7

L’air froid de la nuit glaçait Ando jusqu’aux os. Une fois dans la rue, il se rendit compte qu’il n’avait aucun but particulier. Il tourna le dos aux arbres envahis de ténèbres du parc de Yoyogi, et son regard se dirigea spontanément vers un lieu plus éclairé. Les gratte-ciel du centre de Shinjuku formaient des masses noires qui se dressaient vers le ciel mais un tumulte vague et lointain semblait provenir du côté de la gare de Sanmiyabashi. La rue étroite se transformait en rue commerçante, qui s’étendait jusque vers les quartiers d’habitation et, bien que ce fût une soirée de jour férié, il semblait y avoir quelques magasins ouverts. Tout naturellement, les pas d’Ando le menèrent en direction du quartier le plus animé. Il voulait sentir des gens autour de lui.

En arrivant devant la machine de vente de billets, Ando s’aperçut qu’il était sorti sans son portefeuille. Il n’était bien sûr pas question de retourner le chercher. En fouillant dans ses autres poches, il tomba sur son permis de conduire. Il l’avait mis dans sa poche la veille, avant de partir en voiture avec Miyashita, au cas où il aurait besoin de le relayer au volant. Dans le permis était inséré un billet de cinq mille yens, qu’il avait également mis là la veille en prévision d’éventuelles dépenses.

Cinq mille yens1 : c’était tout ce qu’il avait emporté en partant de chez lui. Plus encore que le froid, il sentit le découragement le glacer de l’intérieur. Où dormirait-il cette nuit ? Avec cinq mille yens, il n’était pas question de s’offrir même un « hôtel-capsule ».

Il ne pouvait compter que sur une seule personne : Miyashita. Après avoir acheté son billet de métro, Ando entra dans une cabine téléphonique. Il composa le numéro sans grand espoir, songeant que Miyashita n’était sans doute pas encore rentré chez lui. Comme il s’y attendait, il n’obtint pas de réponse. Ce n’était pas étonnant : Miyashita l’avait appelé un instant plus tôt à peine, et il se trouvait à Yotsuya. Il devait être sur le chemin du retour. Comptant sur le fait que son ami serait rentré chez lui le temps que lui-même arrive,

Ando monta dans le premier train en direction de Tsurumi.

Il était vingt et une heures passées. Ando s’enfonça profondément sur la banquette. Dès qu’il ferma les yeux, le visage de Sadako Yamamura apparut derrière ses paupières, comme par réflexe conditionné. Jamais ses sentiments envers une femme n’avaient changé de façon aussi vertigineuse en si peu de temps. L’inquiétude qui lui avait glacé le cœur lors de leur première rencontre s’était émoussée dès la deuxième entrevue, pour laisser place à un violent désir sexuel à son encontre. À la troisième rencontre, il avait pu assouvir ce désir et un début de sentiment amoureux avait alors envahi son cœur. Puis ce sentiment avait été violemment réduit à néant. La réalité – le fait qu’il avait eu des relations sexuelles avec une femme morte depuis vingt-cinq ans – était insoutenable. Le terme de « nécrophilie » obsédait maintenant son esprit. D’où cette femme venait-elle donc ? Était-ce l’enregistrement de son décès qui était une erreur, ou bien était-elle vraiment revenue du Royaume des morts ?

En cette soirée de vacances, le métro n’était pas bondé comme à l’ordinaire, presque tout le monde avait une place assise. Un homme aux allures d’ouvrier somnolait, les yeux fermés, sur la banquette d’en face, qu’il avait monopolisée pour s’allonger. Ando se rendait compte qu’il n’était pas vraiment endormi au fait qu’il ouvrait légèrement les yeux pour surveiller les allers et venues dans la rame chaque fois que le métro s’arrêtait. Son regard était si éteint qu’on pouvait de demander s’il était vivant ou mort. Ando détourna les yeux. Mais l’ouvrier n’était pas le seul à avoir l’air d’un mort : tous les gens qu’il pouvait voir autour de lui avaient des visages blafards de fantômes.

