J’ACCUSE !
Je répète que dans tout ce que je viens de dire, je n’ai rien avancé qui ne soit véridique. Personne, ni rien, ne me fermera la bouche. Si les emprisonneurs ou les assassins font leur métier vis-à-vis de moi, cela ne fera que prouver un peu plus que j’ai raison. Je prends la responsabilité de ce que j’écris, et qui s’adresse d’une part à tous les honnêtes gens et d’autre part aux autorités constituées. Mais je sais bien que ma voix exprime l’opinion de toute une foule éparse dans l’univers, et qu’elle a la force de l’énorme vague de fond qui commence à se soulever.
Au nom de cette masse et de cette force, je viens parler au Président de la République Française, successeur d’un homme assassiné pour des raisons de politique internationale, au Président du Conseil, au Garde des Sceaux, et à tous ceux qui mettent en action l’appareil de la justice nationale.
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Je demande :
L’ARRESTATION DE M. ANDRE TARDIEU, chef du gouvernement au moment de l’attentat;
LA REVOCATION ET L’ARRESTATION DU PREFET DE POLICE CHIAPPE qui connaissait l’assassin en relations suivies avec ses services, qui connaissait toutes les menaces qui avaient été proférées, qui n’a rien fait pour protéger le Président de la République, et qui est l’homme le plus directement responsable de sa mort violente;
L’ARRESTATION DES CHEFS BLANCS animateurs et glorificateurs des assassinats, agitateurs de guerre, qui ont fait de la France leur repaire central, et notamment Kerensky, Miller et Yablonovski ;
L’OUVERTURE D’UNE INSTRUCTION CONTRE M. MILLERAND qui a essayé sciemment et systématiquement de duper l’opinion dans un but politique en présentant Gorguloff comme un bolchevik ;
LA NOMINATION D’UNE COMMISSION SPECIALE, au Sénat et à la Chambre, pour étudier, dans tous ses prolongements et ses causes, l’affaire de l’assassinat de Paul Doumer et les agissements concentrés de la canaille blanche qui contamine l’étranger en commençant par la France.
Ceci n’est pas une pétition ni une supplique. Nous voulons que la lumière se fasse et il faut coûte que coûte, Messieurs, que vous le veuillez aussi.