CHAPITRE XI
«… Jadis, on disait que nous avions un patagium aussi développé que celui des colugos mais pourvu de doigts extraordinairement allongés, ce qui faisait de nous les seuls mammifères capables de voler réellement. Les grands doigts étendaient le patagium et le transformaient en aile ; les muscles moteurs faisaient battre cette aile. Pour obtenir la poussée nécessaire au vol battu, nous devions donc déployer une grande activité et nous différions profondément des mammifères planeurs, qui se contentaient d’étaler leur patagium afin de profiter passivement de la poussée obtenue par cette surface portante… Hum ! Chez les planeurs, la force d’inertie jouait un rôle essentiel et, en l’absence de courants ascendants, ils perdaient de la hauteur continuellement jusqu’à l’atterrissage, alors que nous pouvions voler sans limites tant que nous n’étions pas épuisés. »
« Seulement, je ne sais plus qui nous étions. En outre j’ai le sentiment intime que Je n’étais pas Nous. En somme, je suis infiniment plus Sadi que Méta, si, toutefois, cela peut se concevoir ! Quoi qu’il en soit, je ne me retrouve pas chez les Métathériens ni chez les Rhinolophe, pas plus que chez les Méga-chiroptères ou les Micro-chiroptères… »
« Nous (bof !) avons muté, mais avons conservé la faculté de courir. En fait nous sommes extrêmement agiles. Auparavant, j’étais incapable de voler et ne pouvais marcher qu’en équilibre instable sur mes deux pattes arrière. »
« Maintenant, bien que maigre, j’ai une résistance appréciable, la possibilité de me rétracter au point de tenir dans un trou d’un diamètre de trente centimètres ou, au contraire, de me dilater pour présenter à l’air la plus grande surface portante. »
« A cause de cette femelle, je ne me déplace que très rarement, de préférence la nuit. Mes frères m’apportent de la nourriture, surtout pour la femelle qui a besoin d’un régime particulier. Je la couve, la féconde. Mes frères montent la garde devant la grotte, surveillent surtout les gris et les homos que l’on dit l’espèce animale la plus évoluée de la Terre. Du moins le prétendent-ils. Nous ne sommes pas de cet avis. Selon nous, l’homo est un être très fragile parce que sans poils, sans crocs, sans griffes. Il n’est pas résistant, ne sait pas se déplacer rapidement et, enfin, il ne vole pas. »
« Après trois à quatre jours de jeûne, il se couche et meurt si le jeûne se poursuit pendant quelques semaines. Il est donc incapable de se mettre en léthargie. Nous nous demandons comment une espèce aussi vulnérable a pu traverser les siècles ? »
« De surcroît, cette espèce chétive est d’une redoutable agressivité. Alliant à cela le besoin de dominer et de s’approprier tous les territoires, de posséder, d’accumuler démentiellement comme si elle devait durer plusieurs vies, cette race homo s’est mise en tête de nous exterminer ! »
« Les homos utilisent des armes qui tuent à distance, lâchement et généralement par surprise. Je pense qu’ils appartiennent à une espèce en pleine dégénérescence et qui disparaîtra dans quelques siècles. Je pense que ce n’est pas une bonne idée que d’avoir choisi des femelles homos pour remplacer nos femelles tuées par les mâles homos. Je pense que nos petits seront relativement fragilisés par leur mère. »
« Mais ce que je pense n’a aucune importance puisque la majorité a décidé…»
*
* *
Don Josu Huanta de Cochabamba, ex-seigneur des hauts plateaux de la Cordillère centrale, Pérou/Apurimac.
Don Josu Huanta de Cochabamba, ex-chef du Consortium de langue espagnole, immatriculation 9000-210bis ! Une tête !
Son gros GOL-Télémax 305 venait d’enregistrer la « mort » technique de MOX-R.T.C.S. Cela signifiait qu’Abel 6666-4bis AG avait encore remporté une manche. Don Josu demeura parfaitement immobile, impassible, mais un nerf qu’il ne pouvait contrôler fit sauter sa paupière gauche et son incomparable regard jaune perdit de son éclat.
