PROLOGUE

Voilà comment c’est arrivé.

En dessous, c’est noir comme de l’encre, et nous descendons dans la crevasse avec nos cordes. Trop vite : le choc de l’atterrissage m’ébranle les molaires. Premier arrivé en bas, j’inonde la salle de lumière avec le projecteur de mon casque.

Il y a une porte anti-explosion triple entre nous et les Géonosiens. Je n’ai pas le temps de calculer la charge nécessaire pour la faire sauter. D’accord. Un tas. B pour beaucoup, comme on m’a appris. Coller le ruban thermal autour du chambranle et enfoncer le détonateur… Plus facile à dire qu’à faire. La porte en alliage est couverte de crasse.

La voix du commandant de l’escouade Delta résonne dans le comlink du casque.

— Vous faites quoi au juste, Theta ?

— On ne bouscule pas un artiste…

— Vous en parlerez aux droïdes-araignées !

— Patience, Delta. (Allez, un petit effort. Reste collé au métal, tu veux bien ?) J’y suis presque…

— Un tas de droïdes-araignées…

— Je vous reçois, Delta.

— Prenez votre temps. Rien ne presse…

— Ça y est !

Nous nous aplatissons contre les murs de la caverne. Pendant un instant, le monde devient lumière, bruit et poussière. Quand nous y voyons de nouveau, la porte est ouverte.

— Escouade Delta, vous pouvez y aller !

— C’est pas trop tôt !

Les gars de l’escouade Delta arrivent au sol et foncent, tirant à tout-va pendant que nous couvrons leurs arrières. Ici, c’est un dédale de tunnels. Si nous ne faisons pas attention, quelqu’un peut nous surprendre à partir de n’importe quelle direction.

Mon casque est censé me protéger des décibels, mais la guerre est sacrément bruyante ! Je n’entends plus mon comlink à cause des tirs soniques des Géonosiens et de nos blasters. Ils utilisent des armes anti-blindage. Je sens les vibrations à travers mes bottes.

Un mouvement m’attire l’œil. Je lève la tête et je regarde à travers le scope du DC-17 pour vérifier si c’était mon imagination. Taler gesticule, montrant un autre tunnel devant nous.

— Darman, prends ce E-réseau et tiens cette position.

Il fait signe à Vin et à Jay, qui avancent presque dos à dos vers l’entrée du tunnel, en vérifiant des deux côtés.

Je lève encore les yeux.

Il y a plus de Géonosiens que nous pensions. J’en descends deux au-dessus, puis d’autres arrivent par le tunnel de gauche. Je les élimine avec le blaster à répétition, de loin, parce que si je les laisse venir trop près, l’explosion me fera frire aussi.

Elle me renvoie quand même en arrière comme un marteau à bascule.

— Taler, Darman, par ici !

Je ne le vois pas, mais j’entends des coups de feu.

— Taler, Darman, vous me recevez ? Dépêchez-vous !

Puis des crépitements de statique.

— … tombé ! Un homme est tombé ! Terminé. Qui est tombé ? Qui ?

— Taler ? Vin ? Jay ? Vous m’entendez ? Terminé ! J’ai perdu le contact avec mon escouade.

C’est la dernière fois que je verrai mes camarades.