«Paris, le 7 août 1815.

«Monsieur,

«Vous savez sans doute que la Chambre des Députés a été dissoute par une Ordonnance du Roi, en date du 13 juillet de cette année, et que, par la même Ordonnance, les Collèges électoraux sont convoqués.

«Le Roi, Monsieur, m'ayant fait l'honneur de me nommer président du Collège électoral du département du Loiret, je m'empresse de vous adresser cette lettre, pour vous inviter à vous rendre à Orléans, le vingt-deuxième jour du présent mois d'août, jour de l'ouverture des Collèges électoraux de Département.

«Dans les circonstances difficiles où nous nous trouvons, il est important, Monsieur, pour l'honneur et le salut de la France, que le choix des Électeurs tombe sur des hommes graves et prudents, fidèles à leur Roi, dévoués à leur pays, instruits des lois du Royaume, attachés à ces principes de morale qui sont la base de tout ordre politique, et sans lesquels il n'y a point d'institutions durables. Vous vous empresserez donc, Monsieur, de concourir à un but si utile; une partie des embarras qui sembleraient devoir vous retenir dans vos foyers, ne peut disparaître que par la réunion des deux Chambres; ainsi, vos intérêts particuliers, autant que l'intérêt général de la patrie, exigent impérieusement votre présence à l'Assemblée du Collège électoral.

«J'ai l'honneur d'être, avec une haute considération,

«Monsieur,

«Votre très humble et très obéissant serviteur,

«Le Ministre d'État, ambassadeur de S. M. T. C. à la Cour de Suède, Pt du Coll. élect. du Dépt du Loiret,

«Vicomte de Chateaubriand[Retour au Texte Principal]

Note 78: L'Ordonnance portant nomination du vicomte de Chateaubriand à la Chambre des pairs est en date du 17 août 1815.[Retour au Texte Principal]

Note 79: Opinion sur la résolution relative à l'inamovibilité des juges, prononcée à la Chambre des pairs, le 19 décembre 1815.Œuvres complètes, tome XXIII, p. 32.[Retour au Texte Principal]

Note 80: Le conventionnel Courtois, député de l'Aube, l'auteur du Rapport fait, au nom de la Commission chargée de l'examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices, dans la séance du 16 nivôse an III (5 janvier 1795). Il avait trouvé l'original du testament de la Reine dans les papiers de Robespierre et se l'était approprié.[Retour au Texte Principal]

Note 81: Discours prononcé à l'occasion des communications faites à la Chambre des pairs par M. le duc de Richelieu, dans la séance du 22 février 1816.Œuvres complètes, tome XXIII, p. 109.[Retour au Texte Principal]

Note 82: Opinion prononcée à la Chambre des pairs, le 12 mars 1816, sur la résolution de la Chambre des députés, relative aux pensions ecclésiastiques dont jouissent les prêtres mariés.Œuvres complètes, tome XXIII, p. 114.[Retour au Texte Principal]

Note 83: Opinion sur le projet de loi relatif aux élections, prononcée à la Chambre des pairs, séance du 3 avril 1816.Œuvres complètes, tome XXIII, p. 136.[Retour au Texte Principal]

Note 84: Proposition faite à la Chambre des pairs, dans la séance du 9 avril 1816, relative aux Puissances barbaresques.Œuvres complètes, tome XXIII, p. 155.[Retour au Texte Principal]

Note 85: L'Ordonnance du 5 septembre 1816, publiée dans le Moniteur du 7, prononçait la dissolution de la Chambre de 1815, que Louis XVIII lui-même avait appelée la Chambre introuvable.[Retour au Texte Principal]

Note 86: Jean-Jacques, baron Baude (1792-1862). Il signa, comme rédacteur du journal le Temps, la protestation des journalistes contre les ordonnances de juillet 1830 et fit enregistrer sa protestation devant notaires. Préfet de police du 26 décembre 1830 au 25 février 1831, il laissa l'émeute saccager l'archevêché et l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois. Membre de la Chambre des députés, il présenta, le 15 mars 1831, d'accord avec le Gouvernement, une proposition tendant à déclarer «l'ex-roi, Charles X, ses descendants et les alliés de ses descendants, bannis à perpétuité du territoire français». Chateaubriand combattit la proposition de M. Baude dans une éloquente brochure, sur laquelle nous aurons à revenir plus tard.[Retour au Texte Principal]

Note 87: Nicolas-François Bellart (1761-1826), avocat au barreau de Paris de 1785 à 1815, député de la Seine, de 1815 à 1820, procureur général près la Cour royale de Paris, de 1815 à 1826. Ce fut lui qui porta la parole dans le procès du maréchal Ney. Bellart fut un homme de bien, un grand magistrat et un orateur éloquent. Il possédait au plus haut degré la faculté de l'improvisation. Énergique, abondant, impétueux, quelquefois irrégulier, son talent était plein de force et d'éclat. À l'audience, d'après le témoignage d'un de ses émules, M. Billecocq, il ne laissait point respirer; il terrassait; tout, jusqu'à son désordre, allait au but et l'atteignait.» (Notice historique sur N.-F. Bellart, par M. Billecocq, avocat. Paris, 1827).—Voir aussi l'année 1817, par Edmond Biré, p. 132-137.[Retour au Texte Principal]

Note 88: Voir l'Appendice no I: La Saisie de la Monarchie selon la Charte.[Retour au Texte Principal]

Note 89: Le roi est mort: Vive le Roi!—Paris, Le Normant, père, 1824, in-8o, 37 pages.[Retour au Texte Principal]

Note 90: Élie, duc Decazes, né à Saint-Martin-de-Laye, près Libourne, le 28 septembre 1780. Bien que Napoléon et la famille impériale ne lui aient pas ménagé leurs faveurs, sa fortune politique date en réalité de la décision avec laquelle, à la nouvelle du retour de l'île d'Elbe, il mobilisa sa compagnie de garde nationale pour défendre la cause des Bourbons. Il était, depuis 1810, conseiller à la Cour d'appel. Lorsque, le 25 mars 1815, la Cour se réunit pour voter une adresse à l'Empereur, il s'y opposa, et comme un de ses collègues s'écriait: «Est-il besoin d'une autre preuve de sa légitimité que la rapidité de sa marche?»—«Je n'ai jamais ouï-dire, répliqua M. Decazes, que la légitimité fût le prix de la course.» Napoléon se hâta de l'exiler à quarante lieues de Paris. Le 7 juillet 1815, il fut nommé préfet de police. Député de la Seine le 22 août, ministre de la police générale le 24 septembre, il reçut la pairie et le titre de comte après l'ordonnance du 5 septembre 1816. Il devint ministre de l'intérieur le 29 décembre 1818, et président du Conseil le 19 novembre 1819. Le 17 février 1820, il quitta le ministère pour l'ambassade de Londres (avec le titre de duc), et la conserva jusqu'au 9 janvier 1822. Le 20 septembre 1834, il remplaça le duc de Sémonville comme grand référendaire de la Chambre des pairs. Il mourut le 24 octobre 1860.[Retour au Texte Principal]

Note 91: M. Decazes avait été, sous l'Empire, secrétaire des commandements de Madame Lætitia, mère de Napoléon.[Retour au Texte Principal]

Note 92: M. Decazes avait épousé, en 1805, une fille du comte Muraire, premier président de la cour de Cassation, ce qui lui avait valu une place de juge au tribunal de la Seine; sa femme mourut l'année suivante. Au mois d'août 1818, il épousa, en secondes noces, Mlle de Sainte-Aulaire, petite-fille par sa mère du dernier prince régnant de Nassau-Saarbruck; en considération de ce mariage, le roi de Danemarck lui donna le titre de duc et la terre de Glücksberg.[Retour au Texte Principal]

Note 93: Dans un article du Conservateur, sous la date du 3 mars 1820. Voici le passage où se trouve le mot de Chateaubriand: «... Pas une proclamation pour annoncer à la patrie un si grand malheur! Rien pour consoler le peuple, pour l'éclairer sur sa position et sur ses devoirs! On eût dit qu'on craignait d'exciter l'indignation contre un crime; on avait l'air de ménager la délicatesse de ceux qui pouvaient en commettre de semblables. Des autorités ont elles-mêmes semé le bruit que ce crime était une vengeance particulière; et l'on peut remarquer des traces de cette version officielle jusque dans les journaux anglais. On s'est hâté de dérober aux regards de la foule attendrie le visage et la poitrine du malheureux prince: si la censure eût existé, on eût forcé les journaux à garder le silence; on eût défendu de parler du jeune Bourbon moissonné, comme on défendit jadis aux gardes nationales de porter une branche de lis, de peur de choquer la Révolution, de peur d'inspirer trop d'amour pour le Roi: il y avait quelque chose de plus important que tout cela: un misérable ministère s'en allait, pouvait-on songer à la grande victime de son système? Mais ceux qui luttaient encore contre la haine publique n'ont pu résister à la publique douleur. Nos larmes, nos gémissements, nos sanglots ont étonné un imprudent ministre: Les pieds lui ont glissé dans le sang; il est tombé.» Le Conservateur, tome VI, p. 476.[Retour au Texte Principal]

Note 94: Ordonnance du 20 septembre 1816.[Retour au Texte Principal]

Note 95: «Les frontières du Rhin, écrit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 246), étaient pour M. de Chateaubriand un rêve de toutes ses nuits:»—«La guerre d'Espagne», me disait-il à Londres, en interrompant une de ses dépêches où il poussait le plus vivement à franchir les Pyrénées, «doit être le signal et le premier acte de notre résurrection. Après, il nous faudra la rive gauche du Rhin aussi loin qu'elle peut s'étendre. Les conquêtes du génie des batailles s'écoulent comme un torrent, pour parler comme Racine; la monarchie légitime et traditionnelle seule sait, par l'influence d'une paix solide, faire désirer sa domination, agrandir le pays, fondre en un seul corps les populations, et les conserver à la patrie.»[Retour au Texte Principal]

Note 96: La bibliothèque de Chateaubriand fut vendue le 29 avril 1817 et les jours suivants.—Journal des Débats, 29 avril 1817.—Voir, l'Appendice no II: Chateaubriand, Victor Hugo et Joseph de Maistre.[Retour au Texte Principal]

Note 97: Le Journal des Débats, dans son numéro du 12 avril 1817, inséra la note suivante, rédigée par M. Bertin:

«On vient de mettre en vente une maison de campagne en partie meublée, située à Aulnay, commune de Châtenay, près Sceaux-Penthièvre, appelée la Vallée ou Val-de-Loup. Cette maison, qui n'était qu'une chaumière avec une vigne et un verger quand le propriétaire actuel en fit l'acquisition en 1807, est aujourd'hui une maison agréable, placée dans un parc de vingt arpents enclos de murs et planté avec soin. On y trouve la collection presque entière des arbres exotiques ou naturels au sol de la France. Le tout présente l'aspect d'une vallée solitaire, environnée de bois qui semblent en faire partie. Nous pouvons parler en connaissance de cause de cette demeure charmante, de ces beaux arbres trop tôt ravis aux mains qui les ont plantés; et nous félicitons d'avance celui qui devra à la faveur du sort la propriété d'une campagne qui, comme celle de Tibur et d'Auteuil, sera à jamais illustrée par le nom et le souvenir de son premier créateur.»[Retour au Texte Principal]

Note 98: Le vicomte, plus tard duc, Mathieu de Montmorency-Laval, ministre des affaires étrangères, du 24 décembre 1821 au 22 décembre 1822. Il mourut le 24 mars 1826.—La Vallée-aux-Loups appartient aujourd'hui à M. le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville, dont la mère était une Montmorency-Laval.[Retour au Texte Principal]

Note 99: Proposition faite à la Chambre des pairs, dans la séance du 23 novembre 1816, et tendante à ce que le Roi soit humblement supplié de faire examiner ce qui s'est passé aux dernières élections, afin d'en ordonner ensuite selon sa justice; suivie des pièces justificatives annoncées dans la proposition.Œuvres complètes, T. XXIII, p. 159.[Retour au Texte Principal]

Note 100: Opinion sur le projet de loi relatif aux finances, prononcée à la Chambre des pairs, dans la séance du 21 mars 1817.Œuvres complètes, T. II, p. 226.[Retour au Texte Principal]

Note 101: Jean-Baptiste-Guillaume-Marie-Anne-Séraphin-Joseph, comte de Villèle (1773-1854). Membre de la Chambre des députés de 1815 à 1828. Ministre sans portefeuille du 21 décembre 1820 au 27 juillet 1821. Le 14 décembre de cette même année, il devint ministre des finances, et, le 7 septembre 1822, président du Conseil. Il garda le pouvoir jusqu'au 4 janvier 1828, et, en le quittant, obtint la dignité de pair. Louis XVIII l'avait fait comte le 17 août 1822. Après la révolution de Juillet, il se retira à Toulouse, sa ville natale, où il mourut le 13 mars 1854.—Son petit-fils, M. de Neuville, a publié les Mémoires et Correspondance du comte de Villèle, 5 vol. in-8o, 1889.[Retour au Texte Principal]

Note 102: Jacques-Joseph-Guillaume-François-Pierre, comte de Corbière (1766-1853). Il a fait partie, en 1797, du Conseil des Cinq-Cents; mais, à partir de 1815, sa fortune politique se confond entièrement avec celle de M. de Villèle. Tous deux sont députés de 1815 à 1828; tous deux sont ministres en titre, du 14 décembre 1821 au 4 janvier 1828, l'un aux finances et l'autre à l'intérieur. Louis XVIII les a fait comtes le même jour; le même jour, Charles X les fait pairs de France. Après les journées de Juillet, tous deux se retirent dans leur province, pour mourir à peu de mois de distance, Corbière en 1853, Villèle en 1854.[Retour au Texte Principal]

Note 103: Jean-Pierre Piet-Tardiveau (1763-1848), député de 1815 à 1819 et de 1820 à 1828. Les députés de l'opposition de droite, en 1816 et 1817, se réunissaient chez lui, rue Thérèse, no 8. Lorsque MM. de Villèle et Corbière arrivèrent au pouvoir, leurs amis continuèrent à fréquenter son salon et... sa salle à manger. Les auteurs de la Villéliade et de la Corbiéréide, MM. Barthélemy et Méry, nous le montrent, au début du premier de ces poèmes, donnant à dîner aux députés du centre:

Piet, traiteur du Sénat......

et plus loin, au chant cinquième, tirant à la cible dans la Charte constitutionnelle:

Muni de ses besicles,
Piet de l'auguste cible emporte deux articles.[Retour au Texte Principal]

