CHAPITRE X

 

Karrde ne perdit pas conscience, mais le temps s’étira bizarrement pendant que son harnais essayait de le couper en deux et que son vaisseau tournoyait follement, l’alimentation se coupant et se réactivant par intermittences. Pour finir, elle mourut. Les systèmes d’urgence s’enclenchèrent. Les compensateurs d’inertie s’activèrent et la gravité revint. L’écran affichait un tourbillon confus...

— Au rapport ! cria-t-il. Que se passe-t-il ?

H’sishi leva la tête.

— Dégâts minimaux à la frégate. Nous avons encaissé un sacré coup, et nous sommes plutôt désavantagés...

— Essayons de filer, dit Karrde. Cap vers l’extérieur du système.

— L’hyperdrive est salement endommagé, annonça Dankin. Je doute que nous puissions tenter le saut.

— De toute manière, à partir du puits de gravité de Yavin, c’est exclu !

— Distançons les plus gros vaisseaux, au moins quelque temps. La frégate nous rattrapera tôt ou tard, mais il lui faudra bien une heure pour changer de cap et se lancer sur nos traces... Deux ailes E nous attaqueront bientôt.

— Bonne chance à elles ! grogna Karrde.

— Nous avons quelques faiblesses au niveau de la coque, souligna Shada.

— Nous avons donc intérêt à renvoyer au tapis tout ce beau monde au plus vite, ma chère Shada, répondit Karrde.

— Et nos boucliers...

— ... Tiendront le coup le temps qu’il faudra.

— Dans quel but ? demanda Shada. Sans hyperdrive...

H’sishi poussa un grognement guttural.

— Qu’y a-t-il, H’sishi ?

— Je peux vous donner quelque chose de mieux qu’un hyperdrive en état de marche, capitaine ! répondit la Togorienne.

— Et ce serait... ?

— Le reste de notre flotte !

— Tu me demandais ce que j’attendais, Shada ? Ne doute jamais : les dieux sont de mon côté. À quelle distance nos amis sont-ils de notre position ?

La Togorienne se rembrunit.

— Deux heures, minimum, monsieur.

— Bon ! fit Karrde joyeusement. Je suis prêt à accepter toute suggestion sur la façon de faire durer notre petit intermède deux heures de plus.

La coque frémit.

— Les ailes E sont sur nous, monsieur, annonça Dankin.

— Ne les faites pas attendre. Montrez-leur ce que notre vieux transporteur a dans les tripes. Shada, tu as le commandement.

— Tu pars au milieu du combat ?

— Il ne sera pas long. Quand la frégate nous rattrapera, appelle-moi. Je vais m’entretenir avec Solusar.

 

Quatre heures plus tard, Imsatad, l’air épuisé, apparut sur l’écran de Karrde.

— Vous êtes un imbécile, Karrde !

— Pas plus que vous. De toute façon, nos positions sont désormais inversées. J’ai plus de pouvoir de feu que votre misérable flottille.

— Pourtant, comme vous le disiez vous-même, vous êtes toujours là... Autrement dit, vous n’avez pas terminé votre boulot. Que voulez-vous ?

— Quatre jeunes Jedi sont portés disparus. Vous ne seriez pas au courant, par hasard ?

— Il se trouve que non...

Karrde se leva et croisa les mains dans son dos.

— À mes heures, je suis un homme très sérieux, capitaine Imsatad. J’ai promis de délivrer les aspirants Jedi et leurs professeurs, et j’entends tenir parole. Sans compromis.

— Vous sabotez notre mission ! cracha Imsatad. Les Yuuzhan Vong ne s’arrêteront pas avant qu’on leur ait livré tous les Jedi. Si nous faisions le boulot à leur place, histoire de prouver notre bonne foi...

Karrde l’interrompit d’un rire sarcastique.

— Les Yuuzhan Vong ont déferlé sur notre galaxie sans provocation de notre part ! Et vous venez parler de bonne volonté ? Vous êtes fou, ou quoi ?

— Écoutez, Karrde ! J’étais sur Dantooine, avec l’armée. J’ai vu de quoi ils étaient capables. Nous ne les arrêterons pas ! Sinon, la moitié de la galaxie ne serait pas déjà à leur botte ! Les aider, c’est nous préserver nous-mêmes. De plus, il y a bel et bien eu provocation : un Jedi a tout déclenché. Et les Jedi continuent de jeter de l’huile sur le feu !

Karrde soupira et se rassit, pianotant sur l’accoudoir de son fauteuil.

