CHAPITRE XIII
Le commandant Tsaak Vootuh regardait l’humain trembler. Il maîtrisa son envie de mettre un terme aux affres de la pathétique créature.
— Vous êtes Imsatad ?
— Oui, monsieur.
— Redressez-vous ! cria Vootuh. Les pleurs d’un bébé yuuzhan vong dans une crèche ont plus de férocité que vos gémissements !
En parlant, il savoura le chuintement de l’air à travers les chevrons qui lui trouaient les joues. Il croisa les mains dans son dos pour que la cape greffée à ses épaules s’ouvre et révèle dans toute leur splendeur les tatouages et les brûlures ornant son torse. Il remercia silencieusement Yun-Yuuzhan de ne pas l’avoir condamné à être un de ces infidèles sans tripes ni honneur.
— Oui, monsieur, répondit Imsatad d’une voix plus ferme.
— Vous avez expliqué à mes subordonnés que vous étiez un de nos alliés, un membre de la... (Il fronça les sourcils, essayant de se souvenir du nom en basique) ... la Brigade de la Paix ?
Le tizowyrm logé dans son oreille traduisit le dernier mot par « soumission volontaire et appropriée au conquérant ».
— Oui, monsieur.
— Comment comptez-vous confirmer vos dires ? Nous avons été informés que cette lune abritait de nombreux jeunes Jeedai. Mais nous n’en avons trouvé aucun... Bizarre. Ne seriez-vous pas à blâmer ?
— Non ! dit vivement Imsatad. Nous étions venus de bonne foi, afin de respecter les termes de la paix que votre maître de guerre Tsavong Lah avait proposée.
— Et vous avez misérablement échoué. Où sont les Jeedai ?
Imsatad hésita.
— Nous en tenons une. Les autres sont avec Talon Karrde.
— Le commandant de la flottille qui a fui à notre arrivée ?
— Oui. Il nous a trompés, et...
— Les détails ne m’intéressent pas. Deux vaisseaux de cette flottille ont sauté dans l’hyperespace. J’imagine qu’ils contenaient la prise de guerre que vous avez laissé filer entre vos doigts.
— Avec le respect que je vous dois, commandant, sans mes hommes et moi, vous n’auriez même pas une Jedi. Karrde les aurait tous évacués avant votre arrivée.
— Peut-être. Mais dites-moi : pourquoi reste-t-il dans le secteur ?
Imsatad fronça les sourcils.
— Il est resté ?
— Oui. Il a battu en retraite aux confins du système, mais est toujours là. Je ne m’en plains pas : cela nous donnera l’occasion de combattre. Mais je veux connaître ses raisons. Je doute qu’une Jeedai immature le retienne dans les parages. (Il se pencha, baissant la voix.) Maintenant, je vous écoute. Que cachez-vous ?
Imsatad se racla la gorge.
— Tous les Jedi n’ont pas quitté la lune... L’un d’eux pourrait être Anakin Solo.
— Solo ?
— Le frère de Jacen Solo, que Tsavong Lah voudrait tellement capturer.
— Intéressant, si c’est vrai.
— Je vous propose mes vaisseaux et mon équipage pour vous aider...
Tsaak Vootuh foudroya la créature du regard.
— Vous nous avez assez aidés comme ça ! Quant à vos vaisseaux, ce sont des abominations. Ils seront détruits.
— Mais... Comment rentrerons-nous chez nous ? Tsaak Vootuh eut un sourire sardonique.
— Bonne question, Imsatad. Comment ?
— Hé, une minute !
Vootuh lui coupa la parole.
— Je veux voir la Jeedai. Tout de suite.
— Pas question tant que... !
Tsaak Vootuh fît un geste. Stupéfait, Imsatad baissa les yeux sur la tête du bâton, sortant de son propre ventre... Il mourut dans un flot de sang.
Vo Lian, le lieutenant de Vootuh, retira le bâton du dos de l’homme.
Tsaak Vootuh se tourna vers l’humain qui accompagnait Imsatad.
— Vous ! Amenez-moi à la Jeedai.
— Oui... Tout ce que vous voudrez !
— Vo Lian, vous superviserez l’atterrissage et bouclerez l’espace autour de cette lune. Je veux que le damutek soit à la surface au prochain cycle. Je ne donnerai aucune raison de se plaindre aux modeleurs.
Vo Lian frappa ses épaules avec les poings.
— Belek tiu. Ce sera fait, commandant.