Note 104: Charles-Guillaume Étienne (1778-1845), auteur dramatique, publiciste et homme politique. Le succès de sa comédie les Deux Gendres (1811) lui avait ouvert les portes de l'Académie française. La protection du duc de Bassano, dont il avait été le secrétaire, lui avait valu d'être nommé censeur du Journal de l'Empire, et d'être chargé, en qualité de chef de la division littéraire, de la police des journaux. Sous la Restauration, l'ex-censeur impérial devint un libéral ardent et fit aux Bourbons, dans la Minerve française et dans le Constitutionnel, une opposition des plus vives. Le succès de ses «Lettres sur Paris», publiées dans le premier de ces deux journaux, détermina les électeurs de la Meuse à le choisir pour député en 1820. Il siégea à la Chambre de 1820 à 1824. Réélu en 1827, il fut, au mois de mars 1830, le principal rédacteur de l'adresse des 221. Le gouvernement de Juillet le nomma pair de France, le 7 novembre 1839. À l'égal du gouvernement et des hommes de la Restauration, M. Étienne haïssait les romantiques; l'Académie lui joua le mauvais tour de lui donner pour successeur le comte Alfred de Vigny.—La Minerve française, dont Étienne était le principal rédacteur, avait été fondée en février 1818, neuf mois avant le Conservateur; elle paraissait une fois par semaine, mais à des jours indéterminés, ce qui lui permettait, n'ayant pas d'une manière absolue la forme périodique, d'échapper à la censure. Les collaborateurs d'Étienne à la Minerve étaient Benjamin Constant, Évariste Dumoulin, Aignan, Jay, Jouy, Lacretelle aîné et Tissot.[Retour au Texte Principal]

Note 105: Le Conservateur commença de paraître au mois d'octobre 1818.—Voir l'Appendice no III: Le Conservateur.[Retour au Texte Principal]

Note 106: Eugène-François-Auguste d'Armand, baron de Vitrolles (1774-1854). Il s'enrôla à 17 ans dans l'armée des princes, fut rayé de la liste des émigrés sous le Consulat, et fut nommé sous l'Empire maire de Vitrolles, conseiller général des Hautes-Alpes et inspecteur des bergeries impériales. Napoléon le créa baron le 15 juin 1812. Lié avec le duc de Dalberg et avec Talleyrand, il s'associa aux vues de ce dernier en 1814, se rendit auprès des alliés et plaida avec autant de chaleur que d'habileté la cause des Bourbons. Pendant les Cent-Jours, il essaya de soulever le Midi, fut arrêté et enfermé à Vincennes, puis à l'Abbaye. Membre de la Chambre de 1815, il siégea parmi les ultras, et, après l'ordonnance du 5 septembre 1816, devint l'un des agents les plus actifs de la politique personnelle de Monsieur. Charles X le nomma ministre plénipotentiaire à Florence (décembre 1827) et pair de France (janvier 1828). La chute de la branche aînée le rendit à la vie privée. Compromis un instant dans la tentative de la duchesse de Berry en Vendée (1832), il fut arrêté lors du pillage de l'archevêché, et relâché presque aussitôt. Ses Mémoires, publiés en 1885, sont du plus vif intérêt.[Retour au Texte Principal]

Note 107: Marie-Barthélemy, vicomte de Castalbajac (1776-1868). Il émigra en 1790 et servit dans l'armée de Condé. Rentré en France avec les Bourbons, il fut élu par le collège de département du Gers à la Chambre de 1815, où il se signala par l'exaltation de son royalisme. De 1819 à 1827, il fut député de la Haute-Garonne. L'ordonnance du 5 novembre 1827 le nomma pair de France, nomination qui ne fut pas ratifiée par le gouvernement de Juillet. À partir de 1830, M. de Castalbajac se retira complètement de la vie politique.[Retour au Texte Principal]

Note 108: César-Guillaume, duc de La Luzerne (1738-1821). Agent général du clergé en 1765, évêque de Langres en 1770, membre de l'Assemblée des notables en 1787, il fut élu député du clergé aux États-Généraux par le bailliage de Langres. Il donna sa démission le 2 décembre 1789, émigra en Italie et se fixa à Venise. Là, en visitant et en soignant les prisonniers de guerre français dans les hôpitaux, il contracta le typhus et faillit en mourir. Rentré en France en 1800, il donna, au concordat, sa démission d'évêque de Langres et se consacra à l'étude et à la retraite. À la première Restauration, Louis XVIII le nomma pair de France (4 juin 1814), et lui restitua son titre de duc et son évêché. Il obtint le chapeau de cardinal le 28 juillet 1817. Il a composé un grand nombre d'ouvrages dont voici les principaux: Considérations sur divers points de la morale chrétienne (1795); Dissertations sur la vérité de la religion (1802); Explication des Évangiles (1807).[Retour au Texte Principal]

Note 109: Réflexions sur l'état intérieur de la France (22 octobre 1818).—Le Conservateur, tome I, p. 113.[Retour au Texte Principal]

Note 110: Ci-devant marquis, ex-député des Bouches-du-Rhône à l'Assemblée législative. Il siégea comme juré au Tribunal révolutionnaire dans le procès de la Reine et dans la procès des Girondins.[Retour au Texte Principal]

Note 111: Le Conservateur, tome I, p. 466.[Retour au Texte Principal]

Note 112: Anne-Victor-Denis Hubault, marquis de Vibraye (1766-1843) était officier de cavalerie au moment de la Révolution. Il émigra en 1791, rentra en 1814 et devint alors colonel et aide de camp de Monsieur, plus tard Charles X. Nommé pair de France le 17 août 1815, le même jour que Chateaubriand, il fut promu maréchal de camp le 1er octobre 1823, et quitta la Chambre haute à la Révolution de 1830, pour ne pas prêter serment au nouveau régime.[Retour au Texte Principal]

Note 113: Alexandre, comte de Girardin (1776-1855), fils de René-Louis de Girardin, l'hôte et l'ami de J.-J. Rousseau. Il fit avec distinction les campagnes de l'Empire; colonel en 1806, général de brigade en 1811, il fut fait général de division pendant la campagne de France (1814). Louis XVIII le nomma premier veneur, fonctions qu'il conserva jusqu'en 1830. Il est le père de M. Émile de Girardin, le célèbre rédacteur de la Presse, par qui furent publiés, pour la première fois, les Mémoires d'Outre-Tombe.[Retour au Texte Principal]

Note 114: Le Conservateur, tome VI, p. 382. L'article est de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 115: Athalie acte I scène I.[Retour au Texte Principal]

Note 116: Article de Chateaubriand, daté du 3 mars 1820. Le Conservateur, tome VI, p. 471.[Retour au Texte Principal]

Note 117: Lorsque le nonce vint féliciter le roi au nom du corps diplomatique, il prononça la phrase suivante en montrant le duc de Bordeaux: «Voici le plus grand bienfait que la Providence la plus favorable a daigné accorder à la tendresse de Votre Majesté. Cet enfant de souvenirs et de regrets est aussi l'enfant de l'Europe. Il est le présage et le garant de la paix et du repos qui doivent suivre tant d'agitations».[Retour au Texte Principal]

Note 118:

Il est né, l'enfant du miracle!
Héritier du sang d'un martyr,
Il est né d'un tardif oracle,
Il est né d'un dernier soupir!
Aux accents du bronze qui tonne
La France s'éveille et s'étonne
Du fruit que la mort a porté!
Jeux du sort! merveilles divines!
Ainsi fleurit sur des ruines
Un lis que l'orage a planté.

(La Naissance du duc de Bordeaux, par Alphonse de Lamartine.)[Retour au Texte Principal]

Note 119: «Aniche, synonyme gascon d'Annette et diminutif d'Anne. Aniche était fort belle, et s'était fait connaître sous l'Empire par l'ardeur de son royalisme. Je l'ai admirée à Bordeaux, en 1815, louant des chaises à tous les promeneurs des allées de Tourny: elle n'avait pas d'autre fortune». Marcellus, Chateaubriand et son temps, p. 248.[Retour au Texte Principal]

Note 120: M. Decazes avait donné sa démission le 17 février. Le Moniteur du 21 février publia trois ordonnances, signées la veille. La première acceptait la démission de M. Decazes; la seconde nommait M. le duc de Richelieu président du conseil, en laissant l'ancien ministère debout; la troisième conférait à M. Decazes le titre de duc et de ministre d'État.[Retour au Texte Principal]

Note 121: Il y a la une erreur de plume. Le ministre des affaires étrangères, en février 1820, était M. Pasquier. M. Molé n'a eu, sous la Restauration, que le portefeuille de la marine, et cela à une autre époque, du 12 septembre 1817 au 28 décembre 1818.[Retour au Texte Principal]

Note 122: L'ordonnance nommant le duc Decazes à l'ambassade de Londres est du 20 février 1820. Il la conserva jusqu'au 9 janvier 1822.[Retour au Texte Principal]

Note 123: Sœur du duc de Richelieu. Elle était très liée avec Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 124: Le 20 décembre 1820.[Retour au Texte Principal]

Note 125: M. de Barante avait donné sa démission de directeur général des contributions indirectes, poste auquel était attribué, à cette époque, un traitement de cent mille francs. (Voir les Souvenirs du baron de Barante, t. II. p. 455.)[Retour au Texte Principal]

Note 126: Le mercredi 20 décembre 1820.[Retour au Texte Principal]

Note 127: Chateaubriand venait d'être nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près la cour de Berlin. Moniteur du 30 novembre 1820.[Retour au Texte Principal]

Note 128: M. de Corbière eut la présidence de l'instruction publique avec l'entrée au Conseil. M. de Villèle entrait également comme ministre secrétaire d'État sans portefeuille. Ce dernier mit une condition à son acceptation: c'est qu'il resterait dans son logement et ne recevrait ni indemnité ni traitement. Et jusqu'à la fin, il fera preuve du même désintéressement. Nommé ministre des Finances, en décembre 1821, il avait droit à une somme de 25,000 francs pour frais d'installation: il la refusa. Louis XVIII l'éleva, le 7 septembre 1822, à la dignité de président du Conseil. Un supplément de 50,000 francs de traitement annuel était attaché à ces fonctions: il le refusa. Lorsqu'il sortit du ministère, en 1828, Charles X exigea de lui qu'il acceptât la pension de ministre d'État; cette pension fut inscrite au grand-livre. Il s'empressa d'y renoncer aussitôt après la Révolution de 1830. Il lui suffisait d'avoir relevé la fortune publique, d'avoir fondé sur des bases indestructibles le crédit de la France, d'avoir donné à notre pays les meilleures finances qu'il ait jamais eues. Pendant ce temps, les auteurs de la Villéliade le représentaient sous les traits d'un Sardanapale mangeant la France dans de riches banquets, sous la figure d'un Minotaure

Dont la dent terrible dévore
Et notre fortune et nos lois.[Retour au Texte Principal]

Note 129: Ce livre a été écrit en 1839 et revu en décembre 1846.[Retour au Texte Principal]

Note 130: Après avoir fait jurer aux Lacédémoniens de ne rien changer pendant son absence aux lois qu'il leur avait données, Lycurgue partit pour un long voyage... et ne revint jamais.[Retour au Texte Principal]

Note 131: M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 251) nous a conservé le nom du courrier qui précédait ainsi sur les grandes routes le nouvel ambassadeur. «C'était, dit-il, le pauvre Valentin, à qui je n'ai jamais connu d'autre nom, le plus dévoué des nombreux serviteurs que l'antichambre réunissait plus tard à Londres, sous mon autorité de ménagère, titre que parfois en riant me donnait l'ambassadeur. Il est la seule chose, à lui appartenant, que M. de Chateaubriand ait laissée à son départ au ministère des Affaires étrangères, après en avoir fait un garçon de bureau. Le Varsovien était en effet grand mangeur, comme le dit son maître; mais il était grand buveur aussi».[Retour au Texte Principal]

Note 132: Chateaubriand écrivait de Mayence à la duchesse de Duras, le 6 janvier 1821:

«Je suis arrêté ici par le Rhin qui n'est ni gelé ni dégelé; je suis allé le voir ce matin; c'était la vieille Germanie dans toute sa beauté. Quand je serai sur l'autre bord, j'aurai vraisemblablement passé le fleuve d'oubli. Savez-vous ce que j'ai fait en route? J'ai relu les lettres de Mirabeau sur Berlin. J'ai été frappé d'une chose, c'est de la légèreté, de l'incapacité de ce gouvernement, qui voyait la correspondance d'un pareil homme, et qui ne devinait pas ce qu'il était. Tout Mirabeau, et Mirabeau très supérieur, est dans cette correspondance diplomatique; l'avenir de l'Europe y est à chaque ligne. Eh bien! cet homme qui, deux ans après, devait renverser la France, s'humilie, demande qu'on lui donne un petit titre diplomatique, et qu'on ne l'emploie pas dans une mission honteuse et non avouée. Il pense qu'on ne peut pas garder un imbécile d'ambassadeur qu'on avait à Berlin; mais il ne porte pas ses vues si haut; le moindre poste lui suffirait. Il s'abaisse jusqu'à proposer d'aller, déguisé en marchand, étudier les frontières orientales de l'Autriche! Cela fait mal à lire; mais aussi cela m'a fait faire de tristes réflexions. Quand ma correspondance vaudrait celle de Mirabeau, me connaîtra-t-on mieux? J'ai prédit cinq ans l'avenir de la France, ne m'a-t-on pas tout nié jusqu'au dernier moment? Mais Mirabeau, si outrageusement méconnu, s'est vengé, et je ne me vengerai pas. Au reste, je vois ici des traces de cette vengeance: une ville à moitié écrasée par les bombes, des figures sur des tombeaux, des effigies de saints mutilés par les sabres de l'égalité, la mort et la vie profanées par cette révolution dont les soldats n'étaient un moment vaincus à Mayence que pour aller exterminer les Vendéens. Allons! demeurons incorrigibles! Recommençons! on recommencera!—Je voudrais savoir assez d'allemand pour offrir à lady Clara l'hommage de mon respect».[Retour au Texte Principal]

Note 133: Mayence est la patrie de Guttemberg, qui fit dans cette ville les premiers essais de l'art de l'imprimerie en 1438 ou 1440.[Retour au Texte Principal]

Note 134: Celle du 6 septembre 1631 gagnée par Gustave-Adolphe, et celle du 19 octobre 1813 perdue par Napoléon.[Retour au Texte Principal]

Note 135: Sur M. de Caux et M. de Cussy, voir, au tome I, la note 1 de la page 173.—Maurice-Adolphe-Charles, vicomte de Flavigny (1799-1813). Après avoir rempli auprès du prince de Polignac les fonctions de secrétaire, il servit la monarchie de Juillet et entra à la Chambre des pairs le 25 décembre 1841. Représentant d'Indre-et-Loire à l'Assemblée législative de 1849 et membre de la droite monarchiste, il se rallia, après le coup d'État du 2 décembre, au gouvernement de Louis-Napoléon. Député au Corps législatif de 1852 à 1863, il se prononça avec énergie en faveur du pouvoir temporel du pape, ce qui lui valut de perdre la qualité de candidat officiel et de n'être pas réélu lors du renouvellement du 1er juin 1863.[Retour au Texte Principal]

Note 136: Frédéric-Guillaume III, né le 3 août 1770, veuf de la reine Louise, morte le 19 juillet 1810. Il était monté sur le trône le 16 novembre 1797. Il eut pour successeur, en 1840, Frédéric-Guillaume IV, son fils. Un autre de ses fils a été l'empereur Guillaume Ier.[Retour au Texte Principal]

Note 137: Ernest-Auguste, duc de Cumberland, cinquième fils du roi d'Angleterre George III, né en 1771, mort en 1851, était le troisième des princes de la maison de Hanovre qui ait porté ce titre. Il avait épousé en 1815 la princesse Frédérique-Caroline-Sophie de Mecklembourg-Strélitz, née le 2 mars 1778, veuve en premières noces du prince Louis de Prusse et divorcée d'avec son second mari, prince de Salms-Braunfels. Elle s'était d'abord fiancée au duc de Cambridge, septième fils de George III, puis avait rompu avec lui pour épouser le duc de Cumberland. En 1837, le duc Ernest-Auguste a été appelé au trône de Hanovre, la loi salique en vigueur dans ce pays empêchant la reine Victoria de réunir les deux couronnes sur sa tête, comme ses prédécesseurs.[Retour au Texte Principal]

