Navet (Brassio Napus).—Les navets viennent assez bien dans tous les sols, mais ils préfèrent une terre douce et sablonneuse; ce n'est même que dans un sol de cette nature qu'ils acquièrent une bonne qualité. On les sème à la volée, depuis le mois de mai jusqu'au commencement de septembre, et autant que possible par un temps pluvieux. Lorsque le plant est assez fort, on l'éclaircit plus ou moins, suivant la grosseur de la variété. Ceux que l'on destine pour la consommation d'hiver doivent être semés en juillet et août. On les arrache à l'approche des froids, et on leur coupe la fane, afin qu'ils ne repoussent pas; puis on les met en jauge et on les couvre de paille pendant les gelées; de cette façon on peut les conserver jusqu'en avril. On en cultive un grand nombre de variétés, que l'on divise en Navets tendres, demi-tendres et secs; pour les premiers et les derniers semis, ce sont les tendres qu'il faut prendre, comme étant les plus hâtifs.
Les graines de Navet mûrissent en juin, et se conservent bonnes pendant cinq ans.
Navets tendres.—Des Vertus.—Blanc plat hâtif.—Rouge plat hâtif.—Boule de Neige.
Navets demi-tendres.—Jaune de Hollande.—J. d'Écosse.—J. de Malte.—J. de Finlande.—Rose du Palatinat.—Rond de Croissy.—Gris de Morigny.
Navets secs.—De Freneuse,—de Meaux,—de Berlin petit.—Jaune long.
Oignon (Allium cepa).—L'Oignon aime une terre douce et substantielle, fumée de l'année précédente; on le sème à la volée dans la seconde quinzaine de janvier, si le temps est favorable, mieux en février et même en mars dans les terres fortes. Après le semis, on herse et on foule le terrain; dans les terres légères, il faut même affermir le sol avant de semer; puis on passe le râteau, et on recouvre les graines d'une légère couche de terreau. Si le temps est sec, on arrose de temps à autre, afin de favoriser la germination; puis, lorsque les graines ont bien levé, on éclaircit dans les places où le plant est trop épais, et l'on repique dans celles où il en manque. Pendant leur végétation les Oignons n'exigent d'autres soins que des binages et des arrosements, qu'il faut même supprimer dès qu'ils commencent à tourner; assez ordinairement, lorsqu'ils ont atteint leur grosseur, on abat les fanes avec le dos du râteau, afin d'arrêter la circulation de la séve au profit de l'Oignon. On récolte les Oignons vers la fin d'août ou au commencement de septembre; après les avoir arrachés, on les laisse sur le terrain pendant une quinzaine de jours, pour qu'ils achèvent de mûrir, après quoi on les dépose dans un grenier. Si l'on a soin de les étendre et d'enlever tout ce qui pourrait engendrer de la pourriture, on peut en conserver jusqu'à la fin de mai.
Variétés.—Rouge foncé, — R. pâle, — Jaune des Vertus, — Souffré d'Espagne, — pyriforme, — de Madère.
On peut aussi les semer au mois d'août: par ce moyen, l'on a même des Oignons deux mois plus tôt; mais il arrive souvent que beaucoup montent à graine au printemps.
Oignon blanc.—On le sème en pépinière et à la volée dans la première quinzaine d'août, pour le repiquer en octobre, et vers la fin du même mois pour repiquer en mars. En octobre dans les terres légères, et en mars dans les terres fortes, on prépare le terrain qu'on destine à la plantation de l'Oignon blanc. On trace 10 ou 12 rangs par planche de 1m,33 de largeur, et l'on repique les Oignons à 0m,10 de distance sur la ligne.
Dans les hivers rigoureux, il est prudent de couvrir le plant avec de la litière. On commence à récolter les Oignons blancs vers la fin d'avril ou au commencement de mai.
Si, par une circonstance imprévue, il arrivait qu'on manquât de plant ou bien que la quantité fût insuffisante, on peut semer en janvier ou en février sur couche et sous panneaux; on peut aussi en semer en pleine terre en février et mars; ces Oignons produiront beaucoup plus tôt que les autres variétés semées à la même époque.
Variétés.—Oignon blanc hâtif, — Oignon blanc gros.
Oignon d'Égypte ou Rocambole.—Il diffère des autres en ce qu'il porte sur sa tige des bulbilles qui servent à le multiplier. On les plante en mars, à 0m,12 les uns des autres, et chacun de ces bulbilles produit un bon et gros Oignon, que l'on arrache lorsque les feuilles jaunissent; on les dépose dans un lieu très-sec pour servir à la consommation, en ayant soin toutefois de réserver le nombre nécessaire pour la plantation, qui doit avoir lieu en mars suivant. Chacun de ces Oignons monte en tige, et rapporte des bulbilles que l'on conserve pour replanter à l'époque précédemment indiquée.
Oignon Patate.—On le plante en février ou plus tôt, si le temps le permet, à 0m,30 ou 0m,40 de distance; pendant sa végétation on le butte à plusieurs reprises, afin de favoriser le développement des bulbes qui croissent au tour de l'Oignon mère.
On récolte les graines d'Oignons en août, et elles se conservent pendant deux ans.
Oseille (Rumex acetosa).—On la multiplie au printemps par éclats de pieds ou par graine, qu'on sème en rayons depuis mars jusqu'en juillet. Après le semis on recouvre les graines d'une légère couche de terreau, et l'on donne de fréquents bassinages: on en fait ordinairement des bordures; mais, pour n'en pas manquer en été, il faut aussi la cultiver en planches, auxquelles on donne de copieux arrosements pendant la sécheresse.
On fait la dernière récolte vers la fin d'octobre; après quoi on donne un binage, puis on étend un bon paillis de fumier à moitié consommé sur chaque planche, ou bien, à la même époque, on relève les touffes d'Oseille pour les mettre en jauge et les chauffer en hiver.
À cet effet, on prépare une couche de 0m,35 à 0m,40 d'épaisseur, dont la chaleur soit de 10 à 12 degrés; on place les coffres, et on charge la couche de 0m,15 à 0m,20 de terreau; après quoi on plante 10 à 12 rangs d'Oseille par coffre. Pendant les gelées on couvre les panneaux avec des paillassons; on donne de l'air aussi souvent que possible.
On peut aussi forcer l'Oseille sur place. Pour cela, l'on pose des coffres sur les planches, puis des panneaux. On creuse les sentiers qui entourent les coffres, et l'on élève un réchaud de fumier, que l'on remanie de loin en loin.
On commence à chauffer l'Oseille vers la fin de novembre ou au commencement de décembre, et l'on peut continuer successivement jusqu'à la fin de février.
Les graines d'Oseille mûrissent en juillet, et se conservent pendant deux ans.
Variétés.—Vierge, — de Belleville, — de Frévent.
Oseille Épinard.—On cultive sous ce nom la Patience des jardins, Rumex Patientia. Cette plante a les feuilles grandes et allongées; elle est d'une saveur plus douce que l'Oseille, et se multiplie facilement, soit de graines semées au printemps, en place ou en pépinière, pour être repiquées, ou bien par éclat des pieds. Il faut les mettre. à environ 1 mètre l'un de l'autre.