Don Josu aimait le silence, conversait rarement en phonie avec son Télémax. Il en manipula le clavier, tapa :
« Question : comment un homme seul, même s’il est l’un des trois Grands Héros mondiaux, peut-il lutter avec une telle réussite contre moi et les moyens que j’ai à ma disposition ? »
« Réponse : Il réussit car il opère seul, qu’il sait se rendre insaisissable et que son TZO 88952-Babar est admirablement programmé. Put. C’est lui qui a décelé la présence de MOX-R.T.C.S. Put. »
« Question : Quelle est donc notre faiblesse ? » « Réponse : la lenteur. Nous sommes trop rigides, trop fonctionnarisés. Put. Nous sommes un convoi circulant en terrain découvert. Abel 6666-4bis AG se déplace dans la montagne et nous tire dessus quand nous sommes à sa portée. Put. »
Don Josu alluma un tube eupho de 18. Une production sud-américaine super-odorante et hyper-euphorisante. Lorsqu’il s’agissait de commenter l’action d’Abel, le Télémax répétait, ou affichait, toujours les mêmes réponses. Cela devenait agaçant.
Don Josu se surprit à se ronger un ongle, celui du pouce de la main gauche. De toute façon son côté gauche était le plus faible de son anatomie. Chaque fois qu’il avait un rhume, un point de côté, une douleur quelconque, ça se passait à gauche. Don Josu n’aimait pas la gauche, l’avait confié à GOL-Télémax 305 qui avait répondu : « Normal. Gauche signifie : qui est de travers, qui présente une déviation. Gauche c’est : dévié, oblique, tordu, maladroit, malhabile. On a des manières gauches, des gestes gauches, une attitude, un air gauche. On est gêné et mal à l’aise quand on est gauche. Un mariage de la main gauche est un concubinage, une union libre. Ça va mal quand on se lève du pied gauche. Ce n’est pas mieux si on est endetté jusqu’à la gauche. Et il vaut mieux ne pas circuler à gauche car on risque de passer l’arme à gauche. Put, Microdisquette 1985-0000. Put. »
Tout cela datait évidemment d’une époque révolue. A présent les partis politiques se situaient en bas, en haut, devant ou derrière.
« Question : As-tu des nouvelles de 30.30.30. ? »
« Réponse : Par intermittence mais pas pendant assez longtemps pour la situer dans l’espace. Put. Elle doit néanmoins évoluer actuellement dans le quartier des Pistes. Put. »
« Question : Tu veux dire des salles de danses ? »
« Réponse : C’est cela. Put. »
« Question : Ce quartier est limité aux rues Tango, Rumba, et quelques autres ? »
« Réponse : Non. Le quartier des Pistes comprend trente-huit rues dont voici les noms par ordre alphabétique. Je cite : Allemande, Be-bop, Biguine, Blues, Boléro, Boogie-Woogie, Boston, Bourrée, Chacone, Courante, Cracovienne, Fandango, Forlana, Fox-trot, Galop, Gavotte, Habanera, Mambo, Mazurka, Menuet, Musette, One-step, Paso doble, Polka, Polonaise, Reggae, Rumba, Samba, Sarabande, Sicilienne, Ska, Slow-fox, Tango, Tarantelle, Twist, Valse anglaise, Valse lente, Valse viennoise. Put. A raison de trois salles par rue, en moyenne, il faudrait prospecter cent quatorze salles pour retrouver 30.30.30. A condition qu’elle ne se soit pas déplacée entre-temps. Put. Non rentable. A rejeter. Put. »
Don Josu quitta la pièce et fit venir dans son appartement deux filles de son nouveau harem. Des Européennes généralement lourdes et froides. Il avait dû se les procurer sur place mais préférait les Sud-Américaines, les Jaunes ou les Noires dont le sang était plus chaud.
Avec ces Blanches, il avait toujours l’impression de faire de l’amour aseptisé, selon un code réglementé, avec discipline et application.
Pour Don Josu, c’était le temps du pain noir.