Note 138: Frédéric-Guillaume-Charles, frère du roi, né le 3 juillet 1783, marié le 12 janvier 1804 à Amélie-Marianne de Hesse-Hombourg.[Retour au Texte Principal]

Note 139: Fils du prince Ferdinand de Prusse et neveu du grand Frédéric. Il avait été fait prisonnier, le 10 octobre 1806, au combat de Saalfeld, où son frère aîné le prince Louis avait été tué.[Retour au Texte Principal]

Note 140: Jean-Pierre-Frédéric Ancillon (1766-1837), historien et homme d'État prussien, descendant de parents français émigrés à la suite de la révocation de l'édit de Nantes. Il avait publié en 1803 un Tableau des révolutions du système politique de l'Europe, qui lui fit prendre rang parmi les meilleurs historiens de l'époque. En 1806, il fut chargé par Guillaume III de l'éducation du prince royal, et en 1814 il vint à Paris avec son élève. Il devint en 1831 ministre des Affaires étrangères.[Retour au Texte Principal]

Note 141: Frédéric-Guillaume, né le 15 octobre 1795. Il succéda à son père en 1840, sous le nom de Frédéric-Guillaume IV et mourut le 1er janvier 1861.[Retour au Texte Principal]

Note 142: Le comte David d'Alopeus (1769-1831). Après avoir été ministre de Russie à la cour de Suède, puis à la cour de Wurtemberg, il devint, en 1813, commissaire général des armées alliées, et fut alors fixé par ses fonctions au quartier général des souverains confédérés. Sa femme, qui l'y accompagnait, se fit autant remarquer par sa beauté que par les grâces de son esprit. En 1815, le comte d'Alopeus fut gouverneur de la Lorraine, pour la Russie, et fit preuve dans ce nouveau poste de la plus louable modération. Nommé peu de temps après ministre plénipotentiaire de Russie à la cour de Berlin, il resta dans cette ville jusqu'à sa mort, arrivée le 13 juin 1831.—Sa fille, Mlle Alexandrine d'Alopeus, épousa Albert de la Ferronnays, l'un des fils du comte de la Ferronnays, l'ami de Chateaubriand. Elle est l'héroïne du Récit d'une sœur, de Mme Augustus Craven.[Retour au Texte Principal]

Note 143: Sophie-Wilhelmine, margravine de Bayreuth (1709-1758), fille du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier et sœur du grand Frédéric. Elle épousa en 1731 l'héritier du margraviat de Bayreuth. Voltaire a écrit une Ode sur sa mort. Elle a laissé des Mémoires qui vont de 1706 à 1742 et qui renferment les plus intéressants détails sur l'intérieur de la cour de Prusse. La Correspondance de cette princesse avec Frédéric II a été imprimé dans les Œuvres de ce dernier (tome XXVII).[Retour au Texte Principal]

Note 144: Wilhelmine Enke, femme Rietz, comtesse de Lichtenau (1754-1820). Fille d'un musicien de la chapelle royale de Prusse, elle devint à seize ans la maîtresse du prince royal, fils du grand Frédéric, qui lui fit épouser un de ses valets de chambre nommé Rietz, et qui, devenu roi en 1786 sous le nom de Frédéric-Guillaume II, la revêtit du titre de comtesse de Lichtenau. Elle a écrit des Mémoires, qui ont été traduits en français (1809).[Retour au Texte Principal]

Note 145: Le prince Henri de Prusse, frère du grand Frédéric, né en 1726. Il contribua puissamment aux succès de son frère pendant la guerre de Sept ans. Ami de la France, et surtout de ses philosophes, dont il partageait, comme son frère, les idées anti-chrétiennes, il était venu à Paris en 1788 pour y passer la fin de sa vie; mais la Révolution le força de s'éloigner. Il mourut à son château de Rheinsberg en 1802.[Retour au Texte Principal]

Note 146: Histoire secrète de la cour de Berlin, par Mirabeau.[Retour au Texte Principal]

Note 147: Charles-Guillaume, baron de Humboldt (1767-1835). Il fut successivement ministre ou ambassadeur en Espagne, à Rome, à Vienne, en Angleterre. Il prit part, comme plénipotentiaire de la Prusse, aux congrès de Châtillon, de Vienne, d'Aix-la-Chapelle, et fut l'un des signataires de la paix de Paris en 1814. Son principal ouvrage, comme philologue, est un traité sur la Langue kawi dans l'île de Java. Ses Essais esthétiques sont considérés comme un des chefs-d'œuvre de la critique allemande.[Retour au Texte Principal]

Note 148: Frédéric-Henri-Alexandre, baron de Humboldt (1769-1859), auteur du Cosmos, essai d'une description physique du monde, l'une des plus grandes œuvres de ce siècle.[Retour au Texte Principal]

Note 149: Louis-Charles-Adélaïde, dit Adelbert de Chamisso de Boncourt (1781-1831), poète, romancier et savant allemand, né en Champagne, au château de Boncourt, d'une famille noble et originaire de Lorraine. Ses parents émigrèrent dès 1790 et l'emmenèrent en Allemagne. À quinze ans, il devint page de la reine de Prusse. À dix-sept ans, il entra au service, et il était lieutenant en 1801. Il revint en France après la paix de Tilsitt (1807), mais retourna en Allemagne en 1811. On lui doit deux volumes de poésies et une traduction en vers des chansons de Béranger. Comme romancier, il a acquis une célébrité européenne par l'Histoire merveilleuse de Pierre Schlemihl (1814). C'est l'histoire humoristique d'un homme qui a perdu son ombre. On a traduit dans presque toutes les langues cet «inimitable caprice», comme l'appelle M. N. Martin, qui l'a traduit en français (1838). «C'est à un Français, à Chamisso, dit le traducteur, que cette fantastique Allemagne, qui prétend avoir seule bien compris et cultivé le romantisme, doit le chef-d'œuvre de sa poésie romantique.» Chamisso est également l'auteur de nombreux travaux scientifiques, parmi lesquels il faut citer son Tableau des plantes les plus utiles et les plus nuisibles du Nord de l'Allemagne;—ses Observations recueillies pendant le voyage de découvertes de Kotzebue, et son Voyage autour du monde.[Retour au Texte Principal]

Note 150: Napoléon-Vendée.[Retour au Texte Principal]

Note 151: Le 10 août 1792, les deux frères aînés de Chamisso, Hippolyte et Charles, se trouvaient auprès de Louis XVI. Charles, blessé en défendant le roi, fut sauvé par un homme du peuple; peu de temps après, il reçut une épée qu'avait portée l'infortuné monarque, et un billet ainsi conçu: «Je recommande à mon frère M. de Chamisso, un de mes fidèles serviteurs; il a plusieurs fois exposé sa vie pour moi. LOUIS.»—Notice sur Chamisso, par Jean-Jacques Ampère (Littératures et Voyages, p. 227).[Retour au Texte Principal]

Note 152: Chamisso avait fait partie, de 1815 à 1818, de l'expédition d'exploration dans les mers du Nord, entreprise par Otto Kotzebue, sous les auspices du chancelier russe Romanzof. Un gracieux souvenir de la France l'attendait au Kamtchatka. «Je vis, dit-il, pour la première fois un portrait que j'ai souvent retrouvé depuis sur des vaisseaux américains, et que leur commerce a répandu sur les côtes et dans les îles de l'Océan Pacifique, le portrait de Mme Récamier, cette aimable amie de Mme de Staël, auprès de laquelle j'avais eu le bonheur de vivre longtemps. Il était peint sur verre par une main chinoise assez délicate.»[Retour au Texte Principal]

Note 153: Amélie-Marianne de Hesse-Hombourg, femme du prince Guillaume et belle-sœur du roi.[Retour au Texte Principal]

Note 154: Au lendemain de cette représentation, Chateaubriand écrivait à Mme de Duras: «J'ai été voir jouer la Jeanne d'Arc de Schiller. C'est un mélodrame, mais un mélodrame superbe. La cérémonie du sacre est admirable. Quand j'ai vu la cathédrale de Reims et que j'ai entendu le chant religieux, au moment de la consécration de Charles VII, j'ai pleuré sans comprendre un mot de ce qu'on disait. Quel peuple que ce peuple français! Comme il occupe les autres peuples! Et quelle honte de ne plus retrouver de La Hire que sur les théâtres étrangers! Schiller chante Jeanne et Voltaire la déshonore.»[Retour au Texte Principal]

Note 155: Gaspard Spontini (1778-1854), auteur des opéras de la Vestale (1807) et de Fernand Cortez (1809). Il était depuis 1820 directeur de l'Opéra de Berlin. Après la mort de son protecteur Frédéric-Guillaume III, il revint à Paris, où il avait été élu à l'unanimité membre de l'Académie des beaux-arts dès 1839.[Retour au Texte Principal]

Note 156: Sébastien Érard, facteur de pianos (1752-1831). Il perfectionna le piano, l'orgue et la harpe, construisit les premiers pianos à queue (1796) et à double échappement (1823); inventa les harpes à fourchette (1789) et le mécanisme à double mouvement pour harpe (1810). Il réussit à rendre expressif le jeu de l'orgue au moyen de la seule pression du doigt (1827).[Retour au Texte Principal]

Note 157: Charles de Lameth, l'un des principaux membres du côté gauche à la Constituante, s'était couvert de ridicule, au mois de mars 1790, en dirigeant, comme membre du comité de surveillance, une expédition nocturne contre le couvent des Annonciades de Pontoise, pour y rechercher M. de Barentin, frère de l'abbesse. Le marquis de Bonnay, prédécesseur de Chateaubriand à Berlin, avait composé à cette occasion un poème héroï-comique, des plus spirituels, la Prise des Annonciades.[Retour au Texte Principal]

Note 158: Charles-Auguste, prince de Hardenberg (1750-1822). Ministre des Affaires étrangères depuis 1806, il fut nommé en 1810 chancelier d'État, et signa en 1814 la paix de Paris. Il assista comme plénipotentiaire aux Congrès d'Aix-la-Chapelle, de Carlsbad, de Vienne et de Vérone. Le roi de Prusse l'avait créé prince en 1814.[Retour au Texte Principal]

Note 159: David-Frédéric Koreff (1783-1851), célèbre médecin allemand. Il était né à Breslau. Il fut pendant quelque temps le secrétaire du prince de Hardenberg, qui l'avait en particulière amitié. Il mourut à Paris, où il avait fini par se fixer, et où il n'était pas moins connu par son esprit original que par son inépuisable charité.[Retour au Texte Principal]

Note 160: Hyacinthe Pilorge, secrétaire de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 161: Charles-Louis Sand (1795-1819) étudiant de l'Université d'Iéna, qui, le 23 mars 1819, à Manheim, avait assassiné le célèbre écrivain Auguste de Kotzebue, qu'il regardait comme le suppôt de l'absolutisme. Le capitaine Otto de Kotzebue, que nous avons vu tout à l'heure diriger l'expédition dans les mers du Nord, dont fit partie Chamisso, était le fils d'Auguste de Kotzebue.[Retour au Texte Principal]

Note 162: Le fils de la duchesse de Cumberland, né en 1819, devint roi de Hanovre, en 1851, sous le nom de George V. Ayant pris parti contre la Prusse, dans la guerre de cet état contre l'Autriche, et ayant été battu, il fut déposé, et son royaume annexé à la Prusse (1866). Son fils porte aujourd'hui en Angleterre le titre de duc de Cumberland. Il a épousé la princesse Thyra de Danemark, sœur de la princesse de Galles.[Retour au Texte Principal]

Note 163: 19 avril 1821. Chateaubriand était parti pour Paris, afin d'assister au baptême du duc de Bordeaux.[Retour au Texte Principal]

Note 164: Le couronnement de George IV, roi d'Angleterre, eut lieu le 19 juillet 1821. La reine Louise de Prusse était morte le 19 juillet 1810.[Retour au Texte Principal]

Note 165: La reine de Hanovre mourut au mois de juillet 1841.[Retour au Texte Principal]

Note 166: Le 14 décembre 1822, MM. de Villèle et Corbière étaient devenus, le premier, ministre des finances, et le second, ministre de l'intérieur.[Retour au Texte Principal]

Note 167: Le 2 juillet 1820, une révolution militaire avait éclaté à Naples. Les carbonari, vaste association secrète qui couvrait de son réseau une grande partie de l'Italie, avaient gagné l'armée. Le général Pepe avait obligé le roi des Deux-Siciles, Ferdinand Ier, à proclamer une constitution calquée sur celle que les révolutionnaires venaient d'établir en Espagne. Les Autrichiens entrèrent à Naples le 23 mars 1821. Les principaux auteurs du mouvement cherchèrent un refuge sur des vaisseaux étrangers. Le parlement se sépara, et la vente suprême des carbonari prononça elle-même sa dissolution. Ferdinand, qui avait dû quitter sa capitale le 10 décembre 1820, y rentra le 15 mai 1821.[Retour au Texte Principal]

Note 168: Jean VI, empereur du Brésil et roi de Portugal (1767-1826). Fils de Pierre III et de la reine Marie, il fut nommé régent du royaume de Portugal, en 1792, lorsque sa mère tomba en démence. Attaqué en 1807 par les armées françaises, il se retira avec la famille royale au Brésil, colonie portugaise, et y prit le titre d'empereur. Proclamé roi du Portugal en 1816, à la mort de sa mère, il ne quitta pas cependant Rio-de-Janeiro, et ce fut seulement en 1821 qu'il revint à Lisbonne. Il se vit contraint à son arrivée de sanctionner une constitution proposée par les Cortès; mais il l'abolit deux ans après. Pendant qu'il était en Portugal, le Brésil se déclara indépendant, et ne lui laissa que le vain titre d'empereur. Il laissa en mourant deux fils, don Pedro (Pierre IV) et don Miguel, célèbres par leur inimitié.[Retour au Texte Principal]

Note 169: Au moment où la révolution de Naples expirait, des troubles avaient éclaté dans le Piémont. Le 10 mars 1821, la garnison d'Alexandrie s'était soulevée, aux cris de: Vive le Roi! Vive la constitution d'Espagne! À bas l'Autriche! Turin, Pignerol, Ivrée avaient suivi le mouvement. Les conjurés avaient gagné le colonel Saint-Marsan, fils du ministre des Affaires étrangères, et comptaient sur le cousin du roi, le jeune prince de Carignan,—le futur Charles-Albert. Le 13 mars, le roi Victor-Emmanuel I abdiqua en faveur de son frère Charles-Félix, et, en l'absence de ce dernier, qui se trouvait alors auprès du duc de Modène, son beau-père, il donna la régence au prince de Carignan. Celui-ci proclama aussitôt la constitution des Cortès d'Espagne, et institua une junte provisoire; mais, au bout de peu de jours, le 21 mars, il fut forcé de se retirer devant l'intervention autrichienne. Les conjurés d'Alexandrie et les fédérés italiens furent dispersés à Novare par le général Latour. L'armée victorieuse entra le 10 avril à Turin. Victor-Emmanuel maintint son abdication, et Charles-Félix rétablit l'ancien gouvernement.[Retour au Texte Principal]

