ÉPILOGUE

Une heure plus tard à peine, Ahsoka se tenait dans un petit îlot de silence sur la place incendiée du village, tandis que Maître Windu coordonnait les diverses phases de nettoyage de la mission. Étant donné que les Seps de Lantibba s’étaient rendus presque immédiatement, la tâche la plus compliquée fut d’organiser l’évacuation totale des survivants de Torbel, environ trois cents personnes, parce que le village n’était plus que ruines fumantes.

Le soleil descendait vite sur l’horizon, aussi Rex avait-il fait placer les chasseurs autour de la place qui, avec leurs phares, était éclairée comme en plein midi. C’était le genre d’efficacité et d’attention dont Rex était coutumier, et elle ne l’en aimait que plus.

À présent, avec le reste de la troupe – qui déplorait des blessés mais aucun mort –, il parcourait méthodiquement les ruines du village afin de rassembler les objets personnels intacts et le matériel communal qu’il faisait empiler proprement dans une des rues bordant la place.

Il n’y avait malheureusement pas grand-chose.

Vingt-huit corps, dans leurs housses mortuaires, étaient alignés dans la rue, de l’autre côté de la place. Le sergent Coric et Checkers avaient été chargés du triste boulot. Les morts étaient veillés par certains des villageois qui étaient sortis de la mine de Torbel après la fin des combats. Leurs pleurs et leur chagrin emplissaient la Force.

Anakin, Maître Kenobi et Taria étaient assis ensemble dans le coin du square organisé en aire de triage. Ils n’étaient pas seuls. Une quarantaine de villageois avaient été séparés des autres pour recevoir des traitements médicaux. Le crépuscule était chargé de fumée et de discrets gémissements.

Une femme – Maître Kenobi l’appelait Sufi – insistait pour surveiller les clones médics et vérifier tous les remèdes, les injections et les onguents qu’ils administraient. Maître Kenobi avait bien essayé de la rassurer, de lui dire qu’elle pouvait se fier à eux, cette Sufi refusait résolument de l’entendre. Et elle était assistée par une fillette maigrichonne appelée Greti, qui avait une présence étrange dans la Force et qui ne cessait de retourner auprès de Maître Kenobi pour s’assurer qu’il allait bien. Ahsoka trouvait cela plutôt bizarre.

Mais je la comprends. Il a une mine épouvantable. Comme les autres, d’ailleurs.

Ils étaient vraiment tous très mal en point – pleins d’entailles, d’ecchymoses et de brûlures de blaster – et chaque fois qu’elle les regardait, elle sentait son cœur se serrer. Elle avait le sentiment de se retrouver à Maridun, où elle avait eu si peur quand Skyman avait été blessé. Elle se souvenait aussi de l’angoisse qu’il avait exprimée après la mission de Maître Kenobi sur Zigoola – qu’il n’avait jamais expliquée. Elle devait sans cesse se rappeler que le passé était le passé et qu’elle devait se concentrer sur l’instant présent.

Et à cet instant, en l’occurrence, les villageois de Torbel avaient peur d’elle.

Avant que trois médics soient venus la chercher pour s’occuper d’elle, Taria l’avait attirée à l’écart.

— Tu vas les mettre mal à l’aise, Ahsoka. Ne le prends pas pour toi ; ces gens sont culturellement – ignorants.

Sans blague. Ils me regardent comme si j’allais les dévorer, ou je ne sais quoi.

Elle faisait de son mieux, mais c’était difficile de ne pas le prendre mal. Surtout qu’elle venait d’aider à les sauver.

— Ahsoka !

Surprise, elle releva la tête.

— Oui, Maître Kenobi ?

Il agita son index replié.

— Vous avez un moment ?

— Maître ? dit-elle en le rejoignant avec un sourire pour Skyman et Taria.

Malgré leur épuisement, tous deux lui retournèrent son sourire avant de reporter leur attention sur Maître Kenobi, et elle aussi.

Les médics lui avaient injecté tellement de produits qu’il en avait les yeux tout troubles.

— Padawan Tano, j’aimerais vous présenter quelqu’un.

Il se retourna.

— Greti !

La fillette maigrichonne était assise près d’un des villageois malades. À son nom, elle bondit sur ses pieds et arriva en courant.