*
* *
Mam Pok vivait une sorte de rêve. Des filles, il en avait levé quelques-unes depuis sa puberté mais, jamais, au grand jamais, il n’avait fait l’amour avec une nana aussi bandeuse que cette fantastique Vule Osmi.
Mam Pok marnait pour la Ville. Autrement dit, il était fonctionnaire, s’occupait plus précisément du recensement dans le 160e arrondissement. Ce n’était pas un job désagréable, surtout quand il se pointait pendant les heures creuses chez des mémés dont l’époux était au turbin et les mouflets à l’école.
Mam Pok, en tant que recenseur, avait le droit d’attribuer des « points » lorsque la situation économique d’une famille lui semblait trop précaire. Avec ces points, la famille obtenait des avantages de toutes sortes : alimentaire, vestimentaire, électricité gratuite, etc. Quand Mam Pok déposait des paquets de points sur la table, les mémés se déshabillaient et s’allongeaient sur le lit, sur la table, sur la moquette, n’importe où.
Ce n’était pas nouveau, ni plus propre que le comportement de certains inspecteurs des Allocs des temps anciens. Il n’y avait rien de changé, en somme.
— Tu fais quoi dans la vie, Vule ?
Cette fois, il était mordu. Cette fille avait quelque chose que les autres n’avaient pas ! Mam ne savait pas à quel niveau ce quelque chose se situait, mais le fait était que Vule Osmi dégageait un charme étrange, énigmatique, qui subjuguait Mam, sûr d’avoir touché le gros lot, ne sachant pas encore comment s’y prendre pour garder cette merveille.
— Rien.
— Tu vis de quoi alors ?
Elle planta son regard glacé dans celui admiratif de l’homme et répondit :
— De peu de choses, de presque rien. En vérité, Mam, je vis surtout dans l’espoir de me venger de mon frère.
— Ton frère, qu’est-ce qu’il t’a fait ?
Elle ne le lâchait pas de l’œil. Il avait l’impression qu’un poignard fait d’un faisceau gelé lui pénétrait le cerveau et annihilait sa volonté.
— Mon frère est un lâche, un vrai, un authentique lâche. Lorsque nous étions ados, il n’y a pas si longtemps que ça, il me battait, soi-disant par jeu, mais je sais maintenant qu’il trouvait un plaisir sadique à me voir crier et souffrir.
Mam se posa sur un coude.
— Le salaud ! Tu veux te venger comment ?
Vule se souda à lui. Mam n’avait jamais connu une fille capable de ça. Elle parvenait à faire entrer en contact avec son corps chaque centimètre carré du côté face du sien. Il respirait en même temps qu’elle respirait, frissonnait si elle frissonnait, riait quand elle riait, etc.
— Mon frère a toujours juré qu’il viendrait à mon secours si j’étais menacée. C’est naturellement faux.
Je suis certaine qu’il s’en irait piteusement si un homme aussi fort que toi me frappait, ou faisait semblant…
Depuis sa récente conversation sur ce sujet avec His Mdu, sa programmation s’était affinée. Connaissant les objections formulées par son précédent interlocuteur, elle les neutralisait en les devançant. Mam Pok dit :
— Qu’est-ce que tu veux exactement, Vule ?
Ce qu’il trouvait également extraordinaire, c’était la fixité de son regard. Elle pouvait ne pas ciller pendant très longtemps. Indépendamment de cela, il se disait aussi qu’elle faisait toute une histoire pour pas grand-chose. Il avait lui-même une sœur, se souvenait que tous deux ne cessaient pas de se bagarrer lorsqu’ils étaient enfants. Les ultrasensibles tricapteurs de 30.30.30. enregistrèrent en ondes négatives les pensées de Mam. Vule se fit plus câline.
— Ecoute, Mam, je suis si bien avec toi que je vais te confier un secret : mon frère m’a dépucelée et m’a ensuite violée régulièrement. Il me battait, disait qu’il me tuerait si j’allais me plaindre à la police. Il m’attachait au lit, offerte, « prête à l’emploi », ainsi qu’il le disait en riant, et abusait de moi lorsque l’envie lui en prenait à n’importe quel moment de la journée.
— Mais, vos parents ?