Note 170: Il donnait des conseils hardis qu'on n'écoutait pas à Versailles. Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 171: On lit dans le Moniteur du 29 avril 1821: «Paris, 28 avril. M. le vicomte de Chateaubriand, ministre plénipotentiaire de France à Berlin, est arrivé avant-hier à Paris.»[Retour au Texte Principal]

Note 172: Le baptême du duc de Bordeaux eut lieu à Notre-Dame, avec une grande solennité, le 1er mai 1821. Chateaubriand fut rétabli sur la liste des ministres d'État, MM. de Blacas et de Montesquiou furent créés ducs; de nombreuses promotions furent faites dans l'ordre militaire et dans l'ordre civil. Il y eut une magnifique revue au Champ-de-Mars et une fête splendide à l'Hôtel de Ville. Les députés des trente-neuf bonnes villes de France y furent invités. La ville de Paris dota seize jeunes filles; d'immenses secours furent prodigués aux pauvres.[Retour au Texte Principal]

Note 173: Le 7 juillet 1821, à l'occasion de la demande de la prolongation de la censure jusqu'à la fin de la session suivante, proposition déposée par le ministère, la Chambre des députés avait voté un amendement qui limitait la durée de la censure aux trois premiers mois de la session prochaine. La plus grande partie de la droite avait voté pour cet amendement. Louis XVIII ne cacha pas le vif mécontentement qu'il en éprouvait. «Ce déplaisir manifesté par le roi, dit Alfred Nettement (Histoire de la Restauration, tome V, p. 621), achevait de rendre très difficile la position de MM. de Villèle et de Corbière dans le Conseil et dans la Chambre. C'étaient les voix de leurs amis, ils ne pouvaient se le dissimuler, qui avaient déterminé le vote, et dans l'état d'incertitude où étaient les affaires, ils ne pouvaient les blâmer d'avoir pris des sûretés qu'on ne leur donnait pas. Après s'être tous deux concertés, ils reconnurent qu'ils ne pouvaient demeurer plus longtemps dans les conditions où il étaient placés sans amoindrir leur position comme membres du cabinet et comme hommes du parlement. Ils résolurent donc de poser catégoriquement la question au duc de Richelieu, préférant se retirer du Conseil avec honneur que d'y rester dans une position équivoque. M. de Corbière eut avec M. de Serre (Garde des Sceaux dans le cabinet Richelieu) une conférence qui n'aboutit à rien. M. de Chateaubriand venait d'arriver de Berlin; il y eut une délibération dans la réunion de la droite; et l'on convint de deux choses l'une, ou sortir du ministère, ou y entrer avec trois portefeuilles: deux pour MM. de Villèle et de Corbière; un troisième, celui de la guerre, pour le duc de Bellune (le maréchal Victor). M. de Chateaubriand déclara que, si cet arrangement n'était pas accepté, il donnerait sa démission de l'ambassade de Berlin, et se retirerait avec MM. de Villèle et de Corbière. La droite, avec le nombre de voix dont elle disposait dans la Chambre, ne pouvait, selon lui, se trouver satisfaite à moins.»—Les négociations durèrent jusqu'au 27 juillet, et se terminèrent par la retraite de MM. de Villèle et de Corbière. En même temps, Chateaubriand donnait sa démission d'ambassadeur.[Retour au Texte Principal]

Note 174: La princesse Frédérique, reine de Hanovre, vient de succomber après une longue maladie: la mort se trouve toujours dans la Note au bout de mon texte! (Note de Paris, juillet 1841.) Ch.[Retour au Texte Principal]

Note 175: Voir l'Appendice no III: La mort de Fontanes.[Retour au Texte Principal]

Note 176: La nomination du cabinet de droite parut au Moniteur du 15 décembre 1821. Il était ainsi composé: MM. de Villèle aux Finances, Corbière à l'Intérieur, le duc de Bellune à la Guerre, de Clermont-Tonnerre à la Marine, Mathieu de Montmorency aux Affaires étrangères, de Peyronnet à la Justice, M. de Lauriston, seul ministre restant, à la maison du Roi.[Retour au Texte Principal]

Note 177: On lit, dans le Moniteur du 10 janvier 1822: «Paris, 9 janvier. Sur la démission donnée par M. le duc Decazes, ambassadeur de France en Angleterre, le Roi, par ordonnance du 9 janvier, a nommé M. le vicomte de Chateaubriand, pair de France, ministre d'État, à l'ambassade de Londres, et M. le comte de Serre à l'ambassade du royaume des Deux-Siciles.»[Retour au Texte Principal]

Note 178: Ce livre a été écrit en 1839.—Il a été revu en décembre 1846.[Retour au Texte Principal]

Note 179: À peine arrivé à Londres, il écrivait à la duchesse de Duras: «J'ai été saisi de tristesse depuis que je suis ici. J'ai revu les rues que j'ai habitées, Kensington dont les arbres sont devenus énormes. L'épreuve est rude. Que de temps écoulé! Ma maudite mémoire est telle que j'ai reconnu jusqu'à des marques que j'avais vues sur des bornes. Tout cela était pour moi comme d'hier. J'ai parcouru en voiture, au milieu de la foule, les allées de Hyde-Park, où j'errais à pied en composant Atala et René. Étais-je plus heureux? mais au moins j'avais le temps d'attendre. Je reçois votre longue lettre. J'en avais grand besoin. Je ne puis soulever le poids que Londres a mis sur moi. Il me semble que je suis au fond d'un désert et que je ne dois plus revoir mes amis. Berlin était une merveille.»[Retour au Texte Principal]

Note 180: Lord Londonderry, vicomte Castlereagh, secrétaire d'État pour les Affaires étrangères. Voir, au tome I, la note 1 de la page 322.[Retour au Texte Principal]

Note 181: Le vicomte Mathieu de Montmorency, ministre des affaires étrangères.[Retour au Texte Principal]

Note 182: Édouard, duc de Fitz-James (1776-1838) appartenait à une famille de vieille noblesse qui descendait des Stuarts. Petit-fils du maréchal de France duc de Berwick, il émigra en Italie avec les siens dès le début de la Révolution, servit dans l'armée de Condé en qualité d'aide-de-camp du duc de Castries, rentra en France en 1801 et vécut dans la retraite jusqu'à la fin du régime impérial. Nommé pair de France le 4 juin 1814, il donna sa démission, lorsque fut votée la loi qui supprimait l'hérédité de la pairie (28 décembre 1831). De 1835 à sa mort, il fit partie de la Chambre des députés, siégea sur les bancs de la droite et se fit remarquer par son éloquence, à côté même de Berryer. «M. le duc de Fitz-James, dit Cormenin (Livre des orateurs, t. I, p. 130), a été le dernier des chevaliers-orateurs. Sa stature était haute et sa physionomie mobile et spirituelle. Il avait, à la tribune, les airs, le sans-gêne, le déboutonné d'un grand seigneur qui parle devant des bourgeois... Son discours était tissu de mots fins, et quelquefois il était hardi et coloré... C'était une nature forte et heureusement organisée, à laquelle il n'a manqué, autrefois que l'occasion, et depuis que la jeunesse. Du reste, grand dans ses sentiments comme dans son langage; plein de cet honneur qui est la vie même du gentilhomme, et de ce désintéressement qui préférait la pauvreté à une bassesse; religieux, mais sans hypocrisie; fier de son origine, mais préoccupé des droits et des besoins de la génération nouvelle; jaloux de la dignité de son pays et portant haut son cœur français.[Retour au Texte Principal]

Note 183: Le prince Paul Esterhazy, longtemps ambassadeur d'Autriche à Londres et, ainsi que le prince de Lieven, un des familiers de George IV, qui aimait à s'entourer d'étrangers.[Retour au Texte Principal]

Note 184: Voir l'Appendice, no IV: Le prétendu Traité de Vérone.[Retour au Texte Principal]

Note 185: John Ier comte Russell (1792-1878). Dès qu'il eut atteint sa majorité, il entra dans la vie politique en qualité de député de Tavistock (juillet 1813). Il a fait partie du Parlement jusqu'à sa mort, c'est-à-dire pendant soixante-cinq ans: membre de la Chambre des Communes de 1813 à 1860, et de la Chambre des lords de 1861 à 1878. L'un des principaux orateurs du parti libéral, il a occupé une place importante dans tous les cabinets whigs qui se sont succédé de 1835 à 1865.[Retour au Texte Principal]

Note 186: John Scott, comte d'Eldon (1751-1838). Fils d'un simple marchand de charbon de Newcastle-sur-Tyne, il parvint par son talent aux plus hauts emplois. Successivement conseiller du roi, attorney général, chef des plaids-communs, il fut élevé en 1790 à la dignité de pair d'Angleterre et remplit de 1801 à 1827, les fonctions de lord chancelier. Le lord chancelier est en même temps le président de la Chambre des lords, le chef de la justice et le président d'une cour particulière appelée court of chancery.—Tory exalté, lord Eldon combattit opiniâtrement l'émancipation des catholiques.[Retour au Texte Principal]

Note 187: Chateaubriand a déjà eu occasion de citer lord Holland, au tome II, page 199.—Henri-Richard Vassall-Fox, troisième baron Holland (1773-1840) avait à peine un an quand il hérita de la pairie paternelle. Grand admirateur de la Révolution française et de Napoléon, il est toujours demeuré fermement attaché au parti whig. En 1797, il avait épousé lady Webster, née Vassall, qu'il avait connue à Florence, et avec laquelle il avait eu une liaison antérieure. Sir Godfrey Webster avait obtenu le divorce à son profit, et lord Holland avait dû lui payer 6,000 livres sterling de dommages et intérêts. Lady Holland jouissait d'une réputation d'esprit parfaitement méritée, et Holland House a été pendant de longues armées le rendez-vous de toutes les notabilités littéraires de l'époque.[Retour au Texte Principal]

Note 188: «C'étaient, en effet, dit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 267), des chanteuses, actrices, danseuses même, réunies par M. de Rothschild de Londres dans un but tout hospitalier. Il connaissait le penchant inné du corps diplomatique pour les plaisirs auxquels ces dames président; et il jugea leur société de nature à faire oublier à ses nobles convives la sévérité et la tristesse d'un séjour israélite.»[Retour au Texte Principal]

Note 189: Lord Clanwilliam, sous-secrétaire d'État du Foreign-Office, était à cette époque le type du dandysme.[Retour au Texte Principal]

Note 190: Dans toutes les éditions précédentes, on a imprimé Dorset, défigurant ainsi le nom du comte d'Orsay, qui fut pendant plusieurs années, sous la Restauration et sous la monarchie de Juillet, le roi de la fashion, à Londres comme à Paris.—Gillion-Gaspard-Alfred de Grimaud, comte d'Orsay, né le 4 février 1801, fils de Jean-François-Albert-Marie-Gaspard de Grimaud, comte d'Orsay et du Saint-Empire, lieutenant général, commandeur de Saint-Louis, et de Éléonore de Franquemont. Garde du corps sous la Restauration, il épousa en 1827 une fille issue du premier mariage de lord Blessington. Cette union ne fut pas heureuse. Les deux époux divorcèrent. Tandis que sa femme convolait en secondes noces avec lord Spencer, Alfred d'Orsay continua de vivre auprès de sa belle-mère, même après la mort de lord Blessington (mai 1829). Lady Blessington menait grand train, tenait un salon célèbre, publiait des romans du genre fashionable et finalement se ruinait. Le mauvais état de ses affaires l'obligea de rendre son mobilier en 1849 et de se réfugier à Paris. Le comte d'Orsay l'y accompagna. Comme il avait été très lié à Londres avec le prince Louis Bonaparte, et qu'il avait d'ailleurs un joli talent de sculpteur, le prince-président le nomma en 1851 surintendant des beaux-arts. Il mourut le 4 août 1852 à Chambourg, près de Saint-Germain.—Barbey d'Aurevilly, dans son petit volume Du Dandysme et de George Brummel, esquisse en ces termes le portrait du comte d'Orsay: «C'était un nerveux sanguin aux larges épaules, à la poitrine François 1er et à la beauté sympathique. Il avait une main superbe et une manière de la tendre qui prenait les cœurs et les enlevait. Ce n'était pas le shake-hands du Dandysme... D'Orsay était un roi de bienveillance aimable, et la bienveillance est un sentiment entièrement inconnu aux dandys... Quoique fat, d'Orsay fut aimé par les femmes les plus fates de son temps. Il a même inspiré une passion qui dura et resta historique... Quant à ce duel charmant de d'Orsay, jetant son assiette à la tête de l'officier qui parlait mal de la Sainte-Vierge, et se battant pour elle parce qu'elle était femme et qu'il ne voulait pas qu'on manquât de respect à une femme devant lui, quoi de moins dandy et de plus français?»—Sur la liaison du comte d'Orsay et de lady Blessington, commencée en 1822 pour finir seulement en 1849, à la mort de la célèbre authoress, voir The English Cyclopædia, conducted by Charles Knight, Biography, vol. I, p. 720. London, 1856.[Retour au Texte Principal]

Note 191: Dorothée Christophorowna de Benkendorf (1785-1855). Elle avait épousé Christophe Andréiëvitch, prince de Lieven, général dans l'armée russe, gouverneur du tsar Alexandre II et pendant vingt-deux ans ambassadeur à Londres. Le portrait qu'en trace ici Chateaubriand est trop poussé au noir. «Bien qu'étrangère, dit M. de Marcellus, elle dominait les filles d'Albion par une incontestable supériorité d'attitude et de manières. Elle savait causer de tout; elle avait été fort jolie, et sa taille gardait encore beaucoup plus tard une grande élégance; elle possédait une merveilleuse aptitude pour la musique; sa mémoire lui rappelait des opéras entiers qu'elle exécutait à ravir sur le piano.» Justement réputée par son esprit et sa rare intelligence des affaires publiques, elle a été liée avec tout ce que son temps comptait de personnages éminents, dans tous les partis et dans toutes les nationalités. Castlereagh et Canning ont été particulièrement de ses amis, ainsi que le prince de Metternich; lord Grey lui écrivait chaque matin de son lit un billet demi-politique, demi-galant. On lui a attribué une liaison avec George IV. À Paris, où elle s'était fixée après la mort de son mari, elle a été l'Égérie de M. Guizot qui passait toutes ses soirées chez elle.[Retour au Texte Principal]

Note 192: Édouard-Adolphe Saint-Maur, onzième duc de Somerset (1775-1855).[Retour au Texte Principal]

Note 193: Le 23 avril 1838. Louis-Philippe nomma le maréchal Soult ambassadeur extraordinaire de France en Angleterre pour assister au couronnement de la reine Victoria. La population de Londres fit au maréchal une réception enthousiaste; il fut le lion de toutes les fêtes. Le couronnement de la reine eut lieu le 20 juin 1838.[Retour au Texte Principal]

Note 194: «Cette apostrophe au duc de Wellington, dit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 272), me rappelle que, dans sa colère contre la statue que les ladies fashionnables dressèrent par souscription, ære feminino, au héros représenté sous les traits d'un Achille jeune et à demi-nu, M. de Chateaubriand me dit comme nous passions un jour dans ce coin de Hyde-Park: «Non, il n'a battu que le maréchal Soult; il n'a point vaincu l'invincible, et il n'a été à Waterloo que l'exécuteur de la justice divine.»[Retour au Texte Principal]

