11
Seule son autodiscipline d’une rigueur intraitable, la discipline du plus grand Seigneur Sith que la galaxie ait jamais connu, permit à Sidious de taire la profondeur de sa fureur lorsque Yoda lui expliqua la mission sur Lanteeb.
Dooku, vous me décevez une fois encore.
— Maître Yoda, dit-il, d’une impassibilité redoutable, je dois vous avouer que je suis… troublé. Pourquoi ne m’avez-vous pas parlé de cette arme biologique dès que vous en avez appris la menaçante existence ?
Il tourna son regard vers l’homme assis à côté de son implacable ennemi.
— Et vous, Sénateur Organa ? En tant que l’un de mes conseillers de la sécurité les plus dignes de confiance, comment avez-vous pu…
— Responsable de cela je suis, Chancelier Suprême, dit Yoda. Contraint par moi a été le Sénateur Organa de garder cette affaire secrète. S’incliner devant mon ordre en tant que Jedi il a dû.
Sidious se releva et s’autorisa quelques allers et retours nerveux devant la baie panoramique de son salon.
— Maître Yoda, vous devez savoir en quelle estime je vous tiens, vous et votre Ordre, en conséquence vous devez également savoir que ce que je vous dis à cet instant n’est pas à prendre à la légère.
Il fit une brusque volte-face, poignardant ce détestable Jedi de son regard le plus glacial.
— Comment avez-vous osé ? Je suis le Chancelier Suprême de cette République, responsable du bien-être de ses milliards de citoyens. Qui vous a nommé dépositaire de la connaissance ? Qui a fait de vous mon protecteur pour que vous décidiez de ce dont je devrais ou ne devrais pas être informé concernant ce qui se passe dans nos frontières ? Je suis le représentant élu du peuple. Pas vous. Comment avez-vous pu trahir aussi honteusement ma confiance ?
Affaissé sur son bâton de gimer, Yoda baissa la tête.
— L’importance de ce problème nous ignorions au début.
Puis il la releva.
— Et de toutes les missions Jedi je ne vous informe pas, Chancelier Suprême.
Sidious cessa de marcher et joignit ses mains dans son dos.
— Alors peut-être le devriez-vous, dit-il froidement. Mais nous pourrons discuter de cela plus tard. Ce que je dis maintenant est que vous auriez dû m’informer lorsque le problème s’est révélé plus grave que vous le pensiez.
Parce que j’aurais pu dire à Dooku de prendre des mesures. Et maintenant il est trop tard. Maintenant je vais devoir trouver une solution pour sauver la situation.
Organa, cet insupportable fouineur, se racla la gorge.
— Maître Yoda a pensé – et j’étais d’accord avec lui que si nous pouvions résoudre ce problème de façon rapide et discrète, nous éviterions une nouvelle perte de la confiance du public. Il n’a jamais été question d’usurper votre autorité, Chancelier Suprême.
Peut-être. Peut-être. Mais vous l’avez usurpée tout de même, espèce d’insignifiant principicule. Mais je vous revaudrai cela.
— Oui, mais tout de même, Sénateur… dit-il froidement.
Contrit, Organa baissa la tête.
Yoda, pas contrit du tout, l’insupportable troll, soutint son regard hostile sans broncher.
— L’espoir j’avais que Maître Kenobi et le jeune Skywalker le plan de Lok Durd arriveraient à contrecarrer. Et l’espoir je garde qu’ils puissent encore y parvenir.
Anakin. Il sentit un frisson désagréable dans la Force.
Son futur apprenti était… en danger. Il le sentait. L’avenir qu’il avait prévu demeurait inchangé – le temps approchait où Anakin deviendrait son puissant bras droit –, mais ce n’était pas pour autant que le garçon était à l’abri de tout danger. Sa rencontre avec Dooku l’avait clairement démontré.
Sois fort, Anakin. Sois audacieux et déterminé. Je ne peux pas encore t’aider ouvertement, mais, dans l’ombre, je te protégerai autant que je le pourrai.
— Je serai franc, dit-il d’un ton austère. Vous m’avez tous deux déçu et avez fait preuve d’un lamentable manque de jugement. Je suis donc contraint de dire clairement ce qui me semblait implicitement évident : vous ne devez pas me protéger des questions difficiles. Et vous n’auriez jamais dû le faire.
Après leur avoir accordé un instant pour encaisser cette réprimande, il s’assit et les laissa debout, plantés là comme de simples pétitionnaires, comme de vulgaires sujets.
— Je ne doute pas que vous pensiez agir au mieux de mes intérêts et au mieux de l’intérêt de la République, dit-il. Cela au moins joue en votre faveur. Mais permettez-moi d’énoncer les choses de façon très claire : Je n’ai pas besoin de votre protection. Est-ce bien compris ?
— Chancelier Suprême, murmura Organa, les yeux toujours baissés.
— Compris c’est, dit Yoda avec une apparente docilité. Chancelier Suprême.
Il était impossible de saisir ce que l’antique Jedi pensait réellement.
— Dans ce cas, nous ne reparlerons plus de cela, dit-il avec une superbe magnanimité. Dites-moi plutôt, Maître Yoda, comment vous comptez procéder. D’après vous, Maître Kenobi demande que nous prenions cette planète d’assaut – Lanteeb. Êtes-vous d’accord avec sa suggestion ? Un assaut total est-il seulement envisageable ? J’avais cru comprendre que nos capacités de déploiement demeuraient terriblement compromises.
À cet instant, Yoda eut du mal à contenir aussi parfaitement ses émotions qui colorèrent la Force de doutes jubilatoires.
— Vrai il est que des problèmes les sabotages des communications continuent à poser à notre flotte.
— Sans parler de ces croiseurs toujours en cale sèche pour y être réparés à la suite de vos combats sur Kothlis, ajouta-t-il. Donc je repose ma question : Un assaut total sur Lanteeb est-il seulement possible ?
— Nous n’aurons peut-être pas le choix, dit Organa. L’arme biologique de Durd a potentiellement la possibilité de changer le cours de cette guerre.
Oui, je sais. C’est précisément son objectif.
— Et qu’en est-il de Maître Kenobi et du jeune Anakin ? Pourront-ils accomplir leur mission ? Pourront-ils contrecarrer les projets de cet abominable Neimodien avant que nous soyons obligés d’attaquer cette planète ?
Sidious secoua la tête.
— Vous vous dites confiant, Maître Yoda. Pouvez-vous me donner plus d’espoir que cela ?
— Non, répondit Yoda. En continuel changement est cette situation, Chancelier Suprême. Méditer encore sur ce sujet je dois.
— Je vois. Sénateur Organa ?
Organa ne pouvait rien lui cacher. Il sentit les doutes nauséeux de l’homme, son angoisse croissante, la peur pour son ami Jedi. Il y avait aussi sa culpabilité d’avoir dû tenir sa langue si longtemps. Un tel tourbillon d’émotions était hautement divertissant – et très utile dans la mesure où le Sénateur en serait déstabilisé et donc moins efficace dans son travail.
C’est la deuxième fois que l’instinct d’Organa interfère avec mes plans. Je vais devoir le tenir davantage à l’œil.
— Remettre à plus tard l’assaut sur Lanteeb est risqué, dit lentement Organa. Et si nous étions pris par surprise et que Dooku lance une attaque biologique ? Je n’ose même pas imaginer les conséquences, Chancelier Suprême.
Il affecta de plonger dans une profonde réflexion.
— Je suis d’accord, Sénateur. Plus nous attendons pour neutraliser ce criminel de Durd et détruire le laboratoire où est produite cette arme, plus nous risquons de subir une attaque catastrophique des Séparatistes. Mais – et c’est là que réside notre dilemme – nous risquons aussi beaucoup en agissant. Si l’existence de cette terrible arme venait à se savoir, une incontrôlable panique se répandrait dans d’innombrables systèmes. Une défection massive serait envisageable : les systèmes républicains pourraient être nombreux à se tourner vers les Séparatistes dans l’espoir d’apaiser le Comte Dooku et ses alliés. Et nous devons aussi penser à nos autres engagements militaires actuels. Redéployer nos nouveaux croiseurs fonctionnels reviendrait à abandonner des civils sans défense aux prédateurs séparatistes. Et cela n’entamera-t-il pas la confiance dans les Jedi et ce gouvernement à un moment où cette confiance est douloureusement mise à l’épreuve ?
— Comment, dans ce cas, procéder devons-nous à votre avis, Chancelier Suprême ? demanda Yoda. Quel risque est le moins risqué ?
— Ils sont aussi détestables l’un que l’autre, Maître Yoda, répondit-il en faisant de nouveau mine de réfléchir aux choix qui s’offraient à eux. S’il ne s’agissait pas de Maître Kenobi et du jeune Anakin, je crois que j’autoriserais un assaut immédiat sur Lanteeb. Mais il s’agit de ces deux Jedi en particulier… et nous savons tous les trois de quoi ils sont capables, surtout lorsqu’ils sont le dos au mur.
Organa le regarda avec insistance.
— En êtes-vous sûr ? Ce ne sont que deux hommes, piégés sur une planète hostile, sans aide, sans moyens de communication fiables, et avec seulement un sabre-laser chacun, et ils sont face au feu illimité d’une armée de droïdes.
— Ce ne sont pas deux hommes, Sénateur, le reprit-il gentiment. Mais deux Jedi. Et ces deux Jedi en particulier. Et oui, c’est le pari que j’ose prendre. J’ai une foi absolue en eux. Je leur confierais ma vie les yeux fermés. Pas vous ?
— Bien sûr que si, dit Organa. Mais ce n’est pas nous qui sommes en danger, mais ceux qui nous ont confié leur vie. Chancelier Suprême…
Sidious se leva.
— Je comprends ce que vous voulez dire, Sénateur. Hélas, notre choix, quel qu’il soit, mettra de toute façon des milliers de vies en danger.
— Vrai cela est, dit pesamment Yoda. Et d’accord je suis avec votre prudence, Chancelier Suprême.
— Ainsi vous partagez ma foi en Maître Kenobi et Anakin ? dit-il. Vous croyez qu’ils peuvent nous sauver ? Une fois de plus ?
Yoda, les yeux mi-clos, garda le silence un instant.
— Que plus de temps nous devrions leur accorder je crois. Très obscure pour nous est la situation sur Lanteeb.
— Mais Maître Yoda, elle n’est pas obscure pour eux ! protesta Organa. Et ils nous ont demandé d’intervenir.
Sidious leva une main apaisante.
— Et nous interviendrons, Sénateur. Mais d’abord je pense que nous devrions donner à nos amis Jedi la chance de terminer leur mission. Si nous parvenons, d’une manière ou d’une autre, à contrarier le complot séparatiste sans alarmer davantage le public ni redéployer les forces de la GAR déjà lourdement mises à contribution, alors je nous considérerai comme triplement bénis.
Ravalant son émotion, Organa hocha la tête.
— De toute évidence, Chancelier Suprême, la décision finale vous revient.
— Je crains que oui, en effet, dit-il. J’aimerais pouvoir porter cette affaire devant le Sénat, mes amis. J’aimerais pouvoir alléger le poids qui pèse sur vos épaules. Mais si cette terrible guerre m’a appris quelque chose, c’est que prudence est mère de sûreté. Il y a des rouages dans les rouages, d’innombrables manipulations. Afin de gagner la partie, il faut savoir cacher son jeu, comme on dit. Mais…
De nouveau il leva la main puis laissa un souffle de censure s’immiscer dans sa voix.
— … jamais au point que je ne puisse le voir. J’ose croire que je n’aurai pas besoin de vous le rappeler.
— Non, Chancelier Suprême, dit Organa, si penaud que c’en était un bonheur. Ce ne sera pas nécessaire. Merci.
— Maître Yoda ?
— Au courant je vous tiendrai, Chancelier, dès qu’un nouveau contact nous aurons eu avec Kenobi et Skywalker, dit le vieil imbécile. Si leur mission ils réussissent, d’intervenir nous n’aurons pas besoin. Mais si impuissants ils sont à neutraliser Lok Durd, alors une attaque sur Lanteeb nous devrons lancer.
— Très bien, dit Sidious. Et d’ici là… que pouvons-nous faire pour aider le travail de ce scientifique ?
— Rien, Chancelier Suprême, dit Organa. Le Dr Netzl a tout ce dont il a besoin. Et c’est un génie. Il trouvera un antidote à cette arme.
— J’espère que vous avez raison, Sénateur, dit-il, les sourcils froncés. Pour nous tous. Tenez-moi informé de tous les développements, aussi infimes soient-ils.
Là-dessus, il les congédia. Dès qu’il se retrouva seul, il essaya de prendre contact avec son apprenti, mais Dooku ne répondit pas à ses appels. En dépit de sa colère, toutefois, il se rendit compte qu’il ne s’agissait probablement pas là d’un insolent défi à son autorité. Mais venant juste à la suite de ces récentes révélations, il ressentait son silence comme une provocation. Après avoir laissé sa signature sur le poste com de son apprenti, il se retira pour méditer sur Anakin et sur la situation critique où il se trouvait. Dooku le rappellerait dès qu’il verrait la marque de son Maître.
Et il essuiera ma colère. Parce que je n’ai pas œuvré toutes ces longues années pour voir mes plans tomber à l’eau à cause d’une mauviette corruptible comme lui.
Les premières lueurs de l’aube baignaient le ciel nocturne de Coruscant alors que Bail, aux commandes de son speeder, les ramenait, Yoda et lui, vers le Temple. Il attendait que Yoda prenne la parole, mais le Maître Jedi demeurait silencieux, presque renfermé. Finalement, alors que le Temple se dressait devant eux, il s’éclaircit la gorge.
— Je crois que la colère de Palpatine était légitime, Maître Yoda. C’est à lui en dernier lieu que revient la sécurité de la République.
Yoda lui décocha un coup d’œil.
— Non, Sénateur. Entre nos mains à tous réside la sécurité de la République. Ignorer la responsabilité individuelle, c’est prendre en otage la liberté. Protéger la République nous devons tous, avec chaque décision que nous prenons.
Un autre regard, plus long, plus insistant.
— Quand tout cela commencé a, d’accord vous étiez pour vos suspicions ne pas dire à Palpatine.
Stang. Le vieux Maître n’avait pas oublié, bien sûr.
— Oui, parce que ce n’était alors rien de plus – des suspicions. Et avec tous nos problèmes de sécurité, je pensais qu’une telle prudence était justifiée, Maître Yoda.
Il relâcha quelque peu le manche à balai du speeder, se préparant à se glisser dans la voie privée du Temple.
— Mais, si je peux me permettre cette question… Aviez-vous l’intention de lui dire un jour ?
— Oui, dit Yoda, alors qu’ils changeaient de voie en douceur. Quand accomplie aurait été la mission.
— Il a énormément confiance en eux, Obi-Wan et Anakin, dit Bail qui secoua la tête. Et ça m’effraie un peu. Pas parce que je doute de leurs capacités. Pas du tout. C’est juste que…
— Que les Jedi des créatures mythiques et magiques ne sont pas, termina Yoda pour lui.
Il avait l’air presque… triste.
— De sang et de chair ils sont faits. Ils saignent. Ils se brisent. Peur vous avez que nous exigions trop d’Obi-Wan Kenobi et d’Anakin Skywalker.
— Oui, c’est vrai, admit Bail qui tourna la tête vers Yoda. Pas vous ?
La réponse de Yoda fut le silence.
Eh bien, c’est rassurant…
Après avoir déposé le Maître Jedi au Temple, Bail prit le chemin de l’appartement de Padmé. Il avait désespérément envie de voir Tryn, de savoir où en était son ami autoséquestré, si son antidote serait bientôt mis au point, mais il était trop tôt. Et il était trop tôt aussi pour déranger Padmé, toutefois elle ne lui pardonnerait jamais d’avoir tardé à lui donner des nouvelles d’Obi-Wan et d’Anakin. Enfin… surtout d’Anakin. Il était désormais presque convaincu que son intérêt était avant tout dirigé vers le jeune homme.
Et je crains que, tôt ou tard, cela ne réveille un nid de gundarks. Oh, Padmé…
À sa grande surprise, il la trouva déjà levée. Vêtue d’une combinaison vert sombre, elle jetait des vêtements dans une valise. Et il était évident que ce n’était pas pour un petit voyage d’agrément…
— Je regrette, Bail, dit-elle alors qu’il s’arrêtait sur le seuil de sa chambre. Je vous abandonne avec un épouvantable planning de réunions, je sais. Mais la Reine m’a clairement fait comprendre que si je ne réglais pas ce problème avec la Guilde des Artisans, il y aurait des répercussions interplanétaires.
— Quoi ?
Il entra dans la chambre pour s’arrêter au pied du lit.
— Vous m’aviez dit que vous aviez résolu ce désaccord.
— Oui, je l’avais résolu ! rétorqua-t-elle en attrapant une paire de chaussures dans sa penderie. Mais nous sommes revenus à la case départ !
Elle jeta les chaussures dans la valise.
— Je vous jure que le prochain imbécile qui prétend que son tempérament d’artiste le dispense d’observer la plus élémentaire civilité va se retrouver…
Au prix d’un énorme effort, elle renonça à formuler le reste de sa menace, exhala un profond soupir et s’assit lourdement au bout de son lit. Même à une heure aussi indue, et dans l’état d’exaspération où elle était, elle était d’une beauté immaculée, comme toujours. Elle lui jeta un coup d’œil contrit puis secoua la tête.
— Désolée. Vous avez mal choisi votre moment pour me rendre visite.
— Inutile de vous excuser, dit-il en s’efforçant de sourire. Tout Sénateur connaît un jour ou l’autre le plaisir d’être grignoté jusqu’au trognon par une souris tartarienne.
— C’est sûr. En fait, je…
Et soudain elle parut seulement se rendre compte de qui était dans sa chambre.
— Bail ? Mais… le jour est à peine levé. Qu’est-ce que…
Alors seulement elle comprit qu’une seule raison pouvait justifier sa visite.
— Ils ont des ennuis. Graves ? Est-ce qu’ils ont été… Sont-ils… ?
— Ils ne sont pas morts, la rassura-t-il rapidement. Ni morts, ni blessés. En tout cas, je ne le pense pas. Ils sont juste coincés.
— Sur Lanteeb ?
— Oui. Ils tentent toujours de contrecarrer les plans de Durd.
— Et après quoi ? demanda-t-elle d’une petite voix.
Son énergie passionnée était brusquement étouffée par la peur.
— Comment quitteront-ils la planète ?
— Je l’ignore.
— Les Jedi ne vont pas aller les chercher ?
— Padmé, je n’en sais rien.
Se relevant brusquement, elle se mit à arpenter la pièce.
— Ils l’ont fait, pour Géonosis. Il faut qu’ils le fassent… Ils ne peuvent pas simplement…
Ses traits se durcirent.
— D’accord. Si le Conseil Jedi refuse de les aider, moi je le ferai. Parce que je ne vais certainement pas les abandonner là-bas.
Elle se tourna vers lui, le regard brûlant.
— Et vous allez m’aider. Parce que c’est vous qui les avez envoyés là-bas, Bail. Vous les avez lancés dans une improbable chasse au bantha sauvage sur Lanteeb, et même s’il se trouve que vous aviez vu juste et qu’il y a vraiment de gros problèmes qui s’y préparent, ce n’est pas une excuse pour…
— Padmé, Padmé ! Calmez-vous ! dit-il en levant les mains. On ne peut pas foncer là-bas comme une décharge de blaster tirée au hasard. La situation est incroyablement sensible. Un pas de travers de notre part et ils pourraient se faire tuer ! Est-ce ce que vous voulez ?
— Bien sûr que non, quelle question ! répliqua-t-elle vivement. Ce que je veux, c’est les voir de retour ici sains et saufs. Ce que je veux, c’est…
Elle lui tourna brusquement le dos et il vit ses épaules trembler, comme si elle pleurait ou s’efforçait de contenir ses larmes.
Stang.
— Padmé… dit-il doucement. Parlez-moi. Quoi que ce soit, si c’est un secret, il restera entre nous. S’il vous plaît. Laissez-moi vous aider.
Il n’osa rien ajouter. La vérité devait venir d’elle. Il avait des soupçons, mais c’était à elle de franchir le pas.
Elle resta silencieuse pendant un long moment. Puis, finalement, elle se retourna. Ses yeux étaient secs, son visage calme, son attitude composée. Elle ne souriait pas, mais une certaine chaleur apparaissait dans son regard direct.
— C’est si gentil à vous de vous soucier de moi, Bail. Merci, dit-elle d’une voix ferme. Et au risque de paraître impolie… il faut que je termine de faire mes bagages pour me rendre à l’aéroport. Compte tenu des tourments que notre pauvre République endure en ce moment, j’ai conscience que les humeurs capricieuses d’une bande de souffleurs de verre peuvent paraître dérisoires, mais Naboo accorde beaucoup de prix à ses artisans et la Reine Jamillia compte sur moi pour résoudre ce qui, pour eux, est une véritable crise.
En d’autres termes. Bail, occupez-vous de vos oignons. Il hocha la tête.
— Où allez-vous ?
— À Bonadan, dit-elle en se retournant vers sa valise. La Reine est certaine que nous pourrons venir à bout de cette impasse si je peux convaincre les membres du Consortium Bonadan du Sable d’Argent de discuter calmement avec moi des inquiétudes des souffleurs de verre.
Il ne put s’empêcher de sourire.
— Si je comprends bien, les souffleurs de verre eux-mêmes n’ont pas été invités à cette rencontre ?
— On m’a laissé entendre, répondit-elle, toujours aussi raide, que grâce à leur dernier éclat, si un seul souffleur de verre est découvert à moins de cinquante parcecs de Bonadan Quatre, le Consortium du Sable d’Argent votera une loi interdisant les ventes de silice à Naboo – à perpétuité.
— Ç’a dû être une sacrée crise.
— La Reine Jamillia est étonnée que nous n’en ayons pas entendu parler au Sénat.
Avec un soupir, elle ferma sa valise et la boucla. Puis, les lèvres pincées, elle s’écarta du lit.
— J’aurai mon comlink sécurisé privé sur moi, bien sûr, ajouta-t-elle sans le regarder. Si vous avez des nouvelles – et quelle que soit l’heure –, vous pourrez me…
— Vous savez bien que oui, dit-il. Si j’apprends quoi que ce soit, je vous appelle dans la minute qui suit, je vous le promets.
— Merci, dit-elle avec un hochement de tête.
Elle serra de nouveau les lèvres et il lui sembla soudain qu’elle était une fois encore sur le point de craquer.
S’il s’avançait vers elle, s’il la touchait ou esquissait un peste de réconfort, elle éclaterait en sanglots. Et elle lui en voudrait.
— Je vous laisse, alors, dit-il avec un entrain forcé qui le rendit vaguement nauséeux. Et si le « grignotage » devient trop insupportable et que vous avez besoin de passer vos nerfs sur quelqu’un, vous savez où me trouver.
— Oui, dit-elle doucement. Merci, Bail.
L’exaspérant droïde protocolaire de Padmé insista pour le raccompagner à la porte d’entrée. Après qu’il l’eut déverrouillée, et comme il s’écartait après l’avoir ouverte avec une déférence irréprochable, Bail s’apprêta à sortir… puis hésita. Se retournant, il plongea son regard dans les photorécepteurs brillants avec l’impression inconfortable d’être un idiot. Cet engin était un droïde, rien de plus. Il n’était pas vivant. Et pourtant…
— Si tu penses qu’elle a des problèmes, C-3PO, tu m’appelles, dit-il à voix basse. À n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Tu comprends ?
Le droïde le regardait d’un air ébahi. Mais il semblait aussi le… juger ? Cherchait-il à savoir s’il pouvait se fier à lui ?
Stang. C’est un droïde.
Finalement, le robot hocha la tête.
— Sénateur…
Était-ce un oui ou un non ? Difficile à dire, et il n’était pas question de le lui demander. Il verrait bien… Mais alors qu’il naviguait dans la circulation pour regagner son appartement, à peine conscient d’un de ces superbes levers de soleil dont Coruscant avait le secret, il se surprit à prier que ce soit un oui – et à prier plus fort encore pour que les deux impossibles amis que Padmé et lui avaient en commun parviennent à trouver un moyen de se sortir de ce nouveau pétrin où ils s’étaient fourrés. Parce qu’il ne voulait même pas penser à devoir lui annoncer de mauvaises nouvelles.
Oh, Padmé. Chère Padmé. C’est une si vaste galaxie. N’auriez-vous pas pu tomber amoureuse de quelqu’un d’autre ?
Il fallut près de deux heures à Dooku pour prendre contact depuis Umgul. Sidious, qui l’attendait, ordonna à Mas Amedda de réorganiser le planning de Palpatine. Il avait pour règle d’être dans son bureau directorial du Sénat au plus tard à 7 h 30 chaque matin – un zèle que trop peu de Sénateurs avaient à cœur de prendre pour exemple. Et ils pensaient qu’il ne le remarquait pas.
Ils avaient tort, cela va de soi.
En attendant la com de Dooku, il se plongea profondément dans les flux et reflux du Côté Obscur afin d’en explorer les possibilités et de chercher la façon la plus avantageuse d’exploiter ce qui était arrivé. Les revers étaient inévitables. Seule comptait la manière de les gérer.
Au fil des ans, il était devenu un expert dans l’art de transformer la défaite en victoire, de convertir une retraite en avancée – d’une autre direction. Il ne doutait pas un instant de pouvoir faire de l’échec de Dooku sur Lanteeb un atout. Au bout du compte, évidemment, cela ne ferait aucune différence. Il était destiné à diriger un empire, et aucun Jedi n’y pourrait rien changer.
Cependant, je dois ménager Anakin, ce qui veut dire qu’il n’est pas question de le laisser en rade sur cette planète insignifiante, mais de lui donner au contraire toutes les chances possibles pour s’en échapper. La question est… comment faire en sorte que ce soit possible ?
S’immergeant plus profondément encore, il invita le Côté Obscur à le lui montrer.
Lorsque Dooku appela enfin, il avait un plan, et savait avec une délectable et étincelante satisfaction que, une fois encore, les événements se plieraient à sa volonté. Vêtu de sa tenue de Sith, il activa l’holo-imageur du bureau insonorisé et sécurisé de son appartement.
— Vous n’êtes pas parvenu à convaincre le gouvernement Umgul de rejoindre l’Alliance, dit-il, ignorant les salutations prudentes de Dooku. Je trouve cela… décevant, Seigneur Tyranus.
Malgré la distance, il sentait la peur lancinante de Dooku.
— Vous savez ? Mais je viens tout juste de rentrer de…
Il fit claquer le Côté Obscur comme un fouet.
— Vous pensiez peut-être que je ne saurais pas ?
Dooku mit un genou à terre.
— Seigneur Sidious, ils étaient totalement réfractaires à toute persuasion.
— Vous auriez dû les faire plier !
— Mon Seigneur, je n’ai pas osé. Notre entretien était retransmis en direct, diffusé dans de nombreuses villes. Il y avait beaucoup de témoins. Etant donné les circonstances, j’ai pensé qu’il était préférable de s’avouer vaincu.
— Je ne me souviens pas vous avoir jamais enseigné que le Sith admettait la défaite, Seigneur Tyranus.
— Ce n’est que temporaire, Mon Seigneur, dit Dooku en tressaillant. Je compte laisser le gouvernement Umgul penser qu’il est libre de faire son propre choix puis, une fois que nos ennemis se croiront à l’abri de tout danger, je ferai en sorte que… Umgul vienne implorer notre protection.
Ah. Il y avait donc encore un peu de vie dans le vieil homme.
— Ce pourrait être une stratégie acceptable, Seigneur Tyranus, dit-il après avoir laissé le silence s’étirer presque jusqu’au point de rupture de Dooku. Dans la mesure bien sûr où elle sera menée à terme.
Dooku s’aplatit un peu plus.
— Mon Seigneur, vous avez ma parole quelle le sera.
— Arrangez-vous pour tenir cette promesse, Tyranus, dit-il froidement. Ma généreuse indulgence a des limites.
Il eut un geste dédaigneux de la main.
— Voilà pour Umgul. Maintenant, où en êtes-vous pour Lanteeb ?
— Mon Seigneur ?
Dooku releva la tête.
— Je n’ai rien de neuf à vous apprendre en la matière.
— Et pourtant, là aussi vous manquez à vos engagements, Tyranus ! l’accusa-t-il. Les Jedi savent tout. Kenobi et Skywalker sont sur la planète en ce moment même pour détruire Lok Durd et son arme. Ils ont été aidés par la scientifique que notre pantin neimodien a enlevée. Les Jedi ont mis sous protection les otages avec lesquels Durd la faisait chanter, et l’un des plus grands cerveaux scientifiques de la République est en train de fabriquer un antidote. Il me semble, Seigneur Tyranus, que la situation sur Lanteeb a complètement échappé à votre contrôle. Dois-je vous pardonner une nouvelle fois, mon apprenti ?
Le choc horrifié de Dooku était sincère. Au moins, contrairement à Yoda, il n’avait pas gardé pour lui de fâcheux secrets.
— Seigneur Sidious…
Le tremblement dans la voix du vieil homme était celui d’une pure terreur.
— Je n’ai aucune excuse à vous offrir.
— Non, c’est sûr, répondit-il d’un ton onctueux et lourd de menace. Et il est sage de votre part, Tyranus, de ne pas chercher à vous défendre. Je vous pardonnerai cette faute si vous parvenez à transformer en victoire cette défaite imminente. Et je vous suggère vivement de semoncer le Neimodien.
— Souhaitez-vous qu’il survive, Mon Seigneur ?
— Oui. Mais il n’a pas besoin de savoir qu’il n’y perdra pas la vie. Pas tout de suite. Le général Durd a besoin d’être sévèrement remis à sa place. Il lui faut une rencontre très claire avec la peur.
— Il l’aura, Mon Seigneur, dit Dooku…
Et le Côté Obscur trembla.
— … Et pour Kenobi et Skywalker ? Nous devons les capturer, je suppose ? Ou mieux encore, les tuer ?
Et c’était là le hic. Parce que s’il devait protéger Anakin, Dooku ne devait à aucun prix savoir qu’il était lui-même assis sur un siège éjectable. Qu’il n’était qu’un larbin qui gardait la place au chaud, et rien de plus.
— Si j’avais les moyens de vous expédier sur Lanteeb, Tyranus, je le ferais. Mais je compte sur vous pour garder les autres chefs séparatistes à l’œil. Ces crapules du Clan bancaire Intergalactique m’inquiètent tout particulièrement. Des marchands sordides, tous autant qu’ils sont, et à qui on ne peut absolument pas faire confiance. Mon instinct me dit qu’ils sont sur le point de passer un accord secret avec la Fédération du Commerce. Arrangez-vous pour arracher cette mauvaise herbe avant qu’elle ne pousse, Tyranus. Et ne craignez rien… Le Côté Obscur s’occupera de Kenobi et de Skywalker le moment venu.
— Mon Seigneur…
Le menton de Dooku plongea sur son torse.
— Vous êtes plus magnanime que je le mérite. Je ne vous décevrai plus, je vous en fais le serment.
Il était temps à présent de donner une goutte de miel au vieux bonhomme pour l’aider à avaler la pilule. Dooku avait sa fierté, après tout. Et quoiqu’il soit lui-même totalement imbibé par le Côté Obscur… il n’était pas utile de tenter le sort.
— Tyranus, je sais qu’il vous est beaucoup demandé dans cette affaire. Vos charges sont lourdes et mes attentes exigeantes. Je suis certain que vous saurez vous racheter.
Le soulagement de Dooku fut aussi retentissant que sa peur.
— Oui, Mon Seigneur. Votre confiance n’est pas mal placée, je vous le jure.
Satisfait, Sidious prit congé de son apprenti, puis il rangea sa robe noire de Sith à sa place, enfila la tenue d’une sobriété somptueuse de Palpatine et redevint, une fois de plus, l’humble et vénéré Chancelier Suprême de la République.
Et c’est en souriant qu’il prit le chemin du Sénat.
Lok Durd arpentait sa nouvelle enceinte de production, si heureux qu’il pouvait presque en oublier ses récentes angoisses. La scientifique avançait bien mieux qu’il ne l’espérait. À présent qu’elle avait surmonté le dernier obstacle à sa formule, et avec les premières livraisons de damotite brute arrivées à bon port, testées et approuvées, ainsi que son armée de droïdes travaillant d’arrache-pied, nuit et jour, pour convertir le mélange damotite/rondium en pur poison, il pouvait enfin s’offrir le luxe de baigner dans l’euphorie du travail bien fait.
Surtout que, d’ici quelques heures tout au plus, ces sales fouineurs de Jedi seraient enfin éliminés – et avec eux le risque que son désastreux fiasco puisse être découvert.
En souriant, il regarda les droïdes sceller un nouveau lot d’arme biologique dans des petites boîtes. Chaque dose était suffisante pour anéantir une surface de trois klicks carrés en milieu urbain. Sur certaines planètes, ce serait l’équivalent d’une ville entière. Sur d’autres, comme Coruscant, Corellia, Alderaan et d’autres de même importance, il faudrait de nombreuses frappes pour éradiquer la population – sinon toute la population, du moins une bonne partie – afin d’obtenir l’attention d’un gouvernement rebelle.
Je suis vraiment doué.
Selon lui, il lui faudrait encore deux semaines standard de production en plus et une autre livraison de damotite brute – laquelle devait arriver incessamment. Ensuite, il pourrait appeler le Comte Dooku pour lui annoncer la bonne nouvelle : leur prochaine offensive dévastatrice contre la République pouvait commencer. Et cette fois-ci, il n’y aurait pas d’intrusion Jedi. Cette fois-ci, les Jedi seraient forcés d’assister, impuissants, à l’élimination de millions de personnes.
Je me demande si je pourrais convaincre le Comte de viser particulièrement le Temple Jedi… Ne serait-ce pas la plus belle des récompenses ?
Son comlink personnel sonna. Irrité, il le sortit de la poche de sa tunique.
— Quoi ?
— Il y a un appel prioritaire pour vous, général.
C’était Barev, cet abruti. Depuis que son précieux renifleur Drivok avait trouvé les Jedi, il était… insupportable. Dominateur et arrogant. Il était temps de le discréditer et de s’en débarrasser.
Quand je dirai à Dooku que l’arme biologique est prête, je serai en position d’exiger certaines… rétributions pour mes services. Liquider Barev ne sera que la première, mais aucune de celles qui suivront ne sera aussi délectable.
Durd foudroya son comlink des yeux.
— Oui. Et alors ?
— C’est le Comte, dit Barev. Et il a l’air… contrarié.
Son humeur triomphante, tout à coup, s’effondra.
— Qu’est-ce que ça veut dire « contrarié » ? demanda-t-il. Que lui avez-vous dit, colonel ? Auriez-vous commis une indiscrétion ?
— Et à quoi cela m’aurait-il avancé, général ? répondit Barev. Nos destins sont liés, n’est-ce pas ? Si l’un de nous deux trébuche, nous tombons tous les deux. J’ignore totalement ce qu’il veut.
— J’arrive tout de suite, dit-il sèchement. Dites au Comte que je l’appelle dans un instant.
Il prit la communication dans son bureau dont il avait soigneusement fermé la porte. Après s’être assuré que son attitude était adéquatement réservée, il alluma son holo-écran et attendit que l’holo-image de Dooku apparaisse. Ce qui fut bientôt fait. Et l’expression du Comte était… démoralisante.
— Me prenez-vous pour un idiot, général Durd ?
— Un idiot ? Non, bien sûr que non, Mon Seigneur ! Vous êtes l’homme le plus sage que je connaisse.
— Alors, c’est vous qui êtes idiot ! rétorqua Dooku. Pensiez-vous vraiment que je n’apprendrais pas la vérité ?
Durd sentit ses estomacs se tortiller.
— La vérité, Mon seigneur ?
— Sur les Jedi ! Sur les otages ! Ne m’auriez-vous servi que des mensonges ?
Le choc fut tel qu’il faillit en tomber par terre.
— Mon Seigneur… Mon Seigneur…
— Taisez-vous ou je jure que je vous fais arracher la langue !
Durd acquiesça d’un hochement de tête muet alors qu’une sueur graisseuse lubrifiait sa peau sous sa tunique soudain bien trop épaisse.
— M’avez-vous aussi menti au sujet de l’arme, Durd ?
— Non ! Non, Mon Seigneur, j’ai dit vrai ! L’arme est prête. Je viens juste d’aller le vérifier. Notre stock grossit d’heure en heure, je vous le jure !
Il parlait précipitamment et confusément, c’en était pitoyable, mais il ne pouvait pas s’arrêter. Les yeux de Dooku… il va me tuer. Dès que je ne lui serai plus utile, il se débarrassera de moi.
— Je vous en enverrai un échantillon. Voulez-vous un échantillon ?
Dooku l’ignora.
— Un scientifique, sur Coruscant, en ce moment même, est en train de créer un antidote pour cette arme.
— Mon Seigneur, vous devez avoir de fausses informations, protesta-t-il faiblement. Aucun antidote n’est possible. Même si vous ne vous fiez plus à ce que je dis, je vous supplie au moins de croire cela.
Silence. Les yeux terribles de Dooku se vrillèrent sur lui.
— Entendu. Quant au reste, je serai obligé de sévir, Durd. Bientôt. Mais pour le moment, concentrez-vous sur la production de mon arme. Et préparez-vous pour mon châtiment.
L’holo-image de Dooku disparut quand il coupa la com.
Debout derrière son bureau, Durd suffoquait.
Non, non, non. Ce n’est pas possible. Je ne me laisserai pas faire.
Il beugla le nom de Barev et, un court instant après, la porte du bureau s’ouvrit à la volée.
— Général ?
Le colonel, blaster au poing, regarda partout autour de lui.
— Vous êtes attaqué ?
Imbécile. Idiot d’humain fétide.
— Vous allez arrêter l’armée droïde en route pour Torbel. Elle doit être reprogrammée. Je veux les Jedi vivants.
Lentement, Barev abaissa le blaster.
— Vivants ?
— Oui, espèce de dégénéré incompétent ! Vivants ! hurla-t-il. Dooku sait. Vous m’entendez ? Il sait. Et c’est notre arrêt de mort à tous les deux à moins que nous puissions apaiser sa fureur. Je veux les Jedi vivants pour les lui offrir en cadeau. Les droïdes doivent être programmés avec les holo-images des Jedi si bien qu’ils sauront qui ils ne doivent pas tuer. Et je veux… je veux…
Il se martela la poitrine de ses poings comme s’il voulait forcer les mots à jaillir de son corps.
— Je veux montrer ma valeur au Comte Dooku ! Je veux lui prouver l’efficacité de mon arme !
— Vous voulez la mettre à l’essai maintenant ? dit Barev, surpris. Vous êtes sûr ? Vous avez l’autorisation ?
— C’est mon Projet ! explosa-t-il. Je n’ai pas besoin d’autorisation ! Je choisirai une cible au cœur de la République et vous vous assurerez que la démonstration soit, exécutée à la perfection. Tout est bien en place pour lancer une attaque, n’est-ce pas ? À moins que ça aussi ce soit un mensonge ?!
Barev n’était pas aussi idiot. Il savait parfaitement que sa propre vie était en jeu.
— Non, général, ce n’était pas un mensonge. Une attaque sera lancée dès que vous en donnerez l’ordre.
— Alors que faites-vous encore ici ? dit Durd, à deux doigts de hurler. D’abord les droïdes et ensuite l’attaque. Sortez. Sortez ! On n’a pas de temps à perdre !