— J’ignore si vous croyez réellement à ces fadaises, et peu m’importe. Mais vous avez raison de parler de préservation... Laissez-moi vous dire que vous affrontez une crise sérieuse !

Imsatad pointa le menton.

— Si vous estimez que nous avons à bord les Jedi qui vous manquent, vous ne détruirez pas mes vaisseaux.

Karrde fit un signe. Solusar avança dans le champ de la caméra.

— Permettez-moi de vous présenter Kam Solusar, un des professeurs de l’Académie Jedi, dont vous avez si rudement interrompu les activités. Les Jedi ont conscience les uns les autres. Le saviez-vous ?

— J’en ai entendu parler.

— Aucun enfant n’est à bord de votre vaisseau, capitaine ! dit Solusar. Rien ne nous empêche de vous désintégrer.

Imsatad sursauta.

— J’agis dans l’intérêt de la galaxie ! se défendit-il.

— À d’autres ! répliqua Karrde. À mes yeux, vous serviriez beaucoup mieux la galaxie une fois atomisé !

Imsatad se massa le front.

— Que voulez-vous... ?

— Que tous vos vaisseaux se posent pour être fouillés.

— Je n’ai pas les enfants que vous cherchez. Donnez-moi huit heures pour un atterrissage général.

— Vous en avez cinq, conclut Karrde.

Il fit signe qu’on coupe la connexion.

— Il cache quelque chose, dit Solusar, mais je n’arrive pas à percevoir quoi.

— Il ne s’estime pas battu ?

— Oh, si ! Il se sent abattu. Mais il dissimule quelque chose au sujet d’Anakin et des enfants.

— Vous les croyez toujours en vie ?

— Anakin l’est, j’en suis sûr. Tahiri aussi. Et probablement Valin et Sannah. Après tout, la Brigade de la Paix n’était pas là pour les tuer, mais pour les capturer.

Karrde hocha la tête, pensif.

— Je vais faire venir le Lion Noir, une corvette. Son capitaine est un de mes meilleurs hommes. Je voudrais transférer sur Coruscant les enfants qui sont à bord.

— Bonne idée. Mais ils ne seront pas longtemps en sécurité.

— Je sais. Luke Skywalker travaille à régler le problème.

— Je ne repartirai pas sans tous les enfants, déclara Solusar.

— Je n’en doutais pas. Et Tionne ?

— Ils auront besoin d’un professeur à leurs côtés.

— Parfait. Je vais organiser le transfert de ce pas.

Solusar tendit la main à Karrde.

— Je ne vous avais pas encore remercié. Ravi de ne pas vous avoir tué.

Souriant, Karrde serra la main du Jedi.

— Et moi donc !

— Par l’enfer ! jura Shada, de l’autre côté de la passerelle.

— Qu’y a-t-il ?

— Karrde, si tu veux faire quitter le système aux enfants, je te suggère de te dépêcher !

— D’autres vaisseaux de la Brigade de la Paix ? (Il consulta l’écran des détecteurs, où de nombreux points apparaissaient.) H’sishi, de quoi s’agit-il ?

La tacticienne leva la tête.

— Des Yuuzhan Vong, monsieur. Un tas ! Au moins deux analogues de bâtiments de guerre, flanqués d’une myriade de navires.

Karrde serra le dos de son fauteuil. Ses jointures blanchirent...

— Combien de temps avons-nous ?

— Une heure au mieux, monsieur.

— Ça suffira pour que le Lion file d’ici avec les enfants. Le Missionnaire l’accompagnera.

— Et nous ? demanda Shada.

— Les affronter est impossible, soupira Karrde.

— Anakin et les autres sont sur la planète, rappela Solusar. Si vous pensez les abandonner...

Karrde le coupa.

— Je n’envisage rien de tel ! Si nous quittons le système, ils instaureront un blocus si efficace qu’il faudra la flotte de la Nouvelle République pour le forcer ! Mais nous devons changer de tactique. Et nous avons besoin de renforts. Shada, va sur le Lion Noir, et file à Coruscant, quoi qu’il advienne.

— Tu es dingue si tu crois que je vais vous laisser ici !

— Nous nous en sortirons. Le système est vaste, et nous ne sommes pas sans ressources. Si les Yuuzhan Vong veulent occuper Yavin 4, nous leur rendrons les choses très déplaisantes. Tu devrais savoir que la survie, ça me connaît ! File ! Nous nous disputerons plus tard !

— Je reviendrai, jura Shada.

— Je sais. Et nous serons là pour t’accueillir. Dépêche-toi !

L'aurore de la victoire T1 - Conquête
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