— Teeb ?

— Greti, je te présente Ahsoka, dit Maître Kenobi. Elle fait partie de l’équipe qui a sauvé Torbel des droïdes.

— Sauvé ? répéta la petite en plissant le nez. Torbel a complètement brûlé.

— Greti !

Maître Kenobi lui donna une pichenette sur le bout du nez.

— Où sont tes bonnes manières ? Si Ahsoka n’avait pas été là, tu serais sans doute morte.

Greti la regarda des pieds à la tête en silence. Puis elle posa les mains sur ses hanches et inclina la tête sur le côté.

— Vous n’avez pas de cheveux.

— C’est vrai, répondit Ahsoka avec un certain recul. Je suis une Togruta.

— Et votre peau est d’une drôle de couleur, aussi.

— Là d’où je viens, elle n’a rien de bizarre.

Greti enfonça ses mains dans les poches déchirées de sa tunique.

— C’est loin ?

Ahsoka hocha la tête.

— Très loin.

— Oh… Et je pourrai y aller ?

— Eh bien… je suppose, oui. Si tu en as envie.

— Est-ce qu’il y en a qui ont des cheveux, là d’où vous venez, Ahsoka ?

Skyman et Taria se retenaient de rire. Elle les gratifia d’un coup d’œil sévère avant de répondre à la fillette.

— Tu sais, Greti, tout le monde n’a pas envie d’avoir des cheveux. Et tout le monde n’en a pas besoin non plus. Il y en a même qui n’aiment pas les cheveux. Je ne…

— Obi-Wan, dit Maître Windu, intervenant sans prévenir. Je viens de…

Il s’arrêta net, parce que même Maître Kenobi riait.

— Quoi ? Qu’y a-t-il ?

Greti leva les yeux vers lui.

— Vous êtes de Togruta aussi, vous ?

— Non, répondit Maître Windu, interloqué. À qui est cette fillette ? Elle doit rester avec sa famille.

Maître Kenobi reprit son sérieux.

— Mes excuses, Maître. Greti, va retrouver ta mère. Je te verrai plus tard.

— Promis ? dit-elle en se jetant dans ses bras.

Surprise, Ahsoka regarda Maître Kenobi lui tapoter gentiment le dos.

— Promis, assura-t-il.

Comme elle s’éloignait, et avec elle sa présence inattendue dans la Force, Maître Windu fixa Anakin, Maître Kenobi et Taria de son regard sombre et intense. Il avait été si occupé à tout organiser, puis accaparé par les médics que c’était la première fois qu’ils leur parlaient depuis la fin de ce bref mais intense combat.

— Je viens de m’entretenir avec la sénatrice Amidala, dit-il. Elle m’a annoncé que la Reine Jamillia de Naboo offre le statut de réfugiés aux habitants de Torbel.

Anakin se redressa.

— C’est vrai ?

— Si les villageois sont d’accord, le Chancelier Suprême a autorisé le Ciel de Coruscant à les conduire directement d’ici à Naboo. Donc… à qui dois-je m’adresser ?

Maître Kenobi prit une profonde inspiration puis se releva.

— À Rikkard, Maître. Excusez-moi.

Ahsoka suivit des yeux Maître Kenobi alors qu’il se dirigeait lentement vers le groupe de villageois malades et blessés. Elle était inquiète. Anakin et Taria l’étaient visiblement aussi. Maître Kenobi, sans sa démarche assurée habituelle, n’était pas lui-même.

— Maître Windu, dit-il en revenant avec un homme couvert de terre de la tête aux pieds. Voici Teeb Rikkard, chef mineur et l’un des représentants de Torbel. Rikkard, je vous présente Maître Windu, du Conseil Jedi. Il a une proposition à vous faire, que, à mon avis, vous devriez sérieusement envisager. Jaklin aussi, si elle se sent mieux.

Maître Windu hocha gravement la tête.

— Teeb Rikkard.

— Maître Windu, dit le dénommé Rikkard.

Il avait les larmes aux yeux et sa voix tremblait.

— Torbel vous remercie de ce que vous avez fait.

— Je regrette qu’il ait fallu en arriver là, répondit Maître Windu. Et que vous ayez perdu vos foyers. Mais nous vous en avons peut-être trouvé d’autres. S’il vous plaît, Rikkard, venez marcher un peu avec moi.

