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L’aube ne dessinait qu’un bandeau pâle sur l’horizon lorsque nous partîmes pour le cimetière. Le ciel était encore sombre, mais les étoiles s’effaçaient lentement devant le jour naissant. De part et d’autre de la route, le paysage commençait à prendre forme, émergeant de l’obscurité comme une photographie dans un bain révélateur. Derrière les alignements de boutiques et de fast-foods, la masse puissante des montagnes s’élevait, comme pour souligner la fragilité de cette façade artificielle.
Tom conduisait en silence. Pour une fois, il n’avait pas mis de jazz, mais je ne savais pas bien si c’était parce qu’il était trop tôt ou si c’était à mettre sur le compte de son humeur maussade. Il était venu me chercher à l’hôtel, m’avait salué d’un faible sourire, puis n’avait pratiquement pas desserré les mâchoires. Personne n’est au plus haut de sa forme au petit matin, mais son teint terreux ne semblait pas dû au manque de sommeil.
Je n’avais sans doute pas l’air très frais non plus. Je n’avais pratiquement pas fermé l’œil de la nuit, tant je redoutais l’épreuve qui m’attendait. C’était pourtant loin d’être ma première exhumation, et ce ne serait certainement pas la plus dure. Des années auparavant, j’avais travaillé en Bosnie, sur un charnier dans lequel des familles entières avaient été ensevelies à la hâte. La mission du jour serait à mille lieues de cette besogne, et je savais que Tom me faisait une fleur en me proposant de l’accompagner. En temps normal, j’aurais été ravi d’avoir le privilège de participer à une enquête américaine.
Alors, pourquoi tant de réticences ?
Moi qui à une certaine époque étais pétri de certitudes, je me retrouvais désormais assailli par les doutes. Toute mon énergie, ma capacité de concentration que je pensais inébranlable semblaient m’avoir déserté le jour où je m’étais vidé de mon sang sur le carrelage de mon entrée. Si j’étais dans cet état d’esprit maintenant, dans quel état serais-je quand je rentrerais en Angleterre pour travailler tout seul sur une enquête criminelle ?
À vrai dire, je n’en savais rien.
Au levant, des écheveaux dorés flottaient sur l’horizon lorsque Tom quitta l’autoroute. Nous allions dans les banlieues Est de Knoxville, un coin que je connaissais mal. Nous traversâmes un quartier pauvre, où se succédaient des rangées de maisons aux façades lépreuses devancées par des cours encombrées de bric-à-brac. Les yeux luisants d’un chat brillèrent dans nos phares. Il délaissa un instant sa proie dans le caniveau pour suivre notre voiture du regard.
« Nous ne sommes plus très loin », marmonna Tom.
Nous laissâmes bientôt les maisons derrière nous et, par-delà quelques terrains vagues, nous aperçûmes le cimetière, dissimulé derrière une haie de sapins et un haut mur de briques claires. Sur le linteau de la grille, un panneau de fer forgé annonçait : « Cimetière et salon funéraire de Steeple Hill ». Il était surmonté d’un ange stylisé, la tête pieusement inclinée. Dans la semi-pénombre, je remarquai le métal rouillé et la peinture écaillée.
La grille était ouverte. Nous nous engageâmes dans l’allée bordée de pierres tombales régulièrement espacées. La plupart étaient envahies par les mauvaises herbes et laissées à l’abandon. Elles se détachaient sur un fond oppressant et sinistre de sapins sombres et, au bout de l’allée, je devinai le profil de ce qui devait être le salon funéraire : un préfabriqué de plain-pied coiffé d’un clocher trapu.
Des véhicules garés en épi sur un côté indiquaient le site d’exhumation. Tom trouva une place et nous descendîmes de voiture. Les mains enfoncées dans mes poches, je frémis dans la fraîcheur du petit matin. Sous nos pieds, des rubans de ouate grise caressaient l’herbe perlée de rosée argentée.