Note 195: À sa sortie du ministère, le duc de Richelieu avait projeté de faire, au printemps de 1822, un voyage à Vienne et à Odessa. Avant de partir, il était allé passer quelque temps au château de Courteille, auprès de sa femme et de sa belle-mère; là, il se sentit assez sérieusement souffrant, et se hâta de rentrer à Paris. À peine y était-il arrivé qu'une congestion cérébrale le frappait. Son vieil ami, l'abbé Nicolle, accourut à son chevet, pendant que l'abbé Feutrier, curé de l'Assomption, lui administrait les derniers sacrements. Le duc parut s'associer aux prières qu'on faisait pour lui, et serra les mains de l'abbé Nicolle; des larmes coulèrent de ses yeux; puis il expira doucement, le 17 mai 1832, à onze heures du soir; il était âgé de cinquante-cinq ans et huit mois (Souvenirs du duc de Rochechouart, p. 498).[Retour au Texte Principal]

Note 196: Henry Petty-Fitz-Maurice, 3e marquis de Lansdowne (1780-1863). De 1830 à 1858, il a fait partie de tous les ministères whigs.[Retour au Texte Principal]

Note 197: Sarah Kemble, mistress Siddons (1755-1831), fille de Roger Kemble, directeur d'une troupe ambulante, et sœur du fameux acteur J. Kemble, épousa Siddons, acteur de la troupe de son père. Elle fut surnommée la Reine de la tragédie. Le rôle de lady Macbeth était son triomphe. Selon lord Byron, elle était la perfection même et réalisait l'idéal de la tragédienne. Elle quitta le théâtre dès 1799 pour se livrer aux lettres et à l'éducation de ses enfants.[Retour au Texte Principal]

Note 198: Antoine-Louis-Marie de Gramont, duc de Guiche (1755-1836) était, à la Révolution, capitaine aux gardes du corps. Il émigra avec sa famille en Angleterre, où il servit au 10e hussards; il y était connu sous le nom de capitaine Gramont. Rentré en France avec le duc d'Angoulême, dont il fut le premier aide de camp, il devint successivement pair de France (4 juin 1814), général de division (8 août 1814), gouverneur de la 11e division militaire (30 septembre 1814). Après la révolution de juillet, il ne refusa pas le serment au nouveau gouvernement et resta à la Chambre haute jusqu'à sa mort.—Sa femme, la duchesse de Guiche, était la fille de la duchesse de Polignac. Son fils, le duc de Gramont, a été ministre des Affaires étrangères en 1870.[Retour au Texte Principal]

Note 199: Astolphe, marquis de Custine. Voir, au tome II, la note 1 de la page 298.[Retour au Texte Principal]

Note 200: Charlotte-Marie-Antoinette-Léontine de Noailles-Mouchy, née le 22 juillet 1791, fille d'Arthur-Jean-Tristan-Charles-Languedoc de Noailles, duc de Mouchy, prince de Poix, et de Nathalie-Luce-Léontine de la Borde de Méréville, la Blanca de Chateaubriand. (Voir sur Mme de Noailles-Mouchy, l'Appendice du tome II, no XII.) Léontine de Noailles épousa, le 15 avril 1809, son cousin Alfred-Louis-Dominique-Vincent de Paule, vicomte de Noailles, qui fut tué, le 28 novembre 1812, au passage de la Bérésina. Elle est morte à Mouchy-le-Châtel, le 13 septembre 1851. Chateaubriand ne dit rien de trop des agréments de la vicomtesse Alfred de Noailles, qui fut une des femmes les plus distinguées de son temps. Elle a écrit la Vie de la princesse de Poix, et ce petit livre est en son genre un chef-d'œuvre.—Mme Alfred de Noailles n'a laissé qu'une fille, Charlotte-Anne-Marie-Cécile (1810-1858), mariée à son cousin-germain Charles-Philippe-Henry de Noailles, duc de Mouchy, prince de Poix, grand d'Espagne, sénateur du second Empire (1808-1854).[Retour au Texte Principal]

Note 201: L'un des chefs du parti whig, père de lord John Russell. Le duc de Bedford et son adversaire le duc de Buckingham moururent tous les deux en 1839.[Retour au Texte Principal]

Note 202: Grenville-Nugent-Temple-Brydges-Chandos, duc de Buckingham (1776-1839). Ami personnel de George IV, il avait été créé chevalier de la Jarretière en 1820 et duc de Buckingham en 1822.[Retour au Texte Principal]

Note 203: Dudley Ryder, premier comte de Harrowby, né en 1762, mort en 1847. Fils de Nathaniel Ryder, premier baron Harrowby, il entra au Parlement en 1784 comme député de Tiverton, bourg de sa famille, devint sous-secrétaire d'État des Affaires étrangères en 1789 et, l'année suivante, contrôleur de la maison du Roi. Orateur lucide et agréable, il avait une belle prestance. Il se lia avec Pitt, à qui il servit de témoin dans le duel de celui-ci avec Tierney. La mort de son père, en 1803, le fit entrer à la Chambre des lords. Lorsque Pitt succéda à Addington comme premier ministre en 1804, Harrowby fut nommé ministre des affaires étrangères, mais il ne garda ce poste que quelques mois, ayant fait une chute grave dans l'escalier du Foreign Office. En 1809, il fut créé vicomte Sandon et comte de Harrowby. En 1812, il entra dans le cabinet en qualité de président du Conseil Privé, fonctions qu'il devait conserver jusqu'en 1827. C'était dans sa maison de Grosvenor Square que Thistlewood et ses complices, au mois de février 1820, avaient résolu d'assassiner les ministres, et ce fut à lui que le complot fut révélé. À l'époque de la retraite de lord Goderich, en 1827, il donna sa démission et se refusa à former un cabinet dont il eût été le chef, Charles Greville, secrétaire du Conseil Privé, dans son très intéressant Journal, dit de lord Harrowby, qu'il était cassant, raide, et avait quelque chose de provocateur; qu'il avait des manies, qu'il manquait de décision et que c'était un alarmiste, mais qu'il était très instruit, et, en dehors des questions de parti, très favorable aux idées libérales. Quelque temps avant sa mort, Pitt avait, paraît-il, désigné Harrowby comme l'homme le plus capable d'être son successeur; mais son humeur inégale diminuait son influence sur les gens de son parti, et il ne possédait pas un talent d'orateur suffisant pour contrebalancer ce défaut.—Le comte de Harrowby avait épousé en 1795 lady Suzan Leveson Gower, sixième fille du marquis de Stafford, une des femmes les plus remarquables de son temps, et de qui il eut quatre fils et cinq filles.[Retour au Texte Principal]

Note 204: Sir Robert Peel (1788-1850), fils d'un très riche filateur de coton, que Pitt avait créé baronnet en 1800. Il fut élu député à vingt et un ans et prit place parmi les tories. En 1822, il était ministre de l'intérieur. Entré pour la première fois au ministère à l'âge de vingt-quatre ans, il fit successivement partie des cabinets Liverpool (de 1822 à 1827) et Wellington (de 1828 à 1830). De 1841 à 1848, il tint les rênes du gouvernement en qualité de premier ministre. Il était sur le point de revenir au pouvoir lorsqu'il mourut d'une chute de cheval dans sa soixante-deuxième année.[Retour au Texte Principal]

Note 205: John Pane, comte de Westmoreland, mort en 1841. Il avait été, sous le ministère de William Pitt, lord-lieutenant d'Irlande. En 1822, il était gardien du sceau privé.[Retour au Texte Principal]

Note 206: Henri, comte de Bathurst (1762-1834). Appelé, en 1809, à faire partie du ministère, en qualité de secrétaire d'État pour la guerre et les colonies, il eut à prendre comme tel les mesures relatives au Captif de Sainte-Hélène. Sorti du ministère en 1825, il revint au pouvoir en 1828 avec les tories et eut la présidence du conseil, qu'il conserva jusqu'en 1830.[Retour au Texte Principal]

Note 207: Lord Liverpool remplissait dans le cabinet les fonctions de premier Lord de la Trésorerie.—Voir sur lui, au tome I, la note 1 de la page 321.[Retour au Texte Principal]

Note 208: John William Croker. Voir sur lui, au tome II, la note 7 de la page 199.—Né à Galway (Irlande) le 20 décembre 1780, il débuta dans la carrière des lettres par deux mordantes satires sur le théâtre et la société de Dublin (1804-1805), et par une brillante brochure intitulée: Esquisse de l'Irlande passée et présente, dans laquelle il préconisait l'émancipation des catholiques (1807). En cette même année 1807, il fut envoyé au Parlement par les électeurs de Downpatrick. Deux ans plus tard, il fut nommé secrétaire de l'Amirauté en récompense du zèle avec lequel il avait défendu le duc d'York accusé d'avoir, de concert avec sa maîtresse Mistress Clarke, trafiqué des grades dont la nomination lui appartenait en sa qualité de commandant en chef de l'armée. Croker conserva ces fonctions lucratives jusqu'en 1830. À cette époque, il se retira avec une pension de 1500 livres sterling. Lorsque la Réforme électorale fut un fait accompli (1832), il refusa de rentrer au Parlement, ne pouvant pas, disait-il, «prendre une part active à un système de gouvernement qui devait aboutir au renversement de l'Église, de la pairie et du trône, en un mot de la constitution anglaise». Il ne voulut même pas accepter une place dans le ministère de son vieil ami Robert Peel en 1834, et il rompit avec Peel lui-même, lorsque les lois sur les céréales furent abolies (1846). Il mourut le 10 août 1857.—Outre les 260 articles qu'il a donnés à la Quarterly Review, de 1809 à 1854, William Croker a publié un très grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont les Contes pour les enfants tirés de l'histoire d'Angleterre (1817); la Johnson de Boswell (1831), et les Essais sur les commencements de la Révolution française. Il est l'inventeur du nom de «Conservateur» appliqué aux tories; Disraeli l'a représenté sous les traits de Rigby dans son roman de Coningsby (1844). Sir Théodore Martin a consacré un long article des plus élogieux à Croker dans le Dictionary of National Biography; et il ne parle pas trop mal de lui-même dans ses propres Mémoires, journaux et lettres, publiées en 1884 par les soins de Louis Jennings (trois vol. in-8o).[Retour au Texte Principal]

Note 209: Ambassadeur d'Angleterre à Madrid.[Retour au Texte Principal]

Note 210: On lit dans le Journal de Charles C.-F. Greville, secrétaire du Conseil Privé, sous la date du 19 août 1822: «Les funérailles de Lord Londonderry auront lieu demain à l'abbaye de Westminster. Eu égard aux circonstances de sa mort, il eût peut-être été de meilleur goût d'éviter la pompe et la solennité de cette cérémonie, mais on défère en cela au désir exprimé par sa veuve, qui aurait considéré comme une offense à sa mémoire le refus de rendre à ses restes tous les honneurs d'usage.»[Retour au Texte Principal]

Note 211: Dans une lettre à Madame de Duras, Chateaubriand lui disait: «J'arrive des funérailles de ce pauvre homme. Nous étions tous rangés autour de la fosse dans cette vieille église de Westminster. Le duc de Wellington qui a vu tant de morts paraissait abattu; lord Liverpool se cachait le visage dans son chapeau. Un groupe de radicaux, hors de l'église, a agité ses drapeaux et poussé des cris de joie, en voyant passer le cadavre. Le peuple n'a pas répondu et a paru indigné. Je verrai longtemps ce grand cercueil, qui renfermait cet homme égorgé de ses propres mains, au plus haut point de la prospérité. Il faut se faire trappiste.»[Retour au Texte Principal]

Note 212: Charles Stuart, né le 2 janvier 1779, remplit les fonctions d'ambassadeur d'Angleterre près la cour de France de 1815 à 1824 et de 1828 à 1830. Il fut élevé à la pairie en 1828 sous le titre de lord Stuart de Rothesay. Il mourut à sa terre de Highcliff (Hampshire) le 7 novembre 1845.[Retour au Texte Principal]

Note 213: Charles, 2e comte Grey, d'abord lord Horwick (1764-1845). Entré aux Communes dès sa majorité, et enrôlé dans les rangs des whigs par la belle duchesse de Devonshire, qui mettait ses séductions au service de son parti, il y prit position comme adversaire acharné de Pitt. Premier lord de l'amirauté en 1806, puis ministre des Affaires étrangères à la mort de Fox, il ne rentra aux affaires que comme premier ministre à la chute de Wellington en 1830. Dans l'intervalle, il avait été appelé par la mort de son père à la Chambre des lords. Après avoir attaché son nom à la grande réforme parlementaire de 1832, il quitta le pouvoir en 1834 et se retira à peu près complètement de la vie publique.[Retour au Texte Principal]

Note 214: Daniel O'Connell (1775-1847). Élu en 1828 membre de la Chambre des Communes, après une lutte acharnée contre le candidat protestant, il ne put siéger parce qu'il refusa de prêter le serment de Test; mais, aussitôt après l'émancipation des catholiques, qu'il n'avait cessé de réclamer et qui était en réalité son œuvre, il entra à la Chambre (1830). Orateur admirable, ardent patriote, fervent catholique, le libérateur de l'Irlande restera l'une des plus grandes figures de ce siècle.[Retour au Texte Principal]

Note 215: Chateaubriand—ses Mémoires le prouvent de reste—aimait les citations. Sa conversation en abondait quand elle dépassait les monosyllabes ou les lieux communs de la politesse. «Il ne faut pas croire,» disait-il un jour, à Londres, à M. de Marcellus, «que l'art des citations soit à la portée de tous les petits esprits qui, ne trouvant rien chez eux, vont puiser chez les autres. C'est l'inspiration qui donne les citations heureuses. La Mémoire est une Muse, ou plutôt c'est la mère des Muses, que Ronsard fait parler ainsi:

«Grèce est notre pays, Mémoire est notre Muse.