Ando passa ses bras autour de son torse pour essayer de contenir les tremblements qui l’agitaient. Il avait l’impression qu’un cri allait lui échapper d’un instant à l’autre, malgré la présence des autres passagers tout autour de lui.

 

Ando prit le verre de cognac que lui tendait Miyashita, avala lentement la première gorgée pour vérifier la sensation de l’alcool coulant dans son gosier, puis but le reste d’un trait. Il commençait enfin à se sentir un peu plus à son aise, mais son corps tremblait encore légèrement.

— Comment te sens-tu ? demanda Miyashita.

— À peu près vivant.

— Tu m’as l’air d’avoir eu drôlement froid.

Miyashita ne savait rien encore de la raison pour laquelle Ando avait accouru chez lui sans prendre le temps de mettre son manteau…

— Ce n’est pas de froid que je tremble.

Miyashita avait fait entrer Ando dans la pièce qui lui servait de bureau et où il comptait héberger son ami pour la nuit. Le lit aux pieds tubulaires tout simple qui occupait un coin de la pièce sur lequel Ando était assis était agité de petites secousses. Ando ne cessa de trembler qu’après son deuxième cognac.

— Que s’est-il passé ? demanda doucement Miyashita.

Ando lui raconta en détail les événements qui s’étaient déroulés depuis qu’il l’avait quitté la veille.

Quand il eut achevé son récit, Ando s’effondra sur le lit et gémit faiblement :

— Moi je baisse les bras. Si tu peux trouver une explication et m’aider à comprendre…

— Je n’en reviens pas !

Miyashita semblait sincèrement stupéfié. C’est dans ce genre de moments que les gens se mettent à rire nerveusement. Et effectivement, Miyashita avait émis un rire sans force. Puis il s’arrêta net, versa du cognac dans son café brûlant et se mit à le boire à petites gorgées.

Ce faisant, il ne cessait de réfléchir. Il cherchait une réponse rationnelle, un raisonnement logique pouvant tout expliquer.

— Tout le problème est de savoir d’où vient Sadako Yamamura.

D’après le ton employé par son ami, Ando comprit que Miyashita était parvenu à une conclusion.

— Tu peux me le dire, d’où elle vient ? demanda-t-il.

— Tu le sais, non ? rétorqua Miyashita.

— Non…

Toujours allongé, Ando secouait la tête en signe de dénégation.

— Tu ne sais vraiment pas ?

— Dis-le-moi, toi.

— De l’utérus de Maï Takano.

Ando resta le souffle coupé un instant. Il essaya de réfléchir sérieusement à la possibilité d’une autre interprétation. Mais son cerveau ne fonctionnait pas. Il avait perdu toute capacité de réflexion. Tout ce qu’il put faire fut de répéter la phrase de Miyashita :

— De l’utérus de Maï Takano ?!

— La vidéo maléfique est née de l’esprit de Sadako Yamamura, n’est-ce pas ? Maï Takano a vu ces images précisément le jour de son ovulation, elle a été fécondée par le virus qui avait envahi son corps. Ou plutôt non, ce qui s’est passé, c’est qu’une partie du noyau de ses ovules a été purement et simplement remplacée par les gènes de Sadako Yamamura.

— Tu veux dire que tu peux expliquer ce phénomène ?

— Je te rappelle que j’ai procédé à l’analyse vectorielle des bases chimiques du virus. Et que j’ai découvert qu’on y trouvait, en proportions égales, des gènes humains et des gènes du virus de la variole.

Ando se redressa, tendit la main vers son verre. Il était vide.

— Et… ces gènes humains…

— Exact. C’étaient les gènes de Sadako Yamamura, éparpillés en dizaines de milliers de petites parts.

— Tu veux dire que le virus Ring transportait les gènes de Sadako Yamamura en menus morceaux ?

— Bien que n’étant pas un rétrovirus, le virus Ring doit pouvoir insérer ces menus morceaux un par un dans le noyau d’autres cellules.

