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LE COMMISSAIRE PENN, les lauréates, Rod, Alex, Muriel et Laurie étaient réunis dans la salle à manger quand Robert Powell fit son entrée.
« Vous êtes tous bien silencieux, fit-il remarquer. Je comprends pourquoi. Vous avez vécu des moments de tension. » Il s’interrompit et les regarda chacun à tour de rôle. « Et moi aussi. »
Jane Novak était sur le point d’entrer dans la pièce.
« Jane, voulez-vous je vous prie nous excuser et fermer la porte. J’ai certaines informations à partager avec mes invités.
– Bien sûr, Monsieur. »
Robert Powell se tourna alors vers eux. « Vous ne trouvez pas que cette belle journée est en tout point semblable à celle du Gala des Lauréates ? Je me souviens de Betsy assise à cette table avec moi ce matin-là. Nous nous félicitions d’avoir un si beau temps. Qui d’entre nous aurait pu imaginer que le lendemain matin Betsy serait retrouvée morte, assassinée par un intrus ? » Il se tut un instant « Ou peut-être pas par un intrus ? »
Il attendit et, comme aucune réponse ne venait, il continua d’un ton sec : « Maintenant, voyons si j’ai bien tout enregistré. Cet après-midi, Regina et ensuite Nina seront interrogées. À quatre heures et demie, les lauréates, revêtues des robes semblables à celles qu’elles portaient cette nuit-là, seront photographiées avec, en arrière-plan, des scènes filmées lors du gala. Mon bon ami George Curtis se tiendra avec vous, monsieur Buckley, et nous donnera ses impressions à propos de cette soirée. »
Il regarda Laurie. « Je n’ai rien oublié jusqu’ici ?
– Vous n’avez rien oublié. »
Powell sourit. « Dans la matinée, j’aurai mon entretien avec vous, monsieur Buckley – en présence des lauréates. J’espère qu’il vous paraîtra intéressant. À certains d’entre vous en particulier. » Il leur adressa un sourire crispé.
« Tous ceux qui sont autour de cette table, à l’exception du commissaire Penn, passeront la nuit ici. Une fois la dernière scène tournée, les lauréates seront reconduites en voiture individuelle jusqu’à leur hôtel. Vous ferez vos bagages et quitterez l’hôtel. Vous pourrez dîner où bon vous semblera – à mon compte naturellement –, mais soyez assez aimables pour revenir ici vers vingt-trois heures. Nous prendrons un dernier verre ensemble, avant de nous retirer. Je veux que tout le monde ait l’esprit éveillé pour écouter ce que j’aurai à vous dire demain. Est-ce clair ? »
Cette fois un hochement de tête général lui répondit docilement.
« Au brunch, demain matin, j’apporterai les chèques qui vous ont été promis. Après cela, l’une de vous pourra vouloir retenir les services de M. Buckley. » Il eut un sourire froid, sans joie. « Je plaisante, bien sûr », ajouta-t-il.
Il se tourna vers Nina. « Vous n’avez pas besoin de partager votre voiture avec votre chère mère, Nina. Muriel et moi dînerons ensemble ce soir. Il est temps de tourner la page. »
Muriel adressa un sourire d’adoration à Powell, suivi d’un regard triomphant à Nina.
« Assez parlé travail. Profitons de ce déjeuner. Ah, voilà Jane. Je sais qu’elle a préparé une crème vichyssoise. Vous n’avez pas vécu tant que vous n’avez pas goûté la vichyssoise de Jane. C’est le nectar des dieux. »
La crème fut servie dans un silence religieux.