«Les plus grands écrivains du siècle de Louis XIV se sont nourris de citations.» Chateaubriand et son temps, p. 286.[Retour au Texte Principal]

Note 216: Ce pessimisme, dont les Mémoires renferment de si nombreux témoignages, l'auteur ne se faisait pas faute de le manifester également, presque en toute rencontre, dans ses conversations. En 1844, un jour que M. de Marcellus et lui faisaient quelques pas ensemble dans son petit jardin de la rue du Bac, il dit à son ami: «Le fleuve de la monarchie s'est perdu dans le sang à la fin du siècle dernier. Entraînés par les courants de la démocratie, à peine depuis avons-nous fait quelques haltes sur la boue des écueils. Mais le torrent nous submerge: et c'en est fait en France de la vraie liberté politique et de la dignité de l'homme.»[Retour au Texte Principal]

Note 217: Congrès de Vérone, Guerre d'Espagne, Négociations, Colonies espagnoles, par M. de Chateaubriand. Deux volumes in-8o, Paris, chez Delloye. 1838.[Retour au Texte Principal]

Note 218: Voir l'Appendice no V: Le Congrès de Vérone et la Guerre d'Espagne.[Retour au Texte Principal]

Note 219: Alphonse-Valentin Vaysse, vicomte de Rainneville (1798-1864). Il était en 1824 maître des requêtes, directeur des bureaux près le ministre des finances, et l'un des plus habiles collaborateurs de M. de Villèle, qui ne tarda pas à en faire un conseiller d'État. Député de la Loire, de 1846 à 1848, il fit une opposition modérée au ministère Guizot, et quitta la vie politique à la révolution de février.[Retour au Texte Principal]

Note 220: Voir l'Appendice no VI: Le renvoi de Chateaubriand.[Retour au Texte Principal]

Note 221: Ce petit couplet en l'honneur de l'opposition systématique n'est pas seulement très spirituel, il exprime encore une idée très juste et très vraie. Un des hommes qui ont le plus étudié et le mieux connu la théorie et la pratique du gouvernement représentatif, M. de Cormenia, dans son Livre des Orateurs, ne parle pas autrement que Chateaubriand: «Vous dites que vous êtes indépendants et que vous ne relevez que de votre conscience. C'est fier! c'est beau! Mais votre prétendue conscience n'est que de l'orgueil, votre prétendue indépendance n'est que de l'anarchie. Autant de têtes, autant d'opinions; autant de soldats, autant de capitaines. Je vois des combattants, mais point d'armée; je vois des opposants, mais point d'opposition. Sachez donc que toute opposition qui n'est pas systématique n'a pas de caractère, de principe, d'influence, de but, ni même de nom. Elle ne fait pas les affaires de la France, elle ne fait pas même les siennes. C'est un bariolage de couleurs rouges, bleues, jaunes, blanches, vertes, avec leurs teintes plus ou moins foncées. Le merveilleux tableau que cela fait!» (Tome I, p. 64.)[Retour au Texte Principal]

Note 222: Le mot que rapporte ici Chateaubriand fut dit, non par M, de Corbière, mais par le baron de Damas, ministre de la guerre. On lit dans les Mémoires du comte de Villèle: «Après la signature du renvoi de M. de Chateaubriand, je dus assigner à mes collègues une réunion du conseil après la messe et la réception du Roi. Grande fut notre surprise d'entendre le baron de Damas se féliciter hautement de ce qui venait d'avoir lieu, en déclarant que si le Roi n'avait pas pris ce parti, il était bien résolu à signifier, à la première occasion, à M. de Chateaubriand, qu'il fallait que l'un des deux quittât le conseil.»[Retour au Texte Principal]

Note 223: Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru (1769-1850), pair de France et maréchal de camp. Il était ambassadeur à Madrid.[Retour au Texte Principal]

Note 224: François-Joseph-Maximilien Gérard, comte de Rayneval (1778-1836). Il était alors ambassadeur à Berlin. Quand éclata la révolution de juillet, il était ambassadeur à Vienne. Rappelé à Paris, il se tint d'abord à l'écart, mais ne tarda pas à se rallier au nouveau gouvernement. Casimir Périer le fit nommer ambassadeur à Madrid (février 1832). Sa santé s'étant gravement altérée en Espagne, il succomba, à Sainte-Ildefonse, le 16 août 1836, au cours d'un voyage qu'il fit pour rejoindre la reine Isabelle.[Retour au Texte Principal]

Note 225: Victor-Louis-Charles Riquet, marquis, puis duc de Caraman (1762-1839). Il était depuis 1816 ambassadeur à Vienne. Pair de France depuis 1815, maréchal de camp depuis 1830, il se rallia au gouvernement issu de la révolution de juillet. Malgré son grand âge, il accompagna le maréchal Clausel dans l'expédition de Constantine (octobre 1837), et vit périr, devant cette place, Victor de Caraman, son fils, qui commandait l'artillerie de siège.[Retour au Texte Principal]

Note 226: Ambassadeur de France à Lisbonne.[Retour au Texte Principal]

Note 227: Un an plus tard, le 3 juillet 1825, le baron Hyde de Neuville annonçait à son tour à son ami Chateaubriand que son ambassade venait de lui être enlevée:

«Mon noble ami,

«Vous m'avez annoncé votre sortie du ministère. Je vous fais savoir à mon tour que je ne suis plus ambassadeur.

«On me frappe parce que je vous ai suivi. Tant mieux, cela doit resserrer nos liens d'amitié; que Dieu soit loué, le Roi béni!

«The king can do wrong.

«Tout à vous,

«Hyde de Neuville.»

Il reçut la réponse suivante:

«Bravo! mon cher ami, qu'ils s'en prennent à des hommes comme vous, et ils n'iront pas loin. Je ne puis vous offrir par quartiers les cinq mille francs que vous aviez mis à ma disposition; mais j'ai encore quelques assiettes de porcelaine à votre service, et si vous en avez besoin, nous les vendrons.

«Pauvre France! À vous plus que jamais.

«Chateaubriand[Retour au Texte Principal]

Note 228: Ambassadeur à Naples.[Retour au Texte Principal]

Note 229: Ambassadeur à Saint-Pétersbourg.[Retour au Texte Principal]

Note 230: Chateaubriand eut sans doute à écrire bien d'autres lettres à l'occasion de son renvoi du ministère. Au comte de Montlosier, son ancien camarade d'émigration à Londres, qui lui avait fait parvenir, du fond de son Auvergne, une lettre de condoléances, il répondait, le 20 juin 1824, par ce joli billet:

«Je vous remercie, mon ancien ami. Si vous aviez été à Paris, j'aurais reçu avec reconnaissance les conseils de votre expérience et de vos lumières. Vos troupeaux sont moins difficiles à gouverner que ceux que je conduisais. Il vous reste au moins une montagne et des moutons. Moi, je n'ai qu'un grenier et deux chattes qui regretteront, je vous assure, plus que moi, le ministère. Il est dur de passer d'un perdreau à une souris. Aussi j'entre dans leurs peines. Au reste, vous voyez que l'on m'a mis à la porte, comme si j'avais volé la montre du roi sur la cheminée. Si vous entendez dire cela dans votre Auvergne, défendez-moi, je vous prie. Je vous assure que je suis sorti du ministère les mains nettes. Conservez-moi bien votre amitié et comptez à jamais sur la mienne.

«Chateaubriand.»[Retour au Texte Principal]

Note 231: Lord Keith (1685-1778), maréchal héréditaire d'Écosse, plus connu sous le nom de Milord Maréchal. S'étant déclaré pour les Stuarts, il avait dû quitter la Grande-Bretagne et s'était retiré en Prusse, où il avait gagné l'amitié de Frédéric II. Il était gouverneur de Neuchâtel, lorsque Rousseau, chassé de France, de Genève et du canton de Berne, vint se réfugier à Motiers-Travers au mois de juillet 1762. Milord Maréchal ne se borna pas à le couvrir de sa protection, allant jusqu'à l'appeler son fils; il lui assura une rente viagère de six cents livres, dont quatre cents réversibles sur la tête de Mlle Le Vasseur, la compagne de Rousseau. D'Alembert a écrit un Éloge de Milord Maréchal (1779).[Retour au Texte Principal]

Note 232: Marmite de terre sans pieds où l'on fait cuire les viandes sans bruit, sur un fourneau, parce qu'on prétend que les huguenots de France avaient cette précaution pour éviter le scandale aux jours défendus (Dictionnaire de Littré).[Retour au Texte Principal]

Note 233: Isabelle-Agnès Van Tuyll, Mme de Saint-Hyacinthe de Charrière, née en 1745 à Utrecht. En 1767, elle épousa l'instituteur de son frère, de Charrière, gentilhomme vaudois, et alla résider avec lui en Suisse, près de Neuchâtel. Elle écrivit là, pour elle et pour ses amis, plutôt que pour le public, des romans dont la réputation ne se fit qu'après sa mort. Son premier ouvrage, les Lettres Neuchâteloises (1784), est un chef-d'œuvre, au jugement de Sainte-Beuve: «Un pathétique discret et doucement profond, dit-il, s'y mêle à la vérité railleuse, au ton naïf des personnages, à la vie familière et de petite ville prise sur le fait. Quelque chose du détail hollandais... avec une rapidité bien française... Rien qui sente l'auteur; rien même qui sente le peintre.» Vinrent ensuite plusieurs autres romans, dont les meilleurs sont: Caliste ou Lettres écrites de Lausanne (1786), et les Trois femmes (1797). Sainte-Beuve a consacré à Mme de Charrière, dans ses Portraits de femmes, une de ses plus pénétrantes études.[Retour au Texte Principal]

Note 234: Personnages des Lettres Neuchâteloises.[Retour au Texte Principal]

Note 235: Louis Fauche-Borel (1762-1829) était imprimeur à Neuchâtel au moment de la Révolution française. Il se voua à la cause des Bourbons et fut jusqu'en 1814 un de leurs agents les plus actifs; il leur servit notamment d'intermédiaire auprès de Pichegru, de Barras et de Moreau. Emprisonné sous le Directoire, jeté au Temple sous le Consulat, il ne sortit de cette dernière prison, après 18 mois de captivité, que sur la demande du roi de Prusse, qui le réclama comme un de ses sujets. Après la Restauration, il ne fut payé que d'ingratitude et retourna à Neuchâtel, où il vécut dans la misère et où il mit fin à ses jours en se précipitant par une fenêtre, comme le dit Chateaubriand. Il a laissé des Mémoires (1830, 4 vol. in-8o), qui renferment de curieuses révélations.[Retour au Texte Principal]

Note 236: Louis, comte de Pourtalès (1773-1848), gouverneur de Neuchâtel. Il était aussi riche que son compatriote Fauche-Borel était pauvre. Son père avait fait dans le commerce une fortune qui dépassait cent millions.[Retour au Texte Principal]

Note 237: Le maréchal Berthier avait été créé, le 31 mars 1806, prince souverain de Neuchâtel. En même temps, Napoléon lui faisait épouser la nièce du roi de Bavière; en 1809, il le nommait vice-connétable et prince de Wagram. Berthier n'en fut pas moins des plus empressés à abandonner l'Empereur en 1814. À l'époque des Cent-Jours, il se retira à Bamberg, en Bavière, et, le 1er juin 1815, dans un accès de folie, il se précipita des fenêtres du château sur le pavé et se tua.[Retour au Texte Principal]

Note 238: Le 13 septembre, le Roi avait reçu les derniers sacrements de la main du grand aumônier, en présence de la famille royale. «Il reçut, dit Lamartine, avec une piété recueillie et avec une liberté d'attention complète les saintes cérémonies, répondant quelquefois lui même par des versets de psaumes latins aux versets psalmodiés par les pontifes. Il remercia le clergé et prit un congé éternel des officiers de sa maison... Le mourant, après ces cérémonies et ces adieux, resta entouré seulement de son frère, de son neveu, de la duchesse d'Angoulême et de quelques serviteurs, dans des assoupissements interrompus de courts réveils, sans agonie, sans délire, sans douleur. À l'aube du jour, le 16 septembre, jour qu'il avait fixé lui-même à ses médecins pour le terme de ses forces, le premier médecin (le baron Portal) entr'ouvrit ses rideaux et prit son bras pour s'assurer si le pouls battait encore: le bras était chaud, mais le pouls ne battait plus dans l'artère. Le roi dormait du dernier sommeil. M. Portal leva la couverture, et se retournant du côté des assistants: «Le roi est mort, messieurs», dit-il en s'inclinant devant le comte d'Artois, «Vive le Roi!»—Histoire de la Restauration, tome VII, p. 396.—Le maréchal Marmont, duc de Raguse, assistait aux derniers moments du roi; il en parle ainsi dans ses Mémoires: «La mort de Louis XVIII est un des spectacles les plus admirables dont j'aie jamais été témoin. Il s'est montré avec la physionomie d'un sage de l'antiquité au moment de cette grande épreuve. Il n'est pas de grand homme dont la vie ne serait honorée par une telle mort.» (Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, t. VII, p. 311.)[Retour au Texte Principal]

Note 239: Dans cette brochure, Chateaubriand parlait en ces termes de la mort de Louis XVIII: «Depuis longtemps, il est donné au peuple le plus brave d'avoir à sa tête les princes qui meurent le mieux: par les exemples de l'Histoire, on serait autorisé à dire: mourir comme un Bourbon, pour exprimer tout ce qu'un homme peut mettre de magnanimité dans sa dernière heure. Louis XVIII n'a point démenti cette intrépidité de famille. Après avoir reçu le saint Viatique au milieu de sa cour, le fils aîné de l'église a béni d'une main défaillante, mais d'un front serein, ce frère encore appelé à un lit funèbre, ce neveu qu'il nommait le fils de son choix, cette nièce deux fois orpheline, et cette veuve deux fois mère.»[Retour au Texte Principal]

Note 240: Samedi 28 mai 1825. Le sacre eut lieu le dimanche 29 mai.[Retour au Texte Principal]

Note 241: Il y a bien du dépit dans ces pages sur le sacre. Charles X avait conservé M. de Villèle à la présidence du conseil; il n'avait pas rappelé Chateaubriand: dès lors tout était mal.[Retour au Texte Principal]

Note 242: Chateaubriand avait dit, en effet, dans la brochure à laquelle il avait donné pour titre le vieux cri de la monarchie: Le roi est mort! vive le Roi! «Supplions humblement Charles X d'imiter ses aïeux: trente-deux souverains de la troisième race ont reçu l'onction royale, c'est-à-dire tous les souverains de cette race, hormis Jean Ier, qui mourut quatre jours après sa naissance, Louis XVII et Louis XVIII qui furent investis de la royauté, l'un dans la tour du Temple, l'autre sur la terre étrangère. Tous ces monarques furent sacrés à Reims: Henri IV le fut à Chartres, où l'on trouve encore dans les registres de la ville une dépense de 9 francs pour une pièce mise au pourpoint du roi: c'était peut-être à l'endroit du coup d'épée que le Béarnais reçut à la journée d'Aumale.»—Chateaubriand, en reproduisant cet écrit dans ses Œuvres complètes, ajoute la note suivante: «Je laisse ce paragraphe tel qu'il est, mais je dois dire que Louis le Gros fut sacré à Orléans. Henri et Louis le Gros ne furent pas sacrés à Reims; le premier, parce que Reims était encore entre les mains de la Ligue, et le second parce que deux archevêques de Reims étaient en contestation pour le siège de cette métropole.»[Retour au Texte Principal]

Note 243: Archevêque de Reims. Ce fut lui qui sacra Hugues Capet.[Retour au Texte Principal]

Note 244: Ce livre a été écrit en 1839.[Retour au Texte Principal]

Note 245: Marthe-Camille Bachasson, comte de Montalivet (1801-1880). Il hérita du titre de pair à la suite de la mort de son père (22 janvier 1823) et de celle de son frère aîné (12 octobre 1823), mais il ne fut admis à siéger à la Chambre haute que le 12 mai 1826, en raison de son âge. Dès la première année de son admission, il se montra le défenseur des idées constitutionnelles, et fit paraître (1827) une brochure intitulée: Un jeune pair de France aux Français de son âge. Plusieurs fois ministre de 1830 à 1839, il se consacra tout entier, à dater de 1839, à ses fonctions d'intendant général de la liste civile, qu'il occupa jusqu'au 24 février 1848. Élu sénateur inamovible le 14 février 1879, il mourut le 4 janvier 1880.[Retour au Texte Principal]

Note 246: Narcisse-Achille, comte de Salvandy (1795-1856). Il publia de 1824 à 1827 un grand nombre de brochures politiques et fut, à la même époque, l'un des principaux rédacteurs du Journal des Débats. On l'appelait le clair de lune de Chateaubriand, dont il imitait le style, non sans succès; il arriva même parfois qu'on attribua au grand écrivain quelques-uns de ses articles. En 1835, il fut élu membre de l'Académie française. Deux fois ministre de l'instruction publique, d'avril 1837 à mars 1839, dans le cabinet Molé, et, de février 1845 à février 1848, dans le ministère Guizot, il signala son passage au pouvoir par de sages et libérales réformes et par son amour éclairé des lettres.[Retour au Texte Principal]

