Épilogue

Patmos, une semaine plus tard…

Olivia était assise à la table de la cuisine dans la maison de sa grand-mère, attendant nerveusement la réaction de sa Yia Yia. Eleni Sotiris regardait fixement dans le vide d’un air sidéré. Ce n’était pas tous les jours qu’une grand-mère apprenait que sa petite-fille était amoureuse d’un vampire.

Eleni avait été ravie de voir Olivia se pointer soudainement au début du mois de juin, et encore plus ravie d’apprendre qu’Olivia quittait les rangs du Bureau fédéral d’investigation. La dernière nouvelle avait toutefois été si choquante pour Eleni qu’Olivia n’avait rien senti émaner de sa grand-mère pendant quelques minutes.

— Tu es certaine de cela ? demanda Eleni. Certaines personnes ont seulement des dents très pointues.

— J’en suis certaine. Je sais que c’est un choc, mais c’est vrai.

Eleni soupira.

— Je sens que tu dis la vérité.

Les émotions de sa grand-mère prirent une tournure sombre, oscillant entre l’incrédulité et le doute.

— Il ne te fait pas de mal, n’est-ce pas ?

— Non. C’est un homme doux et adorable.

— Comment est-ce possible ? N’est-il pas un genre de démon ?

— Non. Robby se mourait sur un champ de bataille, quand son grand-père l’a transformé. À cette époque, c’était un homme bon et honorable, et il l’est encore. Sa mort ne pouvait pas changer sa nature.

Eleni fit une moue.

— Je pensais que les vampires étaient maléfiques.

— Certains d’entre eux le sont. Une méchante personne se transformera en méchant vampire. En fait, je soupçonne qu’ils deviennent encore plus méchants. Je crois que leurs nouveaux pouvoirs leur montent à la tête.

— Ce n’est pas un admirateur du diable, n’est-ce pas ?

Olivia poussa un petit grognement.

— Non. Il a été élevé en tant que catholique, et il m’a dit qu’il accepterait de se rallier aux rangs de l’Église orthodoxe grecque.

— Oh.

L’aura de doute d’Eleni se dissipa.

— C’est une bonne nouvelle.

— Et nous pourrons avoir des enfants.

— Quoi ?

Une vague de joie émana d’Eleni.

— Pourquoi n’as-tu pas commencé par m’annoncer cette nouvelle ? Nous allons certainement accueillir ton jeune homme dans la famille.

Olivia poussa un soupir de soulagement.

— Merci. Robby sera très heureux que vous l’acceptiez ainsi.

Eleni fit un signe de la main pour lui signifier de ne pas en faire de cas.

— J’ai toujours su que c’était l’homme qu’il te fallait.

— Je pensais que vous aviez espoir de me voir marier Spiro.

Eleni haussa les épaules.

— Spiro s’est sauvé en courant, le mois dernier, pour se marier.

Elle tressaillit.

— Avec Dimitrios.

Olivia éclata de rire.

— Je vais rencontrer Robby sur la plage après le coucher du soleil. Je peux le ramener ici, si vous le voulez.

— Bien sûr !

Eleni fonça vers le réfrigérateur.

— Que voudrait-il manger ?

— Il ne mange pas, Yia Yia. Il boit du sang synthétique en bouteille chaque nuit.

— Tu veux dire que tu n’auras pas à cuisiner pour lui ?

Eleni ferma la porte de réfrigérateur en souriant.

— C’est parfait pour toi, mon enfant. Je crains que tu ne sois pas très douée pour la cuisine.

Olivia serra sa grand-mère dans ses bras.

— Je vous remercie de votre compréhension. Je savais que je devais vous dire la vérité à propos de Robby.

— Bien sûr.

Eleni la regarda en faisant bouger un doigt.

— Je le saurai, si tu me mens un jour.

— Il s’agit toutefois de quelque chose que nous devons garder pour nous. Je sais que vous aimez potiner avec…

— Je ne potine pas, râla Eleni. Et je peux garder un secret. Va, maintenant. Va voir ton jeune homme. Et dis-lui que je m’attends à ce que votre mariage ait lieu ici, dans mon église.

— Oui, madame.

Olivia quitta la cuisine et traversa la cour. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. C’est ici qu’elle avait parlé avec Robby pour la première fois. C’est ici qu’elle avait commencé à tomber amoureuse de lui.

Elle dévala les marches de l’escalier et se dirigea vers Petra en marchant sur la plage. Le soleil était sur le point de se coucher à l’horizon. Le ciel adopta des teintes rosées et dorées et la mer sembla s’enflammer avec des milliers d’étincelles.

La villa Draganesti apparut bientôt devant ses yeux. Robby avait laissé un message sur son téléphone portable en disant qu’il arriverait là peu avant l’aube. Elle avait attendu toute la journée qu’il émerge de son sommeil mortel. Elle demeura sur la plage et regarda le soleil disparaître à l’horizon. C’était une très belle fin de journée, et un très beau début pour sa nouvelle vie.

— Vous êtes certaine de ne pas être une déesse grecque ? lui dit Robby.

Elle se retourna et lui sourit. Il était debout sur la falaise, l’air aussi magnifique que d’habitude.

— Cela ne me dérangerait pas de me faire adorer.

Il bondit de la falaise et atterrit avec grâce à côté d’elle.

— Je me suis ennuyé de vous.

Il repoussa une frisette que la brise venait de souffler contre sa joue.

— Cela fait seulement deux jours que nous ne nous sommes pas vus.

Elle lui entoura le cou de ses bras et l’embrassa.

— J’ai parlé de vous à ma grand-mère.

Il tressaillit.

— Comment a-t-elle pris la nouvelle ?

— D’après ce que je peux en dire, vous pourriez être un extraterrestre d’une autre galaxie et ça ne lui importerait pas, tant que nous pouvons avoir des enfants.

Il rit sous cape.

— J’aime votre grand-mère.

Il recula.

— Vous souvenez-vous quand vous m’avez posé vos trois questions ?

— Oui.

— Posez-les-moi de nouveau.

Il prit ses mains dans les siennes.

— Posez-les-moi de nouveau, et je répondrai.

Elle sourit.

— Que voulez-vous plus que tout au monde ?

Il serra ses mains.

— Je vous veux.

Son cœur se gonfla de joie.

— Et que craignez-vous plus que tout au monde ?

— Vous perdre.

— Et si vous obtenez ce que vous voulez plus que tout au monde, cela fera-t-il de vous une meilleure personne ?

— Oui, ça le fera.

Il s’agenouilla sur un genou.

— Olivia, voulez-vous m’épouser ?

— Oui !

Elle se jeta sur ses genoux et l’entoura de ses bras.

— Oui.

Il la serra avec force contre lui.

— Je vous aime, Olivia.

Ses yeux se remplirent de larmes.

— Je vous aime, moi aussi.

— J’ai cherché votre nom de famille dans un dictionnaire, et il signifie « le salut ». C’est ce que vous m’avez fait, jeune femme. Vous m’avez sauvé d’une vie remplie de haine et de vengeance. Je suis libre, maintenant.

Elle déposa ses mains sur son visage et regarda ses yeux verts scintillants.

— Nous sommes libres ensemble.