La durée germinative des graines de Patience est de trois ans.
Oxalis crénelée (Oxalis crenata).—Cette plante est d'une multiplication et d'une culture très-faciles; elle produit un grand nombre de petits tubercules, mais dont la saveur plaît généralement peu. Les feuilles et les sommités des pousses peuvent être mangées comme Épinards. On la multiplie par tubercules ou par boutures, que l'on plante en avril et mai, à 1 mètre de distance; et dès qu'elles ont poussé d'environ 0m,12, on commence à les butter au centre, afin de forcer chaque jet à prendre une direction horizontale; puis, à mesure qu'elles s'allongent, on les charge successivement de terre jusqu'en septembre, époque où les tubercules commencent à se former. À l'approche des gelées, on étend sur le terrain une couche de fumier ou de feuilles, afin de ne faire la récolte que le plus tard possible, car les tubercules grossissent jusqu'à une époque assez avancée.
Panais (Pastinaca sativa).—Il leur faut une terre profonde et substantielle. On peut les cultiver comme les Carottes, mais il faut les éclaircir davantage, parce que les fanes sont beaucoup plus larges; on peut les laisser en terre pendant l'hiver, car ils ne craignent nullement les gelées.
La graine de Panais mûrit vers la fin d'août et n'est bonne que pendant un an.
Variétés.—Panais long, — Panais rond.
Patate douce (Convolvulus Batatas).—On cultive les Patates sur couche et sous châssis, sur couche sourde et en pleine terre.
On les multiplie de graines, qu'on sème en mars sur couche et sous châssis; mais comme on en récolte rarement, le plus souvent on les multiplie de la manière suivante: dans les premiers jours de janvier on fait choix de quelques tubercules parmi les mieux conservés; on les dépose sur couche chaude et on les couvre de châssis sur lesquels on étend des paillassons pendant la nuit; peu de temps après ils entrent en végétation. Alors on les couvre de 0m,05 ou 0m,06 de terre légère, et à l'époque de la plantation, on détache le plant du tubercule mère pour le planter immédiatement en place; ou bien, lorsqu'on veut avoir du plant d'une reprise plus facile, on enlève les jeunes pousses à mesure qu'elles ont atteint 0m,06 ou 0m,08 de longueur, on les repique dans des pots d'environ 0m,06 que l'on enterre sur couche; on les couvre d'une cloche, après quoi l'on bassine au besoin, et lorsque les boutures sont enracinées, ce qui a lieu assez promptement, on commence à soulever un peu la cloche, et l'on augmente graduellement pour l'enlever tout à fait lorsqu'elles peuvent supporter l'air sans se faner.
1. Patates sur couche et sous châssis.—Dans la première quinzaine de février, on prépare une couche de 0m,60 à 0m,70 d'épaisseur, moitié fumier et moitié feuilles. La hauteur de la couche doit être calculée de telle sorte qu'après qu'elle aura été chargée d'environ 0m,25 de bonne terre mêlée de terreau, le tout ne soit pas à plus de 0m,10 du verre. Après avoir placé les coffres, on pose les panneaux, et lorsque la chaleur de la couche est favorable, on plante les Patates sur deux rangs et à 0m,60 de distance sur la ligne. En les plantant, il faut avoir soin de bien étendre les racines; car si elles étaient contournées, cela nuirait essentiellement à la production des tubercules. Pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, puis on remanie les réchauds de temps à autre, afin d'entretenir la chaleur de la couche; on bassine au besoin et l'on donne de l'air toutes les fois que le temps le permet. Comme en grossissant il arrive souvent que les tubercules sortent de terre, il faut avoir soin de les recouvrir de quelques centimètres de terre. On peut récolter en mai ou juin au plus tard les Patates ainsi traitées; on détache les plus grosses, et si l'on recouvre les racines avec soin, elles ne continueront pas moins de végéter jusqu'à l'automne. En septembre on suspend les arrosements, afin de ne point prolonger la végétation, ce qui nuirait essentiellement à la maturité des tubercules.
2. Patates sur couche sourde.—Dans le courant d'avril, on prépare une couche sourde d'environ 1 mètre de largeur sur 0m,50 d'épaisseur; on la recouvre de 0m,20 à 0m,25 de bonne terre légère et substantielle, et vers la fin d'avril ou au commencement de mai on plante les Patates sur un rang et à 0m,65 l'une de l'autre; on couvre chaque pied d'une cloche sur laquelle on met un peu de litière au moment du soleil; au bout de quelques jours on commence à donner de l'air, en soulevant les cloches pendant le jour, et on enlève celles-ci lorsqu'elles ne peuvent plus contenir les branches.
Pendant la végétation, les soins se bornent à arroser toutes les fois qu'il en est besoin.
Vers la fin d'août ou au commencement de septembre, on trouvera des tubercules bons à être consommés; mais c'est seulement dans le courant d'octobre que l'on fait la récolte complète. Il faut la faire avec beaucoup de précaution, car les Patates qui sont rompues ou froissées pourrissent promptement.
3. Patates en pleine terre.—En mai, on fait de 0m,60 en 0m,60 des trous de 0m,50 de largeur et de 0m,35 à 0m,40 de profondeur; on remplit le fond de fumier, on le couvre d'environ 0m,20 de terre légère et substantielle, et l'on plante trois Patates dans chaque trou, en les disposant de manière qu'elles se trouvent à environ 0m,8 l'une de l'autre. On arrose, on recouvre d'une cloche, et l'on ombre au besoin.
Dans les terres légères et saines, on peut, sous le climat de Paris, cultiver les Patates simplement en pleine terre, sur buttes de 0,80 de hauteur ou par planches d'environ 1 mètre de largeur, dont on recharge le milieu de manière à former un billon sur la crête duquel on plante un rang de Patates. Après la plantation, on les garantit des rayons brûlants du soleil jusqu'à une parfaite reprise, après quoi tous les soins consistent à les arroser au besoin.
4. Conservation des Patates.—Le procédé le plus simple pour conserver les Patates consiste à déposer les tubercules dans un lieu sec où la température, étant la plus égale possible, ne descende pas au-dessous de 12 degrés. Par ce moyen, l'on peut facilement conserver des Patates sans altération jusqu'en février et mars. On peut aussi conserver les Patates sur place, comme le fait M. Souchet, jardinier du château de Fontainebleau, en les couvrant avec des panneaux vitrés et des paillassons, de manière à empêcher le froid de pénétrer sous les panneaux.
Variétés.—Blanche, — jaune, — rose de Malaga, — violette.
Perce-pierre. Bacille maritime, Fenouil marin (Crithmum maritimum).—On la sème aussitôt la maturité des graines ou en mars, sur couche, pour la repiquer au pied d'un mur, au midi ou au levant; on la couvre de litière pendant l'hiver, parce qu'elle est délicate et sensible aux gelées.
La graine de Perce-pierre ne conserve sa qualité germinative que pendant un an.