Un seul virus ne peut transporter en une seule fois l’information génétique inscrite dans l’ADN d’un être humain. Parce que l’ADN d’un être humain est incomparablement plus grand. Cependant, si on divise cet ADN en centaines de milliers de petites parts et si chaque virus se charge d’une de ces parcelles… Sur les photos prises au microscope électronique, on voyait grouiller des nuées de virus. Ils transportaient les gènes de Sadako Yamamura divisés en innombrables parts, qui s’étaient regroupés dans les ovules de Maï.

Ando voulut se lever, puis se ravisa et retomba sur le lit. Il voulait réfuter la théorie de Miyashita mais ses mouvements étaient trop agités.

— Mais elle est morte il y a vingt-cinq ans ! Comment ses informations génétiques pourraient-elles réapparaître maintenant ?

— C’est ça, le point essentiel. À ton avis, pourquoi a-t-elle imprimé ces images sur une bande vidéo ?

Elle avait dû fortement penser à quelque chose au moment de mourir, au fond du puits. Peut-être avait-elle insufflé ses pensées de haine envers l’humanité dans ces images et voulu faire s’élever l’effroi dans l’esprit de tous ceux qui les regarderaient par la suite ? Mais que pouvait-elle tirer de tout ça ? Les images contenaient peut-être une signification bien plus importante que ce qu’ils avaient cru jusqu’alors…

Ando n’arrivait pas à imaginer où Miyashita voulait en venir. Il voulait peut-être dire que…

— Elle n’avait que dix-neuf ans à l’époque, dit Miyashita pour le guider vers la réponse.

— Et alors ?

— Elle ne voulait pas mourir.

— Sans doute. Elle était trop jeune pour ça.

— Ne peut-on pas imaginer qu’elle a conservé sous forme de cryptogramme ses informations génétiques, et les ai laissées sur place sous forme d’énergie ?

Ando soupira sans répondre.

Elle aurait traduit en images sa propre information génétique et l’aurait imprimée sur cette vidéo ?

Ryuji Takayama avait bien réussi à transformer l’analyse de ses bases ADN en un message chiffré signifiant « Mutation », et à leur transmettre ainsi un message… Cependant, les informations génétiques de l’être humain étaient énormes. Ce n’était pas le genre de choses qu’on peut traduire sous forme d’un seul film vidéo.

À l’issue de ces réflexions, Ando finit par répondre :

— C’est impossible. Les gènes humains représentent une quantité d’informations trop énorme.

Miyashita écarta les deux mains, désigna la pièce d’un bout à l’autre.

— Par exemple, dit-il, suppose que tu veuilles exprimer avec des mots l’ensemble des informations contenues dans cette pièce.

Le bureau faisait environ huit tatamis de superficie, la table de travail était installée dans le prolongement du lit, un ordinateur portable était posé dessus, avec à côté un tas de dictionnaires empilés. Cependant, le plus difficile à transmettre serait sans doute le contenu des étagères à livres qui couvraient tout un pan de mur. Des centaines de volumes étaient entassés là, allant de livres de littérature jusqu’à des ouvrages spécialisés de médecin. Il faudrait sans doute toute une journée pour simplement noter tous les titres et les auteurs.

— Ça fait une quantité d’informations impressionnante, reconnut Ando.

— Oui, mais regarde : clic clac, fit Miyashita en prenant la position d’un photographe en pleine action. En prenant des photos, c’est fait en un instant. Avec une seule photo, tu peux représenter la plupart des informations de la pièce. Et si tu filmes en continu, alors la quantité devient énorme. Il n’est pas impossible de coder la totalité de gènes de Sadako Yamamura.

Ando avait beau comprendre maintenant ce que Miyashita voulait dire, cela allait trop vite pour lui.

— Laisse-moi réfléchir à ça une minute, dit-il en secouant la tête.

Il avait envie de poursuivre son propre raisonnement sur le sujet.

