous transformer.
Cette fois, elle ne répondit pas et prit un air absent et soucieux. Je songeai qu'il ne devait pas faire bon tomber entre les mains de ces créatures quand elles se sentaient menacées.
— Eh bien, dit Regelin, en passant sa main sur son front où ses petites antennes s'affaissaient de fatigue, je vais faire un mot pour Yueth, en lui racontant toute l'histoire et en faisant appel à sa vieille amitié pour qu'il vienne ici en personne. Je crois qu'il viendra — car il est ainsi fait — même s'il ne croit pas. Mais comment lui ferez-vous passer secrètement ce message ?
— Je l'aurais volontiers porté moi-même, dit Hansen. Malheureusement on a besoin de moi ici. Mais je connais un jeune homme très sûr qui travaille à l'occasion pour moi et qui sera enchanté d'aller faire un tour à cheval jusque dans une grande ville. Je pourrai lui raconter une histoire... Lui dire qu'un Martien est passé ici cette nuit, et qu'il était à votre recherche... Cela expliquerait la présence de votre voiture, si quelqu'un l'a vue ou entendue... Je lui dirai que j'ai appris que Yueth pouvait nous procurer de la pénicilline, dont nous avons le plus pressant besoin, et que c'est pour cela que je l'envoie là-bas.
— Ne craignez vous pas, dis-je, que cette histoire de pénicilline ne semble ridicule et suspecte si le garçon est interrogé avant d'avoir vu Yueth ? Car ce dernier appartient au service secret, et non pas au corps médical...
— L'histoire n'est faite que pour le commissionnaire, et je lui recommanderai de ne pas en parler si on l'interroge. Il se contentera de dire qu'il a un message personnel pour Yueth. Et cela, je pense, n'étonnera personne. Car il doit être assez fréquent que des humains demandent de petits services à des officiers martiens.
— Très exact, dit Regelin. Et votre méthode, docteur, est la bonne. Il n'y a plus qu'à passer aux actes.
Il se leva. Hansen le conduisit jusqu'à son secrétaire et lui donna du papier. Tandis que Regelin prenait place assez gauchement devant le petit meuble qui n'était pas fait pour sa taille, le docteur se tourna vers moi.
— Vous ne pouvez pas rester ici, naturellement, me dit-il. Je n'ai pas la possibilité de vous cacher, et il y a dans le village des gens qui se feraient un plaisir de vous trahir pour une récompense. Mais je vais vous indiquer un endroit où vous pourrez aller. El quand Yueth arrivera ici, je vous le mènerai.
— Parfait, dis-je. Où est-ce ?
Il sourit.
— Vous m'avez tout l'air, fit-il, d'avoir besoin d'un peu de repos. C'est pourquoi je vais vous offrir quelques jours de vacances durant lesquels vous pourrez aller à la pêche. Je possède, à une centaine de kilomètres d'ici, dans la région d'Arrowhead, près d'un lac, et au fond des bois, un pavillon où j'allais autrefois en villégiature. Il n'y a pas d'habitants à moins de vingt ou trente kilomètres. Un bon endroit pour se cacher...
— Mais Alice ? demandai-je.
— Elle restera ici. Elle y sera plus en sécurité de toute façon. Et il ne m'est pas difficile de cacher un enfant. Soyez sans crainte, je prendrai soin d'elle, et bientôt elle sera sur pied, je vous le promets.
Kitty, sans dire un mot, fit signe de la tête qu'elle acceptait.
— Là-bas, vous aurez besoin de vivres, reprit le médecin. J'ai quelques provisions dans ma cave, des conserves, des légumes, de la farine. Venez m'aider à les charger dans votre voiture...
Mais il faut que vous mangiez, vous aussi.
— Je m'arrangerai. Venez ...
Nous empilâmes plusieurs caisses dans l'auto, en prenant grand soin de ne pas faire de bruit pour ne pas éveiller les voisins.
— Je pense que vous en aurez assez pour une quinzaine, nous dit finalement Hansen. Et vous prendrez du poisson. Le lac est merveilleux pour la pêche.
Nous retournâmes dans la maison, e| il me tendit une carte routière que j'étalai sur la table en lui disant :
— Docteur, nous ne savons comment vous remercier...
— Ne parlons pas de cela, je vous en prie.
Regelin achevait sa lettre. Il cacheta l'enveloppe et mît l'adresse de Yueth à son appartement privé. Kitty se leva et me dit : —. Venez avec moi, Dave.
Nous montâmes jusqu'à la chambre où reposait Alice et nous restâmes un moment auprès d'elle. Elle dormait paisiblement et elle semblait moins fiévreuse. Kitty se pencha sur elle et l'embrassa.
— Au revoir, mon petit rat... Je t'aime...
Nous redescendîmes. Regelin nous attendait. Il s'inclina très bas devant Hansen, et lui fit le salut particulier — corps incliné et bras droit levé — qui pour les Martiens est une marque de grand respect. Kitty et moi, nous serrâmes la main du vieil homme. Puis nous poussâmes Radeef dans la voiture et nous nous remîmes en route.