Persil (Petroselinum sativum).—On le sème en rayons, depuis le mois de février jusqu'en mai et juin; et pour, n'en pas manquer en hiver, il faut le couvrir de feuilles ou de litière dès l'approche des gelées. On peut aussi poser des coffres sur des planches disposées à cet effet, puis on les couvre de panneaux; enfin, en janvier ou février, on peut semer sur terre, mais sous panneaux; de cette manière on a du jeune Persil dans la seconde quinzaine de mars.
Les graines de Persil mûrissent en août, et elles se conservent pendant trois ans.
Variétés.—Frisé, — Nain très-frisé à grosse racine.
Piment (Capsicum annuum).—On le sème sur couche en février ou mars, en avril sur plate-bande terreautée, pour le repiquer à la fin d'avril ou au commencement de mai en pleine terre, à bonne exposition.
La durée germinative de la graine de Piment est de quatre ans.
Variétés.—Long, — rond, — du Chili, — doux d'Espagne, — tomate.
Pimprenelle (Petite) (Poterium Sanguisora).—On la sème au printemps ou à l'automne; on en fait ordinairement des bordures qui sont excessivement rustiques.
Les graines de Pimprenelle mûrissent en septembre, et elles se conservent pendant deux ans.
Pissenlit. Dent de lion (Taraxacum dens leonis).—Cette plante est peu cultivée, car on en trouve abondamment dans les prés; cependant, quand les pissenlits sont semés au printemps, on les obtient plus beaux et de meilleure qualité, surtout si l'on a soin de récolter les graines sur les individus dont les feuilles sont les plus larges. Indépendamment de la salade, qu'ils produisent vers la fin de l'hiver, on peut en faire blanchir à l'automne. Il suffit, pour cela, de les recouvrir de 0m,12 à 0m,15 de terreau bien consommé; et dès qu'ils commencent à percer la couche de terreau, on les coupe sur le collet de la racine.
La durée germinative des graines de Pissenlit est de deux ans.
Poireau (Allium Porrum).—On commence à semer le Poireau vers la fin de décembre ou le commencement de janvier, sur couche et sous panneaux; vers la fin de février ou au commencement de mars, on repique le plant en pleine terre et il la volée; vers la fin d'avril, c'est-à-dire lorsque le plant est assez fort, on trace huit ou dix rangs par planches de 1m,33 de largeur, et l'on repique le Poireau à 0m,15 de distance sur la ligne. On arrache le plant nécessaire à la plantation en éclaircissant le semis, et l'on commence à consommer les pieds restés en place, ce qui donne à ceux qu'on a repiqués le temps de se former. On peut aussi en semer en juillet pour repiquer au commencement de septembre; puis, dans la seconde quinzaine de septembre, on fait un dernier semis, et, comme toujours, on sème à la volée, mais très-clair, car alors on ne repique pas. Ce Poireau est bon à récolter en juin.
Les graines de Poireau sont bonnes à récolter en août, et elles ne se conservent que pendant deux ans.
Variétés.—Court, — long, — monstrueux de Rouen, — jaune du Poitou.
Poirée blonde (Beta vulgaris).—On la sème en rayons, de mai en août; et pour avoir toujours des feuilles bien tendres, il faut les couper souvent et les arroser fréquemment pendant la sécheresse. Pour n'en pas manquer en hiver, on peut, dès l'approche des gelées, relever ses racines en motte, pour les planter sur couche; ou bien on pose des coffres et des panneaux sur des planches disposées à cet effet. On relève la terre des sentiers, puis on entoure les coffres d'un réchaud de vieux fumier; ou donne de l'air aussi souvent que possible.
La Poirée blonde peut au besoin être mangée comme épinards.
Poirée à cardes.—On la sème en pépinière en mai et juin. Lorsque le plant est assez fort, on le repique immédiatement en place. On trace trois rangs par planche de 1m,33 de large, et l'on repique à 0m,50 de distance sur la ligne. Pendant la sécheresse on arrose abondamment, afin d'avoir des cardes grosses et bien tendres. Pendant les gelées on les couvre de litière, et c'est seulement au printemps qu'on commence à les récolter.
Les graines de Poirée mûrissent en septembre, et se conservent bonnes pendant cinq ou six ans.
Variétés.—À cardes blanches, — à cardes rouges, — à cardes jaune, — du Chili. La plus remarquable de toutes les Poirées à cardes par le développement et la riche coloration de ses côtes.
Pois (Pisum sativum).—Au commencement de novembre, on sème les premiers Pois sur terre, mais sous panneaux, pour repiquer le plan également sous panneaux.
Dans le courant de décembre, on place les coffres qu'on destine à la plantation et on enlève environ un bon fer de bêche dans chacun, de manière à avoir 0m,45 à 0m,50 de profondeur sous les panneaux; l'on dépose la terre dans les sentiers, ce qui sert à accoter les coffres; après quoi on dresse le terrain, on passe le râteau, et l'on trace dans chaque coffre quatre rayons d'environ 0m,08 de profondeur, en ayant soin de les distancer également, mais de manière à laisser plus d'espace vers le bas du coffre, qui est naturellement la partie la plus humide. Une fois l'emplacement préparé, et dès que le plant a 0m,08 ou 0m,10 de hauteur, on le soulève, afin de ne point rompre les racines en l'arrachant, puis on le repique par 3 ou 4 ensemble et à environ 0m,20 de distance sur la ligne.
Lorsque les Pois ont 0m,20 à 0m,25 de hauteur, on couche toutes les tiges vers le haut du coffre; et pour les maintenir dans cette position, on les recouvre d'un peu de terre. Peu de jours après, l'extrémité des tiges se relève et continue de pousser; ils ne tardent pas à fleurir; alors on pince toutes les tiges au-dessus de la troisième ou de la quatrième fleur, afin de les faire fructifier plus promptement.
Pendant la nuit on couvre les panneaux avec des paillassons; on donne de l'air toutes les fois que la température le permet, et l'on fait quelques bassinages, ce qui doit avoir lieu avec beaucoup de ménagement, afin de ne point déterminer une végétation trop vigoureuse, qui nuirait essentiellement à la récolte.
Lorsqu'on a une bonne côtière et que l'on se trouve à court de panneaux, on peut semer les pois sous cloches, vers la fin de janvier et dans le courant de février; enfin, selon l'état de la température, on les repique dans des rayons un peu profonds; puis on les couvre de litière pendant le mauvais temps. Ces pois donnent après ceux qui sont cultivés sous panneaux, mais beaucoup plus tôt que les Pois semés en place en novembre et décembre.