On avait protégé la tombe derrière des écrans, bien qu’il fût encore trop tôt pour que l’événement attirât beaucoup de curieux. Une petite pelle mécanique haletait et trépidait en soulevant de la terre humide, puis pivotait en laissant échapper de petites mottes de son godet pour aller entasser son chargement sur un monticule déjà haut. Dans les fumées de Diesel mêlées aux odeurs d’humus, la fosse était presque entièrement excavée, ouvrant une plaie noire dans le gazon.
Gardner et Diane attendaient avec un groupe de fonctionnaires et d’ouvriers que l’engin donne son dernier coup de pelle. Hicks se tenait légèrement à l’écart. Son crâne poli dépassait d’un pardessus trop grand qui le faisait ressembler plus que jamais à une tortue. Il n’était venu que pour marquer le coup, car le corps serait certainement confié à Tom pour qu’il l’examine.
À voir sa mine renfrognée, il était évident que cette répartition des tâches n’était pas pour lui plaire.
Un autre homme s’était également posté près de la sépulture. Grand et élégamment vêtu, il portait un manteau en poil de chameau sur un costume et une cravate sombres. Il regardait la pelleteuse progresser avec une expression dont on ne savait trop si elle était hautaine ou indifférente. En nous voyant arriver, il parut s’animer et accrocha Tom du regard.
« Salut, Tom », dit Gardner. L’agent du TBI avait les yeux cernés et injectés de sang. Galbée dans un imper immaculé et impeccablement repassé, Diane avait en revanche l’air aussi fraîche et dispose que si elle avait dormi neuf heures du sommeil du juste.
Tom renvoya un simple sourire à l’inspecteur. Malgré le très faible dénivelé, la petite marche entre la voiture et le site avait suffi à l’essouffler. Hicks lui décocha un regard torve mais s’abstint de le saluer. M’ignorant totalement, il tira un mouchoir crasseux de sa poche et se moucha bruyamment.
Gardner nous présenta l’homme au manteau de poil de chameau. « Eliot York est le responsable de Steeple Hill. Il nous a aidés à organiser l’exhumation.
— Si je puis me rendre utile, c’est avec plaisir, commenta York en s’empressant de tendre la main à Tom. Docteur Lieberman, c’est un honneur. »
Les vapeurs de son eau de Cologne couvraient jusqu’aux émanations de Diesel de la pelleteuse. Je lui aurais donné une bonne quarantaine d’années, mais c’était difficile à dire. Corpulent et plutôt bien enrobé, il avait ce genre de traits lisses qui semblent davantage s’empâter que vieillir. Mais le reflet trop mat de ses cheveux foncés trahissait une teinture et, lorsqu’il se retourna, je vis qu’ils avaient été soigneusement ramenés sur le haut du crâne pour masquer une calvitie.
Tom dégagea rapidement sa main de celle du croque-mort avant de me présenter. « Voici mon collègue, le docteur Hunter. Il est britannique et est de passage chez nous. »
York m’accorda un bref signe de tête. De près, les manches de son manteau en chameau étaient élimées et effilochées, et le peu que j’entrevis de son costume noir me dit qu’il n’avait pas vu de pressing depuis longtemps. À en juger par les coupures fraîches et les touffes de poil qui lui émaillaient les joues, il avait dû se raser précipitamment ou bien avec une lame émoussée. Il avait les doigts tachés de nicotine et son eau de Cologne assez forte pour me piquer les yeux camouflait mal une haleine empestant le tabac.
Ma main était encore dans la sienne qu’il se retournait déjà vers Tom. « J’ai beaucoup entendu parler de votre travail, docteur Lieberman. Et de votre Centre, naturellement.
— Merci, mais ce n’est pas vraiment «mon» Centre.