Note 247: Prosper-Léon Duvergier de Hauranne (1798-1881). Il prit, dans les dernières années de la Restauration, une part très active à la rédaction du journal le Globe. Député de 1831 à 1848, il joua, dans les chambres de la monarchie de Juillet, un rôle considérable, sans jamais être ministre, si ce n'est pendant quelques heures, le 23 février 1848. Représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849, il s'y fit le champion des idées les plus conservatrices. Sous l'Empire, il se consacra tout entier à écrire une Histoire du gouvernement parlementaire en France, qui ne forme pas moins de dix volumes et qui lui valut d'être nommé, le 19 mai 1870, membre de l'Académie française.[Retour au Texte Principal]

Note 248: Henri-Joseph Gisquet (1792-1866). Il remplit les fonctions de préfet de police du 14 octobre 1831 au 6 septembre 1836, et c'est sous son administration que Chateaubriand, comme nous le verrons plus tard, fut emprisonné, au mois de juin 1832. Malheureusement pour M. Gisquet, son nom s'est trouvé mêlé à d'autres affaires bien autrement fâcheuses. Il avait été, sous la Restauration, l'un des chefs de la maison Périer. Après 1830, au milieu des menaces et des préparatifs de guerre européenne, il fut chargé par le gouvernement de l'achat de 300 000 fusils, et parvint à négocier l'acquisition de 566 000 armes de provenance anglaise. La presse de l'opposition dirigea à ce propos contre le commissionnaires et les ministres, particulièrement M. Casimir Périer et le maréchal Soult, de graves accusations. La Tribune et la Révolution furent saisies et comparurent en cour d'assises, le 29 octobre 1831. Il fut établi aux débats que M. Gisquet, associé de la maison Périer, avait traité l'affaire pour son propre compte, avait payé très cher des fusils défectueux, et qu'une partie de ces armes, refusée sous le ministère Gérard, avait été acceptée sous le ministère Soult. Jusqu'en 1848, les «fusils Gisquet» furent une arme entre les mains de l'opposition.—À la fin de 1838, de vagues rumeurs accusèrent l'ex-préfet de police, devenu conseiller d'État et député de Saint-Denis, de concussions auxquelles il aurait mêlé sa maîtresse et sa famille. Le Messager, qui s'en fit l'écho, fut poursuivi en diffamation par M. Gisquet et condamné au minimum de la peine (500 francs d'amende), après des paroles de l'avocat du roi, M. Plougoulm, qui faisaient pressentir les rigueurs du pouvoir contre le plaignant (28 décembre). En effet, M. Gisquet fut destitué le lendemain de ses fonctions de conseiller d'État. À la fin de la session il ne se représenta pas à la députation. Il ne devait plus reparaître sur la scène politique.[Retour au Texte Principal]

Note 249: Au jugement de Sainte-Beuve, ses articles de cette époque sont les meilleurs qu'il ait écrits, et on y doit voir le chef-d'œuvre de la polémique au XIXe siècle. «Autant M. de Chateaubriand, dit Cormenin (Livre des Orateurs, I, 127), est gracieux, coloré, sublime, inventif dans ses poèmes d'Atala, de René et des Martyrs, autant il est correct, grammatical et sévère dans la forme de sa polémique. Ici, point de phrases à effet, point de contours saillants, point de mouvements accidentés, point de véhémence. C'est une discussion sage et tempérée. Chose remarquable! don singulier de l'appropriation! Ce poète vous expliquera mieux que beaucoup de financiers le jeu des rentes et de l'amortissement. Cet homme d'imagination entrera plus avant qu'un jurisconsulte dans l'esprit et les détails d'une loi civile. Quelquefois, en grand écrivain, il relève la vulgarité de l'idée par la hardiesse du mot. Quelquefois, il vous ramène des hauteurs du débat, par la familiarité de l'expression. Ou bien, il entrecoupe le cours uni de la narration par une image éblouissante, par une allusion historique, par un tour inattendu, par un trait, par une date, par un mot tel que Chateaubriand sait les dire.»[Retour au Texte Principal]

Note 250: Les articles de Chateaubriand, du 21 juin 1824 au 18 décembre 1826, parurent dans le Journal des Débats.[Retour au Texte Principal]

Note 251: Article du 28 juin 1824.—Œuvres complètes, tome XXVI, p. 344.[Retour au Texte Principal]

Note 252: Article du 5 juillet 1824.—Tome XXVI, p. 353.[Retour au Texte Principal]

Note 253: Louis-Guillaume Ternaux (1763-1833), célèbre industriel, député de 1818 à 1821 et de 1827 à 1831. Une ordonnance royale du 17 novembre 1819 lui conféra le titre de baron. On lui doit l'introduction en France des chèvres du Thibet, la fabrication des beaux cachemires, dits Ternaux, qui rivalisent avec ceux de l'Inde, et l'établissement de silos pour la conservation des grains.—M. Mortimer-Ternaux, à qui l'on doit l'excellente Histoire de la Terreur, était son neveu.[Retour au Texte Principal]

Note 254: Sur le général Fabvier, voir, au tome III, la note 2 de la page 385.[Retour au Texte Principal]

Note 255: Note sur la Grèce, 1825, in-8o. Elle reparut en 1826 avec de nouveaux développements. C'est un des plus éloquents écrits de Chateaubriand. La première édition était précédée de cet Avertissement: «Ce n'est point un livre, pas même une brochure qu'on publie; c'est, sous une forme particulière, le prospectus d'une souscription, et voilà pourquoi il est signé: c'est un remerciement et une prière qu'un membre de la Société en faveur des Grecs adresse à la piété nationale; il remercie des dons accordés; il prie d'en apporter de nouveaux; il élève la voix au moment de la crise de la Grèce; et comme, pour sauver ce pays, les secours de la générosité des particuliers ne suffiraient peut-être pas, il cherche à procurer à une cause sacrée de plus puissants auxiliaires.»[Retour au Texte Principal]

Note 256: Opinion de M. le vicomte de Chateaubriand sur le projet de loi relatif à la répression des délits commis dans les Échelles du Levant.—Chambre des pairs, séance du 13 mars 1826.[Retour au Texte Principal]

Note 257: Chateaubriand avait cédé au libraire Ladvocat la propriété de ses œuvres complètes, moyennant une somme de sept cent mille francs. «Pendant le reste du jour, dit un de ses biographes, l'abbé Clergeau, qui fut aussi son aumônier, l'éditeur refit ses calculs, qui se continuèrent toute la nuit, restée pour lui sans sommeil. Il s'était trompé! Ce marché était pour lui un désastre. Dès le matin, il va trouver M. de Chateaubriand: «Monsieur le vicomte, je suis perdu.—Comment cela?—Dans le contrat que j'ai passé hier avec vous, je suis en perte de 200 000 francs.—Vous arrivez à temps, car j'allais déléguer mes droits pour l'hospice Marie-Thérèse qu'érige Mme de Chateaubriand.» Le grand écrivain donna, en effet, à l'hospice Marie-Thérèse, une grande partie des fonds qu'il toucha. La faillite du libraire Ladvocat lui fit perdre presque entièrement ceux qu'il s'était réservés pour «assurer la paix de sa vie».[Retour au Texte Principal]

Note 258: Jeanne-Isabelle-Pauline Polier de Bottens, baronne de Montolieu, née le 7 mai 1751, à Lausanne, morte le 29 décembre 1832. Son premier ouvrage, Caroline de Lichtfield (1786) est aussi le meilleur. C'est un roman bien composé, qui a de l'intérêt et du charme. Elle a publié plus de cent volumes, qui sont, pour la plupart, imités ou traduits assez librement de l'allemand ou de l'anglais. Celui qui eut le plus de vogue est Le Robinson suisse, traduit de Wyss (1813, 2 vol. in-12), et sa Continuation (1824, 3 volumes in-12).[Retour au Texte Principal]

Note 259: La marquise de Custine.[Retour au Texte Principal]

Note 260: Astolphe de Custine, fils de la marquise.[Retour au Texte Principal]

Note 261: Louis-Philippe-Enguerrand de Custine, fils unique de Léontine de Saint-Simon de Courtomer et d'Astolphe de Custine, mort à l'âge de trois ans, le 2 janvier 1826. Il est enterré dans la chapelle du château de Fervacques entre sa mère et sa grand'mère.[Retour au Texte Principal]

Note 262: M. Berstœcher était l'ancien précepteur d'Astolphe de Custine.[Retour au Texte Principal]

Note 263: Caliste ou Lettres écrites de Lausanne, roman de Mme de Charrière.[Retour au Texte Principal]

Note 264: Cette longue note (pages 120-123 de la nouvelle édition de l'Essai, publiée en 1826) est une excellente page de critique littéraire. Elle mériterait d'être reproduite en entier. En voici la fin: «Je ne me reproche point mon enthousiasme pour les ouvrages de Rousseau; je conserve en partie ma première admiration, et je sais à présent sur quoi elle est fondée. Mais si j'ai dû admirer l'écrivain, comment ai-je pu excuser l'homme? Comment n'étais-je pas révolté des Confessions sous le rapport des faits? Eh quoi! Rousseau a cru pouvoir disposer de la réputation de sa bienfaitrice! Rousseau n'a pas craint de rendre immortel le déshonneur de Mme de Warens! Que dans l'exaltation de sa vanité, le citoyen de Genève se soit considéré comme élevé au-dessus du vulgaire pour publier ses propres fautes (je modère mes expressions), libre à lui de préférer le bruit à l'estime. Mais révéler les faiblesses de la femme qui l'avait nourri dans sa misère, de la femme qui s'était donnée à lui! mais croire qu'il couvrira cette odieuse ingratitude par quelques pages d'un talent inimitable, croire qu'en se prosternant aux pieds de l'idole qu'il venait de mutiler, il lui rendra ses droits aux hommages des hommes! c'est joindre le délire de l'orgueil à une dureté, à une stérilité de cœur dont il y a peu d'exemples. J'aime mieux supposer, afin de l'excuser, que Rousseau n'était pas toujours maître de sa tête: mais alors ce maniaque ne me touche point; je ne saurais m'attendrir sur les maux imaginaires d'un homme qui se regarde comme persécuté, lorsque toute la terre est à ses pieds, d'un homme à qui l'on rend peut-être plus qu'il ne mérite. Pour que la perte de la raison puisse inspirer une vive pitié, il faut qu'elle ait été produite par un grand malheur, ou qu'elle soit le résultat d'une idée fixe, généreuse dans son principe. Qu'un auteur devienne insensé par les vertiges de l'amour-propre; que toujours en présence de lui-même, ne se perdant jamais de vue, sa vanité finisse par faire une plaie incurable à son cerveau, c'est de toutes les causes de folie celle que je comprends le moins, et à laquelle je puis le moins compatir.»[Retour au Texte Principal]

Note 265: L'empereur Alexandre mourut à Taganrog, le 1er décembre 1825.[Retour au Texte Principal]

Note 266: Voir, à l'Appendice, le no VIII: La mort de Mathieu de Montmorency.[Retour au Texte Principal]

Note 267: Article du 8 août 1825, sur la Conversion des rentes. Œuvres complètes, tome XXVI, p. 411.[Retour au Texte Principal]

Note 268: Article du 24 octobre 1825, sur le discours d'adieu du président des États-Unis au général La Fayette.—Tome XXVI, p. 490.[Retour au Texte Principal]

Note 269: 30 octobre 1825.[Retour au Texte Principal]

Note 270: Le général Foy mourut le 28 novembre 1825, et Manuel le 20 août 1827.[Retour au Texte Principal]

Note 271: M. de Serre mourut à Castellamare (Italie) le 21 juillet 1824. Camille Jordan était mort le 19 mai 1821.[Retour au Texte Principal]

Note 272: Le 29 décembre 1826, M. de Peyronnet avait, au nom du gouvernement, déposé sur le bureau de la Chambre des députés un projet de loi sur la presse, qui souleva, immédiatement une très vive opposition. Dès le 11 janvier 1827, Charles Lacretelle proposa à ses confrères de l'Académie française de délibérer sur les moyens de faire parvenir au roi l'expression de leurs inquiétudes et de leur douleur. Le 16 janvier, il soumit à l'Académie la proposition d'une supplique au roi. La discussion s'ouvrit alors sur l'opportunité et la légalité de cette démarche. Fortement soutenu par MM. Lemercier, de Tracy, Villemain, Michaud, Andrieux, de Ségur, Brifaut et Raynouard, le projet d'adresse fut combattu par MM. Auger, Cuvier et Roger. M. de Lally-Tolendal demanda s'il était raisonnable d'espérer qu'on serait écouté: «Pourquoi faire une demande qui devait demeurer sans succès?» Chateaubriand répondit que la conscience ne se déterminait point par les chances plus on moins probables d'un résultat utile. «On risque tous les jours, dit-il, sa fortune et sa vie sans espoir de succès, et l'on fait bien: on remplit un devoir dont le résultat est au moins l'estime publique.» On alla aux voix. Sur vingt-neuf académiciens présents, dix-huit se prononcèrent pour le projet de supplique. La rédaction en fut confiée à MM. Lacretelle, Chateaubriand, Villemain. Le directeur, M. de Laplace, chargé de présenter la supplique, demanda à être reçu par le roi, mais l'audience ne fut pas accordée. «L'Académie, dit le Moniteur du 27 janvier, a décidé que la supplique qu'elle avait votée, et dont elle avait ordonné la transcription sur les registres, ne serait point publiée.» Histoire de l'Académie française, par Paul Mesnard, p. 305.[Retour au Texte Principal]

Note 273: Un article, sorti du ministère de la justice et publié dans le Moniteur du 5 janvier 1827, contenait ce passage: «Le discours de M. le garde des sceaux, pour exposer les motifs de la loi sur la liberté de la presse, avait rassuré tous les vrais amis de cette liberté. Si quelque chose vient encore effrayer les esprits, ce sont ces articles violents et calomniateurs qui, prévenant le débat, remplacent le calme des discussions par l'impétuosité des injures et demandent, dans leur dérisoire impartialité, que l'on forge des armes pour l'attaque et des chaînes pour la défense. La loi présentée veut être une loi de justice et d'amour.» Cette expression, singulièrement maladroite et fâcheuse, revint ricocher contre la loi, et lui fut désormais appliquée, comme un sobriquet à la fois odieux et ridicule.[Retour au Texte Principal]

Note 274: Opinion sur le projet de loi relatif à la police de la presse.—1827, in-8o de 104 pages. Ce discours ne fut pas prononcé, le projet de loi ayant été retiré par le gouvernement.—Les articles, brochures et discours de Chateaubriand en faveur de la liberté de la presse, au cours des deux années 1827 et 1828, remplissent un volume entier, le tome XXVII des Œuvres complètes.[Retour au Texte Principal]

Note 275: La fête du roi se célébrait le 4 novembre, le jour de la Saint-Charles.[Retour au Texte Principal]

Note 276: Article du 3 novembre 1825.—Tome XXVI, p. 501.[Retour au Texte Principal]