— Tués quelques mois plus tôt dans une bagarre opposant les Cocovagas et les Hachchâchis.
— Tu aurais dû crier, alerter les voisins !
Vule lui caressa doucement le sexe.
— Notre cellule d’habitation était insonorisée. Abel savait d’ailleurs ce qu’il faisait. A la suite de la mort brutale de mes parents, j’étais morte de chagrin, incapable de me défendre contre ses entreprises…
— Quel salaud ! Pourquoi avoir attendu pour te venger de lui ?
— Après ma fuite il a déménagé et il m’a fallu plusieurs années pour retrouver sa trace. Maintenant il loge dans une tour-bulle située en face de l’hôtel Petrolis.
Sa main s’enroulait autour de la verge de Mam, se livrait à des massages savants. Mam lui pelota les fesses.
— Il faut lui donner une bonne leçon, dit-il avec une détermination qu’il n’aurait certes pas pu manifester quelques instants plus tôt.
C’était un effet de sa reconnaissance du bas-ventre.
— Une bonne leçon ? murmura 30.30.30.
— Parfaitement ! Ce qu’il a fait est indigne d’un homme ! Si tu veux je lui flanquerai une trempe dont il se souviendra !
Les circuits-intégrés de 30.30.30. patinèrent. Les puces grillées faisaient défaut à l’ensemble de cette merveille d’électronisme. Le cerveau-moteur n’enregistra que partiellement la proposition de Mam Pok et la réponse se fit attendre faute d’une traduction instantanée. Devant le silence pétrifié de Vule, Mam pensa qu’il manquait de générosité, que Vule avait espéré mieux de sa part. Il était certain qu’il lui inspirait une certaine forme d’admiration à cause de ses muscles, refusait de la décevoir. Il ajouta :
— Je peux l’envoyer à l’hôpital, tu sais ! Je suis vraiment très costaud. Je fréquente la salle de musculation six fois par semaine et, quand il m’arrive de me bagarrer avec un mec il n’est généralement pas beau à voir.
Il montra son énorme poing fermé.
— Il y a de la dynamite là-dedans !
— Tu serais capable de le tuer ?
Mam Pok haussa les sourcils. Il ne savait comment interpréter la question de Vule Osmi.
— D’un coup de poing ? s’enquit-il.
30.30.30. expédia un nouveau signal d’alarme en direction de l’émetteur phonique synthétique. Le sujet n’était pas mûr, on ne le connaissait pas depuis assez longtemps et, surtout, en admettant toutefois qu’il soit capable de tuer, il n’avait aucun intérêt à le faire. Problème : l’enveloppe de 30.30.30. était-elle suffisamment attractive pour amener un homme comme Mam à tuer un homme comme Abel ? Réponse : non.
Vule eut un sourire.
— C’était une question posée par simple curiosité, Mam. Oh ! je ne souhaite pas la mort de mon frère Abel. Cependant, s’il mourrait accidentellement, je dois admettre que cela m’arrangerait…
— Pourquoi ?
— Parce que j’hériterais à mon tour des quatre salles de spectacle dont Abel a la gérance.
— Mais tu avais droit à la moitié, et…
— Ne me pose pas de question, je n’ai jamais rien compris à ces histoires d’héritage ni à ces procédures notariales. Je sais seulement qu’il me faudra encore attendre cinq ans avant d’avoir ma part… si Abel ne fait pas faillite d’ici là !
Mam venait d’embrayer sur les quatre salles de spectacle et sur les sommes qu’elles pouvaient rapporter. En tant que fonctionnaire de la Ville, il bénéficiait de certains avantages. Mais il savait qu’il ne serait jamais riche, qu’il ne posséderait jamais un glisseur rapide, ni un appartement au-delà du cinquantième niveau, dans, par exemple, la résidence des Fleurs ou de la Colline. Il vivoterait dans cette minable cellule d’habitation, partagerait ses loisirs entre la salle de musculation et les 48 sur 48. Plus tard, il aurait sa retraite, puis claquerait et serait carbonisé…
— J’aimerais bien vivre avec toi, murmura Vule dont le salitoox enregistrait les pensées de Mam, mais, ici, nous serions un peu à l’étroit et sans beaucoup de confort…
Tant que ses têtes de lecture resteraient branchées sur cette programmation, l’huma se montrerait géniale sur le plan psychologique. Mais si, brusquement, une défaillance se produisait, elle déraperait sur un logiciel différent et tout pourrait alors se produire.