Pleine terre.—En pleine terre, les premiers semis ont lieu dans la seconde quinzaine de novembre, dans une côtière du midi. On trace des rayons un peu profonds et à 0m,25 les uns des autres. Après le semis, on couvre les Pois de quelques centimètres de terreau; et lorsqu'ils ont 0m,15 ou 0m,20 de hauteur, on donne un binage et l'on remplit les rayons. Si l'hiver est rigoureux, on couvre les Pois avec de la litière, qu'on enlève toutes les fois que la température le permet; mais il faut s'assurer avant si les Pois ont souffert de la gelée, car alors il faut, pour ne pas les perdre, les laisser dégeler graduellement et ne les découvrir que si le temps se radoucit. À partir de l'époque ci-dessus indiquée, on peut semer successivement jusqu'en juillet pour manger en vert; pour récolter en sec, il faut semer en mars. Quelle que soit l'époque du semis, les soins consistent à donner quelques binages, à pincer l'extrémité des espèces hâtives au-dessus de la troisième ou de la quatrième fleur, afin de hâter la maturité, et à mettre des rames aux grandes variétés. On cultive un grand nombre de variétés de Pois; nous ne citerons seulement que les plus répandues, que nous placerons dans leur ordre de précocité; toutefois, nous dirons que pour les semis qui auront lieu en pleine terre avant le mois de février, il faut prendre le Michaux ordinaire, car le Pois le plus hâtif est moins rustique et pourrait souffrir de l'hiver; mais ce dernier, semé en février, produit tout aussi tôt que le Michaux semé d'automne.
La durée germinative des semences de Pois est de quatre à cinq ans.
Pois à écosser.—Carter, h. 0m,80.—Prince Albert, h. 0m,45.—Ridé nain hâtif, h. 0m,25.—Michaux de Hollande, h. 0m,90.—M. de Ruelle, h. 1m.—M. ordinaire, h. 1m,20.—Nain de Hollande, h. 0m,60.—N. à châssis, h. 0m,20.—N. de Bretagne, h. 0m,36.—N. gros sucré, h. 0m,30.—N. vert anglais, h. 0m,46.—N. vert de Prusse, h. 0m,60.—N. vert impérial, h. 0m,50.—Bishop à longue cosse, h. 0m,48.—Champion d'Écosse, h. 0m,60,—de Clamart, h. 1m,30,—de Marly, h. 1m,35,—d'Auvergne, h. 1m,20;—à la moelle de Victoria, h. 1m,50.—Ridé ou de Knight, h. 1m,40.—R. vert, h. 1m,30.—Turc, h. 0m,85.
Pois sans parchemin ou Mange-tout.—Nain, h. 0m,75,—à fleurs blanches, h. 1m,65,—à fleurs rouges, h. 1m,60,—à cosse blanche, h. 1m,45,—à cosse jaune, h. 1m,20.—Géant, h. 1m,90.
Pommes de terre (Solanum tuberosum).—On ne cultive ordinairement dans les jardins que les variétés peu répandues ou recommandables par leurs qualités et l'époque de leur maturité, car les autres appartiennent essentiellement à la grande culture.
Les premières plantations de Pommes de terre peuvent avoir lieu, sur couche et sous panneaux, vers la fin de janvier ou au commencement de février. À cet effet, on prépare une couche de 0m,40 d'épaisseur, on l'entoure d'un réchaud, puis on la charge de 0m,20 de bonne terre; on trace quatre rangs par coffre, après quoi on plante les pommes de terre à 0m,33 de distance sur la ligne (la variété connue sous le nom de Marjolin est la plus avantageuse pour planter à cette époque); pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, et l'on donne de l'air aussi souvent que possible. Par ce moyen, on peut avoir des Pommes de terre nouvelles dans la première quinzaine de mars. On détache les plus grosses et l'on recouvre les autres, qui peuvent être récoltées quelque temps après.
Pleine terre.—En pleine terre, on plante les premières Pommes de terre dans le courant de février. Le terrain destiné à la plantation doit être labouré et fumé d'avance. S'il arrivait que l'on fût forcé de fumer en plantant, il faudrait n'employer que des engrais à moitié consommés. Pour planter les Pommes de terre, on fait ordinairement des trous semblables à ceux dans lesquels on sème les Haricots; seulement, ils doivent être plus profonds et plus rapprochés les uns des autres que pour les Haricots.
Dans les terres humides et froides, au lieu de faire des trous pour planter les Pommes de terre, on dispose la semence par rang sur le sol, puis on fait une tranchée entre chaque rang, et, avec la terre provenant de la fouille, on recouvre les Pommes de terre.
Quel que soit le mode de culture, la semence doit être choisie avec soin, c'est-à-dire que les tubercules doivent être sains et d'une maturité parfaite. Les plus gros peuvent être divisés.
Pour avancer l'époque de la récolte, on peut, comme le font beaucoup de cultivateurs des environs de Paris, faire germer les Pommes de terre avant de les planter, en les plaçant dans une pièce de l'habitation.
Pendant l'été, les Pommes de terre doivent être binées plusieurs fois, puis buttées lorsqu'elles sont arrivées au terme moyen de leur développement. Cette opération, considérée comme inutile par les uns, recommandée par les autres, est, on peut le dire, aussi nécessaire dans les terres légères qu'elle peut être nuisible dans les terres humides.
Depuis quelques années, des essais de plantations d'automne ont été tentés dans le but de récolter les Pommes de terre beaucoup plus tôt.
Malgré tous les soins apportés à cette opération, nous n'avons pas trouvé jusqu'à présent de différence appréciable dans les résultats de cette culture, comparés à ceux qu'on obtient en plantant au printemps, et, à notre avis du moins, il serait préférable, plutôt que de planter en automne, de rechercher les variétés hâtives qui peuvent être récoltées avant l'époque où la maladie des Pommes de terre commence à sévir.
On récolte dans la première quinzaine de juin les Pommes de terre hâtives plantées en février; et, comme nous l'avons dit relativement aux pieds cultivés sur couche, on détache seulement les plus grosses, et l'on recouvre les racines avec soin, afin de prolonger la récolte. À partir de l'époque ci-dessus indiquée, on peut planter successivement jusqu'à la fin de juin.
Variétés.—Jaunes rondes. Naine hâtive, Schaw, régent des Cordillières. — Jaunes longues. Marjolin, lapston kidney, marjolin deuxième saison. — Rouges rondes. Truffe d'août, de Strasbourg, de Montreuil. — Rouges longues. Pousse debout. Vitelotte. Xavier. — Violettes. Plate hâtive, — de Vincennes, — Smith seedling.
Pourpier (Portulaca oleracea).—On le sème sur couche en février et mars, et en pleine terre en mai et pendant tout l'été; il ne faut presque pas recouvrir les graines; mais on doit les bassiner assidûment jusqu'à ce qu'elles aient bien levé.
La durée germinative de la graine de Pourpier est de huit ans.
Variétés.—Pourpier vert, — Pourpier doré.
Radis (Raphanus sativus).—Les premiers semis ont lieu vers le 15 septembre, sur ados. S'il survient des froids pendant la nuit, on couvre le plant avec des paillassons. En décembre, on sème sur couche et sous panneaux; en février, on sème encore sur couche, mais à l'air libre, puis en mars commencent les semis de pleine terre, qui peuvent être continués jusqu'en automne. Pour avoir toujours des radis bien tendres, il faut en semer souvent, et par conséquent en petite quantité, ce qui fait que, sur couche comme en pleine terre, on ne les sème ordinairement que parmi d'autres plantes. Les semis d'été doivent autant que possible, être faits à l'ombre et arrosés souvent, et pour cette époque on peut semer indistinctement toutes les variétés; mais sur couche il faut semer de préférence le Radis rose hâtif ou le rose demi-long.