Dès que Maître Windu fut hors de portée d’oreilles, Maître Kenobi se tourna vers Anakin.

— Intéressant. Est-ce que par hasard tu aurais…

— Non, dit Anakin. Je n’ai pas de comlink. Mais à mon avis c’est la solution idéale. Qu’en pensez-vous ?

Maître Kenobi promena son regard sur le village en cendres, puis sur le groupe de villageois indemnes de l’autre côté de la place.

— Peut-être, oui. J’espère que ça l’est.

Puis il soupira.

— Je me demande combien de temps encore nous allons être coincés ici. Je serais prêt à donner beaucoup pour une douche chaude et un lit.

Ahsoka sentait cependant que ce n’était pas pour lui qu’il s’inquiétait, mais pour Taria. Une inquiétude justifiée. Même bourrée d’analgésiques, Maître Damsin semblait… mal en point.

— Ahsoka, dit Anakin, ses yeux fatigués assombris par l’inquiétude. Etant donné que nous sommes cloués sur place, tu peux aller te renseigner ?

— Oui, Maître. Avec plaisir, acquiesça-t-elle.

Parce que nous serons tous ravis de quitter ce caillou au plus vite.

Et ils finirent par le quitter une fois qu’ils en eurent terminé avec tous les adieux. La fillette maigrichonne, Greti, se cramponnait à Maître Kenobi en essayant de toutes ses forces de ne pas pleurer. Sa mère, elle, pleurait, le remerciant d’avoir sauvé sa main, et sa vie. Sufi, la femme autoritaire, l’étreignit si fort qu’Ahsoka craignit pour ses côtes, et une autre femme, sanglée dans un antique harnais antigrav, serra Anakin dans ses bras tout aussi fort, et ensuite Maître Kenobi. Le représentant, Rikkard, était triste de les voir partir. Tous se montrèrent polis envers Taria, mais ce n’était pas la même chose.

Ahsoka se rendit compte qu’Anakin et Maître Kenobi avaient dû faire des choses étonnantes à Torbel et qu’ils avaient été adoptés par ces étranges villageois incultes.

J’espère que cette fois Skyman me racontera vraiment ce qui s’est passé.

Laissant Maître Windu et les villageois sur place pour discuter et prendre des décisions, ils s’envolèrent ensuite vers l’Indomptable avec le capitaine Rex et un clone médic pour toute escorte. Maître Kenobi était assis sur un soft-seat portable ; Taria dormait contre son épaule. Debout près d’Anakin, par la baie d’observation arrière, Ahsoka regarda Lanteeb s’éloigner rapidement derrière eux. Levant la main, Anakin agita les doigts.

— Au revoir… et bon débarras, murmura-t-il.

Tout était dit.

Douze heures après avoir embarqué à bord de l’Indomptable, pris un bain, dormi et avalé le premier repas décent depuis ce qui lui semblait une éternité, Obi-Wan se rendit dans la salle des Opérations Tactiques pour une holoconférence avec Palpatine. Anakin et Taria l’accompagnaient, ainsi que l’amiral Yularen et Maître Windu qui était lui aussi revenu de Lanteeb. Contrairement à Ahsoka qui, elle, était retournée avec Rex sur la planète où il y avait encore beaucoup de travail à faire.

Se surprenant une fois de plus à s’inquiéter pour Greti, Obi-Wan se força à se reconcentrer. Les enfants abandonnés, orphelins, malheureux… Il devenait aussi incurable que Qui-Gon.

— … décevant que Lok Durk ait réussi à rejoindre le général Grievous et à s’échapper, disait le Chancelier Suprême, mais l’un dans l’autre, je crois que nous pouvons nous estimer heureux. Maître Kenobi…

Obi-Wan s’inclina.

— Chancelier Suprême.

— En tant que Jedi le plus expérimenté sur cette mission, vous devez être félicité pour son succès. Et vous avez droit à ma gratitude personnelle pour avoir réussi à garder le jeune Anakin en un seul morceau.

Il s’inclina de nouveau.

— Merci, Chancelier Suprême. Mais cette mission a exigé nos efforts conjugués.