— Non, bien sûr. Mais il fait tout de même honneur au Tennessee, souligna-t-il d’une voix mielleuse. Je ne saurais comparer ma profession à la vôtre, mais à mon petit niveau j’aime à me dire que moi aussi, j’œuvre pour le bien du public. Mes services ne sont certes pas toujours agréables, mais ils n’en sont pas moins indispensables. »
Le sourire de Tom vacilla. « Bien sûr... Alors comme ça, c’est vous qui avez procédé à cette inhumation ? »
York inclina la tête. « Nous avons eu cet honneur, monsieur, mais je crains de ne pas me rappeler grand-chose dans ce cas précis. Nous en faisons tant, vous comprenez... Steeple Hill propose des prestations funéraires complètes, y compris les enterrements et les crémations, dans ce cadre magnifique. » Il balaya d’un geste circulaire le cimetière négligé comme s’il vantait un magnifique parc. « Mon père a fondé cet établissement en 1958 et depuis lors, nous sommes au service des familles affligées par la disparition d’un être cher. Notre devise est «dignité et réconfort», et je crois pouvoir dire que nous la respectons à la lettre. »
Ce boniment fut accueilli par un silence gêné. Tom parut soulagé par l’intervention de Gardner. « Ça ne devrait plus être très long. On y est presque. » Le sourire de York s’évanouit tandis que Tom se laissait prestement entraîner vers la tombe.
Comme pour confirmer les dires de Gardner, la pelleteuse déposa une ultime pelletée sur le monticule de terre et recula dans un dernier crachotement de gaz d’échappement. Un homme à l’air las que je pris pour un fonctionnaire des services sanitaires adressa un signe de tête aux terrassiers. Il portait une combinaison de protection et un masque et s’approcha pour asperger la fosse de désinfectant. La propagation des maladies ne s’arrête pas nécessairement avec la mort du porteur. Outre les bactéries qui prospèrent dans la chair en décomposition, les morts peuvent aussi transmettre aux vivants de nombreux virus, tels l’hépatite, le VIH et la tuberculose.
Un ouvrier en masque et combinaison descendit une petite échelle dans la tombe et acheva de dégager le cercueil à la pelle. Le temps qu’il ait attaché les sangles pour pouvoir le soulever, le ciel avait pris une teinte bleu pâle et la forêt de sapins projetait de longues ombres sur le gazon. L’ouvrier remonta et, avec ses collègues postés de part et d’autre du caveau, ils commencèrent à remonter le cercueil, comme s’ils repassaient à l’envers le film de l’enterrement.
La caisse recouverte de boue apparut lentement, lâchant dans son sillage une pluie de mottes de terre. Les hommes la déposèrent sur des madriers alignés à côté de la tombe et reculèrent tout aussitôt.
« Putain, ça chlingue ! » grommela un terrassier.
Il avait raison. Même à bonne distance, l’odeur fétide de putréfaction empestait l’air du matin. Plissant le nez, Gardner approcha pour examiner le cercueil.
« Le couvercle est fendu, fit-il remarquer en montrant une fissure sous la couche de boue. Je ne pense pas qu’il ait été profané, mais le bois a l’air assez fin.
— C’est le meilleur sapin d’Amérique ! C’est un produit d’excellente qualité ! » protesta York. Personne ne fit attention à lui.
Tom se pencha sur le cercueil en reniflant. « Tu m’as bien dit qu’il a été enterré il y a six mois ? demanda-t-il à Gardner.
— C’est cela, oui. Pourquoi ? »
Tom éluda la question. « C’est bizarre. Qu’est-ce que tu en dis, David ? »
J’essayai de ne rien laisser paraître de mon trouble quand tous les yeux se tournèrent vers moi. « Ça ne devrait pas sentir aussi mauvais, répondis-je à contrecœur. Pas au bout de six mois.
— Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, ce cercueil n’est pas vraiment étanche, lança Hicks. Avec un trou pareil, vous attendiez quoi ? »
J’espérais que Tom répondrait, mais il observait attentivement le cercueil. Je me dévouai : « Il était recouvert de six pieds de terre. À cette profondeur, la décomposition est plus lente qu’elle ne le serait en surface.