Variétés.—Blanc hâtif de Hollande, — violet hâtif, — rose rond hâtif, — rose demi-long, — rose demi-long à bout blanc, — gris d'été, — jaune ou roux.
Raves.—On les cultive exactement de même que les Radis roses.
Radis d'hiver, Raifort.—On les sème à la volée depuis le 1er juin jusqu'au 10 juillet: comme on sème presque toujours trop dru, il faut éclaircir le plant. Ces radis peuvent se conserver tout l'hiver en les mettant en jauge et en les couvrant pendant les gelées, ou bien en les déposant dans la serre à légumes.
Variétés.—Noir, — rose de Chine, — violet de Gournay.
Radis serpent, Radis queue de rat (Raphanus caudatus).—Semés pendant les mois de juin, juillet et août, à 1 mètre les uns des autres en tous sens, ces Radis prennent en peu de temps un grand développement et produisent une quantité prodigieuse de siliques que l'on peut manger comme les Radis ordinaires, dont elles ont exactement la saveur.
Les graines de Radis sont bonnes à récolter en août, et elles peuvent se conserver pendant cinq ans.
Raifort sauvage (Cranson, Cochlearia armoracia).—Les racines de cette plante ont une saveur extrêmement piquante; après avoir été râpées, elles peuvent remplacer la Moutarde. On le multiplie de tronçons de racines à l'automne; mais ce n'est guère que la troisième année que les racines sont de grosseur à être employées.
Raiponce (Campanula rapunculus).—On sème la Raiponce à la volée en juin et juillet. Comme la graine est extrêmement fine, il faut la mêler avec du sable ou de la terre fine et très-sèche, car sans cette précaution le semis serait inégal ou trop dru. On ne recouvre pas la graine; il suffit de passer le râteau, de fouler le terrain très-légèrement, après quoi on étend sur le tout un peu de grande litière, qu'on enlève aussitôt après la levée des graines, dont on favorise la germination par de fréquents bassinages; assez ordinairement on sème parmi la Raiponce un peu d'Épinards ou de Radis, afin de protéger le jeune plant. C'est seulement en février que l'on commence à récolter les Raiponces, et la récolte peut s'en prolonger jusqu'à ce qu'elles montent en graines.
Les graines de Raiponce mûrissent en juillet et août, et elles se conservent bonnes pendant cinq ans.
Rhubarbe (Rheum).—On cultive de la Rhubarbe dans les jardins pour le pétiole de ses feuilles, avec lequel on fait d'excellentes confitures, ou pour remplacer les fruits que l'on met quelquefois dans les pâtisseries.
Elle se multiplie de graines semées aussitôt après la maturité, ou mieux encore par la séparation des pieds, que l'on divise au printemps, en ayant soin que chaque éclat soit au moins muni d'un germe reproducteur; enfin, quel que soit le mode de multiplication, on les plante à environ 1 mètre de distance, et tous les soins consistent à couper les vieilles feuilles et à donner chaque année un binage au printemps. On commence ordinairement à couper les pétioles vers la fin de mai ou au commencement de juin.
On récolte les graines de Rhubarbe en juin, et elles se conservent bonnes pendant trois ans.
Variétés.—Myatt's linnæus, — Myatt's Victoria, — prince Albert.
Salsifis blanc (Tragopogon porrifolium).—On le sème en mars, avril et mai, en lignes ou à la volée, en terre profonde et substantielle, fumée de l'année précédente. Si le temps est sec, on bassine assidûment le semis, afin de favoriser la levée des graines; si le plant est trop dru, on éclaircit, puis on donne quelques binages.
On commence à récolter les racines en octobre, puis successivement jusqu'au printemps. Pour n'en pas manquer en hiver, on en met en jauge vers la fin de novembre, ou bien on les couvre sur place pendant les gelées.
Les graines de Salsifis mûrissent en juillet, et elles ne sont bonnes que pendant un an.
Sarriette des jardins (Satureia hortensis).—On la sème au printemps, après quoi elle se ressème tous les ans d'elle-même, sans qu'il soit nécessaire de lui donner aucun soin.
Sarriette vivace (S. montana).—On la multiplie de graines semées au printemps, ou par éclats des pieds à la même époque.
Les graines de Sarriette se conservent bonnes pendant trois ans.
Scorsonère d'Espagne ou Salsifis noir (Scorzonera Hispanica).—On la sème soit en août, soit en mars et avril, en ligne ou à la volée: les soins à donner sont exactement les mêmes que ceux qui sont indiqués pour le Salsifis blanc; seulement, comme elle monte en graines la même année, dans le courant de juillet on coupe les tiges rez terre; et comme rarement les racines acquièrent dès la première année la grosseur suffisante pour être mangées, il faut recommencer cette opération l'année suivante. On commence à récolter les racines en octobre, puis successivement jusqu'au printemps.
On récolte les graines de Scorsonère vers la fin de juillet sur les individus de deux ans, et elles se conservent bonnes pendant deux ans.
Tétragone étalée ou Épinards d'été (Tetragonia expansa).—Cette plante peut très-bien remplacer l'Épinard pendant l'été, car elle en a complétement la saveur. On la sème sur couche en février et mars, après avoir fait tremper les graines, et lorsqu'on ne craint plus les gelées, on repique le plant en pleine terre à environ 0m,60 de distance en tous sens. Dès que les tiges commencent à couvrir le sol, on coupe les feuilles et l'extrémité des jeunes pousses.
Les semences mûrissent en automne, et elles se conservent bonnes pendant cinq ans.
Tomate ou Pomme d'amour (Solanum lycopersicum).—On sème les premières Tomates, dès le mois de septembre, et en pots, que l'on dépose dans la serre à Ananas, ou sur couche et sous panneaux, pour les planter sur couche en janvier. Plantées à cette époque, les fruits commencent à mûrir dès les premiers jours de mai. En janvier on sème sur couche et sous panneaux; et lorsque le plant est assez fort, on le repique en pépinière également sur couche et sous panneaux. Quelques jours après la plantation, on commence à donner un peu d'air, afin de fortifier le plant. En février ou mars, on prépare une seconde couche de 0m,50 d'épaisseur, dont la chaleur soit de 20 à 25 degrés; on la charge de 0m,25 de terreau, après quoi l'on plante quatre pieds de Tomates sous chaque panneau. Pendant la nuit, on couvre les panneaux avec des paillassons, on bassine au besoin, on donne de l'air au moment du soleil; et lorsque les plantes commencent à se développer, on fait choix de deux branches sur chacune, puis on les abaisse de manière à empêcher qu'elles ne touchent à la surface intérieure des panneaux. Pour les maintenir dans cette position, on les attache à de petits piquets qu'on enfonce dans la couche à une certaine distance du pied; puis on supprime les autres rameaux; et lorsque les plantes sont suffisamment garnies de fleurs, on pince l'extrémité de toutes les branches.