Mam Pok soupira. Il était maintenant terriblement mal dans sa peau après avoir pris conscience de sa médiocrité. Il avait déjà raté quelques occasions sur le plan sentimental en raison de sa position sociale. Les filles refusaient de devenir la femme d’un besogneux. Il leur fallait tout, tout de suite et sans effort, comme chez maman. Mais elles oubliaient que maman avait généralement mis des années pour arriver à ce résultat. Mam Pok regretta d’avoir rencontré Vule Osmi.
Parce qu’il ne pouvait pas se les offrir, il évitait de regarder les glisseurs rapides, les immeubles luxueux, les autres biens matériels. Il n’aurait pas dû regarder Vule. Il ne pouvait pas se l’offrir. A moins de se compliquer la vie.
A moins de tuer.
— Finalement, Mam, ça n’a pas énormément d’importance.
Mam avait perdu le fil, demanda :
— Qu’est-ce qui n’a pas d’importance ?
— Que ton logement soit petit et sans grand confort. Si tu acceptes, je resterai avec toi.
Mam fut comme assommé. Puis quelque chose de chaud qui devait être le bonheur baigna son cœur et son corps.
— Tu veux me répéter ça, Vule ?
Elle approcha son visage du sien. Il crut qu’elle allait l’embrasser mais elle ne le fit pas. Elle dit :
— Je ne répéterai pas, tu as entendu. Mais tu vas me promettre de donner une leçon à mon frère Abel, n’est-ce pas ? Qu’il passe quelques jours à l’hôpital, hein ? Il est finalement trop injuste que les méchants aient toujours le plus de chance ! Si ma mère ne m’avait laissé un peu d’argent je serai acculée à la misère car ce n’est pas Abel qui me viendrait en aide !
Elle lui sourit tendrement.
Pendant toute cette conversation, elle n’avait pas fait un geste, donc pas lâché le sexe de Mam qui était devenu dans sa main chaude la matraque du siècle. Il y avait cela. Il y avait le fait qu’il n’était nullement question de tuer Abel d’un coup de poing.
Si cela arrivait accidentellement, ma foi…
— Je t’aime, Vule.
Il s’allongea sur elle qui s’offrait.
Et pendant qu’elle s’offrait, un message de Télé-max 305 tentait de se frayer un chemin, à travers ses circuits intégrés en partie détraqués jusqu’à son cerveau moteur :
« GOL-SPI-LOU-CSY-OOO pour 30.30.30. codée sur secteur 3. Dilili, dilili, dilili, dilili. Ding ! Répondez 30.30.30. ! Put, put, put, put, put. Ding ! »
En réalité, Télémax essayait continuellement d’entrer en communication avec l’humanoïde depuis que Gan Hust avait raté sa capture et Iacre perdu sa trace.
« GOL-LOU-CSY-KAL-0002 pour 30.30.30. codée sur secteur 3 répondez ! Ding ! Nous savons que vous êtes en perdition, proche de la panne totale pour peu que soient grillées trois ou quatre de vos puces. Ding ! Put, put, put, put, put. Ding ! »
Par miracle, ou un caprice électronique, le message atteignit le cerveau-moteur qui enregistra, analysa et envoya sa réponse : « 30.30.30. Codée sur secteur 3 pour GOL-Télémax 305. Ding ! Suis garée dans le quartier des Pistes. Dilili, dilili, dilili, dilili, dilili. Ding ! Vais utiliser Mam Pok pour liquider Abel 6666-4bis AG, si possible. Put. Si liquidation problématique, ferai en tout cas la connaissance d’Abel. Put, put, put, put, put. Ding ! »
Et, ignorant comme l’agneau, Mam Pok s’agitait sur son tas de connexions et de circuits recouverts de plastex qu’il estimait être la plus belle fille du monde…