— Ce n’est pas à vous que je parlais, mais merci de votre précision, ironisa Hicks. Je suis certain qu’en tant que Britannique, vous savez tout des conditions particulières au Tennessee. »
Tom se redressa. « En fait, David a raison. Même si le corps a été embaumé, la décomposition ne devrait pas empester à ce point, que le couvercle soit cassé ou pas. »
Le pathologiste le foudroya du regard. « Eh bien, regardons ce qu’il y a dedans ! » Il s’adressa d’un geste brusque aux ouvriers. « Ouvrez-le !
— Ici ? » s’étonna Tom. Normalement, le cercueil devait être transporté à la morgue avant d’être ouvert.
Hicks savourait son moment de gloire. « La caisse est déjà défoncée. Si le corps est aussi décomposé que vous le dites, j’aimerais autant le savoir tout de suite. J’ai déjà perdu assez de temps comme ça. »
Je connaissais assez bien Tom pour voir de la réprobation dans la façon dont il serrait les mâchoires, mais il encaissa le coup en silence. Tant que le corps ne lui serait pas officiellement confié, c’était Hicks le patron.
Ce fut Diane qui intervint : «Vous ne pensez pas que cela devrait attendre ? » demanda-t-elle à Hicks qui faisait déjà signe à un ouvrier de soulever le couvercle.
Le pathologiste lui retourna un sourire carnassier : « Seriez-vous en train de remettre mon autorité en question ?
— Bon Dieu, Donald, ouvrez ce satané machin si vous y tenez tant que ça, et qu’on en finisse », s’exaspéra Gardner.
Avec un dernier regard noir à Diane, Hicks ordonna d’un geste à un autre ouvrier de lancer sa perceuse électrique. Un vrombissement strident déchira le silence et les vis sautèrent une à une. Je coulai discrètement un regard vers Diane, mais ses traits ne laissaient rien transparaître de ses émotions. Elle dut se sentir observée, car ses yeux gris croisèrent brièvement les miens. J’y décelai un éclat de colère, mais elle les détourna aussitôt.
Quand la dernière vis fut sortie, un autre ouvrier vint aider le premier à soulever le couvercle. Celui-ci était gauchi et résista légèrement avant de céder.
« Oh, la vache ! » s’écria un homme en tournant la tête.
L’odeur nauséabonde qui se dégageait de la caisse prenait à la gorge – une concentration infecte de fermentation douceâtre. Les ouvriers s’écartèrent brusquement.
Je me rapprochai de Tom pour jeter un coup d’œil.
Un drap blanc crasseux recouvrait sommairement les restes, ne laissant dépasser que le crâne. Il avait perdu la plupart de ses cheveux, mais quelques mèches fines s’y accrochaient encore comme des toiles d’araignée poussiéreuses. Le corps avait commencé à se putréfier, comme si la chair s’était répandue sur les os à mesure que les bactéries avaient liquéfié les tissus mous. La caisse hermétique avait empêché l’évaporation des fluides putréfactifs noirs et visqueux qui feutraient le linceul de coton.
Hicks se pencha vers le cadavre. « Félicitations, Lieberman. Je vous le laisse. »
Il tourna les talons et, sans un regard pour personne, partit vers les voitures. Gardner, un mouchoir inutilement plaqué sur le nez, contemplait le contenu sordide de la bière avec dégoût. « C’est normal, ça ?
— Non », lâcha Tom avec un regard assassin en direction de Hicks.
Gardner se retourna vers York. « Vous avez une idée de ce qui a pu se produire ? »
Le visage de l’entrepreneur avait viré au cramoisi. « Bien sûr que non ! Et je trouve révoltant que vous puissiez mettre en cause la qualité de nos services ! Steeple Hill n’est pas responsable de ce qui peut arriver au cercueil une fois qu’il est enterré !
— Je m’en serais un peu douté. » Gardner fit signe aux ouvriers. « Refermez-le. On l’emmène à la morgue. »
Mais entre-temps, j’avais observé les restes d’un peu plus près. « Tom, regarde le crâne », dis-je.