À partir de cette époque on supprime avec soin tous les nouveaux bourgeons, et quand les Tomates commencent à rougir, on effeuille complétement sur les fruits, afin d'avancer la maturité. On sème encore des Tomates en février et mars, et lorsque le plant est bon à planter, on prépare une couche de 0m,40 d'épaisseur et de 0m,80 de largeur. On la charge de 0m,25 de terreau, on trace deux rangs, et l'on plante les Tomates à 0m,80 de distance sur la ligne. On met une cloche sur chacune et l'on donne de l'air toutes les fois que le temps le permet; puis on enlève les cloches dès que les gelées ne sont plus à craindre. Lorsque les plantes commencent à se développer, on choisit trois ou quatre branches sur chacune, on les attache à un échalas, et l'on supprime les autres; puis, lorsqu'elles ont atteint 0m,75 à 1 mètre de hauteur, on en pince toutes les extrémités, si toutefois les plantes sont garnies de fleurs, car dans le cas contraire on ne les rabat que lorsqu'elles sont plus élevées, et, comme nous l'avons indiqué précédemment, on a soin d'enlever tous les nouveaux bourgeons; on supprime quelques feuilles, et quand les Tomates commencent à rougir, on effeuille complétement sur les fruits.
Pour planter en pleine terre, on sème en février et mars, également sur couche et sous panneaux; on repique le plant en pépinière, et lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on relève le plant en motte pour le mettre en pleine terre.
On trace deux rangs par planche, et l'on plante les Tomates à 0m,80 de distance sur la ligne. On arrose abondamment pendant les chaleurs, après quoi la taille et les autres soins sont en tout semblables à ceux que nous avons précédemment indiqués.
Les graines de Tomates se conservent bonnes pendant cinq ans.
Variétés.—Rouge hâtive, — rouge grosse, — à tige raide ou monstrueuse, — jaune, — poire, — cerise.
Serre à légumes.—On n'a pas toujours un lieu convenable pour serrer ses légumes, et l'on est souvent obligé d'accepter un hangar incommode ou bien une cave humide et mal aérée, où les plantes potagères ne peuvent être conservées sans altération.
Dans une circonstance semblable, il n'y a rien à faire, et il faut se résigner à ne garder que de petites provisions; mais quand on peut disposer d'une cave spacieuse, privée de lumière, et dont l'air peut être renouvelé à volonté par des portes ou des soupiraux, on se trouve dans les conditions les plus favorables pour conserver les légumes.
La serre à légumes doit être divisée en plusieurs compartiments, dans lesquels on dépose par lits les végétaux qu'on veut conserver, en ayant soin de mettre un peu de sable ou de terre sèche entre chacun. Cette méthode convient aux plantes à racines; quant aux Choux, Choux-fleurs, Cardons, Chicorée, etc., il faut les arracher avec leurs racines et les planter dans le sable à un intervalle suffisant pour éviter un contact qui engendrerait la pourriture.
On peut par ce moyen conserver jusqu'en avril et mai des légumes de l'année précédente.
CHAPITRE XII
Maladies des Plantes potagères.
La connaissance des maladies qui attaquent les plantes potagères est d'une mince importance, d'autant plus que rarement on peut y porter remède, et que la nature seule peut amener la guérison.
Chaque fois qu'un végétal se trouve dans un état pathologique par suite d'influences ambiantes défavorables qui ont développé en lui un état morbide, et que ses tissus ne jouissent plus d'assez d'énergie vitale pour lutter contre le mal, la désorganisation commence, et l'unique moyen de guérison est un redoublement de soins pour rendre au végétal sa vigueur première.
Les parasites qui croissent sur les végétaux malades ne sont pas la cause du mal; ils en sont tout simplement l'effet. À quoi bon alors savoir que le Puccinia Asparagi croît sur l'Asperge, le Sclerotium varium sur le Chou; plusieurs espèces d'Uredo sur le Céleri, le Haricot, la Pimprenelle et le Poireau; le Botrytis effusa sur l'Épinard; le Fusisporium sur le Melon; l'Acrosporium monilioides sur l'Oignon; l'Erysiphe communis sur les Pois; le Botrytis infestans sur la Pomme de terre, etc.?
Ce sont là, nous le répétons, des effets et non des causes.
Dans les saisons froides et humides, à des expositions défavorables, par suite de l'absence de soins et de précautions, les végétaux souffrent et tombent malades; mais avec de l'eau, du fumier et des abris, on peut prévenir tout ce mal, qu'on ne pourrait pas réparer une fois qu'il existerait.
CHAPITRE XIII
Jardin fruitier.
Les personnes pour lesquelles nous écrivons ce livre ayant rarement un jardin fruitier distinct du potager, nous n'avons pas cru devoir donner des dispositions spéciales pour le verger; nous nous sommes borné à réunir toutes les notions qu'il importe de posséder pour tirer un parti avantageux de ses arbres fruitiers.
Ce chapitre contient les principes généraux de plantation, de taille, d'ébourgeonnage et de palissage, sans avoir égard aux différences qui existent entre les arbres de diverses sortes. Nous traiterons dans des articles spéciaux des soins qu'il convient de donner à chaque espèce en particulier.
§ 1.—Plantation.
Le succès des plantations dépend de plusieurs conditions qui, malheureusement, ne sont pas assez observées. La première est de se rendre compte de la nature du sol, ce qui devra guider pour le choix des arbres; car un arbre greffé sur un tel sujet languira dans un terrain où il aurait, au contraire, prospéré, s'il eût été greffé sur un autre. Le choix des arbres est également très-important, mais présente bien des difficultés; car les pépiniéristes se préoccupent si peu de l'avenir des arbres qu'ils élèvent, qu'ils négligent trop souvent leur éducation première et préparent ainsi bien des déceptions aux planteurs. Il faut qu'ils soient jeunes et vigoureux, que l'écorce en soit bien lisse, le sujet toujours bien proportionné à la greffe, et surtout qu'ils aient été arrachés avec beaucoup de soin.
L'époque la plus favorable pour la plantation est aussitôt après la chute des feuilles, dans les terres légères; mais dans les terres fortes et humides on ne plantera qu'en février et mars. Avant de planter, on visitera les racines, et l'on coupera proprement l'extrémité de toutes celles qui auraient été rompues, sans en retrancher aucune et en ayant soin de conserver tout le chevelu. Si, à cette époque, le terrain n'était pas prêt à être planté, ou si la plantation nécessitait plusieurs journées de travail, il faudrait faire mettre les plants en jauge par rangées et de manière à pouvoir les retirer un à un lors de la plantation. Si quelque circonstance empêchait de planter aux époques indiquées à partir de la fin de mars jusqu'à l'époque où l'on pourra les mettre en place, il faudra les relever tous les quinze jours, et les remettre immédiatement en jauge, puis les arroser. Plus la saison avancera, plus il faudra prendre de précautions: car ils auront poussé beaucoup de jeunes racines, qu'il faut avoir soin de ne pas rompre. Si l'on observe bien ce que nous conseillons, on pourra ne les planter définitivement qu'en juin. Ces plantations tardives devront être arrosées pendant les fortes chaleurs; il sera même bien de mettre un ou deux arrosoirs d'eau dans le trou avant de planter.
Pour les plantations faites aux époques ordinaires, il faut toujours que les trous soient faits en automne, même dans les terrains où l'on ne doit planter qu'en mars; ils devront être larges et profonds, c'est-à-dire proportionnés au volume des racines, et de manière qu'elles s'y étendent à leur aise. Dans les terres très-légères, on obtiendra toujours un bon résultat si, après avoir fait des trous d'un mètre au moins de profondeur et d'une largeur proportionnée, on met, au fond, des gazons placés de telle sorte que les racines soient en dessus. Dans les terres humides et sujettes à retenir l'eau, il faut aussi faire des trous très-larges et très-creux, et mettre au fond de menus plâtras; puis on les remplit jusqu'à la hauteur nécessaire avec de bonne terre mêlée de fumier consommé; enfin, il vaudrait mieux retarder la plantation de quelques jours que de planter par la pluie ou dans une terre trop humide. Quand le moment de la plantation sera venu, on placera l'arbre au milieu du trou, le plus d'aplomb possible, pendant qu'une autre personne fera couler la terre bien meuble et fine entre les racines; puis, pour ne laisser aucun vide, on soulèvera l'arbre doucement en le maintenant dans sa position verticale. On ne doit enterrer les arbres que jusqu'au collet, c'est-à-dire à environ 0m,10 au-dessus des racines; et, pour ceux qui sont greffés rez terre, on ne doit pas les couvrir par-dessus la greffe, afin que, par suite du tassement des terres, les racines ne se trouvent pas trop profondément enterrées. Lorsqu'on jugera que l'arbre est à la hauteur voulue, on couvrira toutes les racines de terres fines, puis on remplira le reste du trou avec de la terre mêlée de fumier consommé. Pour fixer l'arbre, on foulera légèrement la terre avec les pieds, en appuyant davantage sur les bords. On remettra ensuite de la terre pour achever de remplir le trou.
Quelques personnes sèment en place des sujets d'arbres fruitiers destinés à recevoir la greffe, afin d'avoir des arbres plus vigoureux et qui ne soient pas retardés par la transplantation. Pour agir ainsi avec succès, il faut bien connaître le sous-sol; car, si l'on n'avait pas un bon fond de terre, on n'obtiendrait qu'un très-mauvais résultat. Ces arbres ayant toujours un pivot qui descend très-profondément, lorsqu'ils atteignent la mauvaise terre, ils jaunissent et n'ont plus qu'une végétation languissante.
§ 2.—Taille.
La taille des arbres fruitiers est une opération très-importante:
1o Elle a pour but de distribuer la séve également dans toutes les parties de l'arbre, et de lui donner une forme agréable;
2o Elle dispose les arbres à donner de plus beaux fruits et de meilleure qualité:
3o Si un arbre n'était pas taillé, ses branches superflues épuiseraient infailliblement sa force, et il durerait moins longtemps; ainsi, lorsqu'une taille est bien raisonnée, elle prolonge l'existence des arbres.
De toutes les opérations du jardinage, la taille des arbres est la partie la moins avancée. Sous ce rapport, il serait à désirer que les praticiens se livrassent à l'étude de la physiologie végétale: en effet, comment procéder à une opération d'une aussi haute importance, si l'on ne connaît les fonctions de chacune des parties d'un arbre?
Les instruments employés pour la taille sont la serpette et le sécateur. Quoique ce dernier abrège beaucoup le travail, il ne peut pas complétement remplacer la serpette; car son emploi nécessite beaucoup d'habitude, et il arrive souvent qu'avec le point d'appui on occasionne une pression qui meurtrit la branche au-dessous de la coupe; mais il est très-avantageux pour rabattre une branche que l'on enlèverait difficilement à la serpette, et pour tailler la Vigne et les Rosiers.
Indépendamment de ces deux instruments, il est quelquefois nécessaire d'employer la scie à main ou l'égohine pour couper les grosses branches.
On commence ordinairement à tailler à la fin de janvier et jusqu'en mars, et quelquefois même encore au commencement d'avril; mais il est impossible d'indiquer d'une manière précise l'époque la plus favorable pour commencer cette opération, car elle varie suivant l'exposition et la différence de température des années.
Il serait beaucoup plus naturel d'exécuter la taille dans l'ordre de la végétation: ainsi, on commencerait par les Abricotiers; puis viendraient les Pêchers, les Pruniers, les Poiriers, les Cerisiers et les Pommiers. Mais, par économie de temps, l'usage est de commencer par les Poiriers et les Pommiers, parce qu'ils craignent peu les gelées, et que l'on a presque toujours fini de les tailler à l'époque ou l'on commence à tailler les Pêchers.
Règle générale, on doit commencer par les arbres faibles et terminer par les plus vigoureux, afin d'en ralentir un peu la vigueur; cependant il faut toujours tailler avant que la séve soit en mouvement; car plus tard on altérerait beaucoup la santé de ces arbres, et l'on n'obtiendrait que des pousses très-faibles.
Il est aussi quelques principes généraux dont il ne faut jamais s'écarter:
1o On doit toujours, en taillant, faire une coupe bien nette, un peu oblique, opposée à l'œil sur lequel on taille, et à 0m,03 environ au-dessus, afin que la séve puisse facilement recouvrir la plaie; c'est aussi pour ce motif que toutes les fois qu'il est nécessaire de rabattre une branche, il faut la couper le plus près possible de son insertion, et faire une plaie bien nette, qui se recouvre toujours plus facilement.
2o Il ne faut pas tailler les arbres trop court, car alors ils poussent trop vigoureusement et rapportent peu de fruit.
3o Une taille trop allongée épuise les arbres, parce qu'ils se mettent trop à fruit, et il n'y a réellement aucun avantage; car les fruits en sont moins beaux, les arbres en sont fatigués, et ils restent ordinairement plusieurs années sans rapporter.
Nous allons donner la description des différentes parties d'un arbre, qu'il est essentiel de savoir reconnaître avant de commencer à tailler.
1. Arbres à fruits à noyaux.
Le tronc ou la tige est la partie qui s'élève depuis la racine jusqu'à la naissance des branches.
Les branches mères sont ainsi nommées parce que ce sont celles qui donnent naissance à toutes les autres; elles naissent directement sur le tronc.
Les membres sont les branches qui poussent sur le côté des branches mères, et dont on favorise le développement pour former la charpente de l'arbre.
Les branches de bifurcation sont des membres destinés à remplir les vides qui résultent du prolongement des branches mères et des membres; il ne faut jamais les établir que sur le troisième ou le quatrième bourgeon au-dessus de la taille précédente.
Les branches à bois sont celles qui servent à former la charpente de l'arbre et le prolongement de chaque membre; elles sont faciles à reconnaître sur tous les arbres, à leur grosseur et aux yeux dont elles sont garnies, yeux qui sont toujours minces et pointus.
Les branches à fruits sont généralement minces et allongées; dans les Pêchers, l'écorce est verte du côté du mur et rougeâtre du côté du soleil. Ces branches doivent être renouvelées annuellement, car elles ne donnent du fruit qu'une fois.