— Je n’en doute pas, dit Palpatine. Et j’ai exprimé mes félicitations aux capitaines des vaisseaux qui vous ont rejoint au moment propice, amiral Yularen. Les Sénateurs Organa et Amidala méritent notre admiration pour leur ingénuité. Mais j’avoue que je suis un peu inquiet… Ce qu’ils ont fait crée un précédent qui risque à l’avenir de présenter une menace pour la sécurité de la République. Nous avons une Grande Armée… et, naturellement, nos fantastiques Jedi. Donc je souhaite préciser que cette mission était… une exception, et qu’elle devra le rester.

— Je suis heureux de vous l’entendre dire, Chancelier Suprême, répondit l’amiral. Je ne peux qu’approuver vos réserves quant au danger que cela implique.

— Nous en discuterons plus tard, amiral, dit Palpatine. Pour l’instant, contentons-nous d’applaudir les résultats d’un travail bienfait, n’est-ce pas ? Maître Windu ?

Les traits de Maître Windu se figèrent.

— Chancelier Suprême.

— J’apprécierais que vous retourniez immédiatement sur Kothlis, dit Palpatine. Le Conseil dirigeant s’est montré très compréhensif, mais je préfère ne pas abuser de leur bonne volonté trop longtemps.

Obi-Wan sentit l’irritation du Maître Jedi.

— J’y retournerai, Chancelier Suprême, dit Windu, mais étant donné que le groupe de combat de l’amiral Yularen est encore en train de nettoyer Lanteeb, peut-être me permettrez-vous un court détour par Coruscant ?

— Pour nous ramener nos triomphants Jedi ? Naturellement, dit Palpatine avec un sourire radieux. En fait, Maître Windu, j’insiste même pour que vous le fassiez. Anakin…

— Chancelier Suprême, dit Anakin, presque sur ses gardes.

Mais Palpatine n’en tint pas compte.

— Mon cher garçon… que te dire sinon « bravo », et remercier la Force de t’avoir épargné.

— Merci, Chancelier Suprême.

— Maintenant, avant que nous en terminions, j’ai quelqu’un avec moi qui aimerait dire un mot.

Une brève pause, puis l’image de Padmé apparut sur l’holo-écran. Sentant l’intérêt immédiat d’Anakin, Obi-Wan lui lança un coup d’œil. Calme-toi.

Padmé, radieuse, souriait.

— Maître Kenobi, je suis si heureuse de vous voir. D’après ce qu’on m’a dit, les habitants de Torbel ont accepté la proposition de la Reine Jamillia de les accueillir sur Naboo ?

— Oui, sénatrice. Et je vous remercie d’avoir organisé cette possibilité.

— C’était le moins que je pouvais faire après ce qu’ils ont fait pour vous et… Anakin. J’attends avec impatience d’entendre toute l’histoire à votre retour. De même que le sénateur Organa. Il m’a dit de vous féliciter sur cette nouvelle et remarquable évasion.

Obi-Wan hocha la tête.

— Merci, sénatrice. Nous serons heureux de vous raconter tous les détails de cette mission – dès que nous en aurons le temps.

Ce qui serait le plus tard possible, s’il ne tenait qu’à lui. Moins Anakin et elle passaient de temps ensemble, mieux c’était… pour leur bien à tous les deux.

Padmé était une femme phénoménalement intelligente. Elle savait ce qu’il voulait dire.

— Oui, bien sûr, répondit-elle après un petit temps.

L’holoconférence se termina là-dessus.

— Anakin, dit Maître Windu. Yoda veut que vous rentriez au Temple, mais j’aimerais laisser votre Padawan sur Lanteeb pour s’occuper de la 501e. Je pense que vous la jugez capable de s’en charger seule ?

Obi-Wan s’attendait aux objections d’Anakin, mais il acquiesça de la tête.

— Oui, Maître Windu. J’ai entièrement confiance en elle.

— Et à juste titre, répondit Windu avec une fugace satisfaction. Je dois maintenant discuter de certaines choses avec l’amiral. Ne vous éloignez pas.

Comme Maître Windu entraînait Yularen à l’écart, Obi-Wan se tourna vers Taria.

— Tu as toujours ton comlink ?

Grâce à la batterie de médicaments que lui avaient injectés les droïdes meds, elle avait presque l’air d’avoir recouvré la santé. Le mensonge n’en était que plus terrible. Vêtue comme lui d’une terne combinaison de vol, ses fabuleux cheveux lavés, brillants et sagement nattés, personne ne pourrait se douter, en la voyant, qu’elle n’avait plus que quelques semaines à vivre.

Mais je ne vais pas les gâcher. Non.

— Mon comlink ? dit-elle en haussant les sourcils. Oui. Pourquoi ?

— Anakin voudrait annoncer la bonne nouvelle à Ahsoka.

Elle tendit son comlink à Anakin.

— Félicitez-la de ma part. Dites-lui de bien soigner son équipe Verte. Elle comprendra.

— D’accord, dit Anakin en s’éloignant pour passer son coup de fil.

— Alors, Obi-Wan, dit Taria à voix basse en posant une main sur son bras. Tu te sens bien ?

Il était loin de se sentir bien, et Taria le savait, naturellement. D’ailleurs, c’était bien pour cela qu’elle posait la question. Ils auraient le temps, au Temple, de se livrer aux débriefings. Le temps de penser aux victimes, de les pleurer, de trouver des façons d’honorer ceux qui avaient commis des erreurs – et payé un prix terrible pour les réparer. Le temps d’accepter la perte de son amie. C’était un voyage qu’il avait commencé à l’infirmerie de Torbel, mais il avait encore un long chemin à parcourir.

Je ne suis même pas certain d’arriver un jour au bout.

Sachant qu’elle le laisserait faire, rien que pour cette fois, il mentit.

— Oui. Je vais bien.

— Tu as besoin de beaucoup de repos.

— Après la guerre. Taria…

Palpatine n’avait pas salué le rôle qu’elle avait joué. Ce qu’elle avait sacrifié. Et cela le rendait furieux.

— Tu as sauvé tant de vies. Et maintenant…

— Pas de regrets, le coupa-t-elle d’une voix très douce.

Elle resserra ses doigts sur son bras et s’efforça de sourire.

— Comment pourrait-il y en avoir ? Obi-Wan…

Et puis Maître Windu revint.

— Bien, dit Windu comme Yularen traversait la passerelle en leur annonçant qu’il se mettait en route. Je crois que nous en avons terminé ici. Anakin !

Anakin les rejoignit.

— Maître ?

— Vous avez parlé à votre Padawan ?

— Oui, Maître.

— Bien.

Maître Windu eut un sourire farouche.

— Alors allons-y. Nous prendrons un chasseur jusqu’au Poignard et rentrerons au plus vite chez nous.

Leur tournant le dos, il se dirigea vers l’écoutille, Taria sur ses talons. Elle lança un coup d’œil affectueux par-dessus son épaule puis disparut.

— Chez nous, répéta Anakin. Quel son agréable, non ?

Il avait un sourire jusqu’aux oreilles, une lueur de malice dans les yeux et une excitation qu’il étouffa promptement.

— Encore une à laquelle nous avons survécu, Obi-Wan, dit-il.

Pas tous.

Mais ce n’était pas le problème d’Anakin. Avec un douloureux effort, il arracha son esprit à la souffrance et à la mort qui guettaient dans l’ombre. Qui attendaient leur heure. Et auxquelles il ne pourrait échapper.

— Oui, c’est vrai, Anakin, dit-il. Et nous ne sommes pas passés loin cette fois non plus.

— C’est sûr…

Anakin secoua la tête.

— Vous savez, je commence à me demander si on ne ferait pas mieux de chercher un nouveau hobby.

Il était fatigué, il était triste, et pourtant…

— Crois-moi, Anakin, plaisanta-t-il, sur ce sujet, ne compte pas sur moi pour te contredire.

Et les sourires qu’ils échangèrent en disaient plus qu’un long discours.

— Kenobi ! appela Maître Windu depuis le couloir. Auriez-vous oublié le sens de « au plus vite » ?

— Oups ! dit Anakin en tendant le bras d’un geste gracieux. Après vous, Maître Kenobi.

— Non, non, Maître Skywalker, répondit-il. J’insiste… Après vous.

Côte à côte, ils sortirent de la salle.