Note 277: «Cette apostrophe pleine de tristesse et de sanglots, dit ici M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 307), appelle dans nos yeux les larmes qui mouillaient les joues de l'auteur en l'écrivant; et plus d'une fois j'ai surpris pleurant tout seul M. de Chateaubriand qui ne pleurait devant personne.»[Retour au Texte Principal]

Note 278: Adoptée par la Chambre des députés, le 12 mars 1827, par 233 voix contre 134, la loi sur la presse avait été portée à la Chambre des pairs, qui nomma une commission nettement hostile. Le 17 avril le gouvernement retira le projet. Dans la soirée, on donna un charivari à M. de Villèle aux cris de Vive le Roi! Vivent les pairs! À bas les ministres! À bas les jésuites! Une démonstration analogue eut lieu sous les fenêtres de la duchesse de Berry. Le 18, Paris illumina, une foule immense envahit les rues et les places, mêlant à ses cris de joie des cris de haine contre les jésuites et contre les ministres. Le 19, ces manifestations prirent un caractère plus sérieux. Il y eut des promenades d'étudiants portant des drapeaux; les ouvriers imprimeurs parcoururent la ville en célébrant la victoire remportée sur le gouvernement; les chiffonniers, à qui l'on avait persuadé que la nouvelle loi tuerait leur industrie, firent aussi leur démonstration, ce qui leur valut de recevoir une belle Épître de M. Viennet.[Retour au Texte Principal]

Note 279: Joseph Michaud, directeur de la Quotidienne. Voir, au tome II, la note 1 de la page 367.[Retour au Texte Principal]

Note 280: Jean-Baptiste-Honoré-Raymond Capefigue (1802-1872), publiciste et historien. Il a publié, sur l'histoire de France, plus de cent volumes, qui, pour avoir été hâtivement composés, n'en ont pas moins une très réelle valeur. Ses meilleurs ouvrages sont: l'Europe pendant le Consulat et l'Empire de Napoléon (10 vol. in-8o) et l'Histoire de la Restauration (10 vol. in-8o). Il était, en 1827, un des rédacteurs de la Quotidienne.[Retour au Texte Principal]

Note 281: François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld, duc de Liancourt (1747-1827), député à l'Assemblée constituante de 1789, représentant à la Chambre des Cent-Jours, pair de France. À la tête d'un très grand nombre d'œuvres charitables, fondateur de la première caisse d'épargne de France, l'un des principaux propagateurs de l'enseignement mutuel, il jouissait d'une extrême popularité. Il mourut le 27 mars 1827, et ses funérailles coïncidèrent avec l'agitation qui s'était produite à l'occasion de la loi sur la presse. Elles furent marquées par de pénibles incidents. Les élèves de l'École des arts et métiers de Châlons ayant voulu, malgré la défense du commissaire de police, porter eux-mêmes le cercueil et s'opposer à ce qu'il fût déposé sur le char, au sortir de l'église de l'Assomption, une lutte s'engagea entre eux et les soldats de l'escorte d'honneur envoyée aux obsèques du duc qui, comme officier général, avait droit à un bataillon. Au milieu de la bagarre, le cercueil tomba dans la boue, et les insignes de la pairie qui le décoraient furent foulés aux pieds.[Retour au Texte Principal]

Note 282: Le marquis de Semonville, grand référendaire de la Chambre des pairs. Il conserva ces fonctions jusqu'au 31 septembre 1834 et fut alors remplacé par le duc Decazes.[Retour au Texte Principal]

Note 283: Elle eut lieu le 29 avril 1827.[Retour au Texte Principal]

Note 284: Le récit de Chateaubriand est pleinement confirmé par les Souvenirs inédits de la Duchesse de Reggio. Voir le Maréchal Oudinot, duc de Reggio, p. 466.—1894.[Retour au Texte Principal]

Note 285: L'ordonnance de licenciement, signée par le roi le soir même de la revue, figure en première ligne dans le Moniteur du 30 avril.[Retour au Texte Principal]

Note 286: Le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville était, depuis 1824 ministre de la maison du roi. M. de Chabrol, ministre de la marine, quoiqu'il eût été contraire au licenciement, continua à faire partie du ministère, ainsi que l'évêque d'Hermopolis (Mgr Frayssinous), ministre des affaires ecclésiastiques et de l'instruction publique, qui aurait voulu qu'on se contentât de dissoudre une ou deux légions.[Retour au Texte Principal]

Note 287: François-Régis, comte de La Bourdonnaye (1767-1839). Député de Maine-et-Loire de 1815 à 1830, il siégea constamment à l'extrême-droite. Au mois d'août 1829, il eut, dans le ministère Polignac, le portefeuille de l'intérieur, mais donna sa démission dès le 8 novembre de la même année, au moment où le prince de Polignac fut nommé président du conseil. Le 27 janvier 1830, il fut élevé à la pairie, six mois avant la révolution qui devait mettre fin à sa carrière politique. Cormenin a dit de lui, dans son Livre des orateurs (tome II, p. 7): «À la tête des ultra-royalistes, brillait M. de La Bourdonnaye... Contre-révolutionnaire trempé à la manière des anciens conventionnels, subjugué par la raison d'État; plus impérieux qu'habile, et qui ne manquait dans son langage, ni d'élévation ni de vigueur.»[Retour au Texte Principal]

Note 288: Le prince de Polignac avait été nommé ambassadeur à Londres au mois de février 1823. Quoiqu'en dise ici Chateaubriand, il y fit très bonne figure et se montra le digne interprète de la politique française. Plus d'une fois, Chateaubriand eut occasion, comme ministre des affaires étrangères, de féliciter le prince de la manière dont il défendait en Angleterre les intérêts de la France. Lui ayant exprimé un jour le désir de lui voir signer un traité, afin que le roi pût le mettre sur le même pied que M. de Talaru qui venait de signer le traité avec l'Espagne, il reçut de M. de Polignac ce billet, modèle de bon sens et de bon goût:

«Je vous remercie, mon cher vicomte, du désir que vous m'exprimez de me voir signer un traité pour me mettre sur le même pied que le marquis de Talaru. Mais je n'ai rien à signer de ce côté de l'eau, qu'un traité de commerce, et je vous engage à n'en pas faire; qu'un traité de paix, et j'espère vous éviter la guerre; et mon tardif arrangement relatif aux huîtres de Granville, et, dans ce cas, je ne réclame qu'une mention honorable au Rocher de Cancale (célèbre restaurant du temps). Au poste où je suis, il y a à acquérir plus de gloire que de profit, et plus d'honneur que d'honneurs.»

Cette lettre est datée du 20 février 1824.[Retour au Texte Principal]

Note 289: Chateaubriand se trompe ici lui-même et calomnie, sans le savoir, ces pauvres préfets. Mieux informé, M. de Villèle écrivait, à la date du 8 août 1827: «Les préfets sont effrayés de l'idée seule d'élections générales. Ils disent que, si on les faisait cette année, elles seraient détestables.» Le 4 septembre suivant, le président du conseil constatait encore, sur son carnet, que «les préfets étaient unanimes à repousser les élections générales comme un grand danger.» Alfred Nettement, Histoire de la Restauration, tome VII, p. 551, 554.[Retour au Texte Principal]

Note 290: Le 22 juin 1827, la session avait été déclarée close; le 24 juin, une ordonnance contre-signée par MM. de Villèle, Corbière et Peyronnet, rétablit la censure.[Retour au Texte Principal]

Note 291: Du rétablissement de la Censure par l'ordonnance du 24 juin 1827.—Paris, Ladvocat, 1827, in-8o.—Œuvres complètes, t. XXVII.[Retour au Texte Principal]

Note 292: La Chambre des députés fut dissoute le 5 novembre 1827. Les élections des collèges d'arrondissement eurent lieu le 17 novembre, et celles des collèges de département le 24.—À Paris, les huit candidats de la gauche furent nommés au premier tour de scrutin, c'étaient: MM. Benjamin Constant, Casimir Périer, Laffitte, Royer-Collard, Ternaux, baron Louis et de Schonen.[Retour au Texte Principal]

Note 293: Royer-Collard fut élu à Vitry, à Châlons, à Paris, à Lyon, à Neufchâteau (Vosges), à Melun et à Béziers. M. de Peyronnet, qui s'était présenté à Bourges et à Bordeaux, y éprouva un double échec.[Retour au Texte Principal]

Note 294: Le 19 novembre, la foule, particulièrement dans les quartiers Saint-Denis et Saint-Martin, parcourut les rues en criant: «Des lampions!» et: «Vive la Charte! Vivent les députés!» Puis d'autres cris s'y joignirent, parmi lesquels on entendit ceux de: «Vive Napoléon» et: «Vive l'Empire!» On cassait les vitres des maisons qui n'illuminaient pas, et des pétards étaient lancés contre les voitures. Quelques barricades s'élevèrent rue Saint-Denis. L'autorité envoya des gendarmes qui en renversèrent deux; il fallut faire marcher la garde royale et tirer des feux de peloton pour en enlever trois autres. L'émeute recommença le 20; les barricades de la veille furent relevées, et beaucoup d'autres obstruaient les rues du quartier Saint-Denis. Elles furent détruites par la troupe de ligne. Quelques hommes furent tués et un assez grand nombre blessés et il fallut, pour rétablir l'ordre, recourir à un grand déploiement de forces.[Retour au Texte Principal]

Note 295: Le 20 octobre 1827.[Retour au Texte Principal]

Note 296: Le Moniteur du 6 novembre 1827, en même temps qu'il insérait l'ordonnance prononçant la dissolution de la Chambre des députés, en publiait une autre nommant soixante-seize pairs.[Retour au Texte Principal]

Note 297: M. de Villèle donna sa démission le 2 décembre 1827; elle fut acceptée par le roi le 6. Le nouveau cabinet ne put être constitué que le 4 janvier 1828. Les ordonnances nommant les nouveaux ministres parurent au Moniteur du 5 janvier.[Retour au Texte Principal]

Note 298: Joseph-Marie, comte Portalis (1778-1858). Conseiller d'État en 1808, comte de l'Empire et directeur général de la librairie en 1810, premier président de la Cour d'Angers en 1813, conseiller à la Cour de Cassation en 1815, pair de France en 1819, sous-secrétaire d'État au ministère de la Justice du 21 février 1820 au 14 décembre 1821, garde des sceaux le 4 janvier 1828, ministre des Affaires étrangères le 14 mai 1829, premier président de la Cour de cassation le 8 août suivant. Il garda cette charge jusqu'au 18 décembre 1852; il était sénateur depuis le 26 janvier. Il mourut à Passy le 4 août 1858.[Retour au Texte Principal]

Note 299: Le vicomte de Caux, lieutenant-général, député du Nord. Il avait servi avec distinction dans l'arme du génie, et s'était également fait remarquer par ses qualités d'administrateur. Le 11 octobre 1832, le roi Louis-Philippe l'éleva à la dignité de pair de France. Le vicomte de Caux était le fils de M. de Caux de Blaquetot (1723-1793), lieutenant-général et directeur des fortifications sous Louis XVI, l'un des meilleurs officiers de notre corps du génie, qui était alors le premier de l'Europe.[Retour au Texte Principal]

Note 300: Antoine, comte Roy (1764-1847). Le portefeuille des finances lui fut confié trois fois: du 7 au 29 décembre 1818, du 19 novembre 1819 au 14 décembre 1821, du 4 janvier 1828 au 8 août 1829. Il avait été reçu avocat au Parlement de Paris en 1786. Pendant la Révolution, il prêta le secours de sa parole à plusieurs personnes accusées de royalisme. En 1798, il obtint du duc de Bouillon la jouissance de la terre de Navarre et l'administration de ses biens. La situation du duc étant fort gênée, il ne tarda pas à céder la plus grande partie de ses biens à M. Roy, moyennant une rente annuelle de 300,000 francs; sa mort étant survenue peu de mois après, M. Roy se trouva l'un des plus riches propriétaires fonciers de France.[Retour au Texte Principal]

Note 301: Charles-François Riffardeau, duc de Rivière (1763-1828). Ami personnel du comte d'Artois, et son aide de camp pendant l'émigration, il fut compromis, en 1804, dans le procès de Georges Cadoudal, et condamné à mort. L'intervention de Joséphine fit commuer cette peine en celle d'un emprisonnement au fort de Joux; il y resta quatre ans et fut ensuite déporté. Louis XVIII le nomma pair de France et ambassadeur à Constantinople. Charles X le créa duc héréditaire (30 mai 1825) et le promut gouverneur du duc de Bordeaux en 1826. M. de Rivière mourut le 21 avril 1828. Il avait fait don au roi, en 1822, de la Vénus de Milo, qu'il avait découverte pendant son ambassade auprès du Sultan.[Retour au Texte Principal]

Note 302: François-Jean-Hyacinthe, comte Feutrier (1785-1830), évêque de Beauvais depuis 1826. Il fut nommé ministre des Affaires ecclésiastiques le 4 mars 1828.[Retour au Texte Principal]

Note 303: Antoine-François-Henri Lefebvre de Vatimesnil (1789-1860). Attaché au parquet de la Seine dès 1815, il s'était fait remarquer par la maturité précoce de ses rares qualités, par une science profonde du droit, une argumentation méthodique, claire, pressante, une parole facile, pénétrante, fortement accentuée. «Vous avez fait oublier votre jeunesse par vos talents,» lui disait M. de Sèze, lorsqu'il fut installé comme avocat général à la Cour de cassation, le 18 août 1824. Orateur, jurisconsulte, membre de nos assemblées délibérantes, son nom demeurera inséparable des luttes judiciaires de la Restauration, des mémorables combats pour la revendication de la liberté religieuse et de la liberté d'enseignement (1844-1850), et de la loi sur l'assistance judiciaire dont il fut, à l'Assemblée législative, le véritable auteur (7 décembre 1850—22 janvier 1851).[Retour au Texte Principal]

Note 304: Voir l'Appendice no IX: Chateaubriand et le ministère Martignac.[Retour au Texte Principal]

Note 305: Jean-Louis-Anne-Madeleine Lefébure, comte de Chéverus (1768-1836). Reçu prêtre le 18 décembre 1790, il émigra en Angleterre et de là en Amérique, prêcha l'Évangile chez les Indiens, et montra un tel dévouement pendant une épidémie de fièvre jaune qui ravageait Boston, qu'il fut nommé évêque de cette ville. Rappelé en France par Louis XVIII, qui le força d'accepter l'évêché de Montauban (1823), il dut se résigner, en 1826, à devenir archevêque de Bordeaux. Le 5 novembre de la même année, il fut nommé pair de France, puis conseiller d'État. La révolution de 1830 ayant supprimé les pairs créés par Charles X, M. de Chéverus en profita pour se retirer de la vie politique, et refusa la pairie du gouvernement de Juillet, qui, du moins, demanda et obtint pour lui le chapeau de cardinal (9 mars 1836). Sa Vie a été écrite par M. Hamon.[Retour au Texte Principal]

Note 306: Il était évêque de Strasbourg.[Retour au Texte Principal]

Note 307: Le duc de Laval-Montmorency. Voy. sur lui, au tome II, la note 1 de la page 278.—Le duc de Laval eût voulu garder son ambassade; Chateaubriand en fut informé, et bien que lui-même désirât vivement être envoyé à Rome, il adressa au comte de La Ferronnays, ministre des Affaires étrangères, la lettre suivante: