Maman est devenue fantôme
Une main, énergique et rapide, écarta deux ou trois branches de palmes qui dodelinaient à une certaine hauteur du sentier. Deux ou trois branches de palmes encore, et un visage de femme sortit de l’ombre. Un mélange de larmes et de rosée froide perlait sur ses joues ramollies. C’était un visage errant, avec des yeux creux, des yeux irréels, des yeux complètement absorbés par le désespoir. Un regard vide… Encore deux ou trois branches, puis une silhouette se dégagea, hésita et s’élança sur le sentier comme une gazelle traquée. La silhouette allait ainsi, vite, courait presque. Une silhouette livide. La tiédeur floue et ambiguë de l’aube la rendait encore plus livide.
C’était l’aube, les instants délicieux de l’éveil du monde. Et sur les herbes noyées de rosées limpides traînait une pâle lueur crépusculaire. L’aube ! Le monde renaissait des eaux pures de la rosée matinale. La paix silencieuse des divinités pleuvait sur les herbes et les fleurs sauvages. Tout était calme. Seulement, quelque ramage inattendu d’un oiseau qui s’éveille, et surtout cette silhouette femelle qui fuyait, livide et silencieuse sur les sentiers de la brousse… Encore un détour et la silhouette était là, devant le puissant baobab de la forêt. Elle resta debout l’instant d’un battement de cil, puis s’agenouilla et se prosterna devant l’arbre géant de la forêt. C’était un baobab centenaire au tronc rugueux comme le flanc d’une montagne. La vaste épaisseur de son feuillage pesait dans l’atmosphère. À son pied, un énorme fétiche aux larges reins bandés de palmes vertes, au visage abrupt couvert de sang noir et d’huile rouge enfarinée. Un fétiche terrible ! Avec un violent sexe de fer levé vers le soleil. Par moments, il semblait émaner de l’arbre et du fétiche une force mystérieuse qui se répandait dans les airs. C’était comme si le fétiche dévorait la silhouette des yeux, et que, tout d’un coup, l’arbre allait tendre des bras hargneux et se saisir d’elle. Mais la silhouette demeurait couchée en une prosternation résignée. Puis elle remua, laissant apparaître un visage luisant de larmes au fond par deux yeux creux, des yeux irréels, des yeux complètement absorbés par le désespoir. Une bouche baveuse qui bougeait :
– Djogbé ! Vodun Djogbé, murmurait-elle, Djogbé, grand vodun Djogbé, juste un petit enfant. Un enfant qui vive ! Voilà tout ce que je veux, ô Djogbé ! Même si je dois en mourir ; juste un petit enfant ! Je payerai de mon sang, s’il le faut !
Puis la silhouette se redressa, et sans plus attendre un seul instant, s’en retourna par le même chemin d’où elle était venue. L’aube s’éclaircissait et l’on pouvait deviner à son allure précipitée une femme accablée par le sort.
Cette femme que nous venons de voir traverser furtivement la forêt, et qui pria le terrible fétiche de lui donner un enfant, a été rudement éprouvée par la nature. Et malgré la fraîcheur pénétrante de l’aube et de la rosée matinale, elle avait l’impression que tous les soleils de midi lui brûlaient dans les reins. Elle était la dernière épouse de Gangbo, le seul forgeron de l’agglomération. Sa venue dans le village était comme une semence de jalousie. Le feu de sa beauté avait terni toutes les petites beautés errant dans le village. L’on disait qu’une telle femme ne pouvait consentir à épouser un homme comme Gangbo. N’avait-il pas déjà trois épouses ? Mais Gangbo, lui, comblé par la présence de sa nouvelle épouse, trouvait que Adjokè – tel était son nom – était la flamme de sa forge, l’étoile à l’ombre de sa vieillesse, qu’elle avait des yeux de lunes ancestrales, et l’allure féconde d’une rivière, et que lui, Gangbo, le puissant forgeron, méritait ce don des fétiches. Ce n’était point l’avis de ses trois premières épouses. Comment pouvait-il l'être ! Adjokè était devenue la triple victime de trois méchantes vipères. On la toisait, on l’injuriait, on la mordait. Mais l’amour envahissant de son époux était huile de douceur à son corps et suprême apaisement à son esprit.
Ainsi passèrent les lunes, ainsi passèrent les saisons, et au bout de la saison pluvieuse, Adjokè conçut. Gangbo veilla sur la grossesse comme une armée sur un prince : des tisanes, des bains de nuit, des fétiches… C’était comme si jamais il n’avait eu d’enfants – il en avait douze pourtant ! Mais celui-là, il l’attendait comme un cultivateur attend les premières pluies. Et le ventre mûrissait lentement… Mais lorsque la grossesse vint à terme, le travail fut une douleur et l’accouchement une blessure : jamais l’accoucheuse du village n’avait vu autant de sang couler des reins d’une femme. Jamais elle n’avait vu une femme soumise à une si poignante tension de convulsions, et comme toute récompense, elle lui retira des entrailles un enfant malingre au corps blanchissant, une piteuse masse de chair sans vie. Un enfant mort-né. Pourtant elle remercia les fétiches de n’avoir pas permis le pire. Elle ne croyait point qu’Adjokè survivrait à cet accouchement.
Gangbo semblait le plus affecté : un enfant mort-né, une femme moribonde, c’était comme un double coup de poignard au flanc d’un vieillard. Mais il lui fallait être fort. N’était-ce pas lui le guerrier du feu, comme lui-même aimait le dire ? Adjokè était devenue la risée de ses coépouses. On l’appelait publiquement la sorcière, la chauve-souris qui suce le sang de son propre enfant :
– Mangeuse de bébé ! grommelait l’une.
– Suceuse de sang, ricanait l’autre.
– Hibou-sorcier ! vociférait la troisième.
Et toutes ensemble, les trois chiennes l’accompagnaient dans un rauque aboiement d’injures. Adjokè n’avait que Gangbo à ses côtés. Il la consolait d’offrandes le jour, et la nuit, la comblait d’amour. Et très vite, Adjokè conçut de nouveau. Gangbo accueillit la nouvelle avec une explosion de joie. Dans le camp des coépouses, ce fut un mauvais coup de tonnerre. Mais peu importait ! Le forgeron veillait sur la grossesse d’une main de fer. Il fit venir les féticheurs les plus puissants. Et le ventre mûrissait lentement sous le regard vigilant des fétiches tout-puissants. Mais le jour de l’accouchement fut un autre jour de déchirure : l’enfant voulut sortir par les pieds. L’accoucheuse pâlit de pitié. Du sang. Des spasmes. Des convulsions. Des hurlements. Adjokè n’en pouvait plus. Et pour sauver la mère, l’accoucheuse rudoya le bébé, lui brisant les genoux, les bras, les côtes, et retira des entrailles de la mère un enfant déchiqueté.
Gangbo et son épouse bien-aimée, laminés par la pitoyable perte du second enfant, sombrèrent dans un deuil ténébreux. C’était comme si, rongées dans le noir, leurs âmes s’effritaient au fil des jours comme un fragment de bois sous l’assaut d’une armée de termites sauvages. Mais peu à peu, Gangbo se remit de sa douleur. Qui consolerait Adjokè ? La laisserait-il souffrir piteusement sous les griffes aiguës de ses premières épouses ? Debout Gangbo ! se disait le brave homme. Puis il faisait miroiter aux yeux d’Adjokè des lueurs d’espoir. Mais Adjokè n’était plus une femme. Elle n’était plus la colombe blanche aux ailes éclatantes de bonheur, ni l’étoile resplendissante à l’ombre de la vieillesse future de Gangbo : c’était une silhouette broyée dans le sang et la détresse, et traumatisée par les deuils successifs de deux enfants mort-nés. Cette silhouette que nous avions vue errer dans la forêt, dans les ronces et rosées du matin, avec des yeux creux, des yeux irréels, des yeux complètement absorbés par le désespoir : elle s’était souvenue de Djogbé, le puissant fétiche de fécondité royalement assis au milieu de la forêt, au pied du baobab centenaire… Au retour de la forêt, elle était devenue miraculeusement resplendissante, soulagée. Son regard était comme gonflé d’une foisonnante sève d’espoir. La vie renaissait en elle et c’était comme si, déjà, elle portait dans ses flancs un autre enfant. Cela ne devait pas tarder à venir : des œillades lancinantes chargées de promesses nocturnes, de longues nuits chaudes d’amoureuses consolations, et voilà, Adjokè porte le troisième fruit d’un amour endeuillé. Les précautions habituelles furent prises et bien d’autres encore, fétiches, incantations, sacrifices… Et le ventre mûrissait comme un fruit unique pendu à un arbre solitaire. Et le ventre mûrissait, lentement… L’on attendait le jour de l’accouchement comme le village attend le lever de la première lune. Mais cet autre jour fut une autre veillée funéraire. Adjokè gémissait, se tordait, saignait à flots, et l’accoucheuse la regardait blêmir froidement. Une mignonne petite tête, de frêles épaules, puis un corps recroquevillé : l’enfant était né. Mais Adjokè, convulsivement traversée de part en part par des spasmes mortels, râlait toujours de douleurs.
– Encore, encore, gémit-elle.
Et l’accoucheuse vit sortir de ses entrailles deux petits pieds croisés.
– Oh ! Des jumeaux ! cria-t-elle.
Sa voix perça des gémissements d’Adjokè comme une étincelle. Elle retourna délicatement les petits pieds fragiles et pressa le bas-ventre d’Adjokè avec une certaine énergie. Un hurlement, et le second enfant était là… Seulement, Adjokè était devenue un corps lourd et refroidissant, et lorsque l’accoucheuse lui prit la main, elle n’était plus qu’un cadavre glacé et durcissant pesamment couchée sur le dos. Morte, morte dans un lit de sang, d’eau et de douleurs inapaisées.
* * *
– Echobwé !
– Hééyà !
– Echobwé !
– Hééyà !
C’étaient des chasseurs de nuit qui se dirigeaient vers la forêt. Le groupe avançait comme une troupe de soldats lancés à l’attaque. Cela se passait à Lissèzoun, à des centaines de kilomètres du village de Gangbo.
– Héchobwé !
– Héé yàà !
La troupe avançait toujours, chasseurs hardis, pieds battants, besaces au dos, fusils aux épaules, grigris aux reins, chiens énormes, chasseurs pressés, pieds précipités, et leurs muscles battaient comme des mufles de taureaux…
– Hé choo bwé !
– Héé héé yàà !
Leurs cris de guerre se mêlaient aux aboiements rauques des chiens. Et ils avançaient vers la forêt. La lumière blanche de leurs torches traversait la nuit comme de brefs éclairs de foudre. Vers la forêt ! Vers la forêt ! Ils avançaient. Voici la lisière…
– Hé choo bwé !
– Héé …
Ce cri n’eut pas de réponse. La déroute, une déroute brusque et vertigineuse s’était emparée des chasseurs et jetant besaces et fusils, sans retourner le regard, les braves chasseurs fuyaient, têtes baissées, vers le village. Sauve-qui-peut ! Chacun y allait de son pied le plus rapide, suivi de son chien le plus fidèle. Tous étaient partis, excepté Fagbé, le plus jeune des chasseurs, et le plus téméraire. La lumière de sa torche éclairait au loin une étrange forme de femme… C’était une femme resplendissante abandonnée toute nue à la lisière de la forêt. Elle était immobile, mais c’était comme si le gracieux abandon de son corps allait s’élancer en un magnifique pas de danse. Elle était nue, à la lisière obscure de la forêt comme une pomme mûre dans le sombre nid d’un feuillage. Il émanait de son corps une lumière captivante, et ses yeux jetaient des éclairs sonores. Une belle rangée de perles lui tranchaient les reins d’une lumière émeraude. Elle était nue, et l’opulence de ses seins tournait vers les étoiles des mamelons lactescents… L’étrange vision avait pétrifié Fagbé, et Fagbé était comme perdu dans une fascination pour cette mystérieuse offrande de la forêt. Il entendait vaguement les pas précipités des autres chasseurs : ils avaient cru que c’était Souvissi, la divinité femelle de la forêt, celle qui lance de mauvais sorts aux chasseurs malfaisants, et une phobie désordonnée s’était emparée de leur rang. Fagbé s’avança vers la femme et le mystère, en prononçant de farouches formules incantatoires. Mais au fur et à mesure qu’il s’approchait d’elle, la femme lui semblait de plus en plus gracieuse, de plus en plus inoffensive. Et lorsqu’il se trouva face à face avec l’étrange figure, il découvrit que c’était une figure splendide, certes, mais dévorée, par une angoisse inexplicable. Un soubresaut de pitié et d’amour lui secoua les entrailles : elle pleurait…
Le chasseur l’amena chez lui. Lorsqu’il lui demandait d’où elle venait et ce qu’elle faisait au bord de la forêt en une si profonde nuit, elle pâlissait et disait qu’elle s’était enfuie de chez elle sous la hargne de personnes malfaisantes, que jamais elle n’y retournerait, que personne ne l’y aimait, qu’elle était orpheline de père et de mère, qu’elle était seule au monde, qu’elle était… Des raisons évasives que jamais Fagbé n’avait comprises. Il était plutôt vaincu par le charme de cette femme surprenante. Une passion sans frein montait en lui comme une ivresse d’alcool chaud, et malgré les mauvaises langues, Fagbé prit la belle inconnue pour épouse et lui voua un culte d’amour, un amour océanique.
* * *
Ma mère, ma mère, ah ! Ma mère ! C’était l’unique être que je cherchais à connaître. Je savais que ma tante qui se faisait passer pour ma mère n’était pas celle qui me porta dans son giron. Je le sentais, je le devinais, malgré toute l’affection dont elle me comblait. Le silence d’un étrange secret sifflait autour de mes oreilles et me froissait le cœur. Ma mère, ma mère, ma mère, oh ! Serais-je né sans mère ? Est-elle morte ? Est-elle vivante ? Cela devenait une angoisse obsessionnelle pour le petit garçon de onze ans que j’étais. Je n’osais aborder le sujet avec mon vieux père. Je craignais de lui froisser le cœur et la mémoire : il m’aimait d’un amour complexe, un amour à la fois maternel et paternel. Il me disait de sa voix tremblante que j’étais l’étoile à l’ombre de sa vieillesse. Moi aussi, j’aimais mon vieux père d’un amour savoureux, et la blancheur froide de ses cheveux me faisait rêver.
Mais ma mère, et ma mère ? Son absence me serrait la gorge et le silence autour de son absence m’étranglait. Une angoisse névrotique me dévorait sensiblement. Je ne pouvais plus supporter l’étau rongeur de cette situation tacite. C’est alors que j’abordai mon petit oncle :
– Et ma mère ? lui demandai-je un soir.
– Ta mère ? soupira-t-il, embarrassé.
– Ma mère.
– Oh ! Oui, je veux bien t’en parler, mais ce sera après ta seconde initiation. Sa voix avait quelque chose de rassurant. Sa voix rauque de taureau qui beugle.
La seconde initiation raffermit mes muscles et mon esprit. Mon petit oncle me jugeait assez mûr pour respecter les lois du silence. Il me conduisit dans la forêt et me fit d’étranges révélations. Ma mère s’appellerait Adjokè, épouse belle et vertueuse très aimée de mon père. Ses deux premiers enfants furent dévorés par la jalousie ensorcelée de ses coépouses qui créait des complications mystérieuses lors de ses accouchements. Moi, je serais un enfant-miracle divinement échappé de leurs griffes. Mais mon frère jumeau n’a pu pousser son premier cri d’enfant. Ma mère, comment pouvait-elle survivre à trois accouchements toujours aussi complexes et mortels ?
Je compris tout cela dans l’éclair d’un instant. Mais au regard prolongé de mon oncle, je devinai qu’il avait encore quelque chose à me révéler :
– Elle est morte, ta mère, mais moi je sais qu’elle vit encore…
– Quoi ? Comment ?
– Tu sais, mon fils, les morts ne meurent pas toujours. Ils reviennent quelquefois vivre sur la terre. Des fantômes, des revenants… Ta mère vit aussi, comme ceux-là, à des centaines de kilomètres d’ici. À Lissèzoun. Si tu y tiens, fils, je t’y conduirai. Mais tu ne pourras la voir qu’une seule fois.
Le lendemain, avant le premier chant du coq, mon oncle vint me réveiller. Je me levai en hurlant : de funèbres cauchemars m’épaississaient les paupières. Il me secoua, me fit avaler un liquide noir et lourd, et nous voilà partis. Des sentiers, des détours, des ravins, des flaques d’eau, et enfin nous voici dans le petit marché de Lissèzoun. La nuit tombait déjà. La flamme jaune des lampions dansait sur quelques étagères. Je m’impatientais de voir ma mère. Mon oncle me fit avaler quelques beignets d’arachide. J’avalai le tout sans appétit. Je m’impatientais. Quelques instants plus tard, nous fîmes quelques détours dans le marché, et mon oncle me montra de loin, avec une discrétion sacrée, une vendeuse de tomates occupée à défaire son étalage.
– Voilà, fils, voilà ta mère.
Un profond soupir s’exhala de mes entrailles. Ma mère, ma mère, ah ! C’était une femme légère aux gestes vagues et légers. Le tour gestuel de ses bras semblait se fondre dans les airs. Ses longs bras avaient de douces flexions de palmes. Je l’épiais avec une certaine saveur et un ravissement certain. J’étais comme en extase au bord de l’infini. Et j’avais l’impression qu’elle allait s’envoler, lorsqu’elle mit son panier sur la tête et s’en alla. Elle était si légère, elle était si souple, l’allure d’une longue queue de cheval qui se balance lentement. Elle partait. Je la suivis avec mon petit oncle. Elle allait, nous allions. Elle parvint à une clôture, une sorte de haie desséchée, ouvrit la porte et entra. Mon petit oncle sans hésiter frappe à la porte. Un homme velu se présente : c’est Fagbé.
– Que cherchez-vous ?
– La vendeuse de tomates.
– Adjokè ! crie le chasseur en se retournant.
Mon cœur se chauffe au-dedans de moi. De sifflants mots de têtes crépitent à ma nuque. Ma mère, ah ! La porte craque et s’ouvre, c’est elle ! Elle s’arrête brusquement en nous voyant, recule de quelques pas. Une vive stupeur lui arrondit les paupières et les lèvres. L’expression de son visage s’assombrit. Deux perles de larmes lui coulent des yeux. C’est ma mère, je le sens. Elle ouvre les bras comme pour m’embrasser, et mon esprit semble se perdre dans la profondeur de ses yeux creux, ses yeux irréels, ses yeux complètement absorbés par la détresse. Mais elle s’arrête sur son geste, se retourne tout d’un coup, et ouf ! disparaît en s’évaporant dans les airs.
– Mère ! Mère ! Mère ! crié-je en tremblant.
– Ta mère vit avec les vents, répond mon petit oncle en me tapotant les épaules.