Branches de remplacement.—Les branches à fruits du Pêcher ne produisent que la seconde année, et ne portent fruit qu'une fois, comme nous venons de le dire. Il est donc essentiel de les remplacer chaque année, ce qui est très-facile, car chaque branche à fruits a plusieurs yeux à sa base; il suffit donc, une fois que ces yeux se sont développés, de choisir le bourgeon le plus vigoureux et le plus rapproché possible de l'insertion de la branche à fruits et de supprimer les autres. Ce sont ces nouvelles branches qu'on appelle branches de remplacement; après avoir porté fruit, elles devront être remplacées à leur tour, et ainsi de suite.
Branches gourmandes.—Sur les arbres en espalier, les gourmands sont généralement placés sur le dessus des membres. On les reconnaît facilement à leur large empatement et à leur vigueur, qui est tellement préjudiciable aux autres branches, qu'il faut en arrêter le développement par tous les moyens possibles; on ne doit jamais en voir sur un arbre bien traité.
Les bourgeons sont de jeunes pousses de l'année; la seconde année, le bourgeon devient une branche à bois ou à fruits, selon sa position.
Les faux bourgeons ou bourgeons anticipés sont ceux qui naissent entre les feuilles des pousses de l'année.
2. Arbres à fruits à pépins.
Les branches à bois ayant à peu près les mêmes caractères sur tous les arbres à fruits, nous ne parlerons que des boutons dont elles sont garnies: ceux des Poiriers et Pommiers sont enveloppés d'une membrane écailleuse; mais ils sont toujours minces et allongés, comme sur les Pêchers.
Les boutons à fleurs sont beaucoup plus gros que les boutons à bois, d'une forme arrondie, et enveloppés d'une grande quantité d'écailles.
Les brindilles sont de petites branches minces et allongées, terminées par un bouton à feuille ou à fleur. Les yeux dont elles sont garnies sont très-rapprochés, et se transforment facilement en boutons à fleurs. Elles doivent être conservées, car elles peuvent donner du fruit pendant plusieurs années.
Les lambourdes sont des parties essentiellement productives; elles naissent sur les brindilles, et souvent aussi sur les branches à bois. Elles sont presque toujours terminées par un bouton à fleur, qui ne s'épanouit souvent que la seconde année. Les yeux dont elles sont garnies sont beaucoup plus rapprochés que sur les autres rameaux, et toujours très-disposés à fructifier. Elles restent plusieurs années avant d'atteindre tout leur développement, sont beaucoup plus grosses à leur base qu'à leur extrémité, et recouvertes d'une écorce ridée circulairement dont les plis deviennent plus profonds en vieillissant.
§ 3.—Ébourgeonnage.
On commence cette opération dès le mois de mai, et on la continue pendant tout le temps de la végétation; elle consiste à supprimer les bourgeons mal placés, qu'il faudrait enlever à la taille suivante. L'ébourgeonnage a lieu sur les branches des années précédentes, et pour le faire on peut employer l'outil nommé ébourgeonneur.
Quant à celui qui a lieu sur les bourgeons de l'année, comme il consiste à enlever les faux bourgeons, on le fait avec l'ongle. Dans un cas comme dans l'autre, il faut supprimer sur les arbres en espalier les bourgeons placés sur le devant et le derrière des branches, et ceux des côtés qui seraient trop rapprochés les uns des autres; et sur les autres arbres on enlève les bourgeons placés sur le dessus et le dessous des membres, ainsi que ceux qui seraient trop rapprochés.
On doit commencer cette opération dès que les bourgeons à supprimer auront de 0m,02 à 0m,03 de longueur, afin que la séve qui sera nécessaire à leur végétation, si l'on attendait plus tard, tourne immédiatement au profit de ceux qui doivent être conservés.
§ 4.—Palissage.
Le palissage consiste à fixer les bourgeons des arbres en espalier sur des treillages ou sur les murs, et pour cela on se sert d'osier et de jonc pour palisser sur le treillage, de loques et de clous sur les murs qui sont assez tendres pour qu'on puisse les y enfoncer facilement[10].
L'époque où il faut commencer le palissage est indiquée par le développement des bourgeons; c'est ordinairement en juin qu'il est essentiel de s'en occuper, pour ne finir que vers la fin de la saison. On doit commencer en suivant l'ordre du développement des bourgeons; car le but de cette opération est non-seulement de fixer les bourgeons dans la crainte qu'ils ne soient rompus par le vent, mais encore de ralentir la vigueur des plus avancés en les palissant plus tôt que les autres. Il faut toujours, en palissant, placer les bourgeons en ligne droite, à égale distance et sans jamais les croiser l'un sur l'autre. C'est en faisant le premier palissage qu'il faut supprimer les fruits mal placés et éclaircir ceux qui sont trop serrés et qui se nuiraient réciproquement.
§ 5.—Fruitier.
La plupart des personnes qui cultivent les arbres à fruits choisissent pour leur fruitier la pièce la plus saine de leur habitation, et quelquefois même la première venue. Aussi rien n'est-il regardé comme plus difficile que la conservation des fruits. Il est certaines conditions qu'on observe généralement fort peu, et qui sont cependant indispensables.
Pour conserver les fruits le plus longtemps possible et avec le plus de chances de succès, il faut disposer pour cet usage un local spécial, à demi enterré, à une exposition où la température soit le moins susceptible de varier et où l'air et la lumière puissent être renouvelés ou interceptés à volonté. On y dispose des tablettes de 0m,50 à 0m,60 de largeur, munies d'un rebord pour empêcher les fruits de tomber, et on les couvre d'un lit de paille neuve, fine, sèche et sans odeur.
C'est dans ce local qu'on place par espèces les fruits que la saison avancée empêche de laisser sur les arbres, et qui doivent mûrir à des époques plus ou moins éloignées. Il faut, quelques jours avant de les placer définitivement dans le fruitier, les trier avec soin, pour en séparer ceux qui ne valent pas la peine d'être conservés, et les laisser se ressuyer. Quand le fruitier sera garni et bien sec, on le fermera à l'air et à la lumière, et tous les soins se borneront à visiter les fruits une ou deux fois par semaine.
Les Raisins se conservent sur les tablettes comme les autres fruits, ou plutôt suspendus au plafond; mais ils exigent une surveillance scrupuleuse, et sont généralement d'une conservation assez difficile.
Les personnes qui attachent un grand prix à la conservation de leurs fruits peuvent faire garnir de bois toutes les parois des murailles de leur fruitier, et elles augmenteront les chances de conservation. On pourrait aussi placer de la chaux vive sur les derniers rayons, en ayant soin de la renouveler toutes les fois qu'elle serait éteinte. Par ses propriétés siccatives, cette chaux conservera l'atmosphère toujours sèche.
Le moyen que nous indiquons est le seul employé par les fruitiers-orangers; toutes les recettes de conservation sont ou peu sûres ou tout à fait impraticables, et nous conseillons de se contenter d'un fruitier, en observant les conditions de conservation que nous indiquons ici.