— Réfléchis, pendant ce temps, je vais aux toilettes.

Miyashita disparut dans le couloir, laissant la porte ouverte.

Naturellement, ce que disait Miyashita ne dépassait pas le stade de la supposition. Que le mécanisme qu’il décrivait soit vrai ou pas, il n’en restait pas moins que Maï Takano avait donné naissance à Sadako Yamamura après une semaine à peine de gestation. C’était un fait incontournable. Une semaine entre la fécondation et l’accouchement, voilà qui était vraiment très court. Il devait y avoir quelque chose à l’œuvre qui avait accéléré la division des cellules. Le noyau des cellules contient de nombreux corps composés appelés « acides aminés », et la division cellulaire ne peut avoir lieu sans augmenter uniformément la quantité d’acides aminés. Par conséquent, pour augmenter la fréquence de la division, il fallait fournir des acides aminés en surplus. D’une façon ou d’une autre le virus Ring avait réglé cette question et avait rendu possible le développement ultrarapide du fœtus.

Quand il était allé pour la première fois chez Maï

Takano, Ando avait senti une présence bien que l’appartement fût désert. Il en était sûr maintenant : à ce moment-là, Sadako Yamamura venait tout juste de naître et se dissimulait quelque part dans la pièce. Elle était sans doute encore si petite qu’elle pouvait trouver tout de suite un endroit où se cacher. Dans la penderie par exemple, ou le placard sous l’évier. Ando n’était pas allé regarder dedans. Mais elle avait vu Ando perdre l’équilibre dans la salle de bains et cela l’avait fait rire. Ce qui avait effleuré le talon d’Achille d’Ando à ce moment-là… C’était la main de Sadako Yamamura.

Elle s’était approprié l’appartement vide, pour y poursuivre tranquillement sa croissance à l’abri des regards. Une semaine avait dû lui suffire pour atteindre sa maturité. C’est ainsi que, lors de sa seconde visite à l’appartement, Ando l’avait vue apparaître sous sa forme de femme adulte.

Ando se repassa plusieurs fois ces scènes en esprit. Il comprenait à peu près la naissance et la croissance de Sadako Yamamura. C’était parfaitement plausible, il n’y avait aucune contradiction, au contraire même, tout concordait avec ses expériences personnelles.

Jusque-là tout allait bien, mais ensuite, que s’était-il passé ? Si elle avait atteint sa taille adulte en une semaine et avait continué ensuite à vieillir à la même allure, sa vie n’aurait pas dû excéder quelques semaines. Or, elle était revenue sur terre début novembre. Cela faisait donc dix semaines. Pourtant, elle avait toujours la peau d’une jeune fille de dix-neuf ans. Était-elle parvenue rapidement à l’âge à laquelle elle était morte pour ensuite se maintenir dans cet état de développement ?

Miyashita revenait des toilettes en s’essuyant les mains. Il reprit aussitôt la conversation :

— Il y a une chose qu’il ne faut pas oublier, c’est le rôle extrêmement important qu’a joué le virus de la variole dans cette affaire.

— Sans aucune doute, il y a un lien de coopération très fort entre le virus de la variole et Sadako Yamamura.

Juste avant de mourir, la jeune fille avait été contaminée par Nagao, et le virus s’était développé avec elle, se mélangeant intimement avec elle au fond du puits. Tous deux, promis à une disparition qu’ils refusaient, avaient dû développer en même temps une volonté de revenir à la vie un jour ou l’autre.

— À propos, tu es bien certain que Junichiro Asakawa va publier Ring sous forme de roman ?

— Aucun doute possible. La sortie est annoncée dans le catalogue des éditions S.

— Sadako Yamamura et le virus de la variole… Si l’on considère que ces deux fils enroulés l’un à l’autre ont donné naissance à la cassette maléfique, si l’on démêle cette double spirale, l’évolution devrait se poursuivre et ils devraient redevenir deux fils distincts. L’un serait naturellement Sadako, l’autre « Ring ».