Il avait toujours les yeux rivés sur le dos du pathologiste. Il m’adressa un regard interrogateur et s’exécuta. Sa colère laissa place à une moue incrédule.
« Ça ne va pas te plaire, Dan.
— Quoi donc ? » Réservant sa réponse, Tom leva discrètement le menton vers York et les ouvriers. Gardner se tourna vers eux. « Si vous voulez bien nous excuser une minute, messieurs... »
Les ouvriers rejoignirent leur engin et en profitèrent pour griller une cigarette. York se campa devant nous, bras croisés.
« Je suis dans mon cimetière. Je ne bougerai pas. »
Gardner soupira, les narines frémissantes. « Monsieur York...
— J’ai le droit de savoir ce qui se passe.
— Nous essayons précisément de le savoir. Maintenant, si vous le voulez bien... »
Mais York n’en avait pas fini. Il pointa un doigt sur Gardner. « Je vous ai accordé ma pleine coopération, et je n’ai strictement rien à voir dans cette histoire. Je veux que ceci soit consigné par écrit. Steeple Hill n’est pas responsable !
— Responsable de quoi ? martela Gardner, avec un soupçon de menace dans la voix.
— De quoi que ce soit ! De ça ! » York montra le cercueil en gesticulant nerveusement. « C’est une maison honnête. Je n’ai rien fait de mal.
— Eh bien, dans ce cas, vous n’avez pas de quoi vous inquiéter. Merci de votre aide, monsieur York. Nous enverrons quelqu’un vous tenir informé un peu plus tard. »
York reprit haleine pour protester, mais le regard sévère de l’agent du TBI le réduisit au silence. Serrant les mâchoires, furieux, l’entrepreneur de pompes funèbres s’éloigna d’un pas vif. Gardner le regarda partir comme un chat aurait regardé un oiseau, puis se retourna vers Tom.
« Alors ?
— Tu as bien dit qu’il s’agissait d’un homme de race blanche ?
— Exact. Willis Dexter, un mécanicien de trente-six ans, décédé dans un accident de voiture. Bon, accouche, Tom. Qu’est-ce que tu as vu ?»
Tom m’adressa un sourire en coin. « C’est David qui l’a vu. Je lui laisse te l’annoncer. »
Merci du cadeau... Je reportai mon attention sur le cercueil, sentant les yeux de Gardner et de Diane se poser sur moi. « Regardez le nez », leur dis-je. Les tissus mous entièrement décomposés avaient laissé sous le nez une ouverture triangulaire bordée de fragments de cartilages. « Vous voyez là, la base de la cavité nasale, au point d’ancrage avec le maxillaire supérieur ? Normalement, il devrait y avoir une épine osseuse à ce niveau, une protubérance assez marquée. Mais elle est absente. La base du nez se prolonge insensiblement vers l’arc osseux de la mâchoire. La forme du nez ne correspond pas, non plus. L’arête est basse et large, et la cavité nasale proprement dite est trop évasée. »
Gardner bougonnait dans sa barbe. « Tu es sûr de ton coup ? demanda-t-il en s’adressant davantage à Tom qu’à moi.
— J’en ai bien peur, répliqua Tom en faisant claquer sa langue pour montrer sa contrariété. Je l’aurais sans doute remarqué si j’avais pris le temps de regarder. N’importe lequel de ces traits faciaux serait à lui seul un marqueur ethnique assez convaincant. Pris ensemble, ils ne laissent pas l’ombre d’un doute.
— Un doute sur quoi ? demanda Diane, décontenancée.
— L’épine nasale dont parlait David est une caractéristique faciale des Blancs, lui expliqua Tom. Et ce type n’en a pas. »
Diane commençait à comprendre et fronça les sourcils. « Vous voulez dire qu’il est noir ? Mais je croyais que Willis Dexter était blanc...
— C’est bien le problème », pesta Gardner. Il toisa le cadavre comme pour lui reprocher de l’avoir berné. « Ce n’est pas Willis Dexter. »