Ando n’avait aucune objection à émettre sur ce point. Le virus se situait à la frontière entre la matière vivante et la matière inerte et possédait la faculté de se transformer en fonction de l’environnement. Une cassette vidéo avait ainsi pu prendre la forme d’un livre sans qu’il y ait là rien de bien surprenant.

— Ce serait donc pour ça qu’Asakawa est resté vivant ?

L’énigme était résolue. Il y avait donc deux issues : l’une était Sadako Yamamura, l’autre le reportage intitulé Ring. C’était pour cela que Maï Takano et Kazuyuki Asakawa avaient échappé à la mort par infarctus. Les virus qui s’étaient introduits dans le corps de Maï avaient pris la direction de son utérus, et dans le cas d’Asakawa, ils s’étaient dirigés droit vers son cerveau. Ce n’était pas Kazuyuki qui avait écrit Ring. On le lui avait fait écrire, c’était tout. C’était l’ADN de Sadako Yamamura, qui s’était introduit dans son cerveau et l’avait poussé à l’écrire. Voilà pourquoi ses descriptions étaient aussi précises que des images tournées par une caméra. Seules les descriptions de la personne de Sadako Yamamura, qui était le véritable auteur, manquaient d’exactitude. Tout comme un caméraman qui a l’œil derrière l’objectif et ne peut se filmer lui-même

Ando et Miyashita gardèrent le silence un moment, réfléchissant aux développements ultérieurs des événements.

Quelle influence Sadako Yamamura et Ring cherchaient-ils à exercer sur l’espèce humaine ? Sans attendre les résultats de l’analyse de sang qu’ils devaient subir le lendemain, Ando et Miyashita devaient essayer par tous les moyens d’empêcher la publication du livre. Junichiro Asakawa n’avait sûrement pas idée des conséquences catastrophiques que la publication de ce livre sous son nom pouvait avoir sur l’humanité. C’est par là qu’il fallait commencer : convaincre l’auteur du plagiat de renoncer à son projet. Mais accepterait-il de le faire ? Tout d’abord, on pouvait penser qu’il aurait du mal à croire à une histoire qui paraissait aussi absurde.

— Bon, allons-y !

Miyashita s’était levé en se frappant sur les genoux d’un air décidé.

— Où ça ? demanda Ando.

— Quelle question ! Chez toi, bien sûr.

— Mais je te l’ai dit, non ? Elle est là.

— C’est pour ça qu’il faut y aller. Il faut se confronter à elle.

Ando hésitait.

— Attends… attends un peu.

Il était venu chez Miyashita pour fuir Sadako. Il ne pouvait pas décider si facilement d’y retourner.

— Écoute, on n’a plus vraiment le temps pour les atermoiements. Tu ne comprends pas ? On est complètement impliqués dans l’histoire.

Aucun doute n’était possible. Depuis qu’ils avaient lu Ring, son influence était devenue perceptible à vue d’œil. Mais Ando n’en moquait bien. Ce n’était pas la mort en soi qui lui faisait peur : à l’époque où son fils était vivant et en bonne santé, et où sa femme l’aimait encore, il avait une peur affreuse de mourir. Mais maintenant. ..

Miyashita passa les mains sous les aisselles d’Ando, essayant de le faire se lever de force.

— Dépêche-toi, c’est peut-être notre dernière chance.

— Chance ?

— Sadako Yamamura est venue de sa propre volonté chez toi, n’est-ce pas ?

— Oui, c’est exact.

— Elle devait bien avoir une raison pour venir te voir.

— Quel genre de raison ?

— Comment le saurais-je ? Elle a peut-être besoin de toi.

Ando réfléchit. En le quittant lors de leur deuxième rencontre, Sadako lui avait dit :

« J’aurais à nouveau l’occasion de faire appel à vous. »

Tout en se laissant entraîner hors du bureau par Miyashita, Ando se disait qu’il n’avait pas vraiment envie de savoir ce que